1
Septième armée.
IV. 16.
19 Avril 18T3.
L’ECHO DES VALLÉES
FHUILIÆ 11 EBDOMADA IH R
Sjiccialcmnil coiisncréc uiix intérêts matériels et spiritnels
lie In Famille Yandoise.
Quts CüuCes tes choses qui sool véritai>les.
vos pensées — i, riiilifipiens., IV. 8.)
uceiipeni
PRIX D abonnement :
Iiiill«, H <li*iiiiirile ,in> itn. l'r. 3
'Puisse.........................• r>
Fran.’e •
\ llHinâfne
AnpleietTf* . rav-s-Has » S
f'n numéro .sep/n'P' f» .*îîiiI
Vu nunfrrn tinuere : lucent.
BOHEAUX D’aBONNEMINT
T<>nnK-l‘r.r.i u'E . Via Maestra,
X . 4'3. ( A(jen :i<i h\h! ingrnfìr-i)
l'M'îNKRt)t. : J Cliìniiiove Impr.
TruiN '.JJ. Ti‘on, via LagrAnpe
près le tN. 22.
^Kî.orknok : î.ihvrY>a Evange® Uni. via ileT'anzani.
ANNONi'IOS : 5 cen»,. la ligne
ou portion fie ligne.
I.ettres et eiivoi.s ivtoico. S’a
dresser pour T ad in in i si rat son<iu Bureau d Tory .r-Pellice,
via .Maestra N. -12 — polirla
rédat'tion : à Mr. E. Malan
Prof • à Torre-Pelice
î»W>m üïaii'o.
Lc.s conlV'.ri'Mcr’s dt» l'Iori'iicc. — Lf.s
Missions on Cliiiu'. — Corrrspoiifi'inn’. —
Caleniirier a|iicolo. — Sourrlka rdiijiruxcu.
— Ecaxujélisulion. — Chronique Vaudoüe.
— Chronique polUiquc.
LES CO^FÉREM;ES DE FL0RË^Ce
Nous avons dit que les conférences de Florence n’avaient pas
eu pour but d’établir des lois pour
l’Evangélisation; cependant ou se
tromperait si l’on croyait qu’il n’y
a eu dans la chapelle du palais
Salviali que des discours accadéloiques. Dans tous les travaux que
nous avons eu sous les yeux, nous
avons trouvé un but, une intention
pratique, qui s'est exprimée dans
quelques propositions, qu’une commission nommée dans la seconde
séance a été chargée d'étudier pour
en référer-à l’Assemblée le dernier
jour des conférences.
Le rapport de M. Combe, dont
les idées et les sentiments ont eu
l’approbation générale,n’a pas donné
lieu à une bien longue discussion;
le rapporteur lui-même a insisté
pnriicLilièrement sur la conclusion
de son travail, dans laquelle il
exprimait cette pensée que l’Eglise
Vandoise a le devoir d’évangéliser
riUalie, comme elle en a le droit,
ne faisant en cela que continuer
l’œuvre des anciens vaudois. —
La question faillit être traitée ensuite par son côté le moins étendu,
etle moins important, savoir; si les
nouveaux convertis devaient à l'avenir porter le nom d’évangéliques
ou d’évangéliques vaudois. Chose
singulière! les représentants les
plus éloignés de l’Assemblée, M.
Vandale député de l’Eglise de
Naples et M. Trapani évangéliste
à Trabia (Sicile) disent, le premier, avoir fait librement adhésion
à l'Eglise Vandoise et le second,
devoir ,coiiserver la dénomination
à'éoangélique vaudois pour le double motif de reconnaissance envers
cette Eglise par l’organe de laquelle
il a reçu la foi, et de participation à
Khonneur de l'Eglise vandoise.
Le rapj)orl de M. le professeur
A. Revfl sur VEglise et VEcole a
donné lieu à une proposition de
M. Ribet, laquelle consiste à exa-
2
-122>
miner l’utilité d'une école préparatoire à établir à Florence, institution où les jeunes gens pourraient recevoir à la fois une bonne
éducation et une bonnesurveillance.
