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Huitième année.
N. SI.
30 Mai 18*r3.
L’ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spirituels
de la Famille Yaudoise.
Que toutes les choses qui sont véritables.oocu|>ei>t
vos pensées — ( Philippiêns., IV. S.)
PRIX D ABOmiEMERT I
Italie, k domicile lun an) Kr. 3
Suisse.................*5
France........................
.Allemagne 6
Angi«terTe . Pays-Bas • 8
fJn numéro séparé : 10 ceul.
Un numéro arriéré : 10 cent.
BUHEAUX D AB0NNCHENT
ToR«k-Pe/.mcb . Via Maestra,
N. 42. (Ageiìzin hibliogrnfica)
PiGNKRol. : J- Chlantore Impr.
Tuhin:J.J. Trou, via Lagrauge
prés le N. 22.
Kt.orencr : Libreria Evangelica. via de'Panzani.
annonces : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S'adresser pour l'administration
au Bureau â Torre-Peliiie.
via Maestra N. 42 — pour la
rédaction : A Mr. E. Malan
Prof- k Torre-Pellice.
Hommalr*ei.
Dflrnière ronférence Hp. M. Hyacinlhe
Loyson. — Notice chronolc^ique. — .No«telks religieuses. ^ Chronique taiidoise.
— Chronique PolUiqw^.
DERNIÈRE rONFÉRENGE
de N. Hyacinthe Loysun
Comme on pouvait s’y attendre,
la dernière conférence de mercredi
dernier avait attiré la même foulé
que les précédentes. Tous ceux
qui avaient déjà entendu le père
Hyacinthe auraient voulu l’entendre encore, et tous ceux qui, jusqu’ici , ti’avaient pn, malgré leur
désir, obtenir des cartes d’entrée,
s'étaient donné toute la peine possible pour s’en procurer. On comprend un tel empressement, quand
on connaît les qualités de l’éminent orateur et quand on réfléchit
à l’importance du sujet dont il
s’occupe.
Il s’agissait, dans cette dernière
séance, d’indiquer les points principaux sur lesquels doit porter la
réforme catholique. Doit-elle avoir
un caractère dogmatique ou disciplinaire? Le père Hyacinthe s’est
prononcé frantEhemenl contre la
première alterœtive, soit en ce
qui concerne nn dogmes authentiques, dépé^^cré qu’il faut conserver intact, soit même, pour le
moment, en ce qui concerne les
superfétations^doctrinales qui ont
été ajoutées. Sa®s doute, il y a un
discernoment qSe chacun doit faire
dans sa conscience; ainsi nous retenons la divinité du Christ que
nous n’abandonnerons jamais, et
nous repoussons l’infaillibilité papale; mais, quant aux détails, attendons , notre Eglise , une fois
constituée, prononcera en discernant le bon grain de Fivraie. Alors,
la catholicité véritable s’opposera
à celle de l’erreur et de l’oppression ; Rome sera forcée de se convertir en se frappant la poitrine,
ou sera à jamais réprouvée.
La réforme catholique doit être
disciplinaire , et cela suffit pour
transformer l'Eglise entière, parce
que cette discipline touche à toutes
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les profondeurs de la vie morale,
sociale et religieuse.
Au point de vue moral, le système ultramontain a atteint, sinon
faussé les consciences par la confession forcée des laïques et par
le célibat imposé aux prêtres.
Gardons la confession volontaire
qui répond à des besoins intimes
de notre nature, mais réformons
la confession actuelle qui est une
effrayante immoralité, car c’est
une abdication de la conscience
personnelle, favorisée, pour le
prêtre, par le besoin de dominer',
et pour le fidèle, par le besoin de
se décharger de sa responsabilité.
Le confesseur ; à son tour, reçoit
sa conscience toute faite d’une fabrique anonyme, car il est sous
la servitude de ses supérieurs.
