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feuille iHensuelle
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SPECIAieUNT C 0 M B Ê B AUX lüTÉBËTS DE LA FAMILLE VAUDOISE
» Ilh dion qu’ es fraudes... «
• Us disent qu’il est Vaudois •
MOBLA LETCZON,
S ommaire : Histoire vaudoise : I Faldesi par Mr Bert. (5“ ' article). —
Lettre de Mr Bert et réponse. — Questions locales : d’une circulaire
de la V . Table vaudoise. — Concours. — Variétés : Second anniver
saire de rÉmancipatioD, — Nouvelles religieuses.
H I S T O I R E T A V n O lS E
I VA LD ESI
ossiano i Cristiani cattolici seconda la Chiesa pvim itiva ecc.
per A. B e r t .
(3 ™ '
a rticle ).
Avec le chapitre IV.,com m ence Thistoire des vicissitudes
de cette Eglise dont les chapitres précédents nous avaient
raconté la naissance, les doctrines et la vie : “ longues et
„ douloureuses vicissitudes, s’ écrie Mr B ......., histoire qui
„ n’ est autre chose que celle d’un incessant et meurtrier
„ délire de la papauté, contre des hommes innocents et
„ paisiMes; aussi bien que des effrayantes conséquences
„ qu’entraîne après elle l’ambition démesurée du clergé,
„ une fois qu’ il s’est éloigné du vrai christianisme qui est
„ foi et amour
.
2
—
138
—
Les destinées de celte Eglise^ d’abord hors des Vallées;
dans le midi de la France, en Allemagne, dans les Ca
labres et au marquisat de Saluées; puis ses destinées, dès
les temps les plus reculés jusqu’aux tout derniers événe
ments, dans les lieux mêmes où elle prit naissance, et où,
par un effet de la protection divine elle subsiste encore,
telle est la marche à la fois simple et naturelle adoptée par
notre auteur.
‘ .|
*
Le document par lequel s’ouvre la série de faits dont
les Vallées sont le théâtre, e^ un édit de. l’empereur
Olhon IV., de l’an 1498, portant que les peines les'plus
sévères soient infligées aux hérétiques vaudois et à tous
ceux qui, dans les limites du diocèse de Turin, s’en vont
répandant le poison des fausses doctrines. Toutefois les
persécutions à main armée ne commencèrent que bien plus
tard, vers l’an 1400, où ceux du val Pragela, attaqués le
jour même de Noël, au moment où ils s’y attendaient le
moins, se sauvèrent sur les montagnes, “ les mères, dit
„ Perrin, portant leurs berceaux et traînant par la main
„ les petits qui pouvaient marcher „ tellement que, “ la
„ nuit ayant surpris ce pauvre peuple,.....on trouva le len„ demain matin 8 0 petits enfants morts dans leurs berceaux
„ et la plupart de leurs mères mortes près d’eux, et d’au„ très qui n’avaient du tout expiré „. Mais une fois celte voie
de conversion essayée, on ne sut plus recourir à un autfe; le fer
et le feu restèrent les prédicateurs parlesquels pn prétendit
ramener'à la foi ceux que l’on accusait de s’pu;;élpigner ;
et d’affreuses tueries avaient ensanglanté en 4j48 8) Val
lées de Pragela et de Luserne, qt]^nduJa vuq du peu de
fruits qu’elles produisaient^ engageaile duc Charles U. à les
suspendre pour quelques années, Sur cés entrefaites la Ré
formation avait éclaté en Allemagne. Quîon se représente la
joie que les Vaudois durent) éprouver en apprenant que ces
mêmes doctrines, pour lesquelles ils enduraient depuis si
3
— 139 —
longtemps les traitements les plus barbares, remises en lu
mière par de savants elpieux docteurs,étaient embrassées avec
enthousiasme par des multitudes immenses ! Mais cet évé
nement qui semblait devoir apporter qiielqu’adoucissement
à leur condition, ne fit que l’empirer: la Réformation fut
pour les Vaudois le signal de persécutions plus longues et
plus terribles que toutes celles qu’ils avaient encore endu
rées: “ L’Inquisition devint alors d’autant plus acharnée,
„ que la papauté, dont elle servait les intérêts, était plus
„ furieuse que jamais, à cause du nouveau schisme et des
„ conséquences qu’on pouvait en attendre
Le premier symptôme de cette recrudescence fut un
édit d’Emmanuel Philibert, de 1S60,défendant à tous les
sujets de S. A., sous peine de cent écus d’or d’amende pour
la première fois et des galères à vie, en cas de récidive,
d’aller entendre d’autres prédicateur que les prédicateurs
catholiques. Un autre, émané peu de temps après, se résu
mait en cette terrible alternative : la. messe ou le bûcher .
Que faire, en présence de pareils ordres ? Obéir ? —
Les Vaudois ne le pouvaient. — Se laisser massacrer ? —
Ils ne crurent pas devoir le faire: ils prirent le parti de
se défendre. “ Ils s’y préparèrent, dit M. B., en implorant
sur eux la miséricorde divine,parles prières et par le jeûne;
puis ayant abandonné les terres et les habitations plus ex
posées à la fureur de l’ennemi, ils se recouvrèrent dans les
montagnes, décidés à se défendre jusqu’à la dernière ex
trémité...... „.
Nous disposons de trop peu de place pour raconter ici,
même en abrégé, les atrocités; inouies commises pendant plus
d’un siècle, mais notamment dans les années 1560, 1655,
1664 èt 4686 , contre les malheureux habitants des Val
lées vaudoises. Que ceux qui voudraient s’en faire une idée,
en lisent le douloureux récit dans nos historiens, dans Mr
B ert lui-même, dans L éger , G illes,Arnaud ,où elles sont
4
— 140 —
racontées avec beaucoup de détails, et dans l’excellente his
toire publiée, il n’y a que peu de temps, par un de nos
plus respectables compatriotes, Mr le pasteur Monastier, et
qui se trouve, à plusieurs exemplaires, dans toutes nos bi
bliothèques paroissiales. Seulement, comme specim en de
la manière de notre auteur et à cause de l’intérêt tout par
ticulier qui se rattache à cet événement, qu’on nous per
mette de citer, en son entier, la scène où est retracée la mer
veilleuse évasion des Vaudois retranchés à la Balsille.
