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Cinquième Année,
2 Mai 1879
N, 18
LE TÉMOIN
ÉCHÛ DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Vous me serez témoins. Actes 1, S. SwViant la mérité avec la charité. Ep. 1, 15.
PRIX D’ABBONNEMBNT PAR An1| s'ebonne : ^ T O i Pour chez MM. Irî i ’ ■ ’ ■ ^ pasteur.s et les libraires ¿<3 Tous les paya de TUnion l| Torre PelJice. f de poste . . » 6 PpurrA’.ocieriôwr au Bureau d'Ad- j Amérique . . . * ^ ministiatiou. Un ou plusieurs numéros sépa- rés, demandés avant le ti- raR-e 10 cent chacun. Annonces : 25 centimes par ligne. Les envois à'drgent se font pàr lettre reci mmandee Ou par mandats sur le Bureau dé Pe- rosa Argentina.
Pour la RÉDACTION adresser ainsi: A la Direction du Témoin, Pomaretto (Pinerolo) Italie. Pour TADMINISTRATION adresser ainsi : ArAdiïiinistraiion du Témoin, Pomaretto i Pinerolo,) Italie.
Sommai!?©.
Pierre V'aldo et les pauvres de Lyon. —
Adresse an peüple Vaudois, — Adresse è
S. M. la Reine Victoria, — Dans le train,
— Un arc-en ciel. — La manne cacliée,
— Noiitelles religieuses et faits dieers, —
Pensées. — Revue politique.
. U,.. 1.
l'IERltE VALDO
et les pauvres de Lyan
, \ Propriété littéraire
VI. )
K
Au reste les missionnaires de Lyon
n’èlaiepi «pas lellemenl épris de leur
coeluàii^ qu’on n’ait cru pouvoir les
accus#''d'e chàtigev trop souvent d’exlérieur au gfé de ceux qui avaient
charge d’épier leurs mouvements. îCet'
le espèce de curés {isli cpjfMores),
disaient le? inquisiteurs* rphurent le
monde’',soiis différents liabillemenls
pouf év/fer d'être connus, et ils sont
d’autant plus dangereux- qu’ils prennent lès formes les plus diverses, se'
déguisant et se iraveslissant de rtw’ile
manières ». Rien de plus difficile, disait-on, que de mettre la main sur
un dé cès missionnaires-lâ. Le cliercheai^oUs éous son oxlériehv ordinaire, il
vous échappe sous la forme d’un voyageur ou d’un pèlerin; aujourd’hui vous
croyez voir un harhier ou un cordonnier, derriain ce sera un moissonneur
venant des champs avec sa charge de
blé sur les épaules, R’élail à rneltre
au désespoir leurs ennemis. Ajoutez
que lorsqu’on s’attendait à trouver un
scélérat le missionnaire avait le don
de « prendre tous l’es ^dehors d’un
sàihl et d’un parfait croyant ».
* 11 est fiermis' de croire loulefois'iquô
la féal'ilé''he répondait pas tfpp m'af
à ces apparences recommandables ;
cà'f non seulement le peuple écoutait
ces évangélistes avec plaisir, lUais éPoofè il les protégeait au besoin; coutrè
lèufs ennemis, et plus un les 'Voyait
de près, plu.s oft fêiUarquail rénoriUe
distance qui tes' séparait (fdn efergé
ignorant 0(1 corrUrnüàV; ,
Au, 'nombré de , ïèpr's'j ’adepîôs les'
PMiIres de Lyon com'piarébt' qtièlijdô-'
fois de nobles dames converfiés, A f’Evangilè. Nouveau tnoyen de se dérob'df
aux rechèrehes de feurs ennènife. Introduits par la châtfelainp, fis ne fardaient pas à gagner à lèufs senlimènls
les seigneurs et 'fe^ autres' ;pièmbres
de la familiél Ptïis sous la haute pfolection de ces püîssanis personnalfeá
ils allaient et venaient librement Sur
leur terre, où pèfsonrtè U'osaft lès
toùchei*.