Pour affranchir le prêtre de cette
servitude, il faut l’abolition du
célibat auquel il est forcé. Autant
le célibat volontaire doit être respecté, autant le célibat forcé est
attentatoire à la moralité, car ceux
qui l’observent sont l’exception.
Nous voulons un clergé moral,
qui ne soit pas >une caste, qui ait
l’amour et les vertus du patriote,
qui connaisse les joies de la famille.
Au point de vue social, il faut
rendre l’Eglise à elle-même , et
pour cela, remettre aux paroisses
l’élection de leurs pasteurs. La liberté de l’Église, c’est celle du
peuple uni à ses chefs, et non l’oppression’de l’Eglise par ses chefs
dominés par un homme qui est
lui-même esclave d’un passé plus,
fort que lui. Il ne s’agit pas de
livrer l’Eglise aux gouvernements
politiques pour la soustraire à
l’absolutisme du pape, mais d’organiser une Eglise qui s’appartienne.
Au point de vue religieux, il faut
aussi la liberté de Dieu dans l’Eglise ; il faut que Dieu puisse parler à l’Eglise par la Bible, et l’Eglise à Dieu par la liturgie. Dans
ce but, la Bible doit être traduite
de l’hébreu et du grec en toutes
les langues et être mise entre toutes
les mains; les mystères du culte,
les prières doivent être à la portée
de tous.
Avec ces réformes, sans toucher
aux dogmes, nous ferons surgir
une nouvelle Eglise, vieille comme
les siècles et jeune comme l’avenir.
Voilà votre réforme, dit-ori ;
ce n’est pas nouveau, c’est un retour aux premiers siècles. — Non ,
ce n’est pas nouveau ; je ne crois
pas aux religions nouvelles, elles
ne durent pas. Ce qui peut rendre
notre réforme féconde, c’est précisément parce qu’elle unit le présent au passé.
Mais , dit-on encore, l’Eglise catholique est morte, et on ne ressuscite pas un mort. — Moi, je
crois à la résurrection des âmes,
des consciences, de l’Eglise, parce
que je crois à la résurrection de
Christ, qui est sorti vivant du
tombeau et qui nous a dit à tous:
«Je vis et vous vivrez ! » Le Christ
rappellera l’Eglise à la vie par la
voix de notre amour, il la rendra
à la civilisation qui ne peut s’en
pa,sser.
(Semaine Religieuse)’.
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À M. le Rédacteur de î’Echo des
Vallées.
Turin, le 28 mai 1873.
Monsieur et cher frère,
Avant-hier matin, vers 6 heures,
s’est éteinte, dans cette ville, une
humble, mais bien précieuse existence. Mademoiselle Emma ChoPART, des diaconesses de SaintLoup, depuis un peu plus de deux
ans Directrice de notre Hôpital
évangélique, après une maladie de
six semaines, remettait doucement
son âme aux mains de Celui qui
l’avait rachetée.
Rarement, je crois, une personne
a emporté d’aussi universels et
d’aussi profonds regrets, d’un milieu où, sous plus d’un rapport,
elle pouvait se dire étrangère.
A ses funérailles, qui ont eu lieu
hier matin, riches .et pauvres
assistaient en grand nombre ; pas
un des membres du Consistoire
de la paroisse n’y manquait; et les
mêmes larmes, larmes d’amour et
de reconnaissance, y coulaient des
yeux de tous.
C’est que rarement aussi la noble
et sainte tâche à laquelle notre
sœur s’était dévouée avait été remplie d’unè manière plus complète,
— avec plus de charité, d’abnégation, de mansuétude, en même
tempsque de dignité etde fermeté,
— qu’elle ne le fut par elle. Son hôpital, ses malades, ses «chers malades »comme elle s’exprimait... elle
ne voulait savoir que cela; et les
sollicitations les plus pressantes
de beaucoup de personnes, pour
l’avoir sous leur toit, si non pen
dant des jours, au moins pendant
des heures, vinrent constamment
échouer devant son irrévocable
détermination de se consacrer
toute entière à l’œuvre pour laquelle elle était venue dans notre
ville.
