1
Troisième Année,
6 Avril 1877.
iN. U.
tie 1 Egalise Eva.ngaélique Vaxicioîse
Paraissant chaque Vendredi
Vous me serez témoins. Acres ï. 8.
Prix de l'abomnememt p.ui an
Italie ..... I, 3
Tous les poys de i'Union de
poste............... , B
Amérique .... . » g
Suivant la rérüe avec la charité. Ep. 1. 15.
On s'abonne;
Pour 17nien'eur nbez MM. les pasteurs et les
libraires de Torre Pellice.
Pour ['E.vtéTÌeur au Bureau d'Administratiun.
Un numéro séparé: tO aentimes.
Annonces: 25 oeiuimes par ligne.
Les CTDois d'argent sm font par lettre recommandée ou par mandoi,ï sur le
Bureau de Perosa Argentina.
Pour la Rédacllon adresser ainsi; A la Direction du Témoin. PomaTello (Pinerolo) Italie.
Pour I Anmlnisiratlon adresser ain.si : A l’Administration du Témoin. Pomaretto (Pinerolo) Italie.
.Sommai r*e.
5 Avril. — Le nouveau nom. — Encore
dn Seorélaire inamovible do la Table —
SsEue politique. — Souscriptions. — Annonce.
S AVRIL
La lettre que nous publions
ci-après a attiré, une fois de plus,
notre attention sur la triste condition à laquelle les pasteurs e'vangéliques sont réduits, lorsqu’ils dépendent de certains gouvernements
soi-disant'libéraux. C’est avec la
sympathie la plus sincère que
nous les voyons s© débattre contre
les prétentions toujours plus absolues de l’impiété et descendre ,
en gémissant, peut-être, à des concessions que leur conscience réprouve, mais qu’ils jugent nécessaires , dans l’intérêt même de la
cause qu’ils défendent. Ils se sont
posé une limite qu’ils se promettent
bien de ne pas dépasser, oubliant
dans leur prudence excessive que,
sur un terrain glissant, on ne s’arrête pas quand on veut. ^
Mais c’est à un point de vue
spécial que la position faite aux
pasteurs évangéliques dans bien
des Eglises nationales nous inspire
une vive sympathie aussi bien que
les craintes les ..plus sérieuses.
Partout dans les Eglises du Continent on souffre du manque de
pasteurs. Or , n’est-il pas évident
que, même abstractibn faite de
l’insuffisance absolue dü traitement
qu’on leur assigne, le discrédit
que l’on jette sur cette carrière,
les • tracasseries de toute sorte
qu'ils ont en perspective, la crainte
de se voir placés, après beaucoup I
d’années de laborieuses études,
dans la dure alternative de blesser
leur conscience , ou dp manquer
de pain, que tout cela riuni éloigne
de la carrière du m.in|stère bien
des jeunes gens qui pe seraient
sentis disposés à y entrer?
Si leur ftrésent nVst pas lumineux, l’avenir de ces Eglises menace d’être bien plus sombre encore. Le temps pourrait venir où
pour économiser sur ]eè employés,
un gouvernement très avancé remplacerait toute prédication par la
publication d’un , code àde morale
à l’exécution duquel lesgendarmes,
gardes champêtres , et tribunaux
seraient chargés de veiller. Mais
c’est précisément alors que l’excès
du mal ferait chercher le remède
et que la conscience chrétienne
ferait valoir ses droits.
Monsieur le Directeur,
Quelqu’un m’,-i prêté, avec de bonnes intentions, j’en suis sûr, un numéro _ d’un joumîil français dont je
n’avais connu jusqu’ici que le norh;
c’est la Renaissance du 46 mars. Le
litre du journal m’a plu car je suis
persuadé que c’est bien la renaissance
qu’il faut a l’Iîglise elle-même, aussi
bien qu’à tout homme qui veut entrer
dans le royaume des cieiix. Vous savez
peut-être que dans mon village nous
n’avons que peu de livres et '^peu de
journaux à notre disposition ; mais aussi
nous lisons généralement d’un bout à
l’autre ce qui nous tombe sous la main,
à moins que ce ne soit quelque gros
volume à l’usage exclusif des savants
ou des désœuvrés.
