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Cinquième Année.
18 Juillet 1879
N, 29
LE TÉMOIN
ÉCHO DES VALLÉES VAUDOfSES
Paraissant chaque Vendredi
roHs me seree témoins. Actks I, S, Suivant la vérité avec la charité. Ep. ], 15.
PRIX D’ABBONNEMENT par an Italie . . • . L. 3 Tous les pays de PUnion de poste . . . ü (3 Amérique ... >9 On s'hbonne ; Pour l’Intérieur chez MM. les pasteurs et les libraires de Terre Pellice. Pour r^xtérieuran Bureau d’Ad* ministtatioD. 1 Un ou plusieurs numéros sépa- j réSj demandés avant le ti- rage JO cent chacun. Annonces : 25 centimes par ligne. Les envois d'argent ee font par lettre recemmandée ou par mandats sur le-Bureau do Pe- , rosçc Argentina*
Pour Ja RÉDACTION adresser aijasi : A la Directi*’n du Témoin t Pomaretlo tPinerolp) Italie. Pour r ADMINISTRATION adresser aiçsi : A T Administralion du Teniof«, Poroarçtto tPiueroloj Italie.
' SoBamalr©. ■ I i
Pierre Vaido et les pauvres do Lyon. —
Madame Alsop. •— Correspondance. —
1)0 l’Evangélisation. — Courrier de l'Evatigélisaiion. — Chi'onique vandoise. —
Hevue politique. — .Annonces.
?mm VALOo
el les paavres de Lyon
Propriété littéraire
r V. N. 3)7.
xir.
Vaido et les Yaudois ( Suite ).
Pendant des années il ne cessa d’arriver de nouveaux colons qui venaient
se joindre aux premiers, les seigneurs
des Vallées faisant, à ce qu’il semble,
assez bonne mine à cette immigration
3ui doublait leurs rentes eu cultivant
es terres auparavant abandonnées ou
tout au moins fort peu productives.
Les choses continuaient snr ce pied depuis une trentaine d’années; lorsqu’en
1220 un édit du comte Thomas vicaire
de l’Empii'O, vint publier défense à
tout le monde d’accorder asile sur le
territoire de Pignerol « à aucun vaudois ou vaudqise » que ce fut. C’est
lit seconde fois, à notre connaissance,
que les édits appellent du nom de
vaudois {Vatdmses) les habitants du
versant italien des Alpes Coliennes;
cardés l’année 1198, l’empereur Otton
IV se rendant à Rome pour y être
couronné par le pape, avait, par un
édit accordé à l’évéque Jacques de
Turin la faculté d’expulser de son diocèse ces vaudois ennemis de la foi
cnlboliqiie el grands semeurs d’ivraie.
S’agissail-il des Pauvres de Lyon,_ ou
des Vaudois primitifs qui s’étendaient
dans la plaine à mèsure que les premiers arrivaient de France? C’est ce
que nous ne saurions dire. Ce qu’on
peut affirmer, c’est que les Lyonnais,
loin d’être expulsés entièrement comme
l’eût soubailé l’évêque Jacques, continuaient de passer la montagne, et que
l’immigration ne s’arxêla que lorsque
les seigneurs de Luserne eurent cessé
de relever immédiatement de l’Empire,
pour se soumellre à la maison de Savoie.
Plus tard par un mouvement opposé,
ce furent les Vallée.s du Piémont qui
reversèrent sur la France le trop plein
de leur population; mais dans quelque
sens que se soient faites les communications, elles suffirent pour éiablir
entre les Pauvres de Lyon èt leurs
frères des vallées, ces relations intimes
qui firent pendant si longtemps de
leurs églises comme un seul et même
corps.
Pierre Vaido lui-même, tout en s’attachant plus parliculièremenl à l’un
2
-226.
des essaims qui l’avaienl suivi dans
le nord, n’oublia pas enlièremenl ceux
qu’il avait laissés dans le midi, et tout
nous porte à croire qu’il conliniia
d’avoir une sollicitude singulière pour
ses vaudois des Alpes et du Piémont.
