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Slx.lèxxi.e année.
N. 40.
8 Décembre IS'7'1.
L'ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spirituels
(le la Famille Vaudoise.
Que toutes les choses qui sont véritables,
vos pensées — ( Philippiens., IV, 8. )
ucoupeui
FRIS d’abonnement ;
Italie, h domicile (im an) Fr. 3
Suisse..................* 5
France..................» 6
A llemagne..............» 6
Angleterre, Pays-Bas . • 8
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TaRRii-PEU.icp. : Via Maestra,
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PiONERoi. : J. Chiamare Iinpr.
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ANNONCES : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S’adresser pour l’administration
au Bureau à 7'orr.e^PeÎiice,
via Maestra N. 42 — polirla
rédaction ; â Mr. E. Malan
Prof * à Torre-Pelice.
Somm-aire.
L’éniigration. — Une victoire honteuse. —
rVoutîeîIes religieuses. — Chronique Vaudoise, —
Chronique politique. — Souscription Stewart.
— Annonces.
DE l/ËllIGRATION
Au TOoment où nous recevons ,
de la part d’un ami, qui s’est déjà
mis en relation avec quelques-uns
des émigrants de Rorà, une lettre
qui offre des perspectives pour un
établissement de nos compatriotes
dans la République Argentine , ce
que nous avons toujours déconseillé, comme offrant beaucoup de
dangers, nous recevons aussi une
communication intéressante et détaillée de M. Salomon, bien propre à
détourner de leur dessein et notre
ami et ses protégés, les 23 chefs
de famille dontlesnoms se trouvent
dans le N. 19 de l’Echo. Nous n’avons cessé et nous ne cessons pas
d’engager ces frères à avoir patience, à attendre qu’une porte s’ouvre pour eux en Italie et si cette
porte ne s’ouvre pas.ee que la Commission nommée par le Synode vou
dra bien nous dire bientôt, à aller
rejoindre nos compatriotes du Rosario Oriental. La grande difficulté
pour nos frères de Rorà c’est leur
pauvreté; ils n’ont ni les moyens de
faire le voyage, ni par conséquent
ceux de s’établir et de payer les lots
de terrains qui se vendent à un prix
relativement assez élevé au Rosario,
soit dans la partie ancienne, soit
dans la partie nouvelle de la Colonie Vaudoise. C’est là l’unique motif qui les aurait poussés dans la colonie Baridon , ou telle autre de la
République Argentine.—Voici d’abord quelques fragments de la
lettre de notre ami; auxquels nous
faisons suivre immédiatement, comme réponse, la communication de
M. Salomon.
« Le Comité d’émigration de la
République Argentine accueille par
des offres tout-à-fait avantageuses
les colons qui s’y réfugieraient.
Le Consul de cette république ,
à Gènes, me dit, à ce propos,
que ne pouvant recevoir ici directement des secours du Comité,
il faut qu’à peine arrivé à Montevideo ou à Buenos-Ayres , (où
2
-378.
notre ami se rend très prochainient), je traite de cette émigration
avec le Comité directeur. 11 me dit
avec beaucoup d'assurance que je
réussirai en prenant sur moi l’initiative. Je m’estimerais heureux
de partager le sort de mes frères.
Je connais l’agriculture; mes forces
me permettant encore de donner
le bon exemple ; je serai leur ami,
leur pasteur même, si on nous détache de la Colonie du Rosario;
car je tiens à maintenir intacts les
sentiments d’honnêteté et déloyauté
qui caractérisent nos Vallées. M.
Salomon serait mon conseiller, et
M^^la comtesse Cambacérès à Buenos-Ayres pourrait nous être bien
utile.
» Je vous prie donc de dire à ces
pauvres gens qu’ils ne désespèrent
point du succès. Avec l’aide de Dieu
nous réussirons ».
Mais la lettre et les documents
suivants nous paraissent bien propres à refroidir cet enthousiasme.
Notre ami est plein de bonnes intentions, mais cela ne suflSt pas.
Colonia Piemontese, 23 ottobre 1871.