J’ai donc in le journal dont je parle
et je ne puis pas dire que je l’aie l'ail
avec beaucoup d’iniérét, ni avec beaucoup de iruit. Il y a beaucoup de
choses que je n’ai pas comprises et
dont je vous demanderai l’explication
aussitôt que j’aurai l’occasion de vous
voir. Ce qui m’a le plus frappé c’est
une lettre qui y est rapportée, adressée autre journal par un pasteur
de l’Eglise nalionate de Genève réceramenl appelé par une paroisse de ce
canton.
Il y a, à ce qu’il parait, dans cette
paroisse, des orthodoxes et des libéraux, c’est-à-dire, comme nous l’a expliqué notre pasteur, des hommes qui
croient que Jésus-Chri.si est le fils de
Dieu et que c’est par le sacrifice qu’il
a lait pour eux de sa propre vie qu’ils
sont sauvés; et d’un autre côté des
hommes qui ne voient en Jésus-Christ
qu un grand prophète un homme divin
qui sauve par ses préceptes ceux qui
s’efforcent de les pi'atiquer ou qui
môme ne veulent pas entendre parler
de lui.
Or le pasteur dont it s’agit, lequel
passe pour orthodoxe, mirait fait pi euve
d une largeur que la Renaissance propose à r.imiiation de tous les autres
orlhodoxe.s, en déclarant d’avance que
lorsqu’une minorité de ses paroissiens
désireuse d’entendre des prédicaleuis
d’une opinion différente de la sienne
loi en ferait la demande sérieuse il
considérerait comme de son devoir de
s’entendre avec elle pour chercher à
la satisfaire.
j’ai beaucoup réfléchi à la portée
de ces paroles, je les ai examinées à la
lumière de la parole de Dieu ; je ne
voudrais pas être injuste, ni dur dans
mon jugement, mais je suis obligé, en
conscience de déclarer qu’elles me font
l’effet d’un reniement public du Seigneur Jésus-Christ. Lorsqu’un pasteur
est régulièrement placé à la tète d’tm
troupeau, il a le soin des âmes de Ions
et non pas d’une-partie seulement de
ses paroissiens. S’il n’a pas le droit
de contraindre chacun d’eux à entendre
ses prédications et à recevoir avec docilité ses remontrances et ses conseils,
il a incontestablement le devoir de
veiller sur eux et d’éloigner, pour autant qu’il dépend de lui, les causes de
perdition pour leurs âmes.
Y a-t-il, en dehors de l’Evangile,
une .puissance de Dieu à salut? Ne
s’agil-il que de choisir la meilleure
2
58
entre plusieurs ? Dans ce cas il n’y
aurait pas lieu de s’émouvoir, aussi
longtemps du moins, que l’on verrait
chacun occupé selon ses goûts, ^ la
grande question de son salut. Mais
lorsqu’on est intimément convaincu
qu’il n’y a de saliil en aucun autre
qu’en Jésus-Christ crucifié, qu’on le
prêche soi-même fidèlement, que l’on
supplie les pécheurs d’être réconciliés
avec Dieu par lui, qu’après cela, par
déference pour les incrédules ou les
ignorants, on confère avec eux afin
qu’ils aient aussi le bonheur d’entendre
deiuolir l’édifice que le pasteur fidèle
cherche à élever, cela, monsieur le
Directeur, dépasse de beaucoup la mesure de mon intelligence et si vous
voulez me permettre une expression
tin peu forte, c’est de la lai'geur qui
touche à l’infidélité.
