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Seconde Année.
22 Septembre 1876.
0
•N. 38.*
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*Jou.i?nal de VEg’lîse Eva.ng‘:élîq[iie Vaucloîse
Paraissant chaque Vendredi
Vous me serez témoins. Actïs I. 8.
Suieant ta vérité avec la charité.
Prix dr l'aboîînemrnt par an On s'abonne: k Pignerol au Bureau de l’ad-
Italie . . . . L .3 ministration .\fat>on Micol. Ud Numéro séparé: 10 cerikimes.
Tous les pajs de TUnion de .\ La Tour chez M. Cilli libraire.. Annonces à la 4-e page ^5 cenii*
poste (Europe) . . » 8 A Turin chez M. Goss, via Pio Quinto, n. 15. mes par ligne.
Etats-Unis .... . » 8 A Pomaretchez M. Lant.îrbt Past. Directeur. ... , . . . . _
Sommalr-e.
1.0 Synode de 1878. — Le caillou blanc.
- Un signe du temps. — Ecciôsiaste 10, 1.
- Revue politique. — 'Avis.
LE SYNODE DE 1876
Les opérations préliminaires du
SjDode achevées, l’assemblée put,
après avoir entendu le rapport de
la Commission examinatrice, lu
par M. le prof. Rivoir, commencer la discussion sur la gestion
de la Table ou sur les œuvres
qui appartiennent sou administ ration. ~
Cette discussion nous a pris
toute la journ^ du mercredi et
celle du jeudi, dans la soirée de
laquelle nous avons entendu les
députations étrangères; il ne nous
resta ainsi que le vendredi pour
l’examen de la gestion de la Commission d’Evangélisation , de la
Commission des Hôpitaux, pour
l’étude des règlements organiques
qui était à l’ordre du jour et
pour l’examen de nombreuses propositions. Aussi le Synode, au lieu
de clore ses délibérations à 4 h.
de l’après-midi du vendredi, comme il l’avait établi, les poursuivit
jusqu’à 9 heures, et, après une
heure d’interruption, passa à la
nomination des trois administrations: 1° De la Table dans la
personne de MM. Charbonnier pasteur, modérateur; Micol pasteur,
modérateur-adjont. Beux pasteur,
secrétaire, avocat Vola et Olivet
membres laïques. 2“ De la
Commission d’Evangélisation qui
a été confirmée en entier dans la
personne des Messieurs Ai. Procbet, Malan Aug., et Pons J. P.
évangélistes. Revel Albert profes
seur et Marquis Especo. 3" De
la Commission de l’Hôpital qui a
été également confirmée dans la
personne de MM. Pellegrin D"*,
D’^ Lantaret pasteur, Tron professeur, Davyt pasteur, émérite et
Niccolini professeur.
Sans nous astreindre à tout dire
sur l’examen de l’administration
des œuvres de l’intérieur, nous en
rappellerons les points principaux,
tout en laissant de côté les personaliiés qui ont abondé plus que
jamais et qui eussent prolongé Je
Synode de plus d’une semaine, si
l’on n’avait pas eu la sagesse de
renoncer à y répondre. Nous ne
nous souvenons pas d'un tel débordement de questions personnelles et mesquines.
Le Synode a renoncé cette année à s’entretenir de l’état religieux de l’Eglise en général et
il a abordé de suite l’examen de
chaque paroisse. Celle de la Tour
l’a arrêté quelques instants. La
position particulièrement importante et difficile du bourg de la
Tour , comme centre industriel
envahi par le catholicisme, les
occupations multipliées du pasteur
titulaire qui revêt à la fois la
charge de Directeur de l’Ecole
Normale et celle de Modérateur,
ces circonstances et d’autres encore ont donné lieu à des propositions , un peu hors de saison ,
puisque le pasteur a eu un aide
et que, comme on- l'a remarqué,
c'est au Consistoire à pourvoir;
mais cette iliscussion a iburni ,
une fois encore, l'occasion de reproclier aux professeurs de ne pas
s’employer comme ils le devraient,
et de leur dire, à eux qui ont 2-9
à 30 leçons pour semaine, de faire
comme les professeur^ de Flo
rence qui en ont six et qui ont
toujours vacance le samedi, de
travailler, plus qu’ils ne le font,
à l’œuvre pastorale de la Tour et
des environs.
