1
Septième année.
IV. 48.
29 Novembre 18T3.
L’ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spirituels
de la Famille Vaudoise.
Qua toutes les choses qui soat véritables.occupeot
vos pensées — ( Philippiens., IV. 8.)
PRIX D iBOMHBMENT :
Italie, & domicile an) Fr. 3
Suisse................* 5
France......................
Allemagne 6
Angleterre, Pays-Bas . » 8
Ün numéro séparé : 5 cent.
XJn numéro arriéré : 10 cent.
BDBEADX D ABOMHEMENT
Torre-Peì.mcb : Via ^Maestra,
N.42, (Agenzia bibliografica)
PiGNERoL ; J. Chianlore Impr.
Turin rr*on, via Lagrange
près le N. 22.
Florence : Libreria Evangelica. via de’Panzani.
ANNONCES ; 5 cent, la ligne
Oli portion de ligne.
Lettres et envois franco. S'adresser pour l’administration
au Pureau li Torr.e-Pelllce,
via Maestra N. *<2 — pourla
redaction: à Mr. E. Malan
Prof • à Torre-Pelice.
Sommaire.
Cousidéralions sur rinslnictioii ou Italie.
— L’iuslruclion publi(iue en Prusse. —
L’œil do Dieu. — La vraie poésie. — Divers. — Nouvelles religieuses.— Chronique
vaudoise. — Chronique Politique. — Annonces.
COÜSIDÉBATIONS
sur l’instructiou eu Italie
Tel est le titre d’une série d’articles de M'' D. Pezzi, publiés dans
la Rivista di filologia et d'istruzione classica à propos d’un récent
ouvrage de M. Bréal sur l’instruction publique en France.
L’auteur italien pense que nous
méritons, en Italie, la plupart des
reproches que M. Bréal fait à l’instruction publique de sa patrie.
« Nous apporterons, dit-il avec M.
Bréal, à cette étude la plus sincère franchise. Les précautions de
langage, outre qu’elles seraient
superflues, seraient comme une
sorte d’offense dans une matière
où il importe avant tout de rechercher et de dire la vérité. Les
bons médecins sont ceux qui accusent le mal , non ceux qui le
cachent et le publient.
Parmi les défauts de notre instruction, soit primaire, soit secondaire, soit supérieure, défauts communs à la France et à l’Italie ,
soit M. Bréal, soit M. Pezzi, signalent, en premier lieu, les instincts rhétoriques, indice certain ,
effet et cause nouvelle de légèreté
intellectuelle. « Tous ceux qui
connaissent notre instruction publique avoueront, dit M. Bréal,
que la plaie dont nous souffrons
le plus, non pas seulement à l’école primaire, mais à tous les
degrés de l’enseignement, c’est le
verbalisme. Trop de mots, et pas
assez de choses: sous les mots,
nous ne voyons pas les choses qui
les recouvrent, et le langage, au
lieu de nous servir à découvrir
la vérité, le plus souvent nous la
dérobe ». Les conséquences d’un
tel défaut sont fatales. • On arrive
ainsi à élever une nation qui s’attribue volontiers, à ses heures de
satisfaction, le don de la netteté
et de la précision; malhenreuse-
2
ment, il est plus exact de dire
qu’elle a le goût des généralités
et d’une certaine logique toute
formelle. Sur tous les sujets du
monde nous avons une quantité
de phrases faites par avance, et
qui passent de bouche en bouche
comme étoffe et comme aliment
de la conversation. On les retrouve
dans les journaux, dans les livres,
à la tribune ■>.
Les premiers symptômes de cette
maladie se voyent déjà dans les
écoles élémentaires dont le but est
essentiellement de préparer par
l’éducation et l’instruction , à la
vie pratique. Leur tâche est de
développer régulièrement les facultés de l’âme, de rendre les enfants capables de parler et d’écrire
correctement leur langue maternelle , de leur communiquer les
premières notions d’arithmétique,
de géographie et d’histoire, comme aussi de leur faire connaître
les faits de la révélation de Dieu
dans sa parole. Mais les écoles
élémentaires en France, comme
en Italie, ne répondent pas à ce
but et nous pouvons bien dire avec
M. Bréal : « L’école qui jette dans
la vie des enfants munis d’une instruction banale et superficielle ne
mérite pas le nom d’institution
nationale. Partout où un enseignement public est solidement constitué, nous voyons qu’il porte ses
vues au de là du seuil de sa classe,
et qu’il cherche à marquer de
son caractère les générations nouvelles ». Mais le défaut que nous
signalons se manifeste surtout dans
l’enseignement secondaire, dans
celui des gymnases et des lycées.
