1
Quatrième Année.
8 Mars 1878
N. 10.
i O i : {j
ÉCHO DiES VALLEES VAUDOISËS
Paraissant chaque Vendredi ■
Vous me serez témoins. Actks λ 8. Suivant !a vérité aVet là charité. Ép. 1, 15.
PRIX D’A^BONNEMENT PAR AN
Italie . . . L. 3
Tòus'tós pays de l'Opion
de poste . . . » G
Amérique . . . * 0
Pôùï* 1 chez
MM.' 'Iflë
pastëura et Jes libraiçes.-de
Torre Pellice
Pour ÏSIfcHrieur au Bureau
ininistrallou.
Un nuiuéro séparé ( lOiCentÎTpeî.
Au nonce à * S5 ctfnt’îlbé's p^tr lîgne.
.Les enfv*i»4 .iï'iirifÉni se font par
ïetiré réi oinvianâée ou |^r
♦Tiiitîdajfc su/, B ufeau de
rosa A‘^éniina*
Pour la RÉDACTION ndrosser ainsi : A la Direction du Tèmoint Ponaàretto (Pineroiq) Italie.
Pour PÀDMINISTRATÏON adresser aibsi : A rA4m1ni«tratîôii d^-ÿ^Wfi^,Pûliarattj> bPijiei'o4o‘>
Itali
Tryrrr
-U'
M..p
La tolérance. — Corres^ôii^iinéf.
Ckrtrniy^àe- caudoise.. ïïêiiie'fi^iitìq'ue.
U TOIÊRIÜGË
Nous avons lu naguère dàtis un
jüui*nal édrieUS: et très indépendant une nouvelle’qui lië noüs à
pas trop surpris, quoique nous
doutions un peu dé sop authenticité. Le président des Etats-Unis
aurait assisté, à la mesSe célébrée
dans la cathédrale dè New-York
pbut Ib’ repos de l’ame non du
Rdî'dUta'lie, mais de Pie IX. Soit
dit en passant, ils sont curieux
oes évoques qui attribuent au pape
non seulement l’infaillibilité' dans
renseignement et la discipline,
mais le pouvoir d’ouvrir le ciel à
d’autres' èt qui ne sont pas bien
sûrs qu’il' ne soit pas lui-même
laissé dehors.
Ce qui nous a, par contre, extrêmement étonné c’est de voir
l’exemple de M. Hayes proposé
comme modèle à suivre dans les
pays die huky niixïèV''Md'i'ieniple
âè Hêtéé*h'>Î&è\ cés
î ’ s’ééŸie 'liH’jdui'iisfÎ, 'Ç’est à
ifé pas en croire Ses yèHx ! Ou
plutôt cela prouve uhe'féis de
plus que pour parler de questions
religieuses il faut les avoir étudiées et qu’on devrait rie jariaais
eriaployer que dés termes dont on
connaît bien le sens.
Nous avons toujours cru et nous
continuons à croire, que le mot
tolérer veut dire supporter , ou
laisser faire ce l’on croit être faux
ou mauvais. soit parcequ’on ne peut
pas l’empêcher , soit plutôt parceqü’on né croit pas prudent de s’y
opposer quoiqu’on en eût le pbuvoir. — Civilement la' tûléranc’e
s’exerce par les gouvernements'
dans ce dernier sens. C’e'st ainÿî:
que pendant des siècles et jusqU’éri’ 1848 , les vUndois ont été
simpîé&éht tolérés ; c’est no'êtrié
sous'''’lë' régime dp la tolérance
que les maintiendrait le fàmèuX
Art. U du Statut, si' par la force
même des choses et le développement de la liberté , cet article
ri’étaît -devenu une lettré morte.
iipi
te* ■
2
.74
Il y a une tolérance que Ton
peut appeler théologique ; celle-ci
à l’usage des indifférents et des
incrédules , en vertu de laquelle
chacun est ençouragé à demeurer
ce qu’il est et où il est, car,,diton : toutes les religions sont bonnes si on les pratique consciencieusement, (même avec une conscience très large), on peut faire
son salut. Les théologiens de cette
sorte sont malheureusement très
nombreux, et si nous ne nous
trompons, ils forment, en tout
pays, la presque unanimité des libéraux les plus avancés. En religion, pensent-ils, il n’y a pas de
vérité absolue, non pas même l’existence d’un Dieu vivant, et l’immortalité de l’âme , car ces doctrines ne sont pas partout admises.
