1
sixième aixnee.
N. 35.
1' Septembre ISTI.
L’
DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialemeat consacrée aux intérêts matériels et spirituels
(le la Famille Yaudoise.
Que toutes lea choses qui sopt véritables.occupent
vos pensées — ( Philippiens., IV. 8.)
PRIX D ABOmiXEIlT I
Italie, à doniiciie (tman) Pr. 3
Suisse........... . I 5
France ........ 6
Âilema^e 6
Angleterre, Pays-Bas . • 8
Dn numéro séparé : 5 cent.
Un numéro arriéré z lOcent.
BUREAUX d’ABONNCMENT
ToRRR-PBr.r.rce : Via Maestra,
N. 4fi. (Agenzia bihliogru/ica)
PiGNERoL : J. Chlantore Impr.
Turin :J.J. Tron, via Lagrange
près le N. 22.
Florencr : Libreria Evange^
lica, via de'Panzani.
ANNONCES : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S’adresser pour l'administration
an Bureau à Torr.e-PelUce,
via Muestra N. 42 — pour la
rédaction : à Mr. E. "Malan
Prof • & Torre-Pelice.
Soxxiixial]?e.
Nouvelles du Rosario. — Nos éducateurs.
— Réunion au Martel. — Chronique vaudoise.
— Chronique politique.
NOllYELLES DE U COLONIE
do Rosario.
Nous extrayons d’une lettre de
M. le pasteur Salomon , datée du
6 juin à l’adresse de la Table, les
détails qui suivent:
« Je n’ai reçu que le 19 mai,
jour de l’Ascension, votre lettre
du 21 février; quoique l’adresse
en fût parfaitement exacte , elle
est allée faire un long détour à
Buenos-Ayres, où tout est maintenant en désarroi, à cause de
l’épouvantable, épidémie qui y a
sévi depuis le commencement de
Tannée. Qu’il suffise de vous dire
que, le jour d.e: Pâque,, la fièvre
jaune, ! a emporté 749 personnes
dans cette villequi ne compte
pas dans ses jours lieureux 200.000
habitants; et, dès le commencement de l’épidémie,., ceux qqi
Rivaient pu s’enfuir, à la campegne,
l’avaient fait. Maintenant ' encore
on ne peut entrer dans la ville m
par terre, ni par mer; car on a
remarqué que les étrangers et ceux
qui rentraient étaient bientôt attaqués par la fièvre et emportés.
— Qn a recueilli pour secourir les
indigents dans la seule petite République de l’Uruguay plus de
275.000 francs et nous avons aussi
envoyé notre pite aux pauvres italiens de l’autre côté de la Plata
en faisant parvenir à notre consul
170 fr. 50 cent, produit de collectes des fêtes de la communion de
Pâque. La fièvre jaune fut encore
plus terrible à Currientes, petite
ville de 3000 âmes, dans la Confédération Argentine.... Grâces à
Dieu , l’Uruguay a été jusqu’ici
préservé et l’hiver sera, nous Tespérons.une barrière suffisante pour
arrête^ ce terrible fléau. Les difficultés ne manquent certainement
pas ¡plus ici qu’ailleurs, mais,
grâce à Celui qui nous donne la
force, elles ne nous font pas reculer. Les quelques darbystes ont
des ( idées si absurdes que vous i)e
trouverez; pqs les pareilles dans
toute rhistoire.de TËglise, dfi il
2
-274.
y en a cependant d’assez excentriques. Leur coryphée prétend
que Napoléon III,*Thiers et Rothschild ne sont qu’un seul et
même être , l’antéchrist, trinité
satanique !... Leur prosélitisme est
nul....
