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Quatrième Année.
7 Décembre 1878
IN. 49
li
LE TÉMOIN
Echo des vallees vaudoises
Paraissant chaque Vendredi
Toits n\e serez témoins, Aptps I, S.
$u vant la vérilé ar.ee la charile. Kr. 1, 15.
PRIXD-ABBONNIîMENTP.NR AN|: On s’nl>onni>;
Italie . . . . L.
Tous les (luys de i'Üiiion
de ]if'Ste . . . ,
Aniériqiie . r
Pour 1 Inlérievr chez MM, les
l asienrs et les libraires de
li Torr« Pelliee
P Pour |■j?5r■/^*rîí’wr HU BureHi] d'Ad*
9 I miiiistTalinii.
l'ri Tinm^ro siipuré ; 10 t'eniirnes !:
A[im>in'ps ;ÎÎ5 o»-nliines p»r ligne, ij
ï.es d’Ln'f/ciii se four par
leiire esr onrnHfvdee ou par '
ntandoi,< sur le bureau rie I
l'fîîi'rt /lrj7ctiO‘no. |!
Pour ta lîliDAr'TlON adresser ainsi: .*\ la Direction tbi Ténioin, PoinuretJo (PineroioJ Italie. î
Pour rADMINISTPATÎOK adresser ainsi : A l'AdmitOstiutioii du Témoin, PomareUo j Pinerolo i Italie.
.Soin maI.
Les complices de l’allenlat -- Le Landes canlif|ues, ~ Correspondance.
Ue.uie. pnliliqiic.
LES fftimjfES DE L’ATTENTAT
Sous le litre de: Un compite a
rendre nous avons déjà, dans
noire dernier numéro, signalé une
des causes , la principale sans
doute, de cette eiFrajante démoralisation qui se révèle dans notre
chère pairie , comme ailleurs ,
par des actes de la plus brutale
barbarie. Persuadés comme nous
le sommes que la cfaiiUe de Dieu
et d’une juste rémune'ration est
la seule barrière, efficace pour
arrêter le débordement des plus
mauvaises passions, nous pensons
que c’est un crime de lèse-humanilé
que de proscrire la lecture de la
parole de Dieu, ou du moins de
rendre cette lecture e.^lrêmemeiU
difficile.
Mais tout coitune il serait souverainement injuste de faire peser
SUI’ les quelques dernières années
toute la responsabilité des crimes
qui se succèdent aujourd’hui avec
une si effrayante rapidité, aussi
if oyons-nous qu'il peut-être utile
d’énumérer quelques-uns des coinpliees' (le l’ail-eritat qui a sotlIffVé
d’un bout à l’autre de l'Italie, ot
au dehors, l’explosion unanime de
la plus vive indignation.
Le premier de ces complices
est sans aucun doute le pag-uusme
qui s’est maintenu dans les couches
inférieures de la société avec ses
grossières pratiques et ses superstitions l'idicules, tandisque,
chez une bonne- partie des classes
culUvées il était retenu par quelqu’un des systèmes philosophiques
enfanté par lui, tout particulièrement par l'épicuréisme. Que l’on
s’aventure dans les petites localités
et dans les campagnes de 1 Italie
meridionale, même de l’Ilalie centrale , que l’on se mette en contact avec la population vraiment
indigène , que l'on assiste à quelqu’une de ses nombreuses fêtes
religieuses, et pour peu que l’on
ait lu dans les auteurs anciens ce
2
386™
qu’etaiont les fêtes païennes, l'on
se convaincra que les noms seuls
sont changés, mais que les saints
que l’on vénère ne sont autre chose
que les dieux et les déesses de
l’antiquité païenne, qui ont été
baptisés. — Y aurait-il de l’imprudence à affirmer que d’autres
pays encore, d’autres populations
qui depuis ' quinze ou dix-huit
siècles s’appellent chrétiennes, ne
sont pas en réalité mieux partagés
que notre Italie? Quoiqu’il en soit,
lorsque vous entendez des hommes
intelligents et instruits qui se
disent chrétiens catholiques, nier
une à une toutes les vérités révélées , non seulement celle d’un
Sauveur expiant par sa mort les
péchés des hommes , mais celle
d’un Dieu personnel et vivant
qui prend soin do- l’homme,' sa
cre'ature, et doil"un jour le juger.