— Une grande partie de l’enseignement lycéal et presque entiè
rement celui du gymnase ont pour
objet les langues et les littératures
latine, grecque, italienne; nous
ajoutons la langue et la littérature
française. Pour se faire une idée
de notre enseignement secondaire,
il ne faut pas s’en tenir aux programmes. Les observations suivantes de M. Bréal sur les programmes des lycées français, sont
en très grande partie vraies sur
les programmes des gymnases et
des lycées italiens :
« Sur les programmes de nos lycées, dit-il, nous voyons figurer une
série fort honorable d’auteurs latins
et grecs. Dans les circulaires de nos
ministres et dans les discours de
nos professeurs, les chefs-d’œuvre
de l’antiquité sont continuellement
cités et vantés. Mais si vous entrez dans les classes vous voyez
que les grands écrivains classiques
y tiennent, en somme, une place
assez modeste. « Est-ce, dit M.
Bréal, avec six dialogues de Lucien,
la moitié d’une vie de Plutarque,
la moitié de deux chants d’Homère , une tragédie d’Euripide,
une de Sophocle, et le commencement d’un discours de Démosthène, qu’on prétend apprendre
la langue la plus riche et la plus
variée qui ait jamais existé. —
Ces moyens déjà insuffisants pour
le latin, deviennent dérisoires pour
le grec ». — Mais, nous italiens,
nous aurions déjà raison de nous
réjouir si dans tous nos lycées on
faisait la tâche de grec dont M.
Bréal se montre peu satisfait. En
effet, parmi les candidats qui se
présentent en Italie aux examens
de licence lycéale, la plupart n’ont
lu que quelques fables d’Esope,
quelques dialogues de Lncien,
3
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quelques pages de Xénophon et un
petit nombre de vers d’Homère.
Et, même des œuvres littéraires
de l’Italie moderne, un grand nombre demeurent inconnues aux jeunes italiens. On est surpris quand
on rapproche de cet état de choses,
dit M. Bréal, les usages de nos
voisins les Allemands. 11 faut qu’en
seconde, qui dure deux ans, et répond à notre Rhétorique, les élèves
aient lu dix livres de Tite-Live .
et en première, qui répond à notre
Philosophie, quatorze discours de
Cicéron, ainsi que le de Ofjßciis.
Dans le Hanovre, à l’examen qui
répond au baccalauréat français et
à notre licence lycéale, on exigeait des candidats, généralement
âgés de 17 ans, qu'ils eussent lu
les traités de philosophie et de
rhétorique de Cicéron , Salluste ,
Tite-Live , 1’ Enéide , les odes
d’Horace, l’Iliade, l’Odyssée, Hérodote, Xéuophon et quelques dialogues de Platon. Nous avons peine
à nous figurer de telles lectures.
Mais il faut songer qu’en Allemagne
la classe est débarrassée d’une
quantité d'exercices qui encombrent la nôtre. L’élève lit ses auteurs en particulier, note à la
marge les passages qu’il ne comprend pas, de sorte qu’on passe
avec une grande rapidité sur les
endroits faciles ». Mais le grand
mal chez nous, c’est que nos jeunes
gens n’ont bien souvent pas la préparation grammaticale suffisante
pour comprendre un auteur et pour
faire un travail littéraire. De là
l’aversion qui se révèle dans le
plus grand nombre des jeunes gens
pour les études classiques. Sortis
des écoles lycéales, la plupart se
réjouissent d’être enfin délivrés de
l’ennuyeux devoir d’étudier le grec
et le latin, avec si peu de profit.
