1
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LE TEMOIN
ECHO HE8 VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Jeudi
Vous ,me ssrez témoins. Act. 1,3, Suivant la vérité avec la charité. Bph. IV, 15. Que ton régne vienne. MattU.'VI, 10
S O in lâ-a ire:
Dangers pour l'Eglise Vaudoise — Auguste
Çatfarel, çu le soldat fidèle — Souscriptions pour le Bicentenaire — Clironiquè
Revue Politique — An
Vaudoise
nonces.
Danpis polir l'Eglise vaiiiiiise
(Discours du Dr. Pierson)
Dimanche dernier, dans le Temple
Neuf de la Tour, à 7 1[2 du soir,
le Dr. Pierson de Philadelphie a pu
adresser la parole à un auditoire
attentif et recueilli
L’espace trop restreint dont dispose le Témoin, ne nous permettant
pas de reproduire cet excellent
discours, nous ne ferons qu’en résumer les idées principales, bien
suffisantes, à notre avis, pour démontrer le vif intérêt que ce serviteur de Dieu porte à notre Eglise
et le zèle ardent qu’il nourrit 'pour
l’avancement du régne de Dieu dans
lé monde entier.
Après nous avoir exprimé, avec
beaucoup de chaleur, le bonheur
qu’il éprouvait à pouvoir se trouver
pour la première fois parmi lesVaudois, et à leur adresser la parole,
le plus
sa vie,
il nous dit que he qui Fa
profondément frappé dans
dès qu’il fit la connaissance de l’his
toire de l’Eglise vaudoise, c’est que
Dieu a accompli en faveur de notre
Eglise des miracles dont la merveilleuse grandeur n’est égalée que par
; ceux de l’Eglise des temns apostoli^és.Parmices mracîés,j'’6rateui‘ cite l’épisode de la Balsille, où nos pères,
après une résistance héroïque à des
forces extraordinaires de l’ennemi,
virent la main de Dieu s’étendre
sué eux, par un épais brouillard,
pour les délivrer d’une destruction
qui semblait désormais certaine. Il
voit un autre de ces miracles dans
la conservation des moissons, pendant de longs mois d’hiver, sous une
épaisse couche de neige,.pour nourrir les Vaudois à Rodoret et à Pral,
et pour les sauver une seconde fois
d’une mort tout aussi sûre que celle
à laquelle ils avaient échappé à la
Balsille.
Déjà deux ans passés, le Dr. P.
avait décidé de faire une visite à
nos Vallées; « mais la Providence
de Dieu, dit-il, m'en avait empêché
en me poussant vers d’autres contrées; maintenant je considère comme un véritable privilège que Dieu
m’ait accordé cette visite. Je regrette
une seule chose: c’est de devoir
S’aiiresSer pourla Bétlaction àM.
lo Past. H. Mftillo, Tor7-e Peilice
et pour l’Aâminfstratlon à M
Elisée Costeh&i,'TorrePellice
■»M '.-r
'W'4
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1
2
_ 140 —
r
partir après avoir passé trois jours
seulement au milieu de vous, mais
j’espère revenir ».
Avant de prendre congé de l’au-^
ditoire. il ajoute qu’il veut pourtant
nous dire quelque chose qui nous
soit utile et il développera sa pensée
en puisant dans l’histoire de notre
Eglise quatre faits qui l'ont particuliérement frappé: 1‘^) Que notre Eglise ait conservé, à travers de
longs siècles de persécutions horribles, le type de l’Eglise chrétienne
primitive, soit par son organisation
démocratique, soit par la simplicité
de sa foi, soit par sa piété; 2“) Qu’elle
se s.oit toujours fermement maintenue
attachée à l’Evangile de Jésus-Christ
sans y mêler les traditions humaines
et le formalisme qui a tué la vie
spirituelle de tant d’au très églises;
3®) Qu’elle ait été pendant des centaines d’années l’Eglise des Martyrs
de Christ, constamment alliée avec
Dieu lui-méme et précisément alors
qu’il fallait tout perdre pour démontrer sa fidélité; 4®) Qu’elle ait con- ,
couru efficacément à donner l’Evangile aux nation.s, en se conservant
une église missionnaire.