Gomment s’expliquer autrement la communion de sentiments et d’intérêts
religieux qui subsista pendant des
siècles entre les vaudois de Bohême
et ceux de Lombardie? Pour que de
Bohème et d’Alsace on envoyât des
jeunes gens se former et se faire consacrer à l’œuvre du saint ministère
dans les écoles vaudoises des Vallées
italiennes il faut bien supposer que quelqu’un ail-eu, à une époque quelconque, la pensée de mettre en communication ces églises que la dislance eût
autrement tenues à jamais séparées.
Or nui n’était mieux placé que Valdo
pour sentir le besoin de relier, autant
que possible , par une vie commune
des populations 'qu’unissait déjà la
même foi, et jusqu’à un certain point
la même origine.
Il noos resterait à montrer la parenté des Vaudois avec Valdo en ce
qui con -rne spécialement la vie religieuse. Mais ici la ressemblance est
si grande, surtout quand on veut s’en
tenir aux temps qui ont précédé la
Réformalion, qu’il serait difficile de
distinguer entre les principes que nous
connaissons aux Lyonnais et ceux que
nous trouvons dans les traités écrits en
langue vaudoise. Qu’il s’agisse de la
règle de foi et de conduite, qu’il s’agisse
du culte*, ou du pardon des péchés,
ou de la vie présente, ou de la vie à venir,
partout se remarquent chez les uns et
chez les autres les mêmes doctrines,
la même direction d'idées, les mêmes
mobiles, et pour toul|dire, les mêmes
lacunes. Aussi bien que Valdo, les
Vaudois, pour tout ce qui a rapport
à la vie spirituelle, s’en tiennent exclusivement à la Parole de Dieu, rejetant tout ce qui est « hors et contre
les Saintes Ecritures» selon l’expression
de l’un d’eux, s Nous croyons, disentils, que tout ce qui est contenu dans
l’Ancien et dans le Nouveau Testament
a été déclaré authentique et scellé du
sceau même du Saint Esprit... et que
toute la loi de Christ est si fermement
établie en vérilé qu’elle ne peut faillir
ni manquer (d’avoir son accomplisseraenl) jusqu’à une lettre, ju.«qu’ù un
point.
Même accord en ce qui regarde le
culte et celui qui doit en êlie l’objet.
« Le seul saint qu’ils adorent c’est
Dieu », disait-on des Vaudois aussi
bien que des Pauvres de Lyon. * Il
faut adorer le Père avec son Fils et
le Saint-Esprit, à l’exclusion de toute
créature, quelle qu’elle soit ». Et
quant au pardon des péchés, il n’y a
que Dieu qui le puisse accorder; « Dieu
seul en Christ », « nul autre ne le
saurait faire «.
Les uns comme les autres Us laissent
à désirer en tant qu’ils .semblent trop
souvent considérer le salut comme
s'il était en partie le résultat de leur
repentance et de leurs efforts, au lieu
d'y voir l’œuvre et le don de l’amour
de Dieu par le sang de son fils, mais
tous ils ont un profond sentiment de
leur péché. • Si lu ne me pardonnes,
dit le Vaudois au Seigneur, |je suis
perdu, tant la convoitise est enracinée
en mon cœur». «Si lu ne me pardonnes,
mon âme ne peut que s’en aller à la
perdition ». El voilà ce qui, en dépit
de tout, reliul continuellement les
Vaudois aussi bien que Valdo et les
Pauvres de Lyon, attachés à leur céleste Hédempleur. S'ils ne sentent aucun besoin de prier les- saints ni de
recourir à leur intercession, cela
vient, dit Seyssel, de ce que « à leur
jugemenl, Christ suffit abondamment
pour tous et pour toutes choses ». —
« Christo omnibus ad amnia abunde
suffkiente »,
Ainsi donc, et par le nom de Valdenses ou de Valdés qu’ils ont porté
en commun, et par la fusion des partisans de Valdo avec les habitants
primitifs des Vallées Vaudoises, et par
les relations que les Picards de Bohême
ont longtemps entretenues avec les
Chrétiens évangéliques du Piémont, et
par l’entière conformité de leurs sentiments religieux, les Vaudois de Lyon
et ceux des Alpes ont dû être souvent
confondus les uns avec les autres par
leurs ennemis tout d’abord, et plus
3
^227,
tard par qneiques uns de leurs plus
sincères amis
Qu’ils aienl été les frères ou les enfanis des Pauvres de Lyon , les Vaudois d’Jlalie ont beaucoup à apprendre
de la foi el. de l’cnergie de ces fidèles
témoins du Seigneur, et Piei re Vaido,
si nous en a^fions moins irnparfailement
tracé le portrait, pourrait encore même
après les sept siècles qui nous séparent de lui, nous donner plus d’une
leçon salulaire.
