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Olnq.ixlèm.e année.
N. 16.
22 ATril 18TO
L’ECHO DES VALLÉES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spiritnels
de la Famille \audoise.
Que toutes les choses qui sost véritables.occapent
vos pensées — {Philippi«ns,,iy. 8.)
PRIX D ABONIICHENT I
Italie, a domicile (un an) Fr. 3
Suisse 5
France................» 6
Allemagne.................>6
Angleterre, Pays-Bas . » 8
Un numéro séparé : 5 cent.
Vn numéro arriéré ! 10 cent.
BUREARX d’ABONHEMENT
Torre-Peu.icb : Via Maestra,
N. <¿2, (Agenzia bibliografica)
PiGNERoL : J. Chìantore Impr.
Turin :J.J. Tron, via Lagrange
près le N. 22.
F/.orencb r Libreria £vange~
lica, via de'Pa&sani.
ANNONCES : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S* a*
dresser pour l'administration
au Bureau à Torre-Pellîce ,
via Maestra N. 42. — pour la
rédaction ; à Mr. A. Bevel
Prof, k Torre-Pellice.
Somnaaix'o.
Les Protestants dans la Livonie. — Euûngélisation. — Correspondance. — Chronique Zocale. — Chronique politique, — Annonces,
LES PR0TEST4ISTS DE LIVONIE.
On nous écrit de Genève, le 8
avril 1870:
Un fait bien propre à émouvoir
le cœur et à soulever l’indignation
de tout homme généreux, c’est le
sort actuel des populations de la
Livonie. La Livonie, qui comprend
160,000 âmes environ, fit en 1721,
partie du vaste empire Russe ; —
mais Pierre le Grand garantit solennellement à ce pays la liberté
de son culte luthérien. — Ce pacte
fondamental fut maintenu plus ou
moins par tous les czars.
Avec Nicolas I (1825), l’empereur
despote qui avait pour devise ces
mots : Une loi, une fo\, une langue,
commence pour la Livonie une ère
nouvelle. Nicolas fait insérer dans
le code de l’empire un article ainsi
conçu; L’Eglise orthodoxe grecque
a seule le drdU de convertir à sa foi
les personnes appartenant à une autre confession. Des peines sévères,
voire la déportation en Sibérie,
devaient être infligées aux pasteurs
luthériens qui auraient, en quelque
mesure, porté atteinte à cette décision arbitraire, laquelle, comme
on le voit aisément, renversait de
fond en comble le privilège accordé par Pierre le Grand à l’église
évangélique.
Eu 1844, à la suite d’une terrible
famine qui éclata en Livonie, la
détresse y fut immense. Il se répand tout à coup parmi les paysans de la côntrée le bruit que
celui qui irait se faire inscrire auprès du pope grec recevrait des
terres. Bon nombre d’entre eux,
pour qui le mot inscription était
l’équivalent de concession de terres,
vont en foule assiéger la maison
du pope. D’autres comprenaient
assez ce qu’on leur demandait,
mais , disaient-ils , la religion de
l'empereur ne doit pas être mauvaise ; ce qu’il a pris doit être
bon. i-* Ces milliers de paysans
(i0O,O(MI] èignent, sans le lire, un
2
.121
papier qu’ou leur présente ; — le
pope les oint, et les voilà chrétiens
orthodoxes grecs !I
Les terres promises ne venaient
pas... Ils comprirent alors , mais
trop tard, qu’ils avaient été les
victimes d’une imposture officielle.
Ils en sont indignés ! Des chapelles grecques sont désertes le dimanche ; —les jeunes gens et les
jeunes filles pour ne pas faire bénir leur mariage par un pope, se
passent de la bénédiction nuptiale;
— les enfants sont baptisés par les
laïques. Les mesures les plus sévères, les brutalités sont aussitôt
à l’ordre du jour de la part de
l’église de l’état. Une jeune fille
refuse-t-elle de se convertir à la
religion grecque ? Malgré les protestations de son frère, on la traîne
à l’église , et on lui introduit de
force dans la bouche le pain de
la communion.
