1
Huitième aru^èe.
N. 8.
28 Févier 18T3.
L'ECHO DES VALLEES
FEUILIÆ HEBDOM VDAIRE
Spécialcmt^nl consacrée aux inlcréts matériels et spirituels
(le la Famille Yaudoise.
Que toutes les choses (jui soat véritables,
vos pensees — { Phitipjùens., JV. S.)
occupent
PRIX d’abomnewfnt :
lialie. a donneile (un un) Fr.
Puisse...................* ^
.''ra>:ce................* d
Allemagne d
Angleterre. Pays-l'as . » R
*'■1 nuntero ^eunrr : 10 cent.
Vil «uj.iero ai »•!>> c ; lili-eiit.
BDHEADX D ABONNEIVENT
ToRRh -l’Kt.MCR : Via M iesn*H,
N. 1*2. (Afjencia
PiGNiîKüL : J. Chhmtore Iinpr.
TrrrfN Tmn, via Ì^agrajige
près le N. 2*2.
Florknck Lihreria h'ouujeHca. via de’PHnzani.
ANNONCKS : 5 ci*nt. la tigne
oil portion de tigne.
I-ettrcs et envois ft'nu- o. S'a*
<lresser pour radinitiisiral’oii
nn Burenn >ì Torre- PcìUrr.
via Maestra N. \‘¿ — poni'la
rédaelion : a Mr. F. Mulon
Prof', a Torre-Pellire,
ìSoii» nciaii^o.
De la l’rière. — Corraquuulnnce. —
Chrunkjue Vauduise. — Cìuonique l’olitique.
DE LA FIMÈliE
f Suite et fin V. V. 4 L
f’omment [)uis-jo rocoinuiitre que
je prie réellement par l'Ksprit ?
Je prie évidiunnient sous l’iiiOuence de l’Esprit de Dieu; lorsqii’eu
me présentant devant mon Père
céleste, je reconnais et je sens ce
qu’il est , et ce que je suis. Ce
qu'il est: Le tout puissant, il peut
m’entendre et m’exaucer; la bonté
parfaite, il veut mon bonheur;
le saint des saints, il hait le mal
et ne peut le tolérer en sa présence; l’Etre tout sage, qui connaît
les meilleurs moyens pour atteindre .son but; le fidèle, qui maintient exactement ce qu’il a promis
dans sa Parole etc.
Ce que je suis; un pécheur qui
mérite ses châtiments; un ignorant, qui à besoin d’être instruit
et éclairé; une créature égoïste et
malheureuse , qui a besoin d’ètre
pardoimée et régénérée; faillie cl
incapahie d'aucun bien, ayant besoin d'une force divine, pour accomplir ses devoirs.
— De cette connaissance et de
Ce sentiment de ma vraie position
devant Dieu, l’ésullent naturellement ] humilité el la repentante,
(pii accompagnent toutes mes [iriiV
ros, la foi sincère avec laquelle je
m’appuie sur Mésiis-Clirist ; seul
nom qui ait été donné aux iiouïmes par lequel ils puissent être
sauvés; la confiance avec laquelle
« je m’attends à l'Eternel, par- e
qu’il est bon et que sa bouté demeure à toujours , » obéissant à
l’ordre de celai qui me dit: « Approchez-vous avec confiance- du
trône de la grâce; » la sincérité
de cœur, avec laquelle je ne demande que ce que je désire obtenir à tout prix , faisant usage
moi-tmnne des moyens que Dieu
a mis à ma portée, pour concourir
à la réussite 'de mes demandes ,
, veillant sur moi mcine, fuyant les
2
-(58)
tentalions , profitant avec empressement des moyens de grâces,
travaillant à ma sanctification,
sans me laisser décourager par
les nbstacles ni par le peu de
progrès accompli: Enfin la perséri'rance sans laquelle toutes les qualités delà prière véritable manquent
néeossairement. Dieu tarde parfois à nous exaucer, soit pour
é|i!'oiiver notre humilité, notre foi,
ot notre sincérité, soit pour des
i:u tifs à nous inconnus, mais toujours dignes de Lui. C’est pourquoi
l'Ksprit de Dieu nous pousse à
l•rier loujours et à ne nous relâcher poini. Il est évident par exemple que la sanctification étant
l'anivn' de toute la vie, nous ne
<oron.s exaucés, à cet égard, qu’en
j'ersiivérant à prier jusqu’à la mort,
àprès une assez longue expérience,
l’auteur de ces lignes peut dire
avec pleine assurance à ses lecteurs: Ne vous découragez jamais
dans la prière. Il peut vous semIder (uirfois que vous n’y gagnez
rien, que vous êtes toujours les
mémos ; quelques fois, même, qu’au
lieu d’avancer vous reculez. Sachez
que, dans les maladies de l’ârae ,
comme dans celles du corps, la
guérison est souvent précédée des
symptômes les plus alarmants.