Bien plus; îî n’éftiit pas sans eSfém-t
plè que dès membres méïne du clergé
2
rw A/V ^
-138
I V\A/VAA/\/\A/VA/\y''^
accueillissent généreusement sous leur
toit les missionnaires évangéliques, et
lorsque l’inquisiteur se présentait pour
les réclamer, il trouvait le curé du
village beaucoup plus disposé à prendre
la défense do son hôte, qu’à le lui
livrer. La paroisse naturellement se
rangeait du côté de son conducteur
spirituel, surtout quand on le savait
d’accord avec le seigneur du château.
De là ces espèces de soulèvement de la
population contre les moines gui venaient épier le pays. Demandaient-ils
que l’hérétique fût dénoncé,^ Chacun
gardait le silence. Fallait-il des témoins?
On n’en trouvait pas. De juges? Pas
davantage.
De guerre lasse, l’inquisiteur quittait l’endroit non toutefois pour longtemps, mais en attendant, le missionnaire Vaudois reprenait son œuvre
d’évangélisation, plus apprécié que jamais. Ailleurs les prêtres faisaient plus
encore que de couvrir de leur protection les prédicateurs laïques: ils leur
ouvraient en quelque sorte les églises.
* Dans ce temps là, dit Jacques Ribéria, l’on ne faisait que peu ou point
de cas de ceux qui se donnaient pour
évêques ou ministres de l’église; grâce
à l’extrême ignorance des prêtres, il
n’était pas mal aisé à ceux qui avaient
un peu d’instruction d’obtenir la préférence du peuple. Or comme les Vaudois étaient, entre tous, ceux qui
savaient le mieux parler de religion,
les prêtres les invitaient souvent à
enseigner publiquement, non qu’ils
approuvassent leurs, sentiments , mais
parcequ’ils les voyaient plus capables ».
Il y avait alors effectivement, dit un
autre auteur, des Ariens et des Manichéens, que ;les Lyonnais ou Vaudois
savaient seuls réduire au silence ; et
voilà pourquoi plus d’un prêtre ignorant admelta^ ces derniers à parler
en toute liberté.
Ces circonstances suffisent pour expliquer l’espèce de faveur dont jouirent
quelque temps auprès du peuple les
pauvres de Lyon; mais l’on aime à
penser aussi que nombre de personnes,
même au sein du clergé, se sentaient
comme intérieurement forcées de rendre témoignage à ces messagers dont
la vie était si recommandable, et l’enseignement si conforme à la parole de
Dieu.
ADRESSE AU PEUPLE VAUDOIS
l'Voir N. 6 J
A la question : Est.ee notre devoir de répondre d cet appel ? les
signataires de l’adresse ne pensent
pas que l’on puisse faire deux réponses, C’est notre devoir. Dieu no us
le commande. Le peuple de Dieu,
sous l’ancienne alliance, était tenu
de donner la dîme de tous ses revenus, pour l’entretien des sacriffeateurs et des lévites. JésusChrist a déclaré que; l’ouvrier
est digne de son salaire ( Matth.
X, 10). St. Paul, à son tour,
commente ainsi la parole du Maître:
« De même aussi le“ Seigneur a
ordonné que ceux qui annoncent
l’Evangile vivent de l’Evangile,
( Galat. VI. 6, 7) et que celui
à qui l’on enseigne la parole d
Dieu fasse part de tous ses bienp
à celui qui l’enseigne (Gai.. \ï s
6, 7).
Ce devoir nos pères l’accomplissaient généreusement,“mais depuis deux siècles les va'üdois le
laissent accomplir par des amis
étrangers, ce qui pourrait bien
être rtme des principales causes
de la faiblesse de notre Eglise.
C’est ce que croit et ce que nous
a dit, au dernier Synode, l’un de
nos meilleurs amis lerev. D. Miller
de Gênes, dont l'adresse reproduit
une bonne partie du discours, sur*
tout cette grâve parole ; l'Eglise
Vaudoise court le risque d’être
3
V.139
rVvv'^r./Wnjv.nAAyu
écrasée sous le poids de la libéralité de ses amis.