En 1855, Alexandre II, prince
animé de sentiments nobles et élevés', monte sur le trône. Eclairé,
par le rapport que“ lui présenta
un comte qui visita à son instigation la Livonie, sur l’état désolant de cette contrée , il aurait
voulu porter un remède à tous
ces maux ; mais le parti moscovite , poussé par son fanatisme
national, empêcha l’empereur de
donner suite à ses généreuses résolutions.
Dans ces trois dernières années,
il y a eu dans cette Livonie qui
excite à un si haut degré notre
sympathie chrétienne, une recrudescence de sévérités (1). Les paysans manifestent un grand désir
de sortir de l’Eglise grecque et de
rentrer dans la communion luthérienne ; ils ne le peuvent.
Voilà, en peu de mots’, en trop
peu de mots sans doute, voilà l'état actuel de la Livonie tel que
nous l’a esquissé, dans une séance
émouvante , M' Ehni, pasteur de
l’Eglise luthérienne de Genève. —
Certes ce n’est pas le moment d’adresser à ces infortunés des reproches au sujet de leur fautes.
Ce n’est pas, nous disait M' Ehni,
lorsqu’un homme est sur le point
de se noyer qu’il faut le sermonner sur son imprudence. — VAlliance Evangélique qui se réunira
bientôt à New-YorkJ, et qui en des
circonstances analogues a montré
son amour pour les opprimés, son
zèle et son dévouement', élèvera
sa voix et plaidera la cause des
Livoniens. La presse, il faut l’espérer, flétrira ce crime; car c’en
est un que de violer le sanctuaire
de l’âme humaine. L’Europe s’est
justement indignée à l’occasion
du jeune Mortara; or, en Livonie,
il y a des milliers d’enfants baptisés de force.
Et nous, peuple vaudois , qui
avons appris, à l’école de souffrances séculaires, ce que vaut la
liberté religieuse, oublierons-nous
au sein de notre heureuse tranquillité , nos frères Livoniens ? —
Non, nous ne les oublierons pas.
Ils souffrent, ils ont donc droit à
notre sympathie. Puisque notre
influence pèse peu dans la balance,
nous aurons recours à l’arme des
faibles... et des forts, à la prière;
etr par nos ardentes supplications.
3
-123
nous remuerons, n’est-il pas vrai?
la main de Dieu , cette main qui
remue les mondes. h. s.
(1) J’en citerai pour preuve un seul fait.
Un pope demande à une femme luthérienne de faire oindre son enfant. Elle
refuse. Le pope lui arrache violemment
l’enfant des bras. L’enfant meurt à la suite
de cet acte brutal, la mère en devient
folle; et le pope? le pope est acquitté.
00anjgeÜ6atton.
Brescia, 13 avril 1870,
Monsieur le Rédacteur,
Le numéro 12 de VEcho des Vallées contient des données générales
sur la marche de la station de
Venise depuis son origine jusqu’à
ce jour. Voudriez-vous accepter
aujourd’hui quelques détails sur
la petite station de Guidizzoloî
Plus d’une fois j’avais été invité à
me rendre dans cette localité pour
répondre au désir de quelques habitants d’entendre «quelque chose »
de l’Evangile. Une demande accompagnée de plusieurs signatures me
décida, et en septembre 1868 je
visitai ce village situé à quelques
milles de Castiglione, entre Solferino et Medole, lieux devenus
célèbres depuis la campagne de
1859. Une clef qui |m’avait été
envoyée servait de signe auquel
on devait me reconnaître. — Un
homme, maintenant membre communiant de l’église, me conduisit
à travers le village et dans ses
environs, m’interrogeant, me questionnant au sujet du protestantisme. Il avoua éprouver quelque
crainte en ma compagnie, car le
bruit avait déjà couru que les
protestants assailliraient Guidizzolo. Après avoir formé notre plan
d’attaque, je me retirai, et l’affaire était finie aux yeux des
habitants, lorsque le 2 mars de
l’année suivante, de concert avec
feu votre frère, une première réunion eut lieu dans un local particulier trouvé naturellement trop
étroit pour contenir la foule des
curieux.
