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p Soixante-quatorzième année
12 Août I93ë..XVI
N' 31-32
DES VA
paraissant chaque vendredi
»
PRIX D’ABONNEMENT:
Italie et Colonies italiennes
Etranger..........................
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S’adresser pour la Rédaction, au Directeur Doct. ALBERTO RICCA, pasteur Bobbio Pellice (Torino) — pour rAdministrafion, au Bureau du journal Via Wigram, 2 - Torre Pellice.
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Que toutes les choses vraies, honnêtes, justes, pures, aimables..,, dignes de louange, o(ïcupent vos pensées (Philipp. IV, 8).
XV Ooûf.
La réunion — unique pour le Val Pòlis et le Val Pérouse — se tiendra, D. ü.,
à Pra Giassaut et commencera à 10 heures précises ; les allocutions se jeront en
italien, mais on chantera en français
{porter le recueil).
Quelque malin (venu du dehors... car
le Vaudois du « Val Balsille » n’est pas
critiqueur), en passant ces jours-ci devant 1 ex-Conüitto du Pomaret et en
voyant les maçons à l’œuvre, pourrait
bien s’exclamer : « Bon ! qu’est-ce que la
Table va inventer de nouveau ? n
Or, voici, tout simplement, de quoi il
s’agit et que vous avez bien le droit de
connaître.
Depuis le jour où les circonstances adverses ont malheureusement amené la
- cTôtüré ^ ds T’ÊEôîë-IÎÂfîhé; lë ffähd“ éf'
bel édifice qui lui avait été annexé
n a plus trouvé son emploi régulier. Erigé à la mémoire de nos militaires héroïquement tombés dans la grande guerre,
entièrement délivré plus tard du « déficit ■) 'qui 1 opprimait, par la générosité
des Amis qui l’ont racheté, il est resté
la, a attendre ses hôtes : lesquels ? —
11 est vrai que, pendant quelques années,
nos Diaconesses l’ont occupé; elles y
avaient même ouvert un minuscule Asile
d enfance ; mais la solution ne pouvait
être que provisoire.
D autre part, la nécessité d’un orphelinat pour garçonnets se faisait sentir toujours davantage dans nos Vallées. Et
1 Administration a décidé d’en ouvrir
un, dans ces locaux qui s’y prêtent admirablement; elle l’a fait par un acte
de foi en Dieu et en tous, c’est-à-dire
dans nos églises,, qui ne pourront pas ne
point apprécier cette nouvelle institution.
L inauguration solennelle se fera,
D. V., le 28 août.
Pour commencer (parce que « foi » ne
signifie point « témérité ») l’orphelinat
n’occupera que le premier étage et partie du rez-de-chaussée et ne pourra accueillir qu’une douzaine d’enfants; mais,
si les moyens permettront l’amplification,
le deuxième étage, avec ses vastes dépendances, pourra facilement plus que
tripler ce nombre.
Les dons sont reçus avec reconnaissance, soit par le Bureau de la Table Vaudoise, soit par le Pasteur du Pomaret,
soit par la directrice, M.lle Adèle Pons.
— Nous attendons en outre avec confiance les dons en nature des paroisses
de cette Vallée.
C’est avec une très vive douleur que
nous avons appris le départ pour la Patrie Céleste du Pasteur Doct. UGO
JANNI.
Nous parlerons de lui dans le prochain
numéro. Nous exprimons en attendant
notre plus profonde sympathie chrétienne
à Madame Janni et à toute sa famille.
Nu
U lu du '15 aiuu€
Temples et Monuments des Vallées Vaudoises
Le Comité de la Société d’Etudes
Vaudoises, correspondant à un désir largement exprimé, avait décidé de publier
une Feuille historique populaire à l’occasion de la Fête du XV août, la consacrant à un sujet général très intéressant : Terhples et Monuments des Vallées Vaudoises, dans le but de promouvoir de la façon la plus pratique la connaissance des faits et des monuments de
notre histoire dans toutes les classes sociales du peuple, et de porter à la grande Fête traditionnelle un élément nouveau d’éducation spirituelle, de consécration à la cause de Dieu.
La Direction de /’Echo des Vallées,
Venant fraternelleijient à la rencontre de
cette initiative, a concédé que ce numéro
spécial du journal fût consacré à ce but
par les soins du Comité. Nous lui en exprimons notre reconnaissance. Et attirant l’attention la plus vive du Peuple
Vaudois sur la grande importance du sujet proposé, nous voulons l’inviter à considérer ses Temples et ses Monuments,
non seulement comme des souvenirs
: d un , giqud., pa^é.a mais surtout comme
d éloquentes expressions de la Volonté
de ^ Dieu, comme des appels toujours
présents à devenir dignes de ce passé
par une consécration constante et fidèle
à son service.
Nous remercions les auteurs des différents articles, qui ont Voulu nous donner
ainsi leur collaboration fraternelle. Nous
leur laissons naturellement l’entière responsabilité des idées et des principes
qu’ils y expriment.
Le Comité
de la Société d Etudes Vaudoises.
Nos lOilOS.
Nous irons à la maison de l’Eternel.
Psaume 122, 1.
Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu? P" aux Corinthiens 3, 16.
Nos temples !
Ce furent d abord des vallons reculés,
quelques clairières dans les bois, ou,
lorsque l’ennemi faisait rage, des grottes dissimulées parmi les rochers. Ce furent ensuite ça et là, les.imaisons des
Barbes ou des cours entourées de galeries, ou des cabanes couvertes de chaunie; puis les premiers édifices sans plancher ni plafond; un toit sur des murs
pour abriter les fidèles. Et les fidèles accouraient. Ils montaient de la plaine, ils
descendaient des sommets, défiant les frimas et franchissant les distances.
Ces sanctuaires ne suffisant plus, on
en bâtit d autres plus solides, sinon plus
beaux, et l’on vit quelques clochers s’élever dans les airs.
Mais la persécution se fit plus ouverte, plus sanglante, et ne cessa dès
lors de s’acharner aussi contre les maisons de Dieu, Plusieurs disparurent à
tout jamais; d’autres, maintes fois détruites, furent^ maintes fois relevées. Des
martyrs prêchèrent dans leurs murs vénérables, des morts à qui l’on refusait
ailleurs une sépulture y trouvèrent leur
dernier repos, des cris d’angoisse et des
chants de délivrance y retentirent tour
à tour... Puis la dernière grande tempête
les abattit une fois encore; et lorsque les
invincibles d’Henri Arnaud revinrent
dans leurs vallées, ils n’en trouvèrent
qu’un seul; un seul était resté debout.
Mais les autres bientôt surgirent de leurs
cendres.
Ils sont encore là. Ce sont nos temples.
Aimons-les ces monuments bénis d’une
héroïque fidélité à l’Eternel; et pensons
moins, lorsque nous les contemplons, à
l’acharnement que des ennemis fanatisés mettaient à les détruire, qu’à la constance de nos pères à les relever de leurs
ruines et à la foi avec laquelle ils en
franchissaient les enceintes sacrées.
Et surtout ne les abandonnons jamais.
