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16 Janvier 1885
♦ N. 3.
Un oa piusisiirs numéros b6p«rés, domanclés avant la tiiapo 10 cent, chacun.
Annoncea: 25<centiin0Bpac ligne.
1*63 cniîots d'àygeni ae font par
reconinifiiîîiicc par
«laniiitis sur le Bureau de J>ei-ûsii Argentina.
Pour la RÉDACTION s'adceaaer
ainsi; A la Direction du Témoin,
Pomaretto (PinerOlo) Italie. Pour l’ADMINISTRATlON adresser ainsi: A l’Adininistra^iOñ du
Témoin, Pomatetto tPineroio}
Italie.
LE TEMOIN
ËCHO DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Vous me sereî idijoins. Aoïbs 1, S.
Suivant la vérité avec la charité. Eph. iv, 15
I i Sominali’e.
■tfi Janvier. — Le Professeur Jean Revel.
--- Notre force. -■ Correspondance. — Nouvelles religieuses- — Revue polilique. — Annonces.
* 10 Janvier
Pourquoi vous tenez-vous ici tout
le jour sans rien faire? C’est
parCeque personne ne nous a
loués. Math, xx, 6-7.
Il ne peut, y avoir aucun cloute
sur le sens général de la parabole.
Le maître de la vigne c’est le
maître du monde; le travail-à sa
vigne c’e*st le travail à son service
et pour sa gloire, travail qui sera
richement rémunéré. Sachant trèsbien qu’on arrive quelquefois à
l'absurde en voulant étendre l’application de telle parabole non
' seulement à chacune de ses parties mais à chacune des paroles
qui la composent, nous pensons
que le salaire convenu, tm denier
par jour, indique la première alliance, celle de la loi et œuvres : « fais ces choses, et tu vivras
par elles». Le mécontentement de
ces premiers ouvriers, rappelle
bien celui du frère-aîné de l’enfant prodigue. Les derniers, appelés ont confiance dans le maître
de la vigne et se contentent de
cette promesse; je te donnerai
ce qui sera raisonnable. Ils ne
marchandent pas^ trop heureux
de pouvoir encore à une heure
avancée être acceptés comme ouvriers. C’est l’alliance de la grâce.
— Mais ce n’est pas une exposition de la magnifique parabole
que nous nous sommes proposé
de donner ici; elle n’a nul besoin
d’être expliquée; nos lecteurs ordinaires l’ont depuis longtemps
comprise. Mais il y a une vérité
que cette parabole énonce, sans
s’arrêter à la prouver, de laquelle
on ne saurait jamais .être Trop
convaincu; comme ü y a‘une illusion à laquelle semble convier la
similitude et contre laquelle il
2
importe extrêmement que nous
soyons mis en garde.
La^vérité S. laquélle un lecteur
superficiel de la Bible ne s’arrête
pas , est celle-ci : Aussi longtemps
qu’un homme n’est pas entré au*
service de Dieu, il demeure sans
rien faire. En vain fera-t-iî, beau-*
coup parler de lui, de son talent,
de sa science, de son courage,
de ses richesses, même de sa libéralité, s’il recherche sa propre
satisfaction ou la gloire du monde,
sans songer à Dieu, son Créateur
et son Maître, il demeure) sans
rian faire, c’est-à-dire, sans rien
faire de ce que le Maître comptera et récompensera généreusement. L’Ecriture appelle ces hommes des ouvriers d’iniquité.
Nousne voudrions pas calomnier
nos semblables, nos compatriotes
et nos coreligionnaires , mais nous
nous demandons avec tristesse
combien il y en a parmi eux qui,
ayant entendu l’appel du Seigneur
l’invitation à travailler à sa vigne,
sont entrés joyeusement à son service et peuvent; se rendre le témoignage de travailler pour lui,
pour lui plaire et l’honorer! La
charité croit tout et espère tout,
mais elle ne rend pas aveugle,
et si elle adresse au trône des miséricordes ses supplications en faveur de ceux qui sont encore asservis à la vanité et à leur égoïsme,
elle sait trop bien que'l'arbre se
reconnaît à son fruit, et que lorsqi^’un homme e*st réellement entré
au ijprvice du Seigneur, il y a en
lui quelque chose de nouveau et
qu’au moins quelques-unes des
chosçs vieilies sont passées.