Les belles journées s’approchaient; la cour de la maison
hospitalière était spacieuse et
fermée de tous côtés: on proposa
d’y ériger une tribune et de prêcher sous la voûte du ciel. Aussitôt
fait que dit. La scène devint fantastique. Imaginez une belle soirée
d’été, l’ombre épaisse des deux
figuiers sous lesquels on a dressé
une estrade supportant un homme
qui parle, et à [côté de lui une
table chargée d’une grande lampe;
à l’entour plus d’une centaine
d’individus prenant des poses diverses : debout, assis, appuyés,
inclinés ; pipes allumées, têtes
couvertes, habits repliés sur les
épaules ; point d’ordre et peu de
tranquillité, —imaginez tout cela,
et vous aurez quelque idée du
commencement de l’œuvre d’évangélisation à Guidizzolo.
Dès le début, il ne se passa plus
de semaine sans que la Parole de
Dieu se fît entendre. Mais voici
que le regretté M'' E. Revel, votre
frère, est rappelé de Mantoue. Le
-mal qui devait bientôt;le conduire
à la tombe, commençait à se déclarer. Que faire? —J’avais alors
comme aide-évangéliste un ex-
4
-124
prêtre auquel je proposai de con-tinuer les conférences de Guidizzolo afin de ne pas laisser croire
que nous désertions le poste. M.
Morandi, de triste mémoire bien
qu’il ne soit pas mort, s’évertua
à prêcher à ces gens qu’il fallait
se séparer du prêtre et embrasser
l’évangile. Mais sa prédication
orageuse et sans fondement ne
produisit rien de bon si ce n’est
qu’il maintint l’effervescence populaire.
L’on était ainsi arrivé à la fin
de juin. Les curieux étaient satisfaits ; les indifférents s’étaient retirés ; restait un petit nombre de
personnes sincères qu’il fallait instruire, édifier et préparer pour
être les fondateurs de la nouvelle
congrégation. Alors la Commission
d’Evang. y envoya un évangéliste
fixe dans la personne de J. P.
Pons. Ilytravaillajusqu’en octobre.
Après lui le poste de Guidizzolo
fut occupé par M*' P. Forneron.
Un noyau solide s’était formé,
le besoin d’une école s’était vivement fait sentir, de sorte que l’ouvrier que ¡demandait cette double
tâche ne pouvait être qu’un instituteur évangéliste.
L’école fit de rapides progrès et
le nombre des élèves arrive actuellen^ent à plus de vingt. L’église
elle^-même s'accrut de quelques
membres bien disposés pour l’Evangile. Une instruction particulière
pour 1^ catéchumènes fut aussitôt
acheminéui trente persoimes environ la suivirent régulièrement ,
mais douze seulement purent être
admises à la Table du Seigneur.
Le 10 courant, dimanche des Rameaux, fut le jour choisi pour la
première distribution de la Sainte
Cène à ces nouveaux frères évangéliques. Le recueillement et une
joie mêlée d’émotion se lisaient
sur leurs visages. La cérémonie
eut lieu, selon le rite de notre
Eglise, en présence de plusieurs
personnes étrangères que la circonstance avait attirées. Tout nous
fait espérer que l’œuvre d’Evangélisation à Guidizzolo donnera des
fruits abondants et précieux.
Agréez, Monsieur et cher frère,
ces quelques détails, et croyezmoi toujours.
Votre très affectionné
Barth. Pons.
%rt£ultuire.
Caltore de la vigne.