Mais si vous désire.z sincèrement
la grâce de la sanctication, rappelez vous que Dieu la veut bien
plus résolument que nous-mêmes.
Toutes les volontés de Dieu à votre
égard se résument dans cette volonté seule: « C’est ici la volonté
de 'Dieu , savoir votre sanctification ». Vous serez saints quand
vous aimerez, et vous aimerez lors
que vous croirez que Dieu vous
aime, et que vous demeurerez dans
son amour.
— Il faut dire encore que la
prière faite sous l’influence de
l’Esprit de Dieu est calme, en môme temps qu’ardente. Je dois désirer avec intensité ce que je demande, mais refouler toute véhémence et toute excitation, incompatibles avec le sentiment de la
présence de Dieu. Je dois éviter,
quand je suis dans l’angoisse, ou
dans l’inquiétude de prier avec
cette ardeur impatiente et fébrile,
qui voudrait comme arracher de
la main de Dieu la grâce demandée.
— La prière faite sous l’influence
de l’Esprit est pure de tout égoïsme. En priant pour la conversion
d’une àme, ou pour le succès d’une
entreprise chrétienne quelconque,
je puis désirer ces grâces, parceque j’y suis intéressé ; il s’agit de
mon œuvre, de mon entreprise ,
de ma gloire. Or, cette préoccution égoïste souille nécessairement
la prière , et empêche qu’elle ne
monte à Dieu comme un parfum
d’agréable odeur. C’est ici aussi le
cas d’appliquer la parole de saint
Jacques: « Vous priez et vous n’obtenez pas, parceque vous demandez
mal et pour satisfaire à vos convoitises ». L’Esprit de Dieu me
pousse à demander que son œuvre
s’accomplisse par ou sans mon
moyen , pourvu que je sois gardé
fidèle dans la position où il m’a
placé.
— La prière faite sous l’influénce
de l'Esprit de Dieu est toujours
faite avec une humble soumission
à savolonté. C'est du fônd du cœur
3
-(59)
et non seulement des lèvres que
je dois dire: « Que ta volonté soit
faite et non la mienne». — Je ne
dois pas attribuer à un manque
de foi ce qui est un manque de
soumission. Ce n'est pas la vraie
foi qui me rend assuré d’avance
que mes prières seront exaucées
précisément à l'époque et de la
manière que je le désire. C’est
plutôt la présomption. La foi réelle m’assure que Dieu fera pour
moi ce qui me convient le mieux,
que mes prières seront ^exaucées
dp la manière qu’au dernier jour
je reconnaîtrai avoir été la meilleure, quant an temps et aux circonstances. Cette foi produit la
soumission , par laquelle , sans
rien voir de mes yeux, je me confie en toutes choses, en celui qui
est tout puissant et tout bon et
fera tout concourir à mon vrai
bien. Les trois amis de Daniel montrèrent leur foi, lorsqu’ils dirent
au roi : « Le Dieu que nous servons
est puissant pour nous délivrer »
et leur soumission, lorsqu’ils ajoutèrent « mais qu’il nous délivre
du feu ardent de la fournaise ou
non, sache, ô roi, que nous ne
nous prosternerons pas devant les
Dieux. Je suis soumis à la volonté
de Dieu dans ma prière, lorsque
je peux dire : « Lors même qu’il
me tuerait, je ne cesserais pas
d’espérer en lui.
Cette confiante soumission est
bien différente de la prétendue
résignation de ceux qui cessent de
prier pour la délivrance des souffrances terrestres, sous prétexte
qu’ils ne peuvent attendre de Dieu
que le châtiment mérité, et qu’il
est inutile de prier pour les choses
de la terre. Il est plus fatule de
céder au tentateur, de sc laisser
aller à une sorte de résignation
désespérée, que de prier avec
persévérance pour tous nos be.soins,
avec ardeur, mais aussi avec une
humide soumission , disposé à
laisser le résultat entièrement entre les mains do Dieu. Une ti'llo
prière diffère de la demanda impatiente et fébrile, comme le vol
de l’oiseau dans les ans dillme
des efforts de l’oiseau (|ui Imt de
ses ailes les fils de fer de sa cage.