Saint Paul considérait l’Eglise, ou la
totalité des fidèles, comme un vaste temple spirituel; et de même considérait-il
comme un temple — le temple de Dieu,
le temple du Saint-Esprit — chaque âme
croyante.
Frères vaudois, notre culte n’aüra de
valeur que si nous apportons au temple,
à l’édifice qui accueille nos chants et
nos prières, cet autre temple dont par
Le plus ancien Temple Vaudois; St. Laurent (1555).
Nos aïeux défiaient souvent, la mort pour
s y rendre; nous, à qui la plus chère
des libertés sourit, nous risquons, en les
désertant, la vie de notre âme. On*ne
trouve pas toujours la foi dans le temple, mais on la perd toujours hors du
temple. Hors du temple elle se fourvoyé, elle s’altère, elle s’endort.
Dans le temple l’or pur de la Parole
de Dieu; hors du temple toùtes les fausses monnaies mises en circulation par
l’indifférence, d’orgueil intellectuel ou
l’incrédulité.
Dans le temple la satisfaction de nos
instincts spirituels les plus élevés; hors
du temple leur étiolement dans des milieux qui ne sollicitent que nos instincts
terestres.
Dans le temple la voix d’En-Haut qui
seule peut répondre à tous les besoins
de nos âmes ; hors du temple les voir^
confuses des régions inférieures et les
vaines clameurs d’un monde qui nous
égare.
Frères vaudois, n’abandonnons jamais
nos temples!... Les abandonner serait
abandonner la paix, le courage, le sentiment du pardon, les effusions de la
grâce, la communion féconde avec le
Sauveur et les frères, la joie ineffable et
glorieuse qu’on y trouve chaque fois
qu’on en franchit le seuil avec des dispositions à la sainteté et à l’amour et
un cœur tout plein des sentiments qui
sont selon Dieu.
Frères vaudois, n’abandonnons jamais
nos temples !... Nous nous glorifions
d’appartenir au peuple vaudois, malheur
à nous si nous cessions d’être attachés
de toute notre âme à Y Eglise vaudoise
et à ses temples I C’est dans le temple
que notre peuple a trouvé son berceau;
hors du temple il ne trouverait que sa
tombe.
Frères vaudois, n’abandonnez jamais
nos temples !
Mais que devons-nous apporter au
temple ?
lait 1 apôtre, ce temple intérieur purifié
par les flammes de l’Esprit de Dieu.
Qu’il n’y ait rien lorsque nous adorons, rien dans ce temple nouveau, qui
s’oppose à la présence du Seigneur et
qui lui dispute la place.
Introduire une idole dans le temple de
Jérusalem était considéré comme une
abomination. Hors du temple, de notre
temple intime, toutes les idoles !
Celle de 1' égoïsme qui en diminue
l’ampleur; celle de l’orgueil qui en empoisonne l’atmosphère; celle de l’impureté qui en fait un bouge; celle de Mammon q-ji y rend impossible le service de
l’Eternel ; celle des convoitises qui font
la guerre à l’âme, c’est-à-dire au temple; celle d un racisme vaudois, qui sê
glorifie bien plus de la descendance des
aïeux que de la croix de Christ, et se
substitue aux autels où la vie chrétienne
s’épanouit et d’où monte la prière.
Il fut un jour, triste jour, où l’on entendit une voix s’élever du rang des persécuteurs assouvis : <( 11 n’y a plus de
temples dans leurs montagnes ».
C’était faux. Car il y avait dans nos
montagnes autémt de temples — temples
de Dieu, temples du Saint-Esprit — qu’il
y avait encore de vaudois épargnés par
l’épée, le feu ou la torture.
Frères vaudois, si ce jour néfaste revenait ét si la voix lugubre résonnait
encore, pourrait-on répondre triomphalement que le cri est mensonger et qu’il y
a autant de temples spirituels qu’il y a
de Vaudois dispersés dans le monde ?
Oh, frères vaudois, écoutons aujourd’hui, écoutons la voix qui monte du
fond des anciens âges: Frères vaudois,
n’abandonnons jamais nos temples I
G. Rostagno.
2
L’ECHO DES VALLEES - Vendredi 12 août 1938-XVI
Les temples des Kalldes.
C’est en 1555 et en 1556 que presque
tous les anciens Temples des paroisses
üaudoises furent construits. L’Eglise
Vaudoise s’acheminait vers une orgahisation ecclésiastique régulière. La population était assoiffée du désir de la prédication de l’Evangile. Les premiers pas-,
teurs suisses et français, envoyés par Calvin au secours des Barbes, débordés par
leur tâche croissante, ne pouvaient presque plus suffire aux requêtes des fidèles.
Une lettre envoyée d’Angrogne à GenèVe en avril 1555 rapporte des détails intéressants à ce propos : « Nous sommes
encore ici, faisant tous les jours un sermon en la maison d’un de leurs ministres, excepté le dimanche, auquel jour
se trouvent tant de gens Venant d’un
— Or, dans l’actuelle évocation concernant les Temples de nos Vallées, peutêtre ces souvenirs ont-ils aussi quelque
chose à vous dire. Amis lecteurs.
Ils remontent exactement à cinquante
ans.
La rotonde somptueuse, fac-similé du
Panthéon, que les Pramollins avaient
édifiée en 1846 et qui n’avait, pour ainsi
dire, jamais servi à cause de son acoustique impossible, s’écroulait inexorablement : on voyait se détacher par degrés,
dans toute sa hauteur, la moitié de la
construction qui avait été fondée sur le
terrain mouvant. Et quelles délices inoubiables pour nous, les courses à cachecache à travers les énormes lézardes
béantes ; et la chasse aux vipères sous
les bancs de la cathédrale abandonnée;
et, de sa chaire couverte de poussière
de chaux, nos premières armes de prédicateurs en herbe ; et tout cela au grand
Les ruines d’un^ancien Temple à Rorà.
cote et d autre, voire de bien loin, qu’on
est contraint de faire le sermon en une
grande cour environnée de galeries ».
Et l historien Gilles raconte avec une
simplicité saisissante l’origine spontanée,
inattendue, des premiers Temples: u La
grande affluence du peuple venant aux
prédications fut telle qu’il fallut finalement se mettre du tout à découvert. Le
regent de l’école du lieu (Angrogne),
Jean de Broc^ provençal, voyant tant de
peuple assemblé au lieu le plus public,
près du temple (catholique) appelé Saint
Laurent, commença à lui faire une belle
exhortation a haute Voix, et dès lors les
ministres continuèrent au même lieu
leurs prédications, et pour se mettre à
couvert on y édifia un temple... » (J. Jalla
- Les Temples des Vallées).
C’est ainsi que les Temples Vaudois
s’élevèrent comme de rudes et robustes
plantes des Alpes surgissant spontanément du terrain fécondé par la foi ardente du peuple : Saint-Laurent, le Serre,
le Chabas, les Copiers, Villar, Bobi, Rocheplate, Praly, Maneille, Saint-Martin,
Villesèche... À travers des siècles de
persécutions et de martyrs, ils résistèrent aux plus terribles épreuves. Ils nous
parlent, de la façon la plus éloquente,
de la fidélité des pères, de la présence
de Dieu.