Parmi ceux qui savent à n’en
pouvoir douter que le maître de
la vigne les a appelés, mais qui
savent tout aussi sûrement qu’ils
ont été sourds à son appel, il y
en a un très-grand nombre qui se
proposent de s’y rendre plus tard,
au moins à la 11" heure, par où
ils entendent les dernières années,
ou la toute dernière de la vie ou
de la journée qui aura duré ses
douze heures bien pleines. Le ■
Maître, pensent-ils, en se rappelant notre parabole, sortira une
première, une seconde, une troisième fois, car il* §,st bon et généreux, tellement généreux qu’il
donnera aux derniers venus un
salaire égal à celui qu’il a promis
aux premiers. Il n’y a donc rien
qui presse. — Illusion funeste !
Nous ne dirons pas à ces hommes qùe leur journée ne se composera peut-être pas de douze
heures, non pas même de dix,^ .
ils le save-nt de reste, mais non
pas pour leur propre compte.
D’autres pourront bien être enlevés
au milieu de leur course; eux
l’achèveront en paix,, conservant
jusqu’à la dernière heure leur
lucidité d’esprit et leur force de
volonté pour saisir aussitôt qu'ils
le jugeront à propos, les paroles
de la vie éternelle !
Ce que nous leur dirons c’est
ceci : Avez vous fait attention à
la réponse des derniers appelés?
S’ils sont restés tout le jour sans
rien faire c’est parceque personne
ne les a loués. Et lorsque- le Sei- '
gneur vous demandera pourquoi *
vous n’avez rien fait pour lui,
pourrez-’^ous répondre aussi : C'est
3
parceque jamais tu ne nous af, invités à entrer à ton service et que
nul ne nous y a invités en ton
nom ?
Des cinq mille auditeurs qui
s’assemblent chaque dimanche
dans les temples des Vallées , —
sans parler de trois raille enfants
des écoles du dimanche, — nous
ne pensons pas qu’il y en ait un
seul qui n’aît pas entendu expliquer clairement les conditions du
salut des pécheurs, et qui n’aît
pas été plus d'une fois invité k
la repentance et à la foi en JésusChrist. Même en tenant compte
de la trop grande ignorance de
plusieurs et de l’intelligence bornée de quelques'-uns, nous osons
affirmer que quiconque l’a voulu
et en a senti quelque besoin, a
pu comprendre ces choses que
Dieu a révélées aux petits enfants.
Voilà pourquoi nous éprouvons
à leur sujet une douloureuse inquiétude et que nous voudrions
pouvoir, au moins chaque dimanche, faire retentir à l’oreille de
chacun d'eux, non pas notre parole mais celle de Dieu même:
aujourd’hui,,si vous entendez sa
voix n’endurcissez pas votre cœur.
Ce n’est' pas pour le lendemain,
que le Maître de la vigne engage
des ouvriers, c'est pour le jour
même. Dieu ne nous commande
rien pour demain , tout pour aujourd’hui. Lorsque demain sera
devenu aujourd’hui, il aura aussi
sa tâche à accomplir, mais uniquement pour ceux qui auront
m|core vu luire ce jour. Pour
d’autres sera déjà venue la nuit
en laquelle nul ne peut travailler.
LE PROF. JEAN REVEL »
Vendredi dernier un nombreux convoi funèbre, â la tête duquel se trouvaient une quinzaine de pasteurs et de
professeurs, accompagnait au champ
du repos la dépouille mortelle de
notre vénéré doyen M. Jean Revel
ancien professeur du Collège, décédé
le jour précédent à Torre-Pellice.
Affaibli depuis longtemps par les
infirmités de la vieillesse, notre regretté frère a succombé, après deux
semaines de souffrances assez vives,
dans la 81"’® année de son âge, conservant jusqu’à la fin le libre usage
de ses facultés et faisant toujours le
meilleur accueil aux amis chrétiens
3ni venaient lui apporter une parole
e consolation et unir leurs prières
aux siennes.
MM. les professeurs Tron et Malan
ont présidé le service à la maison.
Dans une touchante allocution M.
Tron a caractérisé la vie du professeur Revel par ces trois mots: douéeur, humilité et patience, telles que
l’Evangile seul peut les produire. A
son tour M. Malan en a esquissé brièvement l’activité professorale et a
clos ce service par la prière. Sur le
cimetière le service a dû être extraordinairement abrégé à cause de la
neige qui s’jf trouvait en abondance.
