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Année Sixième.
7 Mai 1880
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LE TÉMOIN
Echo des. vallées vaudoises
Paraissant chaque Vendredi
Vous vne serez témoins. Actes 1, 8, Suivant la vérité avec la charité. Ki‘. 1, JS,
PRIXD’ABBOriNKMKNTPAE AN liai je . . • L. 3 fous les pays de I'Ùqìqd de posie ... > 6 Amériq^ue . .. . >9 ÜD s’iibei^iie : Pour VIntérieur che^ MM. les 1 pasteurs et les libraires de Torre Pellice. Pourr^’ocieWeiirauBureoud’Ad* 1 ministratiqn. Un ou plusteuTs numéros sépa- rés, demandés avant le tl' rage K> cent, chacun. Annonces : 85 centimes par ligne. Les envois d’argent se font par lettre recommandée ou par mandats sur le Bureau de Pe- rosa Argentina.
¡■»Pour Ja RÉDACTION adresser ainsi : A la Bireetion du ï’éwiofn , Pomaretto (Pinafolo) Italie. Pour l’ADMlNISTRAT.ION adresser ainsi ; ArAdministraHon du Témoin, Poroaretto i Piuerolo) Italie.
* Mai. -7- Iraia-je camiuuiiier ? CorrespQndance. — Un ivrogne gnérî. — Une
cloche..... en terre ¡cuite. — Chronique
raUdoise. 'MupeÏÏek religieuses et faits
dOeers. iietne politique. : ■
7 MAI
Il u'est jamais trop tard pour
payer une dette, nous entendons
les dettes d’homme à homme et
d’une nature spirituelle, plutôt
que matérielle. Nous en avons
plus d'upo de cette sorte et ne
pouvant pas nous acquitter de
toutes à la fois , nous coinmenT
çons par la plus ancienne. C’est
ordinairement aux dernières pages
d’un journal q.ue L’on règle de
pareilS] comptes ; nous ne voulons
pas, poufiOette fois, nous conformer à eette règle, mais donner
à cette question la place d’honneup, espérant que notre créancier
sera sensible à ce témoignage
d’estime particulière et nous qujt-’
tera la moitié de notre dette.
Notre çréander (il y e.n,a deux
autres à cdté de lui) n’eat rien
de moins que notre savant professeur d’exégèse à l’École de
théologie de Florence , M. Albert
Rével, auteur de plusieurs ouvra* i
ges de mérite et surtout d’une
introduction aux livres de l’Aneien
Testaitìent publiée-4'antom»© der- '*■'
nier à Florence sous le titre de:
Sioria letteraria dell’Antico Testamento. Bien des mois se sont
écoulés depuis que nous avons
annoncé cet important ouvrage,
et malgré le vif désir que nous
en avions, jamais nous n'avons
trouvé le temps propice pour en
parler comme il le' mérite.
Pour dire la vérité, nous aurions voulu que quelqu’un autre
se fût chargé de ce travail, mais
peut-être, raurait-iJ fait dans des
dispositions un peu autres aussi
que celles qui nous animent, quoique, sans doute , beaucoup mieux
que nous,
Ce n'est pas petite chose que
de lire avec une scrupuleuse attentici- un volume, grand in-8"
de 600 pages , hérissé de citations
et de notes de toute sorte, et
tout en lisant de noter les pas-
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sages qu’il faudra relire; cela ne
peut se faire que lorsqu’on s'intéresse très particulièrement aux
questions qui sont étudiées dans
un livre.
Ce qui nous imposait l’obligation de lire avec la plus scrupuleuse attention et afin que rien
d’essentiel ne pût nous échapper
c’est la réputation que quelques
personnes avaient cru, avec la
meilleure bonne foi du monde ,
pouvoir faire à ce livre pendant
qu’il était en préparation et plusieurs années avant sa publication.