M’' le Directeur de i’Echo,
Permettez-moi de donner au
public vaudois quelques nouvelles
de la Colonie ou plutôt des Colonies que nous avons dans l’Amérique Méridionale. Je dis des Colonies
parceque déjà un petit essaim a
pris son vol pour le Nord et quelques abeilles s’éloignent aussi de
temps à autre pour chercher ailleurs qu’au Rosario les moyens de
subsistance.
Je commencerai cependant par
la ruche , je veux dire la Colonie
proprement dite.
Vous connaîtrez sans doute
maintenant ce qu’à mon grand regret vous n’avez pas reçu à temps
pour le Synode. Le rapport annuel
a été fait à temps, mais le porteur
n’a pu partir de Montevideo qu’à
la fin d’avril au lieu de la fin de
mars comme nous y comptions.
Vous y remarquerez sans doute ce
fait réjouissant que les écoles du
dimanche sont organisées à l’Américaine par groupes. Quatorze moniteurs viennent à la cure le vendredi, une heure avant le coucher
du soleil, pour y étudier la leçon
qu’ils expliqueront le dimanche
matin. C’est une heure bénie pour
eux et pour moi, que cette étude
de l’Ev. selon Saint Math, précédée
de la prière à genoux et suivie de
la prière et du chant.
11 y a, dans la congrégation, à
côté de misères que nous déplorons , des sujets de vraie réjouissance. Ainsi nous allons bientôt
commencer des réunions à ««îc/idans
chaque quartier une fois par semaine. Il y en aura une par mois
au moins dans chaque quartier; et
ce qu’il y a de plus réjouissant,
c’est que l’initiative ne vient pas
du pasteur, mais de quelques chrétiens qui éprouvent le besoin de se
réunir quelquefois en dehors du
cadre oflSciel des services.
Nous avons en outre une Société
de l’Union, dont les séances ont
lieu le vendredi soir après la réunion des moniteurs. Nous faisons
tous nos eiforts pour y apprendre
à chanter, mais les directeurs nous
font défaut. Les voix justes et exercées sont rares, si rares que l’on a
cru devoir proposer à celui qui
écrit ces lignes de diriger la basse.
Mes condisciples du Collège senti-
3
-379
ront sans doute par là notre faiblesse dans cette partie si essentielle
du culte. M”® Salomon nous donnait de temps à autre un bon coup
de main, mais pour le moment il
lui est impossible de continuer.
Dans ces séances nous avons aussi
ce que les Anglais appellent des
/eciîires; je.racontai dans une série
de conférences la vie du D' Judson
et ses travaux missionnaires dans
l’empire du Birman. Par une curieuses coïncidence, je lisais un
soir dans un journal de Montevideo
un article sur ces missions baptistes
au Birman. On y annonçait sur la
foi dejournaux anglais que cet état,
tout païen au commencement de ce
siècle, compte aujourd’hui 6000
écoles dirigées par des missionnaires boudhistes. C’était évidemment baptistes qu’il voulait dire,
car je ne sache pas qu'aujourd’hui,
et en face du christianisme, les
boudhistes aient une propagande
aussi active. — On raconte maintenant l’histoire des missions françaises du Sud de l’Afrique.
Pour les choses temporelles, nous
n’avons que des sujets d'espérance
et de reconnaissance envers Celui
qui envoie la pluie et fait croître
l’herbe pour le bétail et le blé
pour la nourriture de l’homme.
Nulle part plus qu’ici on n’a le
droit de parler du haton du pain ,
car c’est le blé qui doit fournir
tout : vêtements, chaussures, etc.
et même le payement de la terre
qui le porte. Aussi est-on heureux
de voir d’immenses étendues d’un
beau vert sombre, qui promettent
beaucoup de labeurs pour les mois
de décembre et de janvier ; en même temps que la perspective d’une
bonne récolte de piastres pour étein
dre les dettes et amener l’aisance
dans les ranchos. — La guerre civile continue, mais de toute la République, c’est bien nous qui en
souffrons le moins. Les officiers
des blancs et des rouges nous respectent et tiennent à honneur de ne
faire aucun dommage à une population dont le caractère pacifique
est bien établi. J’ai fait la connaissance de quelques officiers avec
lesquels j’ai dépensé le peu d’espagnol que je possède sans m’être
par là appauvri, bien au contraire.
