1
Cinquième Année,
4 Juillet 1879
N. 27
LE TÉMOIN
ÉCHO DES VALLEES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Vous me serez témoins. Actes 1, S, Su vunt !a vérité avec ia ckariié. Ep. 1, 15.
PRIX D’ABBONNEMENT PAR AN Italie .... L. 8 Tous les pays de rUnion de poste ... >6 Amérique . ... » 9 On s'abonne : Pour l'Intérieur chez MM. les pasteurs et les libraires de Torre Fellice. Pour au Bureau d'Ad* ministiaiion. 1 Un ou plusieurs numéros sépa- rés, demandés avant le ti- rafre 10 cent chacun. 1 Annonces: 25 centimes par ligue. Ijes envuiS’ d'argent se font par j lettre ree mmandee ou par mandats sur le Bureaxi de Pe- : rosa Argentina.
Pour la RÉDACTION adresser ainsi : A la Directim du Témoin , Pornaretio i Pinerolol Italie. Pour r ADMINISTRATION adresser ainsi : A T Administration dti Témoin, Pomaretto i Pinero lo J Italie
Somnciairo
Pierre Vaido et les pauvres de Lyon. —
~ Un fait nouveau et bien réjouissant
dans l’histoire de l’Eglise Vaudoise. —
Correspondance. — J’ai entendu frapper.
Ecole de Théologie. — Pensées. —/îe»Me
politique.
' mm Y4LD0
et les pauvres de Lyon
Propriété littéraire
P Suite V, N. âôV
XII.
Vaido et les Vaudnis.
Ce n’est point notre intention d’aborder ici la question si controversé®
de la parenté religieuse du réformatcu''
de Lyon avec les Vaudois des Alpe®
Cotliennes. — Cette dilïiculté historique nous semble loin d’être aussi définiiivement j’ésolue,qu’on a cru pouvoir
l’affirmer, tantôt dans un sens tantôt
dans un autre.
Que le marchand Lyonnais soit arrivé du catholicisme à la connaissance
de l’Evangile sans autre secours que,sa
Bible, que le zèle de cet homme de
Dieu et l’arrivée de ses premiers disciples dans les vallées des Alpes aient
jusqu’à un certain point rajeuni les
Vaudois en leur communiquant un
élan tout nouveau, c’est ce que nous
croirions volontiers; mais que ces derniers lui doivent tout absolument, leur
origine et leurs opinions religieuses
aussi bien que leur nom, il nous
semble, pour ne rien dire de plus,
qu’il reste d’assez forte raison d’en
douter.
L’antériorité des Vaudois à Pierre
Vaido n’est d’ailleurs pasfd’une importance aussi capitale qu’on l’a faite quelquefois. Celle question, si intéressante
qu’ellejsoil au point de vue de l’Iiisloire
religieuse n’est pour les Vaudois ni
une question de vie ou de mort ,
comme on l’a dit, ni même wie affaire
de vaine gloire. Quand ils auraient les
témoignages les plus irréfi'agables, non
seulement de leur antérioiité à Vaido,
mais encore de leur origine aposlolique, il leur conviendrait peu de s’en
glorifier à l’excès, la foi n’étant pas
un bien qui se transmette de père en
lils comme un héritage ou un tic de
famille. El même à ne regarder qu’à
la profession extérieure, il n’est que
trop démontré qu’une église peut avoir
été fondée par les apôtres, sans avoir
pour cela continué d’être la colonne
et l’appui de la vérité. Ce dont les
Vaudois ont à rendre grâces au Seigneur comme d’une faveur insigne qui
leur a été faite, ce n’est pas d’avoir
précédé de quelques siècles le fidèle
Vaido, c’est d’avoir, malgré leur fai-
2
.210 .
bIfiFse et lonsleinps avaril In Rérormalion, mniiilemi conlre lonles les puissances de Honte el dti mande, le
devoir pour cliaciiti do lire dans sa
Bible la Parole même de Dieu , oL de
ne ilédiir le genou que devant CelniI;1 seul «qui peut perdre et sauver »;
leur gloire c’est ensuite, si l’on veut,
de pouvoir compter dans leurs rangs,
à quebiue titre que ce soit, un serviteur (le Dieu tel que le pieux marcliand de Lyon. — S’il y eut un temps
où ils repous.saienl la désignation do
Vaudés comme un odieux sobriquet
que leur imposaient leurs adversaires
aussi bien dans le dessein de les perdre qpo pour les rendre ridicules, ce
n’est assurément point qu'ils eussent
honte de Valdo, mais essentiellement
parcequ’ils tenaient pour plus Gonl'orme
à leurs principes de ne porter d’autre
nom que celui de Jésus-Cbri.st, le Souverain pasteur de leurs « petits troupeaux » , leur seul Maître et Sauveur,
Quels sont donc les liens qui rallachenl les Vaudois au réformateur Lyonnais ?