Les trois Temples qui nous sont ici
présentés, représentent d’une façon caractéristique les trois catégories des Temples Vaudois :
Pramol, le Temple traditionnel, qui,
après les rudes épreuves de l’histoire,
continue à réunir, dimanche après dimanche, le peuple pour le culte évangélique.
La Turina et la Combina, les Temples
que l intolérance persécutrice a réussi à
détruire, et qui, dans les hameaux les
plus reculés, continuent par leurs ruines
tragiques leur témoignage.
Turin, le temple nouveau, qui, tout
en étant encore rattaché aux Vallées,
commence l’œuvre d’évangélisation à laquelle l’Eglise Vaudoise était préparée.
Dans ces trois Temples, est résumée
non seulement l’histoire du peuple Vaudois mais surtout la destinée que Dieu
lui avait établi.
désespoir de maman ! car, entre autres
dangers, la voûte en se décroûtant, bombardait sans égards.
11 fallait donc choisir entre ce monument inutile et dangereux, qu’un sentimentalisme nostalgique d’aucuns aurait
voulu épargner — et la construction
d’une Maison de Dieu plus modeste,
mais répondant aux nécessités du culte.
Ce fut à ce dernier parti que s’attacha
mon bienheureux père, le pasteur Jacques Marauda, avec une ardeur juvénile;
avec ténacité et courage, naturellement
critiqués, mais indispensables contre
mainte difficulté; avec confiance en Dieu,
et reconnaissance envers ceux qui lui rendirent possible la lourde entreprise. —
Leurs noms sont gravés avec le sien,
dans les annales du Règne de Dieu : j’y
lis, en particulier, le nom de l’ingénieur
Olivetti, conseiller de la « Table Vaudoise », et celui du vénéré pasteur William Meille, qui favorisa une collecte
dans son église de Turin et présida le
culte d’inauguration le 15 août 1888; les
noms de tous les Pramollins qui travaillèrent à la bâtisse sous la direction technique d’un saint homme et artiste de
la truelle : Jean Long, « l’ancien des
Clôt ».
...Et maintenant, je sais que ce joli
temple, comme bien des détails matériels, ne les intéressent plus; mais
je n’oublie pas que « leurs œuvres les
suivent » et que tout ce qui a trait aux
efforts accomplis pour le salut des âmes
ne saurait leur être étranger, car « je
crois à la communion des saints ». C’est
pourquoi un souhait, une prière s'échappe ici de mon cœur : que, dans le rayonnement de cette lumineuse réalité qui
rattache notre terre au Ciel, se déroule
la célébration du premier cinquantenaire
du plus jeune temple de nos Vallées,
afin que, Vaudois, nous apprenions toujours mieux à marcher ici-bas comme
des citoyens des cieux ; à « travailler »,
tandis qu’il est jour » à notre édifice spirituel ; à nous conduire enfin sans cesse
en vue de l'éternité. LOUIS MarAUDA.
Les temples
dii la Turi et de la
La Turina, riant petit bourg, qui s’étend sur les pentes des collines de Prarustin ombragées de châtaigniers et de
vignes, entre Les Portes et Saint-Germain, vers le tournant de la vallée, n’a
joué qu’un faible rôle dans l’histoire
vaudoise. Son nom ne paraît qu’à de
très longs intervalles et à l’occasion de
troubles et des guerres, qui ensanglantèrent la vallée en 1573, en 1607, en 1624
et surtout à l’époque des « Pâques Piémontaises » (1655) et de la Débâcle
(1686). Elle ne fut même pas une terre
entièrement hérétique et n’étant pas
com.prise dans les limites consenties par
les Patentes de Cavour, elle n’eut jamais le droit légal ni d’y ouvrir un temple réformé ni d’y tenir des assemblées
religieuses. Cependant, au moins par
intermittence, elle y eut un temple, soit
que sous ce nom l’on entende un édifice expressément construit et consacré aux cérémonies du culte, soit qu’il
s’agisse —• comme il semble plus probable — d’ une simple maison affectée à
cet usage.
La première mention du « temple » remonte à l’année 1614, mais il est à croire
que son institution date de l’époque de
l’invasion de Lesdiguières, le puissant
chef huguenot, sous le gouvernement duquel les Vallées jouirent de plus grandes libertés religieuses et plusieurs temples furent ouverts en dehors des limites
consenties.
L’église de la 1 urina, plus reculée et
cachée, échappa probablement à la démolition des temples abusifs du Val Pérouse décrétée en 1624, car il n’en est
pas question dans les documents de la
croisade : peut-être pût-elle même accueillir dans ses murs les frères de SaintGermain après que leur temple fut saccagé et incendié. Mais de mauvais jours
ne tardèrent pas à poindre pour elle aussi : d abord la peste de 1630, qui éclata
dans ses environs et emporta bon nombre de fidèles et de pasteurs ; plus tard
les Pâques Piémontaises et la croisade
de 1686. Cette même année, le 29 août,
le bourg de la Turina fut visité par le célèbre Père Sébastien Valfré, expressément envoyé par le Duc pour organiser
les paroisses catholiques là où la guerre
avait anéanti le culte vaudois et démoli
ses temples. La relation nous apprend
qu’il n’y avait apparemment plus à la
Turina de traces du culte réformé, mais
que les conditions de la foi catholique
n’y étaient guère plus florissantes. Le
curé de Saint-Germain y envoyait chaque dimanche un chapelain pour y dire
la messe, mais le plus souvent celui-ci
ne trouvait pas la clef, que les Pères Capucins avaient emportée et remise au
curé des Portes: de sorte' qu’il était contraint de s’en retourner sans avoir accompli sa tâche.
Après l’édit de tolérance de 1694 et
pendant les guerres de la Ligue, qui occupèrent et menacèrent de près le Duc
de Savoie, les Vaudois de la Turina et
des terres environnantes reprirent pied,
ouvrant abusivement un nouveau temple
ou lieu de culte. Quand au mois de juin
1704 les troupes du général La Feuillade ravagèrent Pramol et Saint-Germain et y démolirent les temples, les
Vaudois de la paroisse de Saint-Germain reçurent une cordiale hospitalité
dans le temple de la Turina fortifié et
présidé par des milices va'udoises. Cela
dura plusieurs années, jusqu’à la fin de
la guerre et à la conclusion de la paix
d’Utrecht (1713). Les pasteurs des paroisses environnantes privés de leurs
temples, allaient y prêcher tour à tour.
C’est dans ce temple que se tint la grande assemblée du 3 janvier 1707. qui nomma les députés au prochain Synode.
Mais la fin de la guerre réveilla l es
Les deux leiples de
Parmi les plus lointains souvenirs de
ma première enfance, je revois, comme
dans un kaléidoscope, l’ancien et le nouveau temple de Pramol ; et c’est une vision où s’enchevêtrent et se brouillent
maints tableaux disparates : de formidables piliers roulant à terre, et d’échafaudages mystérieux ; de chants grandioses,
merveilleusement enlevés par une masse
de peuple; et, enfants d’alors, d’amusements fous, et de vertes réprimandes...
prit d’intolérance et poussa le gouvernement et le clergé à une plus énergique
campagne de répression pour contenir le
culte vaudois dans ses anciennes limites.
