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Aanée Sixième.
3 Décembre 1880
N. 49
LE TÉMOIN
ÉCHO DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissjant chaque Vendredi
Fo((s mé serti témoins. Actes 1, 8.
-Siíiii'ítHí la vérité avec 2a charité. Ep. 1, 15',
PRIXD‘ABB0NNEMENTPAR AN Italie • ■. Ij • 3 Tous les paye de rUuion de poste . . . > 6 Amérique, , . . » . 9 Oa s'abonne : Pour y Intérieur cheii MM. le« pasteurs et les libraires de Torre Pellic®. Pour VE{icté>'iei(ra.u Bureau d‘Ad- ministration. Un ou plusieurs numéros, aépia- rés> demandés avant le ti- rage 10 cent, chacun. Annonces i centimes par ligne. Lés envois d'argent font par lettre recommandée ou par mandais sur le Bureau de Pe- rosa Argentina: '
Pour la RÉDACTION adresser ainsi A la Direction du 7'émoin , Pomaretto ^Pinerolo) Italie. Pour J’ADMINISTRATION adresser ainsi : A l'Administration du Tewoin, Poma^etio i Pinerolo) Italie
Sommaire.
Avis important. — 3 Décembre. — Une
discsission religieuse au Rosario-Oriental.
L'Eglise et. l'Ecole.— Une jeune fllié sué’
lioise. — Nùutelles religieuses. — /ierua
poii%î*e.'»^(àn'nonoes.
Îioportanl
v'O
Nos abotihés en retard sont
instamment priés de nous faire
parvenir sans retard le montant
de leur abonnement. Il y en a
plus d’une centaine, et, pour
nne petite feuille, s’imprimant
avec perte, ce n’est pas peu de
chose.
Et puisque le Témoin espère
commencer sa sixième année,
U serait fort reconnaissant si ôn
manifestait,, .avant le premier
Janvier, l’intention de le lire. Il
ne sera envoyé qu’aux abonnés.
On est prié de s’abonner, le
pjus possible, directement au
bureau du journal et par mandat
sur le bureau de poste de PerosaAir^eritina. ; ;
Au lieu de continuer aujourd’hui
notre revue des œuvres diverses
auxquelles chaque merahre-de notre
Eglise a ]6i devoir de concourir
régulièrement 5 ou systématiquement, nous revenons volontiers ,en
arrière; en publiant la lettre que
notre vieil ami et correspondant
nous adresse sur le sujet spécial
des écoles de quartier, Nioùs voudrions que beaucoup de voix s’unissent à la sienne, et à la nôtre
aussi , pour plaider la cause de
ces humbles écoles et la y faire
triompher des difficultés si nombreuses que leur opposent l'ignorance des uns, l’avarice des autres
et l’indifférence ■ du plus grand
nombre. ‘
(Réu.),
- ■ .i : ii
... le 21 noveihbrè 18PÛ.
■ ' ■ . ' 1 . .
Cher Monsieur le Directeur,
Il m’arrive rarement d’écrire le dimanche, non pas que je sois retenu
par les scrupules de mon ami T., pour
lequel c’est un péché de s’occupef d’autre cho.se en ce jour là qüe d'èdifica-
2
.390^
lion de soi-même oii des autres. Je
l’ai «n peu scandalisé, il y a quelque
temps, en lui disant, que, plutôt que
de mourir de faim, ou d’en laisser
mourir moh prochain, je serais allé,
le dimancile malin, arracher lin pâtlier
de pommes de terre. — Mais lorsque,
comme aujourd'hui , je suis retenu
tout le jour à la maison, après avoir
lu , réfléchi, prié, même chanté un ou
deux cantiques, pendant que ma famille est allée aux deux cultes qui se
célèbrent ici près, qu’elle fait en ce
moment quelque promenade, ou une
visite aux parents et aux amis, après
avoir fait un petit sommeil, il m’est
venu l’idée que je pourrais au moins
commencer la leitre que je voudrais
adresser aux lecteurs du Témoin; c’est. ii-dire, que nous adresserons, — car
vous aurez autant de peine qu’aulrcfois à corriger mon français.