Ils ont si bien appris à nous connaître et à nous aimer, qu’ils ont
manifesté l’intention, la guerre
finie , de s’établir au milieu de
nous.
Il y a au Salto, petite ville située sur l’Uruguay, une petite colonie de vaudois, des Tourn de.
Rorà, un Raymond de la Tour,
dont je reçus une lettre la semaine
passée , des prarustinaincs , qui y
font très bien leurs affaires. Ils ne
sont pas privés non plus de tout
moyen d’édification, car un pasteur
protestant y prêche en anglais, en
allemand et aussi en espagnol.
Mais les nouvelles qui mériteront
le mieux ce nom et par conséquent
qui seront le mieux accueillies ,
nous arrivent de la Colonie Alexandra , voisine du grand Chaco
au nord de la Confédération Argentine. C’est ce que l’on appelle chez
vous la Colonie de Baridon; mais
les vaudois n’y seront qu’une infime minorité, si les plans grandioses de colonisation de ce territoire réussissent. On m’assure que
la Société a reçu eu don du Gouvernement argentin trente et quelques lieues de terrain inculte où
elle se propose (et a fait la pro-
4
.380
raesse) d’établir en dix ans . rien
njoins que 20.000 familles de tout
peuple, de toute nation et de tout
culte. Dans le Cliaco errent des
hordes d’indiens sauvages dont la
barbarie vous sera connue quand
vous lirez plus loin ce que peuvent
faire les indiens mausos c.-à-d. civilisés. On avait souvent averti nos
colons des dangers qu’ils allaient
trouver dans ces parages, sans
qu'ils en aient tenu compte; et
meme après leur arrivée à la Colonia Alexandra, l’un d’eux écrivait en plaisantant qu’aucun n’avait
encore été mangé par les loups.
Mais la plaisanterie devait, peu de
jours après, devenir tragique. Je
ne puis mieux faire, pour vous raconter cette tragédie, que de vous
traduire la lettre que je viens de
recevoir du directeur anglais, et
de vous transcrire quelques fragments de deux lettres que Baridon
m’a fait tenir. fà suivre).
ïm VICTOIRE HONTEUSE
Monsieur le Rédacteur ^
Lorsqu’un scandale public se produit au sein de notre Eglise ,
chacun de ses membres a le devoir
et le droit de prendre la parole,
en obéissant à l'injonction de sa
conscience qui lui dit les paroles
du Prophète: « Le cœur me bat,
je ne puis me taire ». Le silence
serait coupable dans ce cas; je
viens donc ' vous prier ^’insérer
dans le colonnes de votre journal
quelques mots que je voudrais dire
sur les affaires* d’Angrogne.
Depuis quelques jours il paraît
qu’dn est occupé dans cette paroisse
à célébrer la victoire que vient de
remporter le Conseil Communal par
la sentence du Conseil Provincial
d’instruction, qui donne gain de
cause à M. Poët destitué auparavant de sa qualité de serviteur
de l’Eglise.
Quelle est la portée de la décision du Conseil Provincial d’instruction? Nous ne voulons pas nous
révolter contre ce verdict légal,
mais simplement en examiner la
portée au point de vue de l’Eglise
Vaudoise, et chercher à savoir si
la Table a eu tort d’écarter cet
instituteur que la Commune veut
garder pour son compte.
Pour autant que je connais les
considérants sur lesquels s’appuie
la sentence du Conseil scolaire de
la Province, ce dernier ne s’est
pas occupé de la question morale,
et on le comprend, si l’on réfléchit aux sources de renseignements
auxquelles a puisé l’Autorité gouvernementale avant de juger la
question. Il y a dans notre Eglise
des personnes qui, ne pouvant faire
triompher leurs idées parmi leurs
coreligionnaires, sont bien aises
de profiter de leur influence personnelle pour frapper un coup sur
l’Eglise.