Le temple de la Turina ayant été fermé ou démoli, les Vaudois reculèrent en
des lieux plus écartés, tout en continuant l’exercice de leur culte. Vers la
moitié du siècle (1755) ils avaient transformé en église une maison rustique située à la « Comba » ou « Combina ».
Ils s’y réunissaient en grand nombre
tous les dimanches, et en plus grand
nombre encore à l’occasion de la fête
de Pâques et des grandes solennités
chrétiennes, prêchant et chantant à haute
voix. L’abus fut dévoilé par les Conseillers au curé de la Turina, Bonaventure
Vagnone, prêtre fort zélé et doué de
quelques prétentions littéraires, puisque
deux ans auparavant il avait écrit un livre intitulé : « Modo pratico di onorare
la religione cattolica romana », par lequel il prétendait confuter toutes les erreurs vaudoises « avec douceur, charité
et prudence », et par conséquent avec
de meilleurs succès que tous ses devanciers. Il avait même envoyé le manuscrit à la cour pour avoir l’approbation
souveraine et obtenir le recouvrement
des frais d’impression. Nous ne savons
si les éminentes qualités, dont l’auteur
se pare, étaient réelles puisqu’il ne résulte pas que le livre aît paru; mais il
est certain que ses procédés vis à vis des
Vaudois ne furent pas exactement ceux
de la douceur et de la charité. A la
nouvelle de l’opiniâtreté des hérétiques
son âme frémit d’indignation. « Comrnent } Les Vaudois oseraient-ils se réunir, contre toute défense — fût-ce même
dans une maison écartée — pour y célébrer publiquement leurs cérémonies sacrées, prêchant et chantant à gorge déployée ? Et cela dans sa paroisse où, à
son avis, Ig, religion réformée n’avait jamais été auparavant admise ni professée ? » Le scandale était trop fort ! Sans
tarder, il prit la plume et écrivit deux
lettres: une au Préfet de Pignerol, l’avocat Basteri, pour lui dévoiler l’énorme
scandale et pour lui rappeler que, d’après les édits royaux, les Vaudois n’avaient aucun droit d’avoir dans la paroisse ni temple, ni cimetière, mais une
simple école pour l’instruction de leurs
enfants et celle-ci même sous de spéciales restrictions; l'autre au Ministre du
Duc, le Comte de Meizzè, Premier officier de la Chancellerie d’Eiat, pour le
prier de prêter assistance au Préfet Basteri et pour le sommer de ne point se
rendre aux raisons des Vaudois, dans le
cas où ils auraient recours à la clémence
du Roi pour se faire pardonner la faute
commise.
Il est problable qu’en attendant de
meilleurs jours, les Vaudois de la Turina
durent une fois encore se replier vers les
sommets des montagnes pour ne pas
troubler, par leurs chants sacrés, le zèle
inquiet et les loisirs littéraires du bon
curé de la Turina.
Arturo Pascal.
Le Temple de Pramol.
Lut
is
Voilà bientôt 85 ans que cet édifice a
ouvert ses portes sur le très fréquenté
boulevard du Roi (maintenant Corso Vittorio Emanuele 11), le 15 décembre 1853,
A une telle distance de temps on pourrait penser que ce fut tout naturel qu’une
communauté évangélique qui se chiffrait
à plusieurs centaines de ressortissants (6
à 700) se soit pourvue d’un lieu de culte
convenable. Si fait. Mais la pose de la
première pierre de cet édifice, qui eut lieu
le 29 octobre 1851, en la présence des ambassadeurs et ministres plénipotentiaires
d’Angleterre et de Prusse, des EtatsUnis, de Hollande, de la Suisse et des
autorités ecclésiastiques vaudoises, avait
une portée bien plus étendue; elle impliquait un événement de premier ordre
dans les fastes du petit peuple vaudois
et de la patrie italienne.
Cette date a une importance historique.
Il est bien vrai que depuis le 17 février 1848 l’émancipation des Vaudois
avait été octroyée et que le 4 mars suivant la Charte constitutionnelle (Statuto)
avait été émanée. Mais précisément le
premier article de cette charte, au sujet
(( des religions tolérées selon les lois »,
se prêtait à des interprétations restrictives et vexatoires en vertu de la vieille législation. Dès 1825 ce n’avait été que
grâce à l’hospitalité des chapelles de
l’ambassade d’Angleterre d’abord et ensuite de celle de Prusse qu’on avait pu
célébrer des cultes, en langue française,
pour les protestants vaudois et étrangers
de la capitale. Le 1848 survenu, on avait
tenté des réunions privées de famille, en
langue italienne et enfin, rue de l’Hôpi-
3
L’ECHO DES VALLEES - Vendredi 12 Août 1938-XVI
3
tal et puis, au palais Rebora de la rue
Charles-Albert, on avait tenu des cultes
religieux daiis des locaux internes. On y
était si parfaitement parqué qu’on ne saurait s étonner que la désignation de :
« ghetto protestant )) eut cours en ville I
Bâtir un temple, un édifice monumental sur une grande artère de la capitale
c était arborer le drapeau protestant et
proclamer le droit de mettre à la portée
de tous les citoyens les principes évangéliques, en un mot c’était affirmer que les
Vaudois, sortant de leurs vallées, où on
obstacles, qui payèrent de leur personne
et de leur bourse; ce sont le général
Charles Beckwith et le député au ParleJoseph Malan. Ils trouvèrent dans
le Modérateur du temps, J. P. Revel, un
honune éminent qui les comprit, les’ seconda et concourut lui aussi, dans sa
sphere et ses possibilités, à la merveilleuse entreprise.
Depuis le 15 décembre 1853, c’est par
milliers que le Temple de Turin a offert
aux âmes alterees de vente, de justice et
de sainteté, le sanctuaire où elles pou
les avait tyranniquement reléguas pendant des siècles, se sentaient pressés d’évangéliser la patrie italienne.
C est ce que comprirent le clergé romain et les cléricaux qui, ayant appris
que 1 autorisation de bâtir un temple
était accordée aux Vaudois par le gouvernement, mirent aussitôt en branle
leur artillerie de gros calibre et poussèrent aux pieds du roi Victor Emmanuel II un ancien chef de gouvernement
TT le ccrnite Solaro
délia Margherita, qui supplia sa Majesté
^ ne pas infliger à sa bonne ville de
Turin la douleur et la honte de voir s’élever un édifice consacré à la prédication de 1 herésie. Le roi constitutionnel
s en remit au gouvernement, qui ne revint pas sur sa décision.