Vous avez déjà publié beaucoup d’excellentes choses sur nos écoles dû. quar-lier j’e$i)ère que les lecteurs vaudois
du rêmom y'auront pris garde et
qü’éUés ne seront pas oubliées, comme
rbnt été tant d’autres choses tout aussi
importantes. Qu’il me soit permis d’apporter aussi ma petite contribution,
d’expérience plutôt que de science,
pour faire de l’école de quartier une
maison, dans laquelle ribs jeunes enfants soient aussi bien que possible,
et d'où ils erhportenl des connaissances
et des habitude? qui leur soient én
bénédiction pendant toute leur vie.
La question d’argent, c’est-à-dire ,
du salaire du régent, è?t d’üa très
gratldpbids aux ÿéux'de tbül le itionde ;
ceux qui offrent le salaire le plus élevé
ont, la prélenlion d’avoir, aussi le, .régent le plus, capable. — i)e leur côté
les personhès jeunes ou vieilles, jeunes
prçons ou jeunes ûlles, qui cherchènl
a s’bcêdper de renseignement pendant
la saison morte, s’informent avec soin
du montant de leur subside mensuel.
tlela paraît assez naturel, car c’est
une lourde tache que celle de l’égent;
j’en sai^s quelque chose ; mais je souhaiterais beaucoup qu’il eu fût un peu
àulrèmeriL je ne suis plus jeune
et je b’ài iàmais, eu cq que vous appelez de nmagihaliôn; est-ce que ce
queje vais dire appartiendrait à ceüe
famiile-là?
Il me semble donc, mon cher Monsieur, que la direction, ou la tenue de
ces petites écoles devrait être recherchée pour elle-même ; que tels jeunes
gens, à leur aise au sein de leurs familles, devraient les rechercher comme
une excellente occasion et un excellent
moyen d’acquérir encore quelques connaissances, et d’affermir celles qu’ils
possèdent, et surfoul de faire quelqute
bien, pour témoigner leur reconnaissance du bien qui leur a été fait. —
Ils ont passé eux-mêmes par l’école
de quartier, l’école du Dimanche, l’école paroissiale de garçons on de filles ;
Ils ont été catéchumènes pendant deux
on trois hivers; après quoi ils ont publiquement fait profession d’être rachetés et disciples de Jésus-Christ, de
vouloir vÎTre saintement, en gloríflánt
Dieu dans lelirs corps et dans leurs
esprits qui lui afiparliennétil. Comment
ne s’esümeraienl-ils pas heureux de
pouvoir instruire, dès l’entrée de léur
voie, quelques-uns de ces enfants que
le Seigneur aime et qu’il veut bénir?
Je sais très bien que quelque fois ce
sont des^'iiáretils, ij^oráms ou intéressés à t’excôs, qui s’opposent à ce
que leurs enfants entrent, .même pour
peu de‘temps, ’(ians line èiirrière où
l’on IgagiVe si ^ peu ' d’argent, ‘Je sflis
aussi que dans nos montagnes, lorsque
pendant des semaines et des mois, tout
travail égl rendu presque impossibie,
i'él îtiembre de la faibllle’ràgfétlé virement de ne pas avoir prié uhe; éeôle,
quand elle lui a pçut-êli;e été:^offerte.
Mais il y a pour moi une considéra*
lion bien plus sérieuse à présénler à
céb jpàfents qui n’ainítínt que ce qui
rapporte b eau cotí p.
.. Ce n’est pas,.U;niquepie(il‘dafis la pa*
rpisse ofi je suis, que la masse dqs
iêü'nës ^eqs ' aurh bientôt sécôüé loüt
jdug’èi rëjehé jèilt ïrèiil ; j'élii'eñtls
dire qu’il en est ainsi dans nos trois
vallées.,., j^es parents sq. plaignent .dé
rinsiibprdination de leurs enfan!s parvenus à l’âge de f8 â ^D’ans. 'Les pasteiirs chèfcnènl en vain la plupart ’de
leurs anciens catéchumènes W ‘ fes
bancs du temple ou sur ceux de l’Ecole
3
.^391
du Dimanche comme monileurs ou mo*
njlrices, — non seulemenl, dit'ai-je à
ces pai'enls inléressés, vos erands garçons que vous déloumez dek direction
d’une petite école , ne gagneront pas
davantage, si vous les gardez à la
maison, mais ils gagneront moins, ils
dépenseront davantage et par dessus,
ils se feront beaucoup de mal et vous
causeront souvent beaucoup dç chagrin.
