1
"A V.’;
Compte-courant avec la Poste
< PRIX D’ABONNEMENT PAR AN
Italie................. L. 3
Tous les pays, de FUnion
de posté............x> 6
Armorique du Sud . . . . » 9
Ou s’abonne;
Aû bureau d'Admiiiistratlon;
Chez MM. tes Pasteurs ;
Chez M. Ernest Robert (Ptgoerol)
et â rimprimerie Alpina à
Torre Penice,,
{..'abonnement part du 1. Janvier
et se paie d’avance.
Année XVIU. N. 31
28 Juillet 1892
Numéros séparés demandés avunt
le tirage, 10 centimes chacun.
Annoncée: 20 centimes par ligne
pour une seule lois — 18 centimes de 2 à 5 fois et 10 centimes pour 6 fois et au dessus
S'adresser pour la Bédaction à M.
lePast.H. Meille, Torre Pellice
et pour l’Adniinistralion à.M
Elisée Costabel, TorrePellice,
LE TEMOIN
ÉCHO DES VALLÉES VAXJDOISES
Paraissant chaque Jeudi
Voue me sërea témoins. Act. 1,8 Suivant la vérité avec la charité. Eph. IV, 16. Que tou règne vienne. Hatth. VI, 10
S «I ni lit II i I* c !
Süi'vir ou être servi — La Bible l’année
1893 — Un tour de montagne. — Une
mission des RR. Pères Capuoins au Val
S. Martin — Chronique. Vaudoise —
Revue Politique _ Avis. •
Etre servi «U servir?
Faire plier la volonté tl’aulrui à
la sienne, raulliplier les ordres, non
pas que la nécessité s’en impose,
mais uniquement pour voir toute
une multitude de subordonnés accourir,, travailler, souirrir même pour
les exécuter:,tel est le plaisir, la passion d’iiomiiiôs et de femmes chez
qui l’orgueil a détruit tout respéct
pour la dignité et la liberté de leurs
frères, toute préoccupation relative
à leur bonheur. L'histoire nous a
conservé, elle a iparqué du sceau
de l’opprobre,les noms de ces grands
tyrans qu’aucune considération de
jüstice et de pitié n’a pu fléchir, qui
onV persisté à dire ■« je veux » même lorsque les ruines se multipliaient, même 'lorsque le sang se répandait à flots autour d’eux. Mais
combien d’autres petits tyrans que
l’histoire ne menlionne< pas, parce
au'au lieu d’avoir à leurs ordres des
Tout changement d’adresse est
payé 0,^ centimes.
millions pu des centaines de milliers
d’hommes, ils ne pouvaient commander qu’aux milliers, aux centaines,
aux dixaines, à une seule personne
peut-être et qui ont été le tourment
de notre humanité, pareeque, s’ils
n’avaient pas la puissance des premiers ils en avaient l’esprit. Que de
tyrans, pàrmi Iqs seigneurs.,vis-à-vis
de leurs payspns, parmi les officiers
vis-à-vis de leurs soldats, parmi les
chefs de fabrique vis-à-vis de Iqurs
ouvriers, parmi les abbés et lés'abbesses vis-à-vis de. leurs moines et
nonnes, parmi les ecclésiastiques
dans leurs rapports avec leur troupeau, parmi les maîtres d’écoles, au
milieu des enfants confiés à leurs
soips et même parmi les pères, les
mères, les enfants au sein de leurs
familles ! Que d’hommes et de femmes venus dans ce monde pour se
l’asservir par tous les moyens et qui
n’oril rien épargné pour le rendre
aussi pauvre, aussi souffrant, aussi
abject que cela leur a été possible.
A côté des orgueilleux, nous plaçons maintenant les égoïstes, à côté
des tyrans \es exigeants. (*) Ceux-ci
ne s’imposent pas par la Violence, ils
obtiennent ce qu’ils désirent par
O Nous ne , décrivons ici qüe la variété extrême
^(3 ce type aux mille nuances.