«Je sais» me disait-elle à moimônie un jour que je l’exhortais,
pour la vingtième fois, dansl’intérêtsurtoutde sa santé, à sortir plus
souvent, ne fût-ce que dans le jardi n
public, pour y respirer un peu d'air
pur, «je sais que c’est par intérêt
pour moi que vous insistez ainsi,
et je vous en remercie. Mais voulez-vous me faire réellement plaisir? Eh! bien, laissez-moi rester
dans ma maison ; je l’aime tant I
c’est ici que je suis vraiment heureuse; et en fait de bon air, mon
petit jardin m’en fournit autant
que cela m’est nécessaire I »
Son «petit jardin», en effet, était
ce qu’elle aimait le plus, après
ses malades, et c’est là qu’avec
une ardeur et un bonheur presqu’enfantins , elle cultivait ces
fleurs dont, chaque matin, elle
aimait à placer un petit bouquet
sur la table de nuit de ses patients,
pour les égayer, disait-elle , et
leur faire trouver moins triste
le séjour de l’infirmerie. Aussi, qui
voulait la rendre vraiment heureuse et faire vibrer dans son
cœur cette corde de la reconnaissance, que je n’ai trouvée chez personne aussi sensible que chez elle,
n’avait qu’à lui fournir quelques
plantes ou de quelques fleurs pour
son parterre.
«Son jardin» c’était encore un
I sujet particulier de préoccupations
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-164
pour elle, dans le cours sa maladie.
• L’homme propose et Dieu disposel» me disait-elle unjour, qu'elle
ne croyait pas d’aller jusqu’au lendemain; «je m’étais tant réjouie de
cultiver, pendant l’été, mon petit
jardin; et voilà que le Seigneur en
a disposé autrement!». — «Oui,
l.ui répondis-je, mais vous irez en
cultiver un autre bien plus beau »
— « et dont les fleurs, ne se flétrissentjamais » ajouta-t-elle.Plus tard,
quand l’espérance du rétablissement se fut de nouveau offerte à
son esprit, c’était encore par des
allusions à son jardin qu’elle l’exprimait; « Qui sait, me disait-elle,
huit jours seulement avant sa mort,
si Dieu ne m’accordera pas la
faveur de pouvoir encore arroser
moi-même les fleurs de mon parterre ! ».
Du reste, les préoccupations
dont je viens de parler, si fortes
fussent-elles, n’eu excluaient pas
de bien autrement importantes:
celles qui se rapportaient à la
marche de la maison, qu’elle ne
perdit, pour ain.si dire, pas de vue
un seul instant , entrant , à cet
égard, dans toutes sortes de détails, et, plus encore, celles qui se
rapportaient à l’éternité.
Nous n’étions pas encore aux
deux tiez’s du cours delà maladie,
qu’elle me dit un soir; «Dieu m’a
dit comme à Ezéchias : mets ordre
à ta maison I et je l’ai fait ; je suis
prête à partir quand II le trouvera
bon ». — « Et quel est, lui demandai-je, le fondement de votre espérance, pour vous en aller‘en paixi»
— « Jésus-Christ » me répondit-ieUe,
sans l’ombre d’héaitatmii, a «i 1«»
.tice, sa grâce; je n’en connais et
je n’en veux point d’autre 1 ».
Un ami qui vint la visiter ce même
soir, lui parlant de la paix que le
souvenir des œuvres de miséricorde qu’elle avait accomplies devait
répandre dans son âme : « Oh I
non, non I » .s’écria-t-elle, en ajoutant à l’aide de ses main.s le signe
à la parole; «non, nonl ne me parlez pas de mes œuvres; elles ne
sont qu’un linge souillé et rien de
plus! Je ne veux d’autre justice
que celle de Christ, que celle que
mon Sauveur m’a acquise en mourant pour moil C’est là le seul,
le -seul fondement de mon espérance! ».