La Commission gouvernementale
pour l’instruction est trop éloignée
des lieux pour être à même de
prononcer un jugement sur le caractère moral du différend qui
passionne et agite maintenant la
paroisse d’Angrogne. Aux yeux de
la Commission gouvernementale,
les griefs articulés contre M. Poët
sont trop vagues ; elle ne veut tenir
compte que des longs services qu’il
a rendus à l’instruction au sein de
nos Vallées, depuis bientôt trente
5
-381
ans. Qui songe à mettre en doute
]a capacité de M. Poet comme
régent? Seulement cette capacité
ne suffit pas à l'Eglise, qui la veut
accompagnée de l’aptitude morale.
En effet notre Eglise, qui s’honore
d’être chrétienne, requiert de ses
instituteurs une conduite chrétienne. Le gouvernement ne peut
pas s’inquiéter de ce donls’inquiète,
à juste titre, une administration
ecclésiastique.
Mais ne serait-ce rien pour les
personnes intéressées de près dans
ces débats que de voir la jeunesse
secouer le joug de toute autorité
humaine, après avoir secoué celle
de Dieu, surtout si elle peut citer
l’exemple de ses maîtres. Peccadilles
que tout cela! Le respect des supérieurs, la déference et la soumission à leurs conseils; vieux
préjugés de nos pères dont il faut
se débarasser au plus tôt! — Foulez aux pieds tout ce qui s’opposera à vous; cultivez chez la jeunesse l’esprit derévolteetd’orgueil.
Ce sont là des germes de force et
de prospérité pour la population
de l’avenir ! !
N’êtes vous pasle nombre, n’êtes
vous pas la force et par conséquent
le droit? Grâce à votre activité,
vous pourrez continuer cette éducation antichrétienne que vous
voulez, de propos délibéré, donner
à vos fils et à vos filles. L’Eglise
cependant devait protester, elle le
fait et le fera.
Prenez garde cependant; car vos
vanteries et votre langage sont
ceux des oppresseurs. Vous ne
pouvez rien contre la vérité. Elle
sera un jour mise en évidence.
Mais vos triomphes d’un jour n’empêcheront pas les plaies, que vous
nourrissez et que vous cachez soigneusement, de faire leur œtivre
de destruction. Plaise à Dieu que
vos yeux soient ouverts avant qu’il
soit trop tard !
Nous ne voulons pas nous servir
de vos armes pour faire valoir nos
droits; nos armes sont spirituelles
et notre confiance est en Dieu.
Vous croyez nous avoir écrasés.
Au bout de toutes vos fatigues
vous avez trouvé un héros qui vous
appartient, car vous l’avez conquis
sans conteste. Pour lui vous avez
de l’encens; et il ne lui manque
plus qu’un autel où vous lui porterez vos offrandes.
Le devoir de l’Eglise en présence
d’un pareil état de choses, c’est
d’affirmer hautement que, s’il lui
faut des héros, ce sont des héros
humbles, dévoués à ses principes
qui sont ceux de l’Evangile, et qui
en honorent la profession par leur
conduite, qui travaillent non pas à
faire valoir leurs personnes, mais
à glorifier notre Sauveur, en s’effaçant eux-mêmes au besoin et en
s’oubliant pour lui gagner desâmes.
A toutes ces feuilles volantes
anonymes, imprimées on ne sait
où, il manque, à mon avis, une
chose essentielle qui est l’oubli de
disculper le régent des accusations
qui pèsent sur lui.
Agréez etc.
Ph. Cardon évangéliste.
ilouuclks reUgteuaes
Oenèv©. La Suisse radicale ellemême, dont la tendance répond au nom,
après avoir enregistré les communications
des pasteurs libéraux sur les changements,
qu’ils font aux liturgies, se borne à ajouter
cette seule remarque: C’est un signe des
temps; c’est le commencement de ha. fin.