Je connais deux ou trois pères qui
pourraient confirmer ce que j’avance.
Un régent, quand ce serait celui de
la plus petite école, sent très bien que,
s’il veut avoir quelque autorité sur les
enfants qui lui sont confiés, il doit
s’imposer une certaine retenue, veiller
sur sa propre conduite, en un mot
se rendre respectable , s’il veut être
respecté. N’esl-ce pas une précieuse
garantie pour les parents qui aiment
aussi quelque peu l’âme de leurs enfants ?
Mais enfin si l’on n’a pas le droit d’imposer aux autres le désintéressement
que l’on ne pratique, peut-être , pas
soi-même, et si «l’ouvrier est digne
de son salaire 1, il faut, comrne vous
l’avez dit déjà vous-même plus d’une
fois, et l’autre jour surtout, que les
vaudois songent très sérieusement à
augmenter cehii de ces ouvriers éminemment utiles. — Je suis persuadé
comme vous que ce n’est pas à la commune qu’il faut laisser tant le soin
de nos écoles, que c'est l’Eglise qui y
a le principal intérêt , — mais il me
seinble qu’il y à un moyen très naturel
et très équitable d’ajouter un appoint
raisonnable au salaire des régenis. On
l’a fait autrefois lorsque le subside de
Hollande était suspendu, et je sais qu’on
le pratique déjà dans quelques endroits.
En comptant en moyenne quatre mois
d’école et vingt entants dans chaque
é,cole , que l’on fasse payer un franc
par écolier et l’on ajoutera 5 francs
par mois au salaire du régent; ce qui
comblera les vœux de la plupart d’entr’eux. -- Le Consisipire trouvera bien
le moyen ’de fournir la conifibution
(les enfants absolument pauvres. Les
personnes à leur aise et sans enfants
se feront un plaisir d’aider à cette
œuvre excellente. Üe sais 'bien que
même ceux qui ont beaucoup plus que
le nécessaire, n’ont pas encore appris
à donner, mais avec beaucoup de persévérance et en demandant comme il
faut, je suis sûr qu'on finit par obtenir
quelque chose meme des plus durs. —
C’est un moyen (font je propose de
généraliser l’emploi ; il y en a de meilleurs, quelqu’un les indiquera.
Je SUIS toujours etc.
Voire très dévoué frère
Jacques.
liuË iliscnsslâu religieuse
uu Kâsarlo Orjealal.
II.
Quelques Conférences Religieuses
an Rosario^
Avant de parler publiquement de
l’Evangile il s’agissait de iroulrer un
local et d’avertir le public. La salle
d’mi café meublée et éclairée fut mise
à ma disposition par son propriétaire
moyennant une rélribmion d’un peu
plus de vingt francs potir chaque rois
que j’aurais l’occasion de in’en sei'vir.
Ce loyer n’esl pas exhorbilanl dans un
pays 011 l’unité pour les monnaies n’est
pas le franc mais le peso qui vaut un
peu plus de cinq francs.
J’avoue que je n’étais pas sans crainte
en pensant que j’allais parler devant
un public que je ne connnissai.S pas
du lout et dans une langue que je ne
connaissais pas beaucoup plus. Grâces
à Dieu , les choses se passèrent on ne
peut mieux. Le public, animé de dispositions très bienveillantes, m’écoula
avec la plus grande attention pendant
près d’une heure, il me semblait que
je me trouvais au milieu des vaudois
de la Colonie qui ont l’habitude d’écouter avec altenlion et recueillement
ia prédication de l’Eyangile et qui facilitent de cette manière, plus qu’on
ne saurait le dire, la lâche du prédicaleni‘. L’effet aurait été encore plus
grand , si j’avais pu me défaire de ces
défauts d’exposition qui me sont naturels et prononcer d’une manière irré-
4
.392^
prochable ions les mois que j’employais. J’eus tout lieu d’êlre satisfait de
cel essai.