C’est là un thème favori qui
revient presque chaque année.
Du reste les choses sont restées
dans la paroisse de la Tour telles que le Synode les a trouvées;
et il ne devait et ne pouvait en
être autrement. Des observations
sans importance ont été faites
sur quelques autres paroisses. A
propos de Massel et surtout de
Rodoret, l'on s’est réjoui des progrès spirituels de. notre église.
Jusqu’à présent, a-t-on dit, on ne
faisait ressortir que le mal ; maintenant l’on met aussi en vue le
bien. « Constatons, a-t-on ajouté,
avec bonheur que voire église est
une église vivante, malgré ses
nombreuses misères ». Sans vouloir jeter un seau d’eau froide sur
cette joie bien légitime, n'oublions
pas ce que dit un Rapport et ce
que tous laissent entendre et pourraient dire; « il nous manque l’cffnsion de l’esprit ».
La paroisse qui a arrêté plus
longuement le Synode c'est celle
de Périer-Maneille. Le huis-clos
demandé pour examiner un cas
de discipline ayant été accordé
par le Synode, la Table lit le rap
port spécial qu'elle avait préparé
Il est donné connaissance au Sv
node des procès verbaux de l'ad
ministration et de toutes les au
très pièces à charge et à décharge;
après cela l'assemblée donne la
parole au pasteur inculpé qui prononce sa défense.
Une discussion digne, sérieuse
et charitable s’engage; et le sentiment général des membres de
2
450
LE TEMOIN
-www «n«s< w
rassemblée est que, après ce qui
a été entendu, il est impossible
que le pasteur en cause puisse
pour le moment, et avant d’avoir
donné des preuves d’un change»
ment radical et d’une repentance
sincère, occuper la charge de pasleur à Périer-Maneille. En présence de cette manifestation et de
l’invitation fraternelle et amicale
venue de différents côtés, le pasteur de Périer-Maneille déclare
qu’il donne sa démission ce dont
le Synode prend acte. Cette question pénible pour tous avait occupé l’assemblée pendant environ
six heures.
Cependant, après un bref repos,
l’assemblée reprend son ordre du
jour et recommande de nouveau
à la Table les conférences libres.
Au sujet de l’Orphelinat, des
membres du Synode ont recommandé à la Table et à la Direction de rétablissement d’aviser ,
dans la mesure du possible, et
pour autant que la nature de l’Orphelinat le comporte sans alimenter l’envie du plus grand nombre
des jeunes tilles, d’aviser aux
moyens d’utiliser les orphelines
pour en former des maîtresses
d’école et des gardes-malades. Mais
on ne s’est pas dissimulé les difficultés de la réalisation de ces
propositions, soit en égard à l’ensemble de l’établissement, soit
dans l’intérêt des familles des
orphelines.
La question de l’instruction primaire n’a guère occupé l’assemblée qu’en ce qui concerne les
écoles de quartier. C’est là aussi
un sujet traditionnel qui ne manque jamais d’avoir sa place dans
nos Synodes. Tel des membres de
l’assemblée déclare ces écoles toutà-fait insuffisantes et misérables
et les régents entièrement au dessous de leur tâche ; tel au contraire s’estime heureux que notre
église compte encore dans son
sein un si grand nombre de jeunes gens et d'hommes faits aussi
capables et qui consentent pour
une très faible rétribution à donner les premiers éléments de l’instruction à plus de 3000 de nos
enfants qui ne fréquentent guère
d’autres écoles que les écoles de
quartier.
L’école de méthode a eu chaque
année et encore au dernier Synode
le même sort; pour qnelq^ites-uas
élle est pour le moins inatile et
pour d'autres elle continue à rendre des %prvices réels; ce qui
n’empêche f)as d’employer les autres moyens d’initier les régents
de quartier aux meilleures méthodes en les réunissant et en
complétant ce que l’école de méthode n’a pu faire.
Bien loin de supprimer l'école
de méthode pour les régents de
quartier, plus d’un aurait désiré
que Ton pût en avoir une de la
dure'e d’uu mois pour les régents
paroissiaux afin de parcourir avec
eux sous la direction de professeurs capables, le programme des
leçons et d’après les meilleures
méthodes d’enseignement. Une proposition faite dans ée sens a eu,
comme bien d’autres, l’honneur
d’être écartée par Tordre du jour.
