1
Année Neuvième,
PRIX D’ABBONNËMIÎNT PAR ANj
Italie . . . . 1,. 3 I
Tous les pays de TUnion '
de poste ... >6
Amérique . . . * 9
On s'abonne ;
Pour VJntérieuy chez MM, les
pasteurs et les libraires de
Torre Pelllce.
V oiiv y Postérieur 9i\i Bureau d’Ad»
ministratioD.
N. 47
23 Novembre 1883
Uu ou plusieurs numéros séparés, demandés avant le lirai^e )0 oeut-. chacun.
I Annonces: 25 centimespar ligne.
! i.es enuüês d'argent se font par
1 lettre recommandée ou par
mandais sur le Bureau de rerosa Argéntiiia.
Pour la RÉDACTION s’adresser
ainsi: A laDirecfibn du TémoUtf
Pomaretto {'Pinerolo) Italie.
Pour PADMINISTRATION adresserainsi: A l'Administration du
Témoin, Pomaretto (Pinerole^
Italie.
LE TEMOIN
ÉCHO DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Vous me serez témoins, AijTiss 1, S,
Suivant la vérité avec la charité. EtB. iv, 15,
So'iii liiai l’o.
23 Novembre. L’Ecole, de Mctliode à
Poraaret. — Du devoir de donner les enfants à l’Eternel. — Sur l’origine italienne
des Vaudois du Piémont. — Il matto di
' Pensées, j::;: Meetile-polUique.
Annonces.
Î^3 INfo"vomT>r©
Ugole de hêthode
à Pomarêt
La pbysioxiomie de cette intéressante école a subi, dans le
cours de ces six ou huit dernières
années , des modifications peu apparentes d'abord, mais ensuite
singulièrement frappantes. Autrefois les 60 à 70 régents d’écoles
de quartier qui venaient y.recevoir .qqfelques directions pratiques
pour T.aegbmplissement de leur
li.u'inble 'eii noble tâche, étaient,
en> grande majorité,' des jeunes
hommes ou des hommes faits,
ayant déjà de l’expérience et une
autorité de parole qui faisait bien
augurer de la marche de l’école
qu’ils dirigeraient; Et si les novices ne manquaient pas plus que
maintenant, ils ^ieiîVmoins nombreux et ils avaï^'^#èiï^ oTioisiè,'
parmi beaucoup de postulants.
La majorité d’autrefois est devenue la minorité, puisque, sur
les 64 régents qui se sont trouvés réunis au Pomaret du 5 au 9
courant, 23 seulement ont plus
de deux années d’exercice et qu'il
y en a 24 qui débutent dans l'enseignement. Même en ajoutant aux
23, déjà plus ou moins exercés,
les 12 qui ont été dispensés, nous
n’atteignons pas la moitié du
chiffre total de 76 régents placés
dans les paroisses de ces deux
Vallées. — Cet état de choses dont
il serait inutile de se plaindre et
qui s’explique en grande partie
par l’émigration, temporaire ou
définitive, mais toujours croissante
de notre jeunesse, durera jusqu’à
oe que les intéressés, Consistoires
et Communes, aient pris des me-
2
^370,.
i
sures efficaces pour y porter remède. Nous voulons indiquer les
deux principales. Au lieu d'attendre jusqu’à la veille de l’ouverture
des école.s de quartier pour voir
s’il se trouve assez de régents
pour les diriger, ou bien^encore
d’attendre qu’ils arrivent par troupes comme autrefois des paroisses
de la montagne, que les personnes
spécialement chargées de ce soin,
cherchent, parmi les jeunes garçons et les jeunes filles des écoles
centrales, parmi les catéchumènes
ou les moniteurs des écoles du
dimanche, et qu’ils encouragent
de leur mieux, qu’ils secourent
au besoin, ceux en qui ils auront
discerné quelque aptitude à l'enseignement. Les régents et les maîtresses d’écoles centrales peuvent
exercer dans C'e||§t une influence
prépondérante,- .Que dans chaque
quartier l^n s’efforce, ce qui est
dans l’intérêt de chacun, de préparer, et quand on l'a, de retenir
un régent capable et aimant les
enfants.