Le sujet que je m’étais imposé pourrait s’intituler: la Propagande Religieuse. Je m’efforce de prouver que
tout homme a le droit de propager
ses doctrines , qu’il en a le devoir s’il
est convaincu et de bonne foi, mais
à condition d’employer des moyens
qui soient en harmonie avec le commandement de Jésus-Christ. Tonies les
choses que ' vous voulez que les hommes
votts fassent, faües-les leur aussi de
même. Dans une seconde conférence
je m’occupai du sujet suivant : les Réformateurs et rHistoire, S’il plait à
Dieu , j’espère continuer le travail que
j’ai dû interrompre pendant quelque
temps pour m’occuper exclusivement
des besoins de la paroisse.
Le journal de la localité se montra
très-fàvorable dès le commencement.
D’autres personnes me dirent particulièrement qu’elles étaient heureuses
d’entendre parler de religion d’une
manière convenable et sans être blessées par des injures. ou un langage
grossier.. L’auditoire était assez nombreux pour la localité et composé en
général des personnes les plus distinguées et les plus instruites.
Ces conférences ont lieu dans des
circonstances qui donnent à elles seules
une idée du pays. Un soir pour nous
rendre au Rosario, nous dûmes,
Gaydou et moi, faire un détour considérable. La rivière gonflée par les eaux
de pluie n’était pas guéable. 11 fallut
se résigner à longer la rivière jusqu’à
l’endroit où en s’élargissant elle forme
un bassin qu’on appelle le port et la
traverser avec nos chevaux sur une
vieille carcassp de bateau qui est devenue la propriété d’un vaudois qui
s’occupe à maintenir en cel endroit
la communication entre lös deux rives.
11 fallait, ensuite se rendre au Rosario
et revenir par le même chemin à onze
heures du soir. Il serait de la dernière
imprudence dans certains pays de se
trouver à pareille heure dans ces parages isolés, perdus au rnilieu de forêts
d’arbres et de broussailles inextricables qui Iburniraienl un refuge assuré
aux malfaiteurs. Ici l’on n’a rien à
craindre ni de la part des voleurs,
ni do la part de fanatiques aveuglés
par la passion. Sans autre société que
celle de M. Gaydou nous franchissons
de nuit les quelques lieues qui nous
séparent du Rosario, nous pouvons
compter sur le respect de la part de
la population toute catholique de celle
ville et nous pouvons nous on retourner
sans arrière pensée. Le trajet s’accomplit sans que l’on rencontre une seule
personne. Il serait à désirer que les
communications fussent rendues plus
faciles par l’établissement des ponts et
des chemins nécessaires, mais grâces
à Dieu, l’on ne. saurait désirer plus
de tolérance et de liberté de la part
d’une Mpulation exclusivement catholique. Evidemment ces faits sont à la
louange du pays qui va devenir pour
bien des Vaudois une seconde pairie.
Notre seul désir est que Dieu nous
conserve celle précieuse liberté à l’ombre de laquelle l'Evangile peut se ré^
pandre sans rencontrer d’antres obstacles que ceux qui proviennent des
mauvaises dispositions naturellee du
cœur de ehaque'homme.
B. Armand-ügon.
L’ëGLISë ëT L'ECOLE
i'Suüel.
Ceci, Messieurs, nous amène a parler en dernier lieu des bases doclrir
nales de l’Eglise. Nous les avons déjà
citées ei-devanl; elles sont au nombre
de deux et ce sont; la suprême autorilé de Christ, chef unique de l’église
et rautorilé morale et religieuse des
Saintes Ecritures. En effet notre Conslilulion porte à l’article 3: « Cette
Eglise ne reconnaît d’autre chef que
Jésus-Christ, et ne reçoit en fait de
doctrines religieuses que celles qui sont
contenues dans les livres canoniques
de l’Ancien et du Nouveau Testament».
Ces deux principes sont subordonnés
l’un et ¡’autre. Le premier que j’appellerai le principe dynamique, soit la
force créatrice, est la personne de
Christ, son autorité suprême et abso-
5
-.393
lue ,■ sa farmalion dans les Ames ei.
I*avancement de 5on règne d’aniour
parmi les hommes (ConsL Vaud. g 4).
