1
sixième année.
N. 34.
25 Août IST"!.
L'ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
SpécbleiueDt consacrée au\ inléréls nialériels el spirituels
\ (le la Famille Vaudoise.
Que toutes les choses qui sont véritables. occupent
vos pensées — {Philippiens., IV. 8.)
PRIX D ABOHNCVElfT :
Italie» & domicile (tm an) Fr. 3
Suisse .. ...... 5
Fiance................*6
Allemagne 6
Angleterre , Pays-Bas . ♦ 8
ün numéro séparé : 5 cent.
Un numéro arriéré : 10 cent.
BQBCAnX D AB0NNEHENT
ToRRR-PEt.MCR ; Via Maestra,
N.42, (Agenzia bibliografica)
PiGNKRoL : J. Chlantnre Impr.
Tortn :J.J. Tron, via Lagranga
près le N. 2*2.
■»Florbnce ; Libreria Evangelica, via de'Panzani.
ANNONCES : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S’adresser pour l’administration
au Bureau à Torr.e-Pellice^
via Maestra N. 42 — pour la
rédaction; â Mr, B. Malan
Prof ‘ h Torre-Pelice.
Sommair^e.
De l’émigration. — Réunion au Martel. —
Nouvelles religieuses. — Chronique vaudoise. —
Chronique politique.
U QIËSTION DE L’ÊIIIGRATION.
/■Suite, V. N. SS J.
Voyons ce que VItalie nous
offre :
Le climat de l’Italie méridionale
est à peu près le même que le
nôtre, un peu plus chaud dans les
plaines, mais tempéré et salubre
dans les nombreuses vallées. Ici
on ne récolte pas seulement des
céréales, mais l’amandier, le figuier, le pêcher, le mûrier, la
vigne donnent de magnifiques produits, sans nuire d’une manière
essentielle aux céréales.
L’auteur montre ensuite que ces
produits puyent être échangés avec
une facilité toujours plus grande
à mesure que se multiplient les
moyens de communication ; que la
sûreté personnelle, déjà aussi plus
grande qu’en Amérique , tend à
l’être toujours davantage; En Italie
nous sommes en outre sous le droit
commun et sous la protection d’un
gouvernement liberal.
« Nous pouvons être certains
que le Gouvernement verrait de
très bon œil la fondation de colonies vaudoises, qu’il nous céderait
volontiers, en vente , aux termes
de la loi, des terrains appartenant
au domaine, et ainsi qu’un chef
de div%ion au ministère des finances l’écrivait à M. Parise: toutes
les provinces centrales et méridionales de l’Italie contiennent de
grandes étendues de terrains cultivables que l’on céderait volontiers aux colons ».
Les avantages moraux qui militent en faveur de la colonisation
en Italie sont très grands. Nos
compatriotes pourraient être accompagnés, dès le début, d’un
pasteur et d’un instituteur; en
tout cas ils ne manqueraient pas
d^être fréquemment visités par l’Evangéliste de la station la plus
prochaine; ils auraient la possibilité
de profiter des établissements d’instruction qui existent aux vallées
et de l’Ecole de Théologie de Flo-
2
-286
rence; il leur serait facile d’entretenir des relations d’aflfection et
d’intérêt avec la patrie; ils seraient
sous le droit commun, soit civil,
soit politique; ils seraient utiles
aux vallées en même temps qu’à
la grande patrie, l’Italie, dont ils
faciliteraient l’évangélisation. —
Ainsi, augmentation de la population vaudoise, moralisation et éducation des masses, généralisation
d’une instruction supérieure , augmentation de l’effectif des évangélistes et des instituteurs, disparition du paupérisme, tels sont,
entr’autres avantages, que M. Jules
Parise, entrevoit dans la réalisation de la colonisation en Italie.
Nous n’exposons pas ici les vues
de M. Parise sur l’application de
son projet ; il propose en finissant
la nomination d’un Comité qui aurait pour mandat de s’occuper de
cette question. M. Parise fait luimême partie de ce Comité. Nous
serons heureux de faire conjfaître
le résultat de ses démarchlÎs. —
Il va sans dire que nous lui souhaitons bonne réussite. Car l’Italie
est notre patrie, la tprre de nos
pères, le champs de leur activité.