Il en est autrement des principes
de morale, à ce que l’on dit encore,
car ceux-ci, dans leurs traits principaux, sont universellement admis.
— Si donc un chef d’état violait
quelqu'une de ces grandes lois,
que l’on dit gravées dans le cœur
de tous, il serait un malhonnête
homme, l’on serait unanime pour
le blâmer sévèrement. Mais qu’il
pr ofesse pratiquement l’indifférence
religieuse , qu’il accomplisse tour
à tour les actes religieux les plus
contradictoires , bien loin de le
‘•«trouver mauvais, on lui en fait un
mérite ; c’est de la largeur chrétienne , c’est du vrai libéralisme.
* Nous nous permettons d’être
d’un avis entièrement contraire.
Et pour revenir au cas spécial du
Président des Etats-Unis, signalé
au vieux monde par l’Agence Havas , à supposer ce dont nous
douions encore, qu’il soit exact,
nous sommes persuadé que les
chrétiens évangéliques de la grande
République ne l’auront ni admiré
ni approuvé, et que les journaux
religieux de ce pays auront publié plus d’une protestation. S'ils
ne l’ont pas [fait, nous pensons
qu’ils ont été infidèles à leur
mandat.
Nous tenons aussi à déclarer
que le titre de protestant Ti'o&i pas
plus synonyme de chrétien que
celui de catholique , et que tout
en portant l’un ou l’autre, beaucoup d’hommes parlent et agissent
comme des païens. Celte observation est à l’adresse du journaliste
qui souligne avec complaisance le
mot de protestant dans la nouvelle
qu’il donne.
Ce qui ressort avec évidence de
cette manière d’apprécier les actes
religieux, c’est l’idée que la minorité religieuse est toujours dans
l’erreur, mais que la majorité doit
la laisser subsister. On a tort aux
Etats-Unis, mais en France, ou en
Italie, on aurait raison.
Après cela que la charité chrétienne nous fasse un devoir et nous
donne les vrais motifs de supporter et de tolérer les faibles et les
errants, c’est ce que nous admettons sans peine. Nous allons beaucoup plus loin, ou plutôt la charité chrétienne fait bien plus que
cela, car elle nous pousse à aimer
ces ignorants et ces errants et à
respecter ces âmes encore plongées
dans les ténèbres. La vraie tolérance (nous voudrions que ce terme
fût réservé à Dieu seul) est le fruit
de l’Evangile beaucoup plus que
dn progrès intellectuel, aussi n’estelle comprise et pratiquée que chez
les peuples qui ont subi à un haut
degré l’influence de l’Evangile.
3
-75
Mais ce qui est tout simplement
absurde c'est !a prétention de convaincre d’imolérance ceux qui, en
matière religieuse désapprouvent
des actes de faiblesse et de déplorable accomodernent.
Encore une fois , la tolérance
nous oblige à supporter les ignorants et les pécheurs, mais jamais
à nous associer à eux, pas plus
qu’à les approuver ouvertement
ou tacitement. Le vrai libéralisme
doit être inséparable du courage
moral qui veut que toujours et
partout l’on se montre tel que Ton
est. Les fortes convictions religieuses ne sont pas un habit de
parade que l’on ne revêt que dans
les grandes occasions, ou que l’on
peut mettre à l'envers
Correspondance
De la montagne le 1 mars 1878.