Trous avez le droit d’affirmer que
ces hommes ne sont ni ¡dus ni
moins que des payens
Nous allons plus 'loin et nous
disons ; entrez dans les écoles de
notre patrie, asseyez-vous sur les
bancs d’un académie, ou univeirsité,
prêtez une oreille attentive et bienveillante à renseignement qui se
donne à notre jeunesse ; demandezvous ensuite si tout cela (sauf
de trop rares" et de très nobles
exceptions), n'aura pas été enseigné
dans les écoles d’Athènes et de
Rome. Mais non, tout n’a pas été
enseigné par les Romains et ies
Grecs, comme on le fait de nos
jours. On n’aurait probablement
pas osé enseigner ' à des payens,
dont un de leurs poètes affirmait
qu’ils étaient de la race des dieux,
que cette origine divine/était une
fable, puisqu’ils n’étaient en réalité
que des singes dévéloppés et parfeclionnés. Mais cela se dit, cela
s’enseigne dans les chaires de nos
universités, cela s'imprime, et la
jeunesse applaudit. Le descendant
du singe n'a aucune responsabilité
morale, il a des appétits qu'il satisfera par tous les moyens possibles , dans ies limites du code
pénal. Il a un très vif sentiment
de ses droits , et des prétendions
qui les dépassent de beaucoup.
Mais ne lui,parlez pas de devoirs,
il n’en connaît aucun qui le lie
absolument, quoiqu’il puisse être
utile d’en remplir quelques-uns.
11 est vrai que l’explication des
dev'oirs de l’homme enver.ssa patrie
et ses semblables a occupé une
bonne place dans l’instruction qu’il
a reçue à l’école,' cela n’empêche
pas qu’à ses yeux la pairie ne
■soit à ses'yeux pareille à cette njêre
indulgente ét faible qn’îi a ex-'
ploitée sans pitié pour nourrir ses
passions, qui s’impose peut-être de
dures privations ¡mur que son
enfant'mal-aimé plutôt que bieiiaimé ne se refuse lui-même aucune
jouissance. La patrie pense-t-il ,
est là pour le citoyen, plutôt que
le citoyen pour la patrie. Elle
doit, avant tout, à chacun de ses
iils une bonne place au soleil, ou
à l’ornhre, selon la saison ou les
goûts, un emploi facile et rémunérateur. Lui, le citoyen issu du
singe, n'a pas grand chose à faire
pour cette mère cortimune, qui au
fond peut bien se passer de lui ,
et qui d’ailleurs a le grand tort
de ne pas distribuer ses faveurs
d’une manière équitable.
Quant à ses semblables . il ne
voit pas trop pourquoi il devrait
' prendre lui l’initiative de l’accorn-
3
—.1387.
plissement de devoirs mutuels.
Quand il en aura reçu des témoignages substantiels de bienveillant
intérêt! il verra dans quelle mesure
et de quelle manière il devra répondre à cette bienveillance. C’est
l’égoïsme le plus naïf, c’est aussi
le paganisme dans toute sa crudité.
Et maintenant placez l’un de
cesboraraes, avec ou sans culture,
mais disposé comme nous venons
de l’indiquer, dans des circonstances difficiles ; supposez Îe luttant
avec le besoin , incapable de renoncer à des passions , jettant
des regards d’envie et de, rage
autour de^ lui sur les heureux
et les privilégiés; supposez que
Satan sous la' forme de quelque
scélérat émérite mais trop prudent
pour se risquer lui-même, s’approche do cet homme et lui souffle
à l’oreille ces doctrines subversives de tout ordre et attentatoires
à tout droit acquis, qu’il lui désigne une personne quelle qu’elle
soit comme faisant seule obstacle
à la réalisation de ses vœux légitimes, et cet homme n’hésitera pas
à s’armer du revolver ou du couteau de l’assassin.