Le résultat pratique de toute
cette discussion est nul ou à peu
près. La< Table et les personnes
qui dirigent notre instruction primaire sont invitées à faire de leur
mieux, c’est-à-dire à avoir les
meilleures écoles possibles et les
régents les mieux préparés et à
leur donner des rétributions plus
convenables ou plus équitables.
L’instruction secondaire a donné
lieu à une discussion telle que
la faisait pressentir le Rapport
de la Table. Il n’est d’aucune utilité pour les lecteurs du Témoin
de connaître les détails trop personnels dans lesquels on est entré ;
qu’il nous suffise de dire que le
Synode, dans une séance subséquente, a décidé de rapporter le
règlement adopté l'année dernière
concernant le Directeur et a remis le College et TEcole supérieure
des jeunes filles sous la direction
immédiate de la Table, comme
avant l’adoption du règlement qui
établissait un directeur pour cinq
ans. La seule question importante
à laquelle l’examen de Tétat du
collège ait donné lieu, c’est celle
qui a été mise en avant par un
membre de l’assemblée, auquel
quelques autres se sont associés
et qui se résume à demander,
non pas que daus notre College
l’enseignement religieux ait une
place plus considérable , mais
qu’on y respire une atmosphère
plus religieuse , de sorte que les
vocations p’our le ministère se
puissent maotfester, là'déjà, d'une
manière plus prononoée et plus
nette. Si nous savons bien compris le vœu de ceux qui ont parlé
dans ce sens et qui n’ont été
contredits par personne, c’est que
les professeurs favorisent chez
les élèves la formation de sociétés
d’édification mutuelle, de mission
et d’évangélisation.
(A suivre).
LE GAILLOl BLANC
A celui qui vaincra, je lui donnerai-... un caillou blanc. —
Î Ai>oc. 2,17).
Les cailloux blancs étaient aussi
un signe d'absolution, puisqu’on
les donnait aux accusés qui obtenaient d’uii tribunal ou d’un
magistrat la déclaration de leur
innocence. Le coupable recevait
une petite pierre noire et l’innocent un caillou blanc. Si Ton se
représente combien rayonnait de
joie celui qui retournait du tribunal avec un caillou blanc dans
la main en signe d’innocence reconnue , on pourra comprendre
combien il est précieux de recevoir de la main de Dieu même
le caillou blanc symbolique.
Un tribunal suprême doit en
effet se réunir un jour, et devant
celui qui siégera sur le trône
viendront comparaître tous les
hommés qui ont été, qui sont et
qui seront d’ici à la fin du monde.
Devant le Juge «les vivants et des
morts, qui a les yeux trop purs
pour voir le mal, il n’y a point
de juste, non pas même un seul.
Ils se sont tous égarés, ils se sont
tous corrompus ; il n’y en a point
qui fasse le bien, pas même un
seul. fRou. III, 10, 12). Les personnes à l’extérieur convenable et
aux belles manières, les personnes
sur lesquelles vous ne sauriez
découvrir la moindre tâche, ne
font pas exception et elles ont
raison de trembler devant le Juge
de l'univers. Nous sommes tous
coupables, la loi nous accuse,
notre cœur nous condamne et le
Juge se prépare à nous donner
une pierre noire — noire comme
les péche's que nous avons commis.
Mais voici notre défenseur qui
se lève et commence à plaider
notre cause. Au lieu de nier ou
3
LE TÉMOm
151
d’atténuer nos fautes — avec des
sophismes employés par les défenseurs des mauvaises causes —
il les reconnaît loyalement; mais
en même temps il les efface complètement dans son propre sang
qu’il a répandu sur le Calvaire.
Alors le croyant reçoit un caillou
blanc en témoignage de son absolution entière et éternelle. O
précieux caillou blanc ! Que sont
les certificats humains ? Qu’est
le témoignage même de notre
conscience? Un rien en présence
de cette précieuse déclaration de
noire justice symbolisée par le
caillou blanc, reçu de la main de
Dieu.
Il coûtera cher sans doute l’Avocat qui défend si bien ses clients
et qui le fait au prix de son sang.