Quelques chrétiens sérieux , qui
sont en bénédiction à la Colonie,
travaillent de tout leur cœur à
l'édification des enfants de nos
deux écoles du (dimanche , organisées à l’américaine. Chaque jeudi
soir, ils viennent chez moi, au
nombre de 14, et nous étudions
ensemble les versets qu’ils expliquent le dimanche matin à 80
enfants environ. Quelques catéchumènes, assez âgés pour être indispensables chez eux, pendant la
journée, viennent à la cure le
soir, trois fois par semaine; les
autres viennent deux fois l’après
midi des jours ouvrables , et le
dimanche. Jeudi prochain, nous
inaugurerons, D. V., la Société de
l’Union chrétienne, qui s’occupera
de tout un peu, édification , séances historiguest géographiques,
récits de missions, lecture de
journaux etc.
Notre école paroissiale est ouverte et est bien fréquentée ; c’est
P. Muston de la Tour, ancien
élève du Collège , qui a été nommé
pour la diriger. —- La bâtisse de
l’école est achevée ou à peu-près,
le nid des écoliers est fait-; mais
les livres sterl. que M. P- nous
avait promises ne sont pas arrivées
encore, ce qui ne laisse pas que
de nous inquiéter un peu.
Quant à la future colonie de
B. à S‘* Fè, j’ignore s’il y ajamáis eu 200 colons prêts à s’y
rendre; mais pour 1« moment ce
chiifre est décidément trop élevé ;
il n’y a pas cinq familles qui soient
décidées à quitter la colonie. Plusieurs d’entre elles ont renoncé à
toute idée de ce genre depuis
que l’ordre a été rétabli ici , et
tous, excepté B., ont travaillé à
semer leurs champs, comme par
le passé. Du reste ceux qui seraient disposés à partir ne trouvent
pas à vendre leurs chacras, personne ne voulant donner 1200 ou
1500 piastres pour un terrain
épuisé, quand on peut acheter une
chacra neuve avec 400 piastres.
— La nouvelle colonie de Santa
Fè est située entre les Indiens
mansos et les Indiens sauvages;
l’eau n’y est pas bonne. Les tigres,
les crocodiles et les serpents y
pullulent. Le seul avantage est d’y
avoir des terrains à bon marché
et du bois en abondance.
La guerre civile , c’est-à-dire ,
ce jeu de camp , où tout consiste
à se poursuivre, continue dans
cette pauvre république. S’il ne
s’agissait en effet que de se poursuivre , le mal ne serait pas très
grand; mais ces courses dans la
campagne aiguisent l’appétit des
soldats , qui tombent sur le gros
et le menu bétail et font de terribles razzias. Quant à nous, Dieu
nous a merveilleusement gardés ;
les ronges ne nous font pas de
mal, et les blancs non plus; les
chefs se font un point d’honneur
de nous respecter, personnes et
biens; quant aux petites bandes
de déserteurs et de ladrones, elles
sont tenues en respect par notre
maintien résolu. Le Gouvernement
nous a exemptés pour cinq ans
des impôts que nous aurions déjà
dû pâyer cette année.
3
-»75
La Paz est devenu un village
à moitié catholique ; et nous avons
moins envie que jamais d’en faire
le centre religieux de la Colonie.
La malheureuse chapelle, cause de
tant de maux, est toujours là bas,
sans toit, regardant le Monte et
tournant le dos à la colonie ellemême. Je ne crois pas qu’il soit
possible de l’achever; sb. parfaite
inutilité fait que ceux du côté de
Valdesia ne voudront jamais donner de leur argent pour cet objet,
d’autant plus que cet édifice est
déjà grevé d’une dette considérable
qui s’ajouterait à celle de plus de
600 piastres qui pèse sur l’école.