Les motifs sur lesquels M. Ribet
appuie sa proposition , ont une
certaine apparence, vus de loin,,
mais, vus de près, ils sont tous
contestables ou admettent tous des
exceptions plus nombreuses que
la règle; ce que nous pouvons déclarer avec connaissance de cause,
c’est que les jeunes vaudois et les
jeunes italiens finissent par fraterniser parfaitement bién et qu'il y
en a beaucoup de ces derniers qui
ne connaissent pas plus les vices
que les vaudois. L’éducation et la
surveillance, en dehors du college,
sont le côté faible de tous les externats; mais le séminaire, et vous
devrez en venir là, a aussi ses
inconvénients plus grands peut-être
pour l’éducation proprement dite;
nous en avons eu des preuves et
des exemples récents dans des établissements de ce genre que nous
connaissons bien.
M. Malan (Messine) demande
au rapjiorteur s’il croit que, pour
évangéliser en Italie, il est indisjiensable de sortir d’une école italienne. M. A. Rével répond qu’il
n’a pas entendu dire autre chose
si ce n’est qu’une culture italienne
est nécessaire; les feits seraient
contre lui, s’il allait plus loin, et
ces faits s’appellent Combe de Venise, 'rurin de Milan, Selli de
Verone et Ribet de Rome etc. ;
mais comme nous avons à Florence
une école de théologie, il pense’
que'nos jeunes étudiants doivent
en profiter pour y acquérir, avec
la science théologique, la cnlture
italienne. Jusques-là parfaitement’
L’orateur ne veut pas qu’on ôte
aux étudiants la liberté d’aller
étudier ailleurs qu’àFlorence, mais
il laisse entrevoir qu’il n’aime
pas cette liberté des études di
cui taluni menano gran rumore,
cette idée séduisante, che all'atto
pratico non è scevra di gravi inconvenienti. Il voudrait qu’on ne
la laissât subsister qu’après le
triennium. Ainsi pas de liberté pour
le triennium. M. Rével ne demande
pas absolument, pour le moment,
que l’autorité compétente prenne
des mesi res contre cette liberté ,
ou la restreignë, mais comme cela
pourrait arriver, et peut-être bientôt, sans faire grand bruit, nous
tenons à profiter de cette occasion
pour exprimer notre conviction que
la liberté dans le choix de l’école
ne doit être limitée que par des
raisons de moralité ou de doctrine,
qu’il faut, en dehors de cas exceptionnels, la conserver toute entière,
non seulement par amour pour la
liberté en elle-même, mais dans
l’intérêt des éludiaiits. dans celui
des études, dans celui de nos paroisses et même dans celui de
l’Evangélisation. Nous ne pouvons
aujourd’hui, dans cette brève revue
des conféiences de Florence ,
donner nos raisons à l’appui de
notre conviction; peut-être auronsnous l’occasion de le fivire plus
tard ex professo; nous avons aussi
la certitude que notre école de
théologie ne perdra rien au maintien
de cette liberté, mais y gagnera.
La proposition de M. Turin
d’examiner s’il ne serait pas utile
d’avoir dams l’école de théologie
ou à côté d’elle une classe ou une
école où pussent étudier ceux de
3
-123
nos frères qui désirent devenir
évangélistes, mais qui n’ont pas
fait des études préparatoires suffisantes et qui ne sont plus dans
la position de les commencer, a
été appuyée et renvoyée à la Commission des propositions. Elle mérite certainement d’être prise en
sérieuse considération ; mais il ne
sera pas facile de la réaliser.
Nous avons lu ensuite avec plaisir le travail de M. Aug. Malan
de Messine sur la manière et les
moyens d'évangéliser mie ville et
d'y fonder une église. Ce travail
tout à fait pratique est le résultat
de l’expérience de cet évangéliste;
il n’a pas donné lieu à des propositions proprement dites; les principales observations qui ont été
faites ont roulé sur la polémique
et surtout sur la question de savoir si l’Evangéliste ne doit pas
aller là où il n’est pas appelé,
comme l’a soutenu le rapporteur,
ou le contraire'. M. Ribet dit avec
raison qu’il ne doit pas aller là où
il sait qu’il ne peut pas rester d’une
manière définitive.
Le travail de M. B. Pons sur les
meilleurs moyens d’édifier et de consolider l’Eglise n’a été publié que
sous forme d’extrait; et nous doutons fort que ceux des lecteurs qui
n’ont pas eu l’avantage de l’entendre puissent se faire une idée claire
et précise d’un discours qui a duré
deux heures, sans fatiguer l’attention des auditeurs, suivre).
L’ŒUVitË DËS $!I8SI0P18 M 9871
III. — EN CHINE
Deux-cents missionnaires étrangers ont
travaillé dans ce pays pendant l’année 1871.
