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Année Seplièfne,
18 Mars 1881
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LE TÉMOIN
ËCHO DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Vaux me seres iémoUn. Actbb 1, S. Suivant la vérité avec la ckai-iU. Ep, 1,15,
PRTX D‘'ABBOriNËMËNT PAR AN, Italie . , .. L. 3 Teas Us pajs de l'OnUn de paste ^ ® 1 Amérique . . - * ^ j Oû a'eboïme : t^dur VlniéH^itr ph«?: MM. Ua pasteurs et les libraires de Torre Pellice. Pour VExtérieur Q.\i Bureau d‘Ad- ministiadion. Ua ou plusieurs numéros sépa- rés, demandés avant le ti- raiïe 10 cent chacun. AniTOQces; 25 centimes parlign#, Leë envuU d'argeni se font pat \ lettre recomm&ndee ou par , mandats sur le Bureau ée Po- rosa Argentina.
Peur la RÉDACTION adresser aloei: A U Directioti ou T&nUiin, Pomaritfcte (Piiierole) UalU. Peui’ PADMINISTRATION adresser ainsi : A l’Adininislraiitm dp Témoin, Pomarei te rinéi^idò ,l Italie
Sommaix'e.
Li'ttro du Concile Pfesbylérien de l'hiladelph’ie aux Kglisôs Cresbyiériemies.
Correspondance — Slalislique inléressanl.
— Nouvelles religieuses. —Jleme polüique.
Leltre du Concile Presbytérien
de Pbiladeljÿhie
niix Eglises Presbytériennes.
Nous arrivons un peu tard pour
communiquer à nos lecteurs le contenu
de ceUe belle lettre. Ecrite en octobre dernier, elle n’a oœendant rien
perdu de aà valeur, et le seul regret
que nous ayens^ c’est que la dimiension de notre petit jourfflal noue force
à l’abréger sur plus d’un point.
Nous résumons aujourd’hui là première partie.
Am ministres', dmiens, Mstcres et
d torn les membres des EfKses près-bytériennes, grâce et paix de la part
de Dieu notre Père et du Seigneur J. C.
Bien aimés frères !
Arrivés au terme de nos séances il
nous a semblé bon d’envoyer une lettre
de cordiales salutations aux églises
qui sèttt représentée dans notre alliance. !
Nous vous invitons à vous' réjouir
avec nous des bénédictions que Dieu
a versé sur cette secondé réunibn
du Concile. La bonté, l’hospitalité,
l’empressement et les sacniicés de
nos amis de Philadelphie,! auxquels
nous offrons de vifs remercîments',
ont dépassé notre attente. L’intérêt
avec lequel des feules.''considérables
ont suivis nos travaux a été très en^
ceurageant. C’est avec plaisir ' que
nous pouvons vous assurer que fharmonie dans nos délibérations n’a |armais été rompue; et, tandisque sur
plus d’un point il a pu y avoir diversité d’opinion, la charité et la courtoisie n’ont jamais manqué. Le concours de ft’ères venus de contrées fort
éloignées a montré une fois encore
l’oïnté essentielle des églises chrétiennes réformées.
La main du Seigneur a été bonne
sur nous; magnifions ensemble son
Saint Nom !
Nous ne pouvons cependant quitter
le lieu de notre réunion fraternelle,
sans vous prqsénter quelques paroles
de conseil afféotueux avec l’espoir de
vous fortifier dans l’amour et dans le
service de notre Maître et Seigneur.
Au cours de nos travaux l’on nous
a souvent rappelé les conflits et tes
incertitudes de notre temps. Wus'que
jamais l’exhortation de St. Jean aux
chrétiens est nécessaire; '«fôèn airafo
2
86
ne croyez pas à tout esprit, mais
éprouvez les esprits pour savoir s’ils
viennent de Dieu ». vous avez besoin
de « l’onction de la part du Saint»,
pour distin^er la vérité de l’erreur.