Nous attendons avec impatience
les livres que vous avez la bonté
de recueillir pour la Colonie. Ceux
que nous possédons sont lus, la
plupart, par ceux qui lisent; et
nos lecteurs sont en assez grand
nombre. — Il y a ici passablement
d'écrits et de brochures à sensation,
sur le millenium, ou la prochaine
venue de Christ comme roi personnel des Juifs. Ces écrits détournent, à mon avis, beaucoup trop
l’attention des chrétiens des grandes vérités fondamentales, qui n’ont
plus à leurs yeux toute l’importance
qu’elles doivent avoir, et que l’on
considère trop comme du lait pour
les enfants. Les vues contenues
dans ces brochures ne sont pas les
miennes; j’en suis toujours (et
nous avec vous) encore au vieux
credo ; il descendra du ciel pour
juger les vivants et les morts. J’aurais beaucoup de tolérance pour
ces théories, si elles ne tendaient
pas , comme il me semble qu’elles
le font, à usurper la place de la
repentance et de la foi et de toute
l’œuvre du Consolateur* Pardonnez
moi ces détails et les lungaggini
de ma lettre; il me semble, non
pas vous en écrire , mais m’en entretenir avec vous; et d’ailleurs
vous m’y avez engagé par votre
bonne lettre — Je vous en remercie. Jamais l’Eglise vaudoise
ne sera hors de mes pensées; je
demande à Dieu de la bénir . de
la réveiller et de la soutenir dans
toutes ses œuvres,
J. P. Sai.omon.
NOS EDICATEURS
( Contin. V. N. 33/’.
Les réformateurs accordaient
aux écoles et aux instituteurs une
haute importance, sans craindre,
paraît-il, de l’éxagérer ni do les
gâter.
Luther, s’adressant aux conseillers des villes d'Allemagne pour
leurs demander la création d’écoles chrétiennes, leur dit: « C’est
faire cause commune avec le diable
que d’y attacher si peu d’importance ». 11 leur reproche « d’avoir
laissé grandir la jeunesse comme
la futaie dans les bois; » et n’épargne pas les parents, qui, « semblables à l’autruche, se contentent
de pondre l’œuf et ne s’en soucient plus, » ni même ceux qui
« mettent moins de soin à pourvoir leurs futurs héritiers de ce
qui est nécessaire au salut des
âmes, qu’à leur procurer de beaux
habits, des plaisirs et des richesses ». Il en veut particulièrement
aux'parents qui « font le malheur
de leurs enfants, » en ne leur
permettant pas de fréquenter les
écoles. Ici gronde le tonnerre de
son indignation : « Et tu serais
4
-?rè
fripon assez consommé pour rie
pas permettre que ton enfant soit
élevé de manière à contribuer à la
conservation de si beaux dons que
Dieu nous a faits?
A quels dons fait-il allusion?
Nous allons le voir. N’oublions pas
que Luther ne parle que des écoles
qui seraient chrétiennes et qu’il
orne son appel aux conseillers des
villes allemandes de l’épigraphe
suivante: « Laissez venir à moi
les petits enfants et ne les en
empêchez point ». Il entend que
le pédagogue conduise les enfants
à Christ et se soumette avec eux
à l’autorité divine, qu’il invoque
sur tous les hommes. «Que Dieu,»
dit-il, « soit le véritable souverain
du cœur des enfants, qu’ils regardent à lui avant toutes choses ».
Ces écoles là sont, d’après Luther,
le moyen par excellence par lequel
un peuple s’approprie les dons de
Dieu et implante d’une manière
durable dans le sol de l’àme, la
vérité qu’on lui prêche. « Il y aurait ingratitude » remarque-t-il à
ce propos, « à ne pas répondre
à l’appel que Dieu nous fait: il est
à notre porte et il heurte; bien
heureux sommes nous si nous lui
ouvrons! La parole divine abonde;
achetez, achetez, chers concitoyens,
tandis que le marché se tient devant votre maison. La parole ' de
Dieu et sa grâce sont comme une
ondée qui tombe et qui passe vite.
Elle a été chez îles Juifs , ils ne
l’ont plus aujourd'hui. Paull'a
portée en Grèce}' 'mais 'là aussi
elle a pâssé.' Elle vint à Rdme et
dans lé pays "latin ; mais dé là en
core elle a àispàru, / eU‘Rome a
maintenant le'pape »1 ■
En présence des besoins quH©
pressent ert cônsidéraiît la grandeur de la mission des écoles, Luther se consolerait aisémerit s’il
devait laisser la prédication pour
r enseignement de la jeunessci.