Celui qui prie avec res di.sposi
tions, peut être assuré de jinei'
par l’Ksprit, dont il est dit, qu'il
intercède pour nous par des soupirs ineffables, et que ses prières
seront exaucées par celui (¡\ùj>eui
et veut faire pour nous au-ilelà il,:
ce que nous pouvons penser et ilmander.
Cher ami lecteur, sache que
plus tu demeureras en Christ, ¡dus
tu marcheras avec Dieu, plus tu
seras capable de prier dans coi
esprit. Peut être quelques unsd(‘
tes plus chers désirs no seront pas
satisfaits, que l’écharde on la chair
ne sera pas enlevée, que tu devras attendre longtemps la conversion de ceux que tu aimes ;
mais l’expérience que tu feras chaque jour de la puissance de la
prière, dans les diverses circonstances de ta vie, raffermira ta foi,
et te donnera un sentiment toujours plus vif de ta communion
avec Dieu. Chaque jour tu entendras plus distinctement une voix
intérieure qui te dit : « Là est le
vrai chemin, marches-y » et tu
4
-(60)
Irouveras, qu’avec la tentation,' ou
l’epreuve, Dieu te donne l'issue;
que quand tu tombes, il te l’elève;
que quand tu es faible, il te fortifie; que quand tout semble être
perdu pour toi, ton Dieu cependant te reste avec tous ses trésors.
Chaque jour tu te sentiras aussi
mieux guidé et dirigé dans ce que
lu dois demander avec confiance
et tu éprouveras la vérité de ces
paroles de Jésus : «Si vous demeulez en moi et. que mes paroles demeurent en vous, demamU'z tout
ce que vous voudrez et il vous
sera fait ». J. David Tdrik.
»
(fTorreoponbancc
Florence, le 9 février IS73.
Monaii’iir le liédncleiir ,
,1f> viens vous ilpinnnilor la permission
de répondre, en deuv mots, à la leltre que
vous a adressée M. le pasteur de Praly en
date du 29 janvier, et que, vous ave/, publiée dans le, N. 5 de l'Echo.
Il edt été sans doute tort regreltalile
(|UO la paroisse de Roiloret, après un vote
unanime, se fdt trouvée dans l’impossibilité d’oblenir le ministère d’nu pasteur.
Heureusement il u'en a rien été; et c’est
à peine si l’on peut qualifier de refus la
réponse faite, tout d’abord par l’évangéliste
de Guastalla, puis(|u’elle laissait toute
large ouverte la porte é un arrangement. Un
homme n’a qu’une parole ; et le pasteur actuel de Rodoret vient d’en fournir un exemple. Sa décision a été, spontanée; et nul n’a
exercé sur lui l’ombre d’une pression. Il
ne peut y avoir deux avis lé-dessus.
Mais je ne comprends guère,, à partir
de ce moment, pourquoi M. le pasteur
D. Gay a cru devoir faire une charge à
fond contre l’article 19“ des Actes Synodaux
de 1871. En apparence, il ne sepnble occupé que du soiu d’en fixer la véritable
portée ; au fond, il ne désire rien tant
l
que d’en provoquer l’abrogation, afin de
revenir à l’article 16 des Règlements organiques (biffé en 1871), voire même au
fameux toutefois du § 9 de la Constitution.
Une fois engagé sur cette voie , il réclame
l’exhumation de tous les bons vieux usages , sans toutefois les indiquer d’une façon précise, et il promet les éloges des
paroisses à celui qui saura remettre sur
pied tous ces monuments d'une antiquité
vénérable, .le le répète; je ne comprends
pas chez M. Gay cet engouement pour un
passé qui est déjà bien loin de nous, quoiqu’il ne s’agisse que d’un laps de quelques années. Que gagui'rait l’Rgiise Vaudoise à cette reculade sur tonte la ligne?
C’est ce que iVI. Gay a négligé de nous
faire savoir.
La distinidion entre, paroisses de première et seconde classe, a-t elle jamais
existé au sein des Eglises Vaudoises? Le
nom même de peu'oisse peut-il réclamer
une bien haute antiquité? Non; que M.