On était alors en 1 6 9 0 . Nos pères expulsés de leurs
Vallées en 4 6 8 6 , y étaient rentrés, trois ans après, au
nombre de 800 hommes; et il y avait plus d’un an que
français et piémontais, au nombre de 2 2 , 0 0 0 , se fatiguaient
autour du rocher dont cette poignée de héros s’était fait
une citadelle, sans avoir encore réussi à s’en rendre maîtres.
Le moment n’était cependant pas éloigné où toute ulté
rieure résistance aurait été inutile:
« Le canon ne cessait de tonner contre Ja Balsille , et il pa
raissait hors de doute que si les réligionnaires ne se rendaient, pas
un n’échapperait au massacre. C’est pourquoi, le Général fran
çais , avant d’en venir à cette extrémité, leur fit signifier de
mettre au plus tôt bas les armes et de se soumettre à leur destinée :
« Nous ne sommes point sujets du roi de France, répliquèrent
» les Vaudois, et ce monarque n’étant point le maître de ce pays,
» nous ne pouvons traiter avec vous; nous sommes dai^ les héri» tages que nos pères nous ont laissés de tout temps, et nous
» espérons avec l’aide de Celui qui est le Dieu des armées, d’y
» vivre et d’y mourir, quand nous ne resterions que dix; Si
» votre canon tire, nos rochers n’en seront pas épouvantés et nous
» entendrons tirer ! »
.......... « Cependant, comment résister encore? et dans un péril
si imminent à quel parti recourir? Si au moins, par quelqu’endroit, la fuite, de n u it, était possible. Mais les feux de l’ennemi
éclairent la vallée et les deux versants des montagnes; mais de
nombreuses troupes enceignent la Balsille de toute part ; et le
seul cété où l’on n’aperçoive ni sentinelles ni lumières, n’est-il
pas bordé d’un précipice sans fond et impraticable? Si doqc vous ne
vous-rendez, ô Vaudois ! préparez-vous a vous voir bientôt ense
velis sous les ruines • de votre démantelée et désormais inutile
forteresse......i);
•.......... « Mais voici qu’un épais et humide brouillard monte
peu à peu et enveloppe toute la vallée. Alors l’artillerie sc tait ;
5
—m —
ie feu des sentinelles n’éclaire qu’à une petite distance....... un
moment de trêve a lui pour les pauvres réligionnaires........ Mais
c’est pour leur montrer leur mort plus inévitable et plus hor
rible ; car à quoi servent maintenant tous les partis auxquels on
pourrait se d é c id e r? — Cependant, il faut entendre le capitaine
Poulat: il est originaire de Balsille; le rocher et l’escarpement
lui sont bien connus; jeune homme il y trouva un jour un pas
sage, passage dangereux, qui peut mener à la mort plus facile
ment qu’à la délivrance ; mais c’est l’unique. Q u’on le tente !
s’écrient les chefs de l’intrépide cohorte. Et tous s’ébranlent aus
sitôt pour la périlleuse entreprise: les uns après les autres, se
cramponnant au so l, les pieds de ceux qui sont au-dessus s’ap
puyant sur les épaules de ceux qui sont plus bas, ils se lais
sent dévaler peu à peu, et dans le plus profond silence, de la roche
dans le torrent........ Mais que vient-on d’entendre?.. .. Qui-vke?
a crié une sentinelle voisine. (Le bruit d’un chaudron échappé
aux épaules d’un de ces montagnards, et qui a roulé au fond
du précipice, est ce qui l’a effrayée.) Qui-vive? — Mais l’ écho
de la montagne lui répond seul. La sentinelle se tait. Les Vaudois qui s’étaient crus perdus, avancent avec un redoublement
de précaution. Les voilà en sûreté. Mais par surcroit de pru
dence ils gravissent encore la montagne voisine. La neige et les
brouillards les protègent.......... et lorsque les assiégeants s’aperçoi
vent que la Balsille est déserte, les fugitifs sont déjà à une grande
distance, et entièrement à l’abri de leurs balles.
« Si dans cette mémorable circonstance, les Vaudois durent
leur salut au silence fortuit ou spontané de cétte sentinelle, ou
à leur intrépidité et à leur adresse, c’est ce qu’il est difficile
de décider; mais ce qui est hors de tout doute pour les cœurs
chrétiens, c’est que, quelles qu’aient été les causes humaines,
ta m ain, ô grand Dieu ! la main de ta Providence les a pater
nellement dirigées, pour sauver encore alors ceux que tu avais
déjà protégés à Salabertrand, voulant par ce moyen conserver
jusqu’à nos jours, dans leur personne, ton Eglise prim itive.... »
A propos de ce combat de Salabertrand, l’aiiteur s’était
écrié déjà, et nous aimons à relever ces passages de son
livre :
i» '
« Si les 'Vaudois avaient le dessous dans celte rencontre c’en
était fait pour toujours de leur cause.............. Mais dans les secrets
impénétrables de ton infinie Providence, tu ne voulus p as, ô
grand Dieu l qu’il en fût ainsi ; et si 800 hommes fatigués, épuisés, peu aguerris aux batailles, eurent l e , dessus sur une
foule de guerriers , dans une position propice à l ’ennèmi, ce ne
fut pas eux qui vainquirent, mais bien plutôt T oi, ô Dieu ! dont
la miséricorde voulut les conserver pour d’autres vicissitudes ».
6
— U2 —
Les temps tout-à-fait modernes de notre histoire sont ce
q u i, proportion g ard ée, occupe le plus de place dans le
livre de Mr B. Les sourdes m enées, les intrigues de toute
espèce par lesquelles les ennemis des Vaudois cherchèrent
constamment à leur n u ire, y sont mises au grand jour, non
sur de simples ouï-dire, mais avec force pièces très-authen
tiques et très-curieuses que Mr Bert a réussi à se pro
curer. C’est ici que, si la place nous le permettait, les cita
tions seraient intéressantes. Mais un trait nous dispensera
de beaucoup d’autres , le voici : Nos lecteurs savent com
m ent, en i 8 4 i , ordre fut donné à tous les Vaudois qui
avaient acheté des biens hors de l’enceinte des Vallées, de
les v endre, dans le term e d ’un et de deux ans, sous peine
de confiscation. Les Vaudois ne vendirent pas et leurs biens
leur restèrent. Mais veut-on savoir à quelle influence cédait
le gouvernement en ordonnant de pareilles mesures ? —
La lettre suivante, adressée par l’Avocat général, comte
S ta ra , au Préfet de la Province de P ignerol, ne laissera
pas le plus léger doute à ce sujet:
Turin le 12 ayril 1841.