Sommes-nous disposds à faire
un sacrifice pour maiiiienir au
milieu fie nous un ministère évangélique fifiôle et à la hauteur de
sa tâche ?
N’oublions pas que la manière
dont nous répondrons à cette question aura pour effet d'encourager
ou de décourager nos pasteurs, en
sorte qu’ils s’acquitteront joyeusement ou en gémissant d’une
tâche qu’ils ont spontanément rendue plus lourde. Notre conduite
eu cette conjoncture aura une influence décisive sur l’avenir de
notre Eglise, Si nous refusions de
pourvoir convenablement à l’entretien du ministère de la parole,
nous ne saurions attendre d’avoir
dorénavant des pasteurs capables,
instruits et fidèles. Les jeunes gens
bien doués , prévoyant les soucis
qui les attendent dans le Ministère pour leur entretien et celui
de leurs familles, ne se sentiront
guère disposés à y entrer et ils
embrasseront de préférence toute
autre carrière,' leur offrant la perspective de s’assurer du pain pour
leurs vieux jours et peut-être un
petit héritage pour leurs enfants.
L'adresse conclut en annonçant
l’intention de la Table d’organiser
dans chaque paroisse des Comités
spéciaux qui devront s’occuper à
recueillir des fonds.
Nous dirons prochainement quelles sont nos craintes, mais aussi
quelles sont nos espérances à l’égard de l’appel adressé aux Vaudois pour cet objet spécial.
ADRESSE
à S, H. ia Reine YielnrU
Ïorre-Pellioe, le 21 nvrll ISIfl.
A Son Excellence Lord Pacet,
Ambassadeur
de S. M. la Heine de la Grande Brelagne
auprès de S. M, le Roi d'Ilalie.
Très honorable Lord,
J’ose bumblemenl vous prier de vouloir présenter l'adresse ci-jointe à Sa
Majesté la Reine de la Grande Bretagne,
Impératrice des Indes.
La vive reconnaissance, la profonde
et affectueuse vénération que nous portons il Sa Majesté ne nous ont pas
permis, malgré le voile de Vincognilo
dont Elle se couvre, de laisser passer
l’occasion de son voyage en Italie sans
essayer de faire arriver jusqu’à elle la
faible expression de nos sentiments.
C’est avec le plus profond respect,
irès-lionorable Lord, que je me dis
De Votre Excellence
le Irès-humble et très découé sercileur
Le Modér. de l’Eglise Vaudoise
J. I). CHAnBOSNIER.
A S. IR. la Reine de la Granile-Brelape
Impératrice des Indes
Majesté !
Quoique Vous ayez choisi de venir
en Italie en vous couvrant du voile de
Vincognüo, la Table Vaudoise, ou Comité administratif de l’Eglise évangélique Vaudoise dès sa première séance
après l’arrivée de Votre Majesté sur
la terre italienne, n’en a pas moins
iinanimémcnl délibéré d'exprimer à
Votre Majesté les senliinenls d’admiration , de gratitude et de profonde
vénération dont cette Eglise est pénétrée envers la Souveraine de la Grande
Bretagne, en même temps que la joie
que lui procure la visite dont Voire
.Majesté a bien voulu lionorer l’Italie.
4
' 'VWWVWVWVwv^AA^k^/Wy^'^^^'^VWVywwW^WwWV4#Wfc/VV>'Mn
L’Eglise Vaudoise n’oublie pas que
dans tes temps dilïicites et orageux des
persécutions souffertes, elle a trouvé
chez les souverains et les bommes
d’élat de la nation brilannique des
bienfaiteurs et des proiecleurs qui l’ont
vigoureusement soulenue par des subsides et des envoyés diplomatiques.