La presse réactionnaire ne manqua
pas, lors de l’inauguration du temple, de
se déchaîner contre les Vaudois. Ils comprirent, ces lévites, ce que signifiait non
seulement pour Turin et pour le Piémont. mais pour toute l’Italie cette
prise de position, au nom de la li■ berté de conscience et de culte. Aussi
1 « Armonia », organe de sacristie, n’hésita pas d imprimer les lignes qui suivent : (( Les catholiques ne pouvaient
faire a moins de déplorer en ce jour le
triomphe de 1 hérésie. Ceux qui étaient
seulernent italiens, au sens que la politique d aujourd hui donne à cette parole,
devaient néanmoins pleurer sur le sort
de la Péninsule... »
Dans le camp opposé, c’est-à-dire
parmi les nombreux exilés et bannis de
'differentes régions d’Italie, pour cause
de liberté, on ne fut pas plus lent à comprendre ce qu’amenait avec soi, pour
1 entière nation, cette reconnaissance publique du droit des citoyens évangéliques d’adorer et servir Dieu selon leur
conscience. Aussi Gabriele Rossetti, Camille Mapei et d’autres encore donnent
essort à leur muse et chantent, en des
vers que l’on ne peut lire sans émotion,
le providentiel événement qui leur permet de présager de bien plus grandes
victoires, dans l’avenir.
Les Vaudois des Vallées avaient désormais ^ 1 assurance que leurs temples
non seulement ne seraient plus démolis,
qu’ils pourraient librement en édifier là
où le besoin se présenterait dans la circonscription de leurs montagnes, mais
que partout où un groupement évangélique se formerait dans les villes et villages de la plaine ils pourraient ériger la
Maison, en laquelle Dieu est adoré en esprit et vérité.
On ne saurait rappeler la dédicace du
temple de Turin sans se souvenir, en
semblable occasion, du nom de deux
hommes qui virent loin, qui crurent au
triomphe d’une cause sainte, qui surent
mettre en œuvre tout ce qui pouvait
concourir à son succès, qui avec un indomptable courage surmontèrent tous les ■
valent se recueillir et s’édifier; il est aujourd hui encore le centre de ralliement
d une population évangélique qui dépasse
le chiffre de trois mille. Ào. Mn.
L, Histoire vaudoise présente trois
grands río ms : Chanforan, Sibaoud, la
Balsille; trois chapitres de l’épopée de
l Israël des Alpes; trois monuments qui
résument notre histoire dans son caractère fondamental. Ce sont ces trois monuments qui nous sont présentés dans ce
numéro : trois monuments qui constituent
pour tout Vaudois trois Temples. Car les
monuments des Vallées ont ce caractère
très spécial : ils représentent un acte de
foi, un sacrifice pour la foi, un culte; ils
représentent la fidélité de Dieu, la réponse de Dieu à la prière angoissante de
l homme qui se sent perdu, et qui en
Dieu trouve le salut. Ce sont des Temples. Tout Vaudois qui les visite, en
pieux pèlerinage, célèbre un culte.
Ils polnM vers le ciel.
Chaque fois que je rentre « au Pays »,
j accomplis deux pèlerinages, je m’en
vais méditer — et rêver — au pied de
deux rnonuments Vaudois que j’aime
d’un égal amour, religieux et patriotique à la fois: SIBAUD et CHANFORAN. Quoique bien différents l’un de
l’autre, ils se ressemblent, ils sont la manifestation d’un même esprit : ils pointent
vers le ciel.
SlPaim.
Il est bien lointain le jour où nos
Peres, apres la Rentrée, après le sermon
d Arnaud sur la porte du Temple de
Pral, après l’hiver de siège à la Balsille,
s’assemblèrent dans le bois de Sibaud et
prononcèrent leur serment solennel...
— Nous jurons. — Un engagement devant Dieu, une promesse devant les hom
mes.
— Nous jurons, nous qui avons reconquis notre petite patrie, d’être fidèles à
l’Eternel dans la Grande Patrie. Nous jurons d’annoncer l’Evangile partout où
Dieu nous ouvrira la porte.
— Et nous jurons, comme Vaudois,
parce que Vaudois, d etre fidèles envers
nous-mêmes. Nous jurons de rester unis.
1889. Le bicentenaire de la Glorieuse
Rentrée. Ce sont, pour moi, des souvenirs d enfance. Après les mémorables
Assemblées du Pra du Tour et de la Balsille, nous sommes réunis à Sibaud pour
inaugurer le monument et pour répéter
l’engagement et la promesse.
Comme nos cœurs battent I Comme
nous sommes heureux de voir si fortement exprimée l’essence, l’inspiration du
«^Serment » de 1869. C’est bien ça, oui,
c’est bien ça !
Une solide base en pierres de taille
équarries. Et là dessus, entassés, les
blocs rudes des petites paroisses Vaudoises; Bobbio, Angrogna, Torrepellice,
Rorà, Pomaretto, Prali, Massello. Et là
dessus encore, l’obélisque en marbre
blanc qui porte le chandelier aux sept
étoiles avec les noms des grandes villes
italiennes: Roma, Torino, Genova, Milano, Venezia, Firenze, Napoli, Paler
mo..
Nous y retournerons, n est-ce pas ?
Nous irons à Sibaud pour le XV août
de 19391
Il y aura tout juste 250 ans...
Et nous jurerons de nouveau, nous
jurerons plus que jamais d’être fidèles et
d être bons, dans l’amour de JésusChrist.
je me rends en pieux pèlerinage à Bobi
et à Angrogne : je vais méditer — et rêver — au pied des deux monuments
Vaudois de Sibaud et de Chanforan.
Et chaque fois — dans mon cœur et
dans mon âme — le miracle se renouvelle: le miracle de lumière et de grâce
divine: j’évoque le passé, je médite sur
le présent, je fais un acte de foi pour
l’avenir.
Peu à peu, mon regard qui s’est arrêté
à la base de la pyramide, suit la ligne de
l’obélisque : il se prolonge dans le feuillage des châtaigniers séculaires, il se re-.
cueille et s’épanouit dans l’azur...
Nos monuments pointent vers le ciell
Nos obélisques sont des flèches!
Comme ces flèches, en suivant le mouvement de ces flèches, nos pensées et
nos prières se détachent de la terre,
elles s’élancent dans l’espace et dans
le temps
dans l’infini et dans l’éternité...
Elles montent, nos pensées et nos prières : elles montent vers le Père qui est
aux cieux, J. Henry Meille.
Sibaud.
Cliaiiforaii.
1532. Il est encore plus lointain le jour
où nos Pères se réunissaient dans le
champ forain d Angrogne pour écouter,
daris leur Synode, le brûlant message de
Guillaume Farei.
Les Barbes étaient venus de France,
de Hollande et de Bohême et du fin fond
de la Calabre. Il s’agissait de décisions
très importantes, extrêmement graves, il
fallait prendre position comme Eglise
Vaudoise en adhérant à la Réforme, en
donnant au Peuple la traduction complète de la Bible.
1932. Le quatrième centenaire du Synode de Chanforan.
Est-ce d’hier ou d’avant-hier ?