« Pour moi, » nous’dit-il, « si
Dieu m’éloignait des fonctions pastorales , il n’y a pas de charge
sur terre que je remplirais plus
volontiers que celle d’instituteur;
car, après l’œuvre do pasteur,
pas d’œuvre plus belle ni plus importante que la sienne». Et encore
« j’hésite à donner la préférence
à la première; car n’est-il pas
vrai qu’on réussit plus rarement
à convertir de vieux pécheurs qu’à
faire entrer les enfants dans la
bonne voie? C’est pendant qu’ils
sont jeunes et flexibles qu’il faut
plier les arbres ». ’
Mélanchtori pense de même :
« Qu’y a-t-il de plus utile »
écrit-il à Jean St.rm, « même dirai-je de plus glorieux que d’é*
lever de jeunes intelligences dans
la connaissance des vérités salutaires, dans la pratique des bonnes
œuvres, et de les instruire suf
l’origine et la nature des choses?
N’est-ce pas là la seule gloire de
cette vie ? »s Aussi, dira-t-il à soû
tour, en s’adressant aux autorités!
w Ce qu’il y a de plus essentiel et
dé’ plus urgent, o’ést de créer dé
bonnes écoles^ ». nri'- ü' uîtO
> Ici 'Mélanchton- ajoutait en pariîant des iristituteurs; « On les râ^
irfboera coriveftablement »•. Car on
pifflait déjà alors de mauvaise êco:
rioniie, de la’ pire entre toutes;
îâqaéîle cdrisiste à -employer de
médieéres instituteurs et de leur
assigner des'salaires minimes. Luther ne l’approuvait pas plus qUé
sôn doux ami. « Sont-ce done^^
5
-277
dit-il encore aux conseillers, « les
sacrifices pécuniaires qui vous effrayent? Mais si l’on dépense annuellement tant d’argent pour des
arquebuses, des cbemins, des digues : pourquoi n’en dépenseraiton pas un peu pour donner à la
pauvre jeunesse des maîtres d’école ? » Et ailleurs: « Tout l’or
du monde ne saurait suflire à récompenser de ses soins un bon instituteur. C'est bien l’avis d’Aristote, et cependant, chez nous qui
nous disons chrétiens, l’instituteur
est dédaigné ».
Quand l’ouvrier est convenablement rétribué , on a quelque droit
d'exiger.
Et qu'exigeaient-ils les réformateurs ? Que les maîtres d’école
fussent non moins convenablement
instruits, selon l’expression de
Mélanchton , qui affirme que c’est
là, chose aussi essentielle que la
fondation des écoles. En effet, enseigner sans connaître, c’est absurde. Autant vaudrait-il prêcher
sans foi ou donner sans rien avoir.
Et encore, qui n’a rien ne donne
pas, tandisque l’hypocrite prêche
mal, et l’ignorant fait désapprendre. On raconte que certain écrivain ecclésiastique d’Allemagne,
nommé Sternebergk, eut la bonhomie d’avouer à ses lecteurs qu’il
avait conscience de sa faiblesse,
mais que « Dieu n’ayant pas dédaigné de faire d’un âne l’organe
ile sa parole, lui, se croyait bien
aussi le droit d’instruire ses frères».
, Les réformateurs demandent
quelque chose de mieux et de plus
satisfaisant, savoii^j-que le maître
soit bien instruit afin.de bien mstruire. Et comme cçla nej sufidt
point encore et que,, pour bien
élever, il faut avoir en soi même
le fond d’une bonne éducation, les
réformateurs indiquent et recommandent certaines qualités comme
indispensables à tout bon instituteur, entr’autres, d’après Luther,
la piété, la moralité, la douceur,
la persévérance etc....
On ne s’imaginera pas, j’espère,
que Luther veuille faire de l’école
un champ de bataille contre l’église romaine, car rien n’est plus
loin de sa pensée. Ce terrible
athlète savait que la polémique
nuit à la première éducation , et
tout en lui réservant sa large
place dans l’église militante, il
la bannissait avec soin des écoles.
Les agneaux en effet auraient mau->
vaise grâce à rugir. Le maître enseignera donc aux enfants, que
bien vivre c’est craindre Dieu, être
croyant et faire de bonnes œuvres.