Celui qui écrit ces lignes s’est borné
à une courte lecture et a appelé l’atlenlipn sur Actes xx, 24-, où la confiance, le renoncement et la fidélité
à l’Evangile de la grâce ^exprimés
dans ces paroles étaient d’une application si directe au serviteur dévoue
que le Maître venait de retirer à Lui.
Né à St. Jean en 1804, Jean Revel
acheva de bonne heure les classes de
l’école latine et partit à l’âge de 14
ans pour Lausanne où il étudia pendant une dixaine d’années, à l’Académie, qui le consacra au St. MiniStère le 2 août 4829.
R rentra alors aux Vallées et fut
appelé à desservir la paroisse de
Massel dès le 1” octobre do la même
4
J20
année. Il signala ses débuts par une
prédication franchement évangélicjue,
— chose raré, môme aux Vallees,
en ce temps-là, — et donna le plus
grand soin à sa tâche pastorale. Nous
avons encore recueilli de la bouche
de quelques membres du Consistoire
qu’il présidait le témoignage rendu à
sa pieté et le regret de la paroisse
lorsque, moins d'un an et demi après
son installation (mars 4831) M. Jean
Revel eut » l’honneur d’être appelé
par l’Administration de l’Eglise à
prendre la direction de VEcole Latine
supérieure (classes de belles-lettres)
qui venait d’être fondée à La Tour,
grâce à notre bienfaiteur le rev. docteur Giily.
Malheureusement, trois jours après
son ouverture, par ordre du Ministère de l’Intérieur, l’école supérieure
fut fermée et son recteur resta sans
place vu qu’on lui avait déjà donné
un successeur à Massel. C’est alors
qu’il fut appelé à desservir provisoirement l’église de Rodoret. Toutefois,
dés le 30 août 4831, la Table, ayant
obtenu la révocation du décret ministériel dirigé contre l’écoie supérieure, rétablit M. Revel dans ses
fonctions qu’il l’eprit dès le 4'' novembre suivant. Dans son dernier
décret le Gouvernement reconnaissait
aux Vaudois « la faculté de fonder à
La Tour un établissement d’instruction publique en faveur de leurs jeunes gens, sous condition que l’enseignement ne s’étendra pas au delà des
humanités; que le nombre des élèves
de la classe .supérieure n’excéderait
pas celui de 42 ou 45 au plus; qu’on
ne pourrait s’y servir de livres que
sous la révision de M. l’Intendant
et que la nomination des instituteurs
serait également soumise à son approbation ï.
L’école fut installée dans la maison
dite des Vallées, au centre même de
La Tour, et c’est là aussi que le professeur Revel s’établit plus tard avec
sa famille.
Depuis lors l’enseignement de M.
Revel a duré sans interruption pendant plus de quarante ans. Six ans
plus tard (4837) les sept classes de
l’éeq^e latine et de l’école supérieure
furent installées dans le magnifique
bâtiment que la générosité du docteur Giliy et du colonel Beckwilh,
aidés par les communes et les églises
des Vallées, avait érigé au couchant
du bourgade La Tour. M. Revel trouva
un logement tout préparé pour lui
et sa famille au premier etage du
collège.
Ce n’est que vers la moitié de ce
siècle que, grâces à de nouveaux
dons, l’école latine et l’école supérieure furent complétées par l’adjonction des classes de philosophie'et le,
nombre des professeurs considérablement augmenté. A celte époque le
professeur Revel fut particulièrement
chargé de l’enseignement du latin et
de l’histoire, tâche dont il s’acquitta
avec une réelle compétence et une
débonnaireté qui lui mérita , de la
part de ses nombreux élèves le nom
de bon papa.
En 4852 le Gouvernement délivra
im diplôme régulier à M. Jean Revel
pour professer les humanités au Collège Vandois. Un travail ininterrompu
de quarante années, sans parler des
nombreuses épreuves par lesquelles
il dut passer, obligea notre frère à
résigner-ses fonctions en 4870. Sa
démission ne l’empêcha pas de continuer encore, pendant quelques années, à donner des leçons et présider
nombre de services religieux. Jusqu’à
ces tout dernières années il n’a cessé
de faire régulièrement les cultes pour
les malades de l’hoffitai auquel il
s’était toujours vivement intéressé.
