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sixième année.
N. 15.
14 Avril 1871.
L'ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée anx intérêts matériels et spirituels
de la Famille Vandoise.
Que toutes les choses qui sont véritables....... occupent
vos pensées — ( Phiîippiens., IV. 8.)
PRIX D ABONNEBICNT I
Italie, à domicile (un an) Fr. 3
Suisse.................» 5
France ................* 6
.Allemagne 6
Angleterre , Pays-Bas . • 8
Un numéro séparé : 5 cent.
Vn numéro arriéré : 10 cent.
BUREAUX D ABONNEMENT
Torre-Puu.ice : Via Maestra,
N.42. (Agenzia bibliografica)
PiGNERoi. : J. Chlantore Impr.
Torin;/.7. Tron, via Lagrange
près le N. 22.
Florence : Libreria Evangelica, via de'Panzani.
ANNONCES : 5 cent. la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S’adresser pour l'administration
an iiurean il 7'orre-PcÎHce ,
via Maestra N. 42. — pour la
rédaction ; A Mr. E. Malan
Prof, h Torre-Pellice.
Sommaîr'e.
La question de la liberté des cultes à la
Chambre — Correspondance. — NouveUesreligieuses. — Chronique vaudoise. — Chronique politique.
La Questian
DE U LIBERTÉ DES CILTES
à la Chambre.
Nous avons déjà abordé cette
question daus notre Chronique politique ; nous croyons cependant
d’un certain intérêt de la traiter
plus en détail pour ce qui concerne
notre Eglise en tirant textuellement ce qui la concerne du compterendu officiel de la séance de la
Chambre du 18 mars. Le député
Sulis était d’avis, on s’en souvient,
d’accorder aux autres cultes tout
ce qui venait d’être accordé, par la
loi des garanties papales et de la
liberté de l’Eglise, au culte catholique, et le député Mancini, de son
côté, avait proposé l’art, suivant
comme le 20® de la loi :
L’abolition de.s institutions préventives
et de toute surveillance et ingérence du
Gouvernement dans l’exercice du culte et
de la liberté religionse, aura aussi son effet
en faveur dos autres cultes professé.s dans
l’état.
Le rapporteur de la loi, Bonghi,
demande depouvoir faire une courte
déclaration à ce sujet. 11 la fait dan.s
les termes suivants :
La Commission n’a pas été, et n’est pas
non plus maintenant, contraire à une déclaration en faveur de la liberté des cultes
en Italie, mais elle s’est préoccupée de
savoir de quelle manière, on pouvait et
on devait la faire pour qu’elle parût sérieuse. Et pour cela, il est nécessaire de
bien établir dans quelles conditions sont
ces cultes.
Tous se souviennent du premier article
du Statut. Il établit un culte recoium
comme religion de l’Etat et des cultes
tolérés. Tout le monde sait que cet article
du Statut a été développé par la législation successite dans le sens le plus conforme à la liberté et à l’égalité de cultes,
et une preuve de ce fait c’est que depuis
trois mois que nous discutons celte loi
qui se rapporte au culte catholique, il
n’est parvenue à la Chambre aucune pétition de la part des autres cultes professés en Italie demandant d’être libéré de
de quelque restriction, de quelque chaîne
dont on sent le nœud aux pieds ; ce qui
signifie qu’on ne se sent pas du tout lié.
Voici comment se gouvernent les cultes
tolérés.
2
-114
L’orateur parle d’abord des Israelites et montre qu’ils sont libres
d’appartenir ou de ne pas appartenir
à une de leurs universités Ou corps
moraux qui participentâlanature de
la rioramune, mais que quand ils ont
de'claré d’y appartenir, ils sont obligés de payer une taxe dans la forme
et dans la mesure établie par leurs
Conseils. Les universités juives
ne sont donc pas des associations
religieuses libres. Les décisions des
Conseils des Universités sont rendues exécutoires par un acte du
pouvoir ministeriel ou préfectoral,
comme les rôles des impositions
communales. 11 n’appartient pas au
pouvoir législatif de rien changer
à cet égard sans une étude approfondie et contre la volonté des universités intéressées elles-mêmes.