Quelques jours plus tard, je venais de lui lire, dans son recueil
de Paroles et textes de l'Ecriture
Sainte, avec le verset du jour, la
strophe suivante de cantique :
Saos regret j’abandoone,
O monde ingrat, tes biens;
Ceux que Jésus me donne
Valent mien* que les tieni.
Le ciel est ma patrie ;
Ce séjour de la paix
Sera, toute ma vie,
- L’objet de mes souhaits.
« N’est-ce pas, chère sœur, »
lui dis-je: «ils sont bien heureux
ceux qui peuvent, en toute vérité,
tenir un pareil langage ». — « Eh I
bien, » reprit-elle avec force, «par
la grâce de Dieu, je le puis! oui,
je suis assurée qu’en m’en allant
de ce monde, je serai recueillie,
par la charité de mon Sauveur,
dans ces demeures éterueUes où
l’on ne pèche plus,, où l’on n’a
plus à combattre, et où, moi qui
aimais tant â chanter snr la terre,
5
-165
je pourrai uuir ma voix à celle de
ces multitudes qui chantent les
louanges de l’Agneau! ».
— Et ce que ces paroles la démontrent, notre chère sœur le fut
jusqu’à la fin. — La veille de sa
mort, me trouvant à son chevet,
au moment où elle sortit tout à
coup d’un long assoupissement:
« Chère sœur , lui dis-je , le Seiest-il avec vous ? — « Oui, il est avec
moi, » me dit-elle, d’une voix très
distincte, — « Et faites vous l’expérience, ajo\itai-je, qu'il est fidèle?.
— «Il est toujours fidèle, »ajoutat-elle encore, et elle se rendormit.
Ce furent les dernières paroles que
j’aie entendues sortir de sa bouche.
Et maintenant son vœu est réalisé; cette àme si candide, si pure,
si aimante est arrivée là où « l’on
ne pèche plus, » et a joint sa douce
voix à celle des bienheureux entrés avant elle dans la gloire. Le
deuil est pour ceux qui restent:
pour ses parents qui ne l’ont plus
revue; pour cette pauvre tante ,
qui, plus heureuse que les autres,
a pu donner ses sgins ,'jusqu’au
dernier moment, à celle qu’elle aimait comme une fille; pour cette
chère maison de Saint-Loup qui
perd, en sœur Emma, une de
ses meilleures diaconesses; pour
nous qui l’aimions , les uns comme une soeur, les autres comme
une mère; pour notre Eglise- de
Turin réduite à se demander avec
angoisse : qui viendra prendre, au
milieu de nos pauvres malades,
la place qu’elle a laissée vacante ?
— Mais celui qui a fait la, plaie, et
qui s’appelle le « miséricordieux
et le pitoyable, » trouvera, dans
ses compassions, le secret pour la
cicatriser j’en ai‘ la confiance I
Croyez-moi, cher M'' et frère, etc.
J. P. Meille PastPur.
ilauueUcô reitgtcuece
Ou-lte fraiioais a Itonio.
— Un de no.s abonnés et amis, rentrant
d’un séjour eu Italie, croit île son devoir
de remercier, en son nom et au nom do
bien d’autres, notre Société genetoüe des
Proleslants disséminés pour les bienfaits
du culte réformé qu’elle eiitretieut à Rome.
Malgré l’établissemeot de l’Eglise vaudoise daus cette ville, ce culte y est demeuré le seul lie langue française; il est
donc toujours du plus grand prix. Après
une semaine de fatigue , de dislractioa ,
o'u l’on n’a coudoyé que des iudillérents,
il est très-doux de se trouver réuui, comme
en famille, à des frères qui parlent la
même langue et professent la même foi,
de participer aux salutaires émotions d’un
culte en espril, et d’être remis en présence
des privilèges et des devoirs de la vérité
chrétienne.
Bien que, selon toute apparence, le
nombre des étrangers en séjour à Rome
doive s’accroître d’année en année, l'auditoire était moius nombreux cet liiver.