Cela me rappelle de loin ce qui se
pratique encore dans certaines,églises
catholiques où, dans deux chaires opposées , montent deux orateurs dont
l’un est l’avocal de Dieu, l’autre celui
du Diable. Et, chose curieuse! il arrive quelque fois que les arguments
de ce dernier sont trouvés, par un auditoire qui s’en amuse beaucoup, meilleurs que ceux de son adversaire ;
quoique, en fin décompté, la morale
exige que la victoire reste au premier.
— Ici c’est quelque chose de bien
pire puisque c’est d’une même chaire
que 1 on proclame et que l’on nie, tour
à tour, la divinité de Jésus-Christ.
Si jamais chose pareille se voyait
parmi nous, j’espère qu’une éclatante
protestation prouverait que l’Eglise
Vaudoise n’entend pas que l’on joue
la comédie dans ses temples. Il' est
vrai que , à Genève, les temples sont,
à ce que l’on vient de me dire, la
propriété du Gouvernement. C’est un
tnalheur dont, par la bonté de Dieu,
nous avons été préservés.
Voire bien découé
Jacques.
tB TÉMOIN
LE \mm NOH
A celui qui vaincra je
lui donaorai un nouveau noïp.
Apoc. 2, 17,
Un changement de nom ne se
fait guère sans qu’une circonstance
quelque peu importante en fournisse roccasion, et le nouveau
nom sert dès-lors à perpétuer le
souvenir du fait qui y a dqnné
lieu. Quelquefois le nouveau nom
lire son origine d’une promotion
ou d’une distinction accordée.
Abram , par exemple , — étant
devenu plus estimable aux yeux
de Dieu, à cause de sa fidélité,
fut honoré du nouveau nom de
Abraham qui veut dire père d’une
multitude de nations. —- Jacob
qui avait mérité d’être appelé
supplantator^ reçut de Dieu le
nom à.'Israël fprevalens Deo), parcequ’il avait été vaillant avec
Dieu et avec les hommes, et parcequ il avait vaincu. (Gen. xxxii,
24-30). La voie est ouverte à
nous aussi pour vaincre par la
prière. Luttons comme Jacob jusqu’à l'aube, et ne laissons pas
aller le Seigneur qu’il ne nous
ait bénis, et nous recevrons, comme
ce patriarche , un nouveau nom
qui rappelle notre persévérance
dans la prière et surtout la miséricorde de Dieu qui nous y
fait persévérer jusqu'à ce que nous
ayons obtenu ses faveurs célestes.
Combien n’a-t-il pas été grand
et glorieux le chaugemeul opéré
dans la condition de Joseph qui
sortit de prison pour recevoir la
bague de Pharaon, le collier d’or,
les habits de fin lin, pour devenir le
second après le roi et recevoir un
nouveau nom,destiné à lui rappeler
toujours ce glorieux évènement
Le jeune hébreu fut dès-lors ap.
pelé Tsaphénat Pahanéah, ce qui
signifie révélateur des secrets, parcequ’il avait expliqué, grâce à la
sagesse divine, les songes de Pharaon, et Sauveur, du monde, parr
cequ’il fut l’instrument dont Dieu
se servit fmur sauver de la famine
l’Egypte entière et les contrées
avoisinantes. La bonté infinie de
Dieu nous prépare un honneur bien
plus grand, puisque si l'Egypte a
plié le genou devant Joseph qui ne
trouva de supérieur que dans la
personne du roi, le Seigneur nous
garde dans les cieux une couronne
de gloire qui est bien plus précieuse que tous les diadèmes des
Pharaons.
Mais n’ oublions pas qu’ un
nouveau nom indique une manière
d’être nouvelle, de nouveaux devoirs auxquels correspond une nouvelle responsabilité , sans cela il
serait inutile de changer de nom.
Le nouveau nom tend à faire oublier l’ancien, celui que nous portions, lorsque nous étions morts
dans nos fautes et dans nos péchés.