Nous extrayons de YEglise libre
la conclusion d’intéressants articles sur la question : — « Faut-il
engraisser les vignobles, et avec
quoi ? »
« Pour résumer les principes qui
résultent de tout ce que nous venons de dire, nous, pouvons formuler les*quatre règles suivantes :
1 “ Laissez tomber les feuilles de
vos vignes par l’effet naturel de
l’ajiifcoinne et laissezfles se décomposer sur le sol ;
2®/Répandez sur vos .vignobles
et enfouissez » par des binages,
tou.tes les matières végétales dont
vous':pDuvez disposerl, et surtout
le marc de vos pressoirs;^ -i'
5
-125_
3“ Brûlez les sarments provenant de la taille , et répandez-en
la cendre autour des ceps ;
4“ Répandez, avant le principal
binage du printemps, du carbonate
de potasse à raison de, au moins,
6 grammes pour chaque kilogr. de
raisin que vous vous attendez â
récolter.
En appliquant fidèlement ce sys^
tème de culture, on peut raisonnablement s’attendre à obtenir les
avantages suivants ;
On aura des vignes dont le développement ligneux sera plutôt
restreint, mais dont le produit en
raisin sera au maximum.
Ces vignes , étant parfaitement
saines et robustes, se laisseront
difficilement attaquer par l’oïdium
ou d’autres maladies.
Le raisin qu’on récoltera sera
non-seulement très abondant, mais
il sera riche en sucre et donnera
par conséquent, un vin fort en
alcool ; il contiendra peu de substances azotées et de principes acides , ce qui promettera des vins
robustes qui se conserveront longtemps et supporteront bien les
voyages.
Frédéric Hamilton.
Corr^0ponbiance.
Florence, <8 avril 1870.
Monsieur le Rédacteur,
Je vois d’après le dernier n* de
votre intéressant journal, que le
Corps des pasteurs est convoqué
le 26 courant pour la nomination
des Commissions et l'examen d’un
candidat. ■ J’avais pensé qu’il y
aurait aussi le choix d’un professeur de théologie à proposer au
Synode, en remplacement du bienheureux M'' Desanctis], le Conseil
de l’école ayant pris soin de rappeler à la Table, dans son rapport
écrit à dessein depuis plus d’un
mois, qu’il avait bien été pourvu
à l’enseignement pour le reste de
l’année, mais que pour la suite on
lui laissait le soin d’y pourvoir.
Vous savez mieux que moi qu’il
ne manque pas, aux Vallées, des
professeurs d’exégèse grecque et
hébraïque. Mais pour donner les
cours dès l’jautomne prochain’, il
faut que le professeur soit élu par
les pasteurs et proposé au prochain Synode.
Je vous serai particulièrement
reconnaissant, Monsieur, si vous
voulez bien publier cette petite
lettre dans le numéro de cette
semaine.
Votre bien dévoué
P. Geymomat.
La Tour, 18 avril 1870.
M. le Rédacteur,
Permettez-moi de profiter de
VEcho des Vallées pour réparer un
oubli que j’ai fait dimanche dernies. En remerciant les carabiniers,
les gardes de finance, j’ai omis de
mentionner le corps de musique
des ouvriers de Bibiana. — Il est
vrai * comme ou me l’a ¡dit^ que
Bjos musicieus ont, été compris
dans les t remerelments adressés
au pufelici cependant ila outïmé-
6
-126
rité de recevoir un témoignage
spécial de gratitude pour la spontanéité de leur manifestation , et
pour la manière dont ils ont contribué à rendre plus touchante la
démonstration de sympathie et de
regret que toute une population,
sans distinction de culte , a fait
en l’honneur du pauvre Monnet),
frappé mortellement aux portes
de La Tour.
Je profite de cette occasion, M'
le Rédacteur, afin d’insister’, dans
l’intérêt de notre population, sur
la nécessité de prendre des mesures propres à prévenir les désordres et les délits que nous avons
eu à déplorer ces derniers temps.
