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ClxMiixlèmi© lumée*
N. IS.
15 Avril 18TO.
L'ECHO DES VALLÉES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spirituels
de la Famille Vaudoise.
Que toutes les choses qui sont véritables....... occupeot
vos pensées — ( Philippiens., IV. 8.)
PRIX d’abohheveht :
Italie, à domicile {wn an) Fr. 3
Suisse................* 5
France................» 6
Allemagne.................>6
Angleterre, Pays-Bas . • 8
Un numéro séparé : 5 cent.
Vn numéro arriéré : 10 cent.
BUREAUX d’aboknehent
TonRE-PEtxiCE : Via Maestra,
N. 42, fApenzia 6i6itopra/Ica)
PrONERoL : J. Chlantore Irapr.
Turin \J.J. Tron, via Lagrange
près le N. 22.
Florence : Libreria Evangelica, via de’Panzani.
ANNONCES : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S* adresser pour l'administration
au Bureau à Torre-Pelllce ,
via Maestra N. 42.— pourla
•rédaction: à Mr. A. Revel
Prof, h Torre-Pellice.
Sommaire.
Le bon vieux temps ! — Chronique locale.
— Chronique politique.
LE BON VIEUX TEMPS!
Sous ce titre, M‘‘ le comte de
Gasparin a donné, dans la salle de
la Réformation, à Genève, une
séance dont notre correspondant
nous transmet le résumé qui suit.
L’époque du bon vieux temps
embrasse le moyen-âge, et l’ancien
régime qui lui a succédé ; elle se
termine par le coup de tonnerre
de 89.
Ce bon vieux temps n’est pas
bon.
Il y a, il faut le reconnaître,
quelques libertés. Il y a les républiques italiennes ; il y a la France
méridionale encore relativement
libre avant la croisade albigeoise;
il y a les villes impériales , les
villes anséatiques, et des communes qui possèdent des chartes.
Le moyen-âge a eu ses cathédrales, prodigieux et splendides
édifices enfantés par le zèle spontané des populations; mais, chez
les musulmans, il y a des monuments semblables ; la mosquée
s’élève comme la cathédrale, les
minarets s’élancent comme les
ogives.
La première croisade est un beau
mouvement; mais les musulmans
ont eu aussi leur croisade qui ne
s’est arrêtée en France que devant
l’épée de Charles-Martel.
Et la chevalerie ! Il régnait alors
l’esprit chevaleresque, l’esprit le
plus opposé à celui qui domine
le plus généralement aujourd’hui;
mais il faut dire que malgré cet
esprit, les défenseurs des opprimés n’étaient 'pas très-nombreux
et qu’il y a eu plus d’un chevalier
détrousseur de passants. Au reste,
rappelons nous que Saladin était
un aussibon chevalier que Richard
Cœur-de-Lion.
>- Il y a eu, dit-on, un grand
mouvement des esprits. Mais nous
ne pouvons alfer jusques là ; ne
saife-on pas que la scholastique,
Cette cage d’écureuil où l’on a si
longtemps fait tourner l’esprit humain, tétait la méthode la plus
•>' ii fi'np '
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propre à comprimer tout élan de
la pensée?
Voilà ce qu’il y a de bon dans
le moyen-âge.
Le charme de l’ancien régime,
régime privé d’originalité, ou la
lourde main de la couronne écrasait toute diversité, toute liberté,
mêmelaliberté d’anarchie qu'avait
le moyen-âge — ce charme , pour
certains esprits délicats, raffinés,
fatigués du mouvement et des luttes de notre époque tourmentée,
consiste à être très-différent du
régime actuel. Il leur est doux de
se souvenir d’unbienheureuxtemps
où l’on ne discutait pas , où tout
était réglé, où chacun avait son
lot fixé d’avance et où personne
n’en cherchait d’autre. Alors il
n’y avait point d’écoles point de
journaux , et l’on se disait — sous
le manteau de la cheminée —qu’il
n’y a rien de plus dangereux que
de savoir lire. Si savoir lire ne
rend pas bons, l’on peut afiirmer
toutefois, en s’appuyaat du témoignage de la statistique, que savoir lire ne rend pas mauvais. S’il
y a des livres pernicieux, il yen
a aussi de bons, et surtout il y a
la Bible. Qui dit Bible, dit Ecole.