Nous devons devenir de nouvelles
créatures, être entièrement transformés, laisser les oeuvres infructueuses des ténèbres, rechercher
la justice et faire ensorte que le
nouvel homme prenne graduellement la place du vieil homme
destiné à l’oubli et à l’anéantissemeni. L’enfant qui a grandi sous
le regard du Seigneur, abandonne
ce qui est de l’enfant lorsqu’il
prend le nom de membre d’une
église, et avec le nouveau nom il
va au devant de nouveaux devoirsEmbrassant ensuite l’état du mariage, il assume avec le nom de
mari une nouvelle responsabilité,
et avec le nom de père il contracte
de nouvelles obligations.
C’est ainsi qu’en prenant le nom
de chrétiens et de disciples du
Crucifié nous subissons une transformation essentielle et nous contractons de nouveaux devoirs que
nous ne devons jamais négliger.
Personne ne doit prendre un nouveau nom avant d’être né’de nouveau. N’oublions pas que notre
nom est significatif par dessus
tous les autres, et que nous devons le porter avec honneur et
dignité. Citoyens du ciel, ne dérogeons pas !
11 arrive parfois que les monarques, en montant sur le trône,
prennent un nouveau nom, comme
s'ils voulaient faire oublier leur
existence passée ou leur modeste
origine. Le même privilège est
réservé à tons les rachetés ; nous
recevons de la grâce inépuisable
de notre Rédempteur un nouveau
nom, glorieux, saint, et nous serons assis avec lui sur le trône
pendant toute l’éternité. «A Celui
» qui nous a aimes et qui nous
» a lavés de nos péchés par son
» sang et qui nous a faits rois et
» sacrificateurs de Dieu son père;
» à lui soit la gloire et la force
" aux siècles des siècles. Amen ».
Apoc. 1, 6, e b.
Encore du Secrétaire inamovible
de la Table
U* Lkttiib AO Directkur
DU témoin
Monsieur et honoré frère,
Si — comme j’espère l'avoir démontré par ma précédente lettre —
la recherche d’un moyen (quelqu’il
soit d’ailleurs ) de rendre plus efficace
et plus prompte l’expédition des affaires ressortissant à la Table, est tout
autre qu’un hors d’œuvre, comme on
3
s’étail plû à le faire envisager; si elle esl
au contraire une nécessité, et je dirai
plus, une nécessité urgente, ce moyen,
jugé le plus propre à atteindre sûrement le but qu’on se propose , quel
sera-l‘il ?
Tel est, Monsieur et honoré fière,
le_ sujet, qu’avec voii'e permission, je
.désire ti'ailer, aussi brièvement que
possible, dans celle seconde lettre.
Vôtre collaborateur , n'en a , quant
à lui, à proposer que l’un ou rautre
de ces deux-ci, ou ions tes deux simullanémenl; -1° recommandation aux
Synodes futurs de ne pas persévérer
dans la fausse voie où se sont engagés
quelques uns de ceux qui les ont précédés ; de changer, pour le plaisir de
changer; ou, ce qui revient au même,
recommandaiion d’être assez sages
pour mainlenir la même Table au pouvoir, pendant un nombre d’années suffisant pour donner le temps à des
administraleurs >« jeunes encore, et inexpérimenlés » d’acquérir de l’expérience ;
2“ Division de ce qui conslitiie le
champ de travail de la Table, en différents dicaslères, à ta têle decliacun
desquels serail placé l’un des membres
qui la composent.
Quant au premier de ces moyens,
j’observerai lotit d’abord, qu’escompter
ainsi, à long terme, une recommandation au Synode, et l’évaluer comme
monnaie courante, me semble, par le
temps qui court, une chose passablement hazai'dée.
