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Huitième auuée
IV. S4.
20 Juin 1ST3.
L’ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux inléréis matériels et spirituels
de la Famille Vaudoise.
Que toutes les choses qui soat véritables.ocoupeut
vos pensées — ( Phtîtppicns., IV. 8.)
PRIX D’ABtNRÏHENT :
Italie, k domicile (un an Fr. 3
Suisse................»5
France.......................
Allemagne fi
Angleterre , Pays-Bas » 8
Tn numéro séparé : 10 cent.
Pn nttméro arriéré : 10 cent.
BUBEA0X D’aBOHNEMENT
Topre-Peu.icb ; Via Maestra,
N.42. (Agenzia bibliografica)
PiGNERoL : J. Chianfore Impr.
TrRiN:7.J. rron, via liagrange
près le N- 22.
Fi-orencb : TAhreria Enan/jefica, via de'PaDzanì.
ANNONCES : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S‘a
dresser pour l'adininistration
an Bureau ô. Torre-Pellice,
via Maestra N. 42 — pour la
rédaction : à Mr. E. Malau
Prof, k Torre-Pellice.
¡Sommaire.
Conféreuces de Floreace. — Les Missious au 19”° siècle. — Nomelks religieuses. ^ Dicers. — Chronique mudoise. —
Chronique Politique.
COAFËRËKCËS DË FLORËNCË
i)K l’unikokmité dans les formes
DU CÜLTF..
Notre Synode a laissé, à l’égard
des formes du culte, une entière
liberté aux évangélistes et aux congrégations , persuadé qu'il était
que ces formes ne pouvaient pas
et ne devaient pas dévier d’une
manière essentielle de celles qui
sont en usage dans les diverses
Eglises évangéliques et dans notre
Eglise en particulier, puisque la
plupart de nos évangélistes sont
sortis de notre sein ou ont été
élevés dans nos principes II en
est cependant résulté , paraît-il,
une grande variété de formes,
soit en vertu d’un individualisme
excessif chez les évangélistes, soit
par le fait même que plusieurs
d’entr’eux ont voulu éviter ce qu’ils
croyaient trouver de trop formaliste dans notre ancien culte vaudois, et faire hommage au principe
spirituel ; peut-être aussi par un
esprit d’indépendance et de liberté
auquel notre Synode de 1855 a
encouragé nos congrégations et
nos évangélistes.
Quoiqu’il en soit, M. Ribet, dans
son rapport, constate qu'il y a dans
nos stations les formes de culte
les plus variée ; ce qui fait que
nos congrégations n’offrent pas
à cet égard la même physionomie,
ce qui est, selon lui, uu inconvénient pour les membres de iioti'e
Eglise qui vont d’un« Congrégation
à une autre. t.
M. Ribet reconnaît cependant
que la question des formes du
culte a une importance secondaire,
et que ce qui importe le plus,
c’est la substance du culte, la vraie
piété et la consécration de l’homme
tout entier à Dieu. Il déclare n’avoir aucune difficulté à s’unir à
l’occasion à ses frères des diverses
communions évangéliques pour célébrer avec eux leur culte et selon
2
-186
leurs formes. Mais plus le culte
public, dit-il, est simple, plus la
piété s’y développe librement et
plus grande est l’édification. —
Mais les formes du culte né sont
cependant pas indifférentes, elles
méritent notre attention. Sa pensée
est que, dans l’intérêt de l’œuvre,
il aurait convenu que les évangélistes eussent introduit sans tant
de compliments et de scrupules ,
dans les stations de l’évangélisation les formes du culte vaudois.
Cela n’a pas eu lieu ; l’uniformité
n’existe pas ; il voudrait essayer
de l’introduire. Il montre, par des
passages tirés des Ecritures , des
Pères de l'Eglise et même de quelques écrivains païens, que le culte
de l’Eglise vaudoise est identique
ou presque identique à celui de
la primitive Eglise. Il indique ensuite quel devrait être l’ordre successif des diverses parties du culte:
Chant des psaumes ou des hymnes ; 2“ la prière avant la lecture
de la Bible et confession des péchés; 3° la lecture de la Bible, au
moins un chapitre, ou deux, mais
d’un contenu analogue; plus souvent le Nouveau Testament, sans
négliger l’ancien, et les parties de
la Bible les plus propres à l’édification. Que ceux qui savent lire ,
suivent la lecture dans leur Bible;
4” la prédication bien préparée ,
pas trop longue, dans le seul but
d’édifier, d’aitiener les auditeurs
à la conversion et au salut avec
gravité et amour; 5° le chant;
6“ la prière , suivie de TOraison
dominicale et du Symbole des apôtres; enfin 7“ la' Bénédiction. L’amour de Dieu notre père etc.