L’orateur , après avoir dit quelques mots des Grecs schismatiques
de Naples et de Sicile qui ont été
rendus à la liberté, parle des Vaudois et s’exprime de la manière suivante :
Dans quelles conditions se trouvent les
Vaudois? J’ai pris des informations de
divers côtés; et j’ai prié un de nos collègues d’écrire aux Vallées pour savoir si
ou n’y jouit pas d’une liberté parfaite. J’ai
reçu communication des discussions et des
délibérations de leur Synode de 1867 et
j’y ai lu, entr’autres, la délibération suivante , que je vous prie d’entendre, parcequ’elle prouve que nous sommes au
moins bénis par les Vaudois : « Le Synode
» appelle toutes les bénédictions de Dieu
» sur le Roi Victor Emmanuel et son Au» guste Famille, ainsi que sur les Ministres,
» le Parlement {mouvement), et renouvelle
» l’expression de sa reconnaissance pour
* la liberté religieuse maintenue par le
» Gouvernement ». Je ne me suis pas contenté de cela, mais j’ai voulu me procurer des informations précises et actuelles
de la part de qui a ingérence dans l’administration et dans la direction de cette
société vaudoise; et j’ai reçu de la personne la plus autorisée la réponse que
je prie la Chambre de vouloir bien écouter,
afin que toute doute disparaisse dans son
esprit.
Le document cité expose comment le Gouvernement, jusqu’en
1847, se réservait le droit d’autoriser la tenue de nos Synodes et
s’y faisait représenter par un délégué qui était ordinairement l’Intendant de la province. Il fallait,
est-il dit, dans le recours adressé
au Roi pour obtenir l'autorisation
voulue, indiquer exactement les
objects dont le Synode devait s’occuper. Anciennement nos Synodes
ne se réunissaient que tous les cinq
ans ; depuis 1855 nous les avons
rendus annuels ; et cette même année l’Eglise Vaudoise a adopté sa
constitution et s’est librement constituée sans aucune ingérence du
Gouvernement. — Les séances de
l’Assemblée synodales sont publiques et, lorsqu’il s’y discute des
questions particulièrement intéressantes, les auditeurs sont très nombreux. — Enfin, est-il dit encore,
le Gouvernement, pas plus que les
autorités de la province ou des
Communes, n’ont, du reste, aucune
ingérence ni directe , ni indirecte ,
dans la nomination des pasteurs ou
de la Table, ou des autres Commissions administratives. Comme nos
hôpitaux et nos oeuvres de bienfaisance , ou Bourses des pauvres ne
reçoivent aucun subside des caisses
de l’Etat, de fa province ou des
Comunes, ils sont régis par leurs
propres réglements approuvés par
l’autorité compétente, et ne transmettent à la Députation provinciale
que leurs comptes financiers.
3
-115
Les faits étant tels, poursuit l’orateur,
à quoi servirait une disposition de loi,
qui donnerait à l’Europe un motif de
croire que nous ne venons qu’aujourd’hui
donner la liberté aux israëlites et aux
■ vaudois? Cela n’améliorerait en rien leur
condition; au contraire nous ne ferions
que la rendre moins bonne ; car ces deux
croyances religieuses no sont sujettes ni à
Vexequatur ni au placel pour la nomination des ministres de leurs cultes. Et voici
pourquoi ; c'esl que ni les Israëliles ni les
Vaudois n’ont de leur côté aucune ingérence ni aucun influence politique dans
l’Etat, pendant que l’Eglise Catholique en
a eu, et en a encore beaucoup.
L’orateur, pour toutes ces raisons, considère comme inutile et
inopportune la disposition de loi
sur les cultes tolérés.
Je ne dis rien, ajoute-t-il, de la proposition de l’hon. Sulis , par laquelle il voudrait non seulement abolir des restrictions
qui n’existent pas, mais encore introduire
dans notre droit public le principe de la
dotation des cultes acatholiques de la part
de l’Etat, principe qm’ ne serait bien accueilli par personne dans cette Chambre.