11 sent V Allemagne, disait-on,
et il traite avec trop de sansfaçon certains principes et certains
faits, généralement admis jusqu’ici
dans les églises évangéliques ; il
faudrait pour les jeunes vaudois
qui entrent dans la carrière du
ministère comme pour toutes les
églises évangéliques italiennes un
manuel tout autre que celui dont
nous sommes menacés. — Sans
avoir, au moindre degré, ces inquiétudes et ces craintes , car
même de loin nous savions quel
était l’enseignement de notre
professeur, c’est avec plus que
de la curiosité que nous avons
ouvert le livre. Nous en avions
à peine lu quatre pages que nous
étions pleinement au clair sur
l’esprit dans lequel il a été composé ; deux citations suffiront pour
faire comprendre si, nous avons
été trop facile à contenter; c’est
à. l’introduction préliminaire que
nous lesnempruntons.
* Une parole apostolique'ifc^dresi> sée à un jeune évangéliste, ser■ vira dès le début à caractériser
» notre objet et notre étude : per
» sévère dans les choses que tu
» as apprises et dont tu as été
» convaincu , sachant de qui tu
» les as apprises; vu que dès ton
» enfance tu as la connaissance
» des saintes lettres qui te peu» vent rendre sage à salut par la
• foi en Jésus-Christ. Toute Ecri» tare est divinement inspirée et
» utile pour enseigner, pour re
• prendre, pour corriger et pour
” instruire selon la justice, afin
" que l’homme de Dieu soit ac» compli et parfaitement instruit
» (doué) pour toute bonne œuvre ».
» Ces saintes lettres, continue
» l’auteur, qui peuvent rendre
X sage à salut par la foi en Jésus» Christ, ces livres dans lesquels
• le jeune Timothée avait été ins
• truit dès son enfance, ce sont
» ces livres , c’est ce recueil du
• vieux Testament, confié aux juifs
» (Rom. III, 2) dont nous nous
» proposons de rechercher la cer» titude historique, d’étudier le
» contenu divinement inspiré et
» divinement ntile à l’homme de
• Dieu » .
Plus loin nous lisons encore:
« nous pouvons être dans Pincer» titude si tel ou tel livre ano» nyme doit être attribué à tel ou
« tel autre auteur; niais cela n’ote
» absolument rien à son inspira> tion et à sa canonicité selon le
» critère posé par St. Paul (ii,
» Tim. III ). Sur ce point les hy
• pothèses n’ont aucune valeur.
» Nous croyons fermement que
» le Saint Esprit a veillé sur la
» formation du Canon au sein de
» PEglise, repoühsant les nom6 breuses tentatives de l’esprit
» d’erreur de faire irruption dans
» le canon par le mensonge. Il y
3
-147^
» a eu, il est vrai, beaucoup d’he» sitations au aeiu de l’ancienne
• Eglise , comme au sein de TE» glise moderne, des savants en
» grand nombre ont exerce' leur
» critique, surtout depuis la ré» forme , et ils, ont bien fait, afin
» que l’on ne dît pas que le Canon
» s’était formé d’une manière ma» gique et fatalement nécessaire.
» Mais l’impossibilité reconnue de
» retrancher du Canon ou d’y
' ajouter aucun livre nous dit
» qu’au dessus des fluctuations
» humaines, il y a la divine di» rection de l’Esprit de vérité ».