à Mr le Préfet de Pignerol,
!■
Des ordres supérieurs m’imposent de vous prescrire sans délai
que vous ayez à surseoir aussitôt à l’exécution des arrêtés transmis
par le gouvernement au sujet des mariages mixtes parmi les' Vaudois,
et des acquisitions faites par ceux-ci, dans le territoire deil^usernette et ailleurs, vous appliquant à faire ensorte que Vo/utorité ecoiésia*
stique ne s’aperçoive pas de cette suspension ou révocation d’ordres.
I £n m’acquittant de ce devoir de ma charge, je dois ^yous-en
gager , Monsieur, à user de la plus grande discrétion et prompti
tude dans cette affaire rem ise'à Vôtre^zèle , afin qu’il-n’en résulte
pas de nouvelles réclamations de la part de l’autorité ecclésiastique,
jusqu’à ce que vous receviez de nouveaux ordres, ce qui sera
dans peu, vous réglant de telle manière que personne ne s’aper
çoive de rien, ei faisant semblant de ne savoir ^quoi que ce soit.
Dans l’espoir que vous second'erèz avec zèle éte. etc.,
' ,
‘“sjflhé Stara.
Que diront de ce document les apologistes des effets m o
ralisants de l’alliance' de l’E ^ise avec le pouvoir civil?
I'
! t ' - ’
( la suite prochainement ).
7
— 4U3 —
Turin ' l e 13 février 1850.
I
C/ier Monsieur et frère en J~C.
Je lis dans votre dernier numéro de L'Écho quelques remarques
que vous y avez publiées sur deux ou trois phrases de mon
ouvrage 'I Fàldesi, et où vous désapprouvez les idées que j’y ai
énoncées , m’invitant même à vous donner de plus amples éclair
cissements à cet égard. — Cher Monsieur, je suis franc et sincère
en toutes choses ; je le serai aussi envers vous pour ce dont il s’agit.
Et d’abord, quant aux beaux arts que je voudrais voir quelque
peu représentés dans nos temples , c’est une idée qui m’est propre;
je voudrais la voir se réaliser pour bien des motifs , et je crois
que la piété n’en souffrirait pas , surtout si une sainte tempérance
présidait à ces sortes d’ornements. Mais, en tout cas, veuillez lire
les notes des pages 60 et 63 des Valdesi, où ma façon de penser
à ce sujet est clairement développée , et j’ose croire que de l inspeétion de l’ouvrage dans son ensemble , vous trouverez facilement
que je ne veux pas autre chose non plus que le culte en esprit et
en vérité : seulement je voudrais l’aider , je voudrais le rendre
plus accessible à tous ; et je crois que s i, salva veritate, notre
service avait un peu plus de forme , de majesté , . . . l’Evangile
n’en serait que plus aimé , et il ne produirait sur bien des cœurs
que plus d’impression. Du reste , votre critique laisse justement
de côté cette opinion individuelle et peu importante, et c’est sur
un autre terrain qu elle m’attaque. Vous paraissez croire , cher
frère , que dans les dernières pages de mon ouvrage je prêche
la religion naturelle et la morale pure, et que^ je m’écarte dès
lors de la foi positive révélée , de la foi de l’Évangile et de nos
pères. Eh ! bien , j ’ai hâte de vous détromper à cet égard ; je
suis sincèrement chrétien biblique , je suis pasteur et ministre
de J.i C. N. S. ; et ma foi, à part des nuances individuelles ,
est la vôtre , ô mon frère , est celle de l’Eglise des Vallées , . . .
et je mourrai sincèrement chrétien quant à la foi, ainsi que je
m’efforce de vivre quant à la pratique. D’où provient donc votre
méprise à cet égard ? — La cause en est assez simple. Je disais
aux Vaudois émancipés : « dans vos nouveaux rapports avec vos
» concitoyens piémontais , n’allez pas blesser leurs usages et leurs
» croyances quant à des choses accessoires, telles que la hiérarchie,
» les cérémonies du culte etc. Mais tenez-vous aux choses essentielles,
» fondamentales , et montrez leur surtout ces grandes bases du
» Christianisme qui sont admises partout,'’et qui constituent la
>» v^aie-teligion < religion de foi éclairée et humble , mais en
» méme.j^mps essentiellement .sanctifiante et pratique; et vous
» ^élevant ag-déssus des partis et des sectes, pour ne consi» dérer que le christianisme pur , ne cherchez pas d faire des
» ffaudois , Imais cherchez à faire des chrétiens-, et l’Eglise visible
» s’augmentera insensiblement, quand l'invisible se recrutera chaque
» jour de nouveaux ' Saints ; et un jour viendra , où les formes
8
— U4 ~
»
»
»
»
s’évanouiront pour laisseï^ la place à la foi et à l’amour. Et voua
mériterez de la civilisation chrétienne , si vous savez travailler
avec prudence , foi et charité dans ce noble champ que votre
émancipation vous à tout récemment ouvert ».
Voilà , en deux mots , cher frère , ce que j’ai voulu dire dans
la dernière page de ma conclusion ; vous avez cru y trouver
autre chose : mais je suis sincèrement chrétien. J’ai d^ailleurs un
vrai regret d’avoir disposé mes paroles de manière à inspirer
des doutes ou des craintes à des âmes délicates et humblement
croyantes , et je m’en veux d’avoir été si obscur dans des choses
de telle importance. Vous voudrez bien, cher frère , donner
communication^ de ma réponse à vos pieux lecteurs dans le prochain
numéro de l’Echo ; et er vous remerciant de m’avoir fourni
l’occasion de m’expliquer, en vous remerciant de la manière
flatteuse et fraternelle avee laquelle vous rendez compte au public
de mon modeste travail; et en répétant ce mot du dernier chap.
des Faldesi ; « Possa un giorno Italia tutta farsi, non già cattolica» romana o valdese , bensi cristiana » j ’ai le plaisir de me dire
avec des sentiments de vraie estime et affection en notre bon
Sauveur,
Foire tout dévoué frère en J-C.
Amédée S ert Chapelain.
Deux mots seulement sur la dernière partie de la lettre
qu’on vient de lire, puisque la première a trait à une question
sur laquelle nous avons déclaré déjà ne pas vouloir engager
de discussion.