Gay se donne la peine de relire le rapport sur la libre nomination des pasteurs,
inséré au compte-rendu de 1864, et il
ponira s’assurer que l’origine de cette
désignation , et le chef d’œuvre de science,
topographique qui nous a valu les catégories de la montayne. et de la plaine,
datent de quaranli' ans environ , la moitié
d'une vie d’hoinme vigoureux. Et tout le
passé qui s’étend derrière cette dale , ne
pèse-t-il donc rien dans la balance? Revenons au passé, si l’on veut, mais ne
nous ari'èlous pas à la dale de 18Ü0; interrogeons , non pas le système inauguré
par Napoléon 1 au commencement du siècle , ni même la pratiipie du siècle précédênt, mais les faits et les iustilutions
du XVI* et du XVII“ siècles, qui sont, à
tous égards, pour notre Eglise,, l’époque
normale. A ce compte-là, il y aura plaisir
et tout profil à faire revivre les bons vieux
usages, sans toutefois les copier servilement. Mais s’attarder, quand on s’est mis
en marche tout de bon, mais s’apitoyer
sur la disparition du Toutefois et sur celle
de l’art. 16 du Règlemeni do la paroisse,
mais vouloir revenir sur ses pas alors que
l’aveuir nous appelle et nous invite à avancer et à sacrifier, s’il est besoin, bien
au-delà de trois ou quatre dispositions
5
-(61)
tranaüoires fie Coastituliou ou de Règlelaeuts, — c’est chose pour moi incompréhensible. Kaut-il donc nous user dans
de stériles discus.sious sur tel ou tel paragraphe de Règlement ou tel ou tel Acte
de Sjnode qui n’impli(|ue en fait aucun
principe durable et fécond?
Un mot encore sur l’arlicle 19 des Actes
Synodaux de 1871. .le le crois préférable
à l’ancien article 16 du Règlement de la
Parois.se (lui autorisait la Table à prendre
d'ofjice le dernier dm inscrits sur la liste
paslnrak, et à le menacer, en cas de refus , d'être rayé du n'de des ministres de
l'Eglise, Vaudoise. Je veux bien croire que
le cas se fût présenté rarement; mais il
était prévu , donc on le croyait possible.
Or il y avait bà une conirainte véritable,
d'office, c’est-à-dire bon gré mal gré;
menace de radialion , c’est-à-dire de la
peine disciplinaire la plus rigoureuse (pie
sanctionne la Conslitntion {§ 51, d. ). Mais
comment un refus de se rendre, à une
sommation aurait-il pu s’interfiréter, in
abslracto , une grave négligence dans l’aTicomplissement d’un devoir? C’est ce qu’il
faudrait ex[)liipier. I.e di'rnier inscrit aurait pu avoir conscience (pie son devoir
consistait pluti'it à rosier oii il se trouvait;
et l'on iTeùt tenu aucun compte de sa
prolestalion ? I,a mesure ci'itjété au premier chef attenlnloiie , non pas seulement
à ta liberté personnelle, (pii ne pont être
absolue , mais à la conviciion raisonnée
de rmdiviilu et pent-éire aussi de l’adminislralion dont il aurait eu la conlianco.
Voilà poiinpioi je préfère l’art. 19 des Actes
Synodaux de 1871, 'pii a du moins l’avantage d’etfacer toute contrainte. L’événement a justifié, ce me semble, la sagesse de cette mesure.
Pardonnez moi, Monsieur le Rédacteur,
la hâte avec laquelle j’ai écrit, et veuillez agréer les salutations de
■Votre dévoué
#
A. Revel Professeur.
Parfaitement d’accord avec M. A. Revèl
surtout le reste, nous ne le sommes pas
sur les motifs de sa préférence do l’Art.
19 des Actes Synodaux de 11871 sur l’Art.
16 du Règlement de la paroisse, parceque le premier a tous les iacouvéaienls
du second, sans en avoir les avantages.
Nous nous sommes expliqués là dessus ,
nous n’y reviendrons pas ici inutilement.
Fignerol, le 24 févriev 187.3.
Cher Directeur,
Permeltez-moi de vous retracer la fêle
anniversaire de l'émancipation vaudoise
telle (|u’elle a eu lieu le 17 février coiirantà Prarustin: — A 10 heures du matin,
la Société ouvrière agricole de cette Commune se trouvait réunie au Roc, dans la
presque totalité de ses membres. Bannière
déployée et musique en tête , le cortège
s’achemina pour Saint Barthélemi. A 11
heures environ, le culte, présidé par M.