J’ajouterai : qu’à moins de supposer
à ces Synodes futurs une dose de sagesse plus grande encore, et allant
jusqu’à la résolnlion bien arrêlée de
ne jamais renouveler une Table que
dans une partie de ses membres, de
laçon qu'il s en trouve loujours, pai’mi
ceux qui la composent, de plus expé^
rimentés que les autres, capables de
suppléer à ce qui manquerait, sous ce
rapports à ces derniers, ce que l’on gagnerait, par ce moyen, se réduirail à bien
peu de chose. Ce serait loujours, en
dernière analyse, à la condition de perpétuer indéfiniment une Table, ou, ce
qui revient au même , à la condiîion
de fausser, dans son essence même,
le sy.sLètrie presbytérien qui esl le nôtre,
que l’on obliendrail le résultat désiré.
Quant au second , que votre collaborateur, emprunte, dil-il, à M. le prof.
A. Rével, sous le litre de division du
travail,]e dirai seulemeiU : qu’enlendus
dans le sens que ces mois ont pour
ceint de qui il les emprunte , votre
collaborateur, j'en suis certain, en
voudrait, hii, moins que personne, le
projet favori de notre docte ami de
Florence — d’absorber lôt ou lard , la
Table dans des Conférences de district
venant s’ajouter au nombre' passablement grand de nos rouages adminisIralifs — n’ayant pas d'adversaire plus
décidé que lut.
Entendus, par contre, dans le sens
qu’il leur donne , savoir: que chacun
des membres de la Table se fasse le
LE TÉMOIN
chef ci une sorte de dicastère, auquel
il dédierait plus spécialement ses soins et
son activité, je me limiterai à demander
à volrecollaboi’ateursi, vraiinénl, il n'est
pas aussi convaincu que je puis l’èlre
(et, je le suis fermement) que le plan
qu il propose el qui,.je n'en disconviens nullement, va fort bien «sur te
papiei'», dans la pratique, esl absolument irréalisable ?
Lui donner les raisons qui me font
parler ainsi, n’est nullemeni nécessitire:
il a bien trop d’esprit, pour ne les
avoir pas déjà devinées.
Un autre moyen, dont il a été plus
d'une fois question , dans les pourparlers, sur ce sujet, des liuil ou dix
dernières années, c’est celui qui consislerati à faire également pour la Table,
ce qu’a lait noire avant dernier Synode
pour ht Romniission d’Evangélisiilion,
e esL-a-dire, à donner à son président,
qut est le Modérateur, pendant tout le
temps de sa duree en chai’ge, comme
tel, un snffraganl qui — le remplaçant
dans ses fondions pastorales — lui
permît de donner tout son temps el
lotîtes ses facultés à l’adminislralion
de l’Eglise.
Mais ce proiel, très simple aussi en
théorie, dans la pratique et quand on
cherche à l'appliquer, se hérisse de
difjficullés sans nombre.
Et tout d’abord, qu’on veuille remarquer ceci: enlre le Modérateur qui
ne peut être — d’après notre Constitution ~ qu’un pasleur ayant cure
d’âmes ou un. pro/esseur, et le Président de la Gotnmission d’Evàngélisalion la différence est très grande.
Ce dernier, en effet, au lieu de lenir
ses fondions d’une éledion populaire,
les lient d’une Commission qui peut
l’en exonérer, quand et comme elle le
trouvera convenable. Aucune difficulté,
pas conséquent, à le faire remplacer,
dans ses fonctions pasioi'ales, par un
suffragant élu de la même manière
qu’il l’a été lui-même.
filais il n’en esl pas ainsi du Modérateur, s’il est pasleur (ce qui esl 1e
cas le plus fréquent). Le pasleur étant
nommé par le troupeau , l’enlever à
celbi-ci, pour une ou plusieurs années,
par la raison qu’il est devenu Modéraleur, el le rerapiacer ex o^io par un
suffragant qui pouiTàit avoir, mais qui
f»ouïrait tout aussi bien n’avoir pas
'agrément de la paroisse, est chose
toute autre que facile.