Hais quelque considérable que soit ce nom
bre d’ouvriers, il est bien petit pour un
pays do 400 millions d'habitants. La plupart de ces missionnaires sont anglais ou
américains et ont été à l’œuvre dans les
villes du littoral, l’intérieur n’étant accessible qu’à de hardis pionniers. Cependant
quelques stations ont été fondées assez
avant dans les terres, sur la demande
instante d’indigènes convertis. On a récemment accusé d’imprudence les sociétés
qui, malgré le vœu des autorités chinoises,
ont aventuré leurs ouvriers et leurs ressources loin des ports ouverts au commerce. — Comme s’il était toujours possible d’agir avec prudence, ()uand il est
question du royaume de Dieu i Un intrépide écossais, le D' Williamson, a parcouru eu éclaireur, tout le Nord de l’empire,
la Mantchourie, même une portion de la
Mongolie, semant sur son passage des,
évangiles et des traités Les résultats de
ses investigations sont consignés dans un
volumineux ouvrage qui fait du bruit en
Angleterre.
Une conférence do pasteurs indigènes a
eu lieu à Fou lchou, sous la présidence
de quatre missionnaires américains. Elle
avait pour objet de travailler à l’affranchissement des églises. 'Entre antres décisions, on prit la suivante: l’Eglise indigène s’engage à payer une proportion
spécifiée du salaire de ses pasteurs. Cette
proportion augmentera chaque année, et
la quote-part fournie par la Société missionnaire sera diminuée d’autant.
Voilà une résolution qui fait l’éloge do
nos frères chinois; et nous connaissons
assez l’enérgie persévérante de cette race
de travailleurs, pour être assurés qu’elle
fera honneur à ses engagements.
Un des traits les plus caractéristiques
de l’œuvre missionnaire en Chine , c’est
sa tendance de plus en plus prononcée à
s’accomplir surtout par le moyen des indigènes. Ceux d’entre eux qui appartiennent à la classe lettrée, apportent au service
de Dieu des connaissances littéraires et
des dispositions oratoires qu’on peut utiliser dès le premier jour. On leur fait faire
quelques éludes théologiques, on les exerce
à la prédication, puis, dès qu’ils ont fait
leurs preuves comme évangélistes, oa
les consacre au saint ministère par L’im-
4
-124
posilion des mains. De ces pasteurs indigènes, il n’y en a pas moins de 182 à l’œuvre, ce qui est beaucoup pour une église
qui ne compie encore que 6500 communiants.
Quelques-uns sont des iiommes remarquables, et leur, succès dépasse de tieaucoup celui des missionnaires de l’Occident.
Enfin, depuis peu, la mission médicale
a pris une grande importance en Chine.
Des hôpitaux ont été fondés dans les centres
commerciaux oüraggloméralion excessive,
l’insalubrité du climat, la mauvaise nourriture, engendrent des maladies pernicieuses que l’art indigène est impuissant à
guérir. Dans le courant do celte année, des
milliers des malades y ont trouvé la santé
ou une notable amélioration, et un grand
nombre se sont .converlis à la voix des
infirmiers et des médecins, tous hommes
de Dieu pour lesipiels l’art médical n’est
(ju’un instrument au service du iMaîIre.
Uno des plaies de la Chine, grâce à
l’Angleterre, c’esi l’opium. Ses ravages
sont effrayants. Un chimiste ayant récemment découvert un rémède infaillible pour
guérir de la passion funeste qui plonge
des milliers de chinois dans la misère,
nos médecins se sont hâtés de s’en procurer; le D' Parker écrit que des centaines
de ménages doivent leur bonheur à ce remède qui remet les pères de. famille en
état de gagner le pain de leurs enfants.
On sait que pendant longtemps le peuple
chinois avait noblement résisté è l’attrait
de l’opiutn. — Malheureusement sa résistance a été vaincue, et le mal a pris des
proporlions gigantesques. Des terrains qui
produisaient autrefois du blé en abondance
sont aujourd’hui couverts de plantations
de pavots; le peuplé manque de pain et
se dédommage avec de l’opium; les mand.arins, eux-mêmes, se sont mis à en
prendre; bref, l’empire est menacé d’une
désorgani.sation générale. Des voix généreuses se sont élevées contre ce commerce
•honteux dans le Parlement anglais, mais
en vain pour cette fois encore, ainsi que
nous l'avons déjà rapporté précédemment.