Le CaïUique des csiilipes
Bien que Jacques se déclare
satisfait des explications données
sur le Cantique des cantiques,
— nous avons assez de confiance dans son bon sens, pour
croire qu’il ne prendra pas la
chose en mauyaise part , si nous
l’invitons à lire encore avec nous
ce livre si difficile à interpréter,
d’autant plus qu’il dit a^oir maintenant un peu plus de temps à
consacrer â la lecture. Nous espérons que ceux qui s’occupent'des
mêmes travaux que lui, voudront
aussi suivre son exemple, —
Nous ne sommes pas en état de
donner une explication tire'e de
notre propre fonds , mais ayant ,
lu l’étude de M. Godet sur le
Cantique des cantiques, nous désirons en donner aux lecteurs du
Témoin un abrégé aussi succinct
que possible, pour ne pas effrayer
ceux qui auraient quelque' envie
de le lire.
Pour mieux comprendre, il nous'
faudrait avoir sous les yeux' une
traduction du Cantique par W
Godet lui-même. Mais , faute de
mieux, ouvrons nos Bibles, et
commençons notre lecture. Faisons cependant encore les observations suivantes. — Du temps de.
Salomon, temps de paix, l’on s’occupait beaucoup d’énigmes {1 Rois,
X ). Un grand nombre de sentences
du livre des Proverbes ont cette
forme. Le lecteur est invité à
comprendre les sentences et les
discours voilés,, les propos des
sages et leurs énigmes ( Pkov. i,
6 ). Le Cantique des Cantiques a
ia .forme énigmatique et se termine par quatre énigmes.
Le Cantique est un poëme dont
l’action se déroule en trois actes
et dont les' personnages sont au
nombre de trois; Salomon. Sularailh , le Bien-aimé , et de plus
une espèce de chœur formé par
des jeunes filles de Je'r'usalem.
Le premier acte comprend i, 1 à
III, 5. Les jeunes filles de Jérusalem commencent l’entretien, et
« célèbrent à l’envi la douoe.ur
d’être l’objet de ratlention d’un
prince tel que Salomon ( i. 1 à 4 ).
4
-388.
Sulaiïiilh,interrompt par ces mots:
« Le roi m'a fait venir dans ses
appartements •, et répond v. 5,
6, 7. Les jeunes filles s’amusent
du désir de Sulamith de trouver
son bien-aimé qui est un berger
{v. 8). — En ce moment entre
Salomon ; il paie à Sulamith son
tribut d’admiration {v. 9, 10, 11 )
Sulamith ne pense qu’à son bienaimé {v. 12, 13, 14) Salomon
{ V. 15). Sulamiih {p. 16, 17, it
1,— Salomon ( 11, 2 ). Sulamith
s'exaltant, répond avec nné viva
cité croissante, et se sent défaillii
dans les bras de son bien-aimé
qu'elle conlemple en esprit ( n
3 h 7 ). Les deux scènes qui sui
vent : ii, 8 è 17 et iii, 1 à 5
sont deux extases de la jeune
fille, où elle est toute préoccupée
de son Bien-aimé. Ce sont deux
descriptions d'une éclatante beauté
poétique, et d’une exquise pureté
Le second chant du poèriie ,
s'étend de ni, 0 à vni, 4. Salomon
rencontrant une résistance aussi
prononcée chez la jeune fille, l’a
peut être renvoyée chez sa mère,
OÙ il la fait chercher une seconde
fois par un pompeux cortège décrit ni, 6 à 11.
Salomon parle ensuite avec enthousiasme de la beauté de la jeune
fille ( IV, 1 à 5) Sulamith l’interrompt {v. 6) Salomon/reprend
avec des expressions de ¡dus en
plus passionnées ( iv , 7 ,à 15).