L’orateur ne s’opposerait pas
à ce qu’un ordre du jour fiit proposé par lequel la Chambre s’obligerait à faire ex professa une loi
sur la liberté des cultes , et il termine par cette déclaration bien
pénible, si elle est entièrement
vraie :
Il n’y a pas un besoin urgent d’une
telle loi en Italie; ce n’est pas la loi qui
fasse défaut à la liberté des cultes ; mais
ce sont les cultes qui font défaut à la loi;
6t ils ne fout pas défaut parceque l’Etat
les empêche de se produire; c’est bien
plutôt parceque le sentiment religieux
n’est pas en Italie des plus vivants et des
plus prononcés (spiccati)-, c’est un feu
qui est languissant, plutôt qu’une flamme
qui brûle.
Le député Mancini renonce, ensuite des explications et des dé
clarations du rapporteur de la
Commission, à son article. Il rend
justice au Gouvernement italien
et le loue d’avoir toujours plus,
depuis 1848, respecté la liberté des
cultes tolérés dans l’Etat, de sorte
que le témoignage qui lui est rendu
par un des derniers Synodes vaudois se trouve être l’expression
d’une reconnaissance légitime.
Mais, dit-il, je ne veux pas que cette
liberté soit une tolérance, mais un droit,
et je désire aussi qu’au moins un vote de
la Chambre avertisse le Gouvernement
qu’il ne se pourra plus, à l’avenir, considérer comme investi de la faculté d’exercer ou d’établir, à l'égard des cultes,
autres que le culte catholique, cette ingérence préventive ou restrictive qu’il ne
pourra certainement plus exercer, après
la publication de cette loi, à l’égard du
culte catholique lui même. Je me borne
en conséquence à proposer à l’approbation
do la Chambre l’ordre du jour suivant:
« La Chambre, ayant entendu les déclarations de la Commission, et étant assurée
que l’exclusion de toute ingérence du Gouvernement dans l’exercice de tous les
cultes professés dans l’Etat sera maintenue, passe à l’ordre du jour ».
Le ministère et la Commission
ayant adhéré à cette proposition,
la Chambre l’a adopté.
Nous ne pouvons qu’être reconnaissants envers les représentants
de la Nation qui ont à cœur de
tutéler la liberté de culte , et particulièrement à l’hon. Mancini et
à Thon. Bonghi rapporteur de la
Commission.
Nous savons même gré à l’hon.
Sulis de sa bonne intention, mais
nous sommes sûrs de ne pas nous
tromper en déclarant que l’Eglise
vaudoise, qui est une église libre,
réunie en Synode, aurait remercié
la Chambre et le Gouvernement
4
-I1&
de sa dotation projetée de notre
culte, non par orgueuil, et pour
cause d’abondance de richesses,
mais parceque nous préférons la
pauvreté avec l’indépendance et la
liberté à beaucoup d’argent avec
la dépendance qui serait la conséquence nécessaire.
(ÎTorrcepontrance.
Monsieur le Rédacteur,
Praly, le 17 mars 1871.
Dans l’ospoir quo d’autres voudront
aussi exposer leurs opinions sur la libre
nomination des pasteurs et les moyens
de la réaliser, je communique aux lecteurs de VEcho, si vous me le permettez
encore, ce que je pense de nos Réglements organiques relativement à la question soulevée pour en venir aux modifications à y introduire.
Un proiesseur de mathématiques, appliquant un jour les règles d’équation
devant les cla.sses de rhétorique, annonça
ce résuKat inattendu 6 = 8. Par une
série de séries de déductions on pourrait
conclure aussi que le Réglement ad hoc,
annoncé dans l’art. IX de la Constitution,
est le 1' chap. de nos réglements organiques. Les règles de mathématiques et la
logique, ou plus simplement le bon sens,
poussentcesdeux conclusions. Personne ne
le contestera pour la 1“, et je pa.sse à la 2'.