Il ne demande rien — rien que
ta confiance en Lui, et dans son
œuvre expiatoire, accomplie en
ta faveur. Celte confiance doit
être pleine et illimitée comme son
amour pour nous. Il nous offre
la justification complète et absolue,
mais il demande que noos y croyons de tout notre cœur. 11 nous
donne la vie éternelle et bienheureuse, mais il noos demande d’avoir confiance en Lui. Le juste
vivra par la foi. Ayons en Lui
une entière confiance, personne
ne la mérite mieux que Celui qui
nous donne le caillou blanc, tandis
que nous le méritons noir.
Ce caillou blanc nous rappelle
l'habit de noce sans lequel personne
n’est admis dans la salle du festin.
Le Père , le Roi de la noce, y
admet seulement ceux qui ont accepté son invitation et ont déposé
à la porte de son palais les haillons de leur injustice pour revêtir le manteau blanc de sa justice parfaite. Celui qui le repousse
avec une coupable indifférence,
ou avec une incrédulité obstinée,
ne peut être admis dans la salle
du festin , on le laisse dans les
ténèbres^ de dehors où il y a
des pleurs et de.«* grincements de
dents.
Qu’il est précieux le privilège j
de celui qui reçoit en Christ le ,
droit d’être introduit dans la famille de Dieu, de jouir de la communion des saints après avoir reçu
le caillou blanc et le manteau de
la justice, pour lui faire comprendre que désormais il est purifié
et qu’il a reçu par le St, Esprit
cette< sanctification par laquelle
nous pouvons voir le Seigneur et
habiter avec' lui pendant toute
l’éternité !
/A su ivre ).
m mM DU Tsnps
Les pasteurs qui, dans les réunions d’édification, se sont bornés
à exhorter leurs auditeurs tout en
s’exhortant eux-mêmes ont peutêtre abusé de la patience des gens,
aussi leur tour est enfin venu.
11 n’y a pas longtemps qu’un
pasteur, prenant à partie ses collègues, voire même des absents,
devant un nombreux auditoire leur
adressait certains compliments
fort peu mérités et très peu flatteurs. Il y a moins longtemps
encore , nous voulons parler de la
réunion du 17 septembre dans
le temple de Ciabas. qu’un instituteur, M. Guigou d’Angrogne ,
jugea bon d’augmenter la dose. A
propos de Jean Baptiste, qui, selon
M. Guigou, savait ce qui se passait dans le cœur des hommes et
baptisait paf'lDnmersion’^dans le
Jourdain , le régent d’Angrogne
trouva moyen de parler des pasteurs et de leurs prédications. Selon.
lui, les pasteurs ne disent pas toute
la vérité, puisqu’ils choisissent des
textes au lieu d'expliquer tout un
livre de la Bible, car chaque livre
inspiré contient toute la vérité.
et ensuite ils n'ont pas le droit
de s’adresser à leurs auditeurs
comme le faisait Jean-le-Bapliste.
Conséquence naturelle de tout ceci
c’est que pour être fidèle prédicateur il suffit d’étudier un livre |
de la Bible, les autres n’en étant j
que la répétition et de ne pas
imiter Jean, lorsque, pour démasquer l’hypocrisie des pharisiens,
il"s’écrie; « Race de vipères, qui
vous a appris à fuir la colère à
venir? Faites donc des fruits convenables à la repentance ».
Espérons que les pasteurs profiteront de l’avis et que les deux
jeunes ministres présents, et qui
ont paru écouter avec beaucoup
d’attention, sauront ne pas suivre
leurs prédécesseurs dans leurs er- '
rements.
, EGCLÈSIASTE 10 1.
.... Vous avez bien raison de
déplorer l’ingratitude si générale
aujourd’hui, tantôt masquée par
de trompeuses apparences et tantôt se produisant avec un cynisme
révoltant, et comme conséquence
nécessaire, le découragement qui
saisit les hommes désireux de
faire du bien. Il serait tout-à-fait
oiseux de' rechercher si autrefois
la reconnaissance était moins rare;
peut-être est-il impossible d’établir
une comparaison qui ne cloche
pas par plusieurs côtés. Il est
beaucoup plus utile de rechercher
les causes de ce mal que je déplore avec vous. Elles sont nombreuses, mais je n’en veux indiquer que les deux principales,
l’une chez l’ingrat, l’autre chez le
bienfaiteur.