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l’insistance poussée, s’il le faut, aux
dernières limites de l’indiscrétion.
Ils n’ordonnent pas, ils demandent,
ils supplient, ils se lamentent; semblables à des mendiants éhontés,
ils ne s'éloignent pas de votre porte
malgré les refus que vous avez opposés à leurs requêtes, et continuent
à geindre jusqu’à ce que à cause
de leur importunité, vous h.'ur ayez
fait une aumône. Ils ne cessent de
vous entretenir de leurs soucis, de
leurs griefs, des difficultés qu’ils rencontrent sur leur route, des infirmités auxquelles ils sont sujets, des
malaises qui tes assaillent de temps
à autres, des bobos qui troublent la sérénité de leur existence. Ils s’appuyent lourdement sur vous; ils s’étendent tout de leur long sur vous.
Les services qu’ils vous demandent,
comme si cela allait sans dire, et
qu’en même temps qu’à vous, ils
demandent à toutes leurs connaissances, sont innombrables; et c’est
à peine s’ils ont l’air de s’excuser
de disposer, à leur profit, de votre
temps, de vos soins, de votre table,
parfois même de votre bourse. N’importe qui ils voient s’approcher d’eux:
que ce soit un père, une mère, un
mari, une femme, un fils, un frère,
un ami, c’est le serviteur qu’ils cherchent en lui, c’est quelqu’un qui est
là pour rendre leur vie supportable,
agréable, amusante, heureuse.
Ceux-là aussi sont venus au monde pour ^ire servis et, s’ils font moins
de mal que les premiers, ils constituent cependant une terrible épine
dans la chair de ceux qu’ils exploitent d’une manière aussi naïvement
dévergondée.
Quel contraste font avec eux ces
esprits fiers, ces tempéraments énergiques, ces cœurs nobles qui entendent garder leur indépendance, se
suffire à eux mêmes, n’êlre à charge
à personne! Il va sans dire que le
but qu’ils se proposent, ils ne peuvent l’atteindre d’une manière absolue. Personne ne peut vivre icibas sans avoir besoin de quelque
t
. '1
service de la part de son frère; une
journée ne se passe pas que nous ne
soyons obligés de demander mainte
fois du secours; mais ce recours à
l’aide d’autrui ils le réduisent au rpinimum; ils s’asservissent au travail
le plus rude et le plus vulgaire, ils
s’assujettissent même aux privations,à
la souffrance plutôt que de déranger,
fatiguer, humilier leur prochain. Et
lorsque pour vivre ou pour accomplir leur œuvre ils ont absolument
i>esoin de l’aide de leurs frères, c'est
comme à contre cœur, c’est presqu’en tremblant qu’ils la demandent,
et ils ne sauraient avoir recours à
trop de ménagements pour que le
service demandé coûte aussi peu que
possible à celui qui doit le rendre.
Devant ces hommes préoccupés de
se servir eux mêmes pour n’asservir
personne, nous nous inclinons pleins
de respect mais nous ne pouvons
pas encore reconnaître en eux l’îdéaî de l’humanité. Très souvent ils
ont quelque chose de réservé, de
hautain, Us se tiennent à l’écart, leur,
crainte d’être à charge dégénère en
une espèce de sauvagerie. Très souvent aussi ils sont la victime d’un
orgueil dont la forme diffère de l'orgueil des tyrans mais qui est le
même quant à la substance. Les uns
sont fiers de faire plier tout le monde
à leur volonté; les autres sont fiers
d’avoir réussi à se plier eux mêmes;
les uns disent: « tout le monde est
à genoux devant moi », les autres :
« je ne me suis mis à genoux devant
personne ». —11 peut aussi se faire
qu’ils croient, en ne s’épargnant pas,
dans le but d’épargner leurs frères,
avoir accompli toute justice. « J’ai
traversé la vie sans faire de mal »,
se disent-ils, «je h’ai froissé les sentiments de personne, je rt’ai fait couler aucune larrne, je n’ai point mis
de fardeau sur tes épaules de mon
prochain, non pas même un fétu, j’ai
accompli mon devoir. Là est l’erreur.