Savez-vous quel est le grand tourmenteur des âmes, le grand agitateur? C'est l'Evangile. Il remue
la société jusqu'au fond après
avoir remué les consciences ; il
nous mène à la vraie paix,.«, par
le chemin de la bataille. Ne regrettons donc pas la douoe et pacifique ignorance du bon vieux tenaps i
Nous avons vu tout ce que le
bon vieux temps a de beau ; voyons
maintenant ce qu’il a de laid.
Ah si nous connaissions les souffrancés de nos ancêtres ! Une ville
prise était une ville mise à sac.
Une armée en marche était une
armée qui volait, qui brûlait, qui
torturait. — Quand l’armée (avait
passé, survenaient les terribles
bandes des écorcheurs — Dans le
bon vieux temps , la sécurité n’existait pas ; l’on ne pouvait faire
une demi-lieue sans boucler son
épée et sans donner à ceux que
l’on quittait un triste et parfois
dernier adieu. Le pain était pour
le paysan un objet de luxe; après
avoir vu sa récolte dévastée par
les chasseurs et par leurs chiens,
il était souvent réduit à se nourrir
del’herbe des champs. Les famines
ne se comptent pas dans cette
époque regrettée de plusieurs ; la
faim, la peste, la mort noire, la
grande mort, comme on disait,
parcouraient alors presque toujours notre Europe. Cela dura sous
l’ancien régime. Les grands règnes
sont l’époque des grandes misères
qui apparaissent surtout sous François- I et sous Louis XIV.
Que dirons-nous des servitudes?
Le Seigneur disposait, à son gré,
du sort des vilains et, sous la
monarchie administrative, tous
les moyens étaient mis en œuvre
pour les frustrer de leurs droits.
-Qaund un homme était emprisonné,
sa famille pouvait prendre le deuil.
Oo envoyait en prison, à la roue,
à la torture , sans le moindre jugement , par pur capmice, dans ce
bdU'vieux temps! Le bourreau,
ce lugubre personnage qui, bientôt,. n’accomplira plus son œuvre
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r=-115
qu'en secret, était alors un personnage ayant à sa disposition
une variété de tourments si affreux qu’on ne saurait les décrire.
Ah I ce bon vieux temps....! ce
bon vieux temps...! c’est le temps
du diable I I Sur les vilains seuls
pesaient les impôts, et surtout la
dîme payée au clergé. Comment
se prélevait-elle ? On prenait la
dîme des gerbes sur le champ, la
dîme du blé dans le grenier, la
dîme de la farine au moulin , ]la
dîme du pain chez le boulanger.
Oui, le sort du peuple était affreux. Lorsqu’un homme de cœur,
le maréchal Vauban , voulut, sous
le règne de Luis XIV ( legrandroi!)
présenter des projets tendant au
relèvement du peuple, un froncement de sourcils l’avertit qu’il
avait déplu. Un écrivain élégant,
spirituel, M“* de Sévigné, disait
avec une bonne humeur charmante;
« On continue à pendreet à rouer ».
Et les consciences ? Comment regretter le bon vieux temps quand
on a une conscience? Le bon vieux
temps est une longue oppression^
une perpétuelle négation.des droite
de la vérité. Sous ce rapport, la
réputation du moyen-âge est faite.
On voudrait pouvoir dire que la
Réforme n’a point pris part à ces
horreurs, mais si elle a fait beaucoup moins de «rimes > elle aurait
dû cependant faire mieux.
Y avait-il au moins de la religion? Ne refusons pa^ tiotre vénération et notre respect à bien des
âmes pieuses, charitables, dignes
de toute sympathie. Il y en a eu,
grâces â Dieu ! Mais le cœur est
navré quand on songe à ce qu’on
avait fait de l’Evangile. Dans le
meilleur livre de cette époque,
dans l’Imitation, il y a du sérieux,
mais c’est une religion monacale,
ascétique; la justification par la
foi, la grande morale , le grand
élan de la justification, rien, rien
de tout cela! Jugez du reste! —
Vient la Réforme; c’est un jour
admirable dans l’histoire de l'humanité. La vie reparaît; l’autorité
de la Parole de Dieu resplendit ;
il y a comme un rafraîchissement
des âmes. Pourtant la médaille a
son revers. Il ne faut pas oublier
les fautes d’un Luther , la dureté
d’un Calvin, les faiblesses incroyables d’un Mélanchton , le refroidissement rapide des églises, si
rapide que les dernières années
de Luther se passèrent dans la
tristesse. Jusqu'au bout, le .bon
vieux temps a été fidèle à luimême.
