1
sixième année.
]V. 43.
20 Octobre ISTI.
L'ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialemenl consacrée anx inléréls malériels et spirituels
(le la Famille Vaudoise.
Que toutes les choses qui sont véritables.occupent
vos pensées — ( Philippiens.t IV. 8.)
PRIX D ABONNEMENT :
Italie, h domicile (un an) Fr* 3
Suisse.......................
France...................>6
Allemag'ne............« 6
Angleterre, Pays-Bas . • 8
Un numéro séparé : 5 cent.
Un numéro arriéré : 10 cent.
BUREAUX d’ABONNEMENT
Torre-Pelmce : Via Maestra,
N.42, (Xgenzia bibliografica)
PiGNERoL : J. Chiantore Impr.
Turin;/./. Tron, via Lagrange
près le N. 22.
Florence ; Libreria Evangelida, via de’Panzani.
ANNONCES : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois (raneo. S*a*
dresser pour l'administrât ion
au Bureau cl Torr.e-Pellice,
via Maestra N. 42 — pour la
rédaction : â Mr. E. Malan
Prof • h Torre-Pelice.
Sommaire.
Encore (3u culte, — De l'instruction en
Hollande. — Le rapport d’un Préfet. —Nouvelles religieuses et fasts divers» — Chronique politique. — Annonces.
ENCORE DU CULTE
S’il y a une partie essentielle
dans le culte évangélique c’est sans
contredit la lecture de la Parole
de Dieu. Cette lecture devrait occuper la première place dans toutes
nos réunions religieuses, et spécialement au service principal du
dimanche. Or chacun sait qu’elle
y occupe au contraire la dernière
place ou même qu’elle n’y en a
point. Il est vrai que le régent
paroissial, ou'qui pour lui, commence le culte, avant l’arrivée du
prédicateur, par la lecture de la
Bible, et qu’il la continue jusqu’à
ce que l’assemblée soit formée ,
pendant plus ou moins longtemps,
selon la lenteur ou l’empressement
des fidèles à prendre place sur les
bancs. Dès que le lecteur le juge
à propos, il passe à la lecture
des commandements: et c’est là
proprement le commencement du
culte. Nous le demandons, (comme
on se l’est déjà demandé bien des
fois, sans cependant avoir rien
changé à ce qui se pratique, telle
est la puissance de l’habitude), si
c’est là faire à la Parole de Dieu
la place qu’elle mérite dans le
culte évangélique, et tout particulièrement dans celui de l’église
vaudoise qui prétend être fondée
depuis des siècles sur la Parole
de Dieu. On lit la Bible au milieu
du bruit de ceux qui entrent, au
milieu de l’inattention générale;
s’il y en a un qui écoute ou qui
puisse écouter, il y en a dix qui
n’écoutent pas ou qui ne peuvent
ni écouter ni comprendre. Du reste,
aussi longtemps que le prédicateur
n’est pas entré et qu’on ne fait
que lire la Bible, on ne s’empresse
pas d’entrer dans le temple. Le
sentiment général est que cette
-lecture n’est qu’un remplissage et
qu’elle n’a lieu qu’en attendant
mieux. Nous nous souvenons d’une
conférence pastorale où ce sujet
avait été traité, et où l’on avait
2
-340
unanimément reconnu la nécessité
de donner à la Parole de Dieu la
place qui lui appartient dans le
culte, et afin de ne pas introduire
des changements trop radicaux ;
on s’était engagé a lire ou à faire
lire une portion plus ou moins longue de l’Ecriture avant la prédication, à ce moment où l’assemblée est tout à fait formée, et où
la lecture de la Bible est mieux
écoutée. Nous croyons que pendant
quelque temps quelques pasteurs
se sont conformés â cet engagement
tout volontaire, mais ensuite ils
sont tous, plus ou moins revenus
à l’ancien usage. Eh bien! Nous
souhaitons une modification sérieuse à cet égard, et nous sommes
convaincus que bien des personnes
la souhaitent avec nous. Nous
préférons de beaucoup l’ordre du
culte de l’église luthérienne où la
Parole de Dieu a une place légitime
et convenable. Deux portions de
la Bible, ou deux péricopes, comme
on les appelle, sont ordinairement
lues à chaque culte principal du