Et si le Modérateur se trouve être
( comme c’est le cas présentement) un
prolésseui’, alors la question du remplacement , plus facile par certains
colés, devient plus difficile encore par
d’autres. Tout mlnislre de l’Evangile
peut bien, à la rigueur, remplacer, dans
ses' fondions, un pasleur; mais tout
ministre ne peut pas, avec la même
facilité, être transformé en professeur
capable d’enseigner te grec, le latin,
les inathémaliques ou la philosophie’
Par ce coté déjà, il est facile de
s’en convaincre, le moyen proposé pré
59
senterail des diffîcuitès très-graves,
pour ne pas dire insurmontables.
Mai.s ce.s diffScuIlés fussent-elles surmontées, nous ne sérions pas àii boul;
nous serions à peine an coin mence*
ment, en fait de difficultés. El pour
n’en relever qu’une encore : quand
nous aurions un Modérateur avec un
suffragant d’office, c’est-à-dire, un pasleur ou Un pi’ofesseur ÿans paroisse
ou sanSs chaire, et, tout naiurellemenl,
concenlranl, en lui seul, à peii-près
toute t’aclivilé el loules le.s aüiibulions
de la Tàhte, c’est bien alors que les appréhensions de votre perspicace voisin,
d’avoir dans la personne de l’homme
investi de celte charge , non plus un
Modérateur, mais un véritable Evêque,
auraient toute leur raison d’être 1 calce sérail bien iin homme « à part »
que nous aurions en lui; à part de
ses collègues , membres de la Table ,
tout d'àbord, les quels ne viendraient
plus que tout à fait en seconde ligne;
à part, ensuite des autres pàsieurs ou
professeurs, puisque, seul parmi (ous
les aulre.s, il conserverait le litre d’une
charge dont il ne remplirait plus les
fonctions !
Cela étant, et, une fois les moyens
que je viens de rappeler écartés ,
quel ^ autre resle-l-il , pour oblenir
du résultat désiré , que celui qiii est
1 occasion de celle passe d’armes , et
qui se résume dans la proposition
laite au dernier Synode, telle qu’elle
se trouve reproduite dans te n" kl du
lemoin de l’année dernière, auquel
je renvoie pour plus de brièveté?
On fait, il est vrai, à ce projet des
objections de plus d’un genre; el votre
coilabqralenr, en particulier, s’est
montré passé maître, en ceci, comme
en bien d’autres choses.
Mais si, parmi oes objections, il y
en a de fondées (comme je crois qu’il
y en a), et qu’il serait facile d’uliliser
en vue d’une améliorai ion très-sensible
du projet lui-même, n’y en ama-l-i!
pas aussi dans le nombre, de plus
spécieuses et apparentes que réelles ,
et dont un examen quelque peu allen lit suffira à démontrer l’ittstts.vistenza ?
Voilà, monsieur et hohol-é frère, ce
que je me propose de rëchei cher dans
une pi'ofchainë él, j’espère , dernière
lettre.
Croyez-moi etc.
Le S avril d877.
P.. A.
Monsieur te Directeur,
Ririez-vous l’obligeance, Monsieui'
le Direclêiir, d’accorder l’bospilaliie
dans iine dè vos colonnes à ces quelques lignes que ni’onl suggérées les
lettres des derniers numéros, conlenanl une éloquente apologie du secrétaire inamovible , bientôt plus célébré,sans avoir vécu, que bien d’autres
après urie longue vie ?
4
-60
Chaque père , ou fraclion de père,
aime ses enrants ; parfois même, cela
se voit Ions les jours, plus les eiifanls
sont infirmes et malingres, plus il a
Eonr eux des soins tendres ei dévoués,
es auteurs de la proposition portant
que la Table ail à se pourvoir d’un
secrétaire inamovible, en sont une
preuve nouvelle el vivante.