Michelin , commença par la prière et par
le chant d’un cantiipie approfirié à la circonstance.
M. Michelin, prenant son texte dans le
chap. IV du livre de Nobémio, nous parla
de la nécessite de rebâtir les murs du
temple, en nous souvenant de co ipie liront les Juifs sous la conduite do Nébémie,
tenant l’épée d’une main, et de l’autre la
truelle. Les bénédictions lenqmrolles ont
abondé; mais les bienfaits, qui découlent pour nous de rémanci[)ation , nous
obligent aussi à relever l’Eglise de l’état
d’inertie S|iiriliie.llo oîi elle est tombée.
Ici .M. Michelin a fait un aftpel énergif|uo
à l’activité do lousîles membres de l'Eglise.
Invite par le pasteur de la paroisse ,
l'évangéliste de Pignerol prolite de l'occasion pour adresser, à la nombreuse
assemblée qui assistait attentive et recueil,
lie au culte , quelques mots dans lesquels
il lui rappela les privilèges et les devoirs
qui dérivent pour nous de la liberté qui
nous a été octroyée eu 1818. Un nouveau
cantique exécuté avec entrain, une prière
et la bénédiction mirent fin au culte. Je
ne veux pas omettre de dire que M. l’instituteur Jourdan eut l’heureuse idée de
proposer, pour le moment de. la sortie,
une collecte en faveur de l’Evangélisation
qui produisit 6 francs 90 centimes. L’exiguité apparente de ce ré.sultat ne doit pas
nous surprendre, vu que l’assemblée n’avait pas été avertie d’avance; nous devons
plutôt être reconnai.ssants, à celui qui a
proposé U collecte, de sou esprit d’à pro-
6
-(62)
pos, et prendre acte en même te.mps de
la confiance qu’il avait dans les dispositions
généreuses do ceux que l’on voulait intéresser à une œuvre qui, jusqu’ici, n’était
pas, tant s’en faut, populaire parmi nous.
Le cortège se remit, bientôt après, en
marche pour le village du Roc où nous
attendait un dîner simple, servi dans la
maison gracieusement concédée, pour la
circonstance, par son propriétaire M.Danna.
A doux heures environ plus de 100 personnes prenaient (ilace ò table dans deux
chambres contiguës La plus grande cordialité régna entre les convives pendant
le repas. Le nombre relativement considérable de ceux qui voulurent être du
bnni|uel (trouve (jue ce n’était pas une fêle
(le la société ouvrii'rc senlomeut, mais
uno fête à laquelle toute la populalion
tenait à honneur de s’associer.
Vers la fiu du dîuer les toasts les plus
variés ont été portés par un certain nombro de convives. Le premier à prendre
la (larolo fut un membre de la société
ijui, après de chaleureux rcmerciments
à l’adresse du Conseil communal , du
maître do la maison ou avait lieu le. banipiet,dn (lastenr, pour les encouragements
(ju’il n’a cessé de (trodiguer à la Société
depuis sa fondalion, toucha à la quesliou
ecclésiasti(|ue la (tins brûlante et la pins
controversée (tarmi nous; celle de la nécessilé d’habituer davantage nos Eglises
à se sulfiie et à vivre do leurs pro(tres
ressources.
Il accepte franchement eu son nom , et
au nom d<t plusieurs autres, cette obligation mitrale i(ue la conscience chrétienne
nous impose, et voit, dans la mise en
(iratiipie de celte innovation, un mnyitn
de rendrtî à la vie religieuse, si langiiissante che/ nous, sa vigueur d’autrefois.
iti. le pasteur iMiidielin saisit cette occasion pour déi larer A ses paroissiens présents, (|u’il travaillera avec un redoublement d’ardeur, si possible, (|uaud il aura
rassurauc.e que le lien du sacrifice existe
de ses paroissiens à lui, aussi bien ((ua
de lui à ses paroissiens; il sentira bien
plus alors l’impérieux besoin de se donner;
s’ils en viennent de leur côté, à lui prouver ainsi, qu’ils sentent le prix do la prédication de l’Evangile, dont il a été fait,
au sein de cette’ Parois.se, l’interprète,
par l’appel de Dieu, et par le libre choix
de ses [iaroissiens.