Toute vérité est la bienvenue pour le
chrétien ; il écoute avec respect les
enseignements de Ih science et de la
philosophie. Il sait qu’il ne peut y
avoir de contradiction entre les œuvres de Dieu et sa Parole. Et lorsqu’il semble y avoir une telle contradiction, c’est signe que l’on observe
mal les œuvres de Dieu ou que Ton
ne comprend pas bien sa Parole. Le
chrétien se borne alors à attendre,
tranquille et confiant, le jour où
Dieu révélera les choses qu’il ne peut
saisir maintenant, persuadé qu’en
Christ sont cachés tous les trésors de
la sagesse et de la connaissance.
Puissiez-vous avoir cette assurance
précieuse.
Bien-aimés en Christ, nous désirons
affirmer ici hautement que nous acceptons les Ecritures de l’Ancien et
du Nouveau Testament ¡comme la seule
norme qui noùs< enseigne comment
nous pouvons glorifier Dieu et jouir de
sa communion. Les Ecritures ont été,
• sont encore inspirées, pour nous, pour
tous les hommes. Elles sont la Parole de Dieu qui doit nous diriger
dans les circonstances au milieu des
q^uelles nous sommes appelés à vivre.
Nous vous supplions de tenir ferme
cette vieille doctrine de l’Eglise de
Dieu, que l’Ecriture inspirée est la
règle unique et parfaitement suffisante
de la foi et de la conduite. Donnezlui l’honneur qui lui revient; lisez-la
raeditez-la, serrez-la dans vos cœurs,
et l’enseignez aux autres.
Nous insistons affectueusement auprès de vous pour le ipaintien du
culte de famille 1 Là où il y a une
maison chrétienne, là doit se dresser
aussi l’autel du chrétien. La famille
est le germe de l’Etat et de l’Eglise.
Forte ou faible, telle qu’est la constitution de la famille, telle sera celle
de l’Eglise; et la direction donnée à
vos familles exerce une influence sur
tout ce qui concerne l’Eglise. Que les
ministres insistent sur ce devoir au
près de tous et que le peuple fidèle
de Christ mette consciencieusement à
part l’heure du culte dans laquelle
parents, enfants et serviteurs, s’unissent, dans les remercîments, la prière
et la lecture de la Parole de vie.
Il peut sembler superflu de vous
rappeler le devoir et le privilège de
l’observation du Dimanche et de la
fréquentation habituelle des cultes.
Mais n’y a-t-il, à cet égard], rien à
craindre ? Nous nous sentons obligés
de vous rappeler qu’un jour sur sept
a été mis à part comme Saint au
Seigneur. Ne vous laissez pas aller
au relâchement croissant; conservez
à ce jour son caractère religieux et
saintement joyeux. Et quant a la participation aux saintes Assemblées;
qu’il vous souvienne que ce n’est pas
une affaire de goût, mais de devoir
individuel. Le membre d’Eglise chrétien est tout aussi tenu d’être à sa
place que le pasteur l’est d’être dans
la chaire. C’est à tous également
gu’il appartient de rendre culte à
ieu.
Nous vous recommandons chaleureusemenL les œuvres missionnaires
poursuivies par nos Eglises. Notre
désir et notre prière, c’est que le
peuple de Christ accomplisse à la
lettre le commandement duîSeigneur
d’aller pour tout le monde et d’instruire toutes les nations.
Plût à Dieu que pos Eglises fussent
baptisées d’un nouveau baptême du
St. Esprit et de feu I Alors la Parole
de Dieu aurait libre cours et serait
glorifiée. Nous avons besoin de sym
6alhiser davantage avec le cœur de
ieu qui veut que tous les hommes
soient sauvés et qui, pour cela, a
donné au monde son Fils Unique.
€^orrc0|)onbance
La Tour, 1« 7 mnrs IWrtJ. .
( Publicalion retardée).
Monsieur le Directeur,
Il n’est pas facile à votre correspondant de trouver toujours des faits
intéressants à vous raconter; notre
3
~87.
pays est trop petit, et les événements
peu nombreux. Cependant j’essaie aujourd’hui de glaner par ci par là.