FIN.
IHADAMË 4LS0I>
Nous pensons faire une chose agréable à nos lecteurs, en même temps que
nous payons un juste tribut d’affection
chrétienne à une amie qui nous a plusieurs fois visité, en empruntant à
l’Èi/lise Libre l'article qu’elle vient de
publier sur Madame AIsop.
— Une des plus actives et en même
temps des plus aimables servanles de
Jésus-Christ, Madame Aisop est entrée
dans son repos le 18 juin. Celle femme
excellente était d’origine française. Née
à Congéniès ( Gard ) d’une des rares
familles françaises qui se ratlachenl à
la Société des Amis, ou Quakers, elle
avait dès l’âge de neuf ans habile l’Angleterre où elle s’élait mariée. Mais en
devenant anglaise d’éducation el de
nationalité, elle n’avait pas cessé d’être
française de cœur et de tempérament.
Elle offrait ainsi un mélange de grâce
el de solidité de caractère, de recueillement et de vivacité qui la rendait
singulièrement attrayante el lui ouvrait
les cœurs.
Son mari, digne d’elle , s’élait de
bonne heure retiré des affaires avec
une très modeste fortune afin de pouvoir , avec elle se consacrer entièrement au service de rhumanilé.
Ne formant qu’un cœur el qu’une
âme, libres de soins (étant sans enfants ) iis s’occupaient en Angleterre
de toutes œuvres philanthropiques et
chrétiennes qui sont comme le domaine propre des Quakers. De temps
i autre ils, parlaient et s’en allaient
ensemble par le monde, faisant le bien
sans oElenlalion et sans bruil. Lui s’occupait des. opprimés de louie sorte;
il propageait parmi les hommes les
idées de paix. Elle, s’effoi'çail de rnellre
à l’œuvre les femmes ehréliennes de
condition aisée en faveur de la femme
ignorante et misérable.
' C’élail plaisir de l’entendre plaider
celle cause, soit en paiiiciilier, soit
dans les réunions de femmes qu’elle
provoquait. Lâ, elle montrait combien
il y avait à faire, ce qu’on pourrait
faire, el comment. Elle stimulait les
bonnes volontés, elle les éclairait, elle
communiquait à ses « chères sœurs » ,
l’enthousiasme tranquille mais intense
pour le service de Jésus Christ dans
les pauvres qui remplissait son âme. Puis, quand elle était
rentrée eu Angleterre, elle continuait
son œuvre, par une correspondance
active acompagnée souvent de secours
efficaces.
Il y a peu de temps , son mari el
compagnon d’œuvre la qiiiUa. — Elle
vient de le rejoindre au séjour du repos.
Dieu a élé bon de ne pas les laisser
longtemps séparés. Ceux qui, après
nos désastres de 1870 , ont vu ces
deux vénérables vieillards parcourant la
France el porlant partout au nom de
la Société des Amis le message de sympathie el les exhortations chrétiennes
dont ils élaienl chargés, ne les oublieront pas de silôl. Ils laissent partout
sur leur passage un doux parfum, —
la bonne odeur de Christ, — dont leur
souvenir reste comme embaumé.
Monsieur le Directeur,
!! y a une objection de mon ami
Fr. , mentionnée dans ma troisième
lettre (voir le n° 23) el à laquelle il
me reste à répondre. « N’est-il pas
plus convenable aussi, et même nécessaire , de nous mettre dans le cas
de déclarer, non pas une fois pour
toutes, mais très fréquemment, quels
sont nos sentiments â l’égard de l’E-
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-^228
vangile el du ministère ? C’est en ces
termes que j'ai reproduit la pensée de
cet ami, et je pense l’avoir fait très
exaclemenl ; si je me trompe il me
corrigera. Au reste , bien loin de le
contredire sur le fond même de la
question , j’abonde plutôt dans son
sens. Les membres d’une église ne
doivent jamais s’imaginer qu’il ne leur
reste rien è faire pour elle et pour le
le service du Seigneur, et qu’il leur
soit permis de laisser passer une année
sans avoir, par des oeuvres nouvelles,
ou des sacrifices nouveaux, témoigné
de leur inlérôl pour les choses de
Dieu.