Il en coirte de montrer les défectuosités de leur progéniture; un ami
seul pouvait se charger de celle lâche
ingrate, el il s’en est acquitté avec
^ autant de courage que de finesse. Dans
le petit corps, offert à ses baisers , il
a signalé tant de défauts, petits et
grands , que chacun de ses lècleiirs
a senti qu'il n’élail pas né viable.
Le coup a,porté, aussi essave-t-on
de le calmer avec une bonne bouffée
d’encens ; mais une bouffée ne fera
ni plus ni moins.
Si la Table, avec un travail dix fois
moindre qu’en 1860, facilité d’ailleurs
par une réglementation minutieuse ,
ne peut faire avancer le char , c’est
qu’on ne l’a pas habituée à tirer, car
ce n’est pas en voyant travailler les
autres qir on s’habitue à travailler
soi-même ; il arrive au contraire que
le moindre travail effraye comme si
c’était quelque chose de surhumain.
Notre église est dans des conditions
telles pour les hommes qui la servent,
el pour l’argent dont elle se sert, qu’elle
doit s’armer de patience; sous ce
double rapport la théorie est loin de
répondre aux exigences de la pratique.
Quand , comme bien des familles en
son sein, elle ne peut pas faire comme
elle veut, elle fait ou fera comme
elle peut.
Les nouveaux amis de la démocratie
ecclésiastique, apercevant enfin les difficultés où nous sommes ^ au lieu de
chercher un peu de résignai ion, imaginent là, coup sur coup, un remède
au mal ; pour pouvoir plus facilement
changer le modérateur et ses collègues,
ils sont d’avis de créer un secrélaire
perpétuel comme à l’Académie française.
Mais n’esl-il pas évident, aux yeux
du premier venu, que c’est laisser les
choses comme elles sonl? Ne sera-ce
Eas le secrélaire qui sera Modérateur ?
e Modérateur sera-t-il autre chose
qu’un porte-nom ? Le vrai Modérateur
c’est celui mii sait, non celui qui signe,
el mettre, uit-ce 20 ans, du sable sur
récriture d’autrui, n’est pas un sûr
moyen d’apprendre à faire soi-même;
c'est le moyen de passer sa vie dans
l’illusion.
Aussi, qu’on me le pardonne, je n'ai
aucune peine du monde à comprendre
qne le Modérateur el d’antres pei'sonnes
aient signé la proposition ; j’avoue que
j’en aurais passablement à comprendre
qu’ils ne l’enssenl pas fait. Quoi ! le
Modérateur aurait eu seulement l’ombre
d’une espérance de pouvoir faire porter
sa lourde chargé par un au Ire , tout
en gardant l’honneur (façon de parler),
et'il n’anrait pas, non seulement signé
d’nne main, mais de quatre, s’il les
LE TE.VIOIN
avait! Aurait-il pu, du reste, sans se
faire taxer d’outrecuidance, ne pas
signer ?
Non, M'" P. M., l’affaire des signatures, non plus, à le bien prendre, n’a
pas l’importance que vous lui donnez.
J’apprends du reste qu’au moins deux
des signataires ont retiré la leur ou
à peu prés. Les trois présidenis de
nos Commissions (il ne manque que
celui de l’Ccole de Théologies qui
n’existait pas encore) sont trop intéressés ou trop modestes pour réclamer voix en chapitre. L’auteur de
la proposition est bien près d’avoir
l’agréable chance de rester seul à rouler
son rocher.
11 aime, je crois, à créer des charges,
quoique bon nombre de celles qu’il a
créées aient été singnlièremenl éphémères. Je lui conseillerais, s’il avait
besoin de mes conseils, d’employer à
antre chose les beaux dons qu’il possède. Si le secrélaire est dressé celte
année, il sera, à coup sûr, l’année d’après renversé, el ira tenir compagnie
à d’autres spodestali. Mieux vaut lui
épargner la douleur d’une aussi courte
apparition sur l’horizon administratif.