Il n’arrive que trop souvent, en effet,
3ue ces stoïciens modernes, qui ne
emandent rien, exigent qu’on ne
3
leur demande rien non plus; ils ne
veulent pas être servis, mais ils se
refusent à servir. Leur main qui aurait honte de s’étendre pour quêter,
ne sait pas s’étendre pour caresser,
pour aider, pour bénir. Leur cœur
si noble ne brûle pas du feu de la
charité. Ce sont eux aussi des hommes imparfaits.
L’homme parfait est celui qui ne
trouve pas son plaisir à être servi,
et qui a la passion de servir.
H. M.
(A suivre).
LA BIBLE EN Il'ALIE
pendant l’année 1892 (*)
La dissémination des Saintes Ecritures dans notre patrie a fait, l’année dernière, des progrès considérables, et je serais presque tenté de
dire inattendus. Il suffira, pour s’en
convaincre, de jeter un coup d’œil
sur les chiffres suivants, qui nous
donnent les résultats,statistiques de
cette œuvre, pendant les deux dernières années :
i890 Î89i
Bibles . .
Testaments
Portions .
. 6.570 7.516
. 15.194 16,842
132.006 142.537
Total 153.770 166.915
Le total des ventes de l’année
1890 avait été le plus élevé que l’on
eût obtenu jusqu’alors, et l’on n’avait guère l’espoir de le surpasser.
Par Ta grâce de Dieu l’année 1891
a surpassé la précédente pai-13.145
exemplaires.
Ce progrès est d’autant plus remarquable que l’augmentation des
ventes ne s’est pas produite cette
fois sur les portions séparées, comme cela était auparavant le cas. Au
contraire elle a été proportionnelle
O Kitrait du Rapport Aunuel de
btlque Britannique et Etrangfere.
Société Bi
ment plus sensible pour les Bibles
qui présentent une augmentation de
946 vols., soit du 14 pour cent. Viennent ensuite les Testaments avec
une augmentation de 1.648 exemplaires, ou du 10 1 [2 pour cent. Les
portions, par quoi l’on doit surtout
entendre des Evangiles séparés, ne
viennent qu’en troisième ligne, car
bien qu’ils; présentent une augmentation de 10.551 ex. la proportion du
progrès n’est ici que du 8 °1„
La conclusion que l’on peut légittimement tirer de ces faits ne serait-elle pas que la dissémination en
si grand nombre de petits évangiles
pendant ces dernières années, commence à produire des fruits, parmi
les quels il faut mettre en première
ligne le désir que la lecture de ces
petits volumes a éveillé chez plusieurs de posséder et, nous l’espérons, de lire, la Parole de Dieu toute
entière?
Une autre considération très importante à faire, sur la vente considérable de l’année passée, c’est qu’elle
est due pour la très grande partie
à l’œuvre des employés de la Société et surtout à celle des colporteurs. Le total général de 466.915
ex. est celui de tous les livres issus
à quelconque titre de nos dépôts
pour l’œuvre italienne.
Il comprend donc les ventes faites à d’autres Sociétés qui,, comme
la Société Biblique Ecossaise, travaillent elles aussi en Italie, et acbètent dans nos dépôts, à prix de
revient, les Saintes Ecritures dont
elles ont besoin pour leur œuvre.
De ces ventes en gros l'on tient un
compte séparé, afin de rendre strictement à chacun ce qui lui appartient. Or ces ventes ont baissé l’année dernière de 37.311 ex. à 35.726 (*)
L’augmentation totale de l’année est
O Je me hâte de dire que l’ceuvro do la Société Biblique d’Ecosse présentia elle aussi un progrès constant. Ce sont d’aulros Sociétés qui ont considérablement diminué leurs achats, tandis qu'elle
augmentait considérablement les siens.