.Mais le cœur de Sulamith est pour
un autre que pour le »monarque
• ( IV, 16 ). Salomon ose s’appliquer
â lui-même, ce cri d’amour (v,
1 ), — Mais Sulamith est de nouveau tombée en extase, elle croit
entendre la voix de son Bieirairaé , et s’entretient avec lui et
de lui ( v, 2, à vi, 4). Les jeunes
filles l’interrompent à deux reprises : V, 9 et vt, 1. — Salomon
va tenter un suprême effort , et
renouvelle un peu emphatiquement
ses éloges ( vi, 4 à 10 ). La Sulainilh répond en cherchant à se
rendre compte de sa situation
actuelle. Elle s’en était allée en
son jardin, et voici que, sans y
penser, elle s'est trouvée au
milieu des chariots d'un royal
cortège ( vi, 11. 12). Ensuite,
toujours dans son état d’extase ,
elle cherche à s’enfuir; de là cette
invitation répétée: «Reviens, reviens«. Sulamith, réplique avec
une modestie naïve : « Que contempleriez-vous en la Sulamith •
L’assemblée répond ; « Tomme une
danse de Machanaïm», c'est-rà-dire
d’une troupe d’anges (vi, 13} —
—- Le chœur se met alors à faire
l’éloge de sa 'grâce et de sa beauté
(v'i, 1, à 5). Le roi donne essor
à sa passion (vu, 6 à 8 ). Toutà-coup SuUmith l’interrompt, et
achève sa phrase en l'appliquant
à celui qu'eile aime, et après avoir
dévoilé l’amour qu'elle a pour son
Bien-aimé, elle se plonge plus profondément dans son extase : • Je
vous adjure, filles de Jérusalem,
ne réveillez, ne réveillez pas l’amour avant qu’il le veuille». —
Ainsi la fidélité de Sulamith a
triomphé, dans deux luttes terribles, des trois grandes puissances
dont parle un apôtre ; la convoitise de la chair, la convoitise des
yeux et l’orgueil de la vie. Elle
a préféré l’amouc, pauvre mais
sincère , à la passion magnifique
mais égoïste. L’amour de celui
qui ne donne rien.,., que lui-même,
lui a paru meilleur que l'amour
5
■^389,,
de celui qui donne toul... sauf luimôme ».
Le troisième acte est le triomphe
qui suit la victoire. Il comprend
le dernier chapitre depuis le v.
5, et se compose de quatre courtes
.scènes, dans lesquelles comparaissent. comme dans une sorte de
revue, tous les personnages en relation avec Sulamith, chacun prononçant ou recevant le mot qui
résume la vérité sur sa situation.
La première se rapporte à la
relation de Sulamith et du bienaime. Bille a recouvre' sa liberté,
elle s’est hâtée de chercher son
ami. Après l'avoir retrouvé , sou
voeu unique est de rester indissolublement lie'e à lui (vin, 5 à
7 ). Dans la seconde scène , Sulamith s’entretient avec ses frères
d'urie sœur plus jeune (vm, 6 à
10). — Dans la troisième, Sularailh, règle ses comptes, avec Salomon 11, 12). Dans la quatrième. le berger demande à Sulamith, eu faveur de ses amis avec
le.squels il est descendu des,haateurs parfumées où il a son domicile, un chant, La Sulamith lui
chante ce mot m3'stérieux : • Fuis ,
mon bien-aime.... »
(A suivre).
Correspottbancc
Fij'renDO, !o ?5 Novembre
Monsieur et honoré frère,
Les correspondances que vous avez
publiées dans le Témoin, au sujet du
culte public et à propos de la Conférence de Massol (29 Octobrej, m’irnposenl en quelque soi'le, le devoir de
vous demander l’Iiospitalilé pour les
lignes qui vont suivre.