Ces quatre faits, dit 1’ orateur,
sont ceux qui constituent la grandeur
et la gloire de l’Eglise Vaudoise;
mais, ajoute-t-il heureusement, vous
me permettrez qu’après vous les avoir
signalés, je vous indique quatre dangers qui, si je ne me trompe, semblent menacer l’avenir de votre chère
Eglise.
1®) L’un des premiers dangers
contre lesquels ils vous faut veiller
c’eat d’être tentés de vous reposer
sur • votre passé. Car la grandeur
du passé est toujours un acheminement à l'orgueil et à la paresse. Un
homme qui a accompli de grandes
choses est tenté de ne plus rien
faire à l’avenir. Votre idéal ne doit
pas être le passé, mais excelsior.
Comme l’idéal du jeune homme
n’est plus celui de l’enfant, et celui
de l’homme adulte n’est plus celui
du jeune homme, ainsi en est-il
pour le chrétien, comme St. Paul
le démontre par son propre exenàple.
Ce vaillant apôtre de Christ est toujours divinement mécontent, bien
que, d’autre part, il affirme qu’il est
satisfait de la position dans laquelle
Dieu l’a placé. Son activité consiste
à combattre, à marcher en avant,
vers le but de la vocation céleste.
Sur ce, l’orateur, profitant de la présence, dans l’auditoire, de plusieurs
jeunes gens et jeunes.filles qui suivent les études, il leur rappelle
comment les Grecs, aux temps apostoliques, avaient dans leurs arènes
trois piliers: sur le premier, au
point de' départ étaient écrites ces
paroles : « Fais tout ce qui t’est possible »; sur le dernier il y avait ces
mots : « Arrête-tcft »; mais sur Celui
du milieu on lisait en gros caractères; « Hâte-toi ». Pourquoi cet arrangement dans ces courses? Parce
que les Grecs savaient que c’est
arrivé au milieu que le premier
athlète, se croyant sûr de la victoire,
risquait de-ralentir son pas et, de se
laisser dépasser.
Dieu nous dit pareillement à nous
chrétiens, qui semblons déjà en avant: Faites tout ce qui est en votre
pouvoir pour avancer; faites vite,
car le temps fuit rapidement. Or le
danger de votre église, c’est de regarder en arriére et d’oublier de
regarder en avant, de faire comme
le fils d’un homme riche, lequel,
parceque son père est riche, se dispenserait de travailler selon ses
moyens; il deviendrait l’héritier de
la paresse et du vice. Non, la foi de
vos pères ne vous suffit pas, pàrcequ’elld n’est pas votre foi; leur piété
n’est pas votre piété.
2“) Un second danger c’est l’orgueii spirituel. Ce danger est toujours inhérent à un grand et glorieux
passé. Encore ici l’apôtre Paul nous
démontre par son exemple comment [il est devenu si utile au
service de Dieu. Voyez, en effet,
ce qu'il était avant et après sa
conversion. Avant, il était plein d’or-
3
— 147
gueil; après il est rempli d’humilité.
Dés qu’il a connu Christ, comme son
Sauveur, sa devise a été constamment: « Ce n’est plus moi qui vit;
c’est Christ qui vit en moi». Il fut
utile en raison de sa croissante humilité. Ainsi pour toute vie chrétienne;
Il faut croître chaque jour en humilité pour être un chrétien utile dans
le monde.
3^^) Le troisième danger pour
à l’Eglise vaudoise c’est celui du
formalisme-, c’est un danger pour
vous comme pour toutes les églises.