Mais on aura be.au découvrir ou
préparer soi-même les meilleurs
maîtres d’école, on ne les aura
qu’à la condition de leur assurer
une rétribution suffisante. On n'a
pas le droit de compter sur le
dévouement désintéressé de son
prochain, quel qu’il soit, et il est
absurde de dire; « Autrefois nous
donnions à notre régent 8 francs
par mois et il était très content»,
— Nous ne sommes plus à autrefois et les choses ont énormément
changé. Il y a 50 ans, tous les
jeunes gens ou à peu près, pa,ssaieot l’hiver dans leur famille,
surtout dans l’étable paternelle,
par la raison très simple qu’ils ne
savaient où aller. — Aujourd’hui
toutes les portes leur sont ouvertes
et l’humeur voyageuse s’est si bien
emparée d’eux qu’il est très difficile de les en guérir. Une chose
les retiendrait à la maison ; c’est ,
la vie de famille, mais elle est
extrêmement rare, là où elle n’a
pas complètement disparu;
A ceux qui rappellent le beau
temps où avec quelques francs
l’on avait des régents passables,
ou même parfois excellents, nous
rappelons à notre tour que, dans
ce temps là, le régent économisait. s’il le voulait, la presque
totalité de son salaire, parceque
les parents des écoliers, même
des habitants du village qui n’avaient pas d’enfants à faire instruire, fournissaient libéralement
à leur régent tous les. objets de
première nécessité. Cette pratique
est depuis longtemps et à peu
près partout, passée de mode, et
si le régent veut manger il faut
qu’il s’apporte, ou qu'il achète
des vivres. Or ce n’est ni avec
10 ni avec 15 francs par mois
qu’il pourra réparer, même avec
les aliments les plus ordinaires,
les forces qu’il dépense à s’acquitter do sa rude besogne.
Il est heureux qu’il y ait encore
dans nos villages montagneux bien
des jeunes garçons et des jeunes
filles qui aiment l’instruction et
qui pensent, avec raison, qu’en
enseignant on apprend et que l’on
reçoit plus qu’on ne donne, en
s’occupant des enfants. Voilà ce
que nous nous sommes dit en
3
371
présence de ces 24 régents âgés
de 45 à 19 ans', et nous avons
béni Dieu de ce qu’il nous offre
ainsi pour nos précieuses écoles
de quartier une perspective de
durée. — Nous n'avons parlé que
de régents; c'est le moment de
constaterîqueTl’Ecole de Méthode
de Poinaret a compté, cette année
12 jeunes filles. Pour cette carrière
là, qu'elles se présentent en rangs
serrés , dussent-elles y supplanter
les garçons, mais à la double
condition d’aimer les enfants et
d’être bien décidées à s’en occuper
pendant un temps raisonnable.
Mais, encore une fois, garçon.s
ou filles, les régents de quartier
ont besoin pour prendre goût à
leur utile carrière d’être encouragés par un salaire moins mesquin que celui que reçoivent la
plupart d’entr’eux. Comme c’est
une question dont beaucoup d’amis s’occupent avec nous, et
depuis fort longtemps, il nous
semble que le moment est venu
d'énoncer le chiffre, ou les chiffres, auxquels il est urgent de
porter la rétribution de nos régents des petites écoles. Tenant
compte des circonstances assez
diverses des paroisses de nos Vallées et de la durée inégale de
ces écoles dans chacune d’elles,
nous croyons qu’il serait bon de
fixer le traitement des régents de
quartier dé la manière suivante:
1’ Pour les écoles de six mois,
suivant les paroisses, de 25 à 30
francs par mois ;
2“ Pour les écoles de 5 mois,
suivant les paroisses, de 20 h 26
francs par mois;
3“ Et de 20 francs par mois pour
celles de moindre durée.
A cette condition nous ne manquerons pas de si tôt de régents
et nous aurons la perspective de
les garder. Quelques-unes de nos
paroisses ont atteint, ou môme
dépassé ces chiffres; il est probable qu'elles devront bientôt faire
un pas de plus; d’autres en sont
encore fort éloignées; il faut que,
sans perdre de temps, elles fassent un grand effort pôur s’en
approcher et l'atteindre. Là où le
budget communal ne comporte
aucune charge nouvelle (quoique,
pour l’instruction, il dût toujours
y avoir une marge suffisante) que
les membres de l'église, ou du quartier, se cotisent pour compléter
le salaire du régent. On le peut
partout, si ou en sent le devoir,
et, au pis aller, on recourt à
la libéralité du quartier voisin,
ou même de la paroisse voisine.