Mr B. y dit que la vraie portée du conseil qu’il donne à
ses coréligionnaires dans les paroles que nous avons rele
vées, se réduit à ceci: “ Dans vos nouveaux rapports avec
vos concitoyens piémontais....... tenez-vous aux choses es
sentielles , fondamentales....... et vous élevant au-dessus
des partis et des sectes, pour ne considérer que le christia
nisme pur, ne cherchez pas à faire des vaudois, mais cher
chez à faire des chrétiens
— Là-dessus accord parfait,
entière conformité des. vues entre l’honorable pasteur de
Turin et nous. Mais pour faire des chrétiens, c’est-à-dire
des rachetés {cav jp’est là toujours qu’il faut en revenir pour
être dans le vrai), que faut-il?-Mr.
répond : il faut “ la
foi aux grandes bases du christianisme , lesquelles, ajoutet-il , SONT ADMISES PARTOUT „’.‘ Ici l’accord disparaît pour
9
—us —
faire place à une profonde divergence : Que la foi aux
grandes bases du christianisme, et, cela va sans dire, une
vie conforme à cette foi, soient ce qui constitue le chrétien
indépendamment de la dénomination à laquelle il se rat>
tache et de Torganisation ecclésiastique qui le régit, nous
Tadmettons sans difficulté aucune. Mais que ces grandes
bases soient “ admises partout „ , ou comme Mr B. l’avait
déjà dit dans son livre, que “ ces principes essentiels se
cachent dans le sein de quelqu’ église ou secte chrétienne
que ce soit y,; c’est-à-dire, en d’autres termes, qu’il soit indif
férent d’être chrétien à la manière d’ Arius et de Socin qui
nient la divinité de Jésus-Christ, ou à celle de Rome qui
nie le salut par grâce , voilà ce que nous n’admettrons
jamais; voilà ce que nous avons appelé, et ce que nous appel
lerons encore, non de la largeur, mais de l’ indifférentisme
dogmatique.
Il est vrai qu’à côté de cette double assertion de son livre
et de sa lettre, Mr B. nous dit: je suis chrétien, sincèrement
chrétien, et ma foi, à part des nuances individuelles, est
la vôtre, est celle de l’Eglise des Vallées, et je mourrai sin
cèrement chrétien quant à la foi, ainsi que je m’efforce de
vivre quant à la pratique.
Et qui sommes nous pour avoir seulement la pensée de
révoquer en doute des assertions si explicites? Mais que Mr
B. veuille bien réfléchir qu’en nous attaquant à lui, ce n’est
pas à l'homme que m us nous sommes attaqué, mais à l'écri
vain. L ’ écrivain aura mal ren d u , nous le croyons sans
peine, la pensée de l’homme. Mais ce que nous croyons
sans peine, tous le croiront-ils de la même manière? tous
auront-ils pour le croire les mêmes données que nous pou
vons avoir? et quand un homïne revêtu, du titre et de la
charge de Mr B. expose, en présence d’tin public qui ne
nous connaît guère que par lu i, des vues comnm celles
quel nous avons relevées,, si a u c^ e Voix ne s’élevait
*9
10
—m —
pour protester contre ces vues, ce public n’aurait-il pas le
droit, et ne serait-il pas en quelque sorte obligé de croire et
de dire que cette manière de voir n’est pas celle d’un in
dividu pris isolément, mais celle de la société tout entière,
dont il est un des principaux membres; et ne serait-il pas
établi aux yeux de plusieurs, que ce que nous avons appelé,
et avec raison croyons-nous, indifférentisme dogmatique,
est à la base des croyances religieuses de l’ Eglise vaudoise ?
Voilà ce qui nous a fait transformer un article de simple
compte rendu, en un article de critique. Nous l’avons fait
avec peine, mais, nous aimons à le dire, cette peine à été
singulièrement adoucie par la manière noble et fraternelle
à la fois avec laquelle Mr B. a accueilli nos observations.
Aussi est-ce de cœur que nous le prions d’ en recevoir ici
nos sincères remercîments.
Q V JE S T lO lirS liO C A X .E S
D ’une circu laire de la V . Table vaudoise
A la suite de la visite pastorale accomplie par une
délégation de deux de ses membres, dans toutes les pa
roisses de l’Eglise vaudoise, la Ven. Table a adressé
naguère, à chaque troupeau, une circulaire destinée “ à
„ fairé connaître..... jpe qui, dans cette visite, l’a ré„ jouie; ce quelle a cru devoir èonseiller de redressa
„ et ce qu’ elle souhaiterait que l’Église entière concou„ rût à réaliser „ .
Un document de ce genre a en soi une trop grande
importance; c ’est en outre un fait trop nouveau au sein
de notre Eglise, pour qu’une feuille qui se dit spéciallement consacrée aux intérêts de la famille vaudoise,
puisse le passer sous silence.
Voici donc, d’abord, le texte de la plus grande partie
11
— U7 —
de cette circulaire ; nous dirons après les réflexions
qu’elle nous a suggérées.
La V. Table , après quelques considérations sur le
caractère des temps, qui font une nécessité à notre Eglise
de communications beaucoup plus fréquentes que par le
passé, des diverses fractions du corps entr’elles, et de
chacune de celles-ci avec l ’ensem ble, par le moyen de
l’autorité centrale, ajoute:
» Ces réflexions nous conduisent d’elles-mêmes à vous entretenir,
bien-aimés frères, de l’accroissement de notre Eglise, par l’accession
du troupeau évangélique de Turin.
« Vous avez déjà entendu parler de cet acte d’union accompli le 29
juillet de cette année........ ».
Nous ne doutons pas que le prochain Synode ne sanctionne ce que
nous avons fait. Pour le moment, nous avons une ardente prière à faire
parvenir aux anciennes paroisses et à la nouvelle. Nous supplions les
premières d’accueillir comme une sœur celle de T urin, de la regarder
comme un membre d’un même corps, de la comprendre avec amour
dans les supplications et les actions de grâces adressées au Seigneur
pour l’Eglise qu’il a si merveilleusement conservée dans ces lieux, de
mettre en commun privilèges et misères, sous le regard de miséricorde
du même Dieu ; la seconde, de travailler à démontrer au-dedans et
au-dehors que sa fusion est une fusion de vie spirituelle ; et que,
placée au cœur de la patrie, elle veut devenir elle-même, par ses senti
ments, le cœur de l’Eglise dont elle fait partie.