C’est le principe le plus élevé, Christ
lui même ayant dit: Hors de moi, vous
ne pouvez rien faire (Jean xv, 5),
il en résulte que toute théologie ,
dans laquelle Christ n’est pas le centre
vivant des études, et la source, d’une
vraie liberlé,!iesl par lài-même frappé
d’impuissance.—.A ce principe est subordonné le second, qui est le principe formatÌ[: l’auioriié des Ecritures.
Celle -aulorilé, pour les ihéologietrs
comme pour chaque fidèle , ne peut
dériver que de l’autorité nj6me'''de
Christ et de son esprit' (Coni. Vaud.
g 4), car'celte dernière peut seule
convaincre les esprits de la vérité divine révélée et' contenue dans les saints
livres. La parole de Christ tire son
eflicace formative précisément du fait
que c^èsl elle qui nous fournit la' nqurl'ïture spirituelle et pure'par laquelle
noms croissons dans la grâce et dans
lit', connaissance. ' ■
■ Tellès sont les i'éaliiés objectives
auxquelles le bon théologien doit ramener’ toutes ses l'ccherches sans exception. En sera-t-il' ppùr cela moins
libce dans ces lié vaux ècienüfiques ?
Certes U ne dépend pas dé'lui i^u’un
livre canonique soit exclu du canon :
il ne peut d’avantage y inlfoduirc un
livré apocryphe bu bâtard ; ce sera le
le moindre de ses souèis. Le /iïii^que
Dieu à dénué les Saintes Ecritures est
pour lui' un fait au d'essbiis de toute
discussion, fait auqUel ü nô peni ôlér
ni ajouter rien du (onii mars quant
à toutes lés questions relatives à la
rmnièré dont ce fait est passé,' questions biographiques, chronologiques et
littéraires, louchant l’origine des livres,
la féitiiaiién dii canon, la conservation
et la diffusion du texte, —toutes ces
questions, dis-je, peuvent et i doivenl
être éliitliées par le ihéélégien''à un
point de vue scientifique, ayec un èspril
libi'e de tonte contrainte et uniquement
prépcéupé de la vérité. Çecis’applique
non seulement À f Ecriture, mais aiissi à
la personne même de Christ, qui est
le centre de la vérité chrétienne et
dp la vie. Lorsque;,, selon la ïpesure
de grâce que Dieu lui a (départiele
théologien, en bon architecte a posé
le fondement (i Cen. iii. jO), c’està-dire, Jésus-Christ ; qui s’est donné
lui-inême poni" nos péchés (Gal. i. 4
8), . lorsqu’il reconnait franchement
Christ comme le, seul médiaiem’ et
Sauveur et qu’il le confesse venu en
chair ô Tim. il. 5. 6. 1; Jean. iv. 2),
l’Eglise de son côté peut;, ce nous
semble, reconnaître qu’il possède l’Esprit de Dieu et après avoir sur les
points fortdâmentaux appliqué à son
égard la règle infaillible pour le disçernetnent des esprits, lui laisser une
pleine et entière .liberté d’appliquer sa
seiénee ihéologique à l’étude des questions, dé moindre importance. Le refus
de L'église d’aeçorder aux éludes la
liberté qui leur est nécessaire peut
causer des maux très-graves et c’est
l’Eglise ôlie-môtne; toùie entière qui
risque' fért de; se voir Tataletneni entraînée à la division'’par dés luîtes
iniprudeiiles.
v.
Messieurs. — J’espèré que en dépit
dé ipa .brièveté, je me suis exprimé
insqu’ici avec; assez de ciarlé touchant
ils divers aspécis de ‘mon‘';sujel. J’ai
cherché à concilier dans mon esprit,
du mieux qu’il m’a été possible, les
droit de l’Eglise et laliberlé des éludes.
Je' dois . ajouter toutefois que celle
coiiCilialion, à mon avis , serait bien
incéi'iàine èt précàîre;‘'sij avant mêtne
d’être formulée par l’esprit, elle n’existait déjà dans l'âme en vertu de l’expériepee, L’expérience de plusieurs
années m’a convaincu que, parmi nous,
lés éludes jouissent de la liberté nécessaire et qiie cette liberté n’a pas
endommagé lés droits de l'Eglise ni
trompé sa légilirne attente.