Et la morale? Il y avait des
mœurs telles que la description
en devient aujourd’hui impossible.
Quand un concile se réunissait
dans le bon vieux temps, les villes
voisines étaient gangrenées pour
un demi-siècle. L’adultère royal,
sous l’ancien régime, était devenu
une institution.
-, Gonclusion. Notre époque peut
être mauvaise, elle peut être exposée à de grands périls ; mais ,
quant ^au bon vieux temps , son
procès ,estj fait; il est condamné
sans rémission.
Genève, 6 avril 4870.
H. s.
4
-116^
Clirontque locaU.
Le Corps des Pasteurs est
convoqué par la Table pour le 26 avril,
à l’effet de nommer les commissions d’examen qui doivent référer au prochain
Synode sur la gestion de la Table, de la
Commission d’évangélisation et de la Commission des hôpitaux. — Le corps des pasteurs devra, en môme temps, procéder
à l’examen de foi et de convictions religieuses de M. le candidat Jean Pons, actuellement évangéliste à Guastalla.
Visites pastorales. Pendant
l’exercice 1869-70, la Table a fait six visites
pastorales, dont une, celle de M. le modératenr au Rosario Oriental (Amérique
du Sud), est racontée au long dans un
opuscule de 7 feuilles d’impression qui
sera très-prochainement publié. Les autres
ont eu pour objet les églises de Massel,
Prali, Rodoret, Perrier, et Villar, et nous
en donnerons ici un aperçu.
La visite pastorale de IVlassel a eu
lieu le 29 août 1869. Après le service divin
l’assemblée s’est constituée au nombre de
70 électeurs. — Au sujet de la nie religieuse, les uns disent qu’il n’y a ni progrès ni recul, et d'autres, que tes cultes
sont plus fréquentés que par le passé et
que par conséquent il y a plus d’intérêt
pour les choses religieuses. Les réunions
sont fréquentées, tant le dimanche que
sur semaine. Quelques uns désirent qu’il
y en ait davantage et recommandent d’une
manière spéciaîfe l’œuvre des missions.
Un bon témoignage est rendu au pasteur,
au consistoire, aux instituteurs. On a quelque difficulté à avoir de bons régents;
l’on on donne pour raisons l’indifférence
des particuliers et la modicité de la rétribution. — On est d’avis qu’il n’y pas moyen
de tirer parti de la nouvelle cure; il i^a,ut
la démolir. Le vieux presbytère, propriété
communale, sera laissé poui le moment
à l’usage du pasteur. ^—La situation de
la diaconie présente un actif de fir. 769,66
et un passif de fr.( 520,15, -p, J,e consistoire est invité à réunir en un seul l’ancien et le nouveau fonds d’église ordonné
par le Synode.
La’ visite pastorale de r*rali a eu lieu
le 19 septembre 1869, devant une assemblée de 80 électeurs. — Il y a un certain
intérêt religieux. Le culte principal laisse
à désirer sous le rapport de la fréquentation. Le second service est peu fréquenté
Il est établi qu’il y aura, toute l’année,
une école du dimanche aux Ghigo, comme
il y en a une à la Ville sous la direction
du régent. Les moniteurs manquent. On
exprime le vœu qu’il y ait des réunions
religieuses plus spéciales dans les quartiers. Les réunions pour les missions sont
peu suivies et peu nombreuses. On signale
une diminution dans les procès ; c’est que
dit-on, «on est de meilleure humeur».
On regrette, d’autre part, les divertissements qui ont lieu le dimanche sur la
place publique pendant le second service.
— Le pasteur reçoit un bon témoignage
quant à l’accomplissement de son œuvre
et pour l’exemple qu’il donne ; on exprime
le vœu qu’il visite davantage les écoles.