« Si nous passons aux observations particulières réjouissantes que
nous avons recueillies dans notre visite pastorale, nous relèverons en
première ligne un fait qui, selon nous, est une bien précieuse béné
diction pour une Eglise, celui du témoignage de respect, d’estime et
d’approbation rendu par chaque troupeau à son pasteur. Les talents
sont divers et en différentes mesures, mais chez tous une conduite sans
reproche et un amour reconnu pour l’œuvre à laquelle ils sont pré
posés. L’âge, les forces, l’activité varient, mais il y a union dans l’es
sentiel; et l’union fait la force, surtout quand l’union est avec Celui qui
est un avec le Père ».
« n nous est également doux de pouvoir dire que, presque généra
lement les pasteurs se sont plu à reconnaître que les membres des Con
sistoires leur prêtent un concours efficace et actif dans l’œuvre du
pastorat ».
'
« Les régente paroissiaux ont, presque sans excepüon, été reconnus
aussi intelligente et réguliers dans leur conduite, que remplis de zèle,
de dévouement et d’amour pour l’œuvre qui leur est confiée.
« Les diacres et les procureurs des pauvres s’acquittent générale
ment de leurs fonctions avec fidélité. Dans aucune paroisse, ne nous
12
—
148
—
ont été signalés des désordres graves , des scandales affligeants de la
part des membres des troupeaux ».
Viennent ici quelques observations de peu d’importance
sur des modifications à apporter à la comptabilité de cer
taines diaconies, après quoi la Table poursuit :
« Qu’il nous soit permis, bien aimés frères, de vous faire part d’un
sentiment pénible que nous avons éprouvé, en voyant si peu de per
sonnes se réunir dans le temple, pour prendre part à cet examen de
l’état temporel et spirituel de la paroisse. Chacun des membres qui la
compose, s’il aime sincèrement le bien le plus précieux qu’il ait pour
lui et pour sa famille, ne devrait-il pas être là à sa place, dans le
temple, pour appuyer de sa présence, et s’il le faut, de sa parole, les
conducteursde l’Eglise, s’ils remplissent leurs devoirs, ou leur dire pu
bliquement en quoi ils les négligent? Alors on entendrait véritablement
la voix de la paroisse; alors se feraient de vraies visites pastorales; et les
membres de la Table, chargés de la tournée d’inspection, reviendraient
vers leurs collègues, pleins des sentiments et des pensées des paroisses;
et portés par ces manifestations d’intérêt, ils travailleraient avec joie
et de nouvelles forces à l’œuvre qui leur est confiée ».
La voie que la V. Table a inaugurée par le rapport
qu’on vient de lire, est tellement selon nos Vues; il nous
semble si naturel que la connaissance des affaires de l’E
glise appartienne, autant qu&possible, à l’Eglise tout en
tière et non pas seulement à un petit nombre de privilé
giés ; un tel état de choses découle si nécessairement d’une
organisation ecclésiastique comme la nôtre; nous en atten
dons, pour le réveil de la piété au milieu de nous, des effets
si salutaires, que nous ne pouvons qu’applaudir de toutes
nos forces à l’essai qui vient d’être'tenté, exprimant de plus
le désir que ce premier pas ne soit pas le seul ; mais qu’il
soit suivi de beaucoup d’autres dans le même sens
Si maintenant, de l’idée qui a provoqué cette circulaire,
nous passons à la circulaire elle-même , avons-nous encore
les mêmes motifs de nous déclarer' entièrement satisfait?
— Disons-le franchemwit et sans périphrases : non. ^—
Et pourquoi eda? — Est-ce à cause de ce qu’elle contient?
— Peut-être bien un peu: fl y à^dans le’ rapport de ’la
Table des choses excellentes , des c h o ^ que nous avons
13
149
—
V
_____ _
été u ès-heui’eux d’y rencontrer; mais décidément le tableau
qu’ il nous présente de l’état d^ l’Eglise est trop flatteur;
et pour ne, relever qu’un trait de ce tableau, nous
demanderons à la Table quelles preuves lui ont été fournies
de ce “ concours efficace et actif prêté par ta géné
ralité des consistoires à Voeuvre du pastorat? „ Ces
consistoires enchantés des pasteurs, et ces pasteurs, à
leur tour, pleinement satisfaits du zèle et de l’activité
de leurs consistoires, c’est là une vieille formule de
compliment qui devrait désormais faire place à un langage
s’approchant un peu plus de la vérité.
Mais en quoi la circulaire de la Table nous laisse à
désirer, c’est plus encore par ce qu’elle ne dit p a s,
que par ce qu’elle dit.
"
Qu’est ce en effet qu’ une telle circulaire, ou plutôt
que devrait-elle ê tre , sinon un rapport que la Table ,
sa visite pastorale accomplie, adresse aux différentes
paroisses, sur le véritable état spirituel aussi bien que
temporel de l’Eglise dont l’administration lui est confiée?
Or nous le demandons, qu’y a -t-il, dans les fragments
de ce rapport, que nous avons cités (et nous sommes
sûr de n’avoir rien omis d’important ) , qui réalise l’idée
que chacun, qui comprend an peu ce que c’est que l’Eglise,
avait dû se faire d’ un documentji de cette , nature ?
La circulaire de la Table nous parle de pasteurs entourés
de l’estime et de la considération de leurs troupeaux,
de consistoires actifs, d’instituteurs intelligents et capables,
de diacres administrant i avec fidélité les aumônes qui
leur .sont. confiées. Tout jcela est très-bien; nous nous,
réjouissons qu’il en soit ainsi ; nous nous réjouirions
même davantage s i, comme nous l’avons insinué déjà,
ce tableau ne nous paraissait pécher par un peu d,’exagé
ration. Mais, de bonne foi, même en prenant les chpses
comme on nous les présente, est-ce donc là tout? est
14
—
150
—
ce seulement là ressentiël ? et quand nous sommes
renseignés à ce sujet,' le sommes-nous comme nous
aurions besoin, et comme nous aurions le droit de l’être
sur le véritable état de l’Eglise? On nous a' parlé des
ouvriers , on nous a dit que sous ce rapport tout allait
très-bien. Tant mieux. Maintenant V à l’ œuvre ! voyons
cette œuvre ; voyons ses résultats.