C’est une question vitale qu’il faut
résoudre à tout prix.
Revenant enfin à l’Ecole de Méthode de Pomaret, où nous avons
surtout signalé la présence de
beaucoup de très jeunes gens,
dont plusieurs ont l’étoffe de bons
régents, nous voulons mentionner
.aussi, en finissant, que nous avons
revu avec une très vive satisfaction un bon nombre de vieilles
connaissances , qui sont déjà des
vétérans dans cette noble milice,
pour qui le gain matériel n’est
pas la chose capitale et que l’on
s’efforce de retenir le plus longtemps^possibie, une fois qu’on a
commencé à apprécier leurs services. Puissent-ils fournir encore
4
une longue carrière et être bénis
dans leur travail.
Frères Vauçlois, ayez l’œil sur
vos écoles de quartier, le cœur
porté à les aimer, et la main à
la bourse pour les soutenir.
Du devoir de donner tes enfants
à l'Ëternel
], Samuel i.
Anne, mère de Samuel, ne pouvait
douter q*ue son premier-né ne fût
un don de l’Eternel. Elle l’avait expressément demandé à Dieu, en disant: «Si lu donnes un enfant mile
à ta servante, je le donnerai à TEterne! pour tous les jours de sa vie ».
Elle n’oublia point le vœu qu’elle
avait fait, et alors qu’elle put amener
son petit enfant à Silo, elle dit a
lléli: «J’ai prié pour avoir cet enfant, et l’Elernel m’a accordé la demande que je lui ai faite. C’est pour(|Uoi je l’ai prêté à l’Elernel; il sera
prêté'à l’Ëternel pour tous les jours
de sa vie ». Ensuite Anne se sépara
de son fils premier-né, le laissant à
Silo, où « le jeune garçon était au
service de l’Eternel ».
La consécration du petit Samuel
eut un caractère tout-à-fait spécial,
et il fut sacrificateur, prophète et
juge en Israël. Toutefois, tout en
tenant compte de ce qu’il y a d’exceptionnel dans ce fait, ne doit-il pas
être une règle pour les enfants de
Dieu? Déjà Tes Israélites avaient reçu
cet ordre: « Tu me donneras le premier-né de tes fils ». De plus chaque
enfant devait être circoncis;^ sans ce
signe il n’étaife pas considéré comme
• faisant partie du peuple de Dieu.
C’est dire que tous devaient être consacrés au service du Seigneur. S’il
en était ainsi dans l’ancienne alliance,
combien plus doit-il en être ainsi
dans la nouvelle, où tous les croyants
sont sacrificateurs !
Notre Seigneur a expressémént appelé à lui les petits enfants par” ces
paroles bien connues : « Laissez venir
a moi les petits enfants... » sans aueune distinction entre les premiersnés et les autres. St. Paul va jusqu’à
dire que les enfants des chrétiens
sont saints, c’est-à-dire, mis à part
pour Dieu. De sorte que nous accomplissons le devoir le plus élémentaire
lorsque nous présentons nos enlànts
au Seigneur.
Mais hélas! ce devoir si simple et
si beau, est trop souvent oublié ou
négligé. Les parents ne se rendent,
pas bien compte du don qui- leur est
fait, ils oublienHi d’être reconnaissants
envers Dieu, ils sont très souvent
ingrats, et ainsi ils n’ont pas même
l’idée de préparer des serviteurs à
l’Elernel. Le baptême des enfants est
très apte à rappeler ce devoir, mais
il n'est pas compris. Il est môme à
craindre que parfois on ne pense pas
à faire de son enfant un enfant de
Dieu, mais l’on donne tout simplement un nom, qui, du reste n’a plus,
comme chez les Juifs et chez bien
d’autres peuples, une signification
bien déterminée. H est donc nécessaire d’arrêter l’attention des p.arents
sur le devoir de consacrer leurs enfants au Seigneur,
Noire liturgie a deux prières qui
ont quelque rapport avec l’accomplissement de ce devoir: Prière pour
une femme enceinte, et prière pour
une femme qui est près de ses couches. Tl est bon de les rappeler à la
mémoire des personnes qui y sont
particulièrement intéressées. Cela peut
paraître étrange de prier pour une
créature qui n’est pas encore née,
mais il n’y a rien là que de très-légitime , car nous avons plusieurs
exemples d’une œuvre de Dieu commencée chez un enfant dès le sein
de sa mère. L’Eternel dit à Jérémie:
«Avant que lu fusses sorti du sein
de ta mère, je t’ai sanctifié ». L’ange
en annonçant la naissance de Jean,
dit à Zacharie: «. Il sera rempli du
Saint-Esprit dès le sein de sa mère ».