Il ne suffit pas de punir les coupables, nous devons les empêcher
de le devenir et de fournir un contingent à la population déjà si considérable de nos prisons de toute
espèce. Nous le pouvons, si nous
le voulons fermement, d’accord
avec les autorités municipales , et
conformément aux lois, par l’instruction et par la religion de la
charité d’abord, et par une surveillance active exercée sur notre
jeunesse, par la réorganisation de
notre garde nationale. Malheur à
nous , si notre patriotisme n’est
pas à la hauteur de cette tâche 1
Agréez , M' le Rédacteur , avec
mes remercîments anticipés, l’assurance de ma considération distinguée. Et. Mai.an Prof.
Bien nous en a pris de mettre
en quarantaine la nouvelle de la
découverte ’. 'parmi les manuscrits
vaudois de Cambridge, d’une Bible
celtique (voir notre numéro 8, page
61 ) ; car la mystification dépasse
de beaucoup ce que nous avons
pu imaginer ou supposer.
On nous écrit à ce sujet, de
Cambridge, le 24 mars:
Lorsque j’eus pris connaissance
du numéro 8 de VEcho, il ne m’a
pas été possible de faire, dès l’abord des recherches à l’endroit du
prétendu manuscrit celtique ; mais
maintenant les recherches sont faites , et je puis vous dire que ce
récit extraordinaire ne repose pas
sur le plus léger fondement.
En tout premier lieu, le manuscrit en question n’est pas une Bible ; ce n’est qu’une copie des
Evangiles en latin. Dans le même
volume se trouvent réunies quelques vieilles chartes écossaises ;
tel est peut-être l’œuf d’où est
sorti le canard. Le volume est très
ancien , et son authenticité bien
établie ; mais il est purement écossais et connu sous le nom de Book
of Deer.
Il n’est aucunement nécessaire
de vous en transcrire les cinq ou
six premières lignes, ainsi que
vous en avez manifesté le désir.
Ce que j’en ai dit peut suffire à
éclaircir la question...
J’apprends en ce moment même,
d'un des bibliothécaires de TUniversité, que le manuscrit en question vient d’ètre publié par les
soins du « Spalding club ».
DPensées.
Tout le monde veut être heureux, nul ne veut être sauvé.
Les repentirs inefficaces usent
l’âme à la longue.
‘ VraET.
7
-127
Chrontque locale.
Torre-F'ollioe. Le sergent bersailler Daniel Mojînet a succombé, vendredi 15 courant, au coup mortel qui lui
avait été porté dans la nuit du 4 avril.
Bieu que la maladie, courte et douloureuse, n’ait laissé au pauvre mourant que
fort peu de liberté d’esprit. Dieu a cependant permis que deux pasteurs et d’autres
amis encore eussent la joie de s’assurer
des sentiments chrétiens qui l’animaient.
Tantôt le malade commençait un passage
de la Bible, qu’on achevait avec lui, tantôt c’était lui qui continuait le passage
commencé, ou qui disait amen à la prière
qu’il venait d’entendre. — Comme on lui
demandait s’il n’était pas disposé à suivre
l’exemple d’Elienne qui mourut en priant
pour ses meurtriers : « Seigneur, dit-il
aussitôt, ne leur impute point ce péché ».
— C’est assez dire qu’il n’avait pas luimême attendu ce moment pour obtenir
son propre pardon de Celui qui a seul le
pouvoir de remettre les péchés.
Le corps ayant été transporté à l’hôpital vaudois, c’est de là que partit le convoi funèbre le dimanche 17 avril à 3 h.
de l’après midi. — Sur le cercueil se
voyaient le chapeau du bersailler défunt
et les chevrons du sergent avec un beau
bouquet de deuil. — Le nombre des personnes accourues de La Tour, d’Angi-ogne, de S* Jean et d’autres communes
encore, fut vraiment extraordinaire. — Le
désir d’honorer la mémoire du jeune sergent, le besoin de manifester tout ce qu’on
pouvait de sympathie à la famille et d’horreur pour l’abominable attentat, devait
naturellement attirer beaucoup de monde;
mais l’attente fut encore surpassée. — L’émotion n’avait certes pas besoin d’être
excitée; cependant la présence des gendarmes, des gardes de la finance, de
quelques bersaillers et d’autres militaires,
en particulier les accents plaintifs d’une
musique très convenable, tout contribuait
à la rendre plus profonde. Un peu d’ordre
dans cette foule immense, et rien n’aurait
manqué à .cette solennité funèbre.