— Il n’y a que trois anciens: il en manque quatre, mais on est satisfait de ceux
que l’on a. — Il n’y a pas d’^coie subsidiaire; et le régent paroissial, à qui l’on
ne refuse pas un bon témoignage, ne
tient l’école que 5 mois sur 12, c. à d.
aussi longtemps que les parents lui envoient leurs enfants, lesquels, par suite,
ne peuvent faire que peu de progrès. On
se plaint de ce que les régents de quartier
ne sont pas à lenr affaire; et on forme
ie vœu pressant qu’ils soient mieux surveillés. — La diaconie présente un actif
de fr. 1336,74 et un passif de fr. 946,74.
La visite pastorale de nodoret a eu
lieu le 3 octobre 1869, devant une assemblée de X électeurs. — Le culte est généralement fréquenté, et la prédication écoutée
avec recueillement. Les écoles du dimanche, au nombre de trois, attirent beaucoup d’enfants. La réunion destinée aux
missions est suivie avec un vif intérêt.
La pratique du culte domestique parâit
dépendre« des travaux plus ou moins pressants. de ,1a campagne. Aucun fidèle n’a
refusé sou obole en faveur des oeuvres religieuses. La bibliothèque paroissiale compte ^1 abonnés. On regrette que le jour
du repos ne (soit pas mieux observé. —
5
-117
Les membres du Consistoire, Pasteur et
Anciens, s’acquittent de leur tâche dans
la mesure de leurs forces. — En général,
les régents ne sont pas,au-dessous de leur
tâche, mais on les invite à faire travailler
davantage les enfants. On aurait besoin
d’élever leurs très-minces honoraires et
il s’est trouvé quelqu’un pour proposer à
la paroisse de s’imposer, à cet égard, de
f)lus fortes charges. — Les impôts à la
charge du Consistoire n’ont plus été payés
par la commune (très bien'.)', on espère
(encore!) que les conseillers communaux
lâcheront d’y remédier. — La diaconie
présente un encaisse de fr. 255,94, une
entrée de fr. 301,17 et un passif de fr. 204.
La visite pastorale de F'er-r'lorIMaixeiUo a eu lieu le 27 mars 1870
devant une assemblée de x électeurs. —
La moyenne de la fréquentation du culte
à Maneille s’est élevée quelque peu. Les
réunions de prières auraient pu être mieux
suivies. Le service principal au Perrier
est toujours très-suivi. Bonnes collectes
dans tous les quartiers, surtout pour les
missions et pour l’évangélisation. — Un
très-bon témoignage est rendu au pasteur
pour le 7.èle et la fidélité qu’il déploie
dans l’exercice de ses fonctions. Les anciens s’acquittent avec soin des devoirs de
leur charge. — Les régents paroissiaux
de Maneille et du Perrier reçoivent un
bon témoignage. Il est à craindre que la
durée de l’école du Perrier ne doive être
réduite à 3 ou 4 mois; si la municipalité
persiste à ne pas expédier le mandat de
fr. 125 porté à son budget. ( Padronissima;
mais, en ce cas, elle ferait bien d'avoir son
école à elle, ainsi que la loi lui en fait un
devoir ). Quelques écoles de quartiers ont
donné des résultats très-satisfaisants. —
La diaconie de Maneille présente un actif
de fr. 604,54, et un passif de fr. 228,55.
Le comité de secours du Perrier présente
une entrée de fr. 710,62 et une sortie de
fr. 361,95.
La visite pastorale de Vlllar* I>ellioe a eu lieu le 27 mars 1870 devant
une assemblée de x élécteurs. L’assemblée constate avec joie un progrès dans
la vie de l’Eglise. Le culte publie est très
fréquenté, de même que les réunions d’é
dificatiou qui se tiennent en différents
endroits. Deux écoles du dimanche durant
toute l’année, réunissent en hiver 180 enfants. L’assemblée reconnaît, d’un autre
côté, que le jour du Seigneur n’est pas
sanctifié comme devraient le faire de vrais
chrétiens. Il y a trois réunions par mois
pour les missions ; il est à désirer que
le nombre des auditeurs augmente. Un
bon témoignage est rendu au dévouement
et à la fidélité du pasteur], ainsi qu’ii ses
coopérateurs les anciens, et aux instituteurs. La paie des régents de quartier est
trop faible ; il est à craindre, que dans
un avenir prochain, les petites écoles ne
soient, pour ce motif, abandonnées. Un
quartier, celui de la Combe, ayant compris à cet égard ses vrais intérêts, s’est
cotisé, depuis deux ans, afin d’augmenter
l’honoraire do son régent. * La diaconie
présente un actif de fr. 2144, 95 et un
passif de fr. 1920, 95. Le fonds d’église
présente une entrée de fr. 2269, 48 et une
sortie de fr. 1574 , 30.