Pourquoi ces déplorables résultats ? Parcequ’on n’a étudié les
chefs d’œuvre de la littérature que
comme des modèles de langue et
de style; on n’a fait qu’une étude
de mots, sans avoir égard aux
faits et aux idées. — Dans certaines écoles , par exemple . on
n’enseigne le latin qu’en vue de
l’examen final, en vue du thème
ou de la composition , et comme
le dit M” Bréal, on l’enseigne ,
non pour le savoir, mais pour l’écrire. Il semble vraiment impossible que certaines personnes
n’aient pas encore compris'que,
comme l’observe M. J. Simon « on
étudiera désormais le latin pour
le comprendre et non pas pour le
parler, et en général, on apprend
les langues vivantes pour les parler
et les langues mortes pour les
lire ». Ainsi en tout et partout,
culte insensé de la forme et négligence du fond , apparence au
lieu de la substance, légèreté de
grands parleurs et de rhéteurs ,
superficialité verbeuse.
suivre).
L’INSTRUCTION PUBLIQUE
en Prusse
Les dépenses ordinaires s’élèvent à 9.172.846 thalers; les dépenses extraordinaires et pour une
seule fois à 2.416.628 thalers. —
Parmi les dépenses ordinaires,
nous notons les suivantes; pour
les Universités 1.133.198 thalers;
pour les gymnases et les écoles
techniques, 1.008.054 thalers; pour
les écoles normales 548251 thalers.
4
-380
Pour l’enseignement élémentaire,
dont les principales dépenses sont
à la charge des communes , on
a les chiffres suivants: 2.052.540
thalers pour honoraires des instituteurs et pour dotations aux
écoles ; 36.072 thalers pour pensions aux maîtres: 69.000 thalers
pour les inspecteurs scolaires et
64.500 thalers pour le fonds disponible en faveur de l’instruction
élémentaire.
Le budget assigne à l’Académie des Beaux Arts et au Conservatoire de musique une dotation
de 63.680 thalers ; au Musée de
Berlin 182.895 thalers; à la Bibliotlîèque royale de Berlin 48.970
thalers.
Parmi les dépenses extraordinaires nous notons les suivantes;
pour la construction de la Bibliothèque de l’Université de Halle
(première rate) 50.000 thalers;
pour la reconstruction de l’Université de Kiel 240.000 thalers ;
pour la construction d’une nouvelle clinique à Bonne 200.000
thalers; pour construction et agrandissement de gymnases 256.834
thalers et pour construction d'écoles normales 755.856 thalers,
etc. etc.
La Prusse a environ 3 millions d’habitants de plus que l’Italie;
elle dépense 46 millions de francs
pour son instruction, pendant que
notre budget de 1872 ne présente
que 19 millions.
On se plaint souvent, à ce propos, dit le Corriere di Milano, de
l’état d’infériorité de notre instruction; on propose des lois, des réformes, des enquêtes, des réglements, et que sais-je encore; pour
nous, c’est une question de bud
get. L’instruction obligatoire ellemême , dont nous sommes des
partisans enthousiastes, sera lettre
morte, aussi longtemps que le
budget de l’instruction publique
sera le plus misérable des budgets.
L’ŒIL DE DiËl
Un jour en conversant avec un prêtre
chinois, un ecclésiastique anglais parlait
de la loute-science et de la toule-prôsence
do l'Eternel. Le chinois répondit que le
Dieu qu'il adorait n’élait nullement inférieur en puissance et en connaissance
au Dieu des chrétiens. «Non, lui dit l’anglais, votre Dieu est une idôle ; il a des
yeux et ne peut voir, des oreilles etjl ne
peut entendre».
« Mais non , répliqua le chinois; il voit,
il entend, et il connaît toutes choses et
je vais vous expliquer comment :
Il a sous ses ordres un nombre immense
d’esprits, dont l’office est de l’avertir de
tout ce qui se dit et se fait sur la terre.
Au moment où la lumière du jour se
laisse apercevoir, chacun de ces esprits',
un livre et une plume à la main, prend
place à chaque porte, à chaque foyer,
dans toutes les chambres à coucher des
maisons, et il écrit tout ce qu’il entend
et tout ce qu’il voit. Chaque soir il revient, et en un instant, il donne un rapport résumé de ses observations».