i'
,
La vie religieuse progresse-t-elle dans la proportion
que des ¡moyens comme ceux qu’on nous a fait connaître
laisseraient supposer ? sont-elles nombreuses, dans chaque
paroisse, les âmes dont le pasteur, a pu dire avec joie
à la Table qu’ elles étaient passées de la niort à la
v ie ? Les époques de réception à la Sainte-Cène, puis
que de telles époques il y a , manifestent-elles chez
beaucoup de catéchumènes une vraie conversion de
leur cœur au Seigheur ? remarque-t-on dans la jeunesse
sortie de nos écoles perfectionnées, avec plus d ’intelligence,
plus de* piété aussi. Une imeilleure conduite'que dans
celle des temps antérieurs, ' moins favorisée sous ce
rapport ? Les habitudes religieuses, le culte domestique
surtout, si négligé, croyon^%oüSj''ottt-elles repris au sein
d’ un grand nombre d e' famillês la' place (piMl serait si
désirable de leur voir réprendrè ? L e but ide"l’ Eglise ,
ce pourquoi le'Seigneur l’ a ‘fondée, cé sans quoi elle
n’ a presque plus de sens, c’ èSti'le-sACiit : ce b u test-il
atteint parmi nous, au moins'd’iSie manière satMâisante?
ou s’il ne l’est pas, d’où cela'^'pâtfait^d v e n ir ? 'q u e ls
moyens-à'mettre en œiivite, qnellès; ressources nouvelles
et plus efficaces à employer, pour*'qu’il 'le s o i t ? . . . .
Pourquoi à toutes ces q u e s t i o n s q u i ' soht pourtant' les
questions à s’adresser, quand on veut être au clair sur le
véritable état d’ Une ^ l i s e , le ' rapport ' >de la ‘J TàWe
n’offlFè-t-il pas le moindre mot de' réponse ?
■i V l i ’
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-i-‘ . - ' ‘ ;l «■/-•!(( >•>,
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15
— ISI —
On nous dit, il est vrai : que “ dans aucune paroisse
^ n'ont été signalés des désordres graves, des scandales
y, affligeants de la part des membres des troupeaux
Mais en v é r ité , est-ce bien une autorité ecclésiastique ;
sont-ce bien les hommes honorables et pieux qui com
posent la T able, qui ont pu se contenter pour l’ Eglise
qu’ ils administrent, de ce qui serait à peine suffisant
pour une société entièrement étrangère à la connaissance
de l’ Evangile ? Juger ainsi de la part de cette autorité,
n’esi-ce pas habituer ses ressortissants à juger de la
même m anière, à se contenter d’aussi peu que cela ?
et ainsi ffiisani, ne court-on pas (sans le vo uloir, cela
va trop sa n sid ire) le risque immense d ’abaisser jusqu’à
la région d’ une morale toute grossière et toute terrestre,
ce niveau chrétien qu’ il importerait toujours tellement
de tenir haut élevé , afin que les hom m es, voyant* à
quelle distance ils en sont encore , au lieu de s’ endormir,
redoublent de prières, de persévérance et d’ efforts pour
y atteindre ?
]
. *
Il est une partie dé ce rapport, celle qui a trait au
peu d’empressement des troupeaux à préndre part à la
visite pastorale, dont nous n’ avons encore rien dit, et
dont nous aurions pourtant bonne envie de dire aussi
quelques mots. Mais cet article étant déjà d’ une longueur
plus qu’ ordinaire nous renverrons à une autre fois nos
observations sur ce su jet.,.
S ’ il se trouve, dans celles qui précèdent, quelque chose
qui puisse faire de la peine au]^. qheiis frères à qui
elles sont particulièrementiiadressées^ nous les supplions
de croire que telle n ’a pas été notre pensée. jNqiis somn|es,
trop uni d’affection à chacun deux ; nous comprenons
trop la difficulté de la tâche qui leur est confiée, pour
que nous eussions jamais pu, sans ,le sentiment 'd ’ une
nécessité pressante, consentir à l’aggraver encore du
16
— 1S2 —
poids, si insignifiant, soit-il, de nos critiques. Si nous
avons parlé , et parlé avec une espèce de vivacité, c’est
qu’il nous a semblé voir dans la circulaire dont il s’agit,
la révélation d’un mal ancien, et dont la Table actuelle,
malgré toute sa bonne volonté, n’a pu encore parvenir
à se débarrasser entièrement, nous voulons parler de
cette disposition à administrer les affaires de l’ Eglise un
peu trop comme on administrerait celles d’une société
temporelle quelconque ; de cette tendance que nous
appellerions bureaucratique , s’ il ne s’attachait à ce mot
une signification défavorable, qui ne convient nullement
aux honorables personnes dont nous parlons: tendance
qui a pour effet de tuer la spontanéité , l’abandon et,
jusqu’à un certain point , la spiritualité ; et qui nous
fait apparaître un ministre des cultes dictant des circu
laires ou rédigeant des dépêches, là où nous nous
attendrions à trouver l’accent ém u, le cœur débordant
de charité et de sollicitude pour le salut des âm es,
d’ un véritable évêque chrétien. Ce sont ces dernières
fonctions et non les premières qui sont surtout celles
de la V. Table. C’est de cet esprit qu’ elle doit de plus
en plus se pénétrer , pour que se réalisent pleinement
les belles espérances que son avènement aux affaires a
fait concevoir.
'
- ,
C O IV C O U R S'
Le concours pour les deux chaires de philosophie et de sciences
naturelles, qui viérinent d’être créées au collège de La Tour , a
été fixé définitivement par la V. Table , au i l septembre prochain.
Les aspirants devront se faire inscrire auprès du Modérateur avant
le t.er juillet. Toute demande d’inscription faite après cette époque
sera régardée comme non avenue. Les aspirants à la chaire de
sciences naturelles et sciences exactes dqtrortt subir des examens
sur la physique, la chimie , la géologie et les mathématiques en
général. Les aspirants à la chaire de philosophie et littérature
seront examinés sur la logique , la psycologie , l’histoire de la
17
—
m —
philosophie , el la littérature française. La connaissance de la langue
italienne est de rigueur pour l’un et l’autre enseignement.
Nous avons dit déjà ( nous n’avons donc pas besoin d’y revenir )
notre manière de voir sur l’époque si rapprochée de ce concours.
Nous la croyons une faute ; et nous nous en inquiéterions sérieu
sement , si nous n’avions rélevé dans la circulaire de la V . Table, à
ce propos , cette parole tout-à-fait rassurante : « la Table, ouï
le rapport des commissions, nommera , s’il y a lieu ».
Y A B IE T E S
Second nnnlveroalee de l ’Ém anelpatlon.