Il évitera les questions qui provoquent des disputes religieuses et
« n’accoutumera pas les enfants à
se moquer des moines, ni de qui
que ce soit, comme font certains
maîtres •.
Voilà quelques citations qui feront peut être naître quelques réflexions.
A prochaine fois celles qui me
trottaient dans l’esprit pendant que
je laissais trotter ma plume.
E. C. l.
RÉUNION DU IS AOUT 1871
{Suite, V. N. Si).
Je dirai peu de chose des habitudes iotellectuelles parce qu’elles sont en particulier l’objet de l’œuvre des Instituteurs
auxquels je ne prétends pas être venu
ici donner une leçon, q i. .i ■ ^
6
-J?78
CepeDdantiBs mères de famille ont aussi
leur grande part dans cette partie de l’éducation de leurs enfants. Elles rendront
facile la tâche de l’instituteur, et prépareront à leurs enfants un développement
rapide et entendu, si elles les habituent
à observer pleinement et dans toutes leurs
parties les objets qu'ils apprennent à connaître, quand même il ne s’agirait que
d'un couteau, d'un arbre, d’une poule ou
d’un mouton; — si elles les habituent à
écouter attentivement ce qu’on leur dit
de manière à le pouvoir répéter; — si,
au retour de l’école du dimanche ou du
sermon, elles exigent que leurs enfants
leur rendent compte de ce qu’ils ont entendu. L’habitude de l’attention est on
ne peut plus précieuse; c’est la condition
indispensable de tout progrès; et cette
habitude peut et doit être prise de trèsbonne heure. Il n’est aucune mère affectueuse qui ne puisse contribuer largement
au bien futur de son enfant en l’exerçant
à être attentif; les occasions se présentent chaque jour. Le commencement,
comme c’est le cas de tout commencement, sera difficile; mais, bientôt on verra
les fruits de pareils soins. On peut dire,
en général, que tous les hommes distingués ont eu une mère soigneuse de leur
éducation. Habituez les enfants à redire
exactement ce qu’ils ont entendu, vous
exercerez ainsi en eux la mémoire, l’attention et le goût de la vérité à la fois.
Faites lire un petit morceau dans un livre,
une petite histoire dans la feuille de l’école du dimanche, puis faites-vous la
raconter librement, et soyez bien persuadés
que le temps employé à de tels exercices
n’est pas perdu.
Je passe aux habitudes morales. Une
des premières, quant au temps, et aussi
quant à l’importance, c’est celle du travail. Habituez de très bonne heure les
enfants au travail i il y a partout et dans
toutes les conditions sociales des occupations à leur portée, il faut seulement être
un peu industrieux pour les leur trouver.
Mais que leur travail soit régulier et que
l’amusement ne leur soit permis qu’après
qu’ils auront accompli leurs petits devoirs.
Vous leur rendre: par iè un sewice plus
grand que je no peu: dire.
Babituez-les à dire topi^urs la vérité
sans mélange, aussi bien quand elle leur
est contraire que quand elle est en leur
faveur. Passez-leur beaucoup de fautes
d’étourderie, mais ne leur passez jamais
un mensonge. On fait trop souvent le contraire. Un enfant, par mégarde, par ignorance ou étourderie, brise un vase, un
verre par exemple,’et parce que le verre
a coûté de l’argent, on juge la faute grave
et l’enfant est aus.sitôt puni; une autre
fois ce même enfant dit un mensonge,
mais le mensonge n’a rien coûté, et c’est
à peine s’il en reçoit un léger reproche.
C’est s’entendre fort mal en matière d’éducation. Soyez tolérants pour toute faute
oîi il n’y a pas de perversité, de dureté,
d’égoïsme; mais soyez sévères pour toutes
celles qui ont à leur origine quelqu’un
de ces vices.
Il y aurait beaucoim ^ s'Jr I®®
bitudes morales, mais le temps m’oblige
à me restreindre.