Le rapporteur parle ensuite des
réunions du soir, du baptême, de
la réception des catéchumènes, de la
célébration de la Sainte Cène , de
la bénédiction des mariages, des
sépultures et du culte de famille.
M. Ribet recommande pour le baptême l’usage de la liturgie vaudoise;
pour la réception des catéchumènes, la Sainte Cène, la bénédiction des mariages et les sépultures
la Guida per le pubbliche preghiere,
proposée par la Commission d’évangélisation de,l’Eglise Vaudoise
à ses évangélistes.
Ainsi M. Ribet insiste essentiellement sur deux points : l’ordre
du culte et l’usage de la liturgie
dans quelques actes importants
du culte, comme le baptême et la
Sainte Cène. — Quant aux diverses
parties du culte et à leur ordre ,
les membres de la conférence nous
ont semblé assez d’accord; et Tun
d’eux , qui au premier abord a
reproché à la relation de faire
perdre aux fidèles le privilège des
fils et de les mettre sous le joug
de la servitude , a déclaré plus
tard admettre , lui'aussi, l’uniformité dans Tordre des actes du
culte. — Cet ordre est bien à peu
près celui qui est suivi dans quelques-unes de nos paroisses des
Vallées, savoir: le chant, les commandements , la confession des
péchés, la lecture de la Bible, le
chant, la prière, le sermon , le
chant, la prière et la bénédiction.
Nous croyons qu’avec un peu de
bonne volonté, sans porter atteinte
h aucun principe et sans léser la
conscience de qui que ce soit,
nous pauvons nous mettre^ d’ac-
3
-187
cord sur ce premier point. Cependant, même à cet égard, des sentiments divergents se sont manifestés. M. Cardon ne voudrait pas
une trop grande uniformité. M.
Rostan demande ce qu'on entend
par uniformité. Il ne veut ni identité complète, ui exclusion des pe^
tites différences. M. Simpson-Kay
ne veut pas de servitude et demande que les Eglises soient appelées à décider. M. Geymonat
dit qu’on peut obtenir l'uniformité
dans deux cas: quand il n’y a plus
de réveil, alors il y a une triste
uniformité ; ou quand on aura
trouvé une forme classique et relativement parfaite. Donc il est
prématuré de décréter l'uniformité.
Après la clôture de la discussion
générale l’assemblée adopte l’ordre
du jour suivant: L'assemblée, ouï la
rélation de M. lUbet sur le sujet
du culte et la discussion qui a eu
heu, admet le principe qu’il y ait
dans les diverses Eglises un ordre
■uniforme dans la célébration des
cultes publics. Cet ordre du jour
est adopté par 48 voix contre 4.
— Elle adopte ensuite le suivant:
L'assemblée décide la nomination
d'une Commission chargée d'examiner les formes du culte et d'en envoyer une esquisse aux diverses Eglises, afin quelles puissent exprimer
leurs vues à ce sujet, et que cette
Commission soit à même d’en référer à la Commission d'Evangélisation. — M. Combe dit, à l’appui
de cet ordre du jour, que la Commission veut rester- fidèle à sa
ligne de conduite envers les Eglises et entend les laisser libres
«ur ce point ausei. — M. Ribet n’a
pas obtenu que son rapport fût
discuté , parceque à l’égard des
formes du culte on s’est souvenu
de l’art 25 des Actes du Synode
1855 et de la liberté des Congrégations.
Le rapport do M. A. Revel sur
l’organisation des Eglises a été non
seulement discuté, mais adopté
dans son ensemble. Mais nous reviendrons sur ce sujet. — Nous
no voulons nous occuper aujourd’hui que des formes du culte.