Avant lotit, il y a colle circonstance
qu’ils portent, comme les enlùnts d’une
même famille, un nom qui leur est
commun. — Celui de Valdo, tout italien , a revêtu selon les temps el auteurs, les forme.s les plus diverses ;
tantôt c’est Yuldôs, Vcddesius, Valdensis ; tantôt c’est Valdcns , Valdius,
raidîM/Wu même encore Valdisvm ,
Valdechis, Valdensius. Pour ne rien
dire des trois dernièrps qualifications,
les six aulres se réduisent aisément à
deux groupés, que rapprochent encore
les formes si semblables de Valdès eide Valdeces. Chose curieuse, de (outes
ces dénominations c'est celle de Valdus
qui a prévalu, et encore sous sa forme
purement italienne, en sorte que notre
réformateur s’appelle depuis longtemps
Pierre Valdo , comme s’il devait son
nom à deux langues, îi deux peuples
dilîérenls.
Si l’on se souvient d’autre part que
les Vaudois, dans les écrits du moyenâge, dans les bulles papales el slaluls
écciésiasliques, sont appelés comme
par mépris, ici du nom de Vadoys,
de Vaudés, là du nom de Vatdesii,
de Valdenses, de Vatlenses, il ne resie
guère de doide que toutes ces appellations employées également pour désigner les Vaudois et Valdo, ne soient
dérivées les unes des anii'es, el n’aienl
une môme origine. Oi’, sans rechercher
ici qui de Prelrus Vatdensis , ou des
Valdenses a été le premier honoré de
celle épilhèle, on peut conclure en
loulc assurance que les nom.s de Valdès,
de Valdesius, de Valdensis, ont été
dès le commencement porlés en commun par les chréliens bibliques des
Alpes et par le réformateur de Lyon.
Première preuve que leurs ennemis
doivent avoir aussitôt remarqué entre
eux quelque ressemblance frappante.
Mais l’iiisloire nous fournit quelque
chose de plus que celle conformité de
noms. Les auteurs qui ont parlé de
l’exil de Valdo el de la dispersion de ses
adhérents, nous apprennent qu'entre
les diverses bandes qui sortirent du
Lyonnais à partir de 1185 on de 1190,
ü'y en eut une, et non pas des plus
faibles, qui se dirigea do côté du Dauphiné pour venir s’établir soit dans les
vallées françaises de Louise-et de Fraissinière, soit aussi dans les vallées italiennes de Pragela, de Pérouse el Saint
Martin, ainsi que dans la vallée qu’arrose le Pélice avec ses deux affluenls,
la Luzerne el l’Angrogne. Voyant arriver l’orage qui allait éclater sur les
églises naissantes des bords du Rhône,
le prudent Valdo avait d’avance envoyé
vers nos moniagnes des messagers avec
mission do s’informer des lieux où les
Lyonnais persécutés atiraienl pu , an
besoin se relirer avec leurs familles.
( A suivre ),
îiii fait nouveau et bien réjuuissaiil
dans l’histuire de l’Eglise Vaodiiisc
Nous lisons dans le n° du 17 courant, de la Perseveranza, journal de
Milan, le fragment ci-après au compterendu de la séance du 16, du Conseil
communal de celle ville.
« On passe au 6® objet de l’ordre
du jour : Convention avec M. Matthieu
3
-211^
Procliel, Présidenl dii Comilé d’Iìvangélisalion de l’Iiglise Vaudoise , pour
la cession à la même d’une porlion
de riiglise supprimée de S. Gimmnni
in Conca.