Non seulement ils y sont nés, y
ont combattu, mais ils l’ont reconquise aux prix de mille dangers, et ils nous l’ont léguée, à
nous leurs descendants. S’il y a
en Italie une peuplade qui ait droit
à un coin de terre italienne, c’est
celle des vaudois. Rien n’est plus
vrai quand nous considérons leur
histoire. Et., cependant, singulier
contraste! chose étonnante! les
vaudois qui du temps des persécutions étaient tellement attachés
à leurs vallées, qui ont tout sacrifié pour elles, qui ont préféré
la pauvreté dans leur coin de terre,
la privation des droits civils et
politiques, à la richesse, à la liberté ailleurs; dès que le soleil
de l’indépendance et de la liberté a
lui pour eux dans l’émancipation de
1848, ils songent à àpigrer, non
pas en Italie, ce qi^’aurait rien
eu de surprenant ,/mais dans les
contrées les plus lointaines, desquelles il ne pouvaient guère espérer de revenir. La patrie n’est elle
chère et précieuse que lorsqu’on
y est esclave et malheureux? et
perd-elle de son prestige, de sa
beauté quand nous pouvons y respirer librement? On le dirait presque. Nous sommes heureux de
savoir notre Colonie du Rosario
Oriental prospère, forte, physiquement et moralement, et nombreuse.
Puisquelle existe, nous souhaitons
qu’elle se fortifie assez pour pouvoir résister, au besoin, à toute
agression, et pour pouvoir exercer
une influence sur ses alentours, mais
s’il dépendait de nous qu’elle ne
fût pas, elle ne serait certes pas.
Si nos pères sont restés dans leur
patrie dans les temps difficiles,
quand la patrie était une marâtre,
ce n'est pas pour que nous, leurs
enfants, nous l’abandonnions. Il
nous a toujours semblé qu’on a
commis une faute, quand on a favorisé l’emigration en Amérique.
On a changé, pour autant qu'on
l’a pu, le rôle providentiel de la
population vaudoise ; faible pt peu
nombreuse, on l’a affaiblie encore.
Vous êtes le sel de la terre; dit
le Seigneur à ses disciples; nous
aimerions que les vaudois le fussent, et d’abord de leur terre. —
Nous pensons qu’il est temps de
s’arrêter sur la voie de l’émigra-
3
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tion à l’étranger, soit de l’émigration définitive en Amérique, soit
de l’émigration momentanée dans
le midi de la France; mais pour
qu’il puisse en être ainsi il faut
ouvrir, à notre trop plein de population qui est fatigué de travail
improductif et de privation , un
champ d’activité dans le centre ou
dans le midi de l’Italie. 11 est évident que notre peuple y gagnerait
matériellement et peut-être encore
plus spirituellement, et qu’il parviendrait à exercer dans sa patrie,
où il est partout libre, une bonne
influence religieuse et morale.
N DU iS AOUT 1871
Nous devons à l’obligeance de
M' le professeur Charbonnier l’extrait suivant d’un discours prononcé par lui à la réunion du 15
août 1871 (au Martel).
Ne pouvant me servir d’un discours
ébauché pour cette fête, parce qu’il ne
me paraît pas assez approprié à la circonstance, je vous présenterai quelques
simples considérations sur deux points
d’une haute importance en matière d’éducation et dont l’un en particulier est d’une
actualité incontestable dans les temps où
nous vivons; c’est l'habitude et l’autorité.
1* Qui pourrait dire le rôle immense
que remplissent les habitudes dans notre
vie? Suivant la direction qui leur est imprimée , elles sont ce qu’il y a de plus
utile ou de plus nuisible à l’homme. Elles
sont donc un objet de la plus grande
gravité. Les habitudes sont nécessaires ;
Si nos actes ne se transformaient pas en
habitudes, nous serions incapable d’accomplir la tâche qui nous est imposée en
ce monde; elles sont, du reste, inévitables; il n’y a personne qui se puisse
soustraire à la formation et à l’influence
des habitudes. Un homme est ce que l’Ont
rendu ses habitudes; ce sont elles qui
impriment une direction à la vie. Pour
juger do la valeur morale d’un homme,
on ne doit pas s’arrêter à un acte isolé
da sa vie, mais il faut examiner ce qu’il
est et ce qu’il fait habituellement. L’habitude n’est pas une faculté, mais une facilité. C’est une loi d’une importance incalculable, établie par le Créateur, en vertu
de laquelle un acte quelconque soit corporel, soit intellectuel. soit moral, devient
de plus en plus facile par la répétition
qu’on en fait. Cette loi nous prépare par
degrés à tous les changements progressifs
par lesquels nous devons passer pour
arriver à la perfection finale qui est notre
destination. Mais cette loi de l’habitude,
si puissante pour le bien, si l’on en fait
une mauvaise application, peut agir avec
une plus grande vigueur en sens contraire.