La question de l’usage des liturgies posée par le rapporteur et
soulevée par quelques orateurs n’a
pas été discutée ; c’est peut-être
à ce sujet que les plus grandes
divergences se seraient manifestées. Quant à nous, nous partageons sur ce point les idées de
M. Ribet. Nous (^voudrions restreindre l’usage du formulaire à
certains actes importants et spéciaux du culte et laisser aux évangélistes et aux pasteurs entière
liberté dans tous les cultes proprements dits, mais à la condition
que les prières soient de vraies
prières et non pas des discours
que les pauvres auditeurs ont de
la peine à suivre, loin de pouvoir
prier. On a parlé de joug, du joug
du formulaire pour le pasteur;
nous sommes très sensible pour la
liberté des pasteurs, mais uousnous
préoccupons plus encore des fidèles; du reste la prière est aussi
un don , et tous ne l’ont pas au
même degré et ne l'ont pas toujours. En outre, dans nos nombreuses paroisses de campagnards,
Inous sommes toujours convaincus,
qu’à moins que nos prières ne
4
488
soient bien claires, bien précises
et brèves, elles ne sont que très
imparfaitement suivies; nos auditeurs ne prient pas avec nous. Ils
ne le peuvent que très difficilement; la chose leur est plus facile
si la prière leur est connue, ou si
l’objet de la prière est bien déterminé. Nous pensons môme que
sans un formulaire nous n’arriverons pas à généraliser le culte de
famille ; nos paroissiens, sans en
excepter beaucoup d’anciens, ne
savent prier ni en français , ni en
italien , ni en patois, à moins de
lire la prière ou de la savoir par
cœur. On criera à la routine , au
formalisme. Mais c’est là la réalité,
la triste réalité.
m MISSIONS 4U 19'"^ SIÈCLE
Parmi les œuvres chrétiennes,
celle des missions est une des
plus richement bénies, et celle
qui, entre toutes, manifeste avec
le plus d’éclat la puissance divine
de l'Evangile. L’Evaugilè est le
même aujourd’hui qu’aux jours de
Saint Paul, et il restera le même
aussi long-temps qu’il y aura sur
la terre une seule peuplade ou une
seule àme à convertir et à sauver.
Les fruits de la conversion et de
la vie spirituelle qu’il produit en
tous lieux et sur toutes les races
humaines suffit à prouver sa divinité et celle du Sauveur. Les faits
suivants empruntés à VEvangéliste
de Nîmes qui les tient d'un journal américain font connaître quelques-uns des résultats obtenus
pendant ce. siècle par les mission.s
évangéliques.
j
« Il y a eu plus de conversions
depuis dix ans parmi les pa'iens
que ;dans les pays qui s’appellent
chrétiens. On évalue à 300.000 le
nombre des personnes qui ont renoncé au paganisme. De grandes
multitudes ont été gagnées à Christ
dans plus de cent îles de l’Océan
pacifique, en Turquie, dans la
Perse , dans 1’ ludoustan , dans
l’empire Birman, en Chine, à Madagascar, au Sud de l’Afrique, à
Liberia et à.Sierra-Léone. La plus
nombreuse église locale qui existe,
comprenant 4.500 membres , se
trouve à Hilo, dans l’île de Hawai,
où il n’y avait que des sauvages,
il y a 50 ans. Plus de 90.000 Fidjiens, qui mangeaient de la chair
humaine, il y a vingt ans à peine,
se réunissent tous les dimanches
pour célébrer le culte chrétien.
En 1860, il n’y avait à Madagascar que quelques centaines de
chrétiens disséminés et persécutés.
.Aujourd’hui la reine, son premier
ministre, et 280.000 de ses sujets
ont embrassé le christianisme. Il
y a 50 ans, il n’y avait pas un seul
chrétien indigène dans les îles des
Amis. Aujourd’hui il y a 30.000
membres de l’Eglise , et les congrégations pourvoient à toutes leurs
dépenses. Sur la côte occidentale
de l’Afrique, il y a plus de 100
églises et 15.000 convertis. — A
Sierra-Leone, 50.000 africains civilisés se réunissent chaque dimanche pour adorer le vrai Dieu.
Dans la' Chine, si récemment ouverte à l’Evangile, des stations
missionnaires ont été fondées dans
40 villes murées et dans 360 villages,( formant un total de 4QQ
5
.189.
centres de lumière chrétienne et
d’évangélisation. Déjà plus de 400
prédicateurs indigènes sont à l’œuvre, annonçant journellement l’Evangile à leurs compatriotes. 11 a
été admis dans les églises environ
10.000 chinois ».
