1
sixième année.
«Ullld VA.
L’ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMiDAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spiritneis
de la Famille Vaudoise.
Que toutes les choses qui sont véritables.occupent
vos -pensées — ( Philippiens., IV, 8.)
PRIX d’aborneiiciit :
Italie, ^ domicile ('un an) Fr. 3
Suisse..................b
France........................
Allemagne...............>8
Angleterre , Pays-Bas . • 8
C’n ntiinéro séparé : 5 cent.
Un numéro arriéré : 10 cent.
BUnEADX D*AB0NNEMENT
ToRRK-PEf.r.iCR ; Via Maestra,
N.42. (Agenzia bibliografica)
PiGNKRoL : J. Chìantore Impr.
Turin :J.J. Tron, via Lagrange
près le N. 22.
Ff-ORBNCR : Libreria Evangelicci, via de'Panzani.
ANNONi’ES : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
IjOttres et envois franco. S'a*
dresser pnn r l'administration
au liurefiH d l'urr.e-Pelllce,
vi:i Maestra N. 42 — p<»urla
rédaction: A Mr. E. 3/a/«n
Prof, h Torre-Pel Ice
.Soiiimaii'e.
Jean Mollio de Montalcino. — Lo Collège.
— Chronique vaudoise. — Chronique politique.
— i4nnoncef.
JE4N MOLLIO
fConlin. r. N. 30J
Valdez savait reconnaître avec
beaucoup de perspicacité les hommes et les femmes, qui' avaient
des besoins religieux et il les introduisait dans sa bienheureuse société. Mollio, ainsi que ses deux
célèbres compatriotes toscans Bernardino Occhino deSienneetPierre
Martyr de Florence, devint membre de cette noble association.
Ces trois excellents hommes subirent l’influence bienfaisante de
Valdez dans le développement de
la connaissance chrétienne, et sou*
tinrent aussi eux-mêmes d’une manière bénie l’activité du noble
espagnol. Pendant que Valdez, par
sa culture élevée et par sa position,
paraissait essentiellement destiné
par le Seigneur à être le docteur
et lé pasteur de la noblesse et des
petsottne« instruités, le« trois ami«
et aides de cet homme extraordinaire avaient pour mission , par
vocation et par talent, d'annoncer
aux foules les vérités évangéliques
discutées et élaborées dans le sein
de la Société. Ce fut surtout 11
célèbre général des capucins BerNARDiNo OccHiNo , alors le plus célèbre prédicateur d’Italie qui s’acquitlade cette tâchedelamanièrela
plus distinguée. Quand cet homme
à la taille élevée, au visage maigre
et pâle, aux cheveux blancs comme
la neige et la longue barbe qui
descendait jusqu’à la ceinture, montait en chaire pendant le carême
et déroulait dans la belle et harmonieuse langue toscane sa merveilleuse éloquence pour la glorification de la foi en Christ et d’uné
vie vouée à son service, toute la
population de Naples accourait
vers la cathédrale de San Giovanni
Maggiore, de sorte que la vaste
enceinte de cet édifice ne pouvait
contenii' le grand nombre d’auditeurs. Lorsque l’Empereur Charles
Quint en 1536 assista à Naples À
une prédication d’Ôcchino , il s’écria: « En vérité ce moine péttfJ
2
rait toucher les pierres jusqu'aux
larmes». — Pierre Martyr eut le
même succès à S. Pietro ad arara
et J. Mollio à S. Lorenzo, où il
expliquait les épîtres de S’^ Paul.
C’e'tâit un temps de grâce bien
remarquable pour Naples, que celui ou ces hommes évangéliques
déployaient leur activité.
J. B. Falengo dépeint avec enthousiasme ce réveil religieux de
la manière suivante. «Manifestation
vraiment merveilleuse de nos jours!
Des femmes qui ont plus de penchant pour la vanité que pour la
science , se manifestent profondément pénétrées des vérités du salut,
et des hommes dans les conditions
les plus basses, même des soldats
nous montrent une image de la
parfaite vie chrétienne. Siècle digne
l’âge d'or ! Dieu miséricordieux!