L’habitude est une puissance toujours présente et agissante en nous et dont on retrouve partout les effets, soit pour le bien
soit pour le mal. De là l’extrême importance de surveiller nos habitudes, afin de
perdre les mauvaises et d’en acquérir de
bonnes; de là surtout l’extrême importance
de surveiller la formation des habitudes
chez les enfants, car les habitudes sont
d’autant plus tenaces et actives qu’elles
se sont formées dans un âge plus tendre.
Cette surveillance doit être d’autant plus
attentive que beaucoup d’habitudes se
prennent d’une manière insensible et presque sans s’en apercevoir; la répétition
de certains actes qui n’avaient pour nous
ni importance ni plaisir, peut devenir une
chaîne que l’on ne brisera que très difficilement; car, comme on l’a dit, l’habitude est une seconde nature. La force
de l’habitude nous paraîtra plus grave
encore et sérieuse, si nous considérons
que beaucoup d’actes d’habitude s’accomplissent presque sans intervention de la
réflexion.
fai dit que tous subissent l’influence de
l’habitude» observons toutefois que cette
influence est bien plus marquée chez les
personnes de la classe la moins cultivée
et qui par là même réfléchissent le moins.
Si leurs habitudes ont pris une fâcheuse
direction, c’est un vrai malheur, car il
est presqu’impossible de les amener à un
changement; si au contraire on a pu leur
4
-268
imprimer une bonne direction, il on résultera un bien réel et durable.
Pour qu’une bonne habitude se forme,
je dis une bonne habitude, car les mau.
vaises se forment malheureusement avec
une extrême facilité,sans aucune culture,
il faut que l’acte qu’il s’agit de rendre
habituel soit répété régulièrement et sans
interruption; l’interruption diminue aus.silüt la facilité et nécessite de nouveaux
efforts. On prend l’habitude du bien comme
celle du mal, seulement la première exige
des efforts persévérants, tandis que l’habitude mauvaise, étant en rapport intime
avec les mauvaises inclinations naturelles
du cœur, se forme rapidement et devient
d’une persistence effrayante, car elle n’est
que l’inclination elle-même élevée à une
haute puissance. Aussi devons-nous redouter la formation d’une mauvaise habitude ou même d’une habitude simplement inutile.
Il y a des habitudes se rapportant au
corps ou corporelles, d’autres se rapportant à l’intelligence ou intellectuelles,
d’autres enfin se rapportant à la volonté ou
morales. Mais toutes s’enchaînent et exercent les unes sur les autres une influence
réciproque.
Notons, en passant, que si l’on peut,
à tout âge, rompre une habitude et en
prendre une autre, c’est l’enfance qui est
l’âge le plus propice pour la formation
des habitudes et cela, soit parce qu’il n’en
existe pas encore, soit à cause de l’extrême flexibilité et impressionnabilité des
enfants. Ce sont les habitudes prises dans
l’enfance qui persistent à travers le cours
des années et semblent reprendre une
nouvelle vigueur dans la vieillesse.
Le fond du caractère de chaque individu
se forme beaucoup plus tôt qu’on ne le
pense d’ordinaire. L’enfant qui ne sait pas
encore parler manifeste des tendances que
l’on ne pourrait tolérer dans un âge plus
avancé ; mais on dit ; il est trop petit pour
être corrigé, ou même le plus souvent
ou trouve la chose plaisante et l’on
en rit, on applaudit; et le petit .marmot, qui est plus observateur qu’on ne
croit, se voyant encouragé dans cette
voie ne manque pas de s’y fortifier. Tout
se présente d’une manière gracieuse chez
les enfants, même les défauts qui, dans
un autre âge, seraient considérés comme
fort répréhensibles, et, en conséquence,
on leur passe tout.