Le rév. Sherring, cité par le Témoignage, constate qu’il y a dix
ans, dans l’Inde les indigènes chrétiens étaient au nombre de 138.731 ;
il y en a maintenant 224-. 161, soit
une augmentation de 83.4-30 âmes.
En deux ans le nombre des stations centrales s’est accru, dans ce
vaste pays, de 319 a 4-23, celui des
missionnaires indigènes de 97 a 220.
La plupart des nouveaux convertis
appartiennent à la classe inférieure
et aux tribus aborigènes, qui se
montrent beaucoup plus accessibles à l’Evangile que les Hindous
purs.
Quant aux résultats de l’instruction donnée par les soins des
missionnaires dans l’Inde , les
voici : — En 1861 , leurs écoles
comptaient 73.973 élèves; en 1871,
il y en avait 122.372, dont 26.611
étaient des filles. C’est une augmentation de 46,397 élèves.
liouvclUo reitjgtcueee
Allemagne. — Les vieux catholiques allerhands out choisi pour leur évêque
le professeur Reinkens de Breslau. Nous
empruntons au Journal religieux de Neuchâtel le fragment suivant d’un discours
prononcé' par cet homme distingué sur
le sujet suivant: Comme quoi le pape n’est
pas libre:
« Moi aussi j‘ai été à Rome. Le Pape
habite dans celte ville le plus graud pa
iais du monde, qui contient plus de dix
mille chambres, do sorle que c’est peutêlre par embarras ilu choix (pi’il no sait
pas où reposer sa tète. Ce palais est entouré do jardins si grands qu’on pourrait
y bâtir une ville de 6000 à 8000 babilanis.
Il peut aussi se transporter où et comme
il veut; ou le voit passer dans des voitures
richement dorées et eutonré d’une, garde
en armes. Jo l’ai vu accompagné d’une
bVillaute cavalcade formée d’une dou/.aino
des cavaliers les plus distingués do l’aristocratie romaine, <|ui compose sa garde
noble. On no touche pas à un cheveu do
sa tète ; le Pape est tellement libre qu’il
peut dire puliliqucment tout ce i|u'il veut
du roi Victor-Kmantiel , lors mémo (lu’il
no prononce pas sou nom; c’est avec
l’impunité d’un souverain i]u’il le désigne
lui et ses ministres comme des impies,
et qu’il prédit leur mine. Les lois sur la
presse ne le concernent pas. Tons les goiiveruements reconnaissent sa puissance
spirituelle, et jamais Pape n’a exercé pins
librement cette puissance i|ue Pie IX.
» Il est plus libre iju’un roi; il n’a à jirèter
serment à aucune constitution, il n’a aucun juge sur la terre, comme il le dit
lui-même; c’est l’homme le plus libre du
monde, et partant on crie dans le monde
entier; « Le Pape est prisonnier! » —
Quand le Pape est-il libre? D’après les
déclarations infaillibles d’un pape, il est
libre quand lui seul est libre et (]ue tous
les hommes sont ses esclaves. Honil'ace
VHI a prononcé cette sentence infaillible .
« Il est nécessaire au salut do tqute créature d’être assujettie au Pape ».
» Il est donc libre quand tous les autres
hommes ne le sont plus, mais sont sous
ses pieds.
» II ne s’envisage pas comme libre s’il
ne peut pas faire valoir sa doctrine de
l’infaillibilité par le moyen de l’inquisition;
il ne se croirait vraiment libre que .si tous
les Etats recevaient chez eux des inquisiteurs et exécutaient leurs sentences.
» Un grand coup fut porté à sa puissance
quand Victor-Emmanuel supprima les
cachots de l’inquisition papale. Le Pape
n’a plus de cachots maintenant, et c’est
pour cela qu’il ne se regarde plus comme
librq, car tous les prisonniers de l’inqui-
6
-190
sitioa ont été relâchés par Victor-Emmanuel.
» Le syllabus déclare que pour donner
force à ses décisions dans les questions
de foi et de morale, le Pape a le droit
d’employer des moÿen.s de contraints et peut
ainsi, d’autorisation divine, appliquer des
châtiments corporels , mettre en prison ,
vous frapper dans votre honneur, dans
vos biens, dans votre vie. Si on l’empêche d’executer tout cela, il n’est pas libre.