6
-382
Le Consistoire de Genève a discuté la
question relative aux prédications électites
auxquelles le Consistoire lui-môme nomme
tels ou tels pasteurs, et celle qui se rapporte aux prédicateurs étrangers auxquels
le Consistoire donne, d’après le réglement,
l’autorisation de prêcher dans les chaires
de (ienève. Les pasteurs libéraux , Violler
et Cougnard, veulent que celte autorisation soit laissée à l’arbitraire de chaque
pasteur; M" Cramer, Révilliod, et Paris
au contraire voient dans ce changement
un recul et une recrudescence de cléricalisme au préjudice de l’élément laïque
qui compose la plus grande partie du
Consistoire. On a vêté, pour le moment,
l’ordre du jour sur ces deux propositions.
Il y a déjà quatre pasteurs dans l’Eglise
nationale do Genève qui rejettent le symbole des apôtres et six qui n’admettent
pas que l’homme soit «né dans la corruption, incapable par lui-même de faire le
bien ».
Le Journal émngélique du Canton de
Vaud. qui pourtant est national, conseille
à rUnioD évangéliquo de Genève, dont
nous avons annoncé la formation, de se
joindre à M.1I. Carteret et Chomel pour demander franchement la séparation de l’Eglise et de l’Etat.
Rome. Nous extrayons d’une lettre
de M. Ribet à la Liberté Chrétienne les
quelques détails qui suivent.... « .Malheu
reusement l’indolence des Italiens surpasse
celle de tous les autres peuples. Ils sont
eu général de l’Ecole de Toscanelli, qui
a dit dans la Chambre des députés que,
en religion, fieu importe une idée de plus
ou de moins à croire. Yale lo stesso. Cette
nonchalance , ce dolce far niente spirituel
préservera peut-être l’Eglise romaine d’un
schisme et empêchera l’Italie de profiter
de ses avantages actuels sur la papauté....
A côté de la masse des indifférents, il y'
a cependant quelques hommes qui comprennent l’importance de la question religieuse. Dernièrement M. Bonghi soutenait
dans une des meilleures revues italienes,
La nuom Antologia, qu’il faut rallumer
en Italie le sentiment religieux, sans lequel il n’y a pour les peuples que décadence et matérialisme. D’après lui, le seul
moyen pour atteindre ce but se trouve
dans une critique sincère et savante des
religions. Evidemment, le célèbre professeur milanais ne connaît pas encore ce
qu’il faut à l’Italie pour la réveiller de sa
torpeur religieuse, mais c’est déjà beaucoup qu’il ait signalé, le but à atteindre»,
— -M. Ribet après avoir caractérisé les
deux journaux de Rome qui s’occupent de
la question religieuse, la Libertà, dans le
sens d’un mouvement religieux, semblable
a celui que Dôllinger a suscité en Allemagne,
la Capitale, àa.\\s un sens entièrement négatif, parle de la nécessité d’un journal
quotidien qui pût porter, dans toutes les
questions la lumière de l’Evangile, puis
il ajoute: «Grâces à Dieu, la meilleure
harmonie règne entre les évangélistes des
différentes dénominations qui travaillent
à Rome. Chaque lundi soir, nous nous
réunissons tous ensemble, tantôt dans un
local, tantôt dans un autre, et nous pré.sidons alternativement des réunions où
nous prenons tons sucessivement la parole
devant un auditoire toujours nombreux
et sympathique, dans lequel les personnes
qui fréquentent nos différentes églises se
mêlent et se confondent. Celte manifestation publique hebdomadaire de l’unité de
notre foi, met les prêtres dans l’impossibilité de se servir contre nous de leur
argument favori, qui consiste à nous accuser d’être divisés en mille et une sectes,
incapables de se mettre d’accord et de
s’unir entre elles. — J’avoue que je suis
un peu étonné de l’apparente débonnaireté des prêtres de Rome à notre égard...
Ils affectent de nous confondre avec les
incrédules et les rationalistes et ne parlent guère de nos églises. Cette lactique
est fort habile sans doute. Elle n’empêche
cependant pas que des centaines de Romains n’entendent régulièrement la prédication de l’Evangile.