Au commencement de l’année 1871, l’Europe a été tout-à-coup péniblement surprise par la nouvelle que le Gouvjîrneraeot
chinois veuaU d’envoyer à ses agents et
aux ambassadeurs'européens une circulaire menaçante pour les intérêts de la
religion , et partant pour ceux du commerce. Celte circulaire; — 1” Réclamait
la fermeture des orphelinats ouverts par
les étrangers cl la déportation des femmes
missionnaires. — 2' Elle interdisait aux
femmes chinoises la frétiuenlalinn des lieux
destinés au culte chrétien. — 3' Elle annonçait ((ue dorénavant les missionnaires
étahlis ailleurs f|ue ilans les cinq ports
seraient soumis à la juridiction chinoise,
e’est-à-dire livrés à la merci de l’arhilraire
d-es gouverneurs. — 4’ Elle donnait aux
mandarins le pouvoir de s’opposer à la
conversion des indigènes.—5’ Elle exigeait
ipte les missionnaires rendissent aux maudarius les honneurs ordinaires (prosternation ).
On crut en Europe que la Chine voulait
profiter des malheurs de la France. C’était
une erreur. C’est aux sœurs de charité do
Tienlsin (port de Pékin) que le monde est
redevable de celle surprise. Ces pauvres
filles, dans leur désir de convertir le plus
d’âmes qu’il était possible, avaient eu l’ingénieuse idée de fonder sous le nom d’orphelinat une vérilable manufacture do
baptêmes. Elles recueillaient des enfants
maladifs, en danger de mort, et se hâtaient de les administ7'f)\ Une fois morts,
on lesenterrait dans le cimitière catholique
avec les cérémonies usilées. Pour accélérer leur œuvre pie , elles imaginèrent
d’acheter les enfanis malades qu'on leur
apportait; bientôt des industriels chinois
prirent l’habitude do faire à leur intention
des razzias dans la campagne. Le cimetière
se peuplait rapidement de petites tombes,
et le ciel romain , d'âmes baptisées. Mais
l’éveil ayant été donné aux habitants de
Tientsin par la fréquence des convois fu*
nèbres, on se rua sur la maison dos religieuses, qui furent massacrées avec quelques prêtres qui se trouvaient là.
En quelques jours, toute la C]iiue le sut,
l’allilude du peuple envers les étrangers
devint menaçante, il fallut abandonner
quelques postes avancés, cesser les prédicalions publiques, même, eu certains lieux,
se soustraire à la mort par une prompte
fuite. C’est alors, et sous la pression do
l’opium, que l’Empereur publia l’ordoa-
5
-125
nance q\ie nous avons résuméo. Ce sont
les catlioliques qui ont couru le plus gramls
dangers, mais la position est devenue
également riiflîcile pour les missions protestantes. Le Gouvernement anglais, après
avoir fait quelque temps la sourde oreille,
a pris enfin les plaintes des missionnaires
au sérieux. Du reste l’Empereur de la
Chine n'a pas poussé les choses à l’extrême.
Les missionnaires retournent sans bruit fi
leurs poste et ceux de Ticnlsin mêmes ont
repris leur activité. N'oublions pas toute
fois que l’épée de Damoclès est encore susfieudue au dessus de leurs têtes. — D’autres actes de violence et de persécution
ont encore eu lieu surtout contre les missionnaires indigènes. Jamais peut-être,
nous dit M. Glardon, l’œuvre de Dieu en
Chine ne s’est trouvée dans une position
aussi critique.
Corrc6ponbaucc.
Nimf'gue, 3 avril 187'2.
Monsieur le Rédacteur,
Les Pays-Bas viennent do célébrer, le
premier avril, l’anniversaire d'un événement qui a été le fondement de la liberté
dont ils jouissent. Lorsqu’ils étaient soumis au joug de l'Espagne, Marguerite de
Parme résidait à Bruxelles en qualité de
gouvernante des Pays Bas. Trois cents nobles hollandais, exaspérés de l’intolérancc
, du roi d’Espagne, se rendirent auprès de.
la gouvernante pour lui exposer leurs
griefs. Elle se disposait à les écouter lorsqu’un gentilhomme de sa cour s'avisa de
dire, ce ne sont que des gueux. Le i' avril
,, 1.Î72, quelques uns do ceux-ci débarquè^ rent à la Brielle dont ils s’emparèrent;
ce fut le point de départ des longues
> guerres qui finirent par la ¡libération du
sol hollandais. Pourquoi, quand et c'bmment est-il venu à l’esprit de quelques
bons patriotes de célébrer cet événement
trois fois séculaire? peu importe; ce que
,^je sais, ,c’est qu’il est toujours beau de
yoir un peuple fêler son autonomie; les
fêtes nationales raffermissent le patriotisI .me, retrempent les aspirations à la lil'berté.