— Voilà la liberté que itome réclame ».
Angleterre. — Société liiblique
Britannique. De 1804 à nos jours celte
société a publié 67 millions d’exemplaires
de la Bible en deux cents langues. Trente
nations diverses, grâce à la Bible. ont
acquise une langue écrite, ce premier
signe du passage de la barbarie à la civilisation. Malgré les progrès apparents
ou réels de l’incrédulité dans tous les
pays chrétiens, la Bible n’a j’amais été
plus demandée et plus lue qu’à l’époque
où nous sommes. Les presses de la Société
biblique britannique fournissent quatre ou
cinq exemplaires des livres saints par minute. Notre siècle a fait plus, pour répandre la Bible, que les dix-huit siècles
ensemble qui l’ont précédé. Au commencenient de ce siècle tous les pays do l’Europe , excepté les pays protestants, étaient
fermés ou comme fermés à la Bible ; aujourd’hui il n’est pas un pays d’Europe
qui ne lui soit ouvert.
Et, se demande M. G. Mon.ad, dans le
Christianisme au XIX* siècle, par quels
moyens tous les pays d’Europe ont-ils
été ouverts à la Bible? C’est la guerre de
Crimée qui lui a ouvert la Turquie et
rouvert la Russie. C’est la guerre de l’Allemagne en 1866, et la journée de Sadowa qui lui a ouvert l'Autriche et la
Hongrie. C’est la guerre d’Italie qui lui a
ouvert l’Italie. C’est la révolution d’Espagne
qui lui a ouvert l’Espagne oü elle circule
maintenant plus librement qu’en France.
C’est Bédan qui a ouvert à la Bible Rome,
la dernière ville dont l’accès lui était interdit.
Genève. — Voici le résumé succint
du nouveau prcjet de réorganüation de
protestant« de Genioe: La qualité
de membre de l’Eglise confondue entièrement avec celle de citoyen ; — les ecclésiastiques qui ne sont pas en charge
exclus de toutes les administrations; —
l’Etat substitué à l’Eglise pour fixer les
conditions d’éligibilité aux fonctions pastorales , et pour diriger l’enseignement
théologique par la nomination des professeurs; — le Consistoire, réduit à faire
des réglements qui ne touchent ni à l’instruction religieuse donnée par les pasteurs,
ni à la prédication, ni aux liturgies; —
le pasteur proclamé souverain de la paroisse oü il a été nommé, quelque soit
son enseignement et les opinions qu’il
professe; — la consécration au saint ministère enlevée au corps des pasteurs, et
même supprimée. — C’est à peu près la
loi ecclésiastique de Neuchâtel. C’est la
suppression de l’Eglise.
Afrique. — Au moment oü l’on
espérait la libération des missionnaires
bâlois prisonniers chez les Achantis, la
guerre a éclaté entre ces derniers et les
anglais. Les Achantis, victorieux d’abord,
s’avançaient rapidement vers le Protectorat
anglais et menaçaient Cape-Coast. Mais les
dernières nouvelles sont plus rassurantes.
Les Achantis demandaient la paix et promettaient le renvoi des prisonniers.
Ecosse, — Le projet de réunir en
une seule les Eglises presbytériennes d’Ecosse a échoué à cause des menaces de
sécession d’une minorité intraitable.
Angleterre. — Le total des recettes des sociétés religieuses dont il a
été rendu compte aux assemblées du mois
de mai, à Londres, s’élève à environ 36
millions 500 mille francs.
Espagne. Le Synode de l’Eglise chrétienne espagnole a dû s’ouvrir le 10 coura nt
par une prédication de D. Juan Cabrera.
Dans plusieurs villes d’Espagne, à Cadix,
à Malaga, à Barcelone, les prêtres romains
passent de vilains moments. Les troupeaux enragés semblent vouloir dévorer
leurs pasteùrS’; après avoir été dévorés
si lon^emps par eux. L’inquisition et les
jésuites ont formé ce peuple qui ne cesse
d’élre esclave de ses prêtres que pour devenir leur tjraa.