Nous ne voulons pas passer sous
silence que M. Revel a été Tun des
initiateurs des écoles du dimanche au
milieu de nous et l’un des premiers
à éveiller l’intérêt pour l’œuvre des
missions au sein de nos Vallées. Professant la saine doctrine et animé
d’une piété vivante, notre vénéré
frère n’a jamais reculé devant le devoir de rendre fidèlement son témoignage à la vérité; lui sj doux, ,si
¡débonnaire n’a pas craint à certajps
moments de se séparer même de ses
larents pour ne pas compromettre
es intérêts sacrés de l’Evangile de
F<
5
^-.21
la grâce. Aussi a-t-il toujours tenu à
honneur dans les actes officiels, de
faire suivre son nom de celui de ministre de l’Evangile. H l’élait en effet;
et nous demandons au Seigneur que
notre Collège et notre Eglise puissent
toujours êU’e servis par des hommes
animés de l’esprit de foi ci de dévouement qui a remffii le cœur et
la vie du professeur KeveU
Tor^'ê-Pellice, le 15 janvier iSss.
J, P. Pons.
Notre force
Hors dé moi vous ne pouvez rien faire.
Jean xv. 6.
Je suis tout par Christ qui me fortifie.
Phil. IV, IS.
Quel remarquable contraste entre
ces deux versets; Hors de Christ rien,
par Christ tout!
Lecteur, si tu marches avec un
cœur inquiet à la rencontre des événements que peut amener avec soi
la nouvelle année, si tu te demandes
avec anxiété; comment accompliraije fidèlement la tâche que le Seigneur
m’a donnée, comment po^irrai-je vaincre mes nombreux défauts? reportetoi un moment, par la pensée sur
le chemin de Gethsémané, et écoute
la réponse que le maître donnera à
tes demandes.
Il est nuit, un petit groupe de
personnes descend la pente couverte
de vignes qui, aboutit au Cédron ;
c’est Jésus et ses disciples. Ceux-ci
sont tristes et abattus. Ah, c’est que
leur maître bien-aimé leur a parlé
de mort et de séparation ; « Je ne
vous parlerai plus guère,... je m’en
vais à mon père,... ». H leur a même
annoncé que, cette nuit, lui , le bon
berger, serait frappé, et qu’eux, ses
brebis, seraient dispersés.
Aussi que de points d’interrogation
se dressent menaçants dans leurs pensées à ce moment! ;
Jésus les avait appelés à lui afin
qu’ils fussent ses témoins, ses apôtres, il leur avait donné une oeuvre
bien grande à accomplir, et maintenant ce même sauveur qui les a appelés leur parle de séparation, ue
mort? Que pouvoient faire, sans lui,
ces pauvres pécheurs Galiléeris méprises et hais par leurs conpitoyens?
Où trouver le courage de confesser
leur maître devant ses bourreaux?
Auraient-ils la force de demeurer fidèles au milieu des persécutions?
Si Jésus avait seulement été un
homme, il les aurait exhqi’tés à ne
pas laisser envahir leurs cœurs par
de si tristes pensées, à avoir confiance en eux-mêmes. — « Courage !
leur aurait-t-il dit, n’étes-vous pas
des hommes vaillants? Montrez ce
que vous savez faire?
Mais comme le divin maître parle
autrement! — « Hors de moi, vous
ne pouvez rien faire ». —Comme le
sarment ne saurait de lui-même porter
du fruit, s’il ne demeure attaché au
cep, vous n’en pouvez porter aussi,
si vous ne demeurez en moi.
A l’ouïe de ces paroles, toute présomption devait être écrasée, et si
elle ne le fut pas alors, la défaite
honteuse qu’ils subirent avant que
l’aufire du jour eût paru, leur montra
que par eux-mêmes il leur était impossible de demeurer fidèles à leur
maître, et de faire quoi que ce soit
pour lui.
Mais ils doivent passer par celte
humiliation pour apprendre à se méfier d’eux-mêmes et à chercher leur
force dans le puissant Sauveur qu’ils
retrouveront ressuscité, et qui demeurera toujours avec eux par son esprit.