I
.\ux Vallées, on croit votonliors (]ue lous
les hnllandais sont proloslanls, cela vient
de ce (pie ce pays-ci a fait et fait encore
pour les Vandois. La population, en Hollande, est do (rois millions et demi, dont
doux millions sont protestants; les catholicpios appartiennent, pour la plupart, à la
basse classe, et c’est sur cette classe que
li's prêtres ont exercé leur intluenco afin
d’euifiêcher ou, au moins, d'entraver la
f(Me du premier avril. Lotie fêle n’est pas
pour eux un jour de réjouissance; du
haut de la chaire, h's curés ont ordonné
à tours ouailles de prendre , non la cocarde nationale, mais la cocarde do deuil ;
cela a été fait do sorte ipie, lundi passé,
la religion se reconnaissait é la boulouni(TP,
Le jour que tout bon hollandais regarde
comme l’aurore de la liberté, les prêtres
le regardent comme le commencement de
leur abaissement. Pour eux le mot égalilé
doit signifier : suprématie cléricale.
Les journaux ultramontains ont fait de
leur mieux afin do dénaturer le vrai caractère de cette fête nationale; ils la faisaient considérer comme une manifestation contre la religion catboliijue ; ils regrettent sans doute les jours d’oppression
sous le féroce Duc d’.Mbe qui, d'après sou
propre aveu. lit périr en peu de temps
dix-huit mille six cents personnes par la
main des bourreaux !!!
A Bréda et à Bois-le-Duc, où les catholiques sont en majorité, ils ont forcé des
libraires de retirer do leurs vitrines
des slatuetles et des gravures représentant les héros de la lutte contre l’Espagne,
on a brisé des vitres; à Breda on a été
même jusqu’à crier: Vice l'Espagne!! mah
ce cri n’est point un hommage pour l’E.spagne, c’est un cri de haine pour la li»
berté dont jouissent juifs et protestants;
il vous donne le niveau du patriotisme
de ceux qui le font pousser. Les prêtres
ont-ils une patrie?
A Nimègue où les trois quarts sont catholiques, on a bri,sé les vitres chez un
libraire et deux soirs de suite chez un
pauvre charcutier sous prétexte qu’il avait
insulté un curé, chose tout à fait fausse
d’après là déclaration que le curé luimême inséra dáosles journaux de ta ville.
6
-128
Si l’autorilé n’avait aussitôt pris îles mesures en faisant arrêter les perturbateurs
et en déerétant la loi martiale, je ne sais
à quels excès se seraient portés ces fanatiques
Toutefois il n’en a pas été ainsi partout;
dans bien des villes la population catholique s'est associée aux protestants et
tous ont chanté: vive la liberté!
En juin 1871 a eu lieu une fête en
l’honneur du pape; les catholiques ont
fait autant de bruit qu’ils ont voulu ; pour
orner leurs demeures et les rues, ils ont
même volé des fleurs et dos arbrisseaux
la nuit, trompette en tête, par bandes de
trente ou quarante, ils ont ravagé des
parcs et des jardins, on les a laissés faire,
l’autorité n’a-t-elle pas pu ou n’a-t-elle
pas voulu les empêcher ? Je finis par un
petit fait. Lors de la fête papiste, un médecin, chaud défenseur (de l’ultramontanisme , a ¡écrit sur son transparent: Pie
IX, pierre angulaire du pouvoir. Or, le
l' avril mon voisin le pasteur T. H. a
écrit sur le sien: Guillaume d’Orange,
pierre angulaire de la liberté. Voilà l’ul •
tramonlain et le libéral : l'un magnifie le
pouvoir, l’autre la liberté.
Je vous laisse sous cette dernière impression et vous fais mes excuses de vous
écrire si longuement.
Votre affectionné
E. Peybot.
CALENDRIER APICOLE
Avril.
Le moment des essaims approche; on a préparé les ruches pour
les loger; celles à rayons mobiles
doivent être bien construites, les
cadres doivent pouvoir glisser trèsfacilement dans les rainures qui
auront deux centimètres de largeur
sur un de profondeur.