Il n’est donc pas trop tôt de consacrer nos enfants à Dieu, dès avant
leur naissance. Mais il nous arrive
d’être comme des enfants qui veulent
5
■373
reprendre ce qu’ils ont donné, c’est
pourquoi cet acte de consécration doit
se renouveler très souvent par les
prières que nous faisons à Dieu, de
sorte que ce soit enfin un acte bien
accompli. Nous le faisons d’une manière solennelle au baptême, mais ce
n’est pas assez, il faut encore y revenir; cela est tout à notre avantage.
Un négociant très riche a écrit ces
mots :
Ce que j’al dépensé, je l'avais,
Ce que j’ai gardé, je l'ai perdu,
Ce que j'ai donné, je l'ai.
Il en est ainsi de no'= enfants, si nous
les gardons pour nous sans les consacrer à Dieu, nous les perdons; ou
bien, au lieu de devenir des enfants
de Dieu ils s’adonnent à la débauche
et nous causent de grandes amertumes, ou bien ils meurent dans l’incrédulité et nous n’avons point d’espérance à leur égard.
Au contraire, si nos enfants sont
consacrés à l’Elernel, ils nous sont
rendus en qualité de serviteurs de
Dieu qui font la gloire de l’Eglise de
.lésus-Christ et de leur lamille. Et s’il
plaît au Seigneur de nous les enlever,
nous dirons avec le cantique: Ils ne
sont pas perdus, ils nous ont devancés. .1. !).
Nous sommes heureux de pouvoir
encore offrir à nos lecteurs quelques
articles de notre historien M. le doct.
Alexis Muston, traitant, il est à peine
nécessiyre de le dire, du sujet auquel
il a consacré tout ce que le pastorat
lui a laissé de loisirs et de force. Il
y a dans l’iiisloire des origines de
l’Eglise vaudoise des obscurités que
la critique Allemande n’a pas su éclaircir et des lacunes que des découvertes
possibles, si ce n’est probables, pourront seules combler. M. Muston n’a
pas la prétention de nous annoncer
quelqu’une de ces découvertes qu’il
attend sans doute; mais avec une
admirable patience et avec le soin
minutieux qui le distingue il étudie,
il fouille en quelque sorte les abords
de cette histoire aussi bien que les
aljûj’ds du refuge, où dès le '13'^ siècle
s’abritait, agissait et prospérait cette
Eglise, d’origine italienne selon lui
(et selon nous), mais qui a reçu du
dehors ce nom français qu’elle garde
jusqu’à ce jour.
SUR L’ORIGIKË \JkUmm
(les Vaiidois du Piémont
On se souvient peut-être des TranGETONs de Molines: ce recueil de notes
éparses, écrites au jour le jour, sur
des livres de famille ou d’affaires,
nommés quelque fois livres de raison:
ou consignées sans ordre, sur les
Kremiers feuillets de quelques volumes
éréditaires, dans les demeures villageoises de la vallée de Molines.
Nous dirons, pour les lecteurs étrangers, que cette vallée fait partie de
la région des Hautes-Alpes, nommée
le Queyras; et que les eaux qui la
traversent, après avoir afflué dans le
Guil, se jettent dans la Durance.
Les notes dont notre recueil est
composé, et qui sont elles-mêmes
nommées trangelons, ou tranjetons,
sur les papiers d’où on les a tirées,
ont été relevées et mises en ordre
chronologique par un enfant du
pays, nommé Chaffrey Roulph de
Fongillarde, hameau tout rapproché
du village de Molines.
C’était un istituteur catholique,
dont le travail fut achevé en 1816.
Ce n’est qu’à partir de la fin du
quinzième siècle (1469) que ces notes
offrent quelque étendue, et deviennent assez nombreuses pour présenter
dans leur ensemble une sorte de chro
nique de la Vallée. Mais avant cette
époque, des indications succinctes
avaient déjà été prises, et des traditions plus anciennes s’y trouvent par
fois rappelées.