Quelle abondante effusion du SaintEsprit! » C'est ainsi que par l’activité de ces hommes évangéliques
se manifestait dans le Napolitain,
• sur ce morceau de-terre tombé
du ciel » un printemps spirituel
qui l’emportait en douceur et en
délices sur le printemps de la nature dans ce paradis terrestre. —
Mais dès que dans ces contrées
Tardent Sirocco commence à souffler, la magnificence des plantes
disparaît, de sorte que la fleur
des champs qui, le matin l’emportait sur Salomon en magnificence , est le soir entièrement
flétrie, image frappante de la fragilité de la vie humaine. Un vejit
destructeur semblable souffla.alors
aussi sur ce printemps spirituel
et occasionna une ruine semblable
à celle du Sirocco pour les fleurs
magnifiques du printemps de la
naturp.
La grande corruption qui régnait
alors dans l’Eglise romaine et qui
avait donné la première occasion
à la réforraation, était reconnue
par les défenseurs les plus , zélés
du papisme. Mais les plus ardents
d’entre ces derniers, au lieu de
rechercher une réformation de Téglise d’après la parole de Dieu ,
prétendaient mettre une borne à
cette corruption, en vivifiant l’ancienne sévérité contrôles hérétiques,
au nombre desquels ils comptaient les évangéliques, et en enjoignant aux ecclésiastiques d’être
plus stricts d.ans l’accomplissement
des devoirs de leur ministère.
Parmi les hommes qui voulaient
une réforme dans les limites de la
doctrine et des institutions de Téglise romaine, occupent les premières places les cardinaux GiampiETRo Caraffa et Gaetano DA
Thiene, les fondateurs de Tordre
des Théatins, qui eut pour but
essentiel de vivifier et de conserver
Téglise romaine et d’opprimer le
réveil évangélique. Le mouvement
religieux de Naples attira tout
d’abord l’attention des deux cardinaux. Gaetano da Thiene se rendit en personne dans cette ville
et prit possession de Téglise de
S* Paul pour réagir de là contre
Valdez et ses amis. Il put bientôt
faire connaître à Caraffa quelles
étaient les hérésies qui étaient publiquement enseignées et défendues.
Les deux prélats fanatiques se sentirent profondément blessés par des
manifestations telles que celles que
Giannone, l’historien de Naples,
décrit de la manière suivante: —
« Cette nouvelle espèce de prédication, en émouvant vivement les
esprits, donne occasion à de fré-
3
-243
quenles disputes sur l’Ecriture
sainte, sur la justification par la
foi ou par les œuvres, sur le purgatoire; et les questions qui étaient
jusqu’alors réservées aux théologiens seuls et qui n'étaient traitées que dans les écoles, l’étaient
maintenant en public et pour tout
le peuple. Elles étaient discutées
publiquementpar deslaïques, même
par des hommes dépourvus de culture scientifique et de connaissances
ihéologiques ». Le cardinal Caraffa,
napolitain lui-même , d’un caractère très violent, s'adressa par
écrit au vice-roi, le rendit attentif
à la présence, dans sa capitale,
des ennemis de l’église, et l’exhorta à les opprimer immédiatement et avec vigueur. Eu même
temps les entretiens des membres
de la bienheureuse société de Valdez, les sermons d’Occhiuo et les
conférences bibliques de Martyr
et de Mollio étaient soigneusement
surveillés et épiés, et toute divergence de la doctrine de l’église
était notée et on en faisait le rapport à Rome. Jusqu’à l’année 1540
les docteurs évangéliques avaient
à la cour papale des protecteurs
et des défenseurs dans les cardinaux CoNTARim, Sadolet, Poole
et Fregoso ; mais depuis cette
année, les choses changèrent de
face, et leur position devint toujours plus diflacile. — Valdez
mourut en 1540 à Naples profondément regretté de ses amis ; —
OccHiNo et Martyr abandonnèrent
cette ville, fatigués des soupçons
et des persécutions, dont ils étaient l’objet et sauvèrent, en se
retirant en Suisse, leur vie et leurs
convictions évangéliques. C’est ainsi
que Mollio se trouva seul à Naples,
d’entre ces docteurs évangéliques
distingués, pour édifier, par la prédication de l’évangile, la congrégration évangélique naguère si
florissante. 11 avait pour protectrices la Comtesse de Trajetto et
Isabelle Manrico qui appartenaient aussi à la bienheureuse société
de Valdez. Cette dernière fut aussi
contrainte de s’enfuir en Suisse
pour sauver sa vie et sa foi.