Ccpeudaut le jour du l’iiques, ôOpersouues
euviroo se trouvaieut réunies au service,
et c’est avec beaucoup de recueillerneut
et d’émotion que plusieurs out célébré la
mémoire dé la mort et de la résurrection
du Sauveur. Le culte a eu lieu dans la chapelle vaudoise, et c*était uu fait bleu touchant que de prendre les Symboles du
corps et du sang de Jésus, daus un plat
et dans des coupes où étaieut gravées les
armoiries de l’aulique Eglise des Vallées;
Lux lacet in Tenebris, avec la date: Roma
4871, époque mémorable où celte petite
Eglise martyrisée, presque réduite à rien,
eut l'honneur d’être installée, par la volonté de Dieu, au milieu môme des palais de son ennemie séculaire.
Qfuoique ce ne soit pas ici le lieu du
6
-166.
parler du pasteur lui-même, (M. Roller),
qu’il me soit permis de dire au moias que,
par la parfaite connaissance qu’il a du
pays, de sa langue, de ses usages, il rend
tout facile à ceux qui veulent bien se déclarer momentanément ses paroissiens. Il
n’y a rien qu’il ne fasse pour eux, pas
de service qu’il ne leur rende avec la
plus grande obligeance. Aussi, après les
avoir édifiés le dimanche et avoir été leur
pasteur, il devient bientôt leur ami. Sa
présence est, eu particulier, inappréciable
dans les cas de maladie, et rien alors no
peut égaler son dévouement. B. T.
Gfenève. Les catholiques-réformés
de Genève demandent au Conseil d’Etat
l’usage de l’Eglise de Saint Germain.
— Le P. Hyacinthe continue à célébrer
la messe à Genève; il a aussi administré
dos baptêmes et, à cette occasion, il a
fait connaître ses idées sur ce sacrement.
En substance il admet encore l’erreur
catholique de la régénération par le baptême d’eau.
— L’assemblée générale de l’Eglise évangélique a eu (lieu le 4 mai. Celte églisd
entre dans une phase nouvelle de son
existence par la remise de la cure d’êmes
aux anciens laïques de son presbytère.
Désormais les ministres de la Parole dans
son sein seront essentiellement prédicateurs et éducateurs religieux de lajeunesse.
C’est une application radicale du sacerdoce
universel.
TVouclrâtel. M. Ernest Naville résume comme suit le projet de loN dite
ecclésiastique élaboré par le Conseil d’Etat
de Neuchâtel. ,
«L’ancienne Eglise du Canton de Neuchâtel est abolie.
« L’Etat ne reconnaîLaucune société religieuse distincte du corps politique.
«Les électeurs de chaque commune
nomment, à la majorité des suffrages, un
orateur communal.
« L’orateur communal entretient les
électeurs de sujets de son choix, à des
heures fixées, et dans un local déterminé.
«Il est salarié par le Gouvernement.
«Sa parole est absolument libre, sous
la seule condition qu’elle ne porte pas
atteinte aux bonnes mœurs ou é l'ordre
public, ou s’il ne parle pas régulièrement
aux heures fixées, le Conseil d’Etat peut
le révoquer.
Que c’est donc une belle chose que
d'être une église nationale!
{Eglise Libre J.
Les membres de l’Eglise des Frères Moraves, au nombre d’environ vingt mille,
contribuent annuellement à l’œuvre des
missions, pour une somme d’environ 500
mille francs, et fournissent les recrues
nécessaires ,à un personnel de 30J missionnaires de tout ordre.
On écrit des Etats-Unis à L’Eglise libre
que le Conseil Américain de l’Alliance
Evangélique a décidé de rayer du programme des prochaines conférences universelles la célébration en commun de
la Sainte-Cène.
Deux des Elats-ünis, la Floride et l’Arkantas, ont des nègres pour inspecteurs
de rinstruction publique. — L’Elat d’Alabama possède quatre écoles normales pour
préparer des noirs aux fonctions de maîtres d’école.