Ce serait un mauvais apiculteurmohiliste que celui qui négligerait
de donner à chaque cadre de ses
ruches neuves, le rayon rudimentaire qui doit diriger et bien acheminer le travail des abeilles. Quand
ee bout de rayon n’aurait qu’une
longueur de quelques centimètres,
il serait suffisant.
C’est le moment de réunir les
essaims faibles en population et
pauvres en nourriture ; cette opération doit être faite le soir après
le coucher du soleil. — On garde
la ruche qui est dans les meilleures
conditions; on dépouille l’autre;
celle qui doit adopter des abeilles
étrangères continuera à garder sa
place.
Les ruches qui n’apportent pas
du pollen sont orphelines, il faut
en réunir les abeilles à une autre
ruche.
Il ne faut pas oublier de donner
la chasse aux guêpes qui viennent
en ce moment roder autour des
ruches; elles sont toutes femelles
fécondes, mères futures d’autant
de guêpiers qui se logeront dans
le voisinage de notre rucher.
Détruisez aussi la fausse-teigne
(lacamola) mais rappelez-vous que
le remède infaillible contre les attaques de cet insecte, tant redouté
des apiculteurs, c’est la force des
colonies. Un Apiculteur.
iiauücllcô religieuses
Les deux premières séances du P. Hgacinte. .
Le P. Hyacinthe a eu ses premières
séances à Home dans la salle du théâtre.
Argenlina. L’auditoire était composé d’.àuglais, d’Américains, de quelques Français
et do très peu d’Italiens. — Le sujet dont
je veux vous entretenir, dit le père Hyacinthe, dans la première .séance, c’est la
réforme catholique. Je n’exprime ici que
mes idées personnelles; ce serait à tort I
qu’on verrait en moi le représentant d’un j
parti religieux. On me compte au nombre |
des anciens-catholiques. Cette désigualionj
est impropre et défectueuse. Je suis colho-j
ligue réformateur, et ce nom vous diti
assez_ce que je veux. Je veux la réformej
de l'Eglise catholique, mais je ne veuxj
Cas de schisme. Le .schime éclatera pro-i
ablement, mais nous, les catholiques ré-j
formateurs, nous ne l’aurons pas provoque^
7
Pt nous n’en aurons pas été les ouvriers.
Nous ne nous séparerons pas do l’F.fîlise,
et rien ne pourrait nous Séparer d'elle.
« (}ui nous séparera de l'ânlOnr de Christ ,
a dit Saint Paul. L'aniolir de Dieu, l'unité
de Dieu, c'est l'nnilé do l’Eglise.
Mais le l'roiJlièli* a dit; « sorler. clc Babylone, vous (|iii ôtes mon peuple, et no
vous souillez point à ses iniipiilés». — Je
n'ai jamais apiiarlenu à c('tl(! école qui
\eut, à tout prix, écarter deJ’Eglise Catholique l’erreur ou le péché; la vraie conscience, celle qui se respecte et qui veut
rester saine, ne saurait admettre (|ue l'erreur commise par l’Eglise n’est pas une
erreur. L’Eglise, eu elle-même, est pure,
mais elle est lomt)ée entre les mains des
hommes ; et c’est un miraole ipie l’élément
divin ail traversé les siècles; l’élément
humain lonlerois s’y est mêlé et l’a corrompu. L’Eglise reviendra à sou ancienne
s|dendeur et à la vérité. La vérité peut
être cruciliée, elle peut être ensevelie
comme le Christ, comme lui, elle ressuscitera. — Nous croyons fermement que le
pape, les évé(|nes et le Coucile sont tombés dans une grande erreur, qu’ils ont
proclamé une hérésie, mais ils n’eu sont
(las moins le pape et les évêques. Du reste
l'hérésie fut involonlairo, ce (|ui doit la
faiie pardonner. — Nous luttons donc
contre certains actes do l’Eglise, mais non
contre l'Eglise avec laquelle nous voulons
rester. On nous considère comme des
excommuniés, mais c’est à tort que nous
avons été rejeté par l’Eglise; et une telle
excommunication est sans valeur.