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A- t; '■.'/•■* fc" -'ì '■••. •■■.•'. .,.'’f • ttA.À .. ■ .,' ■.■••>■' ’•''’ ''■■ r .'''.. '■■■•»■;■
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donc due tout entière à nos dépôts
et ànos colporteurs. L’on peut même
dire que, si l'on ne tenait compte
que du travail des agents de notre
Société l’augmentation aurait été plus
considérable encore, car les dépôts
et sous-dépôts ont vendu 2090 ex.
et les colporteurs 13.145 ex. de plus,
soit en tout 15,235 ex. de plus que
l’année précédente.
Pour la première fois depuis la
fondation de l’Agence Italienne de
la Société Biblique Britannique et
Etrangère, ses colporteurs, bien que
réduits en nombre de 42 qu’ils élaient il y a 10 ans, à 34 seulement,
ont surpassé dans leurs ventes le
chiffre de cent mille exemplaires. En
effet leur total pour l’année dernière
est de 106,390 vûl. contre 93.988 en
1890.
» A
V
Ce beau résultat de l’œuvre du
colportage italien est d’autant plus
encourageant que les meilleures ventes se font de plus en plus dans les
provinces éloignées, loin des grandes
villes, c’est-à-dire là où le prédicateur de Jésus Christ a bien rarement
l’occasion de faire entendre sa voix,
et où par conséquent une Bible, un
Testament, un Evangile parfois est
le seul moyen de répandre la connaissance du Sauveur. C’est ainsi
que dans les Abruzzes deux colporteurs ont vendu l’un 6.593, l’autre
7.346 ex. Le colporteur de Cosenza
en Calabre aidé de son frère a vendu
9000 livres saints, et une nouvelle
recrue qui a travaillé tantôt dans la
Sicile, et tantôt sur le continent a
surpassé le beau total de 10.000 volumes.
* *
¥
À ces chiffres, qui donnent les résultats de l’œuvre aie la Société en
Italie, il serait intéressant de pouvoir ajouter ceux qui représentent
l’œuvre du colportage parmi les
nombreux Italien,a qqi émigrent cha^que année à l’étranger. Nous n’avons
à cet égard que des données approx
imatives. M, G. Monod agent de la
Société pour la France nous écrit
qu’en 1891 ses colporteurs ont vendu
aux Italiens répandus dans ce pays
4000 Bibles et Testaments environ,
et c’e.st par 2000 ex. à la fois qu’il
nous demande le beau Testament et
Psaumes que l’Imprimerie Claudienne imprime pour la Société, et dont
s’achève maintenant un nouveau tirage de 30.000 ex. L’on en envoie
aussi en Angleterre, en Allemagne,
en Suisse, en Autriche-Hongrie, et
jusqu’en Egypte et dans les deux Amériques. C’est par milliers et souvent par dizaines de milliers que
partent aussi de Florence pour ces
destinations variées nos petits Evangiles. Tous ces livres sont destinés
à l’évangélisation de nos concitoyens
à l’étranger, et bon nombre d’entre
eux reviennent en Italie dans, le sac
de l’ouvrier qui rentre à la maison
après une campagne plus ou moins
productive au delà des Alpes, ou de
l’Océan, .
* *
*
Nousdi-sions il y a quelque temps,
que grâce à l’œuvre excellente'de la
Société Biblique Britannique et Etrangère, aucun livre n’est maintenant aussi répandu en Italie que la
Parole de Dieu. Cela e.st de plus en
plus vrai chaque année. Dieu veuille
hâter le jour où la semence si largement répandue produira les fruits
qu’elle est destinée à porter.
A. Meille.
Un tour de monlagne
Ce n’est pas en Alpiniste de profession que je l’ai fait: je n’ai rien
, de ce qu’il faut pour cela : c’est plutôt en amateur... d’un nouveau genre.