Je regrette de devoir dire que nos différeuts locaux sont tous plus ou moins
défectueux. Si nous pouvions avoir une
église dans une position centrale, ce serait, je crois, une condition excellente
pour le développement de l’œuvre évaugélique.
(ffixrontque ®auboi0í
La Commission d’Evangélisation de notre
Eglise réunie dernièrement à Florence a
décidé d’envoyer quelqu’un au secours de
l’évangéliste Malan de Messine pour continuer l’œuvre qu’il a heureusement commencé à Riesi, dans le centre de la Sicile.
Tiir'ln. Un généreux anonyme a fait
don à la Commission d’Evangélisation de
15009 francs destinés à payer une ancienne
dette que l’Evangélisation avait contractée
avec l’Hôpital protestant de cette ville.
Sicile. — Une seconde lettre de M.
Aug. Malan, sur sa tournée d’évangélisation dans l’île, entretient les lecteurs de
l’Eco délia Verità de deux réunions qu’il
eut àTrapani, à l’hôtel, l’une de 40, l’autre de 80 personnes, puis à Leonforte ou
il pût parler dans le théâtre de la ville à
plus de 140 personnes. Le lendemain de
ce jour, la clef du théâtre disparut et M.
7
-383
Aug. Malan fut obligé , faute d’un local,
de quitter cotte,;localitô où il espère pouvoir SC rendre encore un jour.
Ansr-ogne. — Toujours de tristes
nouvelles de celle paroisse. On y ferme
la porte au Pasteur (|uaiid il se présente,
ou qui pour lui, dans les écoles ; le dimanche pour y tenir les réunions religieuses habituelles en hiver, et lorsijue, la
femme du pasteur demande au syndic,
l’entrée dans la grande école de propriété
<le l’Eglise, pour y faire, l'école du dimanche en faveur des enfants vaudois d’.tngrogne, on lui dit une première fois do
demauiier la clef au régent, et une seconde fois, tout dernièrement, on lui répond «(|ue le Eonseil délégué et la Commission des écoles ont refusé de laisser
tenir l’école du dimanche et le catéchisme
pour l’instruetiou religieuse des catéchumènes dans la grande Ecole , co.nme cela
avait lieu auparavant». Si c’était aux heures des leçons ordinaires, nous le comprendrions, mais à d’autres heures, mais
le dimanche ! Et la population ne proteste
pas I On nous assure que la femme du
pasteur va être citée devant les tribunau.x
pour avoir dit quelques paroles (|ui ont
déplu dans le Conseil Communal, où elle
s’est rendue, pour y apporter, en l’absence
de son mari, un rapport sur l’instruelion
réclamé par le syndic, et après avoir demandé et obtenu la permission de parler
deux minutes seulement. Et cependant ce
pasteur et sa femme qu’on traite ainsi se
sont dévoués au bien temporel, moral et
spirituel de la population ; M'”' Canton tout
particulièrement, non-seulement en tenant
depuis nombre d’années une école du dimanche, mais en procurant des nombreux
secours aux jeunes gens pauvres, élèves
de notre Ecole normale des régents, dont
quelques-uns maintenant par reconnaissance lui reprochent ses bienfaits et traînent leur ancien Pasteur dans la boue;
aux enfants misérables et malades, en les
faisant entrer, en grand nombre, dans des
établissements de bienfaisance du pays et
de l’étranger; aux nombreusesjounes ifllles
pour lesquelles elle ne reste de s’intéresser
avec amour, en leur procurant des places.
Nous ne sachions pas qu’on ait jamais refusé ces dons, quelquefois excessifs. Tout
le monde sait la peine qu’elle se donne
et combien elle a su mettre à contribution
ses amis en faveur de tous les pauvres et
de tous ceux qui ont besoin de ses secours et de ses services. Mais tout cela
est oublié ! Oh profonde ingratitude ! Nous
ne demandons pas de la justice et de la
reconnaissance de la part de ceux que la
passion aveugle. Mais les membres do
l’Eglise que font-ils? où sont-ils? Ils se
cachent et laissent faire. Malheureux siècles d’oppression ! voilà ce que vous avez
fait do notre peuple ! vous lui avez enlevé
toute énergie, excepté pour le mal. Vous
l’avez rendu lâche et tremblant seulement
devant les gendarmes et les ordres d'm
bas, et vous leur avez ôté le sens moral,
le sentiment du juste et de l’injuste et
surtout la force de se prononcer pour le
bien !