Le formalisme c’est la forme ou
l’apparence de la piété et non pas
la piété elle-même; c’est un corps
sans l’esprit, un arnre sans fruit, un
foyer sans feu, une religion sanS le
St. Esprit. Et ce danger est plus
actuel que jamais. Anciennnement
d’aller à l’Eglise, semblait chose
déshonorable; maintenant c’est le
contraire; même chez vous, en
Italie, on aime avoir à faire à
des personnes qui aient des convictions sérieuses plutôt qu’à celles
qui n’en ont pas. Or, faire profession d’être religieux peut être un
piège; car lorsqu’on porte la couronne on oublie'bien vite de porter
la croix.
En Amérique une grande malédiction consiste en ce que la multitude appartient à l’Eglise; la jeunesse y entre sans besoins véritables,
sans conversion; des centaines participent à la S.*-® Gène sans foi et
sans piété; il y a bien la forme de
la piété; mais la force est absente.
Tel est le formalisme: un chrétien,,
sans foi en Christ et sans amour
pour Lui et po5r ses frères, n’est
qu’un cadavre glacé. Toute Eglise,
et la vôtre aussi, a un gi'and be
soin d’être rebaptisée du St, Esprit
et de passer par une nouvelle Pentecôte pour ,ge’ retremper dans la
prière et pour éviter le danger du
îcH'malisme. Ah! .s’il y avait une
nouvelle descente du St. Esprit dans
ces Vallées, sur les pasteurs et sur
les troupeaux, quelle grâce, et quelle
consécration nous verrions alors pour
la cause de Christ! Car vous ne devez
pas oublier que vous ne devez pas
être seulementre spectables; il ne faut
pas regarder les uns aux autres ou
d’une Eglise à l’autre mais, établir
votre comparaison avec Christ, être
semblables à Lui-même. Oui, comparons-nous toujours à Christ et
alors nous ne nous arrêterons pas
à mi-chemin.
4,0) Encore un mot à propos
du quatrième danger qui vous menace et qui consiste à oublier les
âmes qui vivent autour de vous-,
C’est le danger d’une armée qui
après avoir combattu rudement pour
se défendre, se croiserait les bras et
refuserait de marcher à l’assaut..
Pendant des siècles les Vaudois furent obligés de se maintenir sur la
défensive; parceque, cernés de toutes
parts, il leur fallait conserver ce que
Dieu leur avait confié; mais aujourd’hui que le danger de la destruction n’existe plus et que vous avez
la liberté nécessaire, il voua faut
prendre l’offensive et devenir agressifs; il vous faut attaquer l'ennemi
avec l’épée de l’esprit et combattre
les puissances de Terreur, de la superstition et de la corruption, avec
force.
Le monde entier est aujourd’hui
ouvert aux missions. Depuis 25 ans
que j’étudie Thistoire des missions
en tous pays, jamais je n’ai vu peser une plus, grande responsabilité
sur les chrétien.s. Dieu marche en
avant, et de telle manière que pour
quiconque veut l’observer les progrès
des sciences, de l’industrie, des moyens de communication etc. semblent lents. Et pourtant quels progrès dans ces dernières années! Et
si ces progrès sont devenus si rapides, en si peu de temps, qu’eii
sera-t-il dorénavant ? Oh! il n’est
plus possible de se reposer; car si
le monde ne marche pas. Dieu marche. La porte a été ouverte a TEvangile parmi les nations à 750 millions de païens, dans ce siècle.
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- 148
I
Qu’est ce que cela signifie? Que Dieu
dit aujourd’hui à son Eglise; « marche! » cette voix nous vient des nuées où demeure le feu divin.
je suis heureux d’avoir été témoin d’un grand réveil, en Amérique, en faveur des païens. Au Massachasset, des centaines d’étudiants,
à la suite de ce réveil, demandèrent
à se consacrer au service de Christ
pour aller évangéliser les païens; ils
organisèrent des réunions et se rendirent d’un collège à l’autre, allumant partout le feu sacré; ils formèrent des sociétés et maintenant
il y a 5000 étudiants qui se sont
engagés à partir pour les missions.