Ceux qui ne nous connaissent pas
dé près, trouveront peüt-êire celle assertion quelque peu hasardée; cependant je crois que célâ est parfaitement
vrai. Je ne veux pas nier .que même
parmi nous qui sommes ici il n’y aîl
des différences assez marquées, mais
l'on n’y vòlt, et j’espère que nous ne
verrons jamais dans celle enceinte, des
dissidences en iâil de doctrine. Cette
6
-394
nnité fondamentale la devons nous à
la possession, d’une dogmatique qui
BOUS soit propre, à un corps dé doctrine qui nous distingue des autres
Eglises, comme l’on distingue p. ex.
l’Eglise luthérienne de la réforme dé
ZwingJe et de Calvin ? Non. ^íais nous
avons pour seule règle et norme la
Parole de Dieu. C’ésl cela et à cela
seulement que nous devons notre unité.
Aussi longtemps que nous nous assujettirons à ce principe, nous aurons en
même temps l’unité et la liberté, tant
dans notre activité que dans nos sentiments et nous réussirons sans trop de
peine à ajouter à la foi la connaissance.
C’est ici le momeril de relever dans
les paroles de l’apôtre un point auquel
on ne fait pas assez allenlion. L’on
est peut-être trop enclin à oublier que
les deux tenues foi et connaissance ne
se trouvent pas uniquement mis l’un
à côté de l’autre, mais qu’ils sont
réunis moyennant la parole vertu ;
« Joignez a votre foi la vertu et à la
vertu la science », (ii, Pi. i. 5). La
vertu, voilà l’anneau d’union, où viennent s’enchâsser la foi et la connaissance : c’est ainsi que nous apprenons
que la science et la foi doivent se concilier sur le terrain de la saine activité morale, car tel est le sens du
mol verlu. L iimour sincère du vrai,
le travail sanolifié par la prière, la discipline et l’expérience chrétiennes,
voilà tout alitant d’éléments de celle
vertu ou activité qui est notre sauve
garde, car elle nous rappelle sans-cesse
que la théologie n’est pas une science
essenliellemenl spéculative où théorètique, mais qu’elle tend à nn but pratique et que vers ce but doivent converger tous les résultats de l’exégèse,
de l’histoire et de la spéculation. La
prédication, le culte, l’enseignement,
la cure d’âmes et le gou\;ernemenl de
l’Eglise, voilà les différents points de
mire dé celte vérin qui a en vue le
service de Christ. Que Jésus-Christ devienne toujours plus le centre dés éludes , et aucune recherche scientifique
quelque libre et indépendante qu’elle
soit, n’aboutira jamais à compromettre
ou endommager la foi ; elle contribuera, au contraire, au développement
de la connaissance chrétienne , à la
préparation cbrélienne des futurs ministres, à l’édification du temple de
Dieu , avec des matériaux qui résisteront à l’action du feu.
5 octobre Î880.
11(16 jeune fille suédoise
Gustave III, roi de Suède , passant
un malin , à travers nn village voisin
de sa capitale,, observa une jeune paysanne , d’apparence attrayante, qui puisait de l’eau à une fontaine près du
chemin. Il se dirigea vers elle , et lui
demanda à boire. Sans aucun délai,
elle leva sa cruche, et avec la plus
grande simplicité la mit aux lèvres du
monarque.
Ayant satisfait sa soif, et courloiseraeni remercié sa bienfaitrice, il dit :
— Ma fille , si vous voulez m’accompagner à Slockolm, je lâcherai de
vous faire une position plus agréable.
— Ah ! Monsieur, répliqua la jeune
fille, je ne puis accepter voire proposition. Je ne suis pas anxieuse d’élever
la position dans laquelle m’a placée
la Pcovidence de Dieu ; mais, même
lorsque je le serais ., je ne pourrais
hésiter un instant.
— Et pourquoi, ajouta le roi, quelque peu surpris.
•— Parceqùe, répondit la jeune fille,
en rougissant, ma mère est pauvre et
infirme, et elle n’a que moi pour l’assister et la conforter dans ses nombreuses afflictions ; et il n’y a point
d’ap.pâl terrestre qui puisse m’induire
à la quitter ou à nèglifer les devoirs
I que iVffectîon requiert de ma part.