dimanche, l’Evangile du jour et l’Epitre du jour. C’est ordinairement
sur l’une des deux péricopes que
le pasteur prêche, sans vouloir
recommander ce système qui a
des inconvénients, si on le suit
trop excl usi veraent; entr’autres cel ui
d’exclure de la lecture dans le
culte public toutes les parties de
l’Ecriture; surtout de l’ancien Testament, qui ne sont pas comprises
dans les péricopes; sans vouloir
proposer de copier absolument une
autre église quelconque, ne pourrions-nous pas ne commencer le
culte que lorsque l’assemblée est
formée et que le pasteur est entré.; peu importe, par la lecture
de la Bible ou par un chant? Et
surtout ne conviendrait-il pas de
mettre la lecture d'une portion de
la Parole de Dieu au centre du
culte avant le sermon? Cela peut
se faire sans rien changer d’essentiel
à nos habitudes. — Si les fidèles
ont l’avantage d’entendre lire avec
sérieux, au milieu du recueillement
général, une portion de la Parole
de Dieu, il vaut la peine pour
eux d’être allés au temple, quand
même ils n’auraient rien emporté
du sermon et des autres parties du
culte. Et si nous croyons avec l’apôtre « que la Parole de Dieu est vivante et efficace, et plus pénétrante
qu’aucune épée à deux tranchants,
qu’elle atteint jusques à la division
de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles, et qu’elle
juge des pensées et des intentions
du cœur»(Æcir.3,12), hésiterionsnous à lui donner la place que
nous réclamons pour elle dans le
culte public ?.
L’IDiSTltUCTIQUi EN HOLLANDE
On a dit souvent que la force d’une
nation était en raison directe du degré
d’instruction de ses citoyens; et certes les
terribles événements que nous avons vus
naguère se dérouler devant nos yeux,
loin d’avoir infirmé ce principe, lui ont
au contraire apporté la sanction d’un
succès prodigieux. Pour nous cependant,
les victoires de l’Allemagne doivent être
regardées comme le triomphe du génie
de ses hommes d’état, de sa puissante
organisation et de la supériorité de ses
engins meurtriers, plutôt que de celle de
son instruction:: nous envisageons celle-ci
comme une force morale bien plus que
matérielle, comme un instrument d’entente , de fraternité et de paix, bien plus
qu’une cause de discorde^ de haine et de
destruction.
3
-341
Goetho s’écriait en mourant « pim de
lumière, encore plus de lumière » ces
a<Iieux sont touchants, mais ils sont loin
d’avoir encore été compris, même parmi
ses compatriotes.
Une nation libre et vraiment éclairée
met son ambition ailleurs que dans la
gloire des armes et l’amour des conquêtes,
et la Suisse, l’Anglelerre et la Hollande sont
là pour servir de modèle aux autres. —
Voyons ce qu’est l’Instruction dans ce dernier pays, quelle marche elle a suivie
et quels résultats elle a obtenus.
I.
LE SYSTÈME D’eNSEIGNEMENT.
L’enseignement en Hollande, n’est point
obligatoire; aucune loi ne force les parents d’envoyer leurs enfants sur les bancs
de l’école, cependant on n’en trouverait
guère qui ne soient prêts à les faire profiter des moyens d’instruction qui sont à
leur portée.
Dans certains districts disgraciés des
provinces les plus pauvres, les habitations
se trouvent parfois si éloignées du village,
les hivers sont si rudes, les vents souillent
avec une telle violence sur ces landes
immenses, qu’il est impossible à bien
des familles d’envoyer leurs enfants à
l’école durant une bonne partie de la
mauvaise saison; et les travaux de l’été
réclamant, à leur tour, tous les bras disponibles, le résultat final est, dans ces
circonstances, tout à fait insignifiant, et
l’instruction presque nulle. Dans les villes
et les fertiles campagnes qui couvrent les
trois quarts de la Hollande, tous les enfants fréquentent l’école, depuis l’âge de
cio(| ans pour la ville, et de .six pour la
campagne.