C’est ainsi qu’on y lit, dès les premiers feuillets; vers la fin du treiziéme siéele (1), Saint-Vincent Ferrier
(1) Il y a ici une erreur de date. Saint
Vincent Ferrier est né en 1357, et n’a accompli sa mission dans les Alpes, qu’en
1399, c’est-à-dire à la fin du quatorzième
siècle.
6
'• WWW>/vi'
est entré dans le fays, accompagné
d’une grande multitude de peuple,
pour reslablir la religion catholique,
qui était presque éteinte; et pour y
convertir ks Vaudois, qui y étaient
depuis l'an iHi (1); au quel temps
ayant esté chassés de Lyon, Us se réfugièrent en partie dans le pays, et commencèrent d'habiter à Pimouzcl; de
là ils ie dispersèrent à Ginaillaud,
au Villar, à la Pisse, aux Prés. Les
autres hameaux du pays en ont été
exempts.
De toutes ces désignations de lieux,
les trois dernières seules pourraient
correspondre à des lotalilés de nos
vallées; mais comme elles y sont fort
éloignées les unes des autres, et sans
rapports entre elles, tandis qu’en
France elles se trouvent toutes réunies
dans la même région, on peut en
conclure, il me semble, que les Vaudois expulsés de Lyon, se sont établis
en Fi-anCe et non en Italie.
(Suite).
A. M.
Il malto di Perosa
Celle étiquette peu flatteuse a été
placée sur un document que M. le
prof. Comba a trouvé dans les Archives d’Etat, à Turin, parmi les
mémoires relatifs aux religionnaires
du Val Luserne. Il s’agit de deux
lettres, datées de mai et d’avril 1624,
et adressées, l’une au premier ministre du Duc Charles Emmanuel F, et
l’autre au Duc lui-même.
L’auteur est un certain Ascanio
Alione, qui paraît avoir été de Pérouse,
et auquel on n’a pas fait de tort en
le qualifiant comme «fou». A en
juger par le ton exalté de ses écrits,
par la manie des répétitions et surtout par le titre de «Prophète de
Dieu » qu’il se doifnc, il est probable
que le professeur Lombroso le place
rait dans sa catégorie favorite des
mattoidi. — Le nom de Alione n’est
(1) Encore une erreur do date; en 1111,
Valdo était à peine né. Mais peut-être n’estce ici qu’une erreur de lecture ou de plume;
IHl, pour int.
pas Vaudois; mais son langage n’est
pas celui d’un catholique bien obéissant.
li hait l’inquisition. Il veut l’exlirpation de toutes lés .hérésies et ido
iâtries, «savoir, dil-il, de toutes les
doctrines, de tous les cultes et de
toutes les pratiques religieuses contraires à la volonté de Dieu ainsi
qu’elle ' est déclarée par ses saints
prophètes ¡et apôtres et mise par
écrit dans les saints Livres de l’Ancien
et du Nouveau Testament qu’on appel le
vulgairement la Bible ». Après avoii'
raconté trois de ses visions; ravi
d’admiration devant l'œuvre de Dieu,
il s’écrie; «Qui ne le craindra? Qui
ne croira en lui? Qui ne le servira
selon sa volonté et non selon celle
des hommes? Qui ne l’adorera en
c.sprit et en vérité et non pas en images
d’or ou d’argent ou de tel autre métal,
ou bien de bois, de pierre ou de telle
autre substance, façonnées par la
main des hommes ? »
Au reste, le pauvre Alione, quoiqu’il n’ait ceftes pas été dénué d’instruction, comme le montrent son
style assez correct et ses connaissances
politiques, paraît avoir vécu misérablement. A la fin de sa lettre à Crotis,
il demande que le Prince ne le laisse
plus « mendier son pain ni dormir
tantôt dans une étable tantôt dans
une grange, sur du foin ou de la
paille, comme les chiens, sans avoir
ni drap ni couverture, ainsi qu’il a
dû le faire depuis le 11 février écoulé,
se remplissant û’ogni spurcitia i>.