Tort*o-r»elHoe. Au sujet de l’article « Sûrete publique » de notre dernier
numéro, il nous est parvenu une réclamation à laquelle nous nous empressons
de faire droit. La où nous disons (p. 111)
que la police n’a rien su, il nous fallait
dire que, au lendemain même de cette
première agression, le brigadier en station à Torre-Pellice avait dûment transmis son rapport à la préture de Luserne.
Ce dont nous lui donnons acte. Il faut
espérer par conséquent que ce premier
délit ne restera pas impuni et que la police, qui n’est pas toute de carabiniers,
achèvera ce qui a été bien commencé.
— Dans l’affaire plus récente du pauvre
sergent de bersaillers, Monnet, le brigadier
en station à Torre-Pellice a également
montré qu’il Savait accomplir les devoirs
de sa charge, si souvent épineuse et ingrate. Le lendemain du fait, il avait opéré,
avec ses subordonnés, non pas six arrestations comme nous l’avons dit par erreur,
mais sept. Le procureur du roi n’avait pas
tardé non plus de monter à La Tour afin
d’y procéder à un premier interrogatoire,
et il n’y a pas lieu de douter que la justice aura son cours.
6
-il»
— On nous écrit ;
Monsieur le Rédatímr,
La Tour, 5 mars 1870.
Vous avez raconté, dans votre N. J2 de
VEcho, un épisode relatif à un service
funèbre célébré naguère, a S. Barthélemy,
par le pasteur de Prarustin, et vous avez,
ainsi que votre correspondant, [réclamé,
paraît-il, la liberté pour chacun de parler
dans nos cimetières, h l’occasion des enterrements. Permettez-moi de vous adresser quelques mots à ce sujet, afin de vous
exposer mon opinion sur cette matière.
La liberté de 1a parole appartient sans
doute à chacun sur les places publiques,
conformément aux lois. Mais si les champs
des morts doivent être considérés, comme
des lieux publics , le sont ils réellement,
et dans le même sens qu’une rue, p. ex.
ou qu’un carrefour? — Non , Monsieur.
Ce sont des enceintes réservées à la sépulture de nos morts et aux cérémonies
religieuses qu’elle consacre, et pas autre
chose. On pourrait bien aussi ensevelir
quelqu’un sans l’intervention d’un ministre
de la religion, et l’enterrement serait alors
tout à fait civil, chacun ayant faculté, dans
ce cas, de prendre la parole sous sa propre responsabilité et conformément au
tact et au talent dont il est doué.
Mais, Monsieur, si un ministre de la
religion est officiellement invité à venir
présider à une sépulture, personne, selon
moi, n’a plus le droit de parler sur la
tombe, sauf qu’il en ait d’avance obtenu
l’autorisation de l’officiant, car s’il n’en
était pas ainsi, n’est-ee point chose évidente que la gravité sainte et l’édification
de la cérémonie pourraient en recevoir
une bien fâcheuse et déplorable atteinte ?
— Je suis libéral, Monsieur ; mais pour
moi la liberté n’est pas la licence, et, à
mon point de vue, l’ordre et la bienséance
doivent, plus que partout ailleurs, régner
dans nos cimetières par respect pour les
morts, par respect pour les survivants,
et parceque l’Eglise, quelle que l’on veuille
la faire avec nos progrès modernes, l’Eglise doit avoir une discipline, et que
chacuu doit s'y conformer.
.Agréez, etc.
Aufinfis Baax Pa»l. ém.
En exagérant une pensée, on peut la
présenter sous un jour entièrement faux.