» Le rappoii ayanl élé hi, le commandeur Bercila (cx-syndic,de Milan)
l’appuie chaudeinenl.. Le Conseil approuve, sans discussion, la proposition
ainsi conçue :
» 'l. Le" Conseil aniorise la Ginnl.a
à stipuler un contrai, régulier avec la
représentation de l’iiglise Vaudoise,
pour la cession à la même de l’aire et
des matériaux y superposés, consti^tuanl la porlion postérieure de l’Eglise supprimée de San Giovanni in
Conca, aux conditions établies dans la
convention sus dite , et pour le prix
de L. 110 le mètre qiiarré, selon les
mesures qui seront établies par un ingénieur du bureau ieclinique et par
un ingénieur nomme par la represensenlalion acquéi’cuse et, en cas de divergence, définies sans appel par l’ingénienr en chef dn Mnnicipe.
» 2, La Giunta est également autorisée à faire démolir la porlion restante de l’iîglise pour en incorporer
l’aire à la place dile de S Giovanni
in Conca , et à consigner à la représentation de l’Eglise Vaudoise, la porte
d’entrée, la fenêtre ronde qui y est
superposée, la conque avec le saint,
les parements muraux en petites plaques, ainsi que tout ce qui peut sei'vir
à une décoration convenalile, sans compensation, mais à la condition expresse
que tous ces objets soient remis,en
œuvre dans la façade qui devra être
érigée du côté de la nouvelle place ,
et dans le môme ordre dans lequel ils
se irotivenh présentement ».
Lien de plus simple en soi, et de
moins propre à attirer l’attention qn un
contrat comme celui dont nous venons
de transcrire les clauses. Mais si l’on
considère soit les circonslanccs, soit
les termes dans lesquels ce coni rat a
élé stipulé, la chose ne nous appar.'iîlra
plus aussi simple qu’elle nous était
apparue tout d'abord , et nous nous
trouverons en pi'ésence d'un lait pi'oliablement unique dans riiisloiic de
l’Egli.sc Vaudoise cl marquant, pins que
bien d’antres ne sauraient le faire ,
I’irnmen.se progrès qui s’est nccnmpli
dans l’esprit de nos populations italiennes , dans le sens de la tolérance
et de la liberté religieuse.
Qu’on réflécbisFO , en elTel , que ce
n’est pas avec im individu privé, mais
avec la repré.senlalion communale de
la seconde ville du royaume en importance, que ce contrat a élé stipulé.
Qu’on réfléchisse, en outre, qu’il )’a
élé, non pas, — comme c'avait dû
être le plus souvent le cas jusqu’ici,
même en traitant avec des parlicniiers,
— en cachette et sous nn nom d’emprunt, pour ne pas donner l’éveil au
fanalisine et faire avouer les liansaclions entreprises, mais en plein jour,
au su et au vu de tout le momie, et
par le Président lui-méme de la Commission d'Evangélisation de l’Eglise
Vaudoise, agissaoil au nom de celle
Eglise ; non pas à la suite de.' discussions in ilatUcs, toujours jiénibles, mais
sans qu’une seule voix se soit ¿Levée
pour y faire opposition.. Qu'on ré
héebisse à tout cela, cl en même temps
qn’on se sentii'a pressé de rcndi'e uii
juste bommage au libéralisme de bon
aloi dont a donné une preuve irréfragable la représenlation communale
de la ville de Milan, on ne pourra
que bénir le Seigneur du fond du ciBiir
de ce que , à la série déjà si longue
« des ciioses que nous n’eussions pas
attendues.» et que s sa main a faites, »
Il lui a pin d'ajouter encore celle que
nous venons de raconter,.et an sujet,
de laquelle nous olîrons à notre Commission d’Evangélisaliqn et à son digne
Frésident, en particulier, nos félicitations les plus sine^res.
Correopottbance
L’abondance très relative des matières nous a lait l'envoyer de quelques
semaines la publication de la lettre ci
liprès; notre cher correspondant voudra
bien nous pardon'nci'ce reiaid qui n’a
diminué en rien l’importance et l’opporlimilé de sa IcUrc. f'/ied).
4
-212
Monsieur le Direcleur,
Je me suis formellemenl ensngé à
l’épondro de mon mieux aux objections
que j’ai entendu énoncer contre le
moyen auquel on s’esl arrêté pour
aiiginenler l'honoraire de nos pasleurs.
Si je ne réussis pas à convaincre vos
lecteurs, je {iarderai au moins la satisfaction d’être pleinement convaincu
moi-même.