Si nous avons su lire et corn
prendre, nous pouvons affirmer
que ¡d’aUteUr a été scrupuleusement fidèle aux principes posés
par lui et que nous venons de
rappeler. .Si dans quelques questions de détail et d’importance
secondaire il s’écarte parfois de
l’opinion’ traditionnelle . et s’il
adopte, sans en faire mystère,
les résultats les plus sûrs de la
critique évangélique ( nous pensons qu’il y en a utie qui mérite
ce nom ), ce n’est pas nous qui
lui en ferons un crime. Mais nous
nous réservons le droit dont il
use lui-mérae, d’examiner avec
soin chaque cas particulier et d’avoir peut-être une opinion un peu
différente de la sienne. Ce sera
toutefois, pour nous seuls que
nous ferons cette étude, ne nous
sentant nullement de force à nous
mesurer avec notre ami. Quand
donc nous aurons par quelques
exemples fait connaître à nos lecteurs la manière dont l’auteur de
l'ouvrage dont nous nous occupons, se comporte avec ces livres
saints, objet de nptre vénération
et source inépuisable d’instruction
et d’édification pour l’Eglise de
Dieu, nous recommanderons encore une fois à qui peut le lire,
de se procurer le bel ouvrage de
M. le professeur Réveli
Irais-jc communier?
C’est avec un serrement de cœur
bien pénible que nous voyons sortir
tant de monde lorsque la table de la
communion est dressée dans le temple,
il y a sans doute là des personnes
dont il l'aul respecter les scrupnle.s, et
qui ne veulent pas s’exposer h faire
une communion indigne. Mais toujours
est-il qu’elles constatent par leur abstention un étal normal dans leurs
dispositions et une position irrégulière
devant Dieu. Elles ne sont pas ce
qu’elles devraient être,, sans cela elles
ne refuseraienl pas d’obéir à Dieu qui
nous ordonne de nous approcher et
nous invite à sa table
On nous dit qu’il n’en était pas
ainsi aux temps de nos pères, et
que même de nos jours dans plnsieurs paroisses de nos vallées, personne ne sort lorsqu’on communie.
Mais pourquoi tant de personnes
fuyent-elles ce qui est désiré par d’autres avec tant d’ardeur et avec tant
de bonheur?
Nous constatons d’abord que plusieurs font bien mieux de sortir que
de communier, et que lents dispositions étant ce qu’elles sont, ils causentim scandale moins grand en sortant
qu’en s’approchant de la table sainte
sans crainte de la profaner.
Mais encore pourquoi tant de personnes s’abstiennent elles de communier?
Une d’entr’elies vous répond qu’elle
n’y est pas disposée. Je crois et, je
le regrette; mais, lui demanderais-je
est-elle disposée à mourir?,... Or qui
peut lui assurer qu’elle sera encore
vivante demain, ou môme ce soir?
El si elle n’est pas disposée l\ communier avec Dieu, sera-l-eile prêle à
4
-148-~
se présenler devant lui, à se tenir
debout devant son trône? Cela devrait
lui ouvrir les yeux, et bii faire comprendre que son étal spirituel est bien
dangereux et qu’elle doit sans retard
chercher la paix avec le Seigneur. C’est
une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant. Prépare
toi pour aller à la rencontre de ton
Dieu!
D’autres disent qu’ils ne veulent pas
se mêler avec des personnes qu’ils
croyeni, à tort ou à raison, moins
(lignes qu'eux et ne sauraient se résoudre à communier aussi longtemps que
telle personne siège près de la table
sainte ou que telle autre ne s’abstient
pas de s’en approcher. Cette objection
peut avoir quelque fondement, mais
nous craignons qu’elle n’ait du pbarisaïsme à la base. Le cœur humain se
laisse facilement aller à l’orgueil spirituel, et nous nous disons trop souvent
que nous ne sommes pas comme le
reste des hommes qui sont ravisseurs,
injustes, adultères, ni même comme
le tel qui ose aller communier quoi*
qu’il ne soit qu’un pauvre pécheur...
Pour de telles gens il semblerait que
l’apôlre eût dit: que chacun éprouve
son voisin, ou «on semblable. Mais il
a dit au contraire que chacun s’éproüve
soi-même (1 Cor. xi, 28). Examinons
attentivement l’étal de noire cœur,
nous y trouverons bien des motifs
pour nous humilier devant Dieu à
cause de nos propres péchés. Demandons à Dieu de bonnes dispositions
pour être en communion avec lui.