Sans doute , il y a bien là do quoi décourager les plus vaillants. Toutefois nous
disons à nos amis d’.tngrogne : vous n’avez [>as encore résisté jus((u’au sang en
combattant contre le mal. Vous pouvez
encore annoncer l’Evangile en public et
en particulier, dans le temple et dans les
familles. Evangélisez donc, comme font
nos évangélistes en Sicile et ailleurs ; sans
doute, vous serez moins bien traités i|ue
l’évangéliste qui ira à Riesi ou à Leonforte. N’importe. Sans doute vous serez
embarrassés de nous dire s’il y a une
église à Angrogne et où elle est. inais elle
pourra surgir, si elle n’y est pas encore.
-•Vinsi, pas de découragèment ! mais du
zèle, de la charité,-, de la fidélité dans la
prédication de la bonne nouvelle du salut
à tant d’âmes qui l’ont entendue des années avec indifférence, mais que le Seigneur juge à propos peut-être précisément
dans ces jours de faire passer par le trouille et le tumulte des grandes eaux et par
le crible de l’épreuve pour les réveiller à
salut, en leur faisant connaître la distance
immense qui sépare le Vaudois du disciple
de Jésus-Christ et en les secouant du
sommeil de la propre justice. — Il était
temps qu’une occasion se présentât pour
faire sentir aux pasteurs, aux anciens et
au peuple que qui jure, s’éuivre, trompe
au jeu et dans les contrats, (|uand même
ils communient quatre fois par an, n’est
pas plus chrétien, quand il déscendrait de
père en lils depuis 6 ou 700 .ans d’un
Vaudois de t’ra-du-Tour ou de lialsille, que
le dernier des adorateurs de Boudha, ou
que l’épicurien qui dit: mangeons et buvons ! — Il est grand temps d’en finir
avec la fiction de l’église-multitudo, de
l’église-peuple ou do l’église-nalion !
Cltrontque i^oUttquc.
Kome. Le roi Victor-Emmanuel a
ouvert en personne et à Rome le Parlement national, le 27 novembre, dalo mémorable dans l’histoire d’Italie. — Les
passages do ce discours les plus remarquables sont les suivants : « L’œuvre à
laquelle nous avons consacré noire vio
est accomplie f applaudissement,s très vifs
et prolongés). Nous avons reconquis notre
place dans le monde en défendant les
droits de la nation. Aujourd’hui que l’unité
8
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nationaleest accomplie et qu’une nouvelle
ère s’ouvro pour l’histoire d’Italie, nous
ne faillirons pas à nos principes {applaudissements/. Rehn-és au nom de la liberté,
lions devons chercher dans la liberté et
dans l’ordre lu secret de la force et de
la conciliation (très-bien). Mes vœux les
])lus ardents sont pour la paix et rien ne
nous fait craindre (|u’elle puisse être troublée ; niais rorganisation do l’armée et
de la marine , le renouvellement des armes, les ouvraires de défense du territoire
national exigent de longues et mûres études, et l’avouir pourrait nous demander
un compte sévère de tout retard inconsidéré (applaudissements).
» L’œuvre merveilleuse du percement
du Mont-Cenis est accomplie; celle du S.
Gothard va être entreprise. La voie iinivcrscllo qui, parcourant l'Italie aboutit à
Brindisi et rapproche l’Europe des Indes,
trouvera trois passages ouverts à la vapeur pour traverser les Alpes. La rapidité
des voyages, la facilitó des échanges accroîtront les relation,v amicales qui nous
lient aux peuples transalpines et raviveront les nobles luttes du travail et de la
civilisation.
» L’avenir s’ouvre devant nous riche de
belles promesses. C’est à uous de répondre aux faveurs de la Providence en nous
montrant dignes do remplir parmi les
grandes natiops, le rôle glorieux de l’Italie
et de Rome (applaudissements réitérés et
cris de vive le Roi parlant des bancs des
députés H des tribunes)».