Veut-on donc à toute force, (je reviens à celte idée) amollir encore une
génération qui n’est pas des plus robustes ! Quand on a connu les Beckwilh,
les Burgess, iesBridel, le.« Bével, quand
on sait mieux que personne, ce que ces
hommes faisaient, pourquoi au lieu de
flatter nos penchants au aoke far niente,
comme le fait la proposition, ne nous
dit-on pas : regardez le travail 'qu’ont
fait ces hommes de Dieu, qui n’étaient
que de chair et d’os comme vous ;
inspirez-vous de leur exemple, el pour
l’amour de l’œuvre qui vous est confiée, ne vous écoulez pas comme vous
le faites, el ne vous croyez pas perdus
quand parfois mimiil ^vous surprend
au travail.
Voilà le langage qu’on doit tenir à
une église pauvre, qui, à tant d’égards,
dépend de ses amis, el qui ferait payer
par des amis les honoraires du nouvel
employé. Dites à ces amis, vous qui
les connaissez, que, s’ils sont disposés
à nous aider , il y a d’autres besoins
vingt fois plus pressants, el que nous
aurions honte d’accepter de leur main
Si généreuse un objet de luxe, quand
le nécessaire nous manque, et que,
pour ne ciler qu’un fait, les veuves
de no.s pasteurs manquent du nécessaire.
J’ai été un peu vif, mais on m’excusera sans peine ; la question du secrétaire est de sa nature si étrangère
à nos préoccupations qu’on ne peut
se faire lire, en en parlant, que si l’on
adopte le genre carré. Les hommes
sont ce que tes font les occupations
qu’on leur donne, sont-elles considérables, ils s’évertuent an travail, sontelles une bagatelle , plus théorique
qu’autre, ils perdent même la force
de faire celte bagatelle.
Agréez....
nr%j
Slcuue :polUtc|ue>
MtnUm. — En l’absence des députés
pendant les vacances de Pâques, l’exposition financière de Thon. Deprelis a
fait les frais des discussions des journaux des dilïéi’ents partis.
Rien de bien nouveau dans celle
exposition. Les entrées se sont un peu
accrues, les dépenses ont subi aussi
une augmentation proportionnelle; et,
si rien de nouveau ne survient, il restera en caisse à la fin de l’année une
douzaine de millions. Il faut bien autre
chose pour supprimer le cours forcé
et pour .abolir ta taxe de moulure.
L’allocution du Pape a commencé à
porter des fruits. Les cléricaux français
ont fait instance auprès du Gouvernement de la république afin qu’il se
souvienne de la prison du Saint Père.
L’on attribue à celle question je voyage
de M. Jules Simon qui serait venu
en Italie dans le but de conférer avec
nos ministres à ce sujet.
QwenUon «f’Ort’etil. — Le Gouvernement anglais a consenti à signer
le protocole des conférences de Constantinople qui formule les réformes et
les g.aranlies exigées de la Porte de la
part des puissances occidentales. L’An
^lelerre a renoncé à demander à la
ussie le désarmement; elle s’est contentée d’exprimer l’espoir que ce dé ■
sarmernenl aurait lieu simultanément
de la part de la Turquie et de la part
de la Ru-ssie, Cela signifie que,la paix
est assurée si la Porte se soumet aux
conditions qui lui sont imposées, et si
rien ne ..vient rompre la bonne harmonie que l’on désire voir s’établir el
régner entre les parties inlei’essées.
SOUSCRIPTION pour frais de voyage du
Pasteür gui se rendra au Rosario et pour
aider les colons à relever leur école et
lieu de culte.
J. D. CharboQnior
Frs. 10
A.I1H0I1OO*
On recherche pour l’Ifôpitdl
Evangélique de Turin, une bonne
infirmière, pas trop jeune et douée
d’une bonne s.anté.
Adresser les offres de service
à M, le pasteur Meille, iS, via
Pio Quinto, à Turin.
Ernkst Robert, Gérant et Adminislratmir
Pignerol, Impr. Chiantore et Mascarellt^