Bobbio-Pellice, 23 Avril 1380.
Monsieur le Directeur,
Les journées du 20, 21 et 22 avril
ont été pour la paroisse di VillàrPellice des jours de véritable rafraîchissement spirituel. Messieurs les pasteurs Turin et H. Tron , délégués par
la Table pour visiter celle Eglise sont
arrivés parmi nous animés du désir
de répondre du mieux qu’ils pourraient
à l’appel qwi leur avait, été adressé,
et Dieu a béni ce désir.
Chaque soir le temple s’est rempli
(l’audileurs accourus de tous les côtés
de la paroi.ssG, et pour qui les deux
heures passées dans la prière , dans
le (îhanl et dans de chaleuretis'es ailocuUons , n’ont jamais pain trop longims. — Une retigio® plus pmlique
et individuelle, le devoir de tout chrétien de sanctifier et de faire sanctifier
le jour du Seigneur, de confesser courageusement le nom de Chrisl, et de
travailler pour le règne de Dieu, —
tels son! les principaux sujets qui ont
été successivement traités dans les différentes réunions qui ont eu lieu. On
ne s’est pas airêlé au chef-lieu mais
les principux centres tels que )e Serre
Bessé et Bnffa ont été visités ; et partout , même affluence de gens qui laissaient deviner à l,eur attention soutenue
et aussi à leur émotion tout l’intérêt
qiTils prenaient aux appels pleins du
feu sacré de l’Esprit qui leur étaient
adressés. Une réunion spécialement
destinée aux enfants en a réuni une
centaine dans la .grande école et nous
sommes sûrs qu’ils se rappelleront
longtemps les paroles affectueuses de
M. Turin.
Plusieurs personnes, hommes et
femmes, ont pris solennelleraont et
en .public, l’engagement de sq consacrer au Seigneur. Puissent-ils n’onblier
jamais leurs promesses ! D'après les
nombreux témoignages qui ont été
rendus à l’Evangile de Jésus-Christ,
on est heureux de constater que la
piété n’est pas encore morte au villar,
et que s’il y a ici comme ailleurs beaucoup d’indifférence et de mondanité,
il y a aussi dans presque tous les quartiers des chrétiens vivants. Qu’ils s’unissent , et qu’ils aient le courage de
se meüre résolument à l’œuvre, «t
nous verrons encore se lever de beaux
jours sur nos chères Vallées.
Dans la dernière réunion qui eut
lieu au temple le soir du 22, l’assemblé© visiblement émue et sous Titnpression qu’une œuvre sérieuse avait
été accomplie, cl que la bénédiction
de Dieu ne pouvait pas lui manquer,
a manifesté le désir que quelqu’un
5
,149
fixprimâl à la Table qni a initié ces
réunions, ses sentiments de reconnaissance. Nous nous faisons volontiers
ï'inierpréle dé ce désir, sans oublier
toutefois de faire observer liuinblemenl
à fadminiSlnilion supérieure que les
jours désiinés aux réunions de Bobi
ont été iTial cliolsis, ce qui aurait pu
s'éviter sTl y avait eu entente avec le
soussigné comme cela a eu lieu pour
d’autres paroisses. B. GardiOl.
A la lettre qui préDède nous ajoutons volontiers, selon le désir manifesté par un de ses paroissiens à notre
ami le pasteur du Villar l’annonce qui
suit, destinée sui-toiit aux Vaudois d’Amérique parents de la défunte.
Gn vient d’ensevelir dans le cimetière du Villar Madelaine Puï de Bobi,
femme dé Jean Pierre Garnier du
Villar, morte liier malin dans sa maison
à Zuciioire. Le pasteur étant indisposé,
c’est Je brave et digne ancien Gaydou
qui a fai| le discours sur la tombe à
une assernblée d’environ 250 personnes. Madelaine Garnier était très aimée
dans son village à cause de sa bonté,
de* sa doueeur et de sa bienveillaace
envers tout le monde, aimant et procurant la paix.