La paroisse de La Tour vient de perdre
une personne qui, par une vie épurée
par de longues souffrances, a été en
édification à toutes les personnes (^ui
ont eu le privilège de la voir de près.
Madeleine Marauda n’avait plus quitté
depuis de nombreuses années sa cnambre, si ce n’est une fois pour se
joindre à ses frères dans le culte public et pour participer à la SainteGène. Cette journée fut pour elle une
des plus belles de son existence. Elle
avait, l’une des premières, donné un
exemple de fidélité et d’obéissance à
la loi de Dieu, en observant scrupuleusement le jour du Seigneur et en
fermant son magasin le dimanche.
Dieu l’avait cependant fait prospérer.
Son exemple a été suivi depuis par
quelques autres négociants. Au milieu de ses souffrances souvent aigues
elle bénissait Dieu et exaltait sa bonté.
Dieu est bien bon! disait-elle, la voix
entrecoupée par la souffrance.
L’éternelle question du cimetière
est loin d’être résolue. On assure que
des oppositions inattendues se sont
produites, soit de la part des propriétaires des terrains avec lesquels
on a oublié de traiter et qu’il faudrait exproprier, soit de la part des
hameaux les plus voisins dont l’emplacement choisi n’est pas éloigné,
de 200 mètres, comme l’exige la loi.
Quand vous viendrez à La Tour
vous verrez le commencement de la
nouvelle bâtisse du temple et du presbytère des Baptistes. Cet édifice s’élèvera près de l’Orphelinat. Les amis
de cet établissement de bienfaisance
ne peuvent qu’être satisfaits, car ils
pouvaient craindre un autre voisinage.
Ce sera un monument de plus de
l’entière liberté de culte parmi nous.
Nous souhaitons que l’évangile, le
pur évangile y soit constamment annoncé et que Dieu y soit adoré en
esprit 6t en vérité.
Cependant qu’il nous soit permis
d’exprimer un regret, c’est de voir
s’élever ainsi temple contre temple et
chapelle contre cnapelle. Le nouveau
lieu de culte se trouvera à une petite
distance des deux temples de la Tour,
des deux de St. Jean, de celui du
Giabas. Tout en rendant hommage à
l’entière liberté de conscience ne doiton pas déplorer ces divisions, ces
fractionnements excessifs, dans le sein
de ceux qui professent l’Evangile,
pendant que des villes importantes,
des provinces entières de l’Italie, n’ont
encore ni temple, ni chapelle, ni
pasteur, ni évangéliste.
Ce nouveau temple s’élèvera aux
Appiots. Vous savez que ce bourg
populeux a été par décret royal annexé à la Commune de La Tour; la
légalité de cet acte est encore contestée; mais ce n’est pas là ce qui me
préoccupe, mais bien plutôt la position des Appiots au point de vue ecclésiastique ou paroissial. Une partie
des habitants a demandé d’appartenir
à la paroisse de la Tour, et l’Assemblée ues électeurs les a acceptés ; quelques-uns, peut-être un grand nombre,
veulent rester fidèles à St. Jean. Pour
la cure d’âmes surtout, dont la visite
des malades n’est qu’une partie, cela
constitue un état de choses auquel
il est urgent de remédier. Par délicatesse envers le collègue de St. Jean,
ou envers les collègues de la Tour,
on s’abstient de faire bien des choses
qu’il faudrait faire, d’empêcher, par
une intervention énergique, beaucoup
de mal. Les habitants vaudois des
Appiots, qui ont tant besoin de secours
spirituels, set rouvent, permettez-moi
l’expression, par leur faute on grande
partie, j’en conviens, entre deux chaînes.
Je ne sais si vous avez été frappé
comme moi et comme bien des personnes à La Tour de la nouvelle, publiée deux fois déjà par VItaiia Evangelica, de la persécution des Airals.