Chréliei) ! As-tu entendu les paroles
du maître? Pour pouvoir accomplir
la tâche que le Seigneur t’a tracée
pour cette année, jd faut d’abord que
tu reconnaisses que tu ne peux rien
faire par toi-même. « Lorsque je suis
faible, dit Paul, c’est alors que je
suis fort».
Oui, /bri de la force du ToutPuissant par laquelle il peut faire les
œuvres que Christ a faites et mênae
de plus grandes, jusqu’à pouvoir dire:
« Je'puis tout par Christ qui me fortifie ».
6
"22^
Celui qui écrivait ces dernières
paroles n’était ni un puissant monarque de ce monde, ni un riche
d’ici-bas, ni un homme fort et plein
de santé. Non, c’était un vieillard
infirme et prisonnier sur le front
duquel les souffrances avaient sans
doute tracé plus d’une ride. L’apôtre
Paul les écrivit dans la prison, peu
avant de sceller sa foi par son martyre.
Mais, dans ses chaînes, Paul est
vainqueur de Satan et du monde. Il
parle, il écrit, et sa paVole traverse
les siècles et appelle des milliers,
d’âmes à la foi.
Bien des siècles plus tard, un autre
prisonnier, Napoléon, réduit à l’impuissance dans l’îte de Sainte Hélène,
disait un jour, à un de ses amis, le
comte de Montholon;
« Alexandre, César, Charlemagne
et'moi nous avons fondé de grands
empires; mais sur quoi avons-nous
appuyé les créations de notre génie ?
Sur la violence. Jésus seul a fondé
son régne sur l’amour et aujourdui
encore des millions d’hommes mourraient pour lui. Ce . n’est pas une
journée, ni une bataille qui ont.procuré la victoire à la religion chrétienne. Non, c’est une guerre, une
guerre de trois siècles commencée
par les apôtres, continuée par leurs
successeurs et par la rauilitude de
chrétiens qui descendirent d’eux.
Dans cette guerre, tous les rois de
la terre sont d’un côté; de l’autre,
je ne trouve aucune armée, mais la
torce mystérieuse de quelques hommes, épars ça et là sur la terre, etqui n’onl point d’autre signe de ralliement que la foi commune au mystère de la croix ».
Lecteur ! Cette parole remarquable
ne doit-elle pas te porter à la rechercher, pour loi, cette force mystérieuse qui est plus puissante que
les armées de tous les rois du monde?
Tu la trouveras en Christ. En lui
tu pourras venir à bout do toutes tes
difficultés, tu pourras vaincre les défauts que tu déplores. Dans sa communion journalière tu trouveras la force
d’accomplir ta lâche même au milieu
des larmes, tu seras fidèle jusqu’à
la mort.
Méfie-toi toujours de loi, jamais
de Lui. ' D. A.
Correepottbance
Le 12 janvier 1885.
Monsieur le rédacteur,
Le Témoin se plaint souvent et
avec raison de ce qu’on ne lui envoie
pas des nouvelles des paroisses ; c’est
que, répondent plusieurs, nous n’avons rien de bien particulier à dire.
Peut-être avéc un peu plus d’attention
trouverions nous quelques faits à
relever qui pourraient intéresser vos
lecteurs.
Je vais essayer, pour ce qui me
concerne, de vous dire ce qui s’est
passé ces derniers temps à Saint-Jean,
et que je crois propre à réjouir les
amis du règne de Dieu.
Nous avons eu cette année encore
les réunions de prières de concert
avec l’Eglise Libre, ces réunions en
commun ont répondu à un besoin
réel d’union entre les deux Eglises.
Aussi ont-elles été nombreuses, pendant huit soirées consécutives, dans .
nos écoles (fe quartier, dans la chapelle de l’Eglise Libre et dans la
GrandeEcoledes centaines d’auditeurs
les ont suivies avec inlérêt. Nous
devons rendre grâce à Dieu de ce
que nous avons toujaurs eu pour
prendre la parole et pour prier plus
de personnes que nous n’avions de
temps jîonr les entendre. Ces réunions
ont été si bénies que nous avons
décidé hier au soir de les continuer
chaque dimanche, akernalivement à
la Gnapelle et dans la Grande Ecole.
Ainsi, pendant que les deux comités
de l’Eglise Libre et de l’Eglise Vaudoise travaillent à l’Union, nous
cherchons à rendre leur tâche plus
facile en pratiquant, l’Union, aans
ce qu’elle a de plus réel, la prière
et l’étude de la parole de Dieu en
commun.