Si une jouissance égoisle de la vie
et la préoccupation constante el exclusive de ses inlérêls, se comprennent trop bien chez l’homme qui n’a
d’affection que pour les choses de la
terre, le racheté de Jésus-Christ, el
héritier du ciel , use de ce monde
comme n’en abusant point,, el sachant
qu’il n’emportera rien d'ici bas, il se
halera de semer de ses biens matériels, pour recueillir, cent fois autant,
en biens incorruptibles. Son premier
et plus vif désir est que Christ soit
prêché et il s’estimera heureux et
glorieux de pouvoir aider à faire proclamer au près et au loin les immenses
richesses de sa grâce. Il va sans dire
que son pasteur, celui qui veille sur
son âme comme devant en rendre
compte (Hkb. xiii ,17 ), ne sera pas
oublié, que môme il aura l’une des
premières places dans son affection el
son respect. Comment le laisserait-il
dans le dénuement, s’il Jest en sou
pouvoir de l’y soustraire? Mais à quoi
bon se faire des illusions sur le degré
de vie chrétienne que possèdent la généralité des Vaudois? lisl-ce du grand
nombre, ow même seulement d’un
grand nombre, que l’on peut dire que
« la charité de Christ les presse? «
qu’ils savent que « Christ est mort afin
que ceux qui vivent ne vivent plus
pour eux-mêmes ? »
Il me paraît qu’une conséquence naturelle à tirer de l’étal spirituel de la
masse des Vaudois, c’est qu'il est possible d’obtenir de la plupart d’entr’eux
une contribution , ou un saci iüce de
quelqiiç importance, mais qu’il ne sel'iiil pas pnidcnl de compter sur des
contributions régulières, ce à quoi ils
ont besoin d’être patiemment condnils.
Cela est vrai surtout pour ce qui regarde les frais de culte el l’enlretien
des pasteurs, car pour quelques autres
objets nous avons déjà‘fait quelques
progrès, (Jiioique notre contribution
pour les missions étrangères soit loin
encore d’avoir atteini un chiffre suffisant , elle n’en représente pas moins
le concours de toutes nos pai’oisses et
celui d’un bon nombre de personnes
dans chacune d’elles. On s’élait accoutumé à donner pour nos hôpitaux,
aussi longtemps qu'on les savait dans
le besoin. On a commencé à donner
des preuves matérielles de l’inlérêt que
l’on prend à notre oeuvre d’évangelisalion, mais chacun sent que si les dons
des vaudois ne sont pas plus abondants, c’est non seulement pareeque,
année après année, on apprend qu'il
y est généreusement pourvu par d’autres, mais aussi pareeque rintérêt n’élanl encore ni très profond, ni très
général, celte contribution ti’esl pas
encore sentie comme une obligation,
el n’est pas devenue une coulutne.
Pour toutes ces choses, pour d’autres
encore, comme pour l’Orphelinat, le
Collège, rEcoleNormale,;le Pensionnai,
les Ecoles en général el ceux qui y
enseignent, il est nécessaire de faire
appel aux vaudois qui en jouissent et
de les solliciter à un concours eiTicace.
11 n’y a donc pas lieu de craindre qu’ils
soient laissés en repos, lorsqu’ils auront prêté leur appui à Tune ou l'autre
de ces œuvres, comme il n'y a nulle
apparence que , en faisant beaucoup
nous mêmes, il ne reste plus rien à
faire pour ceux qui nous viendront"
après.
Pour résumer ma pensée, je dirai
donc, que la méthode la plus raisonnable serait bien d’appeler les Vaudois
à donner régulièremenl, chaque année,
un témoignage de ieuijitilérêl pourchacunedes œuvres de l’Eglise, au dedans el
au dehors ; mais qu’il est souvent plus
utile el plus prudent d’appeler leur
allention el leur concours sur un objet
spécial, surtout lorsque par la nature
5
-'329
plus délicate de cei objet même, il
ne sérail pas convenable d’y revenir
très soiivenl. Je pense que c'esl le cas
pour l’honoraire des pasteurs el qu’il
ne faudrait revenir à la charge que
si l’appel qui vient de nous être adressé
n'élail que trop iniparfaiteinenl entendu.