L’enseignement est, pour ainsi, dire entièrement entre les mains du gouvernement. L’instruction publique ne forme
pas de portefeuille séparé; elle est du
ressort du ministre de l’intérieur.
Un inspecteur général, nommé par le
ministre lui même, de concert avec les
inspecteurs et les délégués provinciaux
s’occupe de toutes les questions d’intérêt
général. Réunis en conseil deux fois par
an, ils entendent les rapports des différentes provinces, règlent les cours des
écoles supérieures, examinent les brevets de capacité, délivrés par les commissions d’examens, etc.
La plus grande liberté est laissée aux
provinces et aux communes, quant à la
fondation, à l’entretien et aux subventions
des écoles; le fait de l’enseignement proprement ilit est seul soumis au contrôle
du gouvernement. fà suivre J.
LE RAPPORT D PRÉFET
Nous avons lu avec intérêt le rapport
que le Comm. Tegas, Préfet de Brescia, a
bien voulu nous adresser sur l’administration de cette province pendant l’année
1870; et nous en extrayons quelques données sur l’instruction particulièrement.
La ville de Brescia sur 6297 enfants de
3 à 14 ans, en a 4092 qui fréquentent les
écoles, y compris quelques-uns qui viennent des faubourgs, les plus rapprochés.
— Dans toute la Province, il y a 1,102
écoles publiques élémentaires, fréquentées
par 45.715 élèves, 24.081 garçons^et 21.634
jeunes filles.
Des conscrits de 1850’, 724 savent lire
et écrire, tant bien que mal, 35 ne savent que lire, et 445 sont entièrement
illéttrés : • Mais, continue le rapport, si
l’éducation n’accompagne pas l’instruction,
à quoi sert de savoir écrire, si non à
faire de fausses signatures et à composer
des lettres anonymes? Or vous connaîtrez
la plante à ses fruits, et vous les verrez
quand je vous parlerai bientôt de la sûreté
publique. Certainement l’instituteur ne
peut suppléer tout seul à l’influence religieuse et morale du prêtre et de la famille, quand cette influence est nulle et
même trop souvent opposée et pernicieuse ».
L’auteur montre ensuite la nécessité de
relever la condition économique et morale
des personnes chargées de l’instruction et
de l’éducation des enfants. « Personne, ditil, ne peut donner plus qu’il ne possède,
or que voulez vous que puisse donner un
pauvre régent avec deux ou trois cents
francs de salaire par année ?Uu cinquième
des maîtres actuels do celte Province se
4
-342
tronvB dans cotte position. L’insuffisance '
des honoraires nuit à beaucoup d’égards
à la bonne marche des écoles parcequ’elle
éloigne les meilleurs de la carrière, qui
est laissée aux sujets les plus incapables;
parccqu’elle oblige les maîtres à se procurer les moyens de vivre par des occupations étrangères à leur charge et parceque enfin l’école est réduite, en beaucoup d’endroits, à quelque heures passées
au chaud dans un local mal propre pendant trois ou 4 mois d’hiver.
»11 est indispensable de relever la condition économique et morale des instituteurs pour les avoir bons et dignes d’exercer leur auguste ministère avec cette sérénité d’esprit et cette dignité de vie et
avec cette affection qui sont nécessaires
pour qu’ils réussissent non seulement à
diriger les intelligences, mais a éduquer
les coeurs, et à y faire pénétrer le sentiment du devoir et les germes de ces vertus
morales et civiles, qui font les nations
fortes et respectées ».
Il y a dans la Province de Brescia 24
établissements d’instruction secondaire,
outre l’institut technique (industriel; enfr’autres trois lycées, quatre gymnases
complets et six écoles tecniques.