Elle n’oublie pas que, par la haute
entremise d’une Reine d’Angleterre ,
de pauvres Vaudois enchaînés sur des
galères, sous le roi Louis XIV, furent
rendus à la liberté, et que c’est à la
munificence de celle même Reine quç
l’Eglise Vaudoise fut redevable de son
rétablissement sur le sol natal après
les persécutions et l’exil de "IfiSO.
Elle n’oublie pas tout ce dont elle
est sans cesse débitrice envers la Couronne de la Grande Bretagne, comme
envers une multitude de chrétiens éminents de la grande nation brilannique,
entre lesquels nous ne pouvons pas
ne pas nommer au moins le général
Beckwilb, le docteur Gilly et le docl.
W. R. Stewart.
Majesté !
L’Eglise Vaudoise dans toutes ses
paroisses, adresse chaque dimanche à
Dieu des prières pour la conservation
et la prospérité de Votre Majesté.
Et les membres de la Table Vaudoise
en implorant sur Voire Majesté la protection et la bénédiction du Père Céleste, vous prient humblement d’agréer
les vœux sincères dont ils accompagnent
votre voyage et votre retour dans Votre
Royaume, et se déclarent
Do Votre Majesté
Les très humbles et ti'ès obéissayxts sermieiirs
pour eux
Le itTod^raf, de l'Eglise Vaudoise
J. D. Charbonnier.
Le 24 courant le Moderaleur recevait la réponse qui suit;
Caveno, Ï3 Avril 1879.
Monsieur,
Sa Majesté la Reine à qui j’ai eu
l’honneur de soumettre l’adresse qui
accompagne votre lettre d’hier, me
-140..
charge de vous en exprimer ses sincères remercimenis, et de vous assurer
de l’inlérêl que Sa Majesté ne cesse
pas de porter pour le bien-être et la
prospérité de l'Eglise Vaudoise.
Vetiillez agréer. Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués,
A. Paget.
Monsieur
Le Rev. J. D. Charbonnier
Mod. de l'Eglise Vaudoise
Torre l'ellice.
bm LË nm
Nous sommes à Turin. Le train va
partir pour Pignerol. Une pauvre vieille
femme entre au dernier moment dans
la gare, et regarde avec anxiété autour
d’elle cberehanl le train qui doit la reconduire aux Vallées Vaudoises qu’elle
a quittées il y a bien longtemps pour
accompagner é Marseille ses enfants
qui y sont morts.
— Où est le train pour Pignerol
demande-l-elle a un employé du chemin de fer.
— Le voilà, devant vous, répond
l’employé.
La bonne vieille a besoin d’êlre très
sûre que ces voilures la condqironl
bien où elle veut aller, et voyant passer
le conducteur elle lui demande encore:
— Est-ce bien là le Iràin pour Pignarol ? Ces voilures ne me conduiront
elles pas à Gênes, à Milan ou à Rome?
— N’ayez crainte, c’est bietf là le
train qu’il vous fauL
— C’est que, voyez Monsieur, je
n'ai jamais voyagé, et je ne voudrais
pour rien au monde me tromper de
chemin.
— Ayez confiance en moi, je suis
le conducteur, ce train va à Pignerol
et j’y vais- avec vous.
Entièrement rassurée, notre bonne
voyageuse prend place dans lé train,
la locomotive siffle, et la voilà en
roule pour les Vallées.
Tu es un voyageur loi aussi, ami
lecteur. As-tu pris ton billet? As-tu
5
.441
.Vk'W'b/WV'^
choisi Is voie qui conduit au ciel ?
T’és-lu assuré que le chemin où lu
marches ne descend pas îi l’abîme .,
mais conduit réellemeni à la Jérusalem
céleste?
Il en vaut la peine, cher ami. Si la
voyageuse dont nous venons de parler
avait pris la route dû Milan, au lieu
de celle de Pignerol, elle en aurait
été quitte pour refaire son chemin.
Mais on ne revient pas de rabirne.
Prends garde de ne point choisir la
voie large qui y conduit. Cela le serait
fatal.
Tu es en route pour rélernilé; chaque jour que lu passes ici bas l’on
approche d’au tant.