Au N. O. des Etats-Unis il y a
encore des faits plus éclatants : des
secrétaires d'Unions Chrétiennes de
jeunes gens ont été si frappés de
l’état dans lequel se trouve la pauvre Afrique, qu’ils ont organisé
ce qu’ ils ont appelé le « mouvement des pionniers du Soudan ».
L’un d’eux est déjà partq le feu sacré a consumé l’égoïsme chez ces
jeunes gens instruits, et a allumé
dans leur coeur un zèle brûlant pour
les âmes.
Dans une réunion en faveur du
Soudan, un'fe grande collecte fut organisée; elle devait se faire sans nuire
aux autres collectes pour d’autres
objets. Malgré que plusieurs fussent
pauvres, telle fut la générosité des
présents, que cette collecte produisit, en quelques instants, la somme
énorme de 300.000 francs, la pluspart des dons consistant en bijoux,
tels que bagues, pendants d’oreilles
bracelets etc.
Cela nous semble bien propre à
prouver que Dieu marche à la tête
de son Eglise. Malheur à qui reste
sourd à la voix de Dieu! Aujourd’hui le salut s’est, sans aucun
doute, approché de nous.
, Vaudois, rappelez vous que votre
Eglise qui a -été la première, après
des siècles de ténèbres, à témoigner
de la lumière de Christ et à porterl’Evangile aux nations, comme Eglise
des martyrs, doit être aujourd’hui
à la tête de ce grand mouvement produit par l’esprit de Dieu
dans le monde entier. C’est là mon
souhait, pour vous I
J. R.
Anguslt Caffarel, ou le soldat fidtlc
(Suite et fin, voir N. 18).
Suivent ces quelques lignes de M.
Josué Meille;
« Mon toujours plus cher Auguste,
oui, je me réjouis avec toi, et je
puis dire ; nous nous réjouissons
avec toi de ce que Dieu t’a donné
•la force de lui demeurer fidèle,
même au péril des grands châtiments dont on te menace.
J’écris aussi à tes parents de Turin
et leur transmets une copie de ta
lettre, afin-qu’ils ppiçsent en conférer avec M. Bert, eu le priant, s’il le
trouve à propos, d’écrire de nouveau,
à ton Colonel, pour qu’il ne permette
pas qu’on te fasse du tort; que tout
celui que tu peux avoir est d’être
né protestant, d’être intimement
convaincu de la vérité de la religion
que tu professes et de lui demeurer
fidèle, afin de l’être plus sûrement,
et. par des motifs de conscience à
ton Souverain, car celui qui manque
à ce qu’il croit devoir à Dieu, remplira-t-il mieux ses autres devoirs?
— J’y ai ajouté que nier qu’il entre
de la religion dans la génuflexion
dont il s’agit, c’est nier une chose
évidente et qui est 5e notoriété publique. Il faut que- je finisse, parceque le chirurgien Voile, qui porte
ta lettre à tes parents et qui veut
bien se charger aussi de celle-ci, va
partir. Je serais bien aise de savoir
si tu as reçu mes deux lettres, l’une
du 19 février et l’autre du 10 courant'(Mars), à laquelle était unie
une de l’oncle Voile,..,, Adieuj mon
digne Auguste. Obéis loujour.s à ta
5
S,-'
- 149-
conscience et demande à Dieu sa
lumière pour t’éclairer et sa grâce
pour te soutenir jusqu’au bout. »
Les recomrrj-andalions venues de
Turin et la lettre du soldat chrétien
à son colonel produisirent leur effet,
puisque le même Josué Meille peut
écrire à son petit fils, en date du
25 Mars 44, la lettre suivante:
« Mon cher Auguste, — Quoique
d’après ta dernière lettre que j’ai
reçue Samedi 23 courant, nous en
attendions d’autres de ta part, j’éprouve leiiesoin de t’écrire, premièrement pour te témoigner combien
ton élargissement nous a fait du
plaisir à tous; plus d’une personne
en a versé des larmes de joie. Nous
l’avions appris déjà par un billet de
ta bonne mère, à qui cette nouvelle
a rendu la vie... Je t’écris, en second
lieu, pour te communiquer quelques
réflexions que nous ont fait faire
les détails que tu nous donnes. Je
commencerai par te dire que j’ai
été bien content de ta fermeté et
édifié de tq courageuse protestation.