Faites prendre à vos enfants des habitudes religieuses, non pas par la contrainte,
comme le font tant de mères catholiques qui obligent leurs enfants à faire
leurs prières à force de leur donner des
soufflels et pis encore; c’est n’en faire que
des hypocrites ; mais faites-le par une
douce persuasion et en les associant à
vos propres habitudes. Que la prière journalière et la lecture d’une portion de la
Parole de Dieu devienne pour eux un besoin. Mais pour cela, beaucoup de persévérance, car, ici surtout, l’interruption
est funeste.
2* Enfin, j’en viens au point mentionné
en commençant. Habituez vos enfants à
respecter l'autorité. Il est nécessaire de
nos jours de proclamer ce principe sur
tous les tons et sous toutes les formes;
car l’autorité s'en va. On la méprise; c'est
un triste signe; et s’il ne s’opère une
forte réaction contre cette tendance à faire
fi de tonte autorité, je ne sais trop ce
que notre société va devenir. Toutes les
autorités légitimes se tiennent par la main.
L’autorité de Dieu est la base et la source
de toute vraie autorité; et dans l’ordre
humain l’autorité paternelle et maternelle
est la première; c’est c’elle qu’il faut avant
tout maintenir à tout prix ; car delà dé»
pend tout le reste. Elle est fortfunenl
ébranlée de nos jours, on dirait par une
tendance funeste qui circule dans l’air,
mais surtout par la faute des parents qui
trop souvent se montrent d’une tendresse
et d’une indulgence fort déplacées. Au
lieu d’être les guides de leurs enfants,
ils s’en font les pairs et compagnons, et
ils se consolent avec une étrange facilité
d’être désobéis.
7
-279
Je priai dernièrement un père de donner
à son fils un ordre très légitime. — Jé le
lui dirai, répondit-il, mais il ne le fera pas.
— Mais si tu le lui ordonnes, il devra
bien le faire ; — Oh ! dit-il, en souriant
et de l'air le plus satisfait, non, non, il
ne le fera pas. Et ce n’est pas là un fait
isolé, une rare exception, c’est une tendance générale. Or celui qui ne respecte pas
l’autorité paternelle, respectera moins
encore l’autorité du maître ; il foulera aux
pieds les lois du pays et méconnaîtra l’autorité de Dieu même.
Parents ! faites respecter votre autorité
par vos enfants. Il est vrai que par là
vous vous imposez l’obligation d’être respectables. Voudriez-vous ne pas l’être aux
yeux de vos enfants? Soyez-le toujours;
mais exigez absolument la soumission. Il
le faut pour le bien présent et futur de
vos enfauts ! Ilabituez-les à respecter l’autorité en ne parlant vous-mêmes qu’avec
respect des personnes établies en autorité.
N’imitez pas de certains parents qui
critiquent en présence de leurs enfants
les personnes sous l’autorité des quelles
ils .sont placés; qui parlent mal du maître,
de la maîtresse, du professeur, qui les
traitent avec mépris; qui sont toujours
prêts à leur donner tort pour donnerraison
a leurs enfants. Hélas! ils ne savent ce
qu’il font! Ils ne se doutent pas qu’en
ruinant l’autorité du maître, ils ruinent
leur propre autorité et apprennent à leurs
enfants à les traiter eux-mêmes à leur
tour comme ils traitent les autres. No
parlez jamais devant vos enfants d’une
manière inconvenante ni du maître, ni du
pasteur, ni du syndic, ni d’aucune personne exerçant une autorité légitime.
Les maîtres à leur tour, je n’en’doute
pas, feront ce qui dépendra d’eux pour
affermir dans les enfants le respect de
l’autorité paternelle et maternelle.
Malheur à l’instituteur qui d’une manière
ou d’une autre porterait atteinte à cette
autorité sacrée; il se montrerait plus
qu’indigne de son emploi. 11 n’est pas de
circonstance qui ne doive être mise à
profit pour réveiller et fortifier dans l’enfant les sentiments de respect, de déférence, de vénération qu’il doit nourrir en
son cœur pour sou père et sa mère.