La position de Mollio devint
particulière.ment difficile, et dangereuse, après que Occhino et Martyr eurent passé ouvertement et
extérieurement à l’église évangélique en Suisse, parceque sa liaison
étroite avec ces hommes était bien
connue. D’un autre côté les défenseurs de l’église romaine augmentaient et se fortifiaient toujours
davantage et la persécution et
l’oppressiou des évangéliques étaient poussées avec une vigueur
toujours plus grande. A côté des
Théatins et en partie d’après le
modèle de cet ordre, Ignace Loyola organisa à Venise la Compagnie de Jésus qui fut reconnue comme un ordre spécial ,
d’une manière conditionnelle en
1540, et sans conditions en 1543.
Sur les demandes pressantes du
Cardinal Caraffa, qui était appuyé
en cela par le Cardinal de Burgos,
Juan Alvarez de Toledo, ainsi que
par Ignace Loyola, le pape résolut
l’établissement de l’inquisition (21
juin 1542) pour opprimerl’hérésie,
c’est-à-dire, la doctrine évangélique.
ERRATA DU N* 30.
Pag. col. ligne Errata: Lisez:
234, 1*, 21, — prouva procura
235 ,2% 38, — Bnrcer Bucer
236, 1*, 25, —Toucler Tauler
4
-844
LË C0LLË6E
.WüJisieur te Rédaclcur,
PermPttPi'.-moi de présenter quelques
observations aux lecteurs de l’Echo des
Vallées, concernant la question fort importante de renseignement des langues
dans les premières classes du Collège.
Faut-il, ou ne faut-il pas, supprimer
renseignement du latin et du grec dans
les deux premières années?
A l’heure où nous sommes, cette question a déjà reçu trois réponses diltérentes.
Les conservateurs ont répondu non,
dans la crainte qu’une pareille réforme
n'aboutisse purement et simplement à
constituer à la base du Collège, une école
primaire au proflt exclusif des localités
les plus voisines.
Le Projet de règlemmt présenté au Synode de 1868 a répondu Oui, pour les
motifs que vous avez rappelés au N. 88
de l’Echo, et surtout pour celui-ci qui est
])lus fort que tous les préjugés et toutes les
craintes ; — il n’est pas raisonnable de
mener de front l’étude de quatre langues
(le latin, le grec, le français et l’italien 1
quand on a devant soi des élèves trè.siiipgalemeot développés, qui ne connaissent encore d’autre parler que celui de
tour nourrice, à savoir le patois ou le
piémontais.
Vous avez vous-même, cher Monsieur,
ouvert un troisième avis qui, s’il vient à
prévalovr, constituera un compromis entre
le oui et le non, un mélange de facultatif
et d’obligatoire, de maximum et minimum,
de prépondérance des langues vivantes
et d’humble sujétion des langues mortes.
Vous appelez votre avis une proposition
conciliatrice', je crains que vous ne vous
fassiez illu.sion. Le moindre tort des compromis c’est de ne satisfaire personne;
leur tort le plus grave c’est,qu’ils compromettent la cause même que l’on veut
défendre, et c’est pour cette raison, j’imagine, qu’on les a nommés des compromis.