On se persuade d’ailleurs qu’ils oublient
tout, qu’il ne leur reste rien de tout ce
qui s’est passé dans leur première enfance
et qu’ainsi l’on peut impunément tout
supporter. On se trompe. L’enfant oublie
les faits, jusqu’à un certain âge, il ne
garde aucun souvenir de ce qu’a eu lieu,
il est vrai, mais les dispositions, les tendances persistent et ce sont ces tendances
dont se formera son caractère. Très souvent il faudrait chercher l’origine d’un
caractère impérieux, capricieux, bizarre,
égoïste, dans l’excessive indulgence avec
laquelle l’individu a été traité dans sa
première enfance.
Plus tard pour corriger des défauts que
l’on a si inconsidérément contribué à former, il en coûtera beaucoup de peine,
d’ennui, et aussi beaucoup de souffrance
pour l’enfant lui-même, toutes choses
qui auraient pu être épargnées par une
conduite plus judicieuse.
Ou ne se fait aucun scrupule, par exemple, de développer chez le petit enfant
la vanité, l’orgueil, l’égoïsme, l’esprit do
vengeance. On lui dit à satiété qu’il est
joli, qu’il a un beau chapeau, une belle
robe, de beaux souliers, on oblige tout
le monde à céder devant son humeur capricieuse , on lui enseigne à battre la table
ou la chaise contre laquelle il a heurté et
s’est fait mal. Il ne tardera pas à battre
les personnes qui n’ont pas le bonheur
de lui plaire et en tout premier lieu sa
bonne maman elle-même. Quel besoin de
fomenter de si détestables dispositions qui
deviendront bientôt habituelles?
Mais revenons.
Quant aux habitudes du corps, il est
très important de n’en pas laisser prendre
de mauvaises, telles qu’une mauvaise
tenue, une démarche négligée, l’habitude
d’incliner la tête, sur l’épaule, de porter
les doigts à la bouche,’ de faire certaines
grimaces, de jouer avec les doigts en parlant, de croiser Íes jambes en se tenant
debout.devant quelqu’un, et tant d’autres
que i’on connaît. Toutes ces manières sont
5
-269
iaconvenantes et dégradent plus ou moins
coux qui les pratiquent.
Je n’insisterai pas davantage sur les
mauvaises habitudes du corps... Mais oui,
il en est une que je veux encore relever
parce que elle est très commune, c’est
celle de tenir les mains dans les poches
do ses habits et en particuler du pantalon.
Si ceux qui le font savaient quel air dandin
ils se donnent, je pense qu’il s’en abstiendraient. Pour mon compte, j’aime
mieux voir le blanc-bec, une canne à la
main, que de lui voir les mains dans les
poches du pantalon.
Parmi les bonnes habitudes à faire
prendre de très bonne heure, je mentionnerai la propreté qui n’est pas seulement
prescrite par l’hygiène pour le maintien
de la santé, mais ipii exerce une influence
directe sur le caractère moral. Il est facile,
avec un peu de persévérance, de faire
prendre une telle habitude qui devient
ensuite un vrai besoin. Celui qui est habitué aux ablutions matinales, à l’eau
froide éprouve, s’il néglige de le faire,
un malaise qui le tourmente et le poursuit pendant toute la journée et le punit
ainsi de sa négligence.
L’habitude de se lever matin peut être
prise dès l’enfance, et de quelle importance n’est-elle pas pour la vie entière
par la somme de travail que celui qui l’a
prise pourra faire pendant les milliers
d’heures qne d’autres perdent dans uu
■demi sommeil plus fatigant que restaurateur! (^4 suivre).
üouiDelUs reltjgteudcs
A ssemtolées religieuses de
Londres en mai 4874. — Nos synodes durent quatre jours. On trouve que c’est
bien long. Les assemblées générales des
■sociélés religieuses de Londres ont duré
de 4 à 5 semaines et il y a environ 80
réunions dont 20 pour les missions étrangères. Nous donnons , d’après le Journal
des Hissions, quelques détails statistiques
sur ces dernières.