Elle a entendu avec joie et compris
les prières qui ont élé faites pour elle
auprès de son lit pendant sa maladie
qui n’a duré que peu de jours. Elle
n’avait que 35 ans et laisse sept enfants dont l’ainé n’a que 4-4 ans. —
Elle avait de nombreux parents dans
l’Aipérique du Sud et dans celle du
Nord et ces lign^ leur apporteront
la triste nouvelle.
Un ivr«fite péri.
C’est dans le Chrislian Hérald que
nous Tisons le récit de sa guérison.
Sa profession de médecin lui avait
procuré une situation malériéHe très
satisfaisante. Il avait en le bonheur
d’épouser une aimable jeune fille , et
la naissance de deux chers enfants
était venue compléter son bonheur domestique.
Malheureusement il ne savait pas
éviter avec assez de soin les mauvaises
compagnies qui corrompent si aisément les bonnes mœuis. Fréquentant
des buveurs il devint bientôt esclave
de la bdulellle, c’est-à-dire un ivrogne
consomrtié.
Sa noble femme ne le délaissa ni
ne le méprisa jamais, aucune parole
amère ne sortit jamais de sa bouclie
et elle ne cessa de prier le Seigneur
pour sa conversion.
Ils devinrent pauvres à tel poini que
le pain leur faisait défaut. Telle est
ordinairement l’une des conséquences
de l’ivrognerie.
« Un beau dimanche malin, raconle
le médecin devenu ivrogne, ma femme
alla au temple me laissant occupé à
cuver le trop de vin que j’avais bu la
veille.
Je fus bientôt réveillé par le bruit
d’un corps qui lombait et ouvrant les
yeux je vis mon petit garçon de six
ans retombant sur le plancher.
— Lève loi mainienanl, et tombe
de nouveau, lui dit son frère aîné.
C’est ainsi que fait papa. Nous jouons
à rivrogne.
Je regardai un môraent' cet enfiinl
singeant les allures de son père ivre;
puis je me levai soudain et quittai
la maison avec le cœur angoissé et la
conscience bourrelée de remords.
Je iis plusieurs milles dans la campagne en pensant à mon abominable
péché et au déplorable exemple que je
plaçais devant mes enfants bien-aimés.
Je pris alors la ferme l'ésolulion
d’abandonner avec le secours de Dieu
cette iniquité, et je le fis. C’est par
pure grâce du Seigneur que j’ai pu
être délivré des pièges de Satan. Que
Dieu en soit béni ! »
Dne cluehe.... en terre cuite.
Ceux de nos lecteurs qui sont quelque peu initiés à la litléralure allemande connaissent, ne fût ce oue de
nom , la cîocAe de Schiller, dont le
son , tour-â-lour lugubre ou ¡joyeux
accompagne l'homme dans toutes les
phases de sa vie, depuis le berceau
6
450
jiisqu’au champ du repos. La plupart
aussi ont entendu parler de la grande
Clémence des genevois, sentinellejmuetle
et alerte, qui du haut de la tour de
Saint Pierre, veille sur la libre cité
de Calvin. Il n’est toutefois pas probable qu’aucun des abonnés du Témoin
connaisse la fameuse cloche dont quelques sons perdus sont venus de Naples
reienlir à nos oreilles; aussi désirons
nous leur présenter cette merveille,
3uilte à laisser ensuite chacun libre
e faire plus ample connaissance avec
elle,... si le cœur lui en dit.
Or donc il s’agit de la Cloche du
Midi, organe des intérêts catholiques.