Le Préfet parlant ensuite de la sûreté
publique, énumère les principales causes
des nombreux délits qui se sont commis
dans le courant de l’année, ce sont: l’oisiveté, l’usage général de porter des pistolets, des couteaux et d’autres armes
insidieuses, l’habitude de fréquenter les
auberges surtout les jours de fêtes. Et
à ce propos il s’exprime comme suit :
« ce serait un grand bienfait de les dirai- i
nuer, surtout les nombreuses fêtes de
patrons et les processions dans les campagnes. Ces fêtes sont inspirées par la
superstition et terminent presque toutes
par des orgies et par des coups de couteaux ».
Le Préfet de la Province de Turin publie-t-il aussi on rapport semblable? nous
l’ignorons. Mais il'serait à désirer qu’il y
efit en Italie beaucoup d’administrations
dirigées dans un esprit aussi libéral dt
aussi élevé, que l’est actuellement celle
do la Province de Brescia.
i{ouiieU^6 reltigteusea
et faits divers
On écrit de Teplitz (Bohème) à l’Ilalia
nuova :
« La lutte contre l’infaillibilité prend en
Autriche de très grandes proportions. —
Pendant que le professeurs Schulte de
Prague ( qui du reste a été appelé à l’Dniversité de Bonne) développe splendidement la théorie de la liberté, le père Anton
de Vienne prend la chose par son côté
pratique. Il a donné à sa communauté
religieuse, à laquelle appartiennent plus
de 1000 familles de vieux catholiques, un
programme déjà présenté à Heidelberg,
par lequel la paroisse élit son propre curé,
les ecclésiastiques ont un fixe mensuel,
la messe est chantée dans la langue du
pays, et les pompes extérieures, en même
temps que 1e célibat, la confession auriculaire, le culte des images, sont abolies.
» Le Père Anton a notifié de Heidelberg
à sa communauté que dans l’assemblée
qui a eu lieu dans cette ville, règne la
plus complète entente, et que des évêques
anglais, et beaucoup de pasteurs se sont
déclarés prêts à s’unir aux vieux catholiques, et que môme deux évêques hollandais, (probablement jansénistes), auraient promis de donner la confirmation
aux enfants de Vienne. On cherche aussi
à s’accorder avec l’Eglise grecque. De la
Styrie, de la Carinthie, de la Silésie et de
la Hongrie étaient parvettues des adhésions
par écrit. '-î
» L’Assemblée de iWdelberg était occupée à préparer lavande réunion des
vieux catholiques qui aura lieu, de 22 au
24 septembre à Munich, à laquelle est assurée la participation de Tltalie, de la
Suisse, de la Hongrie et de l’Angleterre.
La Suisse se rapproche tout particulièrement de l’Allemagne dans le mouvement
antinfaillibiliste. La commission fédérale
a aecuoilli le principe du droit de l'Etat
dans cette question. — Que l’Italie n’oublie pas que, en ceci, l’Allemagne soutient
le principe commua de la Ubertà deUo
spirito ».
5
-343
Nous extrayons, à propos de la proclamation du dogme de l’infaillibilité dans
le diocèse do Paris, le fragment qui suit
d’une lettre du père Ilyacintho au rév.
P. Perraud do l’Oratoire;
« La vieille Eglise de Saint Bernard, de
Gerson et de Bossuet est contrainte d’abjurer, dans une heure de ténèbres et de
vertige, les traditions qui l’avaient placée
durant tant de siècles à la tête de la
chrétienté; et il faut que ce soient les
Allemands, vainqueurs celte fois par le
courage de la foi catholique et par la supériorité de la science religieuse, qui entrent en possession de notre héritage le
plus sacré. — C’est trop d’humiliations et
de douleurs dans une seule année; et
vous me permettrez de vous dire, à mon
tour, que je suis consterné. Laissons là,
je vous en conjure, ma chétive personne
qui n’est rien dans un si grand débat,
et ouvrons enfin les yeux sur les désastres de notre malheureux pays envahi et
ruiné par les ultramontains, comme il l’a
été par les Prussiens, asservi ecclésiastiquement par la cour de Rome, comme il
a été abaissé poltiquement Ipar la cour
de Berlin! Ah ! sans doute, nos maux sont
extrêmes; mais si nous savons les voir,
ils sont encore susceptibles de guérison;
car pour les chrétiens et pour les Français, tout peut être sauvé, quand tout est
perdu ï......