Le discours du Roi parle en outre de
la (|ueslion ecclésiaslif|ue , des finances,
des progrès économiijues et scientiliques,
de la sûreté imblique et des institutions
judiciaires, mais ne dit pas un mot de l’instruction primaire. Mais trêve à la c.ritiipie,
car ce discours , comme dit la Gnzzetta
delPopolo de Turin, a été prunoncéà Rome,
La Chambre des députés s’est constituée
par la nomination de son bureau. L’hon.
Biancheri a été élu président, presquo à
l’uiianimité des volants; Mordini et Pisanolli vice-présidents; Siccardi et Massari
premiers secrétaires. Corto (¡uesteur.
Les journaux commentent en général
d’une inanière favorable le discours du roi,
excepté les journaux cléricaux; nou-soulement les journaux italiens, mais aussi les
les journaux élraugers, et particulièrement
le Times, le Journal des Débats, VOpinion
nationale et le Temps. Le Journal des Débats pense que la sagesse politique dont
les italiens ont fait preuve jusqu’à atijonrd’hui les conduira encore à la réconciliation avec la papauté. C’est aussi l’espoir
fpi’exprime le discours de la Couronne.
Mais uous pensons au contraire avec le
Temps et TOpinion nationale qu’il y a incompatibilité entre le principe de la natio
nalité, celui des libertés modernes et principalement celui de la liberté rie conscience
et le syllabus. — Quel(|ues journaux sont
d’avis que Victor-Emmanuel et le pape
sont plus d’accord que leurs ministres.
Uuoiqu’il en soit, (jue le. roi ait demandé
ou n’ait pas demandé une entrevue avec
le pape, nous avons pleine confiance dans
la loyauté de Victor-Emmanuel. — On
rapporte (jue S. M. passant près du Vatican
aurait dit: «Là demeure le prisoniiier
libre», puis montrant le (jnirinal, il aurait
ajouté : «et là réside le libre prisonnier >.
Ooï’liri. Le même jour (¡ne son confrère d’Italie, le roi de Brasse empereur
d’Allemagne, a au.ssi ouvert le Barlement
[)russien. Le passage le plus remarquable
de son discours est celui ou il déclare que
son Convernemeut saura sauvegarder les
droits de l’Elat conlre les empiètemenis
de l'allramontauisme, et faire observer
les glands principes île la liberté en faveur
de toutes les associations religieuses et
de toutes les confessions chrétiennes.
lyraiioo. Suppression de plusieurs
journaux, avertissements à d’autres; diminution do liberté. Rossel, Keri’o et Bmirgeois , compromis dans la révolution de
la Commnno, ont été fusillés. Le protestant Rossel a seul manifesté des sentiments
de repentir et de foi en Jésus-Christ Sauveur; il a voulu communier avec son
pasteur, M. Passa, avant d’aller à la mort,
et il a rendu grâces à Dieu d’avoir laissé
dans la S‘" Cène, un signe précieux aux
chrétiens; il a pardonné à ses juges,
adressé des lettres louchantes à son père,
à sa mère et à ses deux sœurs et recommandé à ses amis do la Commune do
n’exercer aucune vengeance, si jamais
ils parvenaient au pouvoir. C’est ainsi que
l’instruction religieuse évangélique, reçue
dans son enfance. Rit pour lui une source
de bénédictions an moment suprême.
SOUSCRIPTION
POUR LPS PORTRAITS DU DOCT. STEWART
Liste précédente Fr. 439 10
M'" Marg. Meille » 2
M“” Jos. Arnoulet » 5
La paroisse do Massel. » 2
Total Fr. 448 10
Ciinliques pour les Ecoles du Dimaniiie
7“ édition ; prix 10 centimes.
Dépôts: à la Tour chez M. B. Thon prof.
— à Poniaret chez M. le past. Lantahet
E. Malan Directeur-Gérant.
Pignerol, Impr. Chiautore.