Au cimetière, quand tout le monde se
fut massé autour de la tombe à .demirecouverte, le pasteur de La Tour, partant de cette parole de St Paul aux Romains: «C’est ici l’heure de nous réveiller
du sommeil, » fit en langue italienne une
allocution courte, mais émue et pleine
d’à propos, que l’assistance, de son côté,
écouta dans le silence et le recueillement.
Le service religieux ainsi achevé, Mr le
professeur JMlalan ajouta, comme citoyen
à des concitoyens', quelques paroles senties sur la nécessité de chercher un remède à une démoralisation capable de
produire des crimes comme celui que
nous avons à déplorer aujourd’hui. —
Nous aurons sans doute à revenir sur ce
sujet.
— Mr l’Evang. J. Weitzecker nous écrit
qu’il est un témoignage d’affection que
nous devons rendre à la mémoire du
sergent Monnet. Ce témoignage consisterait à faire placer sur la tombe une pierre
qui consacrât le souvenir du soldat et du
chrétien. Nous nous associons pleinement
au vœu exprimé par notre corre.spondant ;
et dans le but d’en amener la réalisation
aussi promptement que possible , VEcho
den Vallées ouvre, dès à présent, ses colonnes à une souscription.
M. J. Weitzecker s’inscrit pour fr. 2
La Rédaction de VEcho des Vallées » 2
Total de la 1" liste fr. 4
— Nous avons remarqué avec beaucoup
de satisfaction, dans la Gazsetla Piemontese du 19 courant, un article où est rapportée la brutale agression dont le sergent
ilounet a été la victime. Le correspondant
constate que les assassins n’appartiennent
pas à notre pays, et qu’ils ont poussé la
narbarie jusqu’à vouloir jeter le corps de
leur victime sous les roues d’un char,
survenu peu après sur le théâtre de leur
crime ; ce à quoi le charretier se refusa
avec horreur. L’article termine par des
éloges bien mérités à l’adresse du brigadier M. Chinni, en station à Torre-Pellice.
— La photographie du sergent Monnet
est en vente à l’atelier photographique de
Mr H. Jahier, à Torre-Pellice.
— On a ressenti, lundi 18 courant, à
10 h. 5 minutes a. m., une secousse de
tremblement de terre. La rumeur s’est
prolongée durant trois secondes.
r»rar*u.stin. — Un membre de la
Commission scholaire nous écrit, en date
du 14 avril, avoir visité une école. —
Eh bien! qu’y a-t-il là de particulier?
dira quelqu’un pressé de conclure; si
vous nous parliez de commissions scholaires qui ne visitent pas les écoles, ou
qui n’entendent rien à l’instruction, ou
qui ignorent les principes les plus élémentaires de l’hygiène appliquée aux enfants, peut être auriez-vous quelque chose
de plus ou moins piquant à raconter;
mais votre exorde, passez-nous l’expression, est remarquablement insipide. —
Soit; mais entendez la fin. L’école en
question ne comptait en janvier qu’une
douzaines d’enfants: apjourd’hui elle en
compte seizej au début, les élevés ne
8
-128
connaissaient bí a ni b: at^oord’hul^
c’est-à-dire au bout de trois mois, ils lisent tous passablement bien l’italien et le
français. Ah! vous dressez l’oreille? Poursuivons. L’école est dirigée par une jeune
fille qui s’appelle Iphigénie Gaudin. Et
voilà un bon argument en faveur de la
substitution des maîtresses aux régents de
quartier! Il est bon que vous sachiez en
outre que c’est une école payante, et
puisque vous semblez m’écouter avec faveur, je vous dirai, en terminant, qu’elle
est soutenue par des ouvriers de la campagne.