Votre avis présente en effet tous les inoonvénients du statu quo, plus la complication du facultatif et de l’obligqtoire ;
il donne un semblant de raison au Projet
de règlement, mais en réalité il en repousse
l’idée fondamentale. D’après le Projet, les
deux premières années doivent former
jusqu’à un certain point un ensemble à
part et indépendant , une école préparatoire où tout l’effort de l’enseignement
porterait sur l’étude de l’italien et du français oomnoe « langues eJassiques« et sur
leur mamement comme Instruments.pramiers du développement iafellectoel. De
fait, c’est ne pas.vouloir du Projet que
d’en changer la [base; et alors qu.e le
Projet écarte absolument des deux premières années les éléments du latin et
du grec, ce n’est certes poiut faire u,a
pas en avant dans le sens de sa mise à
exécution que de maintenir comme facultatif d’abord, comme obligatoire ensuite,
l’étude de la grammaire grecque et latine
dans CO que j’ai appelé l’Ecole préparatoire.
Somme toute, je ne vois aucune différence entre le système mitoyen que vous
avez proposé et l’ancien système suivi jusques à aujourd’hui. L’un et l’autre s’appuient des mêmes arguments et tendent à
la même erreur théorique et pratique.
Vous invoquez, en faveur de votre proposition, une raison d’expérience, à savoir
que les grammaires et surtout celles des
langues anciennes ne s’apprennent bien à
fond que dans l’enfance. Or l’enfance n’est
pas apte à apprendre à fond quoi que ce
soit et, pour ne parler que de nous, je
no crains pas de m’avancer trop en affirmant que, depuis le jour où notre Collège
a été fondé. aucun élève n’a accompli,
dans son enfance, le tour de force, le
miracle dont vous parlez. Bien loin de
là : les rudiments des langues anciennes
ont été, pour presque tous , une pierre
d’achoppement ju.squ’au terme de leurs
études, parce qu’ils avaient été abordés
trop tôt à un âge où l'intelligence et le
corps n’étaient pas assez robustes et où
l’esprit demande à être nourri de faits et
encore de faits plutôt que de formes. Citezmoi, je vous prie, un seul de cos élèves
qui soit parvenu en Philosophie possédant
a fond sa grammaire grecque et latine, et
nous le ferons encadrer. Voilà pour l'argument tiré de l’expérience; dix ans de
Collège, ou seulement huit,, ne font rien
à l’affaire.
On s’imagine gratuitement que l’étude
de.s formes grammaticales est le patrimoine otiligé de l’enfaijce. La renvoyer
plus tard, c’e.st, dit-on, occasionner une
perte de temps. Eh bien ; oelte manière
de voir renferme une grave erreur théorique et pratique. Les formes sont ce qu’il
y a «le plus logique et de plus philos»'
pbique dans le langage; pour en saisir I?
raison et l'enchaînement, il faut un esprit
quel(iue peu exercé, capable de eom'prepiire les rapports des choses, .sosce'
ptible d’établir quelques comparaisons,
de se livrer à de.s rapprochements. Pouves-vous exiger cela d’un enfant? Non,
dire?-vous,, mais l’enfent est, doué d’une
mémoire heureuse ; les formes, une fois
apprises, il les retiendra aisément et pouira
s’en servir plus tard. — (j’eslt4-d*r6 qu’on
oblige reniant à un travail de mémorisation purement machinal; et cette méRtorisatioa hé potivant être appuyé» par
5
-Mb
l’iutelligenco, il faudra la recommencer
à chaque inslanlaii prix d’un labeur ingrat
et d’une perte de temps considérable, jusqu’à ce qu’enfin l’élève ait acquis un développement qui lui permette d’en retirer
quelque fruit. Mais il peut arriver que ce
moment dépasse le terme des etudes lycéales elles-mêmes. Je parle ici par expérieuce; parvenu au bout de mes études
préparatoires, après dix années de latin
et huit ans de grec, j’ai été obligé de
recommencer ab ovo l’élude des formes,
afiu de pouvoir lire couramment les auteurs classiques. Je ne crois pas être une
exception ; et si je consulte ensuite , les
souvenirs de mes huit années de professorat au Collège, ils se résument pour
moi dans cet axiome: « Le meilleur élève
> de Rhétorique c’est celui qui n’a pas
» été poursuivi dès son enfance par le
» rudiment».
Veut-ou une autre preuve de fait que
pour mener à bien l’élude des langues
anciennes il convient de la commencer
plus tard , alors (jue l’esprit est déjà plus
développé et orné de plus de connaissances concrètes ?