Nous sommes de nouveau réunis en
grand nombre — nous les Vaudois —
sur le champ forain d’Angrogne. Nous
écoutons dans un pieux recueillement,
avec une intense émotion, nos Orateurs
et nos Chefs tandis qu’ils évoquent l’épopée glorieuse de la Restauration protestante. Nous écoutons aussi nos Poètes :
Gloria a Dio! Il Farei grande, emaciato,
anima ardente di profeta, disse :
« Fratelli », ed il Saunier, grave e pacato,
Olivetano, il puro sapiente,
il giovin barba Guido di Calabria
il ministro Gonin — sopra una folla
d’uomini e donne, di Vegliardi e imberbi
solo assetati di superna speme —
ridisser la parola dell’amore,
e sotto l’ombra dolce dei castagni
s’abbracciaron piangendo ;
eran fratelli!...
Et puis nous inaugurons le monument.
Lui aussi exprime avec tellement de noblesse et tellernent de force notre pensée
Vaudoise, notre espérance Vaudoise, notre idéal Vaudois.
Une solide base de pierres non équarries et bien cimentées, une base compacte : notre Peuple. Et — sur cette base
— un grand obélisque rustique, taillé
par nos Unionistes dans le vif rocher de
la tragique Rocciallia, puis transprté là,
et elevé là, sur la base massive du Peuple, pour rappeler l’événement historique
de Chanforan et pour exprimer nos convictions Vaudoises, qui sont encore les
mêmes d’il y a quatre cents ans, qui resteront immuables à travers les siècles,
qui se perpétueront dans le Message et
dans la Mission de notre Eglise : au pied
de l’obélisque, le chandelier aux sept
étoiles et la Bible ouverte : Sois fidèle !
Chaque fois que je rentre aux Vallées,
Lü
Tous nos monuments ont des leçons à
nous donner. S’ils n’en avaient pas, ils
ne seraient pas dignes de ce nom, car,
comme vous savez, monument vient d’un
mot latin qui signifie : rappeler, avertir,
enseigner. Et celui de Chanforan ne fait
pas exception à la règle, loin de là. Aussi
bien voudrais-je, de toutes les choses
qu’il nous dit, tirer quelques leçons.
Quatre, pour commencer.
La première est une leçon de reconnaissance. Chanforan nous rappelle que
nous sommes des débiteurs; que, vis-à-vis
de nos pères protestants transalpins,
nous avons, dans le célèbre synode, contracté une dette. Des mains fraternelles et
secourables se sont tendues vers nous,
des liens de solidarité se sont noués.
Parqués dans nos vallées étroites, nous
étions seuls, isolés au milieu d’un monde
étrange et hostile ; à Chanforan nous '
avons été accueillis dans la grande famille de ceux qui, comme nous, rêvaient
un monde meilleur. Contester cette dette
serait être des ingrats : le peuple Vaudois n’oubliera jamais, et c’est pour cela
qu’il a élevé ce monument. Quant au
Chanforan.
fait que les Vaudois, en acceptant les
mains qui leur étaient tendues, adhérèrent alors à de nouvelles doctrines et renoncèrent ainsi à la pleine originalité de
leur mouvement — ce qui fut incontestablement une perte —, à part la nature
et la portée de cette adhésion sur laquelle on peut discuter —, je ne veux
en vôir ici que les atténuantes. 11 était
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m:
L’ECHO DES VALLEES - Vendredi 12 août 1938-XVI
difficile pour deux raisons de résister
à la poussée calviniste. D’abord parce
que ce mouvement, à part ses doctrines,
avait, alors du moins, quelque chose de
vraiment vital à communiquer à nos ancêtres, et, ensuite, parce que le vent soufflait dans cette direction. Le Calvinisme,
d une part, était un mouvement jeune,
doue de cet élan vital, de cette impulsion
irrésistible qu’on remarque à l’origine
de tous les mouvements religieux et qui
sont la preuve évidente de leur originalité,
tandis que les Vaudois, après quatre siècles de vie, éloignés désormais de leurs
origines, avaient perdu quelque peu de
leiur premier essor et commençaient à
sentir les signes d’un certain épuisement.
Le Calvinisme, d’autre part, s’avançait
porté, soulevé par les vagues mêmes de
l’opinion publique contemporaine; il répondait aux aspirations générales du
temps. 11 est donc bien naturel que nos
braves barbes ne sussent guère résister à
l’éloquence chaude et entraînante de
leurs frères protestants.
La seconde est une leçon de caractère,
et cette leçon je la prends, non de la majorité qui vota l’adhésion, mais de la minorité qui la repoussa. Car il y eut, il
ne faut pas l’oublier, des gens qui, tout
en témoignant leur reconnaissance pour
la solidarité qui leur était offerte, eurent
le courage de prononcer un non catégorique sur le chapitre de la doctrine. 11 y
eut une minorité assez hardie pour tenir
tête aux réformateurs genevois et ne céder ni à leurs doctes argumentations ni
à leurs pressants appels. Vous n’attachez aucune importance à ce détail hisstorique ? Vous dites que ce ne fut là
qu’une faible minorité et que cette opposition — d’ailleurs toute platonique —
n empecha pas que 1 adhésion devînt un
fait accompli ? Permettez que je ne sois
pas de votre avis là-dessus. D’abord ni
vous ni moi ne saurons jamais si cette
rninorité n était pas, de fait, une majorité. Nous avons vu et voyons tant de
choses qui nous en disent long sur le
chapitre des soi-disant majorités ! A peurt
cela, le fait que les Vaudois ne passèrent pas avec armes et bagages dans l’autoe camp et qu il y eut des résistances
dont il ne nous est donné d’évaluer ni
1 extension ni la profondeur, prouve que
Vaudois ne furent jamais entièrement
calvinisés et que l’originalité de leur
mouvement resta cachée dans le tréfonds de 1 ame populaire. Cette originalité fut sauvée alors par ceux qui eurent
le courage de dire non ; elle a été sauvegardée, depuis, par tous les bons Vaudois qui, voulant etre fidèles à leurs origines ont refusé de se laisser entraîner
sans réagir par toutes les vagues étrangères qui ont déferlé sur le pays. Grâce à
eux tous, le monument de Chanforan ne
nous rappelle peis une abjuration. Grâce
à eux ce n’est pas vrai, ainsi que d’aucuns 1 ont affirme, que le Synode de
Chariforan, placé, au beau milieu de notre histoire, clôt les quatre siècles de Valdisme pur qui le précèdent et ouvre les
quatre siècles de Calvinisme qui le suivent; ce n est pas vrai qu’il rappelle
la grande apostasie des Vaudois.
est une leçon de responsabilité. Il est incontestable que nos ancêtres se trouvèrent à Chanforan à la
croisée des chemins et durent prendre
alors une grave décision; il ne faudrait
pas cependant en exagérer la portée. Il
■serait faux de croire qu il y ait dans notre
histoire individuelle et collective des dates absolument définitives. A tout moment de notre vie, comme individus et
cornme collectivites, nous sommes à la
croisée des chemins, appelés à remettre
continuellement sur le tapis des questions que nous croyions définitivement
réglées. Vous croyez, par exemple, que
celle qui fut débattue à Chanforan appartient désormais au passé ? Détrompezvous. Elle ne fut alors qu’amorcée et se
présente à vous aujourd’hui comme si
aucune decision n était jamais intervenue. Vous en doutez ? Voyez ce qui arrive de nos jours. Une nouvelle école qui
s appelle le neo-calvinisme se propose
de parfaire chez nous ce que Chanforan
n’aurait, paraît-il, qu’ébauché. Ces messieurs prétendent nous calviniser. Mais
ne le sommes-nous pas déjà ? Ou bien
serait-ce par hasard que cette négligeable minorité de Chanforan représentait
vraiment l’âme populaire ?