La Commission des réglements, sachant
qu’il est plus difficile de repourvoir une
église de 2‘ classe qu’une de 1', supprima
pour les 4 paroisses dé la montagne la
faculté d’appeler un pasteur de la 1' classe
et lui accorda le choix parmi les pasteurs
ou ministres formant la 2‘ classe (Régi.
Org. Ch. 1. § 15); mais elle avait peu de
confiance, elle-même, dans cette mesure
puisqu’elle supposa que tous les Evangélistes et les autres Ministres compris dans
cette classe pourraient refuser une vocation venant de la montagne, i aussi acco]’da-t-elle à la Table le droit de prendre
à l'Evangélisation le dernier des inscrits
sur la liste pastorale, et l’affecter au service de cette paroisse pov/r aussi longtemps
qu’il ne pourra être pourvu autrement à
cette vacance, sous peine, s'il refuse, d’être
rayé du rôle des Ministres de l’Eglise vaudoise (S 16).
Les Paroisses de montagne renonceraient encore à une portion de cette liberté
qui leur laisse la perspective de recourir
à l’autorité pour se faire céder provisoirement le dernier des Evangélistes, et
les autorise à entraver la liberté du Ministre de l’Evangile qui a le moins d’engagements vis-à-vis de l’Eglise ; et chacune d’elles a lieu de croire qu’on lui
rendrait un meilleur service à lui accorder,
comme par le passé la faculté de découvrir
celui des Evangélistes ou Professeurs qui
est disposé à s’occuper d’elle en commençant par le premier inscrit sur la liste
pastorale, se réservant, lorsqu’elle aura
le refus de chacun d’eux, d’employer le
moyen extrême qu'on lui propose.
Le § 16 peut bien être cité aux étrangers qui nous disent en Synode: «Prenez
garde que vous no nourrissiez l’Italie à
votre détriment » pour leur répondre :
« Nous sommes assurés maintenant d’avoir
toujours nos Paroisses fournies de Pasteurs; » mais si son effet n’est pas annulé
par l’art. XXXI de la Constitution, il établit un triste privilège pour qui doit en
faire usage, et tout privilège contredit
passablement la 1' partie de son art. IX
qui dit expressément: Aucune paroisse n’a
de supériorité sur les autres.
La 2’ partie de cet art. IX n’est guère
mieux respectée. Elle dit que chaque catégorie de paroisses est tenue de se conformer pour cette nomination (des pasteurs ) aux lois qui la concernent : ce qui
veut dire, espérons-le, que chaque Pasoisse a la faculté de nommer son Pasteur, et de donner son vote à celui des
Ministres vaudois qui, en vertu des réglements de l'Eglise, sera appelé à la desservir. C’est ce qui ne peut pas toujours
avoir lieu avec les réglements organiques
comme ils existent. — Ceux-ci prescrivent
que chaque Paroisse choisisse son pasteur dans sa propre classe ( §§ 13 et 15);;
5
-117
mais si une Paroisse de 1* classe ne peut
se pourvoir de pasteur dans sa classe,
elle doit recevoir d'office le 1' en rang de
la 2’ {% 17 b. ) sans pouvoir voter en sa
faveur. On dira que le § 14 affirme le
contraire. Eh bien, non. II faut noter
qu’il n’y est pas question de passage d’une
classe à l’autre. Une Paroisse de 1' classe
ne pouvant décider l’un des Pasteurs des
11 autres Paroisses à répondre à l’appel
qu’elle adresse à chaeuu en particulier,
en vertu de ce §, sera tenue d’adresser
une vocotion à celui des Pasteurs ou Ministres gui aura le plus de service dans
t’F4ilise rnudoise, et, au cas de refus de
celui-ci, elle devra s’adresser successivement
à scs cadets ( en service? ). Il y a des Pasteurs émérites, des Evangélistes et d’autres
Ministres non en fonction ayant de nombreuses années de service ; et je ne saurais donner tort aux gens de Prarustin
qui croient devoir nommer pour leur Pasteur M’ J. Revel ou M' Appia. — On peut
bien sous-entendre quelque chose dans
le § 13, et étendre le sens du § 15, mais
tant (¡u'on n’aura pas déterminé \es classes
de Pasteurs ( Pasteurs ou Ministres ) aussi
nettement qu’on le fait pour les classes
de Paroisses, et qu’on n’aura pas fait
connaître ces Pasteurs ou Ministres ayant
le plus de service dans l’Eglise vaudoise,
on aura raison légalement d’arrêter la
votation ordinaire d’une assemblée dûment constituée lorsque son choix ne porte
pas sur un ministre notoirement désigné
comme appartenant à la classe correspondante à celle de la Paroisse à repouvoir. Dans ce cas la Table sera dans ses
droits lorsqu’elle pourvoira d’office la Paroisse d’un Pasteur, ou le lui imposera,
sans consulter le voeu des paroissiens.