Chacun sait que les futurs étudiants de
théologie doivent acquérir la connaissance
des premiers éléments de la langue hébraïque. Ils doivent surmonter les difficultés d’une lecture et d’un système de
nouvelles formes grammaticales auxquelles ils n’avaient encore rien vu de semblable; il faut apprendre à épeler péniblement; il faut mémoriser des conjugaisons , pénétrer une foule de mystères;
— et tout cela dans «n an, à raison d’une
heure par semaine. Et cependant, cela se
fait. Pourquoi"? Pareequ’une intelligence
adulte prèle son concours à ce travail.
Appliquons sans crainte le même raisonnement à l’étude du latin et du grec; faisonsla précéder parcelle des langues vivantes;
faisons^la reposer .sur une connaissance
plus étendue des faits historiques et géographiques; que l’histoire ancienne, l’hi^
stoire grecc|ue, l’histoire romaine lui servent de préparation immédiate; et l’élève
qui aura vu agir les hommes de l’antiquité et se sera intéressé à leurs personnes , possédant par là même la clef
de leqi’s écrits, sera beaucoup mieux disposé à étudier leur langue pour les entendre parler.
L’adoption et la mise à exécution du Projet
de i^lement m’ont paru, et me paraissent
toujours, le meilleur moyen demeure fin
aux difficultés. C’est ee qui m’a engagé,
M' le Rédacteur, à vous adresser ces
quelques lignes tracées é la hfUe, dans
I espoir que vous voudrez bien leur accorder unu place dans le prochain numéro
de Vgel^e.
Votre dévoué A. Ravet.
Nous aurions beaucoup à objecter
à notre correspondant, mais nous
nous contentons des quelques observations qui suivent.
Les théories absolues sont trèsattrayantes pour ceux qui n’ont
pas à les appliquer. Mais quand on
est aux prises avec les réalités, les
choses changent d'aspect. Or les
réalités ici ce ne sont pas seulement
les élèves , mais aussi les maîtres
provisoires qui changent chaque
année dans notre Collège depuis
quelque temps.
D'abord , c'est une appréciation
tout à fait injuste de notre proposition que de prétendre qu’elle ne
modifie en rien d’essentiel ce qui
existe ; en effet non seulement nous
donnons la prépondérance à l’étude
du français et de l’italien dans les
deux premières années du Collège,
ce qui n’avait pas lieu jusqu’à présent; mais nous supprimons entièrement renseignement du latin en
première année , nous réduisons
l’enseignement du latin à 4 heures
et celui de la grammaire grecque
à 3 heures en seconde année , afin
que les élèves qui . en 3'"® année ,
doivent marcher avec ceux de d”"*
puissent au moins lire ces deux
langues et en connaissent en gros
les formes grammaticales.
Notre correspondant cite en faveur de sa thèse l’expérience du
Collège depuis le commencement
de son existence et la sienne propre.
Nous craindrions de le ruiner en
cadres si nous acceptions son défi,
et si nous remontions un peu en
arrière dans notre souvenir. Nous
pourrions lui désigner un grand
nombre de personnes qui ont appris
dans leurs premières années de
Collège les formes grammaticales
6
-246—
des langues anciennes et qui ne les
ont plus oubliées. Si ces cas sont
devenus rares, c’est d’abord parcequ’on a considérablement étendu
le programme des études et surtout
qu’on n’a plus enseigné le programme des langues anciennes ni
tôt ni tard, d’après une méthode
unique, ni d’une manière suivie.
Le mal que nous reconnaissons avec
vous ne vient pas de ce qu’on a
commencé trop tôt cet enseignement, mais il a d’autres causes très
complexes.
Si les formes grammaticales sont
ce qu'il y a de plus logique et de
plus philosophique dans les langues, cela est vrai pour les langues
modernes aussi bien que pour les
langues anciennes; et d’un autre
côté ces formes sont aussi des faits
comme ceux du vocabulaire et c’est
comme tels qu’il faut les étudier,
et c’est comme tels aussi qu’ils
peuvent être du domaine de l’enfance.