L’idée de mon ami Fr. est bien,
comme j’ai pu m’en assurer encore,
que le sislème américain, c’est-à-dire
celui qui se pratique dans une partie
des Eglises ou Congrégations 'des ËlalsUnis, est celui que nous devrions
adopter nous-mêmes, au moins en
partie et à l’épard de l’augmentation
qui nous est si justement demandée.
J’ai indiqué les deux arguments principaux par lesquels il l'appuie et je
n’y reviens pas, mais je dois convenir
que loin d’abord et lorsque j’en ai
entendu parler il y a quelques années
ils m’ont à peu-prés gagné. Car quoi
de plus raisonnable que de proportionner l’aide au besoin et de placer
en quelque sorte les membres de l’église dans la nécéssilè de pourvoir
d’une manière permanente et régulière aux besoins du ministère de la
parole ?
Mais en y regardant d'un peu près,
l’on ne tarde pas à découvrir des inconvénients d'une gravité telle qu’aucun avantage ne saurait les contrebalancer. Haccr le pasteur sous la
liilèlG et protection même bienveillante
de ses paroissiens, ou d'un comité élu
par eux, n’est pas j’en suis convaincu,
le moyen de lui assurer l’indépendance
dont il a absolument besoin dans l’inlérêl de sbn minislère. Par quelle.s
enquêtes le Comité s’assurera-l-il des
besoins réels du pasteur? dans le doute
ira-t-il jusqu’à requérir les pièces justificatives, le livre de comptes etc.?
lit si par une délicatesse qui ne devrait
pas être rare chez des hommes de ce
caractère, le pasteur cache .<;on dénuemenL et ne réclame aucun supplément à son maigre honoraire, n’est-il
pas à craindre que la paroisse et son
comité ne se résignent trop facilement
à ne rien lui ofl'r'ir?
Vous m’avez parlé vous-même d’un
homme qui a l'ail passablement de
bruit l’autre jour parce qu’on ne voulait pas admettre à rhôpiial sa fille
épileptique depuis fort longtemps, —
car, disait-il, «j’ai loujours donné
un franc par an pour l’hôpilal »; sil
vonlail dire pour tons les besoins de
l’église. C’est un nouvel exemple de
la manière, dont beaucoup de gens
parmi nous apprécient ce qu’ils donnent; il faut que ce soit un bon placement. « Je donne trois francs pour
rhôpiial, pour l’orphelinat pour les
piisleiirs, mais il esl juste aussi que
rhôpiial achêle chez moi son bois, son
vin, ses pommes de terre, son pain
ou sa viande, son sucre et son café,
tout en un mot ce que je puis lui
vendre ». De même pour l’orphelinat et
en outre, pour ces deux établissements
qu’il reçoivent ce malade ou cet orpheline qui seraient en partie à ma
charge. Quant, au pauvre pasteur,
comment pourra-t-i! satisfaire les exigences absurdes de tels de ses pai'oissiens qui auront souscrit peut-être
pour une somme qui vaudra au pasteur
de 5 à 30 cenlimes par an? J’aimerais
mieux pour mon compte gagner mon*
pain en exerçant le métier de forgeron
ou de serrurier plutôt que d’être pasleur dans des telles conditions.
fA suivre}, S.
• Berlin !e ÎÜ juin 1870.
Monsieur le Direcleur,
Le 17 juin 1879 sera désormais
pour bon nornbi'c de pasleursîallemands
une date ineffaçable, le Domstift (in•slilut de.s candidat,s en théologie du
Dôme de Rerlinj), vient de célébrer
son 25® anniversaire. Tous les membres
anciens et nouveaux y avaient été invités; dès le 16 au soir l’établissement
oflrit aux trente à quarante premiers
arrivés la pins cordiale réception. C’était intéressant de voir les cliangemenis
graduels que le temps avait produit
dans ces âges si variées, d’entendre
ces hommes de 20 à 55 ans s’appeler
5
„213.
frères sans s'êli'c Jamais vus dcins plus
(l’un cas, mais sut'Loal, c’était loiiclmnl
(l’assister au revoir de ces vieillards
blanchis, qui no s'élaient plus renconlrés depuis 25 ans. Que des vides
dans ces rarit>sl Que de sillons sur
ces visages , cependant l’impression
de robse'rvateiir éiail de^ {dus l'avorables, la Joie éiail peinlo sur ions les
froriLs. Vers iieiil's lieures ['ephorus,
(direcleur, qui est depuis six ans le
prédicateur de la Cour j, docteur Kögel
arriva, souliaila la bienvenue à ces
frères, et donna la parole .à quelques
uns des plus anciens. Ceux-ci étaient
itnpiUienis de nous présenter leur ,«aliitalions et leurs nombreuses irnpres.sions; aussi l’inléi'ôt alla ci'oissanl d’un
orateur à l’aulre, jusqu’à ce que rbeiire
avancée nous obligea à nous séparer.