Est-il étonnant que l’homme
qui n’a pas appris à bénir l'Eternel et à n’oublier aucun de
ses bienfaits n’éprouve aucun sentiment de reconnaissance, pour
son semblable , son égal que Je
hasard seul de la naissance, on
le caprice de la fortune ont placé
un peu au dessus de lui, et dont
il est peut-être mortellement jaloux? Et si dans sa folle présomption cet homme est mécontent de Dieu et l’accuse de faire
un partage injuste de ses biens .
il serait étonnant qu’il se dépouillât de toute prétention envers les
autres hommes et qu’il reçût leurs
secours et leurs dons comme des
bienfaits méritant toute sa gratitude.
L’on objecte, je le sais très bien,
que la reconnaissance est un sentiment naturel que l’on trouve
même chez les animaux, développé à un haut degré. L’absence
si fréquente de ce sentiment chez
l’homme ne prouverait-elle pas
son refus obstiné d'honorer Dieu,
de croire à sa parole, d’accepter
ses promesses, de jouir de sa communion, et rabaisse ce roi déchu
de la création au dessous de ces
bêtes sur lesquelles il était appelé à dominer? Rom. i, 28-32.
Mais il y a une autre cause
moins apparente et moins connue
qu’il faut chercher chez celui qui
fait le bien dont on ne lui témoigne pas de reconnaissance. Je
4
LË TËSiOIM
Vf»1VI^/WV^WIW
n’ai pas besoin 4e volis dire qu’ici
il n’est pins ijiieslion de Dieu,
l’autenr^de tout don parfait. Veuil]ei lire les paroles de l’Ecclesiaste
indiquées au commencement dé
ma lettre , • les mouches mortes
font puer et bouillonner le parfum i
du parfumeur»; elles s’appliquent
merveilleusement a notre sujet et |
elles expliquent ma pensée. En j
effet, une vie chrétienne répand |
autour d’elle la bonne odeur de
l’Evangile , et l’œuvre de charité !
que les Philippiens accomplis.sent |
envers l’apôtre Paul est appelée
par lui « un parfum de bonne
odeur, un sacrifice que Dieu accepte et qui lui est agréable », (IV,
18). Mais lorsque sous ces actes
do bienfaisance qui ressemblent
plus ou moins à des fruits d’une
charité véritable, se cache la vanité, ou l’orgueil, ou même un
calcul d’avarice, le parfum est
gâté, le sacrifice est 'souillé et
Dieu ne peut pas l’avoir pour
agréable. Cela est vrai, me direzvous, mais il s’agit ici de l’homme
qui ne sonde pas les cœurs et
les reins et s’arrête nécessairement à l’apparence. Mon cher ami,
n’oubliez pas que pour les défauts
d’autrui l’homme a des yeux de
lynx et une merveilleuse intelligence, et d’ailleurs il a tout intérêt de découvrir chez son bienfaiteur quelque motif non avouable, car alors il se sent dispensé
de toute reconnaissance. [Ah ! si
la main gauche ne savait pas ce
que fait la droite, il se trouverait
toujours quelqu’un pour publier
la bonne action. Ceux qui la font
pour être vus et honorés des
hommes ont déjà leur récompense
et c’est leur faute s’ils ne la reçoivent pas 'toujours aussi riche
qu’ils la voudraient. — Ayez du
parfum, mais prenez garde aux
mouches.
iileoue politique
Le décret de dissolution du Parlement est attendu. On assure que Nicolera attend pour le publier d’avoir
(jagné herlani et Crispi à ses idées.
Cependant le mouvement électoral a
commencé; des comités se forment;
les députés font entendre leurs voix,
dans les journaux ou dans des banquets.
Selon toute probabilité la gauche ex
irême aura le dessns, et Deprelis et
peut-être même Nicolera seront peutêtre forcés, bien malgré eux, de se
retirer devant Crispi et Berlani, La
dissolution (f un Parlement dans lemiel
le Ministère a eu une forte majorité et
continue à l’avoir ne saurait être justifiée que par le désir de se débarrasser
d’alliés incommodes, le groupe toscan
très conservateur et même clérical et
le centre gauche diiigé par Correnti.
Il paraît que l’expédition en Afrique
de la Société géographique, à la tête
de laquelle se trouve Antinori, est
partie et s’est avancée en Egypte, la
lêle dans un sac; elle se trouve mainlenaiit arrêtée avant d'être sorlie des
parages connus et relativement civilisés,
sans argent et dépouillée des objets
les plus indispensables à son entreprise,
soit qu’ils lui aient été volés, soit qu’ils
aient été perdus par incurie ou par
inexpérience.