Ici, à la distance d’un kilomètre et
demi, nous n’en avons pas entendu
parler. Je suis allé aux informations
et jlai appris que les conférences
scientifiques et morales de M. Jahier,
4
évangéliste de l’Eglise libre italienne,
tenues dans une grande oiaison isO'
lée, habitée essentiellement par des
ouvriers de Pralafera et par des tailleurs de pierre, étrangers au pays,
ont été troublées par les cris d’une
foule ignorante, composée en grande
partie de jeunes gens, à tel point que
te conférencier a été obligé de réclamer la protection de la police et même
des gendarmes. Ces actes de sauvagerie doivent être flétris et réprimés,
Mais n’y aurait-il pas convenance et
même équité à réserver le terme de
persécution pour des faits plus graves, comme ceux, par exemple, qui
viennent de se passer à Marsala, où
nos frères raéthodisles ont été les victimes du fanatisme et de la superstition de toute une ville, l’archiprêtre
et le syndic en tête ?
Les examens sémestriels du Collège,
de l’Ecole Normale et de l’Ecole Supérieure des jeunes filles ont eu lieu
à la fin de février, Nous y avons employé un peu plus d’une semaine, Les
résultats en ont été dans leur ensemble assez satisfaisants.
Ce que vous saviez avqnt moi c’est
que les beaux platanes qui ornent la
façade du Collège du côté du nord
sont condamnés, Je ne l’ai pas crix
d’abord ; il m’a bien fallu me rendre
à l’évidence, maintenant que j’ai vu
une partie de leurs racines an soleil.
Je ne mets en question ni le goût
artistique, ni la sagesse, ni la prudence de qui de droit; permettez-moi
seulement,, cher directeur, non point
de célébrer dans une élégie la chute
des géants de ia plaine, mais d’exprimer en simple prose le regret de
voir disparaître ces beaux arbres,
vieux comme le Collège, qui contribuaient, jusqu’à un certain point,
à en Ihire un sanctuaire, et qui
nous protégeaient de leur ombre.
z.
Angpogn», le 14 Mars
Monsieur le Rédacteur,
Dans ma dernière lettre j’ai promis
aux lecteurs du Témoin, la traduction
• -v/Vv^^vo,»^l"W^A/V*^^^A'S'VV><'■'V»i'VVVVV*•VVVVVS<^^VVWVVSArt/^^«,nirt»Si%ftí'<W>#^^(>^«W'
d’un Appel adressé aux protestants
de l’Eglise d’Angleterre en faveur de
raugraentation des honoraires des ministres des Vallées. En voici un extrait qui contient la partie essentielle:
«fl est très peu de protestants qui
ne connaissent la remarquable histoire de cette petite communauté religieuse qui a trouvé un refuge dans
les Vallées du Piémont lors de la
chute de l’empire romain et qui a
tenu haut le flambeau de la vérité
évangélique pendant les siècles de
superstition et d’arrogance papale.
Cinquante ans passés', le zèle dévoué
du regretté Doct, Gilly, suscita la généreuse svmpaibie des chrétiens en
faveur de l’Eglise Vaudoise, et de précieux résultats ont couronné ses efforts, Mais ces dernières années la
sympathie des chrétiens de langue
anglaise s’est dirigée essentiellement,
Quoique non exclusivement, au profit
e l’œuvre d’Evangélisation. Rien de
trop n’a été fait dans ce sens ; mais
il semblerait que les besoins de l’Eglise dans les Vallées mêmes aient été
Êerdus de vue, au moins en partie,
n suite d’une méprise à l’endroit
des circonstances actuelles des Eglises
des Vallées, Je Comité organise par
le Doct. Gilly a même cessé d’agir
pendant quelques années. Cette lacune a été en partie comblée par les
efforts admirables et efficaces de Monsieur G. H. Lake, en faveur du fonds
pour les honoraires des pasteurs. Les
personnes qui ont visité les Vallées,
et pris pari aux Synodes ( entr’autres celui de fS77 (ont reconnu la
nécessité de faire un effort pour porter à 100 livres sterling les honoraires
des pasteurs et des professeurs des
Vallées qui ne s’élèvent qu’à 60 livres
environ, c’est-à-dire, à une somme
trop petite pour faire face aux premieres nécessités de la vie,
» Les vaudois eux-mêmes, quoique
peu moyennés, — ont souscrit pour
3200 livres sterling.