En tête des institutions missionnaires
marche toujours la grande Société des
Missions de l’Eglise <VAngleterre avec ses
156 stations principales et ses 329 missionnaires consacrés et ses 1750 autres
agents indigènes, catéchistes, instituteurs
ou colporteurs. Près'de 18,000 communiants attestent les succès accordés à ses
travaux. — En 1862, ce chifTre dépassait
21,000; mais cette diminution n’est pas
un signe d’affaiblissement ; bien au contraire. Elle provient do ce que, depuis dix
ans, la Société a pu cesser definitivement
de diriger et d’entretenir plus de 70 do
ses anciennes stations, qui étaient devenues tout-à-fait capables de se suffire à
elles-mêmes. Les Eglises nègres de SierraLeone, aujourd’hui dirigées par dix prédicateurs indigènes, et comptant ensemble
4,300 communiants, n’out plus avec la
Société d’autre liens (|ue ceux d’une profonde reconnaissance pour les bienfaits
qu’elles en ont reçus.
Les recettes do l’année ont été portées
à plus do quatre millions deux cent mille
francs. C’est le chiffre le plus élevé que
la Société ait jamais atteint. Celui des dépenses a été d’environ trois millions huit
cent cinquante mille francs.
La Société des Missions de Londres entretient 162 missionnaires, savoir: en
Chine 18; dans l’Inde 49; à Madagascar
23; au Sud do l’Afrique, 32; aux Antilles
13 et dans les îles de la mer du Sud 27,
non compris 12000 Agents indigènes, employés à divers titres. — Son revenu s’est
élevé a près de 2,700,000, fr. — C’est surtout à Madagascar que les progrès de l’Evangile continuent à remplir d’admiration
et de joie tous ceux qui aiment à voir
s’accroître le nombre des adorateurs de
Christ. « C’est chose merveilleuse à voir,
écrit un missionnaire, que l’ardeur avec
laquelle les chrétiens hovas déjà convertis
disent à leurs concitoyens encore païens:
« Venez et montez avec nous à la maison
de Dieu qui a sauvé le monde ».
La Société des Missions icesleyennes ne
travaille pas seulement parmi les païens,
mais elle a des stations au sein de l’Eglise
catholique romaine et môme de certaines
Eglises protestantes. Le chiffre de ses
postes principaux s’élève à 779, et celui
de ses chapelles ou autres lieux de culte
6
-270
à 5,230. Elle compte actuellement au delà
de 1000 missionnaires ou aide-missionnaires, et pourvoit, de plus, à l’entretien
d’environ 4500 catéchistes, instituteurs ,
interprètes, soit européens, soit indigènes.
Plus de 22,000 autres personnes non réti ihuées prennent une part plus ou moins
active à ses travaux.
Les recettes de l’année dernière ont été
d’environ 3,745,000 francs. — A propos
de ce chiffre, un des orateurs a vivement
intéressé l’assemblée en rappelant, d’après
les anciens rapports de l’œuvre, la faiblesse de ses origines et l’e.xiguité de ses
ressources primitives. La première liste de
souscriptions (en 1787) n’indiquait que
1,650 francs de recettes, et pendant les
six premières années, ce chiiïre s’accrut
si lentement iju’il eût paru absurde de
prévoir alors ces revenus annuels qui se
comptent aujourd’hui par millions.
Les principaux champs de travail de la
Société sont, parmi les païens: la Chine,
l’Inde, r.àfrique du Sud et plusieurs Archipels de l’Océanie. Chacun sait quelles
splendides bénédictions ont été répandues
sur son œuvre aux Iles Fidji.
La Société des missions baptistcs a ses
établissements les plus considérables dans
l’Inde, aux Antilles anglaises et particulièrement à la Jamaïque. Il y a là 95 congrégations , plus ou moins considérables, qui non seulement se sufGsent à peu
près entièrement à elles-mêmes, mais qui
consacrent de plus, chaque année, des
sommes proportionnellement importantes
à l’évangélisation de l’îlo et à celle de
l’Afrique occidentale.
Les recettes de la Société ont été d’environ 822.000 francs.