Monsieur le Directeur du Témoin,
Puisque personne n’a répondu à la
la lettre de la plaine du 12 février
1878 adressée au Témoin, veuillez
permettre à un rude montagnard de
le faire. La lettre en question manifeste beaucoup d’habileté, mais elle
manifeste, en même temps, iin esprit
d’aigreur et même de rancune, qui
qui ne laisse pas que d’impressioner
péniblement le lecteur. En vain je relis
attentivement l’article auquel il prétend répondre, je n’y trouve rien qui
dût donner lieu a une pareille boutade.
Ne dirait-on pas, en la lisant, que tout
ce qui émane de la Commission d’Evangélisalion est sacré et que personne n’a le droit d’y loucher? Soyez
tous allentifs et prenez-y garde... autrement de la plaine une pastorale coi
ftocchi, va à [’improviste vous tomber
sur les épaules. Ileureusemenl, nous
montagnards, nous avons des épaules
robustes qui peuvent beaucoup supporter. Il est facile au correspondant
de la plaine (dont le style, me diton, révèle le nom) de se montrer
habile en faisant des suppositions plus
ou moins ridicules, mais tout cela
n’est pas à son avantage et ne donne
pas la meilleure idée possible des dispositions qui l’animent.
Quant à la récrinjinalion qu’il a*
dresse aux Pasteurs et aux Consistoires
de n’avoir pas encore satisfait h l’article 40 des Actes du dernier Synode,
se rendant lui même garant que les
Evangélistes n’écriront pas même un
mol ni de la presqu'île, ni des îles, ni
de la plaitie, ni des Apennins, (aggloméralion de noms étourdissants et trèsinutile) pour relever les défauts de la
liste qu’ils attendent... je fais observer
en premier lieu que l’auteur de la
lettre, ne donne pas lui même un gage
bien rassurant de la sobriété en fait
de critique qu’il promet pour lui et
les autres. Il se montre trop âprement
blessé de ce qu’on a osé relever ([uelques erreurs dans les listes publiées
par la Commission, et il critique avec
trop de malignité celui qui a osé les
relever, pour qu’on lui puisse supposer
une telle débotinairelé. En d’autres
termes, il est au moins à craindre
qu’il ne promette plus qu’il n’est capable de tenir. En second lieu, je fais
observer que des Pasteurs ont déclaré
en Synode, qu’il est très dilficile aux
Consistoires d’execuler ce qu’on voulait
exiger d’eux, parce que les militaires
qui ne font pas partie des Compagnies
.àlpines, lesquels sont en petit norqjbre
et presque tous gradués, changent
souvent demeure; qu’il en est de
même des domestiques (dont l’article
cité ne fait du reste pas mention ) en
sorte que les parents ne peuvvenl pas
toujours donner leurs adresses précises.
J’a,joule que les Pasteurs et les
Consistoires peuvent bien demander
les adresses, mais si on ne les leur
donne pas, ils n’onl pas le droit de
les exiger.
Que le correspondant de la plaine
me permette de lui dire qu’il est inlinemenl plus facile à un Evangéliste
4
-76
de découvrir tes militaires et les domestiques vaiidois qui peuvent se trouver dans ta ville par lui habitée, qu’il
ne l’est aux Pasteurs de lui en envoyer
les adresses. Cette assertion n'est pas
gratuite, elle se fonde sur l’expérience
d’anciens évangélistes qui déclarent
n’avoir pas habité une ville sans découvrir facilement tous les militaires
évangéliques qui s’y trouvaient, ainsi
que ta plupart'des domestiques, si ce
n’est tous; Il-suffit le plus souvent
d'en découvrir un pour découvrir tous
les autres par son moyen. Parloul les
quartiers et les hôpitaux militaires
sont accessibles. Je sais même de
bonne source que sans avoir reçu aucune adresse des pasteurs ou des consistoires, tel ^évangéliste avait réussi
à tenir un catéchisme régulier dans la
salle d’école d’un quartier militaire.