Mais esl'tu bien sûr d'êtrerdans la
voie qui conduit à l’élernilé bien heu*
rou.ce ? Arrôle-loi un instant; considère les voies; demande à Dieu un
cœur rempli de sagesse, pour pouvoir
choisir le chemin qui conduit au ciel.
« Celui qui croit au Fils a la vie
éternelle ».
— Crois-lii cela?
— Oui, je l’ai lu dans la parole de
Dieu.
— Qui a prononcé celle précieuse
déclaration ?
— C’est Jésiis-Chrisl lui même ; c’est
le Dieu de vérité.
— Tu crois donc à celle promesse.
—• De tout mon cœur.
— Alors lu es sauvé, et A la fin de
ton voyage tii seras avec Je Seigneur
pour toujours.
—‘ Je l’espère.
— Ecoute, ami lecteur, lorsqu’un
ami fidèle à toute épreuve le déclare
solennellement qu’il le recevra dans
sa niaison, ne crains*lu pas de l’offenser en lui disant que iu espères
qu’il en sera ainsi , que lu as lion
espoir qu’il mainliendi n sa parole ?
Jésus, ton meilleur et ton plus fidèle
ami te déclare qu’il vent te donner
la vie éternelle, et le recevoir dans
son paradis... Ne va pas lui dire seulement que lu espères, fais plus que
eela. Aie parfaite confiance en lui, cl
considère Ion salut comme un fait
acquis, comme une chose certaine.
Crois en lui avec toute la force de ton
âme, place en lui une confiance par
faite, ne doute pas un instant de ses
promesses. Tu les lis dans celle parole
qui ne passer.a point quand même le
ciel et la terre passeraient.
Demande au Seigneur d’augmenter
ta foi, de la fortifier, et puis ne crains
rien. L’Eternel l’a dit, cl il le fera.
Atiendsdoi'à l’Eternel.
Vu voyageur.
In arc-ei|-ciel
Lire Apon. iv, 3.
En contemplant la gloire divine rayonnant du trône éternel dans toute
sa pureté cl toute son intensité, Jean
vit aussi ce trône environné par l’arcen-ciel de la miséricorde, semblable A
une émeraude. Son œil ébloui, accablé
par la splendeur excessive des rayons
consumants des autres perfections de
Dieu , se reposa avec délices sur la
nuance agréable et salutaire de l’arc
de la paix.
Noé vit ce même signe de la miséricorde lorsque les dévastations du déluge eurent cessé. C’est noli’C privilège de contempler spirituellement le
même symbole de paix dans le sacrement de l’amour de notre Sauveur, et
de nous réjouir dans le triomphe de
cel amour sur la justice de Dieu vengeur du péché. Sa colère, il est vrai,
est révélée contre toute iniquité, mais
en même temps le soleil de sa miséricorde se lève sur le pécheur repentant , et parle de paix à son cœur ,
comme autrefois à Noé et A Jean. El
landisque , d’un côté brille le soleil
dans sa force et dans sa gloire, et que,
de l’autre, Ja nuée sombre s’abaisse,
et la pluie tombe plus serrée, l’arcen ciel parait pins éclatant et plus beau.
Ainsi lorsque la conscience réveillée
contemple sous sa forme la plus redoutable et sous son aspect le plus
accablant, la rigueur de la justice divine, alor.s môme la compassion devient
plus éclatante et nous inspire la plus
douce confiance.
Au premier moment le novice en
expérience chrétienne regarde presque
6
avec désespoir' l’obscurilé el la pluie
el craignanl le déluge de la colère el
dn jiigemenl il s’écrie: misérable que
je suis, qui me délivrera de ce corps
'de morlï (Rom. vid, 24). Mais levant
immédialemenl les yeux sur l’arc de
la miséricorde dn Sauveur, il y découvre le trésor inépuisable de grâce
préparé par l’amour de Dieu , par Celui
même qu’il a offensé. Alors, transporté
d’admiration et de gralilude il s'écrie
avec l’apôlre: je rends grâces à Dieu
par Jéeus-Cbrist notre Seigneur, Lâ
où le péché a abondé, la grâce a surabondé.