Elle ne le fera probablement pas par ce
que
Melins est abundare quam deficere
même en fait de liberté, aussi longtemps
qu’on no peut pas la confondre avec la
licence. Cependant il est bon de lui en
ôter même la possibilité qu’on ne soupçonnerait jamais dans la Constitution *
faisant disparaître définitivement ces mesures de rigueur adoptées par le Synode
de 1839 sous les yeux d’un Commissaire
royal, dans la crainte de voir passer nos
plus belles Paroisses sous la direction des
prêtres de Rome.
Voici, eu peu de mots, les modifications
à introduire dans les Réglements Organiques pour les mettre en harmonie avec
la Constitution et nos besoins actuels.
r) Rétablir le tour de montagne comme
l’avait décidé le Synode do 1848, pour
les motifs exposés dans l’art. IX do la
Constitution.
2) Offrir à chai|ue Paroisse les moyens
de connaître le Ministre qui devra devenir
son Pasteur, mais aussi demander d’elle
un vote suffisant ( les voix de la majorité
des électeurs inscrits) pour (ju’il (uiisse
être installé dans cette charge , et désigné
Pasteur régulier.
S") Pourvoir aux besoins d’une Paroisse
vacante au moyen do l’évangélisation intérieure sous la direction do la Table.
4") Accorder aux Paroisses qui demandent plus de liberté dans le choix de leurs
Pasteurs la faculté de se prévaloir, pour
autant qu’elles leur sont applicables,
des conditions d’admission de nouvelles
paroisses soumises à l’état du projet à
l’uu de nos Synodes par une Commission
que le Synode piécédant avait chargée
de ce travail, (Synode 1868 page 25).
Votre tout dévoué
I). Gav Pasteur.
Jîouwdlcs rcUguuecs
et Variétés
Florence. — Madame Rosa
Madiai est morte à Florence le
28 mars dernier. Nous n’avons pas
oublié les petites réunions évangéliques qui avaient lieu dans sa
maison sur la place de Santa Maria
Novella dès l’année 1849. L’Evangile était alors persécuté, et il
fallait du courage pour donner
asile à ceux qui le professaient
et pour avoir des assemblées religieuses. Les époux Madiai eurent
6
-lis
ce- courage. C’était au fond alors
le beau temps de l’évangélisation
en Toscane et nous sommes convaincu que plusieurs de ceux qui
commençaient, dans ces années
où les autrichiens foulaient aux
pieds le sol italien, à s’occuper
de l'Evangile, regrettent l’union
et le zèle des jours de la première charité.
Lausanne. — Quatre étudiants
espagnols font leurs études dans
la faculté de Théologie libre, et
six , dans l’Ecole préparatoire.
Rome. — Une lettre de M' Ribetti, publiée dans VEco della
Verità, nous apprend comment la
liberté religieuse est comprise
dans les anciens Etats romains.