Nous pourrions à notre tour citer
un grand nombre d’exemples déjeunes gens qui parvenus à un certain
âge, n’ont plus réussi, ou n’ont
réussi que très médiocrement dans
leurs études grammaticales. Notre
correspondant fait une honorable
exception, et précisément parcequ’il
était plus redevable qu’il ne croit
aux exercices de grammaire de ses
premières années. '
Mais, nous dit-on , on apprend
bien la grammaire hébraïque et ses
mystères, dans un an et avec une
leçon d'une heure par seihaine. Cet
argument serait écrasant, s’il était
sérieux ; mais notre correspondant
qui a assisté avec nous à ces examens des éléments de langue hébraïque , nous dispense, nous l’es
pérons, de démontrer le néant de
son argumentation.
Nous remercions notre correspondant de nous avoir encore mis
sous les yeux les motifs qui ont
engagé la n^ajorité de la Commissien du projet du Réglement, de
proposer la modification qui fait
l’objet de son intéressante lettre;
en examinant de près le troisième
avis que nous avons ouvert, il se
persuadera qu’il ne s’écarte que
fort peu du projet. — Nous n’avons pas eu la pensée de contenter
tout le monde et surtout les adversaires des études classiques et
les hommes de parti pris; mais
nous avons la conviction d’être
dans le vrai, de satisfaire à un.
besoin dans la mesure du possible.
Nous venons en conséquence, prier,
une seconde fois , la Table d’entrer
dans nos vues, et de vous autoriser à publier au plus tôt dans
ce sens, le programme des leçons
du Collège pour l’année scolaire
1871-1872.
CKrontC|ue
Nous nous empressons de réparer un
oubli que nous avons fait, en publiant le
résultat des examens du Collège. Nous
aurions dû faire connaître aussi celui des
examens de l’Ecole de Pomaret, dont les
trois classes correspondent aux trois classes inférieures du Collège. Voici ce qu’on
nous écrit de Pomaret Te 24 juillet dernier ; « Sur 32 elèves qui ont suivi pendant l’année les leçons dans l’Ecole, 27
se sont présentés pour subir les examens.
Les 5 qui ont crû devoir s’abstenir l’ont
fait pour des raisons diverses, et tout à
fait particulières, car la Commission d’examen a pour principe ici de n’exclure
personne.
Ont été promus avec distiiictioa 5
» » aVec pleine satisfaction 4
» i avec satisfaction 6
» » simplement promus 6
Ont un ou deux examens a refaire 4
7
317--
3
Ont échoué, comme on l’avait prévu,
par la moyenne do l’année 2
Ont été introduits, sur 14 qui se sont
présentés 11
Nous remercions, au nom de la Table,
les pasteurs qui ont dirigé les examens,
pour le vif intérêt qu’il ont témoigné à
l’école.
On attend pour la semaine prochaine
les représentants français de la société du
chemin de fer de Pigncrol à la Tour. On
espère dans la première moitié du mois
d’aoftt mettre la main à l’œuvre. Le statut
de la société a été approuvé par le ministère avec quelques moditicalions. On compte que CO (chemin de fer sera achevé
dans trois ans, ju.squ’à .Marseille.
fGazzetla di Pincrolo).
(ÎThrontquc politique.
Versailles. La grande question
politique qui a alimenté les journaux pendant 8 à dix jours, c’est l’interpellation
"ui a eu lieu dans l’Assemblée nationale
e France, le 22 juillet dernier.
M. Thiers a pris la parole après les rapporteurs sur les pétitions des évêques en
faveur du rétablissement du pouvoir temporel. 11 déclare d’abord, qu’il regrette
que cette question ait été soulevée. Cependant, il n’est pas embarrassé pour latraiter, car il n’a pas renié et ne renie
pas les opinions qu’il a toujours professées
dans le passé, soit à l’égard de l’Italie et
de l’Allemagne, dont la première serait
encore, si la cljo.so dépendait de lui, divisée en 7 états rivaux assujétis tantôt é
l’Autriche, tantôt à la France, et dont la
seconde compterait ses 36 états; soit à
l’égard du pouvoir temporel, dont il a
toujours été partisan, comme son adversaire politique le protestant Guizot; car
le pouvoir temporel est non seulement
de droit historique, mais il est le fondement de l’ordre et une condition essentielle de la liberté de conscience en Europe. Nous avions toujonrscru le contraire.