7
-191
France. M. Perronoud, évangéliste
dans l’Yonne, a été cité devant les tribunaux, lui et ses complices, pour avoir ouvert un lieu de culte sans l’autorisation
régulière préalable de l’autorité civile
compétente. M. de Prcssensé a demandé
de pouvoir prendre la défense des imputés; malgré son éloquent discours, ses
clients ont été condamnés; mais à un
minimum de la peine, c’est-à-dire à dix
francs d’amende. C’est ainsi que si rien
n’est (îhangé dans les institutions en France
dans le passage de la présidence de M.
Thiers à celle du général Mac-Mahon,
tout a bien changé cependant en réalité;
le cléricalisme lève la tête plus haut, et
bien des autorités inférieures qui sont
sous son influence renouvellent les tracasseries des plus mauvais temps de l’empire et du règne de Louis-Philippe.
Un antre fait plus incroyable encore
vient de se passer en France ;
Le 29 mai, le tribunal dq police correctionnelle d’Auxerre a condamné le maire
de Maligny (Yonne) à 25 franc d’amende
et aux dépens pour violation de sépulture. Or de quoi s’était-il rendu coupable?
— Un protestant étant mort et devant être
enterré à Maligny par le pasteur d’Avfxerre , au lieu de le mettre dans le coin
réservé aux suicidés et aux malfaiteurs,
le maire, d’après les instructions qu’il
avait reçues du préfet, sépara une portion du cimetière pour qu’elle soit, à l’avenir, réservée aux protestants, et il y
fît immédiatement creuser la fosse, malgré
l’oppo.sitiou du curé et du juge de paix.
Alors on l’a accusé d’avoir violé des .sépultures, et sur cette accusation il a été
condamné. i Eglise libre J.
Ces faits et d’autres semblables, acquièrent, comme le remarque la Chambre
Haute, une importance spéciale quand on
voit le bras fanatique et complaisant de
l’autorité civile mu par celui de l’autorité cléricale. On souffre , on s’indigne ,
quand on voit cette puissance dite infaillible , repoussée de toutes parts, lever
fièrement la tête en France, chercher à y
susciter de mesquines tracasseries, en at
tendant (ce qu’à Dieu ne plaise!) de pouvoir y exercer en grand son intolérance
et ses perfides manœuvres jésuitiques. —
Tandisque toutes les nations de l’Etirope
prennent des mesures pour extirper de
leur sein cette lèpre sociale, la F'rance
serait-elle plus sage que toutes les nations
de l’Europe? Ah ! qu’on y prenne garde!
Toutes les nations (juo Rome baisera tomberont.
Ce qu’il faut à la France , comme à
l’Espagne et à l’Italie , c’est l’Evangile ,
l’instruction et la vraie liberté. La papauté
redoute ces trois puissances. Le devoir
des chrétiens est de s’unir aux hommes
de bonne volonté pour les propager jusque dans les endroits les plus reculés.
Liady Duff Oor-fion. Ce fut
une singulière destinée que celle de lady
Dulf Gordon ! Jeune, belle, d’une santé
florissante en apparence, cette jeune anglai.se avait été atteinte tout à coup de
tristes symptômes de phtbisie avec tant
de violence que sa mort paraissait prochaine. Les longs voyages sur mer lui
furent conseillés comme uu remède suprême et, après différents essais, elle alla
se fixer à Louqsor, dans la haute Egypte.
Ce climat absolument sec. ce ciel toujours pur arrêtèrent les progrès du mal.
et donnèrent à lady Gordon une prolongation d’existence considérable et imprévue; elle est morte eu 1869. Cette dame
pieuse avait accepté sans arrière pensée
sa vie nouvelle; au lieu de languir dans
l’oisiveté de l’exil, elle apprit l’arabe, s’intéressa à ce qui l’enlourait, devint la
compatriote de ce peuple docile bienveillant Lady Gordon n’est pas seulement
populaire à Louqsor et dans les environs
par sa bienfaisance ; elle vivait avec les
pauvres, s’entretenait de leurs affaires,
les protégeait au besoin contre les abus
du pouvoir, et avait ainsi gagné le cœur
de la population entière. On trouvait chez
elle presque tous les soirs le prêtre mu-
8
-192
sulman et le juge, et c’était un échange
continuel d’idées utiles et de bonnes pensées. Morte avant le temps pour l’Europe
et la vie civilisée, lady Gordon a montré
quel partie on peut tirer, avec l’esprit,
la foi et le courage, des infirmités et des
épreuves les plus capables en apparence
d’accabler une créature humaine.