France. Le nouveau ministre de
l’instruction publique, M. Waddington est
protestant, d’origine anglaise, et gendre
d’un membre bien connu et respecté de
l'Eglise évangélique de France, M. H. Lutteroth.
Toulouse. La société des livres
religieux de Toulouse a publié pendant
le dernier exercice 326.000 volumes, dont
296.861 sont sortis de son dépôt et placés
de la manière suivante :
33.353 donnés gratuitement à 130 bibliothèques nouvelles,
6.073 donnés gratuitement à 98 bibliothèques anciennes,
37.005 donnés gratuitement pour des
distributions,
220.430 ont été vendus aux libraires,
ou cédés à 50 0|0 aux pasteurs et aux
instituteurs pour des distributions de prix.
Le comité a un déficit de près de 15.000
francs.
Palestlue. Il se passe d’étranges
choses à Bethlem, cette petite cité judaïque , chère à tous les disciples du Christ.
La chapelle construite au dessus de la
grotte de la Nativité ,est depuis quelques
semaines le théâtre de luttes indécentes
et ridicules entre les prêtres de l’Eglise
latine et ceux de l’Eglise grecque. Ou s’y
bat à coups de poings et k coups de verges;
et dans cette crypte vénérable, où depuis
7
-lOT
quinze siècles retentissait chaque jour le
canlique des aufres. « Paix sur la terre,
bonne volonté parmi les hommes,» on
n’entend pins que des imprécations de
foreur et le fracas de meubles brisés. I.es
latins s’étaient permis de remplacer les
tapisseries qui en décorent les parois par
d’antres oh figruraient des inscriptions romaines; les prêtres grecs se sont hAtés
de déchirer ces tentures hétérodoxes. De
lè d’interminables disputes, dans lesquelles
plusieurs des révérends pères ont été mis
hors de combat.
Que doivent penser les Turcs’ Quel mépris pour la religion chrétienne de telles
scènes dans un tel lieu ne vont-elles pas
leur inspirer !
( Chrétien émngélique J.
Espfxtrn©. Nous apprenons avec joie
que l’acfitivé missionnaire n’a pas été
entravée par les troubles politiqiM>s. T.es
auditoires n’ont en général pas diminué,
les écoles fonctionnent avec régularité,
des Ames se convertissent, k Madrid . h
Séville, à Cordoue, à Malaga, è f.renade,
è Cadix, à Sarragosse, à Carthagène. è
Barcellone, è Valladolid, à .Alicante, dans
toutes les grandes villes d’Espagne. des
églises évangéliques s'organisent ou se
développent; et tin missionnaire écossais
pouvait écrire de Cadix; «Les amis de
l’Espagne auraient tort de désespérer.
Nous avons eu des diflicullés . nous en
avons encore; mais des milliers de personnes en Espagne ont embrassé la foi
chrétienne. J’espère même que nous pourrons profiter do l’état actuel du pays pour
progresser plus rapidement».
Tjausanne. Le Synode de l’Eglise
libre du Canton de Vaud a été ouvert le
5 mai dernier par une prédication du
professeur .Astié sur ces paroles : « Tout
docteur bien instruit pour le royaume des
rieur est semblable à, un père de famille
qui tire de son trésor des choses noutelles
et des choses anciennes ».
Le catalogue des membres de l’Eglise
libre accuse actuellement un chiffre de
3870, plus 3850 auditeurs plus ou moins
régnliêrs; 124 écoles du dimanche réunissant plus de 1200 enfants sont dirigées
par des membres de l’Eglise libre. — La
faculté de théologie renferme dans son
ensemble 47 élèves dont 18 vaudois.