En additionnant les chiffres des recettes
mentionuée.sj, on arrive à une somme totale d’environ 11.500.000 francs, consacrés
à l’évangélisation par les amis de quatre
Sociétés de missions, en Angleterre seulement. Mais quinze ou seize autres institutions, ayant directement pour objet la
prédication de l’Evangile parmi les peuples non chrétiens, figurent dans le tableau général et pour une somme de plus
de 6.000.000 de francs. Parmi ces institutions, les plus considérables sont:
1' La Société pour la propagation de l’Evangile à l’étranger Recettes 2.300.000
2“ Les Missions de l’Eglise libre
d’Ecosse..................» 680.000
3” Les missions de l’Eglise presbytérienne d’Ecosse ...» 764.000
4“ La Société des missions du
méthodisme primitif . . » 578.000
5® La Société de Londres pour
la conversion des juifs . » 860.000
6o Onze sociétés pour plus de » 1.500.000
Total » 6.682.000
Si nous ajoutons les recettes de la Société biblique britannique et celle de la
Société des traités religieux, nous avons
un antre total de plus de 6 millions, et
enfin un total général de plus de 24 millions pour les œuvres de missions et d’Evangélisalion dans l’Angleterre seulement.
Ce chiffre est au dessous de la réalité.
C’est là un résultat splendide quand on
considère que c’est le fruit de collectes
et de dons volontaires ; c’est quatre fois
de plus que les revenus si vantés de la
célèbre Société catholique romaine pour
la propagation de la foi. Mais qu’est-ce
que cela à côté des milliards dépensés
annuellement par les budgets de la guerre
pour les armées permanentes et même à
côté des 9 milliards que la dernière guerre
a coûtés à la France. Paroisses vaudoises '
souvenez-vous des faibles commencements
de la Société wesleyenne ! souvenez-vous
des 10.000 francs envoyés à la France par
les chrétiens des îles Sandwich !
®hronii|ue
I-ia fête dxi 15 août. Ainsi que
nous l’avons annoncé, la fête du 15 août a
eu lieu à Augrogne, au dessus du Martel,
dans un emplacement parfaitement bien
choisi. Près de 2000 personnes y ont pris
part. La séance du matin, destinée aux enfants a été ouverte par des chants et par une
prière du Modérateur. Ensuite le pasteur
de S‘ Jean lut, dans la Genèse, quelques
traits de l’histoire de Joseph et proposa
à l’imitatiou des enfants, à plusieurs égards,
la jeunesse de cette homme de Dieu. Trois
autres orateurs ont pris successivement
la parole et ont présenté Joseph comme
modèle d’obéis.sance et comme type de
7
-271
Jésus-Christ, par les souffrances qu’il eut
à endurer de la part do ses frères. Jusqu’à ce moment où s’était plus particulièrement adressé au* enfants, dans le
but de donner un moment de relâche à
leur attention, depuis longtemps tendue,
un orateur annonça qu’il s’adresserait aux
parents et il présenta à ces derniers les
avantages des écoles du dimanche, appréciées surtout en Amériqne et en Angleterre , soit au point de vue sociale, soit
au point de vue de la piété personnelle;
et il exhorta les personnes capables de
s’en occuper, à mettre la main à l’œuvre
et les parents à profiter de cette institution relativement moderne, dans l’intérêt
de leurs enfants, se souvenant de la promesse solennelle qu’ils ont fait à Dieu de
les élever dans la connaissance et dans
la crainte de Dieu.