1. Il a été qtieslion, à Massel, du
projet de révision de la liturgie, que
doit élaboier la Commission Synodale
nommée à cel effel. Comme le font
ohservei' MM. les paslenrs .t. P. Meille
et II. Bosio, il ne s'agit encore que
de poser les bases de cet imporlani
et ilifficile trav.'iil; et la Commission
qui ne s’est réunie qu'une seule fois,
n’a fait connaître qu’une simple e.sqnisse
do l’ordre du culte qu’elle entendait
propo.ser. Ne serait-il pas oppoiinn
qn’en tout premier Iteii cette ébauche,
publiée par le Cristiano Evangélico rlu
21 Septembre, fui portée la connaissanie des lecteurs du Témoin? Cela
préviendrait bien dos rnalenlendnsl! et
des sops entendus.
2. J’ai lu, avec intérêt, le compterendu do la Conférence de Massel rédigé par M. le pasteur du Perrier;
mais j'ai été fort étonné de voir .s’y
reproduire le mémo malentendu doni
votre correspondant Jaeques s’est fait
rinlerpi'ôle. Qui donc a pu faire croire
aux membres de la Conférence de
,Mas.sel que la Cornmi.'ssion Synodale
veut louchei' à la Confession des péchés
ou la remplacer, ce qui, dans ce dernier cas, équivaudrait à une suppression? Serail-il permis de demander,
lè-dessus, à M- le Sécrélaire de la
Conférence, une explication catégoi'iqne? Il ne faiidrail pas s’imaginer que
les membres de la Commission Synodale
soieni ignorants an point d’oublier que la
Confession des péché.s est un monument
digne de tout respect; ils savent môme
quecellebelle prièi’e est antérieure à l’nsage qn’en a Fait Théodore de Bèze an
Colloque de Poissy, car elle sc trouve
déjà dans les plus anciens formulaires
de la liturgie réformée; quant à moi
j’estime qu’on tie saurait trop la respecter et qu’il serait bon de la ramene'r aniani que possible à sa forme
preuiièi'e. .Mais il est d’anlres formulaires de la confession (tes péchés que
l’on peut inirodnire à cSlé de cehii-!à
et c’est ce que désire la Commission
Synodale dont le point de vue est de
varier autant que pos.siblc les prières
liturgiques, afin d’éviter une trop
grande monotonie.
3. Qiianl à Vabsolution,' notis dit
M. le pasteur du Perrier, elle est décidément laissée de côté! — Voilà
6
qui cslsec, comme une senlence suns
uppel. Je me permelIrais cependant
(leux observations; — 1” La Confêrence
de iVla.'Sel s’est elle demandii ce que
pouvait elle an sens évangélique du
mol, l'acte d’absolution (|ui accompagne la confession des péchés? Nous
confessons à Dieu nos péchés, et nous
Lu'idemandons qu’il nous les pardonne;
esl-ce que, par le moyen de sa Parole
toujours vivante, Il li’a rien à nous
répondre? En ce cas, il n’y aurait pas
d’absolulion possible, mais lorsque
nous avons achevé notre confession, il
me semble toiH nalurel que la Parole
de Dieu intervienne dii'cclement dans
le cube pour nous donner l’assurance
du pai'don; et c’est là ce qui constitue VabsohUion , que la Conférence de
Massel, peiil-êlre sans y avoir réiléclii,
a décidé de laisser de côlé! — 2“
Néi'essaire en elle-nnême, l’absolution
comme acie lilurgique, se légïlime
par riiisloire du culte évangélique réformé. Elle avait sa place dans la liturgie réformée, et elle contribuait à
donner à la confession des péchés plus
(le solennité encore. Ici comme ailleurs
l’on peut introduire la plus grande
variété; car rien n’est aussi riche,
que les promesses de Dieu fidèle et
juste au pécheur repentant.
A. .l’en viens maintenant à la leltre
de M. le Paslmir J. P. Meille. Un point
particulier nous divise, et je liens
beaucoup à justiliei’ l’idée à laquelle
pour sa part il se diiclare irès-opposé.