Tous partagent plus ou moins les
mêmes sentiments. Voici ces réflexions. Elles regardent les explications que t’ont données ton major et
autres officiers. Quelques uns les
trouvent bonnes et suffisantes pour
Ôter tout scrupule. Mais d’autres, et
je suis du nombre, les trouvent illusoires et en contradiction manifeste avec l’opinion , générale de tout
le public catholique romain sur la
parade qu’on vous fait faire et la
génuflexion qu’on vous ordonne en
présence du St. Sacrement. S’il n’y
entre point de religion, ni rien de
tel qui parte du cœur dans un pareil acte, c’est un outrage à l’hostie
où se trouve, selon là croyance catholique..,. N. S. J. G., réellement
prés^t; et^ s’il y entre réellement
du religieux* c’est pour la conscience
d’un vrai protestant, un véritable
acte d’idolâtrie. Veuille représenter
tout cela à M. Gaberel (le pasteur
Suisse à Gênes), en le .priant," s’il
veut bien s’en charger, de faire valoir ces considérations auprès de
qui il jugera à propos, pour que le
Gouvernement, s’il veut respecter la
conscience, pour ne pas la blesser
et la froisser, ait la bonté de vous
exempter aussi de toute génuflexion
religieuse dans quelque lieu que ce
soit.... Salutations affectueuses de
tous, nommément du régent Dl.
Meille. Quant à moi je bénis Dieu
de pouvoir me dire ton bien affectionné grand-père
J. Meille. »
Pauvre grând-pére, pauvre mère
surtout! car ils ne devaient plus
revoir leur enfant bien aimé. Un
Hulre élargissement s’approchait pour
lui. Miné par les émotions, par les
craintes, probablement par les souffrances supportées dans son cachot,
il avait contracté une grave maladie
qui devait bientôt lui ouvrir la porte
du ciel et le placer au service immédiat du Roi qu’il avait honoré
sur la terre. Il parle lui-même de
son épreuve dans une lettre dont
l’écriture e.st déjà très altérée, mais
qui n’exprime ou ne veiit exprimer
encore aucune apprêtaension.
« De mon lit, le 6 Janvier (1845).
Sur le timbre on lit Genova - Febbraio.
!..
« Chère Maman. — Si j’ai tardé
à t’écrire, c’est que je voulais t’annoncer de bonnes nouvelles et non
vous attrister. Je suis entré à l’hôpital pour la toux. Tu fe souvient
que les médecins disaient que ce
n’était rien, mais à force de la lais- •
ser enraciner, elle en est venue à
me faire vomir du sang. L’on m’a
fait deux saignées. Je qrains que ce
ne soit une bonne toux de poumons.
Je mangerais toujours du laitage et
du miel. Il n’y a que cela qui me
fa.sse du bien, et je ne puis avoir
qu’une petite soupe au lait le matin.
Au reste cela va mieux à présent.
Que papa en parle à M. Gianetti
pour savoir s’il vaut mieux la faire
passer entièrement à l’hôpital ou
6
■'r:
Riv;
- 150 *
d’aller auprès de vous. Le régime
de l’hôpital n’est guère favorable.