L’artiste qui en a été le fondeur et
qui en est resté à l'a fois le propriétaire
et le sonneur, n’est rien moins qu’un
personnage ayant crosse et mitre, un
monseigneur, s’il vous plail. Ce détail
qui; à plus d’un, peut paraître insignifiant, a cependiint son importance,
car il nous donne la clef de bien des
choses. Voici p. ex. le numéro du 1 1
avril courant; un lecteur sans préjugé
ni parti" pris, pourrait, à bon droit
s’élonner ,de voir l’article de fond en:
tiêremehl''consacré à faire l'éloge de
Mooseigneur Gallo, évêque d’AvelIitio
qui, encore à l’heure présente, e mangia^ebeve e dorme e veste panni ; mais
du moment, que c’est Monseigneur de
Auria qui lire la corde, il n’y a plus
de quoi s'étonner, et de quel train il y
val Chaque coup de ballant fait resonner auprès et au loin l’éloge pompeux de l’heureux évêque, qui tout
gallo qu’il est, peut encore nngalluzzini. line page du panégirique qui
lui est consacré fournirait au régent
le plus‘méticuleux ample matière à
l’élude complète de tous les superlatifs
en issimo, réguliers et irréguliers. Il
faudrait, dit Monseigneur d^A. en parlant de son collègue,' Monseigneifr G.
pour raconter en partie seulement les
faits et gestes d’un homme aussi extraordinaire , plusieurs volumes. Honseigneur|estexcel!entissime! etdig, dig,
don! M. est savanlissime! et dig, dig,
don|l, M. est un phénomène de science,
de doctrine et de mémoire ! La renommée de Monseigneur parviendra
jusqu’à la postérité la plus réculée et
les fidèles conserveront le souvenir
vivant du jour, mémorable entre tous,
où le peuple détacha les chevaux pour
s’atteler lui-même au carosseîde Slonseigneur triomphant, ne voulant pas
laisser à des animaux sans raison (sic),
l’honneur insigne de reconduire à son
palais un évêque de cet acabit.
Etonnez-vous après cela de voir la
Parole de Dieu déserter les chaires
catholiques pour laisser le champ libre
aux panégyriques des morls|! Les pompeux éloges que l’on prodigue à ces
derniers ne sont là que pour parfaire
la somme sur laquelle ils ont pris de
bons à-compte de leur vivant. Si Monseigneur Gallo possède, en fait d’humilité, la dixième partie de ce qu’on
lui attribue quant aux autres vertus
chrétiennes, il rougira de voir son nom
si pompeusement décoré. Au cas contraire, la lecture du bon Erasme lui
profiterait, il verrait alors que quelque entendus que soient les monseigneurs en flatterie, ils sont surpassés
par certains personnages, moins élevés
en dignité, mais très inléressanls pour
les fabulistes, et la caricature prise
.«ur le vif, et que le peintre Holbein
a jointe au texte, en est une si pittoresque illustration, qu’elle n’aurail
besoin d’aucun commentaire.
Que si la cloche napolitaine n’a rien
de mieux à faire que de se transformer en encensoir, qu’elle sonne à toute
volée les éloges de tous les monseigneurs du monde, présents, passés et
futurs, mais qu’elle laisse en paix les
morts, lorsque ces morts s’appellent
Luther, Calvin ou Zwingle. 11 n’est
d’ailleurs pas probable que les coups
les plus sonores du plus gros bourdon
parviennent à troubler leur paix et à
arrêter la marche de leur œuvre. Luther surtout qui voulait entrer dans
Worms, lors même qu’il y aurait eu
autant de diables que de tuiles sur
les toits, ne se laisserait pas effrayer
par les quelques grincements d’une
cloche fêlée. Ces scéUrals du XIV sciècle
sont à l’abri de vos insultes et ils sont
encore assez forts pour renverser
votre cloche et le clocher par dessus.