— On nous écrit, le 16 avril 1870.
Monsieur.
Lundi dernier, 11 courant, je fus sommé
par le syndic de Prarustin, d’après quel
droit je n’en sais rien, de paraître devant
le Conseil municipal, pour avoir osé annoncer l’Evangile sur le cimetière à un
convoi funèbre sans en avoir demandé la
permission au pasteur, ce qu’on voudrait
m’obliger de faire, tandis qu’il y a plus
de huit ans que le présent pasteur est en
fonctions ici, et que bien des fois depuis
lors, comme auparavant, j’ai annoncé
la bonne nouvelle du Salut sur ce lieu de
repos, sans avoir dû m’adresser au pouvoir civil ni au pouvoir religieux.
Le Syndic, sur la plainte du pasteur,
m’accusa d’avoir pris la parole ( c. à d.
selon moi, d’avoir fait mon devoir) sans
autorisation aucune de part ni d’autre,
et d’avoir commencé ma prédication avant
que le pasteur eût fini dé parler. Voici
comment le fait a eu lieu; M' ie pasteur
prononça son oraison tpi’il fit suivre de
fa prière; l’amm dit, je pris la parole à
la Sollicitation de l’un des quatre anciens
présents et attentifs à mon exhortation.
«Amendez vous et voüs convertissez,
car le royaume des cieut est proche, » ce
furent les paroles de mon texte. J’eus le
le malheur d’ignorer qué le pasteur avait
l’intention de dire encore la bénédiction;
je me tus volontiers pour l’écouter, mais
je continuai de parler tout dé suite après.
Le pasteur alors se retira, engageant,
par son exemple et ses paróles, le monde
S le suivre. Une bonne moitié des personnes présentes restèrent pour m’entendie ; je ne pus par devoir chrétien m’abslenû? d’annoncer l’Evangile à ce beau
ûoaibre de personnes, en une délicieuse
journée de'dimanche et en une occasion
si solennéïlè’,* et si propice à ma mission.
Jé suis persuadé que si M'A. Bert avait
été présent a là cérémonie, il m’en aurait
donné rexempte en pariant avant moi,
par je le crois.zélé,en pafeille cirdoûstancs.
et plût à Dieu mie tous les chrétiens sc
sentissent appelés â annoàcer Jésus-Christ,
non seulement sur les cimetières, places
publique, rues et carrefours, mais partout, en temps et hors de temps. N’est-ce
pas là le vrai pain quotidien du chrétien,
tout le reste n'étant qu'une vanité? Hélas
que c’est navrant d’avoir à dire une telle
choses à un syndic et à un pasteur 1
Quant au programme mentionné dans
l'Echo des Vallées N° 15, page 118, je l’ignore. Comme chrétien, comme évangéliste, comme le bienvenu de la famille
gui ne m’a pas refusé de visiter la défunte
dans sa dernière maladie, j’ai cru qu’il
était de mon impérieux devoir d’annoncer, à l’occasion de son ensevelissement,
l’Evangile aux pécheurs an nom de JésusChrist.
Je remercie cordialement les membres
du Conseil municipal qui ont plaidé ma
cause devant le Syndic.
Agréez, Monsieur, les salutations chrétiennes de
Votre humble
B. Godin.
L'abondance des matériaux nous oblige
à renvoyer, à huitaine, notre Chronique
politique.
ANNONCES
OMIVIBUS
TDA PHiEROLO E TQRRE-PELLICE
e viceversa.
Onde evitare l’equivoco di qualunque diceria, — il sottoscritto
dichiara, per norma dei signori
Viaggiatori, che esso è disposto a
mantener l’intrapresa concorrenza
sull’anzidetta linea a qualunque
costo.
A. Mamiìsi, Concessionario.
A, Rétbi, Gérant.
Pignerol, Ghiantors.