Chaque année les pasteurs d’Angrogne visitent à plus (l’une reprise
les membres de leur troupeau épars
dans les alpages. Or il s’agissait précisément d’une de ces tournées pas-
5
- 24{i - ■ ■ ' '^ ',■■•■
torales : comment résister à la tentation d’y prendre part, quand l’air
pur, l’herbe tendre et un cordial;
« Viens avec nous », vous y sollicitent? Et nous voilà partis, suivant
dès l’abord celte Via Neuva, toujours
nouvelle pour les points de vue successifs qu’elle vous présente, en se
déroulant d’une manière si pittoresque jusqu’à la Vachère, et arrivant
vers le soir à Crevelira, dont les habitations à ras de terre se qonfondent
aisément avec le clapier dont elles
sont entourées. Une écurie, une
cujsine et une grange constituent
les piéceS'indispensables cle chacune
de ces maisons fort primitives:, comme il est 9 heures du soir, c’est
dans une de ces cuisines-omnibus,
au pavé de terre durcie, où S’entassent, avec les ustensiles les plus divers, les êtres les plus variés de la
création que, à la lueur incertaine
d’une lampe à huile, se fait la ré»
union. On n'est pas nombreux, mais;
on sait pourquoi on est là, et tandisque le vent du soir ébranle la
toiture, on sent passer sur son âpie
le souffle puissant de cet Espifit .qui
rend la présence de Dieu plus réelle
dans ces solitudes que dans les plus
grandes, assemblées. Nous logeons à
l’hôtel Chauvie, premier étage : le
lit est vite prêt: du foin, de Tannée
passée. Nous nous rangeons à la file,
comme des soldats de plomb daps
leurs boîtes, car il ne fait pas chaud,
et on nous recomrpande de dormir.
Mon voisin de droite prend la chose
au séiieux, car il exécute en conscience une série de variatiorrs sur
les tons les plus variés de la gamme...
ronflante, interrompues seulem,e,nt
de teipps à autre par un brusque
tressaillement de la jambe, sous l’action d’une piqûre dont on ne peut
préciser Torigine. Je l’admire, sans
parvenir à l’imiter. Enfin, n’y tenant
plus,, je bats mon briquet... hélas, il
n’est qu’une heure et demie, et moi
qui me disais:
Golombj voici le jour, le jour vieiÿ de renaître I
Je ne vois pour ma part que l’obscurité! Mais je ne suis pas le seul,
et la conversation ne tarde pas à
s’engager, jusqu’à ce que moulus,
brisés, nous tombions de lassitude,
pour nous réveiller avec l’aurore.
Avec quel plaisir ne la salue-t-on
pas? Vite à la fontaine pour nous
rafraîchir,., et au restaurant pour
déguster l’écuelle de la,Uà traditionnelle:: puis en marche pour Souïran,
Ici la réunion a lieu le matin vers
11 heures, car ¡1 n’y a que ces deux
moments de la journée, où le bétail
est rentré et où les opératiujjs de
fromagerie sont terminées, que l’on
puisse prendre, pour se recueillir
tranquillement en présence du Seigneur. Le moment arrive: au drap
blanc d’une fois qui annonçait l’arrivée du . pasteur on a substitué le
son du cor. Une assemblée d’une
trentaine de personnes se réunit sur
un coteau verdoyant, et là daps ce
beau temple de la nature, au milieu
d’un silence qui n’est pas même
rompu, en cet instant., par le son des,
clochettes des vaches et les grelots
des chèvres, s’élève un cantique de
louanges. Aussitôt après, un baptême;
le parrain est représenté par procuration, car sur ces trente personnes,
il n’y a que deux hommes; U y a
par contre plus, d’enfants qu’ailleurs,
car l’endroit est moins dangereux.
Je vois plus d’une figure émue et
plus d’une larme répondre aux appels très ditects qui leur sont adressés : quelques traités sont reçus avec
reconnaissance.