Ainsi, les rêveries môme de la mythologie païenne témoignent de ce sentiment
profond et universel que chacune de nos
pensées, de nos paroles, de nos actions
est soumise au regard scrutateur du Dieu
qui nous a créés. Oui, l’expérience nous
apprend que toute atteinte à la vérité,
toute violation des principes de la justice,
toute complaisance criminelle pour le péché, écrit une sentence de condamnation
dans notre propre conséience ; et qu’au
contraire, chaque résistance au mal, chaque acte de bienfaisance, chaque accomplissement du devoir, est un gage infaillible de joie et de paix ; en sorte que S‘
Paul a pu dire (Rom. ii, 15) «que l’œuvre
de la loi est écrite dans le cœur des pa-
5
-381
ïeos; leur conscience leur rendant témoignage , et leurs peusées s'accusant entre
elles ou aussi s'excusant». Bien plus,'nous
avons le sentiment que lors même que
de telles impressions viennent à s'effacer
de notre mémoire, elles demeurent inscrites en quelque sorte sur une page destinée
à survivre, quand le ciel et la terre passeront, que le jugement solennel se tiendra,
que Dieu mettra en lumière, les choses
cachées dans les ténèbres et les œuvres
les plus secrètes de la foi et de la charité.
Puis donc qu’il y a une relation intime
entre la semence qui est semée en terre
et le grain qui est recueilli, semons la
justice afin de moissonner la miséricorde,
au lieu de semer le vent pour moissonner
la tempête, ou un trésor de colère pour
le jour de la colère et de la manifestation
du juste jugement de Dieu. Certainement,
le chrétien sait que dans tout ce qu’il
peut faire, il n’a aucun sujet de se glorifier, et que ses œuvres de justice ne
lui constituent point un titre au royaume
des Cieux, mais ce sont pour lui {des
preuves que sa foi n’a pas été une foi
morte; ce sont de ces marques qui, selon
le Sauveur, doivent caractériser son peuple. J’ai eu faim et vous m’avez donné à
manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné
à boire etc. (Mat. xxxv, 35 et suit); et lors
même que les fidèles, objet des bénédictions promises par Jésus-Christ ont
oublié les actions que l’œil du Maître a
discernées et qu’il récompense ( quand
est-ce que nous t'avons vu avoir faim
ou soif, ou être malade), un régistre
plus sûr que leur mémoire a conservé
le souvenir de leurs bonnes œuvres, c’e.st
celui qui est appelé, le livre de vie, et
du quel il est dit: Rév. iii, 5. «Celui qui
vaincra, sera vêtu des vêtements blancs,
et je n’effacerai pas son nom du livre de
vie, mais je confesserai son nom devant
mon Père et devant les anges».
•
Le conseil des démons
Un jour les démons de l’enfer se réunirent et tinrent conseil. Us se proposaient
de rechercher les meilleurs moyens de
perdre les âmes dos . hommes. L’un d’eux
s’étant levé, dit :
— J’irai sur la terre, et j’affirmerai aux
hommes que la Bible est une fable et
qu’elle n’est point inspirée de Dieu.
— Non, reprit un second, cela ne servirait à rien ; euvoyez-moi parmi les humains et je leur dirai qu’il n’y a ni Dieu,
ni Sauveur, ni Ciel, ni Enfer.
— Cela ne sufffrait pas, répondirent les
démons, l’homme ne nous croira pas.
Mais tout-à-coup, un des démons se
leva {il avait une apparence sage et réfléchie), et il parla ainsi :
— Je vais me rendre au milieu des
hommes; je leur dirai qu’il y a un Dieu,
un Sauveur, un ciel, et même un enfer;
mais j’ajouterai que rien ne presse, qu’ils
peuvent aussi bien se convertir demain
qn’aujourd’hui.
Eu entendant ces paroles, les dénions se
réjouirent et envoyèrent sur la terre celui
qui les avait prononcées. ,
La vraie poésie.
Consoler un âme souffrante
Gémissant le long du chemin,
Tuer le mal qui la tourmente
En plaçant la croix dans sa main ,
Vaut plus que des flots d’harmonie
S’échappant en vers cadencés...