Dans le village d’Arzoli le Syndic
expulsa le colporteur Bertetti; le
Questeur de Rome, le Commandeur Berti, invité à rendre justice,
se déchaîna d’une manière inconvenante contre Iq^ vendeurs de
livres et contre les Ministres évangéliques, disant qu’ils n'auraient
pas dû aller à Rome et dans ses
environs, et qu’il ne protégerait
pas la bottega protestante. M’' Ribatti protesta contre cette expression injurieuse. —r Du reste la
question religieuse fait quelques
progrès; le journal la Capitale
publie les abrégés des conférences
du mercredi de M' Ribetti, les
juge à son point de vue, mais
les fait connaître. — L’école enfantine qui ne comptait que 4
enfants il y a trois semaines, en
compte déjà 15, et M™® Gould
qui l’a ouverte a reçu, ces derniers
jours, plusieurs demandes d’admission. Du reste, il y »"aussi
progrès sensible, soit dans le eoa
cours aux réunions du culte, soit
dans la vente des Saintes Ecritures et des traités.
Civilisation Chrétienne. ■
L’Angleterre après avoir collecté
plus de 7,500,000 fr. pour les
blessés, a recueilli et envoyé dans
l’espace de peu de jours près de
3,000,000 de fr. pour venir au
secours de Paris pendant la crise
de la capitulation. A ce don national il faut en ajouter beaucoup
d’autres en argent, en denrées,
en semences provenant d’individus
et d’associations particulières.
Nécessité des Ecoles du
dimanche. — Dans la dernière
réunion générale annuelle des Amis
des écoles du dimanche, qui a
eu lieu à Lausanne, on a.fait
ressortir avec raison que’ le fait
que la religion est toujours plus
bannies des écoles primaires,
donne une plus grande importance aux écoles du dimanche.
D’ailleurs, sous le rapport religieux . l’enfant est négligé" dans
la famille, et, à part quelques
exceptions, l’influence religieuse
sur les enfants est presque nulle.
Il résulte de cet état de choses
que c’est essentiellement dans l’école du dimanche que l’enfant
peut être placé sous une surveillance vraiment chrétienne et bénie.
Chront<|ue
Tu.c*laa.. Nous extrayons du onzième
Rapport SUT l’institution des Artigianelli
valdesi de Turin les données suivantes que
nous icroyons devoir mettore sous les yeux
de nos lecteurs:
L’institution, qui était tm peu trop devenue un asile pour des enfants pauvres.
7
-119
a été ramenée à son vrai but, celui de
ses origines : le développement de Findustrie domestique au sein des Vallées Yaudoises. Par là, noos est-il dit, la maison
des A.rligianelli concourra ;
1. A. conserver à notre population les
sommes considérables que l’exercice de ces
industries, par des gens venus du dehors,
fait passer annuellement dans les mains
des étrangers;
2. A abattre quelque peu cette fièvre
d’émigration qui nous a saisis, et qui,
pour peu qu’elle continue à sévir, aura
bientôt dépeuplé nos vallées;
3. Enfin à opposer une digue à cet en vahissement de plus en plus considérable
de notre sol par une population dont le
contact est tout autre que bienfaisant
pour nous, soit au point de vue de la
foi, soit à celui des mœurs et de la conduite.
Le Comité directeur demande aux amis
de cette œuvre leur concours matériel,
car n’a. pour la soutenir, en dehors des
dons de la charité, que la faible rétribution de élèves de fr. 10 par mois et une
partie du produit de leur travail.
» Mais, est-il dit, le concours dont nous
avons le plus besoin c’est le concours
moral. Adressez-nous des élèves, mais
de bons élèves ; des élèves qui ne risquent
pas d’être pour nous et pour ceux qui
nous les recommandent, une source d’ennui et de tristesse, mais qui soient capables, par leurs qualités physiques et morales, de concourir au but que nous nous
proposons et d’éxercer avec fruit dans les
vallées telle profession manuelle comme
celle de serrurier, de mécanicien, de menuisier , de charron, de ferblanteur, de
tourneur, de cordonnier, de tailleur etc.
Une faveur spéciale est accordée aux
jeunes gens qui auraient du goût et de
l’aptitude pour la profession de maçon,
qui sont reçus dans la maison sans rétribution d’aucune sorte.