E vous tous qui voulez le bien et désirez
le bonheur de la présente génération et
des générations à venir, formons une ligne
pour combattre l’esprit d’anarchie de notre
temps; provoquons une réaction salutaire
contre cette tendance; maintenons chacun
dans notre sphère le respect de la vraie
autorité !
Chronique SUnuhotso
PROGRAMME des cours qui seront donnés
dans le Collège de la Tour pendant l’année scolaire IS7/-72.
I. Classe de Philosophie.
1) Bible. Traduclion en italien et explication des 8 premiers chapitres de Saint
.Matthieu. — 2 h.
2) Philosophie. Métaphysique, morale,
histoire de la philosophie ancienne. 5 h.
3) Sciences physiques. Physique. Astronomie. — 6 h.
4) Mathématiques. Stéréométrie et trigonométrie. — 3 h.
5) Histoire. Histoire du moyen-âge (Vulliel). — 2 h.
6) Italien. Histoire littéraire (les Poètes).
Lectures critiques. Compositions. — 3 h.
7) Français. Histoire littéraire, 1" partie
des origines au siècle de Louis XIV. Lectures, compositions. — 3 h.
8) Latin. Tacite, Àgricola. Horace, Odes
livre I. Compositions. Histoire littéraire
(Pierron) 1" partie. — 4 h.
9) Grec. Platon, Crilon. Sophocle Œdipe
Roi, 2' partie. Histoire littéraire (Pierron)
1" partie. — 3. h.
II. Classe de Rhétorique.
1) Bible. Faits et constitutions de PA. T.
— 2 h.
2) Latin. Virgile, Eneide, chant 6. — Cicéron Pro Archia. Thème et syntaxe. 6 h,
3) Grec. Xénophon, Memorabilia, liv. L
Homère Iliade I. Thèmes et syntaxe. 5 h.
4) Histoire. Histoire romaine (Vulliel).
5) Archéologie. Antiquités grecques et
romaines. Boccardo, Géographie ancienne,
Asie et Afrique — 2 h.
6) Français. Récitations. Narrations. Lectures. Compositions. Versification. Vinet.
II, — 3 h.
7) Italien. Récitations et narrations. Lectures. Compositions. Rhétorique 2' partie.
Dante. Capellina. — 4 h.
8) Mathématiques. Algèbre (Luvini). 4 h.
9) Histoire naturelle. Botanique. — 2 h.
III. Classe de ni* et de iv' année.
1) Bible. Biographies du N. T. excepté
celle de J. C. (Diodati). — 2 h.
2) Géographie. L’Afrique et l’Italie (Vulliet). — 2 h.
3) Arithmétique. 2* partie. Règle de trois.
Racines carrées et cubiques. Egalités.
Proportions. Progressions. — 4 h.
4) Italien. Grammaire (Mottura et Parato)
Récitations et narrations historiques. —
Exercices de langage et de composition.
— 4 h.
5) Français. Grammaire, Syntaxe (Kampmann). Récitations, narrations historiques
et biographiques. Exercices de langage et
de composition. — 4 hi
8
^360
6) Latirié César, Pe bello gallico, lir. I.
PÎièdre , Fables, i. Grammaire ^ Schuli ).
Thèmes.
■,‘.7) Grec. Xénopbon, Anabasis, I. Grammaire (Curtius). — 6 h.
IV. Classe de i' et de ii‘ année.
1) Bible. Histoire : du commencement à
Saül. — 2 h.
2) Français. Lectures. Récitations et
narrations. Exercices d’orthographe. —
Grammaire (Rampmann). 2* Livre de lecture. — 6 h.
3) Histoire vaudoise’, 2" partie. — 2 h.
4) Italien. Lectures. Récitations et narrations. Exercices d’orthographe. Grammaire (Scavia). (Thouar). — 7 h.
6) Géographie. Géographie physique de
l’Europe et de l’Asie (Vulliet). — 3 h.
6) Arithmétique. Calcul mental. Les quatre opérations sur les nombres entiers.