Il s’agit de la suppression facultative
de la lecture, dans le culte, du Décalogue et du Syiidjole des apôtres,
l.a Commission Synodale est composée
de trois membres; chacun des troi.s
a son point de vue particulier. M. le
pasteur Meille désire maintenir la lecture du Décalogue et du Symbole;
M. le pasteur Dosio (je le vois d(i nouveau par sa lettre) estime que l’on peut
là dessus différer d’opinio'h , et si la
mémoire no me fait pas défaut , il a
exprimé lors de notre réunion préparatoire, l’idée que celle lecture pourrait se faire en certaines occafsions ; ¡e
suis, quant à moi, pour la lecture /acnltalive. \ l’appui, je me permets de
rappeler que la Guida pep le pubbliche
preghiere ( rédigée en 1868 par la Commission d’Evangélisation et approuvée
par le Synode ) a adopté ce mémo
point de vue ( voyez page.s 4 et 82);
or je trouve qn’il est convenable de
tenir compte de ce fait et de l’usage
général qui a prévalu dans les Eglises
(Je la Mission. Gela n’ernpiîciie pas que
le Décalogue et le Symbole ne figurent
dans la liturgie à leur place ; mais
leur l(rclure fncullatire peut seul faire
droit à la variété des senlimen1.s individuels.
Excuse/- la longueur de celte lettre,
et croyez-moi
Votre tout dévotié
,\. Riïvel.
Nir-e, le riovembri^ IR'8.
Monsieur k Directeur,
La lecture des lettres de nos honorables collègues, M.VI. I(;s pasteurs ,1.
P. Meille et. Bosio, publiées dans le
dernier numéro du Témoin nri’onl procuré un véritable soulagement. Je me
réjouis de tout cœur qu’ils ne soit point
dans l’intention des meinbrés de la
Conimission Synodale pour la révision
de la liturgie et qu’il n’ait nullement
été question à la conférence de Masse!
de proposer la suppression de la Coh¡éssion des 'péchés, dans notre culte,
fjiiant à la lecture du Décalogue q\, à\i
Symbolj des Apôtres , j’ose exprimer
l’espoir qu'on finira par n'y pas loucher
non plus. Il esl si utile, môme pour
les chréliens les plus avancés, de s’entendre répéter chaque dimanclie, et
d’une manière solennelle, qn’il ne faut
point, par exemple, prernlre le nom
de Dieu en vain , ni dire de faux témoignage (;ontre son prochain, ni convoiter ce qui fest à-autrui,! combien
pins forte raison cela esf-il utile pour
des auditoires mélangés et en présence
des théories et des pratiques subversives qui nienncenl, d'une mar'èrè si
effrayante, notre société, dans 1 ivresse
même de .son progrès! S’il est vrai
— et ce l’est — que l’Eglise a pour
mission d’être dans le monde k la colonne et l’appui de la vérité » pourrat-elle jamais, sans se l'endre infidèle,
renoncer à proclamer bien haut la loi
7
-39]^
morale el élernelle de Dieu, en même
lemps que la pléniliide de sa grâce?
Kri f'aisanl disparaîii’e le Sinaï, n’abaisserait-elle'pas le Golgolha, au lieu de
l’élever? Ou, tout au moins, en voilant. celui-là ne voilerail-ellc pas an.ssi
celuj-ci ?
El d’autre pari l’Eglise pi'Otestanle ne
s'aiïàihlirnit-ellfi pas dans .son témoignage, en présence de la soi-disa,nt
orlliodoxje grecque , cl la .soi-disant
orthodoxie catholique, en renonçant,
à ce Symbole comiums qui , dan.s sa
bouche, est une protestation si énergique. .si vivante contre le.s déviai ions
de la simplicité de la foi primitive,
dont ces deux IVaclions de la chrétienté se .sont rendues coupables , et
qui , en même lemp.«-, la met si l'acilement à même de (éi incr la bouche
à ceux qui . dans leur ignorance ou
dans leur impiuionce, osent lui dire:
lu n’es pas chrétienne ? Gela ne serait-il pas tout, spécialement le cas (le
notre église dans son œuvre d’évangélisation dans nn pays comme l’Italie,
où le credo exerce sur le peuple une
fascination (si je puis me servir do
ce mot dans nn bon .sens )*si pni.ssanle
que sa simple lecture, faite clairement
et solennellement dn haut de Ij^cliaire
prouve bien mieux que noms sommes
chrétiens que ne sauraient le faire le
meilleur sermon ou la plus éloquenlo
conférence ?