On lit dans la Gazette de la Croix.
Le parti antinfaillibiliste allemand va
recevoir de nouveaux renforts par l’appui et le concours que les jansénistes de
Hollandé se proposent de lui prêter. Le
concours des jansénistes aurait, pour les
catholiques séeessionnairos, une grande
valeur. Il est certain d’abord que le jansénisme, né au dix-septième siècle, doit
son origine à une révolution éminemment
conservatrice, et qui a empêché que Tancienne doctrine ecclésiastique de Saint
Augustin ne fût étouffée par le jésuitisme, qui était alors des plus influents; de
sorte qu’il est à espérer que l’union avec
le jansénisme prêtera aux anciens catholiques une grande autorité morale. Ensuiio, il y a à faire valoir, dans les cir-l
constances présentes, que la mccession
épiscopale règne encore parmi les jansénistes d’ancienno date, de manière que la
question, si importante pour les catholiques, do savoir dans quelle région ils
prendraient les évêques, recevrait une
solution toute naturelle.
Lansanno. La séance d’ouverture
des cours de la Faculté do théologie de
l’Eglise libre du Canton de Vaud a eu lieu
mardi 10 octobre à la chapelle de Terreaux, sous la présidence du pasteur
Chatelanat président de la Commission des
études. M. le professeur Clément a prononcé le discours ofTiciel, à la fois simple et substantiel. L’esprit du siècle, ditil, m’a inspiré pour [trouver mon sujet.
Le siècle veut des faits et ne croit qu’à
des faits. M. Clément montre que le christianisme est un fait qui se résume dans
celui de la résurrection. Ce fait est e.xtérieur et intérieur, divin et humain. Comment le communiquer? Parje témoignage.
Jésus a été un témoin. Les disciples ont
été des témoins : l’esprit témoignait avec
eux. Plus que jamais l’Eglise doit être un
témoin fidèle, c’est pour cela que plus que
jamais il est nécessaire qu’elle soit séparée de l’Etat, indépendante. La théologie
est l’étude du témoignage rendu par JésusChrist et les apôtres. Etudier la théologie,
c’est se préparer à être un témoin de la
vérité. L’idéal serait que chacun pût répéter; «: ce que nous avons entendu, ce
que nous avons vu, ce que nous avons
contemplé et ce que nos mains ont touché
de la Parole de vie, c’est ce que nous
vous annonçons ». J Jean J, J.
Le nombre des étudiants de la faculté
est de 54 divisés en écolo préparatoire,
classe d’introduction et auditoire de théologie; 22 sont Vaudois (de Vaud), il y a
d’autres Suisses, des Français, deuxsllollandais (un père et son fils assis ensemble sur les bancs), des Espagnols, un
Syrien et un Indou.
JiH
On nous écrit do Genève à la date du
5 octobre ^ i
«Hier l’octogénaire Merle d’Aubigné a
fait le discours d’ouverture des cours de
6
-344^
l’Ecolo do théologie do l’Oratoire. L’orateur s’est eflbreé de moutrer par des argumeuls puisés daus les événements de
ces dernières années, que nous sommes
ù une époque de relèvement. Malgré les
uomhroiisos digressions, fruit de la riche
expérienoo chrétienne et do la féconde
imaginatiou de l’éminent auteur de l’ffistoirc de la Réformation, son intéressant
discours a été écouté avec l’attention la
plus soutenue. Il paraissait nous dire que
c’était pour la dernière lois qu’il nous
adressait la parole dans une semblable
occasion, et il a répété plusieurs fois : je
vous lègue la tâche; la vieille génération
doit laisser la place à la nouvelle etc.
M' le professeur Geymouat a pris la parole
après M' .Merle et a bien parlé.