Voilà la grande poésie
Qui fait bondir le cœur du vrai chantre
{inspiré.
Comme on voit la plante froissée
Revivre aux rayons du soleil,
L’on verra toute âme angoissée
Renaître à la vie du ciel,
Lorsque, acceptant avec confiance
Do notre Christ les saintes lois
Le monde ira, plein d’espérance ,
Adorer à genoux à l’ombre de la Croix.
fiouüelUe reltigtcused
Suisse. Le 3 novembre dernier, a
eu lieu l’inauguration du temple d’AIpnach
dans le haut ünterwald, pays naguère entièrement catholique. En 1860, plusieurs
familles de l’Oberland, qui avaient pensé
d’abord à émigrer en Amérique, ont acheté
6
-382
des terres et se sont établies au village
d’AIpnach. La Société bernoise des protestants disséminés ne tarda pas à s’occuper des besoins religieux de cette colonie réformée. Une école fut ouverte pour
les enfants, et depuis quelques années
un ecclésiastique de SchafTouse, M. Beck,
réside à Alpnach et y remplit à la fois
les fonctions de pasteur et celles d’instituteur.
Un nouveau progrès vient de s’accomplir pour celte communauté par l’inauguration de son temple.
France. M. de Pressensé rendant
compte dans la fíeme Chrétienne des
réunions des vieux catholiques à Cologne
aux quelles il a assisté, après avoir parlé
de la vitalité du mouvement en Allemagne,
dit en parlant de celui de la France ;
w C’est avec une amère tristesse , que je
vois le catholicisme, en France, renier de
plus en plus ses nobles traditions, et, sous
l’influence de l’ultramontanisme triomphant , se précipiter dans une dévotion
puérile et fanali(|ue qui ne soulève plus
d’opposition , môme dans sa fraction dite
libérale, car elle fait sans sourciller
l’apologie des pèlerins que l’on connaît».
— Nous espérons peu du catholicisme
romain de notre pays, car au lieu de
rentrer dans la voie du libéralisme et des
vieux-catholiques, il se jette do plus en
plus dans les bras de rullramontauisme.
Jamais il n’a déployé autant d’activité.
Après avoir cherché à produire de l’agitation et du bruit par les pèlerinages, il
adopte un autre moyen dont nous ne devions pas lui laisser le monopole ; c’est
celui de la presse à bon marché. ¡Une
grande société catholique, qui a déjà reçu
l’approbation du pape et de plusieurs
évêques, a été fondée par le célèbre M.
Mermillod, évêque d’Hébron ; elle a pour
but de publier plusieurs journaux quotidiens ou hebdomadaires, à un bon marché
exceptionnel qui se tireront par milliers
d’exemplaires et iront répandre dans les
ateliers et les familles les principes ultramontains sur toutes les questions du jour.
— Le journal Le Christianisme se demande s’il est possible que le protestantisme demeure {spectateur impassible en
présence des agissements de l’erreur et
de la superstition , et iL termine ainsi ;
«Celui qui anathématise la liberté de la
presse, nous enseignerait comment on
fonde sa puissance sur la puissance de
la presse ! La leçon serait par trop humiliante. Il faut agir et faire {son devoir,
même quand un évêque nous le rappelle.
Tout chrétien est appelé à la défense de
ses convictions. Il faut que tous apportent sans hésiter leurs sympathies, leur
concours et leur obole à celte œuvre,
l'une des plus importantes de notre époque : l'œuvre de la presse protestante.
Ce ne sont pas seulement les journaux
protestants, ajoute la Chambre haute,
qui s’émeuvent de l’activité fébrile du catholicisme, mais les journaux politiques
eux-mêmes poussent les hauts cris, en
répétant sur tous les tons que le parti
clérical met la société en péril dans toute
l’Europe et qu’il menace de tout absorber,
de tout envahir. L’un des grands journaux
quotidiens français, qui est à même de
juger l’ultramontanisme , parcequ’il le
voit de très-près, ne peut contenir ce cri
d’indignation: — «Quel est l’ennemi intérieur de la Grande-Bretagne? L’Irlande.