Voilà mon état. Je sais gai, et sans
cette malheureuse toux, je serais
déjà dans vos bras, Ecris-moi seulement à mon adresse, je reçois les
lettres. Ton fils Auguste. »
C’est, ainsi, ô jeunesse vaudoise,
qu’il faut servir le Seigneur! h. m.
SOÜSCPIPTIONS POUR LE BICENTENAIRE
M. B.Goïsson, Texas,(Etats-Unis) L. 10
M. J. Benech feu J. Pierre,
(Gacet) Angrogne 4
Chronique Vaudoise
La Conférence du Val Pélis s’ouvre
mardi à 9 h. dans la salle Beckwith.
Peu de public. Nous regrettons que
les membres de cette paroisse n’apprécient pas davantage le privilège
qui leur est offert. M. Gardiol, président, parle sur Jean 12 (vv 20-32).
« Attirer les hommes à Dieu, voilà
notre lâche; pourquoi donc nos efforts sont-ils^couronnés de ai peu de
succès? C’est qu’il faut, pour attirer,
une force d’attraction. En Christ cette
force c’était sa parole révêtue d’autorité; en nous ce doit être une parole dont l’autorité soit tirée d’une
communion intime avec Christ. C’était encore, en J. G., sa charité, son
amour pour les âmes. ^Aujourd’hui
les campagnes sont blanches, les
foules ont faim et soif. Pour elles,
il faut la parole vraie dite avec charité, En Christ, la force d’attraction
était encore sa grande humilité. Nous
aussi c’est dans cet esprit que nous
devons vivre et agir : dans le sentiment de notre faiblesse ; nous devons nous tenir auprès de Celui qui
est fort.
Après la lecture du procès-verbal
M. le pasteur Romano lit un travail
intitulé Relazioni delle Chiese delle
Valu colla opéra diEvangelizzazione
in Italia. 11 développe en premier
lieu l’idée que Dieu a confié à l’Eglise vaudoise la mission d’évangéliser l’Italie. En second lieu il se
demande si [’Eglise a répondu fidèlement à l’appel qui lui a été adressé et il croit pouvoir répondre affirmativement en ajoutant que les fruits
de 'son travail ont été réels et nombreux. On ne peut pas en dire autant toutefois des congrégations existantes dans les Vallées où l’on contribue peu pour r Evangélisation.
L'année passée on n’y a recueilli que
58.000 fr. pour toutes les œuvres, et
8.000 fr. environ pour la mission
italienne.-La moyenne des dernières
dix années ne donne, pour cette œuvre, que 0,18 cent, par tête et par an.
Nos congrégations vaudoisesnese préoccupent donc que fort peu de cette
œuvre que Dieu pourtant leur a confiée. La pauvreté de nos églises n’est
pas une excuse; on donnerait davantage s’il n’y,avait pas pauvreté de
foi et de vie spirituelle. Que devrat-on faire maintenant pour •remédier
à cet état de choses? 1®) Etablir dans
chacune de ces paroisses des réunions mensuelle.s pour entretenir les
membres de l’Eglise de l’œuvre de
la mi.ssion et prier pour elle.
2o) Former dans chacune de nos
paroisses des groupes de collecteurs;
3^) Répandre dans les quartiers
et dans les familles le journal ieBollettino fAppL)
Dans l’entretien qui suit la lecture
de ce travail très apprécié l’on émet
les idées suivantes: La question d’argent n’est pas la seule importante.
Il faudrait rappeler à nos Vaudois qu’il y a, dans l’intérêt qü’elle.s porteront à l’œuvre de la mission,
des bénédictions sans nombre et
leur montrer que de ces bénédictions nous en faisons déjà l’expérience aujourd’hui. Il faudrait que
chaque paroisse s’intéressât à un
évangéliste et à une œuvre spéciale.