Nous voulons la reforme de l'Eglise,
comme la voulait déjà l’abbé Rosrnini,
c’est la seule réforme capable de sauver
l’Eglise et le monde. Le catholicisme est
nécessaire au monde et surtout aux pays
latins. Mais sans doute le monde ne peut
ni ne doit l’accepter sous la forme qu'il
revêt anjonrd’hui. De là l’angoisse uni\erselle. — Déjà au IG” siècle on a éprouvé
ce besoin de réforme et Luther s’est présenté. La conscience allemande, je m’empresse de le reconnaître ( irar l’expression de la vérité ne saurait jamais être
contraire au patriotisme), la con.scienco
allemande est sérieuse, honnête, inflexil)le. « L’allemand, a dit quelqu’un, est un
animal patient, qui snpporte tout, sauf
ce qui pèse sur la consciimce ».J’admire
I.uther, ce cœur profondément chrétien;
l mais Luther toucha an fond même de la
i constitution do l’Eglise, sa réforme tailla
dans le vif; et à vrai dire, ce ne fut pas
seulement une réforme, ce fut une révolution. — La Réformation a fait du bien
au catholicisnie, mais elle lui a aussi fait
du mal. Le bien c’est l’amélioration des
mœurs, c.’est l’indépendance des peuples.
J, Le mal le plus grand c’est d’avoir provo
--------------------------------------------
; nué par contre coup la milice des Jésuites.
I (\ qui la faute? Non point certes a Lu
tiier et à la Réformation).
LO pape, selon le P. ¡Hyacinthe, doit
rester pape. Mais nous devons reformer
l’E-lise avec la Bible et la tradition faire
disparaîlre les abus et réveiller la foi et
la'charité. - L’orateur termine par un
appel à runioM, à la foi et à l’amour do
tous les chrétiens , i|Ui ne seront et no
rievroui ‘1^*
seul bergei’. ,
La seconde coiiféreuco a eu pour sujei
la leelure de la l!iblo En u'est pas le climat qui est la cause de la superioriié des
peuples du nord; mais c'est ()u'ils savent
lire et que la vie de famille est lorlifiée
parmi eux par la lecture de la Bible faite
eu cüiiimun [lar le père de laniille entouré
do sa femme, de ses oufauls et de ses
serviteurs. Pour ipie les nations se relèvent il faut ()iie la vie de famille, se relève. L’orateur |iarle ensuite avec enthousiasme du livre des Juifs où nous n’avous
pas seulement l’histoire la plus merveilleuse, mais où nous trouvons, particulièrement dans les psaumes, les plus grands
cris do joie et do douleur qui soient jamais sortis do l’iimo humaine. Il repousse les prétentions du clergé à garder
pour eux seuls le saint Livre et à ne le
faire connaître que par voie d’interprétation ; il demande [lour le peuple le droit
do posséder et de lire la Bitde. — Le P.
Dyaciolhe avait pour cette seconde conférence encore un auditoire nombreux et
choisi. fA suivre).
©uanjclbatton.
Nous extrayons du journal « A voice
from Italy » le tableau complet des diverses stations de VEglise ilalienne libre
avec le chitfre des communiants de chacune d’elles, excepté Gênes et PoggioMirteto.
Ce sont ; Bassignana avec 50 communiants, — Bologne 71 , — Brescia 27, —
Carravaggio 30. — Carrara 12, — Corno
17, — Edolo 8, — Kara 24, — Floreuco
50, — Gène.', 70 à 80 auditeurs, —
Ghe/./.ano 13 communiants, — Livorno
Vercellese 30, — Milan 400, — Pise 30, —
Pistoia 40, — Poggio-Mirteto ...., — Porto
Ferraio 20, -— Rome 47, — Saint Jean 45,
— S. Mauro Torinese 12, — Sondrio 7,
— Treviglio 31, — Treviso 40, — Udine
24, — Verona 30.
Total 25 stations avec 1058 communiants
plus ceux de Gênes et de Mirteto.
8
128
®lxronic|uc 01ituboise
Quel(|ups personnes en lisant dans l’Eco
délia Vcrilà que le Modérateur avait été
chargé par le président de la Conitnission
d’Evaiigélisation d’inviter aux conférences
de Florence les pasteurs, les professeurs
du Collège et do l’école de Théologie, ont
reproche à la Table de ne pas leur avoir
fait parvenir celle invitation.