J’aurais encoi é quelque chose à dire,
ou plutôt à écrire, au sujet de la confession des péchés, mais je crains d’avoii'
déjà dépassé les limites tracées par le
Té,moin aux simples correspondances,
et, si vous voulez bien me le permettre,
je vous en entretiendrai une autre fois.
Veuülezagré'er, Monsienrie Direcleur,
l’expression de mes senlimenls respectueux el fraternels eu ^J. G.
J. Weitzecker pasteur.
iNous demandons bien pardon à notre
cher compatriote du cnidi de la PVance,
si sa communication ne parait qu’aujourd’hui. — Peu s’en est fallu qu’elle
ne parût pas du tout, ayant été égarée
pendant plus d’un mois, c'a sorte que
nous n’espérions plus la relrouver.
Monsieur te Rédacteur du Témoin,
Il y a quelqu’un aux Vallées qui ,
se souvenant encore de ma pauvre personne en pays lointain, a eu l’aimaide
allenlion do m’envoyer le groupe photographié (les évangélistes el professeurs qui se trouvaient au dernier Synode ainsi que le rapport de la Table.
Ges précieux docuinenls ijTonl bien
inlére.ssé , j’ai .surtout coiilemplé avec
plaisir ces bemenses physionomies à
longues barbes rappelant .si bien celles
des"Barbes de jadis, au port grave el
respectable, empreinte do leur caractère et de l'œuvre excellente qu’ils poursuivaient , an péril de leurs’vies, au
nom de leur Divin Maître.
Ne seixtil il pas à désirer que les
Barbes ( ou Iboiteiirs de nos jours )
emssciit tou.s la même Icmie, cela aurait pour elfel me semble-t-il,' de conjurer tout ce qui frise plus ou moins
les coulumc.s du présent siècle mauvai.s, el s’harmoniserait mieux avec leur
caractère missionnaire el celui de vuudois qu’on voudrait conserver dans les
Eglises de rEvangélisalion. Si j’avais
voix en chapitre j'en consei|lerai.s l'observallon el non robligaiion , sachant
que l’habit ne fait pas le moine, dont
j’abliorre le vil métier.
Le rapport m’a aussi vivement intéressé siirloni dans le chapitre desecóles.
En efl'et, où trouver un pâlit peuple
comme le nôtre , n’ayani que 15 paroisses contenant on moyenne environ
1300 habilanls chacune, possédant 189
écoles paroissiales ou de quartiers,
fréquentées en hiver surtout, par 4522
élèves, ce qui donne en luoyenue près
de 12 écoles par paroisse ? Ges cliilTres
olTiciels ne parlent-ils pas bien liant
en faveur de rin.siruclion donnée à
l’enfance da'n.s notre petit coin de montagnes ? Oui, mais les résultats qu’on
poun'ail en espérer sont-ils en rapport avec le merveilleux déplo'yeinen)
d’activité, de travail el d’eiîorls si.vi
goureusemenl inaugurés , par les vénérables général Beckwilli el Daniel
Meille , d’heureuse mémoire , el continués par d’ardents champions de la
Lumière ? Grâce à Dieu , cette belle
œuvre n’es^ pas restée sans résultats.
8
.392
Si l;i plupai'l onl suivi In voie large,
il y en a qui onl suivi la voie élroile
qui mène à la vie, il y a encore dos
«Timolhées qui sonl demeurés formes
dans les choses qu’ils onl apprises dès
leur enfance» (2 Tim. iii, 14, 15).
G’csl le pelil nombre, il esl vrai, mais
cela n’esl jia? moins réjouissani, Dieu
soil béni ! Kl pour ceux ijiii sonl reslès
l'ebelles à l'apiiel céleste, porlons-les
par la loi aux pieds du Trône de la
Gi'âce, à l’exemple de Samuel « prions,
crions à l’Klernel pour Israël, et il nous
exaucera ».