C’est ce qui arrive, involontairement sans
doute, à M. le pasteur A, Bert, dans la
lettre qui précède. Ni VEcho des Vallées,
ni son correspondant n’ont réclamé la liberté pour chMcun de prendre la parole
sur le cimetière ; ni VEcho ni sou correspondant n’ont assimilé le cimetière à une
place publique, à une rue, ou à un carrefour.
Maintenant, avons-nous été mal informés? Qu'on nous le dise. Y a-t-il eu un
programme déterminé d’avance , et quelqu’un s'eu est-il départi ? En ce cas nous
n’aurons pas de difficulté à admettre qu’il
y a eu du désordre et que l’on a manqué
à la bienséance. Nous ne désirons rien
tant que de voir les sépultures avoir lieu
d’une façon tout-à-fait civile.
(¡Throntque poUtiique.
Italie. voix contre 123 ont adopté
l’ordre du jour pur et simple sur la proposition Nicotera demandant que la Chambre suspendît la nomination de la commission chargée d’examiner la convention
avec la Banque nationale, et y procédât
seulement lorsque le ministre aurait présenté et communiqué la liste des actionnaires et des avocats de la Banque depuis
le l'janvier.
—- Au nombre des députés qui ont voté
contre l’ordre du jour, s’est trouvé le général Brignone, représentant du collège
de Bricherasio.
— A la suite de ce vote, 78 députés se
sont abstenus de prendre part à la nomination des 4 Commissions-Mingbetti. Cette
abstention, avec présence elléctive des
abstenants pour laisser les délibérations
valables, a kéun trait saillant d’habileté.
En face de la gauche qui s’abstient, il y
a discorde au sein de la droite qui compte
des modérés et des ultras, et le centre,
base essentielle du cabinet, se trouve renié
par les uns et regardé de très-haut par
les autres. La situahon ministérielle et
pwlwuentaire n’a donc rien de très-rassurant.
«T- Le général Brignone fait partie de la
corqmissioD pour s’occuper de l’armée.
Elle est présidée par le gén. Lamarmora.
— Sonnet. C’est un sonnet.... oui se
frotite' imprimé, eu l’honuenr du député
clérical D’Ondes Reggio, dans YUnità Cattolica du 6 avril. L’honorable député,
dans la séance du 28 mars, avait à plusieurs reprises excité l’hilarité de la Chambre par de pompeux éloges du Concile.
Ses admirateurs ont voulu le venger de
7
.119.
cette hilarité en lui envoyant des adresses
en vers et en prose. Mais rien ne vaut |e
sonnet en question destiné à faire la joie
de ceux qui entendent le piémontais. Où
as-tu pris, demande-t-on à Thon. D’Ondes,
où as-tu pris ce beau style,
Per cui or sali in fama al par di Pito ?
TVonrio, Le 29 mars a eu lieu la votation des premiers articles du schéma De
Fide. Ce sont anathèmes sur anathèmes.
Nous connaissons un anathème qui a été,
pour cause, omis dans la liste ; le voici ;
« Quand nous-mêmes, ou un ange du ciel,
viendrait vous annoncer un évangile contraire à celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème (c.-à-d. voué
à l’exécration). Je l’ai dit et je le répète:
si quelqu’un vous annonce un évangile
contraire à celui (|ue vous avez reçu,
qu’il soit anathème (Epître de S' Paul
aux Galates, ch. I. v. 8. 9).
— L’introduction”au schéma De Fide,
récemment critiqué paç l’évêque Strossmayer, expose comme quoi « la sollicitude
salutaire de Jésus-Christ pour l’Eglise,
s’est révélée de la manière la plus manifeste par les fruits ( ! ) que le monde chrétien a retirés en abondance des conciles
œcuméniques et nommément du Concile
de Trente ». Lisez à l’appui l’histoire du
Concile de Trente par Sarpi !
— Faudra-t-il nous faire protestants
pour échapper aux persécutions de la cour
de Rome ? — Telles sont les paroles qui
terminent une lettre fort énergique de Tévôque Strossmayer écrivant, au nom de
ses collègues présents au Concile, au comte
Andrassy, président du Cabinet hongrois.