Continuons l’analyse libre mais fidèle du
discours du grand homme d'état. Il désapprouve les doctrines politiques qui ont
pour base le principe de nationalité et
qni ont fait abandonner è la France la
politique de l'équilibre européen inaugurée par Henri IV et développée par Richelieu et Mazarin, en d’autres termes, la
politique qui consiste à avoir pour voisins
de la France des peuples divisés et faibles. C’est le principe des nationalités,
( et la politique do l’Empire qui a voulu
faire prévaloir ce principe) qui a conduit
la France aux désastres récents dont elle
a de la peine à se relever. Est ce que
vraiment la France ne peut être grande
et heureuse que si les autres nations sont
asservies et malheureuses? Nous pensons
que c’est là une grave erreur de l’historien de la Révolution et du Consulat et
de l’Empire. M. Thiers s’est exprimé ;i
cet égard avec une sincérité qui mérite
presque un autre nom. — En vain, continue-t-il, il a cherché à démontrer bien
sonveut, dans les dernières années, que
l’unité italienne était contraire à la grandeur de la France et qu’elle produirait
l’unité de l’Allemagne; il a prêché dans
le désert. Maintenant que l’Italie est devenue une puissance européenne considérable, il demande à ses chers collègues
ce ()u’il y a à faire. Lui déclarer la guerre?
Il le voudrait bien ; on peut l’en croire
sur parole. Mais il ne faut pas y songer.
L’Italie est au mieux avec la Russie qui
ne se soucie pas du pouvoir temporel,
avec l’Angleterre, avec l’Espagne à laquelle elle a donné un roi, avec l’Allemagne, cela va sans dire, et elle est sur un
pied d’intimité incroyable avec l’Autriche
son ancienne ennemie, laquelle est gnuvernée par un homme d’état habile et
éclairé. —Que faire? demande à plusieurs
reprises M. Thiers désolé. L’Italie, est le
benjamin de l’Europe tout entière. « Celle
Italie, ce n’est pas moi qui l’ai faite, ce
n’est pas vous ». « Ce n’est pas par ma
faute, ce n’est pas par la vôtre ». — Considérant le présent et l’avenir, la France,
ne doit pas recourir à une politique qui
la conduise à ce que vous désapprouvez
c’est-à-dire, à la guerre. La France ne
doit pas se mettre dans une voie rpi’il
lui serait impossible de parcourir jusqu’au
bout La politique de la France a pour
but la paix. Voilà les conseils de la prudence. Réorganisons l’armée, dit-il, en
ajoutant aux qualités qui lui sont propres,
la discipline, la science, et cela non pas
en vue de la guerre, mais seulement par
prévoyance, et afin de conserver à la
France sa haute position dans le monde.
Ce serait du re.ste de la mauvaise politique que de vous aliéner une nation voisine, telle que la nation italienne.
Mais la France a des devoirs à remplir
envers le pape. Les relations créées par
le Concordat exigent (pi’il soit indépendant, et ici l’habile diplomate insinue qu’il
pourrait bien ne pas l’être, entouré comme
il l’est de tous côtés par les italieus. .M.
Thiers déclare qu’il n’a pas été aussi téméraire que d’oser donner des conseils
au S* Père, sur son départ de Rome, ou
sur son .séjour dans cette ville, mais que
sans doute la France catholique serait
heureuse de donner un abri au prisonnier
du Vatican, et dans tous les cas, le Gou-
8
-218
Tcrment, sans compromettre les intérêts
politiques, cio la France, fera tout ce
qu’il lui sera possible de faire, pour tutéler et conserver l’indépendance du pape.