Comme on parle passablement autour de moi de cel important objet,
qu’on en discourt généralement avec
une très grande liberté, que j’en entends dire de toutes les couleurs, il
est possible que celle lettre ne soit
pas la dernière.
Recevez etc.
Votre dévoué serviteur
S.
DE L’ËV4^GÊLiSATI0Pi
Puisqu’il a plu au Seigneur de coiiaerver notre église ii travers tant de
siècles d’horribles persécutions, c'est
éviderameiU atin qu’elle apporte maintenant l’Evangile de paix aux descendants de ceux qui ont vainement essayé de la faire disparaître de la surface de la terre. L’Eglise Vaudoise
doit être une église missionnaire, si
elle veut être une église vivante el
fidèle. C’est ce qu’on nous a dit maintes
fois au Synode , et c’est ce dont nous
sommes pleinement persuadé.
' Notre église fait-elle réellement ce
qui est en son pouvoir pour accomplir
la glorieuse tâche que la Providence
lui a réservée ? Nous pensons que si
l’on connaissait mieux parmi nous l’importance el l’étendue de celle lâche,
il y aurait plus d'enthousiasme pour
s’e'n acquitter. 11 y a, grâce à Dieu ,
au sein de nos paroisses bon nombre
de personnes qui suivent avec intérêt,
avec joie et avec reconnaissance envers
le Seigneur le mouvement missionnaire au milieu de nos concitoyens.
Mais les habitants des hameaux reculés
connaissent-ils tous , connaissent-ils à
fond ce mouvement, en connaissentils l’importance, et savent-ils bien ce
que Dieu leur demande à cel égard ?
R est clair que l'on ne saurait attendre
de nos populations des sacrifices cl
du dévoneiïient pour la cause de l’évangélisalion, si l’on n’avait pas fait ce
que l’on peut pour les rarniliariseiavec celte cause. Il faut connaître avant
d’aimer, el surtout avant d’aimer jusqu’au sacrifice.
Ce serait faire injure à nos frères
qui dépensent leurs forces dans l’œuvre
du ministère au milieu de nous, que
de laisser supposer même un_ insianl
qu’ils noni pas travaillé h faire connaître l’œuvre d’évangélisation , et
qu’ils ont négligé d’insister sur le
devoir de tout ciitélien qui a trouvé
la perle de grand prise de la faire
connaître à son tour. Nos pasteurs
aiment l’évangélisation, ils en enli.'etiennenl leurs ressortissants, soit dans
leurs pi'édications, soit dans les réunions dans les écoles de quartier, soit
dans d'autres léunions spécialement
convoquées pour cela, soit encore dans
leurs conversations particulières.
Mais que peut-on faire en oulre.pour
éclairer de plus en plus nps populalions sur un devoir d’uife si hante
impoilance, et pour placer ce devoir
sur la conscience de chaque Vaudois ?
Nous allons dire ce que nous pensons
là dessus, el nous serons, heureux si
ces quelques lignes, pensées en voiture
el écrites à vapeur, détermineront une
plume mieux taillée que la nôtre à
corriger ce qu’il peut y avoir de fautif
dans nos vues, et surtout à indiquer
des moyens meilleurs pour atteindre
un bout si noble.
Nous pensons qu’il est du. devoir
non seulement des pasteurs, mais de
tout ministre de l’Evangile el de tout
enfant de Dieu, de travailler à lecommander la cause de l’évangélisation
par tous les bons moyens qui sont
à .sa portée. Nous prions pour l'évangélisation soit au, temple, soit dans
noire cabinet. Mais ne nous tassons
pas de supplier le Seigneur de faire
avancer son règne au milieu des payens
de rilalie, comme au milieu des payens
de l'Afrique. La prière du juste faite
avec foi est d’une grande eificace. —
Prions, prions beaucoup, prions avec
plus d’ardeur! Mais que diriez vous d’un
cliréiien qui dirait du matin au soir:
6
„230-^
Que ion règne vienne, que ton régne
vienne, et ne ferait rien après cela
pour en hâter la venue ?