A cette bonne nouvelle permettez
moi d’en ajouter une seconde, la
7
^A'’V^A^Vw^AF^nnJ^y A/V'/'AAA'
23,
formation d’une société dans le but
de travailler à l’instruction et à l’édification de ses membres, sous le
nom d’Union Chrétienne'. Cette Société
cornf)te une 60® de membres, qui se
réunissent une fois par semaine sous
la présidence de notre institiUetir
M. Cougn qui a pris l’initiative de
cette bonne œuvre. — Il vous sera,
peut-être, aussi agréable de savoir
ce que nous faisons à Saint-Jean pour
la collecte en faveur du fonds des
régents. Le Comité a parcouru la
paroisse pendant la première moitié
du mois de décembre; il a trouvé
à peu prés partout un accueil favorable , nous avons environ 200
souscripteurs inscrits, seulement les
souscriptions ont été petites en général. Avec la souscription des quelques personnes qui ne sont pas encore
inscrites dans notre liste, nous espérons atteindre la somme assignée à
notre paroisse.
J’ai gardé la meilleure nouvelle
pour la fin de ma lettre. Depuis
longtemps nous étiofls préoccupés à
St. Jean de l’état misérable où sont
souvent réduits les pauvres vieillards.
Nos hôpitaux refusent de les recevoir
et ainsi souvent ils sont sans soins
et sans abri. Que les Consistoires y
pensent, dit-on, c’est ce qui s’est
fait jusqu’ici, mais d’une manière
insuffisante, car les Consistoires ne
peuvent pas employer des sommes
souvent assez fortes pour faire soigner
un vieillard pendant des mois et même
des années. 11 ^fallait donc avoir
quelque chose de spécial pour cet
objet. Dieu vient de mettre au cœur
de deux chers Saingiannins de donner
chacun une petite somme au Consistoire dont les revenus doivent servir
à faire soigner nos personnes âgées,
pauvres, en attendant que d’autres
sommes viennent s’ajouter à celles-là
pour nous permettre d’ouvrir un petit
refuge. Il n’est pas nécessaire que
nous fassions un appel spécial pour
recommander une telle œuvre, tout
Je monde en sent l’importance, et
nous sommés assurés que Dieu mettra
au coeur de ceux aux quels il a confié
ses biens d’en consacrer une partie
au soulagement des pauv<;es vieillards.
Recevez, M. le rédacteur, les salutations fraternelles de votre tout
dévoué frère en Christ
A. Gay, Fasteur.
Paroles de Wicleif
L’Angleterre religieuse a célébré
dernièrement le cinq-centième anniversaire de la mort de Wicleff, le
précurseur de la Réforme dans le
Royaume-Uni. La vie de cet homme
remarquable ne présente rien, extérieurement, de bien tragique. Sa carrière s’est partagée entre les travaux
du professorat à l’Université d’Oxford
et ceux du pastorat de Lutterworth
où il mourut le 31 décembre 1384.
Une seule fois il fut appelé à faire
partie de la conférence de Bruges
entre les délégués de la couronne
d’Angleterre et ceux du pape.
Ce n’est pas à dire que sa carrière
ait été paisible. Wicleif avait sondé
les plaies de son époque; il s’est
mêlé aux luttes ecclésiastiques et religieuses qui agitaient sa patrie et la
chrétienté en général ; souvent même
il s’est trouvé au premier rang pour
combattre les usurpations du clergé,
ce qui lui a attiré les colères et les
excommunications des évêques et du
pape. 11^ a beaucoup écrit et travaillé
pour répandre la connaissance de
l’Evangile chez ses compatriotes.
Nous transcrivons, pour les lecteurs
du Témoin, quelques paroles sorties
de la plume du docteur évangélique
d’Oxford et empruntées à une conférence d’un ami bien connu de noire
église le Rev. Worsfold.
Sur les moines. — Dans une pétition
à la Chambre des Communes, il écrit;
« Puisque Jésus-Christ a versé son
sang pour délivrer son église, je de^
mande sa liberté. Je demande que
chacun puisse abandonner les sombres murs du couvent où règne une
loi tyrannique, et embrasser une vie
simple et paisible, sous la voûte du
ciel ».