» Nos frères d’Ecosse font des efforts pour réunir 12,000 livres, et U
est à espérer que les chrétiens anglais ne voudront pas rester en arrière.
5
-8Ö
» Parmi ceux qui ont manifesté leur
vive approbation pour les efforts ten^
dant a réorganiser le Comité fondé
jadis par le Doct. Gilly, figurent en
première ligne :
» Sa Grâce l’Archevêque de Cantorbéry,
» Le Très-Hon. Comte de Ilarrowby,
» K. G.
» Le Très Révérend Doyen de Can» torbéry.
» Les contributions peuvent être
» envoyées à F. A. Bevan , Esd. 54 ,
» Lombard Street, London E. G., ou
» au Rév. î N. Worsfold, Iladdlesey
» Rectory — Near Selby — Yorkshire ».
Un très fort tirage a été fait, et
cet appel circule parmi nos frères
d’outre-mer. Dieu veuille bénir leurs
efforts, et nous faire sentir qu’en présence d’un tel dévouement chaque
vaudois a le devoir d’examiner*s’il
ne pourrait pas faire davantage pour
l’avancement du règne de Dieu en
notêb pays.
Etiknne Bonnet , past.
Nous avons vainement attendu que
quelque correspondance de Sicile ou
quelque journal italien nous donnât
des détails précis et clairs sur les
déplorables scènes dont la petite ville
de Marsala a été le théâtre. Nous les
trouvons dans le Journal de Genève
du 43 courant et nous nous permettons de les lui emprunter; sans prétendre' nous acquitter envers lui par
ce témoignage, nous en prenons occasion pour reconnaître qu’aucun journal, à notre connaissance, ne possède
de correspondants plus sûrs et mieux
informés.
« Marsala, l’ancienne Lilvbée, est
une charmante ville de 28.000 âmes
que son vin fortement alcoolique ou
alcoolisé, comme il vous plaira, et plus
encore le débarquement des Mille de
Garibaldi, en 4860, ont rendu à jamais célèbre. Mais si Garibaldi a jugé
à propos d’y débarquer plutôt qu’ailleurs et si elle a été le théâtre de la
première de cette série de victoires
• qui conduisit les Mille, en quelques
semaines, jusqu’à Paierme, a Messine
et à Syracuse, il ne s’ensuit pas que
cette ville soit moins fanatique que
les autres villes siciliennes en fait de
religion. Ce qui vient de s’y passer
vous le prouve.
« Je ne voudrais rien dire de désagréable aux hommes généralement si
dignes de respect qui se vouent de
bonne foi à la tâche sainte, mais aussi
ingrate que sainte, ^'évangéliser le
peuple italien. Seulement, ils me permettront bien de leur dire qu’ils manquent parfois de prudence. Ceux qui
en manquent sont presque toujours
des pasteurs consacrés trop jeunes
ou sans préparation suffisante. Puis,
je crois, et je ne suis pas le seul à
le croire, que ces hommes gâtent
leur propre besogne en se présentant
l’un sous le titre de méthodiste, l’autre sous celui de bapliste, tm autre
sous celui de vaudois, etc. La population italienne, habituée à une religion qui n’a qu’un nom et une liturgie, au moins dans le monde latin,
ne comprend pas que ces metodisti,
ces battisti, ces valdesi puissent tous
s’appeler evangelici et prêchei’ tous,
au fond, la même, religion. L’Ralie
avait déjà dans l’Eglise vaudoise, son
Église nationale protestante toute formée, et même reconnue par l’Ètat
dès le règne de Charles-Albert. Pourquoi n’avoir pas laissé exclusivement
aux Vaudois la mission de convertir
leurs patriotes.
« Bref, le pasteur méthodiste de
Marsala, M. Lettieri, apprenant qu’un
prédicateur jésuite très-couru à Palerme, le P. Previti, dont la spécialité paraît être de combattre 1’ hérésie » allait venir prêcher le carême
à Marsala, fit placarder, le 2, dans
toute la ville, avec une profosion inaccoutumée, des avis conçus en ces
termes :
Chiesa Evangelica Metodista
di Marsala.