Enfin le 17 arriva, le joyeux son des
cloches, les bannières aux fenéires,
les giiirlande.s de verdnrejqui ornaient
le poi'tail, le porliqne inlérieur cl la
cliapelle, les ilenrs qui entouraient la
chaire, le chœur, l’ange de la dédicace, tout prépara no.s cœurs à l’imposanle solennité. A. 10 3|4 le.s vnembres de Sa fêle dérilèrcul deux à deux
dans la chapelle et prirent place près
de la chaire. On voynil d’abord les
prédicateurs de la coui', l'inspecieur,
les adjoints et les candidats, puis venaient les divers, représentants du ministère, du conseil d’église, de la l'acullé de théologie, etc-, enfin tous les
anciens Frères (environ 70). Tous les
pasletir.s étaient en robe et rabat, les
candidats en frac, ci'avale blanche et
gants blancs. Après une demi heure
d'aitente, l'orgue joua une magnifique
itUroduclion, l’assemblée se leva.......
S, M. l’empereur Guillaume avec .son
augusle épouse (il son entrée appuyé
sur son bâton (ensuite de sa chûle),
laisanl à chaque pas .sa gracieuses révérence avec son sourire habituel. Un
chambellan qui précédait de quelques
pas, un aide de campjqui suivait avec
I SC
sa dauie, ce fut loiilc l’escorle qu
pei’mit le glorieux vieillard de 82 ans
au milieu de son iidèle cierge.
Après le citant et la liturgie, le
docteur Kögel, choisit pour texte rmscriplion qui est à la porte de la cba
pelie: « O Dieu, la louange fallend
en silence dans Sion » (P.s. lxv. v. 2).
Après l’exordc Itisloriqne, il nous
prouva comment rélablisfltîmerit avait
été un vrai labernacle de rfilernel,
d’où la louange médilée dans la soliliide
avait éclc'ité à traveivs le tourbillon
corrompu de la capitale, poui' reconduire les âmes à la solilmie, qui est
la vi'iiie conclllion de la communion
du cbrélien, principalemenl du pasieiir
avec son Sauveur. Le culle lenniné,
lundis que le couple impérial examinait les fresques du portique, et y
l'ecevait avec une e.vquise politesse lé
bouquet de fleiir.s et les tiommuges
que lui prèseli lait la nombreuse faniille
Kögel, le corps éccicsiastiquc en fòle
se rassembla dans la salle, L’epliorus
y conduisit Leurs Majestés, et leur
présenta à tour, les plus anciens membres, les plus distingués, l’inspecteur,
les adjoints, l’auteur de ces lignes,
comme unique représentant d’Jlalie, et
quelques autres messieui's. Ayant lerminé îe tour, S. M. nous adressa un
petit discours caractéristique, que je
résumé ainsi: Je n’ai jamais visité cel
institut, et suis heureux qu’il ait accompli fidèlement, te désir du fondateur, mon frère. Gomme ont vient de
vous le cliré, continuez à itislniire
notre peuple dans la religion, en puisant conseil et force dans la Bible.
Si je tolère ceux qui professent une
autre opinion, moi qui appartiens au
parti positif, j’accepterai toujours à bras
ouverts ceux qui appartiennent, à ce ■
parti. Vous ne manquerez pas d’être
bénis', si chacun de vous répand toujours plus la foi en Dieu, en son Fils
unique Jésus iChiisl, (comme unique
source du véritable salut. _ L’ephorus, remercia de la haute vi.siie, et
fil reposer les bieni'aiU qu'a re(;us le
üoinslifl sur le inême fondement que
Luther auii'c fois: « C’est un rempart
que notre Dieu ». L. M. partirent alors
et on se sépara pour sc retrouver à
trois heures autour d’une .copieuse
table commune. L’immense fer à chevid avec ses cent .couverts, donnail un
rare taldeaii de vie et d’ejilrain : une
Ielle assemblée d’orateurs ppometlail
beaucoup, aussi ephorus, y
m-
6
.214
la siiiHc de l’empereur Cu!, porlée la
première, fu-il son alloculion d’nboi'd
après la soupe; le clianl nalional releiilil aussilôi comme iin èclio do ses
sonhails. La série des discours ainsi
commencée, continua ]3resqiie sans inlerriiplion jusque vei's les sept heures;
im cercle pins inlime se forma pendant
la soirée aolom' de solides rafraichissemenls dans renceinle du Domslii'l.