Que le correspondant de la plaine,
veuille se persuader qu'il gagnera du
temps et qu’il aura plus de profil à
suivre la marche ¡que je viens de lui
suggérer, qu’a réclamer avec tant de
simiego et attendre ce qu’on ne
peut lui envoyer.
■ Agréez, monsieur, les salutalions
respectueuses d’nn
Lecteur du Témoin.
P. S. Je compte sur votre impartialité pour donner place dans le pi ochain N. du Témoin, h la réponse cidessus.
IjO 1 mars 1878.
Ufonsieur le Directeur,
Je me permets de vous adresser,
pour que vous en. fassiez l’usage que
vous croirez, quelques observations
relatives à un petit paragraphe de la
lettre datée du 12 février, insérée dans
le N. 8 du Térnoin, conçu en ces termes: « D’ailleurs, Monsieur, ce n'est
as comme Vaudois, mais en quailé de fonctionnaires publics que nous
avons volontairement et librement pris
part à la cérémonie officielle à laquelle nous fûmes conviés avec la plus
délicate courtoisie •.
fi
J’avoue ne pas comprendre comment
on peut, sans cesser d’être 'vaudois,
se dépouiller de ce caractère de chrétien évangéliquejpour ne se considérer
que comme un fonctionnaire public,
pouvant ou devant prendre part à une
cérémonie religieuse quelconque à Îa
Suelle on est courtoisement invité.
ans ce cas, un, vaudois qui serait
fonctionnaire public en Chine, pourrait
•tout aussi bien, en faisanl abstraction
de son caractère de vaudois, loiit en
demeurant tel, prendre part volontairement et librement à une cérémonie oificielle où l’on invoquerait Bouddha, et sous les empereurs pa'iens,
un fonctionnaire public chrétien, en
dépouillant sa qualité de chrétien, tout
en réservant sa foi, aurait pu assister
volonlaireinenl et librement à une cérémonie officielle on l’on aurait sacrifié
à Jupiter ou à loi autre divinité de
l’Olympe. C’est la conclusion que l’un
des fauteurs de l’assislencè à fa messe
a admise sans difficulté.
Ils ont donc été bien simples, pour
ne rien dire de plus, ceux qui ont
choisi l’exil ou la luorl plutôt de
prendre part à une céi'érnoiiic oiïicielle
à laquelle ils étaient invités, non seulement avec courtoisie, mais avec
prières et supplications, souvent même
avec larmes, par des parents et des
magistrats compâtissanls qui auraient
vonln leur épargne!’ des peines si cruelles. ' ■
Il y a des siècles que l’invitation
courtoise d’aller à la messe a été constamment adressée aux vaiidoiS. S’ils
l’avaient une fois agréée, il n’y aurait
sans doute plus lieu dans noire pays
à aucun dissentiment religieux; car
après y avoir été volontairement et librement une fois, on aurait probablement trouvé le moyen de les y faire
aller ensuite ^mêrne en les faisant conduire par les gendarmes, ainsi que
que cela s’est pratiqué, il n’y a pas
‘encore un demi siècle, à l’égard d’un
homme qui était, bien connu dans la
commune de lît Tour.
Il peut être très-commode, en certaines occasions, de déposer son carac-'
1ère de vaudois pour le reprendre en-
5
,,7T
suite; mais est-ce la voie h suivre?
Je me permets de le contester.
L’auteur de la lettre qualifie volontiers d’officielk la cérémonie catholique à laquelle il a pris pari. Mais de
quel droit le fait-il?
Une céi'émonie est ofïicielle quand
elle procède da Gouvernement. Pour
un fonctionnaire j:ivil en particulier ,
il n’y a d’oiïiciel que ce qui émane de
l’autorité dont il dépend. Or il est bien
constaté que la cérémonie en question
n’a eu lieu bn suite d’aucun ordre ni
même d’aucune invitation de l’autorité
gouvernementale. Cette cérémonie n’avait donc rien de politique; elle était
exclusivement religieuse et catholique,
ainsi qu’il résulte de l’avis même,
transmis par M. le curé qui la qualifie « una religiosa funzione futtebre, af»finedipregar pace all’.anima deH'Âu»gusto nostro re Villorio Emanuele II».