« Giovedì, S marzo, alle ore 7, pomeridiane, il signor Nicola Lettieri
darà una conferenza sul seguente tema:
11 vangelo e la quaresima. -
6
.90.
« Jusqu’ici, rien à redire. L’avis
avait été approuvé par la police, comme doivent l’être tous les imprimés,
et chaque exemplaire portait le timbre de 5 centimes prescrit par la loi.
« Mais la police prétend qu’elle
ignorait que M. Lettieri allait faire
afficher une quantité extraordinaire
de ces avis. D’après des correspondants cléricaux de l’endroit, on en
aurait placardé, avec intention, jusqu’aux abords et même à côté, sinon
sur les murs de certaines églises,
oratoires, couvents, etc., ce qui ne
s'était jamais fait. Mais les coreligionnaires de M. Lettieri (vous voyez que
je me suis renseigné à toutes les
sources possibles) nient cette dernière
particularité.
« Vous savez que M. Depretis a ordonné au préfet de Trapani de procéder à une enquête minutieüse. Attendons les résultats de cette enquête
officielle, si tant est qu’elle doive en
produire.
c La populace souilla ou déchira
la plupart de ces avis. Il me semble
que cela devait provoquer des mesures de précaution de la part d’une
police intelligente.
« Le lendemain, 3, M. Lettieri remplaça les avis souillés ou déchirés
par de nouveaux exemplaires, en plaçant des sentinelles, des fidèles de son
Eglise s’entend,, auprès des plus exposés
aux outrages populaires. Et la police
continuait à ne nen prévoir, oubliant,
que gouverner, c’est précisément prévoir.
« Les fanatiques de la veille, en
nombre sans cesse croissant, se ruèrent sur ces pauvres placards. L'Evan(felico chargé de garder celui de la
place du Dôme faisait mine de voulojr le défendre. Il pargît qu’on voulait l’obliger à le décoller avec la
langue. Je dis « il paraît, » parce
que, d’autre part, on m’assure que
cette proposition, émise par quelqu’un de la bande, n’a pas eu d’autre suite.
« Et les gendarmes, les gardes de la
sûreté publique, les gardes municipaux, car enfin il doit y en avoir
dans cette ville de 28,000 âmes, où
étaient-ils donc?
« Après quoi, la bande se précipita,
comme un seul homme, vers l’église
et la maison de M. Lettieri, qui sont
contiguës, et les saccagea en un clin
d’œil. L’infortuné pasteur eut à peine
le temps de se sauver par les toits
d'une maison voisine, d’où il parvint
à gagner celle du lieutenant des gendarmes.
« Beaucoup d’objets furent volés
dans la bagarre, les autres meubles,
livres et papiers, transportés sur la.
place du Dôme et brûlés en partie.
« Il y a plus, le corps de musique
de la ville {il concerto civico) étant
venu à passer, on l’obligea à jouer
autour de ce feu de joie, et le maire,
averti aussitôt de la chose, n’osa pas
l’empêcher.
« Puis la bande entra triomphalement dans la cathédrale avec le corps
de musique, qui jouait toujours, et
força un prêtre quelconque â lui donner la bénédiction. ’
« Le curé de la cathédrale et d’autres prêtres âgés perdirent la tête et
déguerpirent, apres avoir, à ce que
l’on prétend, essayé de faire entendre
raison à ces sauvages.
« Le P. Preveti voulut bien les
gronder dans son sermon suivant.
« Pour obtenir qu’ils se dispersassent, la force publique relacha un d’entre eux, qu’elle avait enfin fini par
se décider à arrêter. »
StHlislique intéressante
L’Eglise Presbytérienne d’Ecosse et
d’Irlande compte 550 congrégations,
586 pasteurs et 173.000 communiants,
collectant pour l’œuvre missionnaire,
808.900 francs et pour ses propres
besoins 8.418.450.'