«Personne ne devrait suivre le pape
si ce n’est dans les choses où luimême a suivi, Jésus-Christ »,
8
.,24.
AA/W\rf■^^v^'^ArfVWA.AAA^y^Af
«Le pape devrait laisser tout pouvoir temporel à l’autorité séculière».
Sur la transsubstantiation par laquelle le prêtre prétend changer un
morceau de pâte dans le corps véritable du Seigneur Jésus-Christ. « Depuis l’an 1000 tous les docteurs ont
erré touchant le Sacrement de l’autel,
excepte peut-être Bérenger. Gomment
peux-tu, ô prêtre, toi qui n’es qu’un
homme, faire ton Créateur? Quoi!
ce qui croit dans les champs, cet
épi que lu arraches aujourd’hui,
demain sera Dieu? Puisque vous né
pouvez faire les oeuvres qu’il a faites,
comment ferez-vous Celui qui a fait
les œuvres? Malheur à la génération
adultère qui croit au témoignage
d’innocent (le pape Innocent III),
plutôt qu’à celui de l’Evangile!»
' Sur la Bible que Wicleff traduisit,
le premier, dans sa totalité, en langue
anglaise, afin d’en répandre la connaissance parmi le peuple.
«L’Evangile est la seule source de
la vraie religion et le Pontife romain
est simplement un fií@^*¿i
«Les lois canoniquef? timnt pas de
force quand elles sont opposées à la
Parole de Dieu ».
« La doctrine de l’Evangile ne périra jamais; et si la terre a une lois
tremblé, c’est pareequ’ils ont condamné Jésus-Christ».
«La vérité, dit-il en parlant de
ses adversaires, la vérité aura la victoire finale sur eux».
Sur la mission intérieure que Wicleff
avait organisée au moyen de curés
évangéliques et de laïques pieux qui
s’en allaient lisant la Bible au peuple
•et prêchant l’évangile dans les villes
et les villages de l’Angleterre.
«Si les moines mendiants courent
le pays contant les légendes des saints
et l’histoire de la guerre de Troie,
nous devons nous, faire pour la gloire
de Dieu ce qu’ils font eux pour remplir leur besace. Nous devons former
une vaste organisation de prédicateurs
itinérants pour convertir les âmes à
Jésus-Christ ».
«Allez, dit-il à ses collaborateurs,
prêchez, c’est la plus sublime des
œuvres; mais n’imitez pas les prêtres
qui s’en vont à la brasserie pour
jouer ou bien s’en vont à la chasse.
Après le service visitez les malades,
les vieillards, les pauvres, les aveugles
et les boiteux».
Ülétmc politique
Italie. — Le Sénat a adopté à
une forte majorité la loi sur les mesures hygiéniques de Naples, déjà
votée par la Chambre des députés.
Mancini a répondu assez faiblement
à une interrogation sur l’expulsion
de Berlin dw tedescophile Cermeni.
La Chambre des députés a repris
ses séances. ,
La grande question du jour c’est
l’expédition d’Assab qui a dû partir
de Naples pour sa destination le 15
courant. Cette expédition consiste dan-s
un petit corps d’arméej, composé de
4 compagnies de Bersagliéri commandées par le colonel Saletta, de quelques pièces d’artillerie et de quelques
cavaliers, avec des soldats de marine.
Le premier but de l’envoi de celle
petite armée est de montrer aux as'sassins de Giulielti, de Bianchi et de
leurs compagnons que l’Italie existe
réellement; elle en aura d’autres qui
nous sont inconnus; peut-être même
vise-t-on à autre chose qu’à Assab.
Quoiqu’il en soit, à tort ou à raison,
nous sommes entrés dans ce qu’on
appelle la politique coloniale. Comme
symptôme de l’esprit qui règne dans
quelques collèges électoraux des anciens états du pape, nous signalons
les 3000 voix données à Cipriani,
condamné à 20 ans de travaux forcés.
Son compétiteur n’a été élu qu’avec
6 à 700 voix de -majorité.
» ANNONCE
Une jeune personne qui a déjà
quelque expérience et peut enseigner
les deux langues française et italienne
désire se placer dans une famille,
en Italie si possible.
S’adresser pour informairons au
pasteur de Pornaret.
Ernest Hoeert, Gérant et Administrateur.
Pigneral, Imprira. Chiantore et Mascarelli.
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