Le président accorda ensuite la parole
à l'étudiant en médecine Gay de Prarustin
qui lut un travail sur le respect dû aux
vieillards. L’orateur fut écouté avec une
visible sympathie; mais sa voix peu habituée à se produire dans de nombreuses
assemblées, ne lui permit pas de se faire
entendre du grand nombre ; aussi nous
permettons nous de reproduire les principaux passages de cette allocution :
« Jeune homme, dit-il, je m’adresse aux
jeunes gens. J’étais un enfant, lorsqu’il
m’arriva de lancer une pierre à un vieillard qui passait. Mon aimable grand-père
me prit sur le fait, et, après m’avoir sévèrement puni, il me dit ces paroles que
je n’oublierai jamais ; Ne sais-tu pas que
tu n’as pas seulement offensé ce vieillard,
que tu ne m’as pas seulement offensé
moi-même, mais que tu as profondément
offensé celui qui a conservé si longtemps
l’homme que tu as méprisé. Dieu luimême qui nous dit dans sa parole; Lèvetoi devant les cheveux blancs-, honore la
personne du vieillard et crains ton Dieu,
je suis VElernel. Lév. 19. 32.... Le vieil
lard a droit à notre respect à cause de
ses infirmités mêmes; sa voix tremblante,
son dos courbé par le poids des années,
sa vue affaiblie, sa tête blanchie ou dénudée, ses sens engourdis, sa faiblesse,
la lenteur de sa démarché, toutes ces
marques d’une vie longue et laborieuse
sont bien propres à nous inspirer la vénération. — Honte à quiconque abuse de
sa vigueur pour insulter à la faiblesse
du vieillard ! — Malheur à celui qui jette
seulement un regard insolent sur sa tête
vénérable ! — Et que dirons nous de telle
famille qui doit son bien-être, sa prospérité, son bonheur même à un pere vénéré et qui néanmoins le traite avec indifférence, avec mépris même quelquefois,
et ose souhaiter d’en être délivrée au plus
tôt, comme d’un fardeau désagréable ? —
Il est impossible que la bénédiction et la
paix de Dieu soient le partage d’une telle
famille. Mais direz-vous; il y a vieillard
et vieillard.... Pouvons nous respecter un
Vieillard qui conserve dans l'âge le plus
avancé et jusques sur le bord de la tombe
les Vices qui ont dégradé sa jeunesse et
avili son âge mêr?.... Je djg ¿ mes compagnons d âge. Il ne nous appartient pas
de mépriser cet homme là, tout comme
il n était pas permis à Cham de se moquer
de 1 état d ivresse de son vieux père.
Souvenons-nous de celte parole de l’apôtre ; Que celui gui est debout prenne
garde gu il ne tombe!... — Mais voici le
vieillard qui a droit à tout notre respect;
cest celui qui, malgré les misères et les
faiblesses de notre nature corrompue, a
constamment tendu vers la perfection....
Cest pour lui que les cheveux blancs sont
une couronne.... Un tel vieillard est un
monument vivant de la grâce divine, de
la bouté de celui qui fait vivre et qui fait
mourir. Un tel vieillard est un voyageur
fatigué, il est vrai, du pèlerinage rie la
vie, mais, par ses discours pleins de sagesse , il nous enseigne comment nous
devons poursuivre, nous aussi, ce même
pelerioage que nous avons entrepris depuis peu de temps. Ne rougissons pas,
nous jeunes gens, de recevoir instruction
de ce vieillard pieux et riche de précieuses
expériences. Il abattra notre présomption,
notre fierté, notre impétuosité d’esprit.
Profitons de ses leçons; car nous aurons
lieu de nous repentir amèrement, si nous
foulons aux pieds ses avertissements. C’est
de la part de son Dieu qu’il nous parle ;
et il ne veut que notre bonheur.........
«Jeunehomme, lève toi devant les cheveux
blancs, honore la personne du vieillard,
et crains ton Dieu; Je suis l’Eternel ».
Ensuite, M. le ministre Hugon a intéressé l’Assemblée, en lui parlant des enfants vaudois qui ont vécu dans des temps
moins.heureux. — Quelques paroles de
M. Chambeaud encore à l’adresse des enfaqts, un chant, et une prière terminèrent
la séance du matin.
Peu de minutes après, l’on pouvait voir
dans le bois de châtaigniers les familles,
les sociétés d’amis, formant une infinité
de petits groupes, où régnait la plus
franche gaîté, et oh l’on prenait un repas
frugal rendu encore plus excellent par le
bon air pur et par la course du matin. Le
spectacle était des plus pittoresques.
< Mais à deux heures, précises cette fois,
le chant d’un cantique invita les retardataires à la séance de l’après midi. M.
Charbonnier professeur, qui n’avait pas
F eu' le temps de présenter dans la matinée
son travail ’sur l’éducation obtint de parler le premier. Il a virement intéressé
8
-272
l'assemblée sur deux points seulement de
son important sujet. Ces deux points sont:
Les haSitudes et l’autorité. Nous espérons
que l’auteur nous permettra de publier
son travail en entier ou en partie ' dans
l’Echo.