Lü inâiine eachée
A poc. IT J
La manne est appelée cachée, à deux
égards : d'abord , la manne n’avait jamais éié la nourriuire de rbomme, el
Israël ne savait ce que c’était, jusqu’à
ce qu’il lui fut dit que c’était le pain
que Dieu lui avait donné. Elle se conservait enveloppée dans la rosée, et
se fondait lorsque la rosée s’évaporail.
C’est de cette nourriture que les en-fanls d’Israël subsislèrciti pendant quaranle ans. Mais celte manne était un
myslère ; elle avait une significalion
cachée; elle représeniait la chair de
Cbi'isl (Jean vi, 4d à 54).
Celle figure est merveilleuse el frap- !
pantc sous- deux rapports : I
1“ La manne n’était pas la nourrilure habituelle de ¡’homme, donnée
à Israël dans le désert où l’on ne pouvait faire ni semailles ni .moissons,
elle n’élait pas comme tout autre nourriture, le fruit du travail de l'homme,
selon la dispensation originaire de Dieu,
quant àrboiQme déchu (Gen, iii, 19).
De même la chair de Christ, dont le
véritable Israël se nourrit, ne fut pas
formée comme toute autre chair; un
corps lui fut préparé dans le sein de
la Vierge par faction immédiate du
Saint ICspi'il.
Ce fut une ciiose nouvelle sur la terre
(Gébbm. XXXI, 22); el comme Israël
se nouiTissail d’une manne pour la
quelle il n’avait point travaillé, de
même nous obtenons les hénédicltons
du salut de Christ, non par notre (ravaii, mais par la loi ( Jean vi , 29 ).
2" La manne tombant dans la rosée
et avec la rosée, représente Christ qui
est donné aux pécheurs dans la prédication de l’Rvangile.
La manne cachée, ici promise, est
une allusion à la manifestation de la
gloire de Ciirisl accordée h son peuple
lorsqu’il marche dans le sentier du
devoir ( Jean xiv, 23 ), aussi bien qu’à
la pleine possession de Christ dans la
gloire.
floimelles rcligieiisics
■ et faits divers
Italie. — La fameuse réparation à
laquelle la population de Rome avait
été invitée par le cardinal-vicaire a eu
lieu, et tout s’est passé fort tranquillement , trop tranquillement même,
au gré des promoteurs qui auraient
bien souhaité un peu plus de bruit et
surloiu d'eniliotisiasme. Le soir de ce
même jour M. Ribelli donnait da ■ la
chapelle vaudoise une conférenc. ^ui
avait été, ainsique les précéoenles,
annoncée par un placard portant ces
simples mots Gloria a Bio so/o/Monsieur Ribelli aurait voulu ajouter à ce
titre; pasposio dai preti'alla sua creatura, mais la police n’a pas cru pouvoir
aller jusque là, el peut-être a-t-elle
bienfait. La chapelle, assure le correspondant du Journal de Genève, était,
ce soir là, plus remplie qu’elle ne l’eut
jamais été.
— Le dernier numéro du Crisliano
Evangelico était à moitié rempli de très
bonnes nouvelles, concernant notre
émugélisalion en Italie, el spécialement
la manière dont les fêles de la Passion
cl de Pâques se sont passées dans nos
différentes stations. Pai’loul à liiesi, à
liio Marina, û Pietra Marazzi, h Milan,
à Brescia ( nous aimons à croire que
nous apprendrons la même chose de
nos autres stations), en sus de non-
7
velles admissions plus ou moins nombreuses, des assemblées considérables
ont rempli les xbapelles, au point que
dans lelles d’enlre celles-ci (à RioMarina par eî!. ) on ne trouva plus de
place; parloul aussi de nombreux communiants , très recueillis se sont approchés de la Table sacrée. Un essai
fait à Milan d’une Lectrice de la Bible
a donné, paraîl-i!, les résultats les plus
encourageants.