Dans cette lettre, l’évêque se plaint amèrement des violences inqualiOables qu’il
a dû subir de la part du Vatican, et il
réclame l’appui du gouvernement hongrois
et même ses remontrances au S‘ Siège,
afin que de pareilles scènes ne se renouvellent plus.
France. Le gouvernement français
a renoncé à toute intervention officielle
dans les affaires du Concile.
— Le cabinet s’ést décidé à soumettre
la nouvelle constitution à l’épreuve d’un
plébiscite ; mais cette décision n’a pu être
prise sans des tiraillements intérieurs qui
ont fini par amener une crise ministérielle.
On parle en effet de la retraite de MM.
Buffet, Dam, Talhouët et Chevandier de
Valdrôme.
Le budget des cultes porte, pour
1871, une augmentation de ir. 674.000 dont
fr. 664.000 pour le culte catholique, Dr.
7500 pour le culte protestant, et fr. 3000
pour le culte israélite.
— Quatorze consistoires de l’Eglise Réformée de Frauce (unie à l’Etat) ont déjà
décidé qu’il serait demandé, en leur nom,
au ministre des cultes, la prochaine convocation des Synodes, conformément aux
traditions et à la discipline de l’Eglise.
Suisse. Il se fait une tentative sérieuse pour arriver à la réorganisation de
l’Eglise catholique en Suisse; il s’agit de
constituer une association générale pour
la réforme de l’Eglise. Il a paru un manifeste, dans ce sens, dans les principaux
journaux argoviens; aux termes d’iceliii,
il faudrait réorganiser l’Eglise en une véritable communauté des croyants, c.-à-d.
la fonder sur la base démocratique r il 7i’y
a pas identité) et non sur la hase de la
monarchie absolue. Les catholiques suisses
devraient donc réclamer le droit de se
gouverner eux-mêmes; et dans ce but
l’association s’efforcerait d’amener dans
chaque canton ou diocèse la constitution
d’un synode composé d’une majorité do
laïques à côté des ecclésiastiques.
— Les sept cantons qui forment le diocèse de Bâle ont ouvert une conférence
le 3 avril. Le gouvernement d’Argovie
propose l’abolition du séminaire entretenu
à frais communs’et la suppression de toute
subvention de ce genre.
— L’assemblée convoquée à Brngg(Argovie ), pour discuter le projet d’une association des cantons catholiques en vue
de réformer l’Eglise, a déclaré que « l’Etat
a le droit et le devoir, en présence des
empiètements de l’Eglise, de proclamer
son indépendance de toute confession et
de réaliser la séparation de l’Eglise et de
l’Etat ».
— Un mouvement analogue s’accuse
dans le canton de Vaud et dans l’église
protestante nationale. De nombreuses pétitions ont déjà démandé au Grand-Conseil
la révision de la loi ecclésiastique de 1863;
une pétition plus récente demande la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Elle se
fonde sur ces deux considérants: 1. Chaque citoyen doit être aussi libre de choisir
son pasteur qu’il est libre de choisir son
médecin, son avocat, ou son notaire ; —
2. il n’est pas juste que tous participent
aux frais d’un culte qui n’est pas celui
de la totalité des Vaudois.
_ Axxtrloli©. La commssion confessionnelle du Reichsrath a invité le cabinet
« abolir Iç concordat (patente du 5 nov.
1855).
^ Le gOOTemement se trouve dans une
simàtion difficile. Les députés polonais, istn^S, Slovènes et dalmates ont déposé
letïr mtmdat. 'TTest toujours la vieille fuite
8
-120
entre les différentes nationalités, dont chacune revendique l’autonomie, à l’instau:
des Hongrois. Le ministre de l’intérieur
proposait de dissoudre les diètes qui ont
nommé ces députés et de faire appel au
suffrage direct. Cela n’a point plu a l’empereur et le ministère a donné sa démission. Le comte Potocki a été chargé de
former un nouveau cabinet.
Allemagne. Un marchand de cheveux, raconte ['Alliance hraélite, s’était
arrêté dans un village (on ne dit pas oü).