(ffhronique
■V'Jsl.t© pastoT*ale au r»éT*l©r*. La Table a fait jeudi, jour de l’Ascension, une visite pastorale ordinaire
dans la paroisse de Périer-Uaoeille. Après
quelque hésitation, plusieurs membres de
la nombreuse assemblée ont successivement pris la parole sur l’état spirituel de
cette e^glise d’abord, ensuite sur d’autres
questions plus particulières. Comme presque partout dans nos Vallées, an Périer
et A Maneille, les services religieux sont
suivis, comme aussi les réunions plus
particulières qui ont lieu dans les divers
hameaux en hiver. On a cependant exprimé
le vœu que les habitants des villages
voisins ne se croient pas dispensés ou
exclus des réunions qui ont lieu dans telle
ou telle école de (juartier voisine. — Cependant, si, è peu d’exceptions près, il
n’y a pas de faits scandaleux à signaler,
il s’en faut de beaucoup que la (liélé soil
ce qu’elle devrait être et qu’il y ait des
progrès bien sensibles dans la vie chrétienne. Si on en juge par les fruits, il n’v
a pas encore beaucoup do cœurs régénérés; et une effusion abondante de l’Esprit Saint est nécessaire pour vivifier et
ressusciter en nouveauté de vie.
Nous ne parlons pas de deux questions
spéciales qui ont occupé une bonne partie
du temps dont la délégation de la Table
pouvait disposer, celle des heures du culte
à Maneille et au Périer et une question
de discipline. L’assemblée a voté l’ordre
du jour suivant comme conclusion de la
discussion sur le second sujet: «Le Consistoire est invité à faire observer la discipline en vigueur dans notre Eglise»
c’est-à-dire à rayer des listes toute personne qui DO professe pas la foi de l’Eglise
et ne se soumet pas è son gouvernement.
Un bon témoignage est rendu à la fidélité et A l’activité du pasteur, l.es écoles
sous la direction des instituteurs et des
institutrices ont bien marché, mais on
s’est plaint de l’irrégularité des enfants
dans quelques écoles de quartier et on a
exprimé le besoin d’avoir au Périer. pendant l’été, ou une école subsidiaire ou une
école enfantine.
L’enseignement catéchétique A lieu pendant toute l’année; plus de réception en
masse, mais examen et réception individuelle A, toute époque de l’année; cette
réforme a pu se faire sans grandes dififi■ cullés et le petit coin de ciel bleu, que
l’on aperçoit au des.sus des sommets des
montagnes au milieu riesiiuelles le Périer
est encaissé, n’est tombé ni sur le pasleur ni sur le Consistoire.
Li'EmiKT'at.ìon. — La non-réussite du dernier essai de colonisation en
Italie n’a pas découragé M' J. Parise;'il
travaille au contraire A développer un
plan vaste, grandiose. — Nous rendons
pleinement hommage au zèle, au dévouement et à la persévérance de M. Parise.
Personne ne .suspecte ses généreuses intenyoDS, et si, nous avions parmi nous
8
-iès
un petit nombre de personnes, parmi
celles qui peuvent faire quelques sacrifices,
lesquelles eussent sa confiance et son enthousiasme, nous n’en serions plus à faire
des vœux et des projets. Mais il n’en est
rieo et en général la confiance, l’enthousiasme, ne sont pas le fort du monde de
la finance dans tous les pays du monde,
quoiqu’il y ait des exceptions. Aussi notre
avis est-il toujours celui que nous avons
déjà exprimé, c’est qu’il faut commencer
petitement, si l’on veut faire quelque chose,
avec de bons éléments, des colons travailleurs et honnêtes ; c’est qu’il ne faut
plus rien leur proposer qu’après l’avoir
bien méri et l’avoir rendu réalisable. —
Croyez moi, il ne s’agit pas de faire des
prosélytes pour la colonisation de l’Italie,
il y a peu de personnes qui ne la croient
désirable, utile même, quelques-uns,
nécessaire ; il y a peu de personnes qui
ne la préfèrent cent fois à l’émigration
en Amérique. Les prosélytes sont faits,
les colons trouvés, les terrains existent.