( Education chrétienne].
Plusieurs de nos lecteurs n’ont-ils pas
retrouvé dans ce récit bien des traits qui
ont signalé la vie du bienheureux général
Beckwilh ?
Clxronijque Slauboise
l.es i. Le
Comité direi.-teur de l’inslitntion dite des
Artigianelli valdesi a publié sou rapport
pour l’année 1872. Ses entrées se sont
élevées à fr. 5688 et ses sorties à fr. 5835,
avec fr. 147 de délicit auquel s’ajoute celui de l’année précédente 382; total du
déficit fr. 528.
1.0 nombre des élèves s’est élevé de
11 à 19; il est de 17 .dans ce moment.
— Le Comité remercie les amis de l’institution pour les secours qu’ils ont donnés
é l’institution, mais exprime le regret que
les paroisses des vallées, en dehors de
celle de Pomaret et de quelques individus
de celle de la Tour, n’aient pas répondu
à l’espérance exprimée précédemment
d’un concours proportionné au besoin el
à l’utilité de l’institution. — Le reproche
est mérité, et il y a bien d’autres établissements é l’égard' desquels les vallées oublient qu’elles ont des devoirs à remplir.
Nous ne voulons mentionner que l’Orphelinat auquel les dons do la charité des
bienfaiteurs étrangers ne suffisent pas,
(juoiqu’on en dise, depuis que les denrées
ont si considérablement renchéri. Malheureusement ou ignore que l’Efflüe vaudoise
possède des établissements ( n’y a-t-it pas
un grave reproche dans ces simples mot? )
si ce n’est pour demander d’eu profiter.
ivion tooastellQ. — Le régent de
Montecastello, dont l’école marche bien et
a eu l’approbation de l’inspecteur provincial , est toujours sous le coup de la
menace de se voir appliquer la disposition de la loi scolaire qui exige de ¡’instituteur la nationalité italienne, Cette disposition de la loi existe eu effet, mais
elle n’a jamais été rigoureusement appliquée. '
®hrotttquc :poltttc[tte.
1 talie. La Chambre a voté la plupart
des budgets définitifs de l’année 1873.
La Gauche de la Chambre a nommé
Dépretis pour son chef à la place de Rattazzi.
Alexandrie. De magnifiques funérailles ont été faites à Rattazzi dans sa
ville natale. Quarante mille personnes y
assistaient; et quoiqu’il ne soit pas mort
acec le secours de la religion, tout le clergé
a cru de son devoir y prendre part.
Franoe. Le Gouvernement a décidément inauguré à l’intérieur une politique conservatrice. Il a supprimé lejournal
le Corsaire pour avoir ouvert une souscription à 25 centimes dans le but d’envoyer des ouvriers français à r£xpo.silion
de Vienne. L’arrêt de suppression se fonde
sur ce que ce journal est «une menace
incessante contre la paix publique». Mais
-M. de Broglie a déclaré qu’il n’y aurait
aucun changement dans la politiijue étrangère. M. Fournier l’embassadeur temporel
il Rome est conservé à son poste, malgré
le parti clérical.
M. de Pressensé a déposé, à l’.Assemblée
Nationale, une proposition de loi portant
que « les réunions qui auront exclusivement pour objet la célébration d'un culte
religieux seront dispensées de toute formalité, sauf une simple déclaration faite
à la municipalité par les organisateurs ».
Espag;ne. Toujours le même chaos.
— L'ne réunion de députés présidés par
Orense se propose de présenter une loi
pour faire vendre au profil de l’état tous
les édifices et objets destinés .au culte.
Alleinagne. Après une discussion
longue et animée, la diète germanique a
résolue contre une forte minorité le maintien de l’Ambassadeur auprès du S‘-Siége.
États-Unis. Il est question d’un
nouveau démembrement du Mexique en
faveur des Etats-Unis aux-quels quelques
provinces doivent être annexées. Ainsi,
peu à peu, le Mexiiiue tout entier sera
englobe dans la grande république de
l’Amérique du Nord. — Le général Grant
travaille à amener ce résultat.
E. Màlan Directeur-Gérant.
Pignerol, Impr. Chiantore.