Ælspagne. Le gouvernement espagnol a porté atteinte, par un des ses
agents, à la tolérance religieuse sanctionnée par l’art. H de la Constitution,
spécialement aux iles Baléares où un
employé tiop zélé a empêché une
maîtresse d’école de sortir dans la rue
avec ses élèves. On a accusé les protestants de faire une propagande religieuse anti-espagnole.
Le ministère a pris occasion de ce
fait et de quelques autres pour interpréter, dans une circulaire à ses représenlanls à l’étranger, et sans; doute
par une ordonnance à l’adresse des
évangéliques, l’art. H de la Constitution dans ce sens qu’il entend maintenir la liberté religieuse , mais à la
condition que les protestants ne professent l’Evangile que dans leurs maisons
et dans leurs lieux de culte, et qu’ils
ne fassent aucune manifestation au
dehors, soit dans les rues, soit sur les
places, au moyen d’afliches et d’annonces. L’Eglise caüiolique seule peut,
comme église de l’Etat ou église officielle , faire des processions el des
manifestations extérieures. Mais l’Etat
peut aussi restreindre celte liberté, le
cas échéant el en vue de prévenir un
désordre. Des réclamations diplomatiques, en faveur des évangéliques es[>agnols et en vue de maintenir la liberté
religieuse promise el établie par l’article 11 de la Constitution, ont déjà
été faites par le gouvernement anglais
et par le Chancelier de l’Empire d’Allemagne.
JBeigigwe. Un congrès géographique a eu lieu à Bruxelles. Le loi
y a pris part cl y a prononcé un discours très applaudi.
Le journal La France annonce ,
comme le tenant de somee certaine.
et publie un traité d’alliance offensive
et Héfensive, an sujet de la «question
d’Orient, entre l’empire d’Allemagne
représenté par Bismark el la Russie
par GortschaKoff. Ce traité aurait été fait
en juin dernier el porterait qu’aiicim
des deux étals n’entreprendfail et ne
proposerait rien sans s’être préalablement entendu avec son allié.
Que si la Turquie était vaincue par
les Serbes, la Porte serait obligée,de
abandonner TEurope êl même Constantinople , el les Slaves seraient déclarés indépendants; que si les Serbes
étaient battus, le statu qm devait leur
être assuré, el que de plus on devait
exiger des Turcs en faveur des chrétiens des garanties propres à rendre
impossibles tes mauvais Irailemenls
dont ils ont été les objets.
La Porte , invitée par les Etats signataires du traité de Paris, a fait non
des propositions d’armistice mais de
paix. Ces conditions sont considérées
comme exorbitantes el non acceptables
à Rome, à Berlin et à Pétersbourg et
peut-être aussi ailleurs. — Elles sont
au nombre de six : 1. Le prince .Milano doit aller à Constantinople et
rendre hommage an Sultan dont il se
reconnaîtrait rimmble vassal. 2. Un
chemin de fer rejoindrait Belgrade à
Constantinople. 3. Belgrade serait occupée par les Turcs pour un temps.
4. Les forteresses élevées depuis 1867
seraient rasées. 5. L’armée serbe serait réduite à 10.000 hommes; on .ibolirait les milices. 6. La Serbie payerait une indemnité de guerre â détér- '
miner et, (dans .le cas d’impossibilité,
le tribut qu’elle paye à la Turquie serait doublé.
En présence de semblables prétentiong la France prétend que la Russie
se dispose à marcher contre la Turquie, après avoir déclaré qu’elle ne se
propose d’autre but que de protéger
les chrétiens el qu’elle renonce à s’emparer pour elle du Bosphore et de
Constantinople.
Ainsi les espérances du maintien de
la paix seraient considéi'ablemenl diminuées.
Cependant les nouvelles à sensation
donnée par La France sont mises en
doute ; d’après les dernières nouvelles,
l’AlleiTiagne veut rester neutre.
On nous prie d’annoncer que la Conléiencc pédagogique de la 2*^ seclioa
aura lieu mardi 26 courant dan.s une
des salles de l’Ecole latine de Pomai-el.
La séance est publique el s’ouvriia
à 10 heures du malin.
Ernk.st Robert, Gérant et Adminhlrntcur
l'igoorol, Impr. Chiaiitore et Masnareili,