Le pasteur d’Angrogne, après avoir lu
le chap. 25 de St Matthieu, adressa à l’Assemblée une allocution siu* ces paroles
de Jérémie. « Que ferez-vous quand la fin
viendra? ». Deux autres orateurs rendirent
les auditeurs altentifs à la solemnité des
appels et des avertissements de l’Ecriture
et à la responsabilité qui pèsera sur ceux
qui les ont entendus. L’un d’eux rattacha
ses exhortations à la promesse contenue
dans Marc X et 30. — D’autres personnes se disposaient à prendre encore
la parole, lorsqu’un violent coup de tonnerre, bientôt suivi de quelques gouttes
de pluie, vient mettre un t^rme à la séance. M. le próf. Charbonnier lut encore
le cantique « Sur les monts élevés » qu’il
avait préparé pour la circonstance. Mais
il proposa, lui-même, de finir la réunion
par le chant du dernier verset du Tedeum
et par la bénédiction.
La fête a été belle et elle laissera, nous
l’espérons, plus qu’un agréable souvenir
dans l’ésprit de plusieurs. Toutefois nous
ne serions pas fidèle à la vérité, si nous
disions que tout a été bien. Nous avons
regretté, en premier lieu, que les ordonnateurs de la réunion n'aient pas songé
à faire préparer une estrade pour les orateurs . qui auraient peut-être été mieux
entendus. Nous aurions désiré, en second
lieu,, plus d’attention et plus de recueillement de la part de tous les membres de
l’Assemblée'. Nous avons remarqué, l’après-midi surtout, aux limites extrêmes
du groupe si se pressait autour, des orateurs, beauco.up de distraction, beaucoup
de bruit, au graud détriment de ceux qui
parlaient et de ceux qui s’efforçaient d’entendre. Nous voulons croire qu’on avait
sur certaips, points beaucoup de peine à
saisir le sens des paroles qui étaient prononcées et que .cette circonstance a été
pour quelque ch'osë dans le manque de
recueillemé'nt; Nous savons aussi que parmi
16s personnes qui assistent à ces réunions,
il y en a qui y vont par habitude ou pour
faire une partie de plàisir. — Quoiqu’il
en soit nous pensons encore, comme nous
l’avons toujours pensé, qu’il y a quelque
chose à faire pour que ces réunions soient
réellement uliles, instructives et édifiantes
pour le grand nombre. Nous souhaitons
que ceux qui seront appelés à organiser
à l’avenir de ,semblables cultes en plein
air songent à apporter quelque remède-à
cqs inconvénients qui ont été cette année
assez généralenient sentis..
^hrontc|ue poUtic^tic»
Italie. Il parait certain qu’il y aura
des mutations partielles dans le Ministère.
Acton, ministre de la marine, serait remplacé par Ribotty et Gadda ministre des
travaux publics, le serait par le sénateur
de Vincenzi.
Allemagne. L’entrevue des Empereurs d’Allemagne et d’Autriche et de
leurs chanceliers respectifs de Bismarck
et de Beust, et leur entente cordiale préoccupent,l’opinion publique. Les journaux
parlent déjà d’une alliance franco-russe,,
pareeque le czar a reçu le nouvel ambassadeur français avec bienveillance. —
On pense aussi que M. de Rémusat, le
nouveau ministre des affaires étrangères
en France, a l’intention de rétablir entre
son pays et l’Italie des rapports meilleurs
que ceux qui ont existé jusqu’ici. U aurait
une entrevue avec Visconti-Venosta, lors
de l’inauguration du tunnel du Mont-Cenis
et enverrait, sans retard, un ambassadeur
à Rome.
France. La grande question du moment est la prolongation pour trois ansdes pouvoirs de M. Thiers comme président de la république. — La proposition
Binet, dans ce sens a été répoussée dans
les bureaux par 340 voix contre 304. La
droite voudrait bien un président et même
un président absolu, mais sans la république; la gauche voudrait la républiquemais sans le président ou du moins avec
un président républicain, ce que n’est
pas M. Thiers. ,,
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E. Malan Directeur-Gérant.
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