Et qu’est ce que l’Irlande? Le catholicisme
Quel est en Allemagne, le plus fort adversaire du nouvel empire? le catholicisme.
Qui agite la France en ce moment même?
le catholicisme. Qui trouble la Suisse? le
catholicisme. Qui entretient la guerre civile on Espagne? le catholicisme. Qui
gouverne eu Belgique? le catholicisme.
Partout le catholicisme devenu parti s’affirme comme tel et se pose en adversaire
de la société moderne ».
— Le catholicisme est entamé en plus
d’un endroit; des populations aflfamées se
tournent vers les protestants et leur demandent l’Evangile, dans l’Ain, dans l’Isère
et le Jura. Mais les chrétiens en France
comme ailleurs no connaissent pas encore
suffisamment [l’excellence de {celte belle
devise; l'Union fait la force.
(Chambre haute J.
Angleterre. Le droit de demeurer
dans l’Eglise officielle anglicane vient d’être solennellement reconnu par la Cour
des appels suprêmes au clergé ritualiste
qui introduit peu à peu dans l’Eglise anglicane tous les éléments du romanisme.
7
-383
Ce jugement a produit l^a plus vive impression sur l’opinion publique, qui commence à regarder la séparation de l’Eglise
et de l’Elat comme le seul moyen de
niellre fin à d’inextricables difïicultés.
La conférence des Eglises indépendantes
d’Angleterre a eu lieu cette année à Nottingham dans la seconde moitié d’octobre.
Les dangers que font courir à la nation
l’ultramontanisme d’une part, et, d’autre
part, la tendance naturaliste d’un grand
nombre de théologiens, ont fait le thème
de presque tous les discours. On a pu
constater, à l’énergie avec la <|uelle les
orateurs les plus distingués de l’Angleterre
se sont prononcés dans cette (]uestion,
que la vie spirituelle est encore intense
chez les non-conformistes et (|ue les Eglises séparées de l’Etat sont eu Angleterre
un puissant boulevard de l’Orthodoxie et
de la piété.
Oeiiève. Le congrès évangélique
qui s’est tenu à Genève à la fin de septembre n’a pas inspiré un grand intérêt,
sans doute pareequ’il n’avait pas un but
pratique déterminé. JPeu de députés, peu
d’églises représentées, public religieux
peu considérable. Cependant, dit le Chrétien évangélique, ces conférences conserveront un iulérct historique, comme ayant
été le théâtre de l’activité suprême d’un
homme qui a illustré Genève et le protestantisme tout entier par ses travaux.
C’est là que, pour la dernière fois, M.
Merle d’Aubigné a fait entendre sa voix
puissante.
CKrontque STaubobe
Boby. — M. Aug. Malan évangéliste
à Messine n’a pas accepté la vocation qui
lui a été adressée par l’assemblée générale des électeurs de cette paroisse. Tout
en reconnaissant l’importance du nouveau
champ de travail qui s’ouvrait à l’activité
de notre frère, nous comprenons et nous
approuvons son refus. Nous auriong regretté de voir un homme à qui le Seigneur
a accordé un don spécial pour l’évangé
lisation , la connaissance de la langue et
du caractère du peuple de l’Italie méridionale , et à qui Dieu ré.serve encore,
dans sa grâce, une belle œuvre à faire
en Sicile, s’éloigner do ce beau champ de
travail pour entrer dans un autre, dans
l0(|uel il ne pouvait peut-être pas se promettre autant do succès.
llovlorot. — On nous annonce que
I’ assenit)lée paroissiale do Rodoret a
nommé à l’unanimité M' B. Gartliol pour
pasteur do cotte paroisse, en remplacement de M. Micol appelé à Villosèche.
M. Gardiol, dernièrement consacré, se
trouvé à Guastalla où la Gommission d’évaiigélisatiou l’a (placé en qualité d’évangéliste. — Nous espérons que M. Gardiol
acceptera l’appel de la paroisse de Rodoret.
dironiquc pUttquc.