L’Evangéliste de Pignerol expose ensuite, dans un toast, ses vues sur la formation d’une société vinicole destinée à
donner une nouvelle impulsion à la production des vins qui laisse encore, pour
le moment, bien à désirer, soit à l’égard
des procédés de fabrication, soit à l’égard
du choix des pspèces de raisins que l’on
associe sans discernemont. Un autre meai>
bre du conseil de la Société ouvrière, dans
un travail écrit, met en saillie les bien-fails de l’esprit d’association qui produit
le rapprochement d’un grand nombre de
personnes qui, sans cela, seraient peut être
restées étrangères les unes aux autres ;
la Société ouvrière provoquent entretient
le besoin de se venir en aide mutuellement.
D’autres toasts ont été portés au roi Victor-Emmanuel et au fondateur de la Société ouvrière M. Matthieu Gay.
Je dois rappeler, en finissant, qu’un petit
incident a marqué la fiu du dîner, et qu’il
est né à propos (t’un discours d’une nuance
tant soit peu politique.
Quelqu’un a (Drotesté, avec l’assentiment général. contre l’intrusion de ces
questions au sein de la Société réunie officiellemeut. L'incident n’eut pas de suites
fâcheuses, et fut terminé à l’amiable;
mais il a eu, par contre, l’avantage précieux d’affirmer lesîtendances anti-politiques de la Société ouvrière de Prarustin.
Agrée/, cher Directeur, mes remerciements , si vous insérez mes lignes, et
l’expression de. mes sentiments alfectueusement dévoués
P. c.
®liroiiii|uc 01auboi0C ,
— /
rcmiiaçi’atïon. — Une assemblée
présidée par M’ J. Parise, et ayant (vour
but de s’occuper de la (¡uestion de l’émigration , a eu lieu dans l’école de S‘ Marguerite. Beaucoup de personnes y assistaient; mais l’entrain était si médiocre
((ue nous n’avons pu nous empêcher de
l’appeler « une réunion en faveur de l’émigraiion, formée de gens i)ui n’ont pas
envie d’émigrer ». Il s’agissait de nommer deux commissaires chargés de se
porter sur les lieux et de visiter les terrains
situés entre Brindisi et I.ecce dans la provinces d’Otrante. — Cinquante cinq chefs
de famille ont fini par s’inscrire sur la
liste des aspirants à l’émigration et ont
nommé pour leurs délégués M'* Rollier
professeur et J> Pellegriu.
On nous assure, d’un autre côté, que
des agents de_M. Pendleton sont à l’œuvre
à Rorà, dans* le Val-Pélis et dans le Val
S‘ Martin, afin d’enrôler ou mieux d’embaucher des vaudois pour la colonie Alexandra. On a beau dire à nos gens qu’ils
se sacrifient eux et leurs familles, dans
une contrée malsaine, exposée aux incursions des indiens, ils ne, croyent que
ceux qui leur font de magnifiques promesses et qui les trompent. La nouvelle,
récemment arrivée, que trois femmes de
7
-(63)
Rorii, appartenant à ta rolonie Alexanctra,
ont été enlevées par les sauvages, ue les
épouvante pas; ils se contentent île nier
le fait {et nous faisons des vœux pour
qu’il ne se confirme pas); mais la perspective d’un sort semblable, celle de la
perte de leur indépendance ne les arrêtent pas davantage. Ne leur promet-on
pas ()u’ils seront transportés, nourris et
logés aux frais de la société? On ne demande pas autre chose. — Pour nous,
nous l’avons dit, et nous le répélons,
nous considérons comme un vrai malheur
l’émigration actuelle dans la Hépnbliiiue
Argentine sous les ausfiices de .\l Pendlelon. — Nous préférons à elle l'émigration au Rosario, puisque Rosario il y a ;
car les nouveaux venus fortifieut la communauté existante. Nous préférons à l’émigration en Amérique, l’émigration en
Italie; pnrceque,dans noire pays, nos frères
ne sont pas [lerdus pour nous , pour notre
patrie et pour l’infliience que nous devons
exercer comme proteslauts. C’est là aussi
le sentiment de nos amis de Hollande ipii
nous écrivent ce qui suit: « Des colonies
vaudoises dans le midi de l’Italie , ce serait un grand avantage, autant pour les
colons, à l’aliri désormais do la misère ,
et toujours à portée de leur pays naial
cl de leur conducteurs spirituels, ijue pour
les habitants du midi , [irotitant de l’esprit plus solide et des habitudes plus lalioriouses des émigrants du nord, et (loiir
l’Ktat lui même, qui verrait ses teires
maintenant peut-être en friche on mal ciilInées, fécondées et exploitées par un iravail sérieux. Ce serait, en même temps,
un avantage et une facilité pour l’évaiigêlisatiou. Avec de la bonne volonté , di>
l’energie et do l’esprit (iratique, il serait
bien étonnant (¡ue la chose fût inexéc itahlo ». fà suiorej.