Mgr. Dupanloup appuyé les pétitions des
évêcpies dans le sens indiciué par .VI.Thiers;
il déclare aussi no pas vouloir la guerre;
il renchérit sur la nécessilé du pouvoir
teni|ioiel. La France est croyante, c’està-dire catholii]ue, et continuant à parler
du représentant de. Dieu sur la terre , il
prononça cette phrase à etl'et au sujet de
lacjuelle on est en doute si l’on doit l’applic|uer à Dieu lui-mcuue ou au pape : —
« La France attend Dieu et Dieu attend la
France ».
Après ce discours, et d’autres encore,
le cléputo Darlbe propose l’ordre du jour
suivant, auquel ont fait adhésion M. Thiers
lui-mc-me , Mgr. Dupanloup et la grande
majorité de l’Assemblée : La Chambre se
confiant au patriotisme et à la prudence
du Chef du puucoir e.réntlif passe à l'ordre du jour. — Mais lo dé|)ulé (iambetta,
de la gauche y ayant aussi fait adhésion,
au nom de son [carti, la droite, par l’organe du clérical Relier, n’en veut plus,
et à la votation, l’orclre du jour de M’
Barthe est repoussé par 403 vois contre
264. Alors l’Assemblée adopte à une très
forte majorité l’ordre du jour ainsi conçu;
La Chambre se confiant « la prudence et
au patriotisme du Chef du poutoir exécutif,
renvoie les pétitions des ecèqucs en faveur
du pouvoir temporel au ministre des affaires étrangères. — Au premier moment
on a dit: Ce vole c’est la guerre. Car
l’Assemblée en repoussant l’ordre, du jour
Barthe a déclaré (¡u’elle ne voulait rien
savoir de, la prudence, de M’ Thiers et
(jii’ellc désirait îles résolutions bien plus
décisives on faveur du pouvoir temporel
et au dommage de Fltaiio. Mais ensuite,,
on est revenu de cette idée ; cl on a vu
dans le discours de M' Thiers l'oraison
funèbre du pouvoir temporel. Dans tous
les cas, le vote de l’Assemblée est de mauvais augure, pour la République. La droite
s’est montrée compacte, cléricale, royaliste et presque hostile au chef du pouvoir exécutif. A la suite de ce vote, M.
Favre a donné sa démission, comme ministre des affaires étrangères; et si l’on
n’en vient pas à la dissolution de l’Assemblée et à de nouvelles élections, l’on aura
en France une République sans républicains dans le Gouvernement et dans la
Chambre.
Voici comment la Liberté Chrétienne
apprécie cette discussion et surtout le discours de M. Thiers.' « Les adresses des
évêques de France pour le rétablissement
de la papauté temporelle, ont été renvoyées
au ministère des affaires étrangères, après
une discussion très animée. Ce renvoi se
rait alarmant pour la paix, si la paix n’était pas une nécessilé qui s’impose à la
France.
« Le discours prononcé en cette circonstance par M. Thiers est un chef d’œuvre
d’habileté oratoire. Il avait trois écueils à
éviter, trois écueils redoutables pour lui et
sa fortune, la droite catholiiiiie et légitimiste qui se défie de lui, la gauche républicaine qui ne veut point d’une politique
favorable à la papauté lemporalle, enfin
les susceptibilités italiennes, qui peuvent
bien s’alarmer de cette agitation catholique. Il a su les éviter tons les trois. A
la droite il a parlé un langage que n’aurait pas désavoué un fils de croisé, — à
la gauche de l’impossibilité de suivre une
voie qui aboutirait à une guerre avec l’Ilalie., — à ritalic du droit qu'elle a en
d’accomplir son unité nationale et de l’accneil favorable que l’Europe lui a fait.
Mais toutes ces concessions à droite et à
ganclie, an pape et à l’Italie, sont habilement pondérées et corrigées par des
restrictions équivnleiiles. Jamais on ne
porta si loin l’art de parier sans prendre
d’engagement et sans sc compromettre ».
Boito axix; letti-es.
A M. A. R. Florence. — Reçu les Comptes
rendus. — Envoyez s. v. p. une 2(>.ne do
Rapports de l'Evangélisation en français.
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