On y reçoit aussi comme pensionnaires
et à des prix réduits des' jeunes gens à
leur aise qui voudraient apprendre un
métier. La marche et l’état de l’Institution
pour 1870 se relève des chiflfres qui suivent :
Elèves sortis dans le courant
de l’année 3
Elèves entrés 4
Moyenne dans le courant do
Î’annéo 17
Recettes fr. 5501 69
Dépenses » 5525 40
Déficit » 23 71
Nous recommandons la Maison des Ar
tigianelli à nos lecteurs, et spécialement
à la Société d’utilité publique la Valdese
qui, d’après son statut, se propose aussi
le développement matériel de la population vaudoise.
(ÎÎlxronique polttique.
Italio. Le Parlement a pris ses vacances de Pâque et s’est ajourné jusqu’au 12 courant.
VOssercatore romano, sous le titre de
valoroso confronta, publie un article dans
le but évident do faire regretter aux Romains les temps heureux où les étrangers
affluaient dans la capitale du monde catholique et y apportaient leur or et leur
argent. Il parle de ces illustres voyageurs
attirés à Rome par le zèle catholique et
par l’appareil attrayant des cérémonies
ecclésiastiques du Vatican. «Que voit-on.
dit-il, celte année? Une foule de criminels
ifacinorosi) et de prolétaires alléchés par
le malanimo polüico et par la vulgaire
spéculation ». — Voilà, disons-nous un
appel vulgaire à l’intérêt et à la cupidité.
— Ce ne sont pourtant pas des prolétaires,
(pour les quels les ministres de Celui qui
n avait pas un lieu où reposer la tête ne
devraient pas avoir un aussi souverain
mépris) que le duc de Norfolk, l’Earl
de Denby, le lord Howard, le lord Montagne etc. et tous les autres gentilshommes et milords anglais venus à Rome
précisément dans cette circonstance pour
rendre hommage au pape, à l’imitation
des mages d’Orient, en lui apportant un
million, disent les uns, deux raillions,
disent les autres. Pauvre Pie IX !
Il parait que le pape a renoncé aux
fêtes de la semaine sainte. Qui a empêché de les célébrer? Ce n’est pas le Gouvernement italien. Nous ne les regrettons
pas; mais le but de cette abstention est
bien clair pour tout le monde. Il faut protester contre ceux qui ont aboli le pouvoir temporel, prouver au monde catholique, si cela est possible, que le Pontife
n’est pas libre, et surtout essayer d’exciter
le mécontentement parmi le peuple.
Finance. La OTerre civile est déchaînée dans ce malheureux pays. Le sang
a coulé ô Marseille où le.s insurgés s’é-
8
taient installés dans la préfecture qui a
été bombardée. Un combat qui a duré de
9 h. du matin à 9 h. du soir et qui a fait
environ 500 victimes a donné la victoire
au parti de l’ordre. — A Paris, ou plutôt dans ses environs, il n’est question,
depuis huit jours, que de combats et de
batailles meurtrières entre les gardes nationaux de la Commune et les troupes du
Gouvernement de 'Versailles, à la tete des
quelles se trouve, à ce qu’il paraît, le
général Mac-Mahon. — On se bat des
deux côtés avec acharnement et quoique
les insurgés aient beaucoup souffert, il
est difficile de prévoir qu’elle sera l’issue
de cette lutte fratricide. Les familles aisées ont quitté Paris, les enfants ont été
retirés des écoles, le commerce est nul,
une main hardie est portée sur la propriété.