La quatrième est une leçon d’active
collabration. Nous avons contracté à
Chanforan une dette : le temps est venu
de la payer; nous devons rendre au Calvinisme ce qu’il nous a donné. Dans la
profonde crise que traverse le protestantisme contemporain et où menacent de
crouler sous^de formidables secousses les
^o^otines meme de I édifice construit au
seizième siècle par la Réforme, je crois
que les Vaudois ont leur mot à dire. Ils
ont un message à donner, un message
qui leur est propre et qui leur vient de
I originalité même de leur mouvement.
S’ils prêtent l’oreille aux voix mystérieuses qui montent des profondeurs de leur
conscience, s’ils foüillent dans l’histoire
de leur passé, par-delà Chanforan, pardelà Calvin, s’ils parviennent, en remontant à leurs origines, à refaire à nouveau
l’expérience religieuse qui les avait mis
eh coiitact immédiat et intime avec le
Dieu vivant, avec la Force spirituelle qui
mène 1 histoire, le message qu’ils retrouveront,^ leur message, sera un phare dans
les ténèbres du désarroi spirituel où semble s être égarée l’humanité contemporaine. S. Tron.
im leüD ignorato : La Oaiziglia.
Quando contempliamo i « Quattro
Denti » della Balziglia profilantisi innanzi a noi è naturale che tanti ricordi e pensieri affollino la nostra mente. Basta allora scioglier l’ali all’immaginazione per
rivedere i diciassette ordini di trincee
che dal villaggio semidistrutto salivano
fin quasi alla vetta del Pelvou e, sul pianoro del Castello, le ottanta baracche
che ospitavano quei valorosi ed un po’
più in alto quella in cui fu rinchiuso il
colonnello Parat, prigioniero dei Valdesi,
e, in fondo alla valle e di fronte, gli accampainenti delle truppe francesi con i
cannoni postati. Tutto il monte ci appare allora come avvolto da un’atmosfera di guerra e quasi quasi possiamo
seguire, testimoni invisibili, l’epica resistenza dei Valdesi finché, accerchiati
sul Pan di Zucchero, prima una provvida
nebbia, poi la notte cupa impongono una
sosta agli assediami permettendo così
alla perizia di un capitano ed all’audacia di tutti di portare in salvo quel pugno di eroi.
Ebbene questo monte, che a molti
sembra sacro solo per le sue memorie di
§^uerra, dovrebbe da noi Valdesi essere
considerato innanzi tutto come un (( tempio I) e percorrendo quei posti storici i
nostri cuori dovrebbero battere con quegli stessi palpiti di quando ci avvolge la
sacra penonibra della Chiesa della TaPerche il monte della Balziglia prima e più che campo trincerato fu un
luogo di culto: un Tempio dunque! « Il
sig. Arnaud teneva due prediche la Domenica ed una al Gjqyedj ed ogni .girjr-i
no v’era la preghiera alla sera ed al máttino mentre tutti con gran devozione
erano in ginocchio col volto verso terra »,
scrive lo stesso Arnaud nelle sue « Memorie » di questa epica gesta ed un alti o dei gloriosi presenti, il Capitario Robert, precisa: « Il sig. Arnaud ci faceva
tre sermoni la settimana e la preghiera
due volte al giorno quando i nemici ne
concedevano la possibilità. Non partiva
distaccamento, senza che prima fpsse
implorato il celeste aiuto, e giunti in
qualsiasi luogo di pernottamento nè si coricavamo nè si alzavamo senza aver elevate nuove preghiere. Nelle nostre baracche allo spuntar del giorno qualcuno
leggeva uno o parecchi capitoli e poi si
cantava qualche Salmo seguito da una
preghiera. E ciò si ripeteva tre volte al
giorno. Ecco il nostro tenore di vita su
quel monte ».
Certo essi sono grandi questi rudi montanari ! Veramente grandi questi quattrocento eroi della Balziglia, trincerati
nei loro baraccamenti che con tanta calma e potenza resistono ad eserciti dieci,
venti volte superiori ! E’ magnifico eroismo il loro quando con occhio sicuro abbattono ad ogni colpo un nemico che
sale, quando con calma meravigliosa
seppelliscono sotto nuvoli di sassi rotolanti le truppe dieci volte più numerose
che salgono all’assalto o quando, incuranti del fuoco nemico, tentano di chiudere i varchi aperti nei loro trinceramenti
dalle pesanti granate francesi. E quale
fúgido eroismo quando, stretti ormai
dalla morsa di ferro delle truppe assedianti e di notte, attraverso sentieri fatti
solo per i camosci, a poca distanza dalle sentinelle francesi attraversano i dirupi oltre ai quali vi è per loro l’unica speranza di libertà. Ma infinitamente più
grandi, nella loro fede semplice quanto
potente, quando tre volte alla settimana
li raccoglie la meditazione di Arnaud,
quando tre volte al giorno nella penombra delle oscure baracche ascoltano silenziosi ed attenti la lettura di uno o parecchi capitoli della Bibbia e la loro
grandezza mi pare raggiungere i vertici
del sublime quando, essi, che nell’accanita resistenza di settimane e mesi han
dimostrato di nulla temere sulla terra,
essi non perdono occasione per piegare
riverenti e devoti le ginocchia chinando
la fronte a terra, pregando Colui che fu il
Dio dei loro padri e che sentono con
tanta potenza essere il loro Dio I Solo
perchè vivono in così intima comunione
con l’Eterno è naturale che nessuna potenza umana li possa fermare: che l’abisso stesso non li possa inghiottire e che,
mentre nelle tenebre si cimentano coi dirupi più scoscesi vi sia per tutti una sporgenza od un ciuffo d’erba a fermare il
piede : essi devono passare e trionfare
perchè Dio è con loro e se Dio è con loro
e perche essi vivono del continuo con
Dio !
E solito ritornello affermare oggi che
i Valdesi non son più quelli di un tempo:
un fatto è sicuro ed è che molti Valdesi
di oggi sono assai dissimili da anelli che
tra il 1688 e il 1689 passarono l’inverno
nelle baracche del Castello. Nei momenti
in cui ci pesa l’aver troppo dimenticato
il valore della parola « resistere » cerchiamo ansiosi nuove sorgenti di forza,
forse non inutile sarebbe per noi un pellegrinaggio, anche solo ideale, sui pendìi
del monte della Balziglia : di fronte a
questo monumento che ci ricorda la roccia onde fummo tratti forse troveremmo
nuova forza per innalzare reciso il nostro « no » a tutto quello che è volontà
di male. Ma non Io dimentichiamo : quel
sacrario dell eroismo è tale solo perchè
« tempio » della fede e per vivere da Vaidesi è necessario oggi come allora saper
piegare mane e sera ed in ogni circostanza le ginocchia innanzi a Dio, bisogna saper leggere senza stancarsi e meditare del continuo quello che è il Libro
dei libri, bisogna saper chiedere in ogni
circostanza il Suo consiglio, la Sua guida. Ed allora, e solo così non saremo più
dei vinti, sentiremo arderci in petto anima di eroi ; saremo anche noi vincitori
perchè nulla sarà più forte della nostra
fede I A. RiBET.