Les républicains sont en général hostiles
à tout sentiment religicu.x. Le philosophe
de Tracy a parfaitement résumé leur opinion à ce sujet qnaud il dit; « Moins les
idées religieuses ont de force dans un
pays, plus on y est vertueux, heureux,
libre et paisible ». Les faits démontrent
que c’est une manifeste et dangereuse erreur. La force des Etats-Unis vient de
l’esprit profondément religieux des Puritains. Cet esprit a présidé à la naissance
de la grande république et il la conserve
dans son développement actuel. C’est la
foi des gueux qui a fondé la glorieuse républi(iue des Provinces-Unies. La Suisse
est un des pays de l’Europe où le sentiment religieux est le plus répandu, le
plus fort et le plus éclairé. On prétend
que la morale est indépendante de la religion ; en pratique du moins, elles sont
inséparables. Sans mœurs, point de liberté, et .sans religion, point de mœurs:
Voilà CO que prouve l’histoire. L’Eglise
romaine ayant jeté l’anathème aux libertés modernes par l’organe de son chef
infaillible, les peuples qui veulent conserver des institutions libres sont conduits
malgré eux, à lutter contre cette Eglise,
et c’est là pour les nations catholiques
une cause de désordre et de faiblesse dont
nous ne pouvons encore apprécier les désastreuses conséquences. Cette lutte inévilable est un grand malheur, mais du
moins faudrait-il s’efforcer de sauver le
sentiment religieux, soit par le secours
de la philosophie, soit en lui cherchant
un refuge dans un culte ami de la liberté».
(Reçue des deux Mondes 1’ août 1871Â
Darmstadt. L’assemblée des délégués au cinquième congrès protestant a
arrêté une résolution relative au dogme
de l’infaillibilité, portant que ce dogme
devant servir ;
1“ attaquer, dans le sens des principes
des Jésuites, les droits de la souveraineté
de l’Etat moderne en général, et en particulier de l’Empire allemand;
2" A mettre en danger la paix confessionnelle de l’Allemagne;
3” .A menacer la paix de l’intelligence
et de la conscience, ainsi que la civilisation toute entière ; le devoir s’impose aux
protestants allemands, comme à tout le
peuple allemand, de combattre énergiquement le dogme en question, et à travailler avec vigilance et vigueur à écarter
ces sérieux dangers. L’Assemblée a arrêté
en outre une résolution relative à l’ordre
des Jésuites, portant que la sécurité do
l’ordre légal, l’autorité des lois de l’Etat,
la prospérité de la société civile, le maintien de la paix confessionnelle, la garantie
de |la liberté [de conscience et d’intelligence exigent l’exclusion permanente de
l’Ordre des Jésuites du territoire de l’Allemagne. C’est un devoir sérieux pour les
protestants allemands, comme pour toute
la nation allemande, d’agir de toutes leurs
forces pour que toute influence dans l’école et dans l’église soit interdite aux
membres et aux affiliés de l’Ordre de
Jésus.
A niiocy. On a fait dernièrement la
dédicace du temple ¡protestant d’Annecy.
La paroisse protestante de cetto ville appartient au consistoire de Mens (Isère).
Assistaient à la cérémonie le pasteur île
Chambéry Mr Fournier, M' Rossi président
du Consistoire do Genève, M' Coulin modérateur de la Compagnie des pasteurs,
M' Munier président de ta Société des protestants disséminés et .M' Freundler qui
a été, pendant 10 ans, pasteur de cette
congrégation.