Le lendemain malin, le 18, une
conférence nous rénnil pour entendre
le rapport du jubilé les communications
de plusieurs frères, [et pour pi'eiidre
les dernières délibéràlions. C’est ainsi
que j’appris l’Iiisloire de l'élablissemeni :
En 1853 le roi Frédéric Guillan me IV,
se li'onvail nn jour à une fenêtre de
son palais avec le défunt ephorus,
Hol'mann: Voyez vous cette ville pleine
de péchés e de corruption? dit le roi
en indiquanl sa capitale, par quel
moyen pourrioris-noiis comballre celle
fatale inüuencc? « Par la l'ondaiioii
d'un inslitnl de citndidals en théelogie
dans son cenire », tni répondu le pieux
pasteur. Dès la (in de la rnémo année
sept candidats l'ui'ent placé fi cet elTet
iliins mi pelii nppdi'loinonL loué, ol
composé de Irois cliambres d’études
cl d’un dortoir. Ils poursttivirenl, dès
le premier jour le in.il dn fondateur,
aidant à la cure d’âine.s de la parois.se
fin Dôme (50ÜL) membres) par leurs visiles, prédicnlions el discours do sépiib
tures, La première pierre du Domslift fut posée en 1857 , les premiers
candidats y cnlrèrent en 1858, la chapelle fui consacrée en 1873, el ainsi
après avoir mainlenii jusqu’ici 172
candidats , l’asile liospil-alier peul
loger aujourd'hui l'éphorns, l’inspec"
teiir, quinze candidals, qiiiilorüe éltidianls, l’éccyiome el le portier. — Le
mémorable jubilé termina gaiernenl
le 18 aprè.s midi, par une promenade
clans les environs, dirigée par la fa*
mille de notre biçn-aimé ephorus.
El inainlenanl deux mois d’expiicalion. J’ai demandé une place dans
voire eslimable joni'iial parceqns, quoique viuidois , je suis menibre du
Domslii'l, el ne puis me senlir seul
à exprimer ma reconnaissance envers
celle généreuse inslilulion. On doit
savoir dans nos Vallées que Frédéric
(îiiillanme III a accordé dès le 1833,
deux bourses pour éludianls en liiéologie vaiidois à Berlin, que noire Facubé élaut l'eveniie à la vie en 1855,
ce subside a passé pour ce motif à
nos candidats, dont un à la fois a
mainienanl le droil d’en jouir (ordiiiairemenl pour deux ansj, on en faisant demande à la Table. Ils logèrent
d’abord dans différenis endroits; mais
grâce à la bienveillante protection de
Vepliorm , docleur Kögel, voici cinq
ans qu’ils oui au Domslifl même, leur
chambre el un inappiéciable entourage.
Votre dévoué
E. ,J.
Cand. en théologie.
J'ai enleiidn frapper
Un voyageur s’arrèlanl dans un liôlel
pour y passer la nuil, sc recommanda
in.slammenl pour qu’on n’oiibliâl pas
de l’appeler assez tôt pour qu’il pûl
prendre le premier train de eliemiu de
fflf du jour 8iiivnni. Il tivail une alïnire
d’une très grande importance à traiter
dans l.H ville voisine, et ne voulait pour
rien nu monde manquer le train. Mai.s
quelle ne fui pa,s sa déceplion quand
il apprit le lendemain en se réveilIntU
que le train élail parli depuis plus
d’une heure.
— Pourquoi ne m’avez vous pas appelé à temps, dit-il sévèrement au garçon d’hôtel ?
— Monsieui', reprit ce dernier, j’ai
frappé à votre porte , exactement à
l’heure indiqiuie.
—- Ah oui ! dit le voyageur après nn
long moment de réflexion, je m’en .souviens mainienanl. J’ai bien entendu
frapper, mais j’ai pensé que c’était à
une antre porte.