— Le rapporteur n’a pas tenu assez
compte du fait que le plus grand
7
I -K ’ ' ' .'V
- * t- •■■
:■, 'ir
- 151
nombre des 140 ouvriers à l’œuvre
en Italie sortent d’ici après avoir
coûté des sacrifices considérables à
leurs familles. Autrefois, il y avait
entre les Vallées et l’Italie une
union intime. Maintenant ces relations se sont refroidies et on
entrevoit peut-être une séparation
prochaine. Cela n’est pas fait pour
vivifier l’intérêt du public vaudois.
Non, est-il l'épondu à celte affirmation; au contraire l’idée de la séparation a été ensevelie après avoir
été condamnée, et il ne faut pas la
reproduire.— Que nos trois conférences adressent au Comité la demande
formelle de nous envoyer l’biver
prochain (à l’époque où l’on peut
avoir des réunions plus nombreuses)
un de ses meilleurs ouvriers, pendant un mois, pour travailler nos
paroisses l’une après l’autre. — Cela
ne suffira pas, ajoute-t-on; il faut
que les pasteurs se mettent à l’œu• vre surtout au moyen des réunions
de quartier. — H y a parmi lesVaudois de graves préjugés contre l’œuvre de la mission. Il faut faire
une espèce de croisade, en montrant que cette œuvre est utile,
nécessaire, voulue par Dieu, à
nous imposée. Puis, visant au pratique, il faut recueillir les dons
d’une manière régulière, même les
dons en nature. — Il serait bon que
les pasteurs se mettent en rapport
avec les évangélistes et reçoivent
d’eux, de temps à autre, quelque
lettre particulière. — Il est très difficile de trouver des éléments pouvant fournir des collecteurs; mais il
faut tendre à former ces éléments
qui deviendront toujours plus néces•saires, car il pourrait ae faire que
les dons de l’étranger vinssent à
manquer, et alors, laisserons-nous
tpmberl’œuvre, abandonnerons-nous
le terrain déjà conquis? — On pourrait
cependant imiter dans les autres
paroisses, l’exemple de la Tour, paroisse où le système de collecteurs
foticlionne remarquablement bien.
— Les réunions recommandées par
le rapporteur exi.stent dans presque
toutes nos paroisses; et dans q,uelques unes des sociétés d’évangélisa- ,
tion. Il ne faut pas méconnaître ce
qu’il y a, il faut chercher à le développer, Il faudrait créer une agence
spéciale à côté du Consistoire. —
On observe qu’il est juste de tenir
compte que les objets pour lesquels
on fait appel à la générosité du
public Vaudois sont nombreux, et
que les dons ont suivi une ligne
ascendante.
L’ordre du jour suivant- est approuvé :
«La Conférence du Val Pélis, à la
suite du rapport présenté par Mr.
Romano, sur les relations entre les
Vallées ’i/audoises et l’œuvre d’Italie,
adopte les résolutions suivantes:
«Rendre toujours plus vivante et par
là même plus efficace, une institution
existant déjà parmi nous, c’est-à-.dire
les réunions périodiques de chef-lieu
et de quartier, destinées esdusivemerit à enti'elenir les membres de
notre Eglise do l’œuvre de l’Evangélisation et à prier pour cette
œuvre.
« Constituer dans chaque paroisse,
là où elle n’existe pas déjà, à côté *
du Consistoire, une Société auxiliaire
pour l’Evangélisalion d’Italie.»
MM. D. Peyrot et Micol invitent
les membres de la Conférence à des
fêtes devant avoir lieu le 49 Mai, pour
commémorer la paix avec le Duc
de Savoie, l’une au Chiot (Pra 'du
Tour) et l’autre au Clos (Vrllesèche).
La Conférence décide que la fête
du 15 Août aura lieu au Chiot (du
Pra du Tour), et remercie M. Micol
de son invitation qui est acceptée - .
avec entbousiasmè, ' ■
M. Micol présente les salutations
fraternelles de la Conférence de St.
Martin.
La prochaine conféi-ence aura lieu
en automne. Sujet: de - l’admission
dans l’Eglise. Rapporteur: H. Meille.