L’Eglise Presbytérienne d’Angleterre
compte à l’heure qu’il est, dans ce
vaste champ de l’Eglise Etablie, 268
congrégations, 275 pasteurs et 51.500
communiants. Bien que plus jeune ,
cette Eglise travaille avec une ardeur
toute missionnaire soit en Angleterre, ’
7
.91.
soit au milieu des païens, comptant
parmi ces derniers un ^rand nombre
de stations, 65 évangélistes chinois,
et collectant pour cette œuvre admirable 260.000 francs.
L’Eglise Presbytérienne d’Amérique
compte 90.000 communiants et 700
pasteurs. Ces derniers sont ordinairement bien rétribués, et nous en
avons une preuve dans les deux exemples suivants ;
L’Eglise de Philadelphie a offert à
un pasteur de Dublin un traitement
de 40.000 frs. et celle de Chicago à
un pasteur de Belfast 30.000. Quoique
rÇétant heureusement qu’une exception ces chiffres sont éloquents !
c. A. T.
iiouüellc© rclu^ieu0c©
et faits divers.
Italie. — Mardi 7 courant dans le
local connu sous le nom de saloncim
Alfieri, M. le pasteur Combe adonné
devant un auditoire de 500 personnes
environ une conférence en réfutation
de la portion de la pastorale de l’Archevêque qui regarde les protestants.
L’attention ne s’est, paraît-il, pas lassée un instant, quoique la conférence
durât une heure et trois quarts. —
Le concours offert aux écoles du dimanche de l’Eglise et de la Mission
Vaudoise pour 1880 a donné les résultats suivants, très-encourageants,
nous semhle-t-il : nombre des concurrents 44 dont 20 garçons et 24 filles;
ayant obtenu un prix 23. Sur les 25
questions dont se composait le concours, 2 des concurrents ont obtenu
un bien pour 22, un S’"® pour 20 ;
3 pour 19 et 4 pour 18. Le total des
prix assignés a été de 157 fr. dont
le plus élevé de fr. 12, et le plus bas
de fr. 2.
France. — La Chambre des députés, dans sa séance du 7 mars a
adopté la proposition de M. Rameau,
député, de Seine et Oise, portant suppression de l’article 15 du décret du
23 prairial, an xii, qui veut que
chaque culte ait un lieu d’inhumation
particulier.
L’adoption de cette proposition , si
elle est aussi votée par le Sénat,
mettra fin à la situation intolérable
des protestants isolés au milieu des
Sopulations catholiques, et à ces cénits incessants qui s’élèvent, entre
l’autorité civile et l’autorité religieuse
dans ces contrées, si nombreuses en
France, où les protestants qui n’ont
pas d’église reconnue, ne peuvent être
inhumés que dans les parties deshonorées des cimetières, celles qui sont
réservées aux suicidés et aux suppli.ciés.
Il va presque sans dire que parmi
les fiers opposants à l’adoption de ce
prqjet de loi brillait au premier plan
Monseigneur Freppel, qui a protesté
contre la « promiscuité des sépultures ï et « la profanation de 37.000
cimetières catholiques ! ! »
— Une ligue s'est formée à Nice,
et sur tout le littoral de Gênes à
Marseille pour la suppression de l’infâme tripot de Monte-Carlo. Dans un
meetina convoqué dans ce but par le
Comité de Nice, et où se trouvaient
présents plus de 2000 personnes, notre
ami, M; le pasteur Léon Pilatte, —
en dépit de la cabale organisée par
l’administration des jeux, pour l’empêcher de se faire entendre, — a développé avec cette puissance d’éloquence qu’on lui connaît ce triple
argument; droit que donne à la France
le protectorat qu’elle exerce sur la
principauté de Monaco, d’exiger cette
suppression ; les intérêts de Nice qui
l’exigent ; l’argument moral enfin ,
dans le développement du quel l’orateur a montré, avec force laits douloureux à l’appui, l’affreuse corruption dont l’existence de cette maison
est source pour la contrée entière.
Une pétition se prépare dans ce sens
f»our être présentée sous peu au Parement français.