Elle n’était dope officielle que pour
ceux qui dépendent de l’autorité ecclésiastique catholique, et ce n’est que
par abus de langage qu’un fonctionnaire
civil peut la qualifier comme telle. J’insiste sur ce .point parce qu’en faisant
passer pour politique une cérémonie
purement éedésiaslique, on induit ep
erreur les simples, en les portant à
croire que ceux qui ont pris part à la
messe, ont accompli un acte de patriotisme, tandis que ceux qui ont cru devoir s’abstenir auraient , en quelque
sorte, manqué à leur devoir de bons
citoyens. ,Gest en usant d’un pareil
sophisme que le correspondant du Val
Cluson se déchaînait, il y a quelques
semaines daus le Èisorgimento, avec
une audace et une acrimonie qui le font
facilement reconnaître, contre un brave
syndic, dont toute la faute a été d’avoir compris et pratiqué son devoir.
J. D. C.
. le 2 Mars 1878.
Mon cher Monsieur^
D’autres bien plus habiles que moi
ayant traité la question sur laquelle
j’avais l’intention de revenir, je ne veux
pas que, pour cela, vous soyez privé de
la lettre que je vous ai promise.
Ce n’est pas sans un certain Irerablement que je me hasarde h parler sur un
sujet qui méfient extrêmement à cœur,
mais qui est, du moins pour moi, d’une
nature particulièrement délicate.¡Ills’agit
en effet de notre culte principal du dimanche et de certaines conditions indispensables pour iju’il procure le plus
d’édification possible. Sans être de ceux
qui ont en horreur tout ce qui est régulier dans le culte, sous prétexte que la
régularité devient facilement du lormalisme.ipersuadéau contraire que le chrétien doit s’unir dans la règle h l’assemblée d’église à laquelle il appartient, j’ai
eu souvent l’occasion d’assister au culte
public dans plusieurs de nos temples,
et cela depuis quinze à vingt ans. Quelqiie.s-ims des prédicateurs que'j’ai entendus sont morts ou nous ont quittés ;
d’autre nous restent, et je les prie de
prendre en bonne part les deux observations que je sens le devoir de présenter surtout pour eux; l’uue regarde les
prières liturgiques,l’autre la prédication.
Nos prières liturgiques, particulièrement celles du dimanche, sont fort
belles, et l’on a le plus grand tort de
les mutiler, ou . même d’en supprimer
une ou deux , comme je l’ai entendu
faire quelquefois. Jamais l’improvisation ne vaut la prière supprimée ,
et le plus souvent, elle est de beaucoup
inférieure. Je me souviens d’avoir entendu un ministre s’aventurer dans
une prière d’abondance, mais si vide,
et si longue, que le pauvre homme suait
à grosses gouttes en cbetxhant en vain
à la terminer dignement ; je crois que
j’ai sué au moins autant que lui.
Mais si nos prières liturgiques sqnt^
fort bonnes, l’édification qu’elles devraient prod.uire est parfois rendue
impossible par la manière dont elles
sont prononcées Tantôt on les lit oy
on les récite, tantôt on les déclame,
et il m’est arrivé quelquefois de me
demander si l’on savait ce qu’on récitait. 11 me semble que les prières
imprimées ne doivent être ni récitées
comme une leçon, ni déclamées cornine
une poésie, mais simplement (passezmoi le mol, je n’en connais pas de
plus expressif) priées. Le pasteur en a
le temps et je pense qu’il devrait lire
6
-78.
Pour lui-même une première fois ces
prières pour se pénétrer de leur esprit
et le mellrè dans son cœur. Au lieu
de dépenser toute sa force dans la
prédication, qu’il abrège,s’il le faut, son
discours, mais qu’il réserve un peu de
vigueur pour cette dernière partie à
laquelle appartient une bonne place
dans le culte.