Au dîner, pris en commun, la
conversation roula sur la nouvelle
loi scolaire. Impossible de reproduire
I
M
.'U
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;-.í> ■ -, ■.. -■ ', / ■f„ív?®jí'>''-■ if. - ' ''■■ ' '
— 152 —
ici tout C0 qui s’y est dit. Nous le résumons de la manière suivante: Il
est à désirer que la nouvelle loi qui
heurte des principes évidents de justice et qui est un pas en arriére
dans la voie du progrès, ne passe
pas ou, au moins, soit radicalement
modifiée. (Doit-on pétitionner ou
non? ici les avis sont plus que jamais partagés). 2® Si elle passe, il
- va de soi que toutes nos Communes
vaudoises seront prêtes à s’imposer
un sacrifice pour avoir au moins la
faculté de nommer leurs régents.
. Quand à les diriger, il n’en serait
naturellement plus question, 3® 11
faut que partout dans nos Vallées,
on fasse ce que l’on peut pour avviare des jeunes gens bien qualifiés
à la carrière de l’enseignement.
Un télégramme affectueux arrivé
de Vérone, où siège la Conferenza
del Distretto Lombardo-Veneto. Il
y est répondu séance tenante.
S.,';.
Revue Polüique
Le premier mai s’est passé sans
de trop gi-aves désordres, grâce surtout aux mesures énergiques que les
gouvernements avaient prises pour
réprimer toute démonstration. La
plupart des journaux considèrent
les résultats de cette journée comme
un échec pour ceux qui ont provoqué l’agitation ouvrière. C'est
peut-être voir les choses sous un
jour trop favorable. Les désordres
n’ont pas été aussi grands qu'on
pouvait le craindre, mais ils n’ont
pas manqué, et dans bien des endroits les événements ont justifié les
craintes et montré que les précautions n'étaient ni superflues ni excessives. A Turin il y a eu bien des
tentatives d’attroupement, avec résistance à la force publique, pierres
lancées contre les vitres et même
contre les soldats, qui ont dû s’armer d’une bonne dose de patience
pour ne pas se laisser aller à faire
usage d’autres armes, A Livourne la
fête du travail s'est transformée en
grève générale, qui dure encore et
inspire de sérieuses inquiétudes. En
Espagne, le mouvement a pris de
vastes'proportions dans presque toute la Catalogne, où il a fallu proclamer l’état de siège. En France
te département du Nord (Lille, Roubai, Tourcoing) a été le théâtre d’assez graves désordres. A Londres a
eu lieu (le 4) une imposante démonstration, à laquelle , dit-on, ont
pris part environ 300,000 personnes,
pour taire valoir les droits des ouvriers.
Quels que soient les résultats matériels de cette agitation, le 1 Mai
1890 a montré que ce qui n'était
pas possible, par le passé, l’est maintenant, que toute la population cuvrière de l’Europe entière peut, à
un moment donné, obéir à un mot
d’ordre et se lever en masse pour
soutenir sa cause. Si cette solidarité,
qui à commencé à s’affirmer, se généralise et devient toujours plus
compacte, comme il faut s’y attendre,
qui pourrait en prévoir les conséquences pour l’avenir. Il y a certainement là un grave problème,
qui doit préoccuper les hommes
d’Etat.
Jk.'VXS
—I*—ait»—»—
. La Conférence libre du Val St.
Martin se tiendra aux Clos de Villesèche le lundi 19 courant.
11 y aura à h. 10 li2 un service
au temple, en souvenir du traité de
paix accoi'dé à nos pères, il y a
200 ans; où parleront quelques-uns
de nos frères des trois Vallées.
Vers 2 heures de l’après-midi, la
Conférence proprement dite s’entretiendra du sujet: Les Vaudois dissérninés.
Ernest Robert, Gérant.
Torre Pellice, Imprimerie Alpina.