I tallo. — Le Ministre do grâce et de
justice a présenté, dès la première séance
de la Chambre, le projet de loi sur les
corporations religieuses dans la province
de Rome. Le projet en question étend à
cette province la loi déjà en vigueur à
cet égard dans les autres parties du Royaume, mais elle fait des réserves en faveur des maisons occupés par les généraux
des divers ordres et même en faveur de
quelques maisons étrangères. La somme
totale de toutes les rentes, à l’emploi
desquelles devra pourvoir la nouvelle
loi, no s’élève pas à moins de francs
7,192,000. On en formerait trois fonds
séparés, le premier appelé hospitalier,
formé des biens des corporations qui maintenaient dos hôpitaux ; le second dit scolaire
composé des biens des corporations enseignantes ; le troisième dit paroissial pour
les biens des corporations qui avaient des
paroisses. Les corporations qui existent
actuellement perdraient en conséquence
le droit d’existence légale.
Borne!- — Le mini.stère, et pour lui
la préfecture de Rome, a empêché la
réunion du grand meeting qui devaitavoir
lieu dimanche dernier au Colysée et dont
8
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le but, manifesté par le journal le Suffragio
Universale qui en était l’organe reconnu,
était (le faire la guerre, en demandant
une constituante, aux institutions monarchiques que l’Italie s’était données ellemême.
La Chambre a commencé la discussion
(les budgets de première prévision en
commençant par celui du ministère de
grâce et justice.
Berlin. — On a été assez inquiet à
l’égard de l’état do santé de M. de Bismark.
Toutefois lesdernières nouvelles sontmoins
alarmantes, quoique le médecin du prince
ne lui permette pas de quitter encore
Warzin et de s’occuper d’affaires.
France. — Séance très tumultueuse
à l’Assemblée nationale, en suite de l’interpellation du général Changarnier au
sujet du discours que M. Gambetta a prononcé à Grenoble.
Alîsace. — Les cléricaux ont tenté
en vain de faire réussir une seconde apparition de la Vierge Marie. On écrit de
Schlestaedt à VUnivers que « dans le village do Früth, a deux lieues de cette ville,
sur le haut d’une colline, près d’un arbre
dont le tronc cache une petite image de la
vierge eut lieu une vision. Quatre jeunes
filles de l’âge de 11 ans se rendaient à la
forêt, en babillant, quand l’une d’elle
s’arrêta épouvantée: une femme revêtue
d’une robe blanche, ayant sur la tête une
couronne surmontée d’une croix, se présente à elles. Ses jeunes compagnes la
voyent aussi. La nouvelle de cette apparition devient un sujet de consolation et
d’espérance pour tous.... L’impulsion était
donnée ...... Mais malheureusement ces
gâte-métier d’allemands y ont mis la main
et ont défendu les pèlerinages au lieu de
l’apparition. Ainsi les scènes de la Salette
et de Lourdes n’ont pas pu se renouveler.
ANNONGES.
m\m BIBLld ITALIANA
Stim.at”'” Signore e Fratello,
E con profonda gratitudine verso
l’Autore di ogni bene che noi qui
sottoscritti, in nome del Comitato
della Società Biblica Italiana, partecipiamo alla S. V. la pubblicazione del Nuovo Testamento del
NOSTRO Signore Gesù’ Cristo, fatta
qui in Roma, per cura della nostra
Società. Questa pubblicazione, che
avviene sulle sponde del Tevere,
anzi alla porta del Vaticano e della
nefanda prigione dell’Inquisizione,
attrarrà sicuramente la di Lei attenzione e simpatia, siccome ancora quella di ogni Cristiano evangelico. E perciò che noi la preghiamo di volersi adoperare per
la vendita pronta ed immediata di
detto Nuovo Testamento. E noi
nutriamo ferma fiducia che, mediante la di Lei cooperazione, nessun
membro della Chiesa da Lei condotta vorrà rinunciare al privilegio
di comperarne almeno una copia,
che costa non più di 50 centesimi.
Le commissioni si riceveranno
qui in Roma dal signor Francesco
Sciarelli, in via della Scrofa, 63.
Salutandola con aflfetto, ci di
ciamo
Suoi Fratelli in Cristo
Cote W, Nelson.
Ravi Vincenzo.
Sciarelli Francesco.
Wall James.
E. Malan Directeur-Gérant.
Pignerol, Impr. Chiantore.