Pomafet. — L’anniversaire de l’émancipation a été céléhré par une fêle
donnée aux enfants des écoles. Il y a eu
plus d’entrain que jamais. — C’est, selon
nous, la meilleure manière de se réjouir
que de se réjouir avec les enfauls et de
réveiller en eux les sentiments de reconnaissance envers l'auteur do tout don parfait et envers ceux qui ont été et sont
entre ses mains les instruments de notre
liberté.
La TAlvlsta cristlana. Nous
avons reçu et lu avec plaisir le second
numéro de la Rivista Cnsliana et l’avons
trouvé supérieur au premier. — yuoique
tous les articles ne.soient pas à la même
hauteur, ils ont cependant tous une valeur scienlifioue, et nous donnent la preuve que les rédacteurs et leurs collaborateurs peuvent et veulent réaliser leur beau
programme.
Le premier article , Professeurs et étudiants au, /P siècle, do f. de Lorher est
un beau chapitre de l’histoire de la pédagogie; le seconde la-Bible et la nature, est
une analyse critique d’un ouvrage de
Reusch , profe.sseur do théologie à l’Université de Bonn ou Prusse. C'est do la
bonne théologie. Cet article, dont nous
n’avons, comme du précédent (ju’une première partie e.st dit à la plume de .M. A.
Revol; le troisième article est la seconde
partie de l’examen et do la réfutation de
l’ouvrage du baron d’Ondos Reggio sur la
suiipression des ordres religieux. C’est un
lieau chafiitre de morale chrétienne; l’auteur .\l. Rihet étudie à la lumière de l’Evangile les trois vonix catholiques de la
vie parfaite: la pauvreté, la chasteté et
l’obéissance.
Une lettre do M. .Iules Milsand rend com|ile des jugements erronnés que l’on a
portés en franco sur le synode do l’Eglise
réformée, et une autre, de M. Roenneke,
sur les nouvelli's lois que le ministre des
cultes a [iroprosées dernièremeni au parlement prussien, fait désirer ardemment
pour ce pavs la séparation de l’Eglise et
de l’Etat.
Sous le nom de Cenni bibliofirafici .\IM.
Kostan et A. Revel nous font connaître ,
le premier, le livre de la fnynUle de l’avocat Augelo Maz/.oleni, le second la Hirisla ili ¡Uoloijia e d’islrnzionc dassica
rédigée par il.M. Miillcr et Pez/.i M. A.
Rovid attire parliculièrement l’altenliou
sur le sujet do l’instruction classique en
Italie d’après les arlicles do .M. Pezzi dont
nous avons déjà aussi entretenu les lecteurs t\e \’Echo des traitées. Enlin une rerue
du mois très intéressante termine ce second
numéro. Comme on peut le voir il y a de
la variété et ample matière à rétlexion.
I.e prix de l’abonnement, cinq francs
par an, est on ne peut plus modique. Nous
ne saurions trop engager toutes les personnes qui s’intéressent aux progrès de
l’instrution, do la science chrélieune, do
l'Evangile en Italie, particulièremeni les
pasteurs et toutes les personnes instruites,
qui doivent sentir le besoin 'de se tenir
au courant du mouvement dos idées religieuses et morales dans noire pays, à s’associer à la Ricista cristiana et à la lire
avec attention et d’une manière suivie.
Nous n’avons pas besoin do rappeler que
la Revue est publiée sous la direction do
nos trois professeurs de. théologie, avec
la collaboration de quelques-uns de nos
évangélistes. C’est donc roba nostra , et
nous devons tenir à honneur, nous coréligionnaires , de ne pas lui refuser l’atten
tion que lui accordenl beaucoup de personnes étrangères à notre Eglise.
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(ïTkroniqtie politique.
Italie. — La Chambre avait pris la
louable résolution de ne pas s’accorder
des vacances pour ce carnaval. — Mais,
« chassez le naturel, il revient au galop ».