Nous ignorions entièrement ce nouveau
devoir; nous sommes allé aux informations et nous avons trouvé en ellet un
billet adressé par M. Prochet au Modérateur Lantaret. Ce billet est conçu en ces
termes: « La Commission d’Evangélisafion
vous invite à vouloir honorer de votre
présence les conférences ijui auront lieu
à Florence.... En vous faisant cette invitation personnelle, la Commission vous
prie de faire savoir à vos collègues de la
Table et à vos collègues les pasteurs,
([u’ils seront les bienvenus s’ils ne se
laissent pas effrayer par Ha distance qui
sépare Florence des Vallées *. — Nous
croyons savoir que M. Lantaret avait de
fort bons motifs pour no pas inviter aux
conférences de Florence, d’une manière
oiricielle, ni ses collègues de la Table ni
ses confrères les pasteurs; mais l’eit-il
fait, il ne lui serait pas venu à la pensée
d’y inviter les professeurs, ou plutôt le
professeur de Ibéologie ()ui n’est pas membre de la Commission d’Evangélisalion..
Du reste pour ce qui nous coucerne,
comme pour plusieurs do nos amis, nous
n’avons pas été empéché par le défaut
d'une invitation formelle de nous rendre
à Florence, bien persuadé que partout où
des confrères sont réunis en conférences,
ils uuns y feront toujours une petite place.
Chronique politique.
Itallo. Le Sénat qui devait reprendre
ses séances le 10 courant ne les a reprises que le 16 pour cause de défaut de
relations sur les divers projets do lois.
Le vacances de la Chambre des députés
ont dû expirer le 15; mais, selon toute
probabilité, il faudra bien du temps avant
(|ue ces messieurs se Irouvelnt en nombre
à leurs postes.
Les journaux cléricaux et autres ont fait
grand bruit du meurtre d’un gendarme
pontifical par dos gardes ‘nationaux ro-'
mains dans- ttnti'gargotte aux environs de
Uome. Les tribunaux sont à l’œuvre, mais
les gendarmes qui ont pris part à la
rixe, dans latfuelle un des leurs, a élé
viciime, refusent de se présenler comnre
témoins. Réfugiés au Vatican, ils jouissent
des immunités accordées au poulife et à
ses serviteurs , et mênne à sa police par
la loi des garanties. — En attendant les *
cléricaux crient à la persèculion et à la
violation dos privilèges accordés au Vatican. D’après I oiQcieuse Opinione, le procès suit sou cours et les gendarmes ont
comparu comme témoins.
Espagne. — La victoire électorale
remportée par le ministère Sagasta est
maintenant reconnue même par lesjonrde l’opposition , lesquels s’efforcent d’en
atténuer la valeur numérique et l’importance. D’après le Times, le Gouvernement,
aurait pour lui là majorité des deux tiers
(les députés. Mais l’oppositiou a complètement triomphé à Madrid et dans quelques
grandes vdles. Le parti.gouveruemeutaI,
composé d'unionistes et de sagastiens .sem
ble être compacte; le péril est conjuré;
toutefois l’agitaliou ne manque pas; —
des bandes carlistes se forment sur divers
points du royaume, et ce qui est plus inquiétant encore, si cela se confirme, c’est
que l’année aurait généralemont'voté avec
l’opposition, contre le ministère et contre
la nouvelle dynastie; or chacun sait que,
depuis plusieurs années, c’est l’armée qui
décide des destinées du royaume par ses
jjronunciamentos.
AHemagn,e. La^diète de l’Empire
à été ouverte ; mais le vieil empereur,
dont la santé ne paraît pas être complètement remise, n’est pas intervenu en personne , dans cette fonction.
Angleterre. Le Morning Post assure sur la foi de dépêches parvenues de
VVasington au ministère des affaires étrangères que l’affaire de l’Alabama aura bientôt uue solulion satisfaisante.
Suisse. Le 12 mai, le peuple Suisse
va voter par oui et non sur l’acceptation
ou le rejet de la nouvelle constitution;
pour l’acceptation il faut la majorité des
votants, laquelle paraît assurée, et la ma
jorité des 22 cantons ; il paraît plus difficile de pouvoir compter sur cette dernière
majorité. Dans les cantons allemands les
nltramonfaius votent non. Dans les cantons français ce sont les radicaux qui so
jettent, à Genève surtout, du côté de l’oppositioD.
jcrano©. — La politique prend ses
vacances. — La Tribune de Bordeaux annonce que l’évêque de cette ville a défendu à l’abbé Junqua de porter le costume ecclésiastique et qu’un procès-verbal
a été dressé contre lui. L’affaire ira donc
devant les tribunaux qui auront à décider
si l’autorité la’ique peut valablement intervenir dans une (juestion qui a été amenée par une querelle théologique, ayant
pour origine la résistance à un dogme qui
n’a pas cours legal on France.
E. Malan Directeur-Gérant.
--------------------------------A------I
Pignerol, Impr. Chiantore.