C iiakles-A lbert n’est plus : il dort le sommeil du tombeau ce noble
iiiarlyr de l’Indépendance de scs peuples. Le bienfaiteur a passé, mais le
bienfait demeure ; une liberté scellée du sang de tant de citoyens, cou
ronnée de la mort de son héros ne saurait périr ; la semence déposée
en terre germera et portera ses fruits. Tribut d’amers regrets à la mé
moire d'un souverain bien a im é , confiance toujours plus ferme en son
œuvre de régénération, telle était la double pensée qui remplissait les
cœurs des Vaudois, que la belle journée du dimanche 17 février ame
nait en foule dans nos temples. Bien des paroles de f o i , de recon
naissance et d’amour furent entendues et accueillies; le souvenir des longs
siècles d’oppression faisait saluer avec une plus vive joie le jour de la
délivrance , l’année de ' la bienveillance de l’Elcrnel : c ’était une vraie
fêle des tabernacles. Une collecte abondante (l) termina le service religieux.
Elle était destinée à nos coréligipnnaires de la Hongrie, dont les éta
blissements naissants eurent tant à souffrir des désastres de la dernière
guerre. 11 était juste que des frères libres et heureux se souvinssent, à
pareil jour, de frères dans l'épreuve; il était bon de proclamer, au nom
de l’Évangile et au milieu de l'arène sanglante des intérêts et des pas
sions humaines, les principes impérissables de la fraternité chrétienne.
Ces sentiments, il nous est doux de le d ire, furent compris par les
habitants de nos campagnes : leurs offrandes sont là pour le témoigner.
Dans une paroisse, on eut l’heureuse idée de joindre à la collecte
du temple une quête à dom icile, et l’on put s’assurer de l’intérêt qu’in
spiraient nos frères de Hongrie. « Les Anciens, nous écrit-on, furent par
tout très-bien accueillis; les plus pauvres ne voulurent pas rester en
arrière, et des paroles de sympathie accompagnèrent chaque don ; « Oh !
» oui, disaient la plupart, nous avons tant re ç u , nous autres, il est
» bien juste que nous fassions aussi quelque chose pour ceux qui souf» frent ». Un pauvre homme d isa it:« o h! ce que je puis donner est
bien p eu ; mais c'est à l'Eternel que je le prête ». Quelques veuves vou
lurent que la charité partageât le fruit de leurs économies ; il en est une
entr’autres, dont l’indigence ne pnt étouffer le sentiment de pitié qui
s’éleva dans son cœur au récit qu’on lui fit des infortunes des Hon
grois : elle donna et même au-delà de son pouvoir, se rappelant la
veuve de l’Evangile dont la faible offrande fut d’un si grand prix aux
yeux du Seigneur ».
il
fl) ?(ons croyons savoir qu’elle dépasse les mille francs.
. . .
’ '• r
18
— 1S4 —
Vers la fin de la journée, lorsqu’à peine la nuit étendait ses ombres sur
nos paisibles vallées, des feux en grand nombre brillaient sur toutes
les hauteurs ; bien différents de ceux qui éclairaient jadis des scènes
de douleur et de m ort, ils annonçaient aux habitants de la plaine, la
joie et le bonheur de tout un peuple de nouveaux frères. ^ Les mai
sons du bourg de La T o u r, et d’autres encore, furent spontanément
illuminées, sans distinction de culte.
Puisse cette douce journée laisser de durables souvenirs dans nos cœurs
et produire des fruits abondants dans notre vie. Puisse-t-elle contribuer
à vivifier notre amour pour le Dieu de nos p ères, duquel la fidélité
dure d’àge en âge ; et accroître notre affection et notre dévouement aux
institutions, et à la prospérité d'une patrie qui nous compte désormais
au nombre de ses enfants ! un grand privilège impose de grands devoirs:
Vaudois ! ne l’oublions jamais.
V allées V audoises . Collecte pour les Missions : la collecte faite dans le
courant de l’année dernière , au sein de l’ Eglise Vaudoise, pour l’ œuvÉe des
Missions évangéliques, a donné les résultats suivants :
F. C.
Paroisse d’Angrogne
82 36
25 46
de Boby
47 00
de la Tour
08 00
de Maneille
86 35
de Masse!
60 00
de Pomaret
10 40
de Praly
37 58
de Pramol
de Prarustin 114 05
07 70
de Rodoret
31 30
de Rora
de St Germain 92 40
de St Jean
188 00
de Turin
100 00
de Ville-sèche 40 00
pour les Missions (1) 203 00
Moitié du produit d’ une vente faite à La Tour . . . 174 00
s filles
. . . .
12 00
20 00
Dons
Total des collectes 1319
47
Dix francs de la collecte du Yjllar omis, par erreur, dans les
comptes de celte même année. . . . . . . .
10
60
80
00
■‘rj,
Total des recettes pour 1849 F. 1377 40
Il Le com ité, toujours .attaché .de cœur à l’œuvre bénie que poursuivent
le s ' missionnaires français au. sud de l’ A frique; mais en même temps
désireux de témoigner, en quelque manière, j ^ l a louable société de Bâle,
la sympathie qu’inspirent aux chrétiens desfVijdlées les imotenses sejvices
( i ) Les revenus de cette association qui existe depuis nombre d’ anne'es, avaient
été, jusqu'à celle-ci, joints à la collecta de la paroisse de St Jean.
19
— IbS —
rendus par celte société à la cause des missions évangéliques, a décidé
de répartir comme suit le montant de cette collecte :
A la société des Missions de Paris F. 800
A la société des Missions de Bâle
» 5S0
Solde en caisse à la. charge du trésorier » 27 80
Tubin. Projet de loi Siccardi.', Dans la séance de la Chambre des
Députés , du 26 février, l’hônorablé. ministre de Grâce et Justice , comte
Siccardi, a présenté à la Chambre un projet de lai portant :
1. Abolition des tribunaux ecclésiastiques dans tout l'Etat ; 2. abolition
du droit d'asile conservé jusqu'ici aux Eglises ; 3. abolition des peines
portées par les lois en vigueur , contre les violateurs des fêtes religieuses,
à l'exception des dimanches et des six fêtes suivantes : Noël, la FêteDieu , l'Ascension ,. la Nativité de la Vierge, St Pierre et St Paul, et
la Toussaint; k. (jéfqnse ¡aux établissements et corps moraux tant ec
clésiastiques que laïques d'aoquérir des immeubles, sans y être auto
risés par un decret royal, ensuite d’un préavis du Conseil d'Etat. Le
ministre annonce en entre que ie gouvernement du roi , est chargé de
présenter au Parlement un projet de loi sur le mariage civil.