Il y a ensuite la prédication sur laquelle je ne suis pas un juge compétent quant à la composition même ,
quoique j’aie aussi quelque chose à dire
sur le fond, sur la forme et sur le débit.
J’ai entendu un jour un sermon dont
je n’ai retenu qne le texte ; c’était
aussi, je crois, la seule parole de la
Bible qui y eût trouvé place. Le reste
était une espèce de traité ou de dissertation qui n’avait pas l’air d’être en
rapport avec le texte. Ailleurs j’ai senti
passer par dessus ma tête etceliedel’au
ditoire une quantité de phrases sonores
et ronflantes qui s’adressaient à la voûte
du temple, plutôt qu’aux auditeurs, lin
général, toutefois, et je veux lè dire à
la louange de nos ministres, le prédicateur a prépai’é du mieux qu’il'a su
et pu, quelque chose pour l’édification
de l’assémblée. — Malheureusement il
n’atteint pas, ou il n’atteint qu’imparfaitement ce glorieux but, et cela pour
deux raisons.
Ou bien le langagé est trop savant,
les termes trop recherchés, et tout-à fait
au dessus de la portée de nos auditoires de campagne. Que de fois, si je
l’avais osé, n’aurais-je pas arrêté un
moment le prédicateur pour le prier
> de s’expliquer clairement! Et pendant
que Je cherchais à comprendre ce qu’il
venait de dire, lui, continuait’son chemin et il m’était extrêmement difficile
•de le rejoindre. Nous ne parvenons
à suivre jusqu’au bout une prédication
que si elle est simple et claire comme
Peau de nos montagnes.
Ou bien le débit est bruyant, rapide,
les éclats de voix se succèdent, la gesticulation est incessante ; la prédication
ne se donne pas à lur-même un seul
moment de relâche, si ce n’est peutêtre lorsqu’il passe, de la première
partie à la seconde, jusqu’à ce qu’il ait
prononcé i’amen final. Entraîné par la
chaleur qu’il a créée en lui, il .s’imagine
avoir entraîné son auditoire lorsqu’il
l’a simplement étourdi par son flux
de parole et les éclats de sou éloquence.
S’il voulait inlerroger ensuite deux ou
trois des plus inlelligents, il s’attirerait
peut-être le coniplirnent d’avoir fait un
magnifique discours“ mais qui n’a pas
été compris et retenu.
’fous ces faits que j’ai énumérés sont
des exceptions sans doute*, mais il n’en
est pas moins à désirer que ces excep-,
lions disparaissent une à une qt qu’on
se donne beaucoup de peine à éet effet.
11 s’agit non pas du renom, ou des
convenances du serviteur de Dieu ,
mais de l’avancement du règne de JésusChrist et du salut des âmes des petits
et des simples qui sont partout le grand
nombre.
Nous exprimons comme sutl notre
double vœu ; i° Qu’en lisant nos belles
prières litui-giques, le prédicateur prie
réellement. 2° Qu’en prêchant, il parle
simplement et clairement aux âmes
de la part du Seigneur, en se servant
le plus possible de la parole même de
Dieu, se souvenant que, tant comme
on n’est pas exaucé en multipliant les
vaines redites, on n’édifie pas en élevant le plus possible la voix.
Cette fois, surtout, mon cher Monsieur, j’ai besoin “de votre concours
pour rendre cette longue lettre un peu
présentable, et j'y compte avec confiance.
Votre dévoué
Jacques.
P. S. J’ai oublié de dire qu’il y avait
des années que j’avais sur le cœur
ce que je viens enfin d’exprimer, en
sorte que je puis bien assurer que c'est
de l’abondance du cœur que.ma bouche
a parlé.