Chei' lectenr, n’est-ce pas un peu de
celte manière que lu enleiids le message de l’Evangile? Un Sauveur miséricordieux s’approclie de loi pour le
sauver et pour le bénir. 11 vient à toi
avec nn cœur plein d’amonr et de tendresse. il frappe à la porte de Ion
7
.215.
cœur, et vent te réveiller de Ion somœeil alin que lu puisses jouir des pi'écieuses bénédiclions qu’il l’appoile.
N’ns-iii jninnis enieiuiu sa douce voix?
" Voici, dit-il. je me tiens à la porte
» ei je frappe ; si quelqu’un entend ma
» voix et m’ouvre la porte, j'enlrerni
• chez lui, et je souperai avec lui et
” lui avec moi ( Apoc. iii, 20). Ré" veille loi, loi qui dors et le relève
• d’enlre les morís el Clirisl l’éclair» cira ( Eph. v, 14) ».
Voici, le soleil esl levé depuis longtemps, et je l’ordonne de le réveiller,
et l’invite-'é recevoir l’appel miséricordieux que je viens t’adre.s.ser. Il n’y a
pas do temps à perdre, car la nuil
vient pendant laquelle In ne pourras
pins l'ieri l'aire; la mort est là, l’éternité s’avance ; que feras-Ui quand la
fin viendra?
Laisse moi entrer dans Ion cœur ,
j’Iiabiterai avec toi , les jours s’éeoujeronl hetireu.x sur la terre, et lu jouiras de la vie éternelle après (a mon.
C’est aiasi que Jésus s’approche du
pécheur, et frappe à la porte de notre
cœur de bien manières difféi'entes. il
le fait quelque fois au moyen d’une
leilro qui nous est adressée par un
ami chrétien, ou par un pareril pieux;
ou bien c’esl une prédication, la leclure de la Parole de Dieu, un événement remarquable, la mort d’un ami,
une maladie, on même une voix douce
et myslérieuse entendue peridnin lo profond silence de la nuit.
Mais il arrive irtalhenreiiserneiil trop
souvent que nous ne faisons point de
cas de la voix de Jésus qui nous appelle à la conversion, et que nous nous
appesantissons dans un sommeil fatal,
même lorsque sa voix retentit à la
porle de notre cœur. Il ne nous arrive que Irop .souvent d’eniendre pour
les autres au lieu d'entendre pour nous
mêmes. J'ai entendu frapper, dit le
voyageur , mais j’ai cru que c’ctail à
une autre porte. El nous appliquons
à notre voisin , à notre semblable les
exhortations et les appels qui sont fails
pour nous. C’est alors que nous refermons les yeux, que nous nous tournons
de l’autre côté pour qu’aucun prédicateur importun ne vienne troubler
noire sommeil. C’est «lors que notie
âme relombe dans ce malheuieiix élal
d’indiflférence pour les choses sainies,
et que nous devenons de moins eu
moins accessibles aux appels de Dieu.
Celui qui esl jeune s’imagine que
cel appel esl fait pour les vieillards.
Celui qui mène une conduiie esiérieui'e
quelque peu respectable aux yeux des
hommes ( qui ne sont pas bien exigeants à cet endi'oil), croit que les
exliorhations sont adressées aux impies
et aux pécheurs scandaleyx, et à ceux
là seulement.
Et alor.s qu’nn ive-t-il ? Nous devenons de plus en plus faible.', le cœur
s’endurcit et se ferme , la conscience
devient insensible et noms n’cniendons
plus la voix (lu Sauveur qui frappe à
notre porte.
Ctier iecicur, qu’il n’en soit pas ainsi
de loi, souviens-loi que tu ns une âme
immorlelle à sauver. Si aujourd’hui
( peul-êiro même en lisant ces lignes)
lu entends sa voix, n’endiircis pas ion
cœur, üuvre-le au contraire, ton Sauveur y entrera et l’enrichira de ses plus
riches bénédiclions.
('cole lie Théoloj^iê
Les examens annuels de notre Ecole
de théologie ont commencé le 24 et se
soin terminés lo 27 juin;* s’ils n’ont
pas duré un jour de plus c'est parce
que la Comrni.ssion qui les dirigeai!,
et malgré l’absence du modérateur et
do M. Turin, a pu à deux reprises se
partager en deux Sous-commissions.