Nos lecteurs apprendront avec plaisir
la réimpression que vient de faire à
Genève, le célèbre éditeur Fick, de
Histoire de la glorieuse rentrée des
yuudois dans leurs Vallées par Hetiri
Arnaud. Ce volume devenu plus que
rare, introuvable, même après l’édition
qui en avait été faite, il y a une trentaine d’années, à Neuchâtel, sera maintenant à la portée de tous ceux qui
voudront le posséder, en un beau vol.
petit 8° de 358 pages, sur papier fort.
France. — Le Ministre de l’Instruction publique , M. Fen-y cédant, en
môme temps qu’à ses inclinations personnelles , à la pression exercée sur
lui par les meneurs du libéralisme ecclésiastique, vient de nommer de son
chef et sans consulter les Consistoires
(chose contraire à tous lesantécédents)
un professeur et un chargé de cours
à la faculté de théologie de Paris. Le
professeur est M. le pasteur Viguié de
Nîmes, homme d’ailleurs de beaucoup
de talent et honorable , mais auquel
sou rationalisme accentué avait déjà
fait refuser une fois la chaire pour laquelle il s’élail porté candidat à la
laculté de Monlauban. Le « chargé de.
cours» est lil. le pasteur Bonel-Maury,
d’un libéralisme beaucoup moins accentué, dit-on, que son futur collègue,
mais auquel, — précisément à cause
de cela, — on reproche de s’êlre prêté
à une mesure aussi pleine de périls
pour la cause de l’Evangile et pour
l’avenir de l’Eglise réformée de France,
que celle qui a été adoptée par le ministre.
— Un journal de ce pays, le Progrès
de l’Ain annonce que les insliluteurs
congréganistes { ecclésiastiques ) de ce
déparleraeni, voulant se mettre on règle
vis-à-vis de la loi qu’on s’allend à voir
adopter, et substituer à la lettre d'obédience de leurs supérieurs qui leur
avait suiii jusqu’ici, le brevet élémentaire par l’Etal, se sont présentés
à l’examen qui devait leur conférer ce
brevel. Or veut-on savoir combien, de
79 qui se sont présentés à cet exarnen^,
ont réussi à obtenir le brevet désiré?
-- Deux!!! Il faut avouer que l’insIruclion élémentaire était en de bonnes
mains en France! Sera-t-elle en de
meillenres mains quand (ainsi que
cela est très à craindre ) elle sera passée
aux mains d’institiileurs dûment bréveiés, mais plus ponrvus encore de négations que de science ? et les deux
maux ne se vaudront-ils pas ?
Angleterue. — L’œuvi'e de Dieu
dans ce pays vient de perdre un de
scs ouvriers les plus actifs, et les plus
dévoués, M“'® Banyard, la fondatrice
de rinstiinlion dite des Bible womans
(ouvrières de la Bible). Ces femmes
choisies avec beaucoup de soin et de
disccniemenl parmi les plus pieuses
d’cîiLre le peuple, et qui _s’en vont de
bouge en nouge lire la Bible cl^ prier
avec de pauvres fe.mme.s étrangères a
toute vie religieuse ne fréquentant la
plupart du temps 'aueun culte, êt leur
apporter les témôignages de la sympalie et de la charité des femmes de la
classe élevée, ont fait à Londres, d’abord, et dans beaucoup d’autres lieux
un bien incalculable. Après avoir cornmencé en 1857 par une sonie, M“®
Banyard en était venue à pouvoir disposer pour l’accomplissement de sa
grande lâche, d’un bataillou de 171
ouvrières de la Bible, 70 gardes rnalades, 10 autres vi.sileuses^appelées
pionnières, :pl tout ce monde travaillant sous la diiection et avec l’appui
de 173 dames appartenant aux classes
aisées. Toujours par son moyen avec
l’aide des collaboralrices qu’elle s’élail
données, 170.000 Bibles on Nouveaux
Testaments ont été dans l’espace de
ces 21 ans placés (c’est-à-dire vendus
et non donnés) dans des famille»dont
un grand nombre, sans celle œuvre,
n’auraient peut-être jamais connu le
Sauveur. — Quelle preuve, à ajouter
à tant d’autres, que les petits commen-
8
V.144
céments sont ceux sur lesquels notre
Dieu se plait à mettre sa bénédiction !