Quel est le contenu des lettres
d’Alione publiées dans la Rivista Cristiana d’octobre? Il prétend que Dieu
lui a donné un message iraporlanl
pour le Duc, au moyen de révélations
et de suggestions du S. Esprit. Ce
message le voici : Dieu a clioi.si et éta-"
bli Charles Emmanuel de ¡Savoie pour
Roi deiritalia bella et lui a donné
tout le beau royaume d’Italie. La puissance de Dieu fera tomber devant lui
tous les obstacles... «pourvu qu’il
commence où je lui dirai et qulil
suive le conseil que Dieu lui donne^
par ma bouche». ^ iflt"
7
.375^
«Dieu ne veut plus, en Italie, qu’un
Roi, il ne veut plus qu’un monarque,
il ne veut plus qu’un chef temporel ».
El pourquoi cela? — «Parce qu’en
étant divisés comme vous Fêtes, vous
êtes comme des navires sans direction,
sans gouvernail et sans pilote, agités
ça et là par des vents contraires. Qui
lire d’un côté; qui tire de l’antre;
qui veut une chose, qui en veut une
autre... Pour votre salut et celui de
vos peuples, Dieu vous a pourvus de
gouvernail et de pilote... Il vous a
tous pourvus d’un Roi... il vous a
tous soumis à un chef temporel, à
Charles Emmanuel de Savoie et. à sa
postérité »... En outre, un Roi unique
seta mieux à même d’alléger les impôts qui font gémir les peuples, de
purger l’Italie des malfaiteurs auxquels
la multiplicité des états fournit des
refuges, et enfin d’adminitslrer une
bonne et prompte justice.
Quant aux nombreux princes qui
se partageaient le pouvoir sur la
nation, voici le conseil que Alione
leur donne: «0 vous tous princes
d’Italie, chefs de FlQrenec,.de Manloùe, de Modène, de Parme eld’Urbino,
cédez sans autre votre pouvoir et vos
forteresses au Roi que Dieu vous a
donné, à Charles Emanuel de Savoie.
Soyez-lui fidèles, autrement Dieu lui
a donné de quoi vous punir et vous
châtier...
((Et toi aus.si, Maison d’Autriche,
contente toi de ton royaume d’E.spagne
et laisse l’Haiie à qui^Dieu la donne...
(Le roi.d’Espagne possédait le duché
de Milan et tout le royaume de Naples
et de Sicile).
« Et toi Venise, qui as une si haute
opinion de loi même, jusqu’à présent
Dieu t’a défendue contre les ennemis;
mais maintenant, dans son éternelle
sagesse et justice, il l’a prise et t’a
donnée, avec tout ton territoire, au
Roi d’Italie... Cédez donc, ô Vénitien.s,
an bon plaisir de Dieu...
«Et toi Gênes lastiperba, fuseras
la seconde grande ville qui doit être
prise; obéiras-tu ou résisteras-tu?.,.
Fa corne tu vuoi, chè mlvar non li
puoi.
«0 Lucques, tu es la plus petite
des républiques italiennes... mais tu
ne seras pas oubliée...
« H ne me reste plus que le Pape
à pourvoir. Nou.s allons le traiter
comme il le mérile.
« 0 Pape, où iras-tu avec ta papauté,
avec ton idolâtrie, avec ta fausse
doctrine, avec ton nez plein de venin?
Quel est celui qui le voudra jamais
dans son royaume, dans son état,
dan.s son territoire ? Personne au
monde. Voilà donc la fin! Voilà ta .
radicale extirpation! Voilà ta totale
extermination! Va-t-en donc dans ton
éternelle perdition et damnation; il
ne le reste aucun autre lieu. C’est la
juste récompense que méritent tes
actions.
« Et loi, ô mon Prince, prends ses
dépouilles. Prends, non seulement
ses Etals, mais toutes les reflies, tous
les revenus et toutes les entrées qu’il iÊk
usurpait pour lui, dans toute Fltalie,
sous le faux nom de son Eglise: lés
évêchés, les abbayes, les prieurés,
les canonicals et tous les biens des
prêtres et des moines. El là de.ssiis
prends de quoi fournir le salaire qu’il
faut pour la nourriture et le vêtement
des Pasteurs et de leurs familles,
lesquel,s sont de l’Eglise de Christ,
et annoncent sa parole. Que les hôj
pitaux le .soient en recoramandath'^
et les jeunes filles pauvres à marie
le reste prends-Ie pour ton usage et
allège d’autant ton peuple; car c’est
pour cela que Dieu t’a donné les dé
Eouillcs de ton adversaire cl l’a établi
oi de la belle Italie. Reconnais donc
la faveur immense qu'il l’a ‘faite et
rends-lui ' grâces et le sers selon sa
volonté et non selon colle des hommes ».