7
(CKronique Æîaubotoç
Jt« Tour. — La troisième séance
de l’assemblée de paroisse a eu lieu
dimanche dernier de 3 à 6 heures de
l’après midi. Toujours la même affluence, et même plus grande encore.
On en a prolilé pour éclaircir bien
des queslions au sujet des quelles il
règne|, dans bien ae personnes, des
malentendus et des erreurs ; et celasans
perdre de vue robjel principal de ces
réunions, la question de savoir si un
vaudois, qui ne croit pas à la messe,
peut , sans inconséquence et sans infidélité y prendre part. Parmi les sujets
3ui furent abordés, nous signalons celui
e la tolérance et de la charité, celui de
l'exemple, celui de la conscience comme unique guide et suprême autorité
pour notre foi et pour notre conduite.
Par ci par là, on s’éleva aussi contre
le préjugé enraciné qui consiste à dire
que toutes les religions sont bonnes ;
ce qui revient à dire qu’il n’y en à pas
de réellement vraie, qu’il n’y a pas
de vérité. Quant à la question de la
tolérance, on fait observer qu’on ne
peut crier à l'intolérance contre une
société qui veut que ses statuts soient
observés; que ce n’est pas être intolérant que d’avertir quelqu’un du mal
qu’il va faire ; au contraire non seulement c’est être tolérant, mais charitable. Une église doit tenir à sa
profession de foi sans mériter d’être
taxée d’intolérante. Qui dit intolérance
dit violence brutale. On abuse quelquefois du mol conscience , et l’on en
fait la règle unique et infaillible de
notre foi et de notre conduite, comme
si elle ne pouvait jamais errer ; on la
confond bien souvent avec l’opinion
ou la raison. La suprême autorité en
matière de foi, de doctrine et de conduite , d’après l’Evangile, ce n’est ni
la conscience individuelle, ni la conscience collective, mais c’est Jésus-Christ
et sa Parole. Quelques orateurs parlent encore pour exhorter l’assemblée à
faire toujours une profession franche
et courageuse de leur foi. Nos concitoyens catholiques romains, dont nous
avons toujours toléré les rites, même
lorsqu’ils font de longues processions
dans nos rues, habitées par une population mixte,Idonl nous respectons iesrile.s
religieux, tout én les rejetant pour nous
mêmes comme erronés, nous estiment
beaucoup plus, si nous sommes fermes
dans nos principes, et si nous ne participons pas à un culte que nous ne
approuvons pas et auquel notre foi
nous empêche de nous associer. —
Après une longue discussion, on demande la clôture et la volalion de la
déclaralioii présentée dès la première
séance. Alors un orateur se leve pour
approuver presque tout ce qui a été dit,
mais aussi pour s’opposer à l’adoption
de la déclaration; il considère celte
adoption comme une choses impolilique
et propre à comprotnellre l'existence
de l’Eglise et l’œuvre qu’elle est appelée à faire en Italie •. — Le président proteste contre cette double assertion que ce qu’on se propose de
faire, soit impolilique et nuisible à
l’œuvre de l’Eglise. L’orateur qui a
prononeé ces paroles, les explique et
les répète. 11 veul qu’on soit prudent
et charitable; on lui répond que la
charité consiste à apporter la vérité
aux âmes. Tout ce que nous avons de
meilleur en nous ne vaut rien en
comparaison de la vérité. — La déclaration va être mise aux voix quand quel
3u’un qui n’a pas encore pris la parole
ans celle séance , s’y oppose encore
parce qu’il n’est pas au clair et qu’on
n’a pas encore dissipé ses doutes et
ses difficultés à l’égard de notre participation aux funérailles de « nos amis
voisins et frères catholiques romains».
On propose alors de consulter l’assemblée, si elle veut clôre la discussion et en venir à la votation ; l’assemblée se prononce en faveur de la
clôture, ensuite la déclaration est
adoptée à une très grande majorité.