Bientôt les rangs des députés s’éclaircirent
et il fut nécessaire de se proroger jus()u’ati
4 mars. Les ministres eux-mémes sont
partis, les uns pour le Nord, les autres
pour le Midi. — Les journaux assurent que
l’Iioo. Restelli est nommé rapporteur pour
la loi des corporaiions religi<!uses.
Oono'vo. — Après les longs débats
qui ont rempli deux séances, le grand
Conseil a volé le principe de la nomination
des cillés par les paroisses. Quant aux
prêtres (pii, saus autorisation préalable.,
ont lu le mandement du nouveau vicaire
apostolique, le Conseil d’Iîtat les a frappés
de la retenue d’un trimestre de leur traitement. La mesure est sevère, mais aussi
longtemps (]ue durera le régime de l’union
de l’Kglise avec l’Etat, la loi ne saurait
êire impunément violée, ni le pouvoir civil
se laisser fouler aux pieds par une autorité
religieuse, ()uelle qu’elle puisse être. —
Or nous sommes loin de voir la séparation des deux pouvoirs s'oiablir à Genève.
Le, froid accueil fait eu grand conseil au
projet de loi présenté, sur cet objet, par
M. James Ea/,y en est une preuve suffisante.
( Chrétien écangéliquej.
Cependant lo iirincifie de l’élection par
les paroissiens calholiqnes ne sera appliqué
qu’aux nominations à venir. Les curés
devront prêter serinent d’obéissance aux
lois (le l’Etat. Ainsi on aura de nouveau
le clergé aseermmlé et le, clergé non aeeermenlé, comme à l’époque de la révolution
ii'aii(;aise.
Ainsi ([u’on le pressentait, le vicaire apostidiijue .Mermillod a réfusé de se soumettre
à ce que loi demandait le conseil fédéral,
et a déclaré préférer obéir à Dieu plutôt
(¡u’aux hommes, c’est-'à-dire, daus le cas
actuel, an pape plutôt qu’aux autorités
civiles et politiques. Le conseil fédéral a
décrété son bannissement du territoire de
la confédération suisse et a chargé le
conseil d’Etat de l’exécntfon de la sentence.
Le commissaire de police Coulin et son
secrétaire se spot en conséquence rendus
auprès de M. Mermillod ,o]ui s’est mis
entre leurs mains, non sans avoir protesté contre la violence et l’injustice qu’on
lui faisait; il a été transporté à Feniey ,
sur le territoire frau(;ais.
I^nusanne. — Sur un budget de
3,882,000 fr. le Canton de Vaud en dépense 519,000 pour rinslructiou.
TOsspasne. — La république n’a pas,
jnsi)u’ici, rencontré la moindre opposition
ni le moindre obstacle. Tous les partis lui
offrent leur appui. — Lo vieux maréchal
Espartero a félicité le gouvernement. —
Cependant tous les prélemlant.s attendent
le morni'iit favorable et, à leur léle, le chef
des Carlistes.
Le (inc d’.Aosle est encore à Lisbonne
où il altend les vaisseaux tyui doivent le
transfiorter en llalie. Dans son beau message, il avait dit qu’il ne quittait l’Espagne
(ju’avec un regret, c’est celui de n’avoir
pas pu, comme il l’avait espéré , rendre
heureuse sa seconde patrie. Les Cortès,
de leur côté , loi ont répondu par une
adresse respectueuse, (pii se terminait
ainsi : « Quand les périls seront conjurés
et les obstacles vaincus, le peuple espagnol ne pourra pas vous olfrir la couronne,
mais il vous olfrira une. autre dignité,
celle de citoyen d'un p((uple indépendant
et libre ».
Jamais peuple et roi ue se quittèrent
en meilleurs termes. Partout, sur son passage, les anciens sujets d’Amédée l’ont
salué avec un respect bienveillant.
Du reste, si l’Espagne peut être sauvée
et rendue heureuse par de brillants discours , et par de belles proclamations •
elle le sera certainement; car elle a à la
têle de .son gonvernenient ses orateurs les
plus distingués.
Anja.Tetoi'r'e. — M. Ayrton réclamait la suppression du chargé d’atïaires
anglais auprès du pape; sa motion n’a
pas eu de succès.
E. Malan Directeur-Gérant.
Pignerol, Impr. Chiantore.