7
-845
La Blblo chez un ôtage de la Commune. — Le Sénateur Bonjeaa a été en
France, sous l’Empire, l’un des plus ardents amis de notre pays ; aussi est-ce
avec une vive douleur que nous avions
appris son emprisonnement, et bientôt
après sa mort cruelle. Aussi est-ce avec
bonheur que nous lisons dans le Compterendu de la Société biblique de France sur
cet honnête homme, rüSpecté par tous les
partis politiques les lignes qui suivent;
« De sa cellule de la Roquette, oîi il
était emprisonné avec l’archevêque Darboy, l’éminent magistrat a écrit ces lignes
à un de ses amis protestants : « Je ne sais
» le sort qui m’attend... Aidez-moi à me
» préparer à la mort, et à m’y préparer
» en chrétien. Pour cela, envoye/.-moi une
» Bible ». Il fut déféré avec tout l’empressement possible à ce pieux désir, et
la dernière lecture du président Bonjean
fut ce livre oii l’âme consolée apprend à
dire avec Pierre : « Nous attendons, selon
la promesse, de nouveaux cieux et une
nouvelle terre où la justice habite ».
(La CroixJ
Voici un arrêté pris dernièrement par
le maire de Sèvres, en France.
Considérant: que l’ivrognerie n’est pas
seulement un oubli de dignité personnelle de la part de celui qui se livre à
ce vice dégradant, mais qu’elle est un
danger pour la circulation, la tranquillité
et même la sécurité publique, qu’à ce
titre elle peut et doit être réprimée, arrête:
Art. 1. Il est interdit de stationner ou
de circuler sur la voie publique en état
d’ivresse.
Art. 2. Tout contrevenant à la présente
défense sera poursujvij, conformément à
la loi, devaut le tribunal de simple police.
Cet arrêté a été approuvé par le Préfet
de Seine-et-Oise. — Nous invitons nos autorités à méditer sur les considérants du
maire de Sèvres et à en imiter l’exemple.
(irhront(|U0
Italie. Dn conseil de ministres tenu
, à Florence et présidé par le roi doit avoir
fixé l’époque (Je Fouverture du Parlement
à Rome. Le Roi en personne, accompagné
du prince Humbert, prononcera le discours d’ouverture.
Rome. Des 40 professeurs de l’Université
romaine, 18 ont prêté serment et 24 se
sont abstenus de jurer. Parmi ces 24 sont
compris les professeurs de la faculté de
théologie qui avaient été exemptés, de
cette formalité, mais ont néanmoins écrit
au recteur de l’Université, en déclarant
qu’ils SC refusaient à prêter serment.
— Comme il y a près de 90 évêchés
vacants à repourvoir, un parti de l’entourage du pape engage celui-ci à profiter
de la loi des garanties pour nommer aux
sièges disponibles qui il veut, tout en déclarant toujours qu’il n’accepte pas ta dite
loi ni aucune autre faveur du Gouvernemeut italien ; un autre parti le pousse au
contraire à n’en rien faire et à laisser
plutôt les troupeaux sans berger, afin de
ne pas faire croire que le pontife est plus
libre vis-à-vis de l’Italie que vis-à-vis do
la France et des autres états avec lesquels
la cour papale est liée par des concordats.
— On aura pu remarquer, dit le Temps,
que le clergé italien n’était pas représenté
à Munich. Le père Passaglia, on le sait,
s’est réconcilié; il vit obscurément dans
quelque retraite. Des autres efforts antipapalins, aucun n’a de vie robuste. A
Naples, les prêtres émancipés de M. l’abbé
Prota, exdominicain, continuent bien leur
petit journal hébdomadaire, VEmancipatore cattolico, mais ils n’ont aucune ressource sérieuse. Nous avions raison de
dire que le comte Michelini prêche dans
le désert.
Turin. Le 16 est parti de Rome pour
Paris le premier train direct, passant par
le tunnel et par le [nouveau chemin de
fer de Modane à S.-Michel. On va de Paris
à Turin en 18 heures.
France. Les journaux s’occupent
essentiellement des résultats des élections
des Conseils généraux. Le parti républicain modéré a nommé la plupart de ses
candidats. Les légitimistes sont battus et
les bonapartistes oat réussi en Corse et
dans quelques autres départements.
— On cherche à introduire dans l’armée
les pratiques (Ju couvent et du plus pur
8
-346
esprit ultramontain. Toutes les influences
sont mises en œuvre pourcalhoUser l’armée.