Allemagne. Le parti clérical qui,
en agitant les provinces du Rhin et de la
Westphalie, les plus catholiques de l’Empire, par de chimériques espérances d’une
restauration papale, a remporté des victoires électorales dans ces provinces, a
voulu tenir la parole donnée aux électeurs, quoiqu’il pût être a.ssuré d’avance
d’être battu. Dans le discours de la Couronne il était question de la non intervention de l’Allemagne dans les affaires
des autres pays et le projet de réponse à
ce discours avait encore aventué ce principe. Les cléricaux , par l’organe du député Windthorst et de l’évêque de Mayence
Retteler, voulaient que le Parlement rappelât à l’Empereur sa promesse de protéger les intérêts et la liberté de l’Eglise
catholique et l’engageât à intervenir en
faveur du pape en Italie. Mais, après un
éloquent discours du député Rennigsen,
qui montra que ces Messieurs faisaient
un anachronisme et que l’empire allemand du 19® siècle n’était plus celui du
moyen-âge, le projet d’adresse du parti
national fut accepté par 243 votes contre
63 et l’amendement des cléricaux fut
rejeté.
Municli. L’Archevêque de Munich a
défendu aux étudiants en Théologie d’assister aux cours du professeur Ddllinger,
à cause de son refus de se soumettre au
Concile du Vatican. Mais le très grand
nombre de professeurs catholiques et de
docteurs de l’üniversité, soit 44 sur 62 ,
ont transmis l’adresse suivante à leur
collègue. Parmi les professeurs non signataires , plusieurs se sont abstenus,
comme on le sait de bonne source, uniquement par des scrupules de forme.
L’adresse est ainsi conçu : « Il y a huit
mois que, d’accord avec les autres universités d’Allemagne, nous nous sommes
élevés contre les décrets (Rie le pape,
-120---------------------------:____________
arec la majorité du Concile du Vatican, a
voulu imposer le 18 juillet à la chrétienté
catholique. Dès lors l’œuvre de violence
commencée à Rome s’est poursuivie, et
pendant le temps oîi la nation allemande
s’est acciuis sur les champs de bataille le
poste d’honneur parmi les peuples de
runivers, les évêques allemands se sont
soumis pour la plupart, en .se mettant au
service d’une tyrannie antichrétienne, à
la tâche déshonorante d’opprimer les consciences, de jeter une foule d’âmes pieuses
et respectables dans le trouble et l’angoisse , de persécuter les confesseurs fidèles de l’ancienne foi, et, autant qu’il
était en eux , de nous jeter tous tant que
nous sommes, dans les chaînes d’un absolutisme qui prétend s’ériger lui-même
à la place de la raison et de la justice,
de la tradition et de l’Evangile.
» Oh cette entreprise doit-elle aboutir?
Qu’adviendra-t-il du monde catholique?
Qu’adviendra-t-il de notre patrie, si dans
le sein de l’Eglise catholique il n’est plus
permis d’unir la science et la culture intellectuelle , la sincérité du cœur et l’indépendance de la pensée avec les sentiments religieux? Dans ces temps de péril
où tous les appuis extérieurs se brisent,
ils appartient aux Universités de se maintenir comme la dernière, et avec la volonté de Dieu, comme l'imprenable forteresse de la vérité maltraitée.
Aussi est-ce sur vous, très honoré
Monsieur, que les regards de la nation
se sont dirigés. Vous avez répondu à son
attente et votre déclaration du 28 mars a
donné au monde catholique le gage d’un
salutaire développement. Vous avez sauvegardé le droit de la libre recherche
scientifique et inscrit, dans les annales
de l’Université de Munich, une page d’un
haut prix historique.
» Placé, entre une soumission qui vous
était demandée comme un acte d’humilité,
sans tenir compte ni de la vérité ni de
la justice et ne l’accomplissement d’un
devoir difficile mais impérieux, vous avez
courageusement choisi la bonne route.
» Demeurez ferme dans la lutte, étant
couvert du solide et brillant boucher de
la science, et puisse-t-il devenir comme
une tête de Méduse pour tout ce qui peut
nuire au christianisme.
» Dans cette crise de l’Eglise chrétienne
nous répétons la question du courageux
Gralry: « Dieu avâit-il besoin de votre
mensonge ?» Et nous répondons comme
vous avec des milliers d’âmes sincères
par un net et décisif: non ».
E. Malah Directeur-Gérant.
Pignerol, Impr. Chiaùtoro.