Les considérants sur lesquels ce projet s’appuie , ne sont pas moins
remarquables que le projet lui-même. En voici quelques fragments :
• Notre loi», dit le Ministre, faisant allusion à la première des
dispositions que nous .avons indiquées « demande, et c’est un élément
indispensable de. tout; gouvernement libre , l’égalité de tous les citoyens
devant la loi , quel que soit leur titre ou leur rang; et, conséquente avec
elle-même , elle exige aussi que toute justice émane du ro i, et qu’en
son nom auguste elle soit rendue à tous les citoyens , par des juges
nommés par lui et inamovibles...........Il importe donc , je dis plus, il
est nécessaire que les lois civiles soient observées par tous ; et s'appliquent
à tons , sans distinction d'ecclésiastique ou de laïque ; que les uns comme
les autres soient également soumis aux lois pénales ; que ces garanties
protectrices et solennelles qui entourent l'accusé dans les procédures
criminelles soient communes à tous les individus, indistinctement, sur
les quels pend une accusation ; que les mêmes lois soient appliquées
par les mêmes tribunaux , et que la destination religieuse d'un lieu
quelconque, pour vénérable qu’il so it, et précisément parce qu’il est
vénérable, n’en fasse pas un refuge pour les coupables et ne soit pas
un obstacle au prompt et vigoureux ministère de Injustice appelée à punir ».
Sur l’article concernant la réduction du nombre des fêtes civilement
obligatoires, le Ministre a dit :
« Je me bornerai à observer touchant l’article 6 que cet article
— sans rien êter au précepte ecclésiastique, et par >le moyen d’une
disposition qui -se renferme strictement dans les limites du pouvoir civil
— pourvoit à un point très-important, et répond à un vœu universellement
manifesté ; procurant à la religion et à la morale ce bienfait, que les
fêtes, en devenant moins fréquentes, seront, mieux observées; et au
pauvre, l’avantage de ne pas se trouver si souvent dans la dure
conditidn, «A dé .Se priver, en interrompant son travail, des seuls moyens
de subsistance qu’il possède , ou de s’habituer, en contrevenant .habi
tuellement à une loi, à les mépriser toutes ».
Des tonnerres d'applaudissements de la presque unanimité de la Chambre
interrompirent à idifférentes reprises la lecture de ce projet, et la
proposition de le déclarer, d’urgence (1).
^
,
'
' ‘I
.1.
(i) C’est-à-dire, d’en entreprendre au plus tôt l’examen.
,
■
•
20
— 1S6 —
F lorence ; Impression de la Bible. ( correspondance part. ) « ..........
Enfin nous avons eu samedi 19 le fameux procès pour l’impression du
Nouveau-Testament. Le capitaine Pakenham cH&eooMne témoin, a admi,4£aMement répdntftr à toutes les demandes plus ou moins insidieuses qui
lui ont été faites ; il leur a dit avec sa franchise toute militaire de
dures vérités, mais avec tant de tact et de douceur, qu’avec la
meilleure volonté du monde on ne pouvait pas s’en fâcher. L’avocat
Mari a fait un plaidoyer très-remarquable , où il a mis autant de logique
et d’esprit que de chaleur. On voyait qu’il parlait de conviction , et
qu’il était animé par la vue d’un nombreux auditoire d’élite , et qui
marquait sa sympathie par des applaudissements et des murmures d’ap
probation. — l.e r point : le statut considère comme délit, non l’impression,
mais la publication , or les exemplaires ont été saisis chez l’imprimeur
lui-même ; aussi le Procureur général n’a-l-il point réclamé , avant que
l’ordre lui en eût été donné d’autre part que de la conscieuce. 2.me
point : l’article du statut allégué par ('attaque dit : « tutte le opéré che
trattano ex professa di materie religiose sono sottomesse alla censura
preventiva ». L’avocat a montré avec beaucoup d’esprit que la Bible,
dans l’intention du législateur, n’était et ne pouvait pas être comprise
dans cette disposition. « Tutte le opéré • a-t-il d it, — mais est-ce
ainsi qu’on désigne les Saintes-Ecritures ? — « che trattano ecc. » Mais
la Bible ne traite pas de matières religieuses, elle est la source même
de la religion pour les Catholiques comme pour les Protestants; c’est
le Code du Chrétien. « Sono sottoposte alla censura preventiva ». — Mais
comment soumettre à la censure préventive des hommes la Parole même
de Dieu t 3.me point : le statut reconnaît la liberté des cultes ; dès
lors comment empêcher l’impression d’un livre dont plusieurs communions
chrétiennes se servent pour le culte ? Il a fait observer que l’Eglise
Romaine , il est vrai, défendait la lecture de la Bible , mais qu’en Toscane
on ne reconnaissait pas d’autre autorité, au civil, que la séculière.
Enfin , il a terminé son plaidoyer en disant : qu’il avait pris cette
cause par conviction , parce qu’il était ami de la liberté de conscience,
de la liberté des cultes et de la liberté de la presse. Et pour bien
prouver qu’il avait plaidé pour l’intérêt que lui inspirait une telle cause,
il a refusé les honoraires , qu’on lui offrait...........La sentence devait
être rendue le mardi suivant ; m ais, craignant que la condamnation
n’excitât quelque émotion, ils l’ont avancée d’un jo u r , ensorte qu’il n’y
avait presque pas d’auditoire. L’imprimeur a été condamné au minimum
de la peine , c’est-à-dire à bÔ*"écus d’amende , avec des considérants
parfaitement bienveillantf.'^é'pffgémënf'â’iïïrpris tout le monde et même
le Ministère public , mais il y avait ordre supérieur de condamner---Le capitaine P. a obtenu avec bien des peines de n’étrc pas exilé'» . . .
11 l’a été depuis , non ensuite d’un jugement (tes choses ne se passent
par ainsi en Toscane ) mais par ordre du Ministre de l’Intérieur, comme
coupable de tendance au prosélytisme ! !
Le Gérant: J, P. HEiLLB,
‘
AVIS.
_____la____
dont le produit est par
On nous charge d’annoncer que
vente an^
tagé entre les missions et l’école enfantrnëiÈ 'IiÎ^ur,aura lieu dans cette der
nière localité, le premier jeudi de juin. Les personnes qui ont l’intention
d’envoyer des dons, sont priées de les faire parvenir au plus tard huit jours
avant cette date, à l’adresse de Mme Malan au Pensionnat.
Pignerol 1850, imprimerie de Joseph Chiantore.