— Où est votre mère ? demanda le
monaïque,
— Dans cette petite chambre , répliqua la jeune fille, en montrant une
misérable cabane à côté d’elle.
Le roi, entra et vit sur un lit, dont
Punique couverture était un peu de
paille, urie vieille femme accablée sous
le poids dés années, et snccombanl à
ses infirmités.
A une telle vue, le monarque ému,
lui dit : Ma pauvre feinme, je suis
7
.395
sUrislé de vQus,,li’OUver dans une condition aussi malheureuse et dénüée de
lOul. ,, '
— Hélas! Monsieur, répondit la vénérable infirme i je serais vraiment à
plaindre, si je n’avais cette soigneuse
et bonne fille, qtii travaille pour subvenir ,à mes besoins, et qui n’oùblie
lien de ce qij’iëlle pense pouvoir me
donnef auetque soulagement ; Puisse
Ig jifieu ne, grâce se souvenir d’ëlle en
bien, ajouta-t-elle, eh laissant tomber
une larnte.
Jamais:viipeui-êlre , Gustave ne fut
plus sensible qu’en ce moment, au
plaisir d’occuper Une position élevée.
La satisfaction.provenant de la conscience d’avoir de tjuoi assister, une
créature, souffrante , ,l’avait déjà, subjugué, et mettant :une;bourse dans la
main de la jeune villageoise, il ¡ne put
q.ue lui dire:, Continues; à -prendre
soin de votre'mère je, vous rendrai
bientôt capable .de faire davantage.
Bofijouj;., .mon aîmalue jeune fille,
vous pouvez compter sur la promesse
de votre coi,
A son retour à Stockolm, ûuslave
établit une pension à, vie pour la mère,
et :à sa mort, 'elle devait être accordée
à la fille.
HouweUce rçUjjîcuècè
'ët Mits dWè’bs.
France. — |Les proleslalions des
Consistoires contre la circulaire ministérielle relative aux conditions électorales dans l’église réformée, se font
ae 'jodc'pliis iidmbreiips tel. Ipjutbs
nergiiquës ! lié Winisire 'recdnnaîtra-t-il qu’il a envahi, par sa circulaire, un terrain qui ne lui appartenait
pas? Cela est à désirer plus qu’à espérer, les circonstances étant ce qu’elites sont.
— M. le pastepr Appiana donné une
reinière coriféfehce missionnaire dans
c grand amphithéâtre de la, Facullé
de théologie protestante de Paris, 83,
boulevard Arago,.;le rrierCredi 1«*' décembre. Celte conférence , qui a été
publique, avait pour Sujet: la Réforme
at ses 'premiers essais missionnaires.
K
— La séance annuelle de rentrée de
la Faculté de théologie de Montauban
a eu lieu le 16 novembre, avec le
concours d’un public d’élite, parmi lequel le délégué de la Préfecture, le maire
de Montauban, le proviseur du Lycée,
beaucoup de. dames, et une vingtaine
de pasteurs venus de.près ou de loin,
f— Le vBppovl. sur l’année académique
1879-80 présenté par M. le,doyen Bois
constate,, sûr toute la ligne, les.'progrès
les plus encourageants, et_ en fait pressentir de. non moins appréciables pour
l’année qui commence.
Le discours de rentrée a été prononce
par M. Doümergue, ancien rédacteur
du Christianismei le dernier professeur nommé. Le sujet choisi par l’orateur était celui-ci: t qu’esl-ce qu’un
huguenot ? », qu’au dire d’un auditeur,
M. Dumergue a traité d’une manière
loul-à-fail remarquable. Un rapport
susséquent sur le concows qui ont
donné, .paraîi-il, d’excellents résultats,
a mis terme à cette solemnilé de l’ensemble de laquelle ressort avec force
celle impression., qu’à la . tiacullé de
Montauban on travaille et dans un bon
esprit., ce dont on ne/peritque se réjouir avec nos frères de France. ,
— A propos du projet gouvernemental de fractionner en .huit, la paroisse jusqu’ici unique de Paris, le
Diaconat de celte Eglise a adressé au
Président du Conseil presbyléraf une
lettre à laquelle nous empruntons les
curieux,rapprocbemenls,,que voici, qui
certes ne plaident pas en faveur de la
mesure proposée. ,
, Durant l’année 1879, lU’ois paroisses
ont reçu ensemble 47.885 francs et
dépensé 18.782 francs, savoir:
/liOt'-Vi ). ..-M ; 'i .Dépens«
Saint-Esprit, dans la proportion da fr. 4,^. pour 1 •
Oratoire — »»^6, — 1 »
Pentemont — 1, 05, •— 1 »
Huit paroisses ont reçu ensemble
11.296 francs et dépensé 57.318 b ancs
soit :
Reootte
Pasay dans la proportion do 1 fr.