— Quant aux vivants que vous attaquez, ils sauront assez bien se défen
-r-
7
-151.
dre; sonnez le locsin à voire aise, les
évangéliques n’en auront pas le repos
troublé; ils savent que si le feu est
quelque part, c’est au Vatican et dans
les sacristies. — A vous de méditer,
si toutefois vos sonneries vous en laissent le loisir', certaine fable de l’abbé
Clasio : Un habile artiste avait fabriqué
une cloche toute d’airain, à en juger
sur l’apparence : un magicien s’y serait trompé et le peuple ne pouvait
assez écarquillef les yeux pour admirer
ce chef-d’œuvre. Mais un malencontreux coup de vent agita le battant
et le son rauque qu’il produisit sutïll
à dévoiler la ruse ; les dupes connurent alors, à n’en pas douter, que la
merveilleuse cloche n’avait de bronze
que la couleur ; c’était, hélas ! Une
cloche.... en terre cuite! ,
H.
fiouDeUea t^itjgikueee
' , ,i et faits divers.
Italie. — Une série de prédications
extraordinaires dans le but de produire
un réveil de la vie religieuse a été
initiée et se continue au sein des parpisses de l’Eglise Vaudoise, par les
soins de la V. Table. Ces prédications
se font pendant trois jours consécutifs,
et jusqu’à trois par jour, dans chaque
paroisse, par des pa.sleurs venus d’autres paroisses et qui y sont envoyés
deux à deux. Nous dirons prochaine-,
ment notre manière de voir sur cet
essai, dont nous ne pouvons, en principe, que nous réjouir.
— Les conférences du Docl. Sommerville ont rencontré à Rome plus
de difficulté â se tenir, qu’à Florence
et à Naples. L’usage, à cet effetdu
théâtre Argentina, appartenant à la
municipalité qui l’avait d’abord_ concédé , a été aussitôt après retiré, en
suite, parafl-il, de violentes réclamations de VOsservatore Romano. Aucun
antre théâtre n’étant disponible, il
fallut se contenter (et encore ne pûton l’avoir que pour un soir ) de l’AIhambra, petit théâtre apparienam à
une société privée et laissé libre’, ce
soir là , par une indisposition survenue à la prima donna. Un millier
de personnes, dit-on, assistaient à
celle conférence, à la sortie de laquelle
(chose que nous notons avec plaisir )
n’eut pas lieu la distribution gratuite
accoutumée de Bibles et de portions
des Saintes Ecritures.
— Le 29 avril a eu lieu à Florence
la solennelle inauguration de la chapelle du cimetière protestant dit degli
Allori, qui , par sa situation, et par
t’intelligence avec laquelle l’archileclure et l’adaptation en ont été conduites, par l’ingénieur Boccini, sera
un des plus beaux de l’Itaiie. Ce qui,
dans ce cimetière nous touche plus
encore que sa beauté artistique,.c’est
qu'il est à la fôis, un produit et up
monument de cet esprit, dé fraternité
et de bonne haïunohiè 'qui devrait
exister toujours et qui existe, malbeureuemenl si rarement, entre les diverses fractions de là famille protestante en Italie. et ailleurs encore.
Des allocutions et des prières ont été
faites, à celle occasion, en diffé'renteS
langues, par les représentants des différentes Eglises, après qtie l’on eût
déposé, soiis le pavé de la Chapelle,
une boite en métal contenant un parchemin portant la signature des personnes présentés, avec une Bible et
quelques monnaies.
®hroiiiquc 0Iaulroi0C
Anffrofftte. —C’est avec une vraie
joie que nous avons vu arriver nos
frères MM. Turin et Micol peur tenir
dans la paroisse des réunions de réveil.
Nous avons eu de bonnes assemblées
le dimanche 25 avril soit au Serre ,
soit à St. Laurent. L’alienlion a été
soutenue, et nous avons aperçu paroi
par là dans l’assemblée des personnes
émues jusqu’aux larmes. Dieu veitillc
bénir ces émotions et les rendre salutaires. Telle personne qui était auparavant peu régulière au temple, a
suivi toutes les réunions même le jour
de la foire, et telle autre après avoir
8
»152
suivi avec beaucoup d'altenlion les prédicalions de nos frères a résolu de
ne plus abandonner nos saintes assemblées comme elle avait un peu
trop rbabitude de le faire par le passé.