Il exhiba un papier le qualifiant membre
d’une sainte association chargée de recueillir des cheveux de femmes et déjeunes filles pour en tisser une chape destinée à Pie IX le jour de la proclamation
de l’infaillibilité. On le crut, et les cheveux
escroqués furent transformés, comme on
peut s’y attendre, en chignons et nattes
postiches. Pauvres moutons tondus ! Ils
s’e laisseraient arracher la peau pour en
faire une culotte au pape !
TuT'q.Txie. Le gouvernement vient
de décider l’établissement de l’état civil
dans toute l’étendue de l’empire. Dans
deux ans on fera ce qui n’a jamais eu lieu :
le recensement de la population.
— Les concessions du grand-vizir aux
Arméniens catholiques dissidents sont significatives. Il leur accorde une chancellerie et un sceau spécial, constituant ainsi
leur société civile. Il leur accorde, de plus,
deux églises pour leur culte. Une assemblée des Arméniens, tenue à S. Jean Cbrysostôme, a nommé douze délégués.
rtixssle. Le gouvernement a pris la
résolution d’empêcher la publication de
tous les décrets du concile qui pourraient
avoir un fâcheux effet sur la situation de
la Pologne.
— Le czar a refusé de recevoir l’adresse
de la Diète de Livonie demandant la parité des deux confessions protestante et
grecque, ainsi que l’usage, facultatif comme autrefois, de la langue allemande pour
la correspondance avec les autorités. Le
refus est motivé, pour le premier point,
sur ce que la liberté des cultes existe dans
les provinces de la Baltique (!) ; pour le
second sur ce que l’unité de la langue
est de toute nécessité dans l’administration
du pays.
A ngleterx*e. La votation de la loi
agraire sur l’Irlande est assurée.
— La question de la séparation de 1’]^
glise et de l’état est vivement agitée aux
Indes anglaises dans les journaux des natifs , qui protestent contre l’injustice de
devoir eontribuer.de leurs deniers'à l’en*
tretien des chapelains attachés au service
du gouvernement civil et militaire.
Etats-Unis. — Il est dit, dans un
message du président Grant au congrès,
que le corps électoral vient de s’augmenter de quatre millions de citoyens, que la
race africaine complètement- affranchie
doit désormais s’étudier à être digne du
nouveau privilège dont elle va jouir, —
que la race blanche ne doit pas voir dans
cette mesure un empiétement sur ses
droits, parceque la forme républicaine du
gouvernement ne saurait subsister en méconnaissant la dignité d’une partie de la
grande famille humaine. Le président conclut en invitant le congrès à faciliter l’instruction publique pour rendre effectif le
15' amendement constitutionnel.
— Un journal politique hebdomadaire
entièrement dirigé et rédigé par des hommes de race nègre vient de se fonder à
Washington, sous le titre significatif L’Erc
nouvelle.
— Le 25 février. 1870, est entré au congrès en qualité de sénateur un homme
de race nègre, M. Hiram Revels. L’opinion
publique en a été vivement et justement
)mpressionnée, car il se trouve que le
nouveau sénateur remplace l’ex-president
du sud, l’implacable esclavagiste Jefferson
Davis. Le 16 mars, M. Revels a fait .son
maidenspeech devant une foule énorme.
Il avait à défendre la consécration définitive du droit de suftrage pour les nègres.
Avec une grande élévation de langage, il
a rappelé la noble conduite des nègres,
qui fors de la guerre, auraient pu tirer
une vengeance effroyable de leurs longues
souffrances, mais qui respectèrent femmes,
enfants, propriétés laissés à leur merci.
La sensation produite par ce discours a
été très-grande. — La première motion que
le nouveau sénateur vient de faire, au nom
de la législature de Mississipi. demande
l’abrogation de toutes les mesures qui,
jusque là ont mis obstacle à l’entière réintégration de Jefferson Davis et consorts
dans tous leurs droits de citoyens.
— Le projet de constitution de l’état du
Tennessee renferme un article qui exclut
de tout office public quiconque nie l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme.
— Les plénipotentiaires du gouvernement de Washington et ceux de la Colombie ont signé le traité relatif au percement de l’isthme ide Panama.
— le plébiScîte qui à eu lieu à Saint
Domingue a donné pour résultat ; annexion de la république aux Etats-Unis.
A. Rével Gérant.
Pignerol-, Imyir. Chiantore.