Après avoir payé, un large tribut
à la poulente de midi» nnus nous
acheminons vers Yinfermt: jamais
on n’a si bien nommé une localité:
seulement, au lieu, de descendre, on
monte dans les profpndeurs sauvages
de la montagne. Nous arrivons sur
le seuil du chalet de P. P. BertiUi,
au moment où un orage éclate. La
grêle frappe furieusement contre....
j’allais dite les vitres,; mais il n’y en
a pas : au bout d’un instant le soleiL
brille, de nouveau sur ees hauteurs,
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tandisque nous voyons le nuage menaçant s’avancer dans la plaine comme un messager de dévastation. Mais
la température a sensiblement baissé et c’est avec plaisir que l’on
se groupe autour d’un feu de rhododendrons et que l’on devise agréablement tout en admirant l’ordre
et la propreté exquise de la cuisine
où nous sommes rassemblés. D’un
côté les chaudrons et les bassins en
cuivre, reluisant de propreté; de
l’autre une rangée de fromages appétissants, et, pendant des soliveaux
noircis par la fumée, (car il n’y a
poiht de cheminées dans ces châlets
de montagne) de petits sacs de
gioUnca prête à être transformée en
setaîs, qui seront expédiés au marché pour Vendredi.
À 9 h. la cuisine se remplit: il
y a, outre les bergers, un Vaudois de
Marseille et deux catholiques — À
10 h. Ii2 on va se fourrer bien plus
dans que sur sa botte de foin, car
on grelottent l’on ne s’endort qu’avec
peine, quoiqu’ on soit dix dans la
? range et que les 40 chèvres et les
0 vaches qui sont au dessous, se
donnent toute la peine désirable
pbur vous endormir au son de leuis
taluche. .. et de leurs coups de corne!
A 0 heures, la tasse de lait, puis
le sac sur le dos! On traverse le
Col du Giournalet : on discerne
Turin et sa Mole Antonelliana,
éclairés par le soleil, tandis que
là-bas le Pra du Tour est plongé
dans l’ombre. On passe une avalanche et après mille détours, on
aperçoit enfin les châlets de la Selle
Vieille, où Laurent Rivoire nous offre l’hospitalité la plus cordiale. Et
elle n’est pas de trop, car après une
heure de pluie qui nous gâte un
peu la réunion faite sur les rochers
près de la fontaine, un vent impétueux, descendant des hauteurs du
Roux, transforme cette ondée en rafales de neige, que nous retrouvons
le lendemain matin en traversant le
vallon des treize lacs. Mais qu’est-ce
que quelques degrés de froid quand
le cœur a été réchauffé 9 Merci, ami
Bonnet!
W. Meille.
Une Mission des RR, Pères Capucins
DANS LE Val s. Martin
(4596-1658)
Vers la fin du XVI® siècle, Clément VIII, ce pape qui, d’après un
rapport anonyme adressé au Cardinal d’E.ste « faisait la guerre comme
Jules II, bâtissait comme Sixte V et
réformait l’église comme Pie V »,
s’alliait avec le duc Charles Emmanuel I de Savoie pour extirper l’hérésie de ces parties du Piémont qui
en étaient encore infectées. Les Vallées furent alors envahies par des
foules de moines de plusieurs ordres
dont la mission était: 1® de convertir les hérétiques, au moyen de la
prédication; 2° s’ils [se montraient
obstinés, de les remettre aux tribunaux de S... A. ducale qui les condamnait à l’amende, à l’exil, à la
prison et à la mort. Les Vais de
Pérouse et de S. Martin échurent en
partage à l’ordre des Capucins. (*).
Au commencement donc de 4596,
arriva à Perder, lieu dans lequel,
selon le livre que nous aurons souvent l’occasion de citer, «les cœurs
sont plus durs que la pierre qui lui
donne son nom » le P. Valérien de
Pignerol, et qu’y trouve-t-il? Ecoutons Ferrerò: « Les habitants s'étaient iniquement emparé du temple
paroissial du Perder, qu’ils se montraient