Allemagne. — Les dépenses annuelles pour rinslruction élémentaire en
Prusse seulement, s’élèvent en chiffres
ronds à 77.500.000 de marcs, équivalant à francs 96.875.000 de notre
monnaie.
Pensées
Les habitudes sont des attaches, des
chaînes. On les contracte sans s’en
apercevoir, souvent sans^ y trouver de
plaisir; on ne peut les’ rompre sans
douleur.
Nous devons être à chaque moment
à la disposition du Seigneur, et nous
garder de nous établir ici-bas, comme
si nous deîions y rester toujours... Cependant ne faisons, rien à .la légère
et négligemment.... Nous qui ne durons pAs, fiusons des œuvres cfui durent.
L’enveloppe où le papillon était emprisonné ne se brise et ne tombe que
lorsque les ailes ayant poussé à l’inseciê> elles font, en se déployant, édater sa triste enveloppe. On ne commence ¿1 se détacher du monde que
lorsqu'on a appris k connaître quelque
chose de mieux: Jésus Christ.
VlNET.
Les temps d’iWe Iranriuille prospérité sont, presque toujours, dans la
vie des hommes et des nations, des
temps de' tiédeur et d’indifférence.
itaüe. ^ La Chambre des députés a »épris ses travaux, mais comme
à l’ordinaire après des vacances elle
ne s’est pas trouvée en nombre. Ce
n’est que lundi dernier, qu’à la suite
des instances et des menaces de son
président, elle a pu voter des projets de toi déjà discutés. Deux objets
importants sont à l’ordre du jour: les
chemins de fer et la nouvelle loi électorale.
Pendant que les Chambre.s ne siégeaient pas se réunissaient à Rome,
sons la présidence de Garibaldi, les
l'cprésenlanlsdu parti soi-disant avancé,
ils ont constitué la ligue démocratique^
laquelle, selon le manifeste de Garibaidi, a pour but de rendre la nation
arbitre de ses destinée par le suffrage universel et par autre chosé encore’, de l’elever ■ îe sort des classes
pauvres etc..
La ligue emploiera, pour arriver à
ses fins, les moyens pacifiques et légaux, mais si le gouvernement met
des entraves à la réalisation de ses
plans, gare à lui! il sera responsable
du mal qu’en pourra advenir et forcera
la ligue à employer d’autres moyens que
ceux qui sont prévus. C’est ainsi qu’un
citoyen se permet de se mettre au
dessus du Gouvernement, du Parlement lui-même. — Garibaldi, député,
se soucie bien de's Chambres; après avoir
tenu son parlement démocratique et
républicain, il est parti pour Ariccia
aux environs de Rome, afin d’y soigner sa santé.
A Rortïe à eü lien la procession! ou
la démonstration déstinee à réparer
l’injure que les impies ont faite à la
vierge Marie. Ces impies qui sont-ils?
Les évangéliques qui veulent que les
hommes donnent gloire à Dieu seul
et ne la prodiguent pas à une de ses
créatures, quelqiïe respectable et bénie qu’elle ait été: — Selon fes journaux cléricaux cent milles personnes
auraient pris part à celte matiifeStalion,
mais YÎtalie, qui n’est pas suspecte,
réduit ce ciffre à celui de dix' miïfe,
y compris un très grand nombre de
curieux. . '
JPrtmce. — Les évêques et les
journaux ultramontains continuent leur
croisade contre les projets de loi du
ministre de l’instruction publique.
EmtBST ROBÉttT, Géran t et Administrateur.
___________ ■ _________.__ ■ . • ■ . . ■ t. .
Pignefol, Tmpi. Chiaiifore ef MàiscaréBL