îJous sommes loin de pouvoir signaler
tout le bien qu’ont fait ces réunions.
Tout le monde n'est pas expansif au
même degré, et plusieurs ont reçu en
leur cœur la bonne semence qui lèvera en son temps et produira des
fruits à la gloire ne Dieu.
A Pra-du-Tour nous avons eu dans
la chapelle 430 personnes, malgré la
foire de Pignerol qui nous a enlevé
un bon nombre d’auditeurs. Et la réunion a duré au delà de deux heures|,
chose qui a eu lieu plus d’une fois
dans d’autres centres populeux de la
paroisse.
Dans plus d’un cas tel membre de
la paroisse qui n’a guère l'habitude
de prendre la parole'dans les réunions,
a ouvert la bouche celte fois pour dire
des choses bien édifiâmes. Plusieurs
ont pÇrll et quant à nûus nous voudrions bien que tout Israël fut pro
Plasieiiis personnes ont tout laissé
pour assiste^ à autant de reunions que
possible, même quand il fallait franchir des distances considérables.
Nous avons la profonde convicUon
que ces. réunions ont fait beaucoup de
bien et nous remercions la Table Vaudoise de les avoir organisées et nos
frères Mess. Turin et Micol d’avoir
bien voulu les présider à Angrogrie.
Qu’il plakse àu Seigneur de nous
accorder son Saint Esprit, et défaire
la bonne semence qui a été jetée dans
les cœurs.
ifteimc poittitqu^
H.
. Le (Minislèie ÇairoliDeprelis a été battu par 177 voix
contre 154 dans le vole d’un ordre du
jour accepté par l'adminislralion et
exprimant la confiance. Cela a eu lieu
à l’occasion de la demande d’autorisation de Pexercice provisoire des budgets qui a été accordé.
Le Ministère a présenté sa démission
au Roi Humbert qui, après quelques
jours de réflexion , et après avoiç prLs
les avis des hommes potiliques les plus
importants, ne l’a pas âceeptée ; mçis
a d’accord avec le Mim'slère , dissous la Chambre, suivant son conseil,
et convoque les éleclèurs pour le IG
mai, le dimanche de Pentecôte, et,
eij cas de balloUagc pour le dimanche
23. — Le Roi a pris celte, délerminalion, en vrai roi conslilutionnel, sur
l’avis de ses ministres, de l’ex-président de la Chambre , comm. Farin,i,
du président du Sénat, bon. Tçcchio,
et sans doute du président de la Chanibre, bon. Goppino Ce n’élail pas l’avis
des chefs des dissidents de la Gauche,
Zanardelli, Crispi et Nicolera , qqi,
selon toute apparence, auraient voulu
remplacer leurs anciens amis, ni de
la Droite qui par l’organe de l’honorable Minghelti aurait conseillé au Roi
d’accepter la démission du Ministère
et de nommer une administration dite
d’affaires, chargée de présider aux
élections de la nouvelle Chambre. Car
tous les partis en dehors du parti ministériel, se sentent désarmés ejevant
le ministère et craignent qu’il ne fas.se
passer, comme l’on sait ,, la volonté
du pays.
. Í
JFÈ’anee. — Léon Say est nommé
ambassadeur à Londres.
Aiientagne. -- La diète de l'Empire a volé contre Bismark dans plusieurs questions importantes et spécialement celle de l’impôt sur les tabacs
et celle des îles Samoa.
Angleterre. Le généfat Sfewari,
après sa belle victoire, a été nommé
général en chef des, troupes de l’Afghanistan.
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A. renaettjro
Magasin d'étoffes et de merceries, rr
Adresse: P. Roman, La Tour Pélis.
Ernkst Robert, Gérant et Administra teùr.
Piguorol, Itnp. Ohiantpro et M.ascapeftl.