La contre-épreuve ayant été demandée
et misq aux vœux, un seul membre
de l’assemblée se lève,
Déclaralion adoptée
par l’Assemblée paroissiale de La Tour.
«L’Assemblée affligée d’apprendre que
quelques membres de celle paroissg
8
80
otil assislé à la messe, el persuadée
que cet acte, déjà regrettable en luimême , est en même temps l’indice
d’un relâchement général dans les convictions religieuses, déplore le mal
qu’a déjà fait et ne peut manquer de
faire encore un exemple si pernicieux :
En outre, la même assenriblée, voulant se décharger , pour autant que
cela est possible , de la responsabilité
qui pourrait peser sur elle, en cette
affaire, croit devoir déclarer ;
1®) Qii’à l’exemple des anciens Vandois, elle regarde le rite de la messe
comme le renversement de l’Evangile
et la négation du sacrifice parfait el
suffisant de Jésus-Christ • offert une
seule fois pour ôter les péchés de plusieurs».
2®) Qu’à son jugement, les Vaudois
ne sauraient sans infidélité, prendre
part à une cérémonie qu’ils disent
eux-mêmes inventée pour exalter la
créature aux dépens du Créateur ».
L’assemblée s’ajourne à dimanche
prochain pour s’occuper de la proposition de donner un aide au pasteur,
el d’autres questions relatives à la
bonne marche de la paroisse.
Ftrat^. ■— Nous avons reçu de
celte paroisse une lettre anonyme que
nous ne publions pas, mais dont
lioiis avons tenu comple pour prendre
des infor'malibns précises. Notre précédente comunicationélailincomplèle et
inexacle, en ce sens que l’on n’a'pas tenu
compté d’une école du dimanche qui
subsiste pendant une partie’de l’année
el qui est dirigée par le pasteur. Nos
correspondants s’excusent en observant
qu’ils ont simplement voulu dire que
leur paroisse est privée de ces reunions du soir qui existent partout ailleurs. Encore unefois etau risque d’être
aussi mal compris que la première ,
nous dirons qu’il est quelque fo«is impossible de faire à Praly de longues
courses nocturnes.
Frarmtin. •— Aux listes de
souscription en faveur des incendiés
du Crouzet nous ajoutons celle de
celte paroisse s’élevant à L. 50.
S. dertnain. — En parcourant
la liste de ces mêmes souscriptions,
publiées dans le N. Â6 de l’année
dernière, nous avons constaté que la
paroisse de S. Gei'mnin avait mille fois
raison de se plaindre, puisque ses
deux collectes, la 1® dot. 31 90 et
la 2® de L. 22 60, en tout de la
somme de L- 54 50, y figurent immédiatement après l’envoi de M.
Meille ( collecte de Rome, ) mais sans
indication de provenance.
poltttjcftie.
Italie» Le Parlement dort s’ouvrir
le 7, sans que les partis de l’ancienne
majorité gouvernementale ait réussi à
s’entendre. D’autres motifs de discorde
et de division se sont, au contraire,
ajoutés à ceux qui existaient déjà. ~
Des interpellations très sérieuses sont,
annoncées. — Le commencement de
la session se présente sous des auspices peu favorables pour le ministère
et surtout pour la nation.
Le roi Humberfa été solennellement
décoré de l’ordre de la Jarretière que
la reine d’Angleterre lui a envoyé.
La cérémonie du couroinnement du
pape a eu lieu dans la chapelle Sixline.
Léon Xlll a pommé pour son secrétaire général le cardinal Franchi iau
lieu du cardinal Simeoni qui ayail occupé celle charge sous Pie IX après
la mort d’Anlonelli.
Guerre et question d^Orient.
La paix entre la Turquie et la Russie
est signée. La Russie â modéré ses
prétentions à l’égard de l’indemnité et
de la cession de la tlolte. Rien de positif au sujet du congrès ou de la
conférence de Bade.
Ernest Robert, Gérant et Administrateur.
Pignerol, Impr. Cbiaiitore et Mascarelli