Invano noi rievocheremmo sulle zolle
di Rocciamaneout il luogo dove Giosuè
Janavel s’inginocchiò coi suoi prima
della battaglia.
Invano pure cercheremmo gli altri luoghi dove s’inginocchiarono i combattenti Valdesi quando il nemico avanzava ed essi sentivano che Dio affidava ad
essi ed al loro eroismo le sorti del Popolo e della Chiesa Valdese ; ma nei
cento e cento combattimenti, prima della pugna si ebbe la preghiera di supplica:òqne, e dopo la vittoria quella del ringraziarnento per l’aiuto ottenuto e la
supplica di perdono per il sangue che si
fu costretti a versare.
Invano :
Le roccie non serbano le orme delle
ginocchia che si curvarono reverenti e
pie, l’erba e i fiori coprono le zolle che
ressero gli eroi mentre, fieri e indomiti
davanti al nemico, si umiliavano davanti
al loro Dio.
Ma quando, con l’anima assorta nel
ricordo e nella gratitudine, noi percorriamo i luoghi della lotta e della gloria e.
improvvisamente sentiam*^ il bisogno di
curvare la fronte e di elevare l’anima in
alto, oltre le vette, fino à Dio che diede
la prova e la vittoria, percorriamo forse,
senza saperlo, i luoghi dove si pregò e
si morì perchè noi potessimo, in pace,
vivere e pregare.
Noi crediamo alla potenza della preghiera, a questa forza che si sprigiona
dalla nostra anima e sale a Dio per ridiscenderne a noi con forze moltiplicate,
e non solo per noi ; ma essa permea di
sè e della sua potenza i luoghi dove sbocciò dalle anime come un fiore meraviglioso, per salire a Dio, e ridiscenderne
in benedizione.
La preghiera è spirito, e lo spirito domina la materia : per questo, tra le pareti pur disadorne di un tempio si prega
più intensamente, come se la nostra preghiera si moltiplicasse, raggio in un nimbo di luce, per quelle, che, nei secoli,
tra le pareti del tempio echeggiarono.
E per questo anche, o Valdesi, il pellegrino che sale ai vostri monti li percorre con l’animo assorto e pensa che
quivi si morì per la fede, si pregò, si
amò, Dio consacrò quel luogo.
E l’anima li riconosce.
L’occhio di carne non sa distinguere
il luogo dove pregarono i soldati di Janavel e gli altri combattenti delle innumeri battaglie, nè le altre roccie, che, attraverso i secoli, furono templi. Su quali
roccie o su quali zolle s’inginocchiarono
i primi Valdesi sfuggiti alle stragi di Provenza per ringraziare Dio d’aver concesso un rifugio ?
Dove pregarono le madri e i fanciulli
per invocare aiuto e scampo, sostando
un attimo, nella fuga precipitosa davanti
alle milizie venute alla strage ? In qual
luogo sostavano per un’ultima preghiera
nelle valli fedeli i Barba, prima di iniziare il loro pellegrinaggio, cui spesso
poneva termine il martirio ?
Dove, oltre le poche località, che la
tradizione indica, si radunavano i fedeli
durante la persecuzione e il martirio ?
Non sappiamo.
Sappiamo che fu qui e che ogni roccia può essere stata un tempio per chi
soffriva e sperava.
Sappiamo che, attraverso i secoli, la
preghiera ha consacrato i monti Valdesi,
cambiandoli in un immenso tempio.
Sappiamo che 1 eco di quelle preghiere eroiche vibra ancora nel cielo delle valli, sui monti valdesi e ognuno può
udirla, solo che percorra i suoi monti o
contempli il suo cielo, con l’anima tesa
ad udirla. I. Lombardini.
(Da « Janavel » - Romanzo in preparazione).
Comuniquès de la Société deludes Vaudoises.
La Société d Etudes Vaudoises, fondée
a Torre Pellice en 1881, a le but d’organiser et encourager la publication d’études et la recherche de documents et
de souvenirs se rapportant à l’Histoire
des Vaudois et de la Réforme Protestante en Italie. Elle publie régulièrement
chaque année deux Bulletins de 100 pages à peu près et un opuscule historique à l’occasion du 17 février, qui sont
envoyés gratuitement aux membres.
Nous invitons tous les Vaudois et leurs
amis a soutenir la Société par leur adhésion. (Cotisations annuelles pour les
membres ordinaires : L. 8 pour l’Italie,
L. 10 pour l’étranger; membres à vie
L. 150; membres honoraires L. 500.
Envoyer la cotisation à M. Théophile
Pons, professeur, Torre Pellice - c. c. p.
N. 2-9034).
L’assemblée générale des membres de
la Société d’Etudes Vaudoises aura lieu
à Torre Pellice dans la Salle de la Maison Viudoise, lundi 5 septembre, à
20 h. 30. Les membres qui désirent y
traiter un sujet spécial d’histoire des Vaudois ou de la Réforme, ou un point quelconque du programme de la Société, sont
priés de le communiquer au président
M. Arturo Pascal, Massel - Perrier, en
vue de la préparation de l’ordre du jour.
I La brochure-souvenir sur le. pasteur
Louis -Appia, dont a parlé VEcho le 20
juillet, est en vente, ornée de deux portraits, à la « Bottega della Carta » et à
la « Libreria Claudiana » au prix de
L. 2,50.
Le famiglie BARAL ringraziano vivamente tutte le persone che hanno loro dimostrato simpatia in occasione della dipartita improvvisa del loro caro
BARTOLOMEO BARAL.
In particolar modo esprimono la loro
riconoscenza al pastore sig. Rostan, al
dottor Cardon, ai vicini di casa, ai comOonenti la Banda Musicale e alla Società
Operaia.
COMUNE DI TORRE PELLICE.
Stato Civile dal 25 Luglio al 7 Agosto 1938-XVl
Nascite N® 5 — Decessi N® 6
In occasione del Sinodo pasti a prezzi
ridotti (colazione e pranzo, L. 6, vino
escluso) - cucina casalinga - buon trattamento da Constantin - Piazza Carlo
Alberto - Torre Pellice.
Signorina italiana diplomata inglese dà ,
lezioni d’inglese e d’italiano a stranieri. |
— Rivolgersi al giornale. |
Famille milanaise cherche demoiselle
connaissant parfaitement l’anglais, disposée passer mois août, septembre près
Lac Majeur pour parler anglais deux
enfants 11, 12 ans. — S’adresser: M.lle
TOURN - Casa Bertorello - Torre Pellice.
Jules Tron* directeur-responsable
Terre Pellioe - Imprimerie Alpine S. A.