Un Vaudois du I’ikmont.
iâcDUC ))0ltttC|UC
Mtatie. — Les fêles splendides de
Home, les ovations failes à Leurs Majestés,
la réfieplion cordiale de la capitale n’ont
pas elfacé la pénible impression de l’odieux et inl'àme altenlal contre la vie du
Hoi. La Reine Marguerite a exprimé son
sentiment en disant que la poésie s’éUiit
éloignée désormais de la maison de
Ssivoie ; la nation toute entière, a perdu
celle sécurité el celle bonne conscience
qui faisaient sa force , en présence ,
non seulemenl de rallenlat, mais des
nombreux converijenli, terme consacré
par Son Kxc. le ministre de l’intérieur
pour ^désigner les bombes de Florence
et de . P(^e , les assassinats pl autres
délits divers commis par les républicains socialistes.
La Cbambre des députés et le Sénat
onl poursuivi leurs travaux el se sonl
occupés des questions secondaires ;
quelques escarmouebes onl ouvert le feu
mais les combats onl lieu ces. jours
auxquels onl été fixées les diverses et
nombreuses interpellations sur la politique du ministère et tout parlicidièrement sur la sûreté publique. Les
ministres les plus menacés sont Zanardelli el Seisrnil-Doda, un" peu aussi
Gopforti. Mais le president du minis-,
lère, Gairoli, ne consentant pas à séparer sa cause de celle d’aucun de ses
collègues (ce en quoi il a parfaifemenl
raison , puisqu’il professe les mêmes
principes que Zanai’delli comme il l’a
clairement énoncé'dans le discours
prononcé <à Pavie ), il est juste qu’il
partage le sort de ses collègues , s’il
ne peut pas les sauver par son prestige
d’bonnèlelé , de loyauté et par l’éclat
d’un acte récent de bravoure dont on
a fait déjà trop de bruit el qu’on veut
encore exploiter en faveur du ministère.
—- Quoiqu’il en soil les inlerpellalions
onl été lixées à mardi dernier ; on
espère que la, blessure de Gairoli lui
permet d’assis'ier à ces débais et de
l'épondre, el ainsi de soutenir Zanardelli. La gauche extrême, le soutien
le plus ardent du tninislôre se propose
de faire à celle occasion des ovations
à Gairoli. Kspéions qu’on sera assez
sages, pour l'enoueer à ces quaninloltatp., comme on, les appelle. — Des
démonstrations de place, des meetings
ont eu lieu à Gènes et à Turin en faveur du ministère, cl des journaux soidisanls libéraux el constitutionnels onl
proféré des- menaces peu libérales et
peu Gonslilulionne'lles contre ceux qui
voudraient renverser le ministère ou
recueillir sa succession , peu digne
d’envie. Que sorlira-til de cet étal
des esprits? On, ne saurait le dire encore
aujourd’hui: la: cri de « sauvons le
parti •, • ((lie la gauche reste au pouvoir liront prix », donnera encore piobableineni une majorité au ministère
Gairoli, à certains égards préférable à
un ministère Grispi ou iNicolera. Tout
dépend paraît-il , de rallitude de Deprêt is.
Attgleteri'e. - Dans un tneeling
Gladstone a pai lé contre le ministère;
il l’a blâmé d’avoir déclaré une guerre
qu’il qualilie, d’injuste et de nuisible
aux intérêts du Pays, au point de
vue des frais, et en compromettant
l’empire des Indes.
Gependant l’armée anglaise s’avance
dans l’Afghanistan par trois chemins
divers el sur trois lignés: jusqu’ici
elle n’a pas trouvé de résistance sérieuse. Si les choses continuent encore ainsi quelque temps,Oes sympathies et lés, encouragements de la
Russie n’eit»pêcberonl pas la défaite
complète de l’Emir de Gaboul.
Ernïst ftdBEht; (.'¿/'àn t elÀdminüïrciteiir.
Pignerol, Impr. (thiantore et Maivearelli.