Un seul, éludiani, iVU R. Bosio dé
Pramol s’est présenlé pouf subir les
grands examens; comme au moment
où ces lignes sont écrites, le n^siilial
des deux dernières épreuves, savoir,
du sermon cl de la catéchèse n’esi pas
encore connu, nous ne pouvons rien
dire de positif sur l’issue Gnale de ces
examens mêmes, quoique tout nous
porte à croire qu’elle sera telle que
l’éliidianl pouvait l’atlendre.
Quinze éludianis dont cinq de 3'“®
année, huit de % et deux de 1«, ont
fait les examens annuels ou plmôl du
8
.216,
second sdmosli'e, doiU la fdsullat a élé
combiné avec celui (Je l’examen sérrifisti'ie! (Je févriet' dernier, Gomme
M. l'rochel. qui en l'iibsence du Moderâleur se irouvaiL être le présidenl
d’oilicp, a pu le con.«îlalei'aux prorno ■
rions f vendredi à 4. heures), le résullal
global de ces examens a été très salisfaisanl Si un seul éiudianl a pu
être promu avec ciisiinc/iore, par conlre
cinq seiilemenl. iGonl pas allcini la
moyenne de huit ii chaque examen',
tandis que neuf autre l’ont dépassée.
Les examens écrits ont presque tous
été supérieurs, chez les mêmes étudiants aux examens oraux, ce qui
semble dérioler une cerlaine laiblesse
dans rexposilion, plutôt qu’une connaissance insufrisanle de la matière.
Pensées
Luther après avoir exposé an- frère
Spenlein quelle est la justice qui sauve,
ajoutait;
« Si lu ci'ois fermement ces choses*
comme tu le dois) car maudit est qiii=
conque ne le croit pas, accueille les
frères encore ignorants et errants
comme Jésus-Christ l'a accueilli loimême. Supporte ie.s avec patience,
fais de leur^p^chés les tiens propres;
cl si lu as quelque chose de bon ,
communique le leur. Recevez-vous les
un les antres, dit: l’apôtrc, comme
aussi Christ nous a reçus pour la
gloire dé Dieu. C’est, une triste justice
que celle qui ne veut pas supporter
les autres, parce qu’elle.s hjs trouve
mauvais, et qui ne pense qn’fi chercher
la solitude du désert, au lieu de leur
faire du biwi parla patience, la prière
cL l’exemple. Si lu es le lis et In rose
de Christ, sache que ta démettre e.si
parnii les épines. Seulement prends
garde que par ton impatience, lesjii'
gemenis téméraires et ton orgueil caché
tu ne deviennes toi-même une épine.
Christ règne au milieu de ses ennemis.
S’il n’avait voulu vivre que parmi les
bons et ne mourir que pour ceux qui
l’aimaienlV pour qui, je te le demande.
fût il mort, et au milieu de qui eûiil vécu?
Quant nous sommes nés de nouveau
et fails enfants de Dieu futr la Parole
de la grâce;' alors nous faisons de
bonnes œuvres.
C’est quand la force des liommes
linil,. que la force de Dieu commence,
seulement que la foi s’allende à lui.
IRctJuc pUttc|ue
La CliamJare a voté enfin, avec une
assez forte majorité, la loi sur les chemins de fer. Celui de Pignerol à La
Tour fait partie de la quatrième catégorie ; et Thon. Geymel, député de IJriqiiéras, a prononcé un éloquent discours en sa faveur. —- On traîne en
longueur de différents côtés la discussion sur le projet de loi de moûlure,
modifié par le Sénat. On espère cependant que l’abolition de l’impôt sur le
maïs, l’orge et le seigle sera votée ,
el l’on croit que l’opinion de la majorité du Sénat de conserver pour le
moment l’impôt do moûlure sur le
froment sera aussi celle d’une faible
rnajot’ilé de la Chambre des dépulés.
♦
rfance. — La Chambre des députés discute les lois imporlanies de
iM. Ferry sur rinslruciion publique.
Les Ronaparlisles sont désorientés ;
il paraît certain que le prince Louis
Napoléon a désigné son cousin , le
prince Vicloi' Napoléon fils de Gérôine
el de la pi'incesse Glotilde , pour son
liérilier politique.
Brnest Robkut, Gérant et Administra leur.
Pignerol, Impr. Chianlore et Mascarelli.