Viûcennea — i
Batignôllea — 1
Sainte Mario — 1
Neuilly — 1
Plaisance — 1
Belleville — 1
Montmartre — i
Dépenso
pour 1 52
, 2 05
2 '91
5 63
6 n
■12 59
. 13 29
13 68
8
-396-,
Dans ces dépenses ne sont pas compris le'S'secodfs el subventions dépourvus d’affectation paroissiale, doniil’atiribution en cas de fractionnement ne
sera guère possible, et qui portent le
budget annuel à dOO.OOO fr.
Sur ces 100.000 francs, 29000 seulement sont assurés par des renies et
71.000 ne sont dus qu’aux libéralités
des fidèles.
•— L’abbé Vanel, curé de Ste Blondine à Lyon , a comparu devant le
tribunal de Charolles, sous l’înculpalion d’avoir, le 20 août dernier, insulté
le gouvernement de la République, au
sujet de l’exécution des décrets. A la
suite d’un réquisitoire très énergique
du Procureur de la République, le Tribunal a condamné l’abné Vanel à trois
mois de prison.
Suisse. — Le Synode de l’Eglise
nationale du Canton de Vaud , s’est
prononcé à une grande majorité contre
les propositions de révision faites au
Grand Conseil,'par deux de ses membres, dans un sens favorable! au libéralisme.' Le préavis du Gouvernement
étant dansiun sens assez semblable à
celui du Synode, on compte que l’autorité législative se prononcera'de' la
même façon. i
Amérique. — La Société américaine
des Missions a décidé de consacrer
une somme'de'50 mitions à la fondai
lion d'un étabiissement dans le centre
de l’Afrique. '''
■— Des chaires ('spéciales ont été
crées dansplusieurs écoles ihéologiques
des Etats-Unis, pour l’étude des rapporls de la science avec la religion.
M. Morse l’un des inventeurs ¡du
télégraphe électrique a fait pour cet
objet à l’un des collèges de Nevy-York
un don dé 50.000 fr.
p0ltitjC|Ulè
Mtalie. — La Chambre n’èsj, occupée depuis huit jours que des inierpellalions sur la politique étrangère et
intérieure du cabinet Cairoli-Deprëlis.
Plus de 400 députés sont présepls
car il s’agit de l’existence du ministère.
Les deux partis sont de force à peu
près égale. On croit cependant que le
ministère a une majorité de 15 à 20
voix. La discussion est épuisée et
l’heure de la décision est près de sonner.
D’après les dernières nouvelles, le
ministère l’a emporté avec une majorité de 33 voix sur 409 volants. Pour
le ministère 225, contre le ministère
188 dont 131 députés de la droite. Si
le ministre réussit à avoir le dessus
et s’il ne donne pas sa démission,
comme on le dit, les Chambres ont
un ordre du jour tout tracé: examen
du budget, la loi électorale et l’abolition du cours forcé.
jcrottoe. — Il y a eu au Sénat
des discussions très intéressantes sur
les établissements d’instruction secondaire pour les jeunes filles.
TuÊ-Qwi^, — La Turquie a enfin
cédé Dulcigno au Monténégro; la flotte
internationale peut maintenant se disperser et rentrer dans ses quartiers
d’hiver. ,
La question de la rectification de
la frontière grecque reste pour le moment en suspens ; les puissances signataires du traité de Berlin ont besoins'de quelque temps de calme pour
s’occuper chacune de leurs affaires
intérieures,
ttusêie. -^-'L’elaf dé santé du czaf
laisse lûujou.rs beaucoup à désirer.
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