Comment [louvons-nous nous les procurer
et les mettre A la disposilion de nos latniureurs? Thaï is lhe question. Elle n’est
plus ailleurs.
Trois cas sont possibles, ou bien que des
individus ou des sociétés propriétaires de
terrains les répartissent entre un certain
nombre de colons, à titre de ferntiers d’abord , mais avec la promesse bien positive de les rendre propriétaires au bout de
quelques années, ou immédiatement, mo. yennant le payement de leur part d'une
redevance annuelle é(|uitable; ou bien que
des sociétés colonisatrices se. forment et
établissent les colons dans les terrains
acquis . ou enfin que des capitalistes mettant leur confiance dans une personne ,
ou un comité de leur choix , le rendent
responsable de la direction de la colonie,
moyennant le payement annuel des intérêts et d’une partie du capital jusqu’à son
extinctiou.
CItrontque politique.
Italie. Continuation de la loi sur les
corporations religieuses. — Les maisons
généralices seront conservées, dans la
persoune des titulaires actuels, dans les
locaux qu’ils occupent ; on a demandé et
obtenu d’en exempter le général des Jésuites et son entourage; on a voté ensuite les autres articles sans modifications
essentielles. Enfin la loi a été approuvée
dans son ensemble par 196 voix contre 46.
Les, bureaux de la Chambre ne paraissent pas disposés à recommander les nouveaux impôts demandés par Sella. .
iVCllaxi. La grande et la triste nouvelle est celle de là mort d'Alexandre
Manzoni, l’auteur dn Cinqm tnaqgio, des
Inni sacri, des Pnomessi Sposi, et de quelques tragédies . le poète religieux . le romancier patriote. Sa mort qui ne devait
surprendre personne, puisque Manzoni
avait 88 ans, est nn deuil national. La’
Chambre des députés , le Sénat, les Municipalités de nos principales villes, mémo
le roi et les princes de la famille royale,
ont fait parvenir à la ville de Milan et à
la famille du défunt leur témoignage d’admiration et de sympathie. La plupart des
illustrations de l’Italie ont assisté à la cérémonie funèbre qui a eu lieu en son
honneur. Les restes mortels de Maoz.oni
ont été embaumés et exposés aux regards
du public.
Rome. Od annonce aussi la mort imprévue du Sénateur Sappa.
France. Grands événements. Après
une longue semaine de tiraillements, —
après que M. Thiers eut sacrifié à la gauche le ministre de l’intérieur de Guulard
et à la droite celui de l’instruction publiq\ie , M. Jules Simon , une interpellance
sur ces changements et sur la politique
de M. Thiers, venant de la droite qui demandait au président des garanties en faveur des principes conservateurs, a donné
à M. Thiers une minorité de 16 voix. —
L’ordre du jour pur et simple demandé
par M. Dnfaure fut repoussé par 362 voix
contre 348. et par contre l’ordre du jour
de blâme de M. Ernoul adopté par 366
voix contre .344. A la suite de ces deux
votes M. Thiers a donné par écrit sa démission que la gaoche ne voulait pas accepter, mais que la droite a atxeptée par
une Tnajoritô de 29 voix. Le maréchal
Mac-Mahon a été nommé chef du pouvoir
exécutif par 389 voix sur 391 votants. La
gauche s’est abstenue. Il y avait à Paris
une grande agitation. On craignait du désordre. Mac-Mahon, par une circulaire aux
préfets, se prononce pour la république
conservatrice, pour la continuation de U
même politique extérieure. Il_ veut travailler à la libération du territoire, à la
réorganisation de l’armée au maintien dos
principes qui sont à la base de U société.
— L’ordre n’a été troublé ni à Paris ni
dans les départements. Le poirveau ministère est composé de royalistes et de booapartistes.
Bérlln. Bismark considère cèmme
affiliés aux jésuites les rédemptoriales, ies
lazaristes et les associations du sacrécœur et les traitera eu conséquence.
E. Malais Directeur-Gérant.
Piguerol, Isopr. ^CMantore.