Los journaux du parti proposent pour
cola deux moyens : — 1) l’institution des
aumôniers militaires; 2) la célébration de
la messe dans les casernes et dans les
camps. «Que chaque régiment, ou tout
au moins chaque brigade ait un aumônier pendant la paix et deux en campagne;
que cet aumônier ne soit pas le prêtre
voisin changeant avec les garnisons. Qu’il
fasse partie du corps, qu’il ait le rang de
capitaine, puis d’oiTicier supérieur, avec
une solde modeste; ¡et [qu’on les laisse
faire ». La messe surtout, et l’autel pour
la dire), tel est le grand moyen de régénérer l’armée française, d’après VUnimrs.
l*ar ce moyen, dit-il, l’armée deviendra
catholique et « du jour où l’armée française redeviendra catholique, elle sera
invincible». Que les protestants opposent
la Bible à la messe et à l’autel, et le but
sera plus facilement atteint, mais tout
autrement.
INew^-Yorlc. Un affreux incendie
a réduit en cendres plus de la moitié de
la ville de Chicago. Plus de 100,000 personnes sont sans toit. Le nombre des victimes humaines est considérable. On calcule la perte à 200 millions de dollars,
plus d’un milliard de francs. — La ville
do Chicago qui en 1830 ne comptaitqu’une
douzaine de maisons et qui avait déjà
atteint on 1868 une population de 300,000
habitants, est située sur le lac Michigan,
et est la capitale de l’Illinois. Sa rapide
croissance et sa prospérité inouïe sont
dues à un très vaste commerce de bois et
de farines, constamment alimenté par des
forêts immenses et par des champs très
productifs. — Un acqueduc qui prenait
l’eau pure du lac à près de 3 milles de
la côte et la conduisait dans la ville,
était une merveille; mais malheureusement [les machines ¡hydrauliques furent
détruites au commencement du désastre,
rendu plus terrible par un ouragan. On
assure que tout ce qui se trouvait de
maisons et de magasins, et de provisions
dans d’espace de 4^ milles carrés a été
détruit, c’est-à-dire 12.000 maisons, —
Chicago ne possédait pas des œuvres d’art,
cependant elle avait de magnifiques éta
blissements d’instruction et plus de 130
églises ou temples où s’a.ssemblaient les
fidèles des différents cultes. La plus grande
partie de la population se composait d’émigrés allemands. — Des tentes pour
75000 personnes ont déjà été envoyées do
New-York, et soit en Amérique soit en
Angleterre on organise dos collectes pour
venir au secours d’un si grand nombre
de malheureux.
Des dépêches subséquentes annoncent
que plusieurs autres incendies ont éclaté
dans les forêts du Michigan, ce qui ferait
croire qu’un si grand désastre doit être
attribué à la malveillance ou plutôt au
crime.
Les conséquences de l’incendie de Chicago se feront sentir non seulement on
Amérique , mais aussi en Europe, où cette
ville envoyait beaucoup de grains et do
farines dont elle était l’entrepôt.
Canada. Des fenians, irlandais ennemis de l’Angleterre , venant des EtatsUnis ont fait invasion dans les possessions
anglaises du Canada. Ils ont été battus
par les troupes royales; mais les journaux
annoncent d’autres invasions sur divers
points du Canada.
XJtalx (Amérique du Nord). DrighamYoung, président des Mormons a été arrêté
dans le territoire de Utah, sous l’inculpation de (polygamie et devait être interrogé parle juge. Chose étonnante, cette
arrestation n’a point causé de troubles
dans la ville du Lac Salé.
ANNONCES
Il vient de paraître un
ABRÉGÉ
DE L’HISTOIRE DES YAIIDOIS
depuis les temps les plus reculés,
jusqu’à l’an 1871.
Prix 1, 25.
S’adresser à Turin, à M' Hermann LoescHEU Editeur, — à Pignerol à M' J.
Chuntork Impr. Libraire, — à Torrc-Pcllice à M' J. Benech Libraire.
E. Malan Directeur-Gérant.
Pignerol, Impr. Chiantoro.