Les fractions décimales. — 4 h.
7) Calligraphie et dessin. — 4 h.
Pour la T année.
1) Les formes régulières do la grammaire latine. — 2) Les formes régulières
de la grammaire grecque. — 6 h.
Oonsécration. Dimanche dernier a eu lieu dans le temple du Ciabas,
en présence d’une nombreuse assemblée,
la consécration au saint-ministère de M.
Charles Louis Quéré, originaire de Flessingue (Hollaude) et élève de l’Oratoire
de Genève. La cérémonie, à laquelle ont
Î>ris part onze pasteurs, a été présidée par
e Modérateur adjoint, qui prit pour texte
de son discours II Tini 3, 14 à 17 ; il
montra que les Saintes Ecritures, étant la
parole de Dieu, ont été la force et le trésor
de l’Eglise Vaudoise|, qui eut le privilège
d’en être la dépositaire pendant les ténèbres du moyen-âge, et qu’elles sont encore la seule vraie autorité infaillible pour
l’Eglise et pour ses ministres. MM. Tron
et Charbonnier, professeurs, adressèrent
aussi au candidat, sur ce même sujet,
des exhortations pressantes.
M. Quéré est reparti pour la Suisse et
compte se rendre en Hollande pour y
exercer le ministère évangélique. La Table,
en suite d’une demande expresse de ce
candidat d’être admis à recevoir l’imposition des mains dans notre Eglise, et après
s'être assuré que ses certificats d’études
étaient parfaitement eu règle, avait convoqué le Corps ecclésiastique pour le 22
août; 27 pasteurs et ministres avaient
répondu à son invitation. Ils firent subir,
comme à l’ordinaire, à ti. Quéré un examen de foi s,ur les quatre questions sui-i
vantes : ^
1“ De l’autorité des Ecritures.
,-2* De l’expiationr.r.a .
îR” De la part de fhomme dans l’appropriation du saint;
4" De la vocation au saint-ministère.
Après avoir toutefois déclaré qu'ils le
Msaiént, en voie exceptionnelle, «t à.condition qu’il fût bien entendu que l’impo-'
sitioh des mains, silellq avait) lieu, ne
conférerait aucun droit au candidat au
sein de l’Eglise Vaudoise, - l’examen de
M. Quéré ayant été admis, le Corps des
pasteurs a désigné une délégation pour
entendre, le jour après, le sermon d’épreuve du candidat, et pour le consacrer,
dès le dimanche suivant, sans astreindre
la Table aux publications d’usage, pendant
deux dimanches, dans toutes les paroisses
de l’Eglise, comme cela eût été nécessaire,
d’après le réglement, pour un candidat
de notre Eglise.
Cltron^ue i^oUttque.
Italie. Les ministres sont ou en vacances ou en voyage, tantôt a Florence,
tantôt à Rome. Le roi est à la chasse.
Sella est à l’affût de nouveaux impôts pour
arriver à l’introuvable pareggio. Lanza,
Gadda et de Falco ont risqué d’être arrêtés
par les gardes de sûreté publique dans un
tumulte à Rome.
France. Séance orageuse de l’Assemblée nationale le 24, au sujet de l’abolition de la garde nationale. Cette abolition , demandée par le général Chanzy,
est soutenue par la droite qui y voit un
élément de désordre. M' Thiers défend
l’institution comme une des meilleures garanties de la liberté et du maintien de la
République. Il est appuyé par la gauche.
Thiers ne pouvant pas continuer son discours à cause des interruptions tumultueuses des hommes de l’ordre de la droite,
quitte l’assemblée.
Berlin. La Revue politique annonce
qu’une note signée par M' de Bismark et
remise, le 28 juillet dernier, au cardinal
Antonelli, signifierait l’intention formelle
de la Prusse de ne reconnaître aucun pape
futur dont l’élection ne serait pas faite
conformément aux anciennes lois de l’Eglise. t Eglise libre).
La nouvelle de l’arrestation de l’évêque
de Paderborn par ordre du Gouvernement
prussien est démentie._____________
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