Turin, le dentier d'avril IBÎA.
L’étrange document se termine par
la signature suivante: Ascanio Alipne,
humble serviteur et prophète de Dieu
pour servir son Prince dans l’œuvre
que Dieu lui a confiée.
8
-376.
PENSEES DE LUTHER
La voix, de noire Seigneur JésusChrist s’élève bien aii dessus de toutes
les voix des hommes, quels que soient
les noms qu’ils portent.
Le Pape n'est pas au dessus, mais
au dessous de la Parole de Dieu.
Plût à Dieu que mes interprétations
et celles de tous les docteurs fussent
perdues pourvu que chaque chrétien
gardât devant ses yeux la seule Ecriture et la Parole de Dieu... Lisez,
lisez la Sainte Ecriture, chrétiens
bien-aimés, et regardez mes explications et celles des autres comme l’échafaudage en bois de l’édifice luimême.
Lë véritable et précieux trésor de
l’Eglise (par opposition au trésor des
indulgences) est le St. Evangile de la
gloife et de la grâce de Dieu.
w
pitüquie
MiaUe. —■ A Milan, à Rome, à
urin et dans nos principales villes
rtout, a été fêté, le 20 courant,
jour de naissance de la reine
Marguerite.
Leurs Majestés se disposent à rentrer dans la capitale où les Chambres
doivent s’ouvrir le 26 courant. L’on
reproche de divers côtés au ministère
d’avoir renvoyé à la fin de ¡novembre
la convocation des représentants de
la nation. Quelques-uns veulent y
voir une manœuvre de l’habile tacticien politique qui est à la tête de
l’Administration.,
Acton a donné sa démission de
ministre de la marine et a été nommé
chef de l’escadre de la Méditerranée.
Il a été remplacé au ministère par
le contr’amiral Del Santo.
Le prince impérial d’Allemagne a
reçu à Gènes la réception la plus
cordiale. Son Altesse Impériale est
partie pour Valence lundi dernier,, ft
une heure.
L’on assure que les pertes matérielles causées par le désastre de
Casamiccioia s’élèvent à la somme
considérable de 15 millions.
Les journaux apprécient et commentent très diversement le discours
politique que Crispi vient de prononcer à Palermo.
L’on a reçu de 60 à 70 adhésions
de députés au banquet antiminislériel
de Naples. — Crispi, Nicotera, Cairoli,
Baccarini et Zanardelli et un certain
nombre de députés des provinces septentrionales y prendront part. Nous
ne pouvons encore rien prédire de
certain sur ce nouvel effort de reconstituer l’ancienne Gauche constitutionnelle.
Wranee. — Challemel-Lacour a
donné sa démission de ministre des
affaires étrangères. Ferry lui a succédé, et Fallières a pris la place de
ce dernier au ministère de l’instruction publique. On ne réussit pas
encore à voir clair dans les aifaires
du Tonquin et de la Chine.
JEgiMOM«. —- Ce pays’, ou ' du
moins Madrid sa capitale, fête la
présence du prince inmérial d’Allemagne, chargé par r.Empereur son
père de rendre au roi d’Espagne la visite qu’il en a reçue tout dernièrement.
Paroles ci textes tirés de VEcrilure
Sainte pour chaque, jour de Vannée
Ì8S4. — Pris,0,95', ,1,20 ou 1,70
suivant la reliure.
Journal des frères moraves. — Abonnement pour l’année: fr. -4,35.
S’adresser à M. David Peyrot, à
Còme, (agent pour l’Italie), ou à
M”® Marie Peyrot, Luserne St- Jean,.
On cherche une jeune fille de 16
il 20 ans pour bonne d’enfants et
femme de chambre^ Il faut qu’elle
sache parler- le français et l’italien.
S’adresser le matin de 8 à 10 heures
à l’établissement de Miradolo.
Ermkst [îoBniîT, Géra»tel Administrateur
Pignorol, lmp. Cliiantore et Wascaretli,