Si le produit des collectes est la
mesure [de la vie religieuse d’une église, il faut en conclure, ami lecteur,
que ce que lu donnes pour l’avancement du règne de Dieu est la mesure
de ta vie religieuse. Es-lu content de
loi à cet égard? la conscience peuleile témoigner que lu as donné selon
les ressources ? N'as-lii pas donné aux
plaisirs, au vice peul-êlre, ce qn’on
te demandait pour l’évangélisation?
Garde-toi de dépenser ainsi le bien que
Dieu l’a prêté!Tu devras rendre compte
de l’emploi que lu en auras fait. Dieu
ne te demande pas ce qu'il ne t’a pas
donné, ni ce que lu ne peux donner.
Si as peu, donne peu; mais donne
quelque chose.
Dans le but d’aider les pasteurs et
les autres chrétiens des Vallées à faire
connaître l’œuvre d’évangéliaalion, il
serait à désirer que nos frères les évangélistes qui passent une partie de Télé
au milieu de nous tinsenl des réunions
pour exposer ce qu’il plaît au Seigneur
de faire pour amener des âmes à l’obéissance de son Evangile. Les journaux ne sufRsenl pas, ils ne sont pas
lus par le grand nombre, et ceux qui
lisent doivent souvent chercher passablement pour trouver au milieu de
beaucoup de longueurs un fait quelque peu intéressant. Gel inconvénient
disparaîtrait lorsque les évangélistes
exposeraient de vive voix ce qu’ils ont
vu ou entendu au sujet de l’œuvre où
ils sont engagés. Nous avons un agréable souvenir des séances où quelque
évangéliste a pris la parole pour nous
entretenir de son œuvre, et nous
sommes certain que les auditeurs accourraient nombreux, pour peu qu’on
ail soin de fixer les réunions à une
heure propice. Il ne faudrait pas se
borner à quelques conférences faites
pendant le Synode, et qui ne seraient
que pour les plus rapprochés. Nous
désirerions que chacune de nos paroisses put avoir aumoins une ou deux
réunions de ce genre. Cela aiderait
puissamment les pasteurs dans les efforts qu'ils font pour éclairer nos po
pulations sur un sujet qui leur lient
tant h cœur, et pour déterminer les
cœurs et les bourses à s’ouvrir de
mieux en mieux en faveur de cette
œuvre. x.
Le ruurrier île rüvaiigélisalioii
Monsieur le Directeur,
J’ai lu plus d’une fois dans votre
estimable journal quelques bonnes nouvelles sous la rubrique Courrier de l'Evangélisation. Je suis loin de savoir
qui était ce courrier, mais j’ai cru
m’apercevoir qu’au lieu de nous venir
du champ même de l’évangélisation ,
il courait beaucoup moins , puisqu’il
arrivait au bureau de votre journal
en parlant d’un point donné de nos
Vallées. Nous aimerions bien mieux
un courrier qui arrive directement tantôt de l’Italie centrale, tantôt de l’Italie
septentrionale, latUôl de l’Italie méridionale , ou encore de l’une de nos
jles. Il nous apporterait de nouvelles
fraîches, directes et, par là même ,
très intéressantes, tandis que le courrier qui ne va que d’un point à l’autre
des vallées ne peut nous offrir que les
glanures plus ou moins arides qu’il a
faites dans les journaux. Mais voilà que
même ce dernier courrier , qui avait
toutes nos sympathies, n’arrive pas régulièrement, au grand regret de vos
lecteurs.
Est-il fatigué de courir, ou bien ne
trouve-t-il pas dans les colonnes des
journaux les faits qui sont de nature
à intéresser notre public? Sans vouloir en aucune manière le remplacer, mais uniquement dans le but de
l’engager à continuer ses courses auxquelles les lecteurs du Témoin ne manquent pas de s’intéresser, je me permets de vous fournir deux faits que je
liens de source particulière et qui sc
rapportent à l’église vaudoise de RioMarina. Il paraît que la prospérité des
écoles et l’existence même de la congrégation de cette localité est une épine
dans le cœur de Monseigneur l’évêque.
Aussi voit-on arriver souvent dans
l’ile d’Elbe des moines prédicateurs
7
.231V
qui se servent parfois de la petite
chaire de l’église de S' Roc pour noircir
nos frères en la foi, et pour lancer
contre eux l’excommunicalion. 11 est
bien vrai que même les foudres du
Vatican ne sont plus de nos jours que
des traits émoussés, mais le langage
violent et peu charitable des moines
est quelquefois suivi d’actes intolérants
de la part des fanatiques qui écoutent
les prêtres plutôt que Jésus-Christ.
Le dimanche 15 juin, bien de bonne
heure, il s’est même fait un aulo-dafé de Bibles et Nouveaux Testaments.
Les enfants qui venaient à l’école du
dimanche trouvèrent tout près de la
chapelle des restes de ^Bibles et de
Nouveaux Testaments qui avaient été
brûlés, évidemment dans le but de
jeter le mépi'is sur la, cause protestante. Les enfants stupéfaits en voyant
que des mains sacrilèges avaient* osé
traiter de la sorte le Saint Livre qu’ils
étudient avec tant de bonheur et de
respect, se hcàlèrent de recueillir les
débris des livres brûlés.
L’ofïicier de police ayant été nanti
du fait déshonorant pour qui Ta commis , comme pour qui Ta provoqué,
se hâta d’en informer le Sous-Préfet
qui a son tour le fît connaître à Rome
au Ministère. Pendant que des ordres
rigoureux ont été donnés pour que
la police locale fasse bonne garde
auprès du temple durant les fonctions
religieuses, il parait que le coupable
a été découvert et dénoncé à la justice. Espérons que celte dernière se
maintienne à la hauteur de sa lâche,
et protège nos frères contre les actes
de vandalisme du parti noir. Il faudrait pour cela qu’elle pût mettre courageusement la main sur les vrais auteurs de ce méfait, et non seulement
sur la personne qui en a été l’instrument plus ou moins éclairé.
Le fait que notre église de TEIbe
est persécutée montre qu’elle prospère,
car le parti noir ne s’inquiéterait pas
d’elle si elle n’était pas vivante.
Deux dimanches avant \'auto-da-fè
de Bibles, on avait reçu solennellement dans l’Eglise de Rio Marina six
nouveaux membres que nous pouvons
bien appeler « les prémices de Téglise » puisque quelques unes des
jeunes filles admises à la participation
de la Sainte Cène le jour de Pentecôte,
avaient été baptisées les premières au
sein de l’Eglise Elboise. Ces nouveaux
membres de TEgüse du Seigneur ont
suivi pendant trois ans les instructions religieuses, et leur admission a
eu lieu à" la suite d’un examen satisfaisant subi en présence du Conseil
d’EgÜse, de leurs parents et de leurs
amis. Dieu veuille bénir ces jeunes
sœurs, et toute TEglise à laquelle elles
appartiennent ! x.
C^lirontijuc ®aubot0c
Ancrn^ciir. — Deux jeunes filles
retournaient ensemble, dimanche dernier vers le soir, de YEmbergeria (où
se trouve leur bétail), â la Maisonnassa, où demeure la veuve Benech
leur mère. — Au lieu de suivre la
roule ordinaire qui aboutit à un pont
quelque peu passable, les deux enfants
allèrent traverser YAngrogne près du
moulin de TAyssard, où une planche
étroite avait été jetée sur une échelle
à peu de centimètres au dessus du
torrent. Les pauvres enfants ayant
glissés, tombèrent toutes les deux dans
Tonde écurnante. L’aînée, plus forte,
■ résista au courant et pu se sauver,
mais la cadette, qui n’avait que cinq
ans et demi, fut emportée par les eaux
de TAngrogne. Bien que la sœur aînée
courût toute en larmes, chercher du
secours à la maison la plus voisine,
ce ne fut qu’au bout d’environ vingt
quatre heures plus tard que la pauvre
petite Calhérine Benech pût être retrouvée.
Qui s’attendait à la voir enterrer si
jeunei, cette petite fille qui la veille
jouissait d’une si bonne santé?
— Personne. Ni ses jeunes amies ,
ni sa sœur qui lui donnait la main,
ni sa pauvre mère qui n’a pas encore
quitté le deuil de son mari.
Les enfants meurent aussi, et en
grand nombre, même tout jeunes.
Cher lecteur, tu ne sais pas quand
la mort viendra frapper à la porte.
Prépare-toi pour aller à la rencontre
de ton Dieu.... Il vient bientôt.
8
^232^
I jA«AlAAAAAA.
Î^etmc poUtic|uc
Italie. •— La ci'ise ministérielle est
terminée quoique les titulaires de deux
ministères ne soient pas encore trouvés.
Le 2“ ministère Cairoli est composé
comme suit: Cairoli, Affaires étranfïères et intérim de l’Agriculture, Villa
l’Intérieur, Grimaldi, Finances, BonelU, la Guerre et l'inlérim de la Marine, Ferez l'Instruction publique, Varé
Grâce et Justice, Bacedrini, Travaux
Publics. — C’est dimanche 13, que
le nouveau ministère devait prêter serment , mais le dS étant un nombre
néfaste , la cérémonie a été renvoyée
au lendemain...
Le premier projet de loi qu’il soumettra à la Chambre est l’abolition imn)édiate de l’impôt sur les céréales
inférieures.
iAnelelerre. — L’événement du
t'our est la sépulture du prince Louis
iapoléon. mort au service de l’Angleterre,! et auquel: ce pays;a voulu donner
un témoignage pompeux de sa réconnaissance.
A 11 ti O n O e s
L’auteur de la monographie sur
Pierre Valdo el les Pauvres de Lyon
(dont la fin paraît dans ce N°), notre
excellent ami, M. le prof. B. Tron ,
après avoir consenti non sans résistance, à ce que son travail fût publié
dans le Témoin, s'e&l aussi résigné à
le faire, où à le laisser -imprimer en
un petit volume qui paraîtra avant la
fin du mois d’août prochain. Les citations el notes justificatives, qui n’ont
pu trouver place dans notre petit journal, seront ajoutées à la fin du volume.
Le prix de cet ouvrage que nos lecteurs connaissent,déjà, mais que par
cette ! raison même ils voudront posséder, est fixé â L. 1,50. Il est réduit
h 1 pour les soiiscripteurs et pour les
personnes qui voudront le prendre en
dépôt en payant d’avance le montant
des exemplaires dont ils se chargeront.
On peut souscrire jusqu’au 15 août
aux aoresses suivantes : chez l’Auteur
à La Tour-Pélis , Gilles et Benech librairesiùùL, — Chiantore el Mascarelli,
libraires , el Ernest Robert gérant du
Témoin â Pignerol ; — ati Bureau du
Témoin èt Pomarel; — chez B. Goss, rue
Pio V, 15, Turin; — et chez
les
pasteurs el régents paroissiaux qui voudront bien se charger de recevoir les
.souscriptions et d’en envoyer la liste ■
soit îl l’imprimeur, soit à M. le prof.
Tron , soit au Pasteur de Pomaret.
Nous pensons pouvoir faire suivre
la publication de Valdo, d’une réimpression de la Glorieuse rentrée, édition économique, le prix de celle de
Genève n’étant absolument pas à la
portée des bourses vaudoises. — Notre
vieux Gilles aura ensuite son tour, —
— car il e.sl incroyable qn’il n’existe
pa.s dans toutes' nos vallées plus d’une
10® d’exemplaires de cet ouvrage efassique sur notre histoire.
Enfin nous avons le plaisir d’annoncer que notre historien moderne, M.
Alexis Muslon veut bien publier ici
même, et en. la divisant en dix
ou douze aélicles, une nomenclature
complète de tous les documents de la
littérature vaudoise, surtout de ceux
qui' sont antérieurs à la Réformation.
Ces documents seraient compris sous
les chefs suivants ; 1° Traductions de
la Bible. 2° Commentaires et paraphrases. 3® Exposés de doctrine. 4° Discipline religieuse. 5° Sermons el ouvrages sur les devoirs des pasteurs. 6°
Traités el livres de morale. 7“ Ouvrages d’enseignement. 8® Poèmes religieux. 9° Documents historiques. 10®
Recueil de maximes el morceaux détachés.
Nous remercions d’avance et bien
cordialement notre vieil ami el compatriote .VP A. Muslon, de l’oftre qu’il
nous a faite, et si nous n’osons pas promettre â la plupart de nos lecteurs
beaucoup de plaisir, nous sommes assuré qu’il y aura uiï profil réel pour
tous ceux d’enlr’eux qui s’intéressent
à l’histoire vaudoise.
Ernest Robert, Gérant et Administrateur.
i'igaerol, Impr. Chiantore et Mascaretti.