— On annonce de Gap qu’une épidémie de petite vérole noire sévit
d’une manière effroyable, parmi nos
voisins et coréligionnaires du village
de Vars, dans les Hautes-Alpes. Plus
de 100 victimes assure-t-on ont déjà
8
suecombé; èl la terreur qui s’est emparée de la population est telle qu’ils
n’osent même plus loucher à leurs
morts et qu’ils les laissent par fois
sans les enterrer, ce qui ne peut avoir
d’autre résultat que d’aggraver et
rendre plus meurtrier encore le terrible fléau.
Espagne. — Toujours les mêmes !
Deux députés ultramontains, le 7 du
courant ont remis, en mains propres,
au président du Ministère ( liberal )
Sagasta, une pétition adressée au Roi
pour VUnion des mlholiques, dans laquelle, à côté des protestations énergiques contre les tendances du ministère actuel, les pétitionnaires ne
demandent ni plus ni moins que le
rétablissement du ministère Canovas,
renversé pas le vôte dæ Chambres.
Cette pétition est signée par le Cardinal-Archevêque de Tolede, comme
président de rUnion des catholiques,
par le patriarche des Indes, par les
archevêques de Valiadolid et üe Burgos, et six évêques , ainsi que par
les chefs politiiîues de la ligue ultramontaine. Par contre le procureur
général de la Cour suprême, dans une
circulaire aux parquets, leur enjoint
d’interpréter dans le sens le plus favorable à la libefië de conscience l’article de la Constitution de 4876, et
les articles des autres lois existantes
concernant l’exercice des cultes non
catholiques. Une chose, on le voit,
explique l’autre !
meouc fioltttque
Mintie. — Lundi derûier, 44 courant, à Rome et dans toute l’Italie,
a été fêté Ifanniversaire de notre roi
bien-airaé Humbert L A Turin les
édifices publies ont été illuminés. Des
diverses cours sont parvenus à S. M.
des messages de félicitations. ~ ¡Nous
nous associons de grand cœur aux
vœui qui ont été faits pour le bonheur
de notre jeune roi ét pour la prospérité de sa famille et de son règne.
Ængtetèrr»^ Gladstone est remis de sa chûte et a repris la dirèc
. 92---
tion des affaires au ministère et dans
les Chambres. La guerre dans l’Afri
3ue méridionale avec les Boërs et les
assoutos paraît prés de sa fin. L’armistice a été prolongé; le ministère
anglais, pousse par l'^inion publique
en Angleterre et en Europe, est disposé à exercer son influence sur les
autorités de la Colonie du Gap en faveur de la paix.
RtMSKie. — Un horrible attentat
a été commis dimanche- dernier à
deux heures de l’aprês raidi contre
la vie de l’empereur Alexandre II, le
prince libérateur des Serfs. Le tsar
revenait de la promenade ou d’urlé
petite revue, ét était parvenu près
du palais d’hiver, quand une bombe
fut jetée sur sa voiture; trois hommes
de son escorte furent tués,. d’autres
blessés ; le tsar, dont la voilure avait
été brisée voulut en descendre, quand
une seconde bombe jetée à ses pieds,
lui a fracassé les jambes; le GrandDuc Michel et le préfet de police qui
étaient à quelques pas de lui, coururent k son secours et le portèrent
dans son palais; mais déjà le Monarque avait perdu connaissance et à
S 4i2 heures il était mort dés suites
des ses graves blessures et d’une forte
hémorragie.
Son fils le Grand-Duc héritier lui
a succédé et a pris le nom d’Alexandre III. — L’un des assassins d’Alexandre II, qui a pu être arrêté est
un étudiant de l’école des mines, âgé
de 24 ans, appelé Russakoff. —• C’était
le cinqméme attentat dont Alexandrell
avait été l’objet.
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Iwpnfinfl’if C-bîantiïre et MséecarnU'*
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En dépôt cb^ le pastetur de Pomaret
et A Geriè\«i, éliez M. Jos. Salomon,
Rue Neuve de Neiiehâlel.
Ernest üobert, Gérant et Administra tel/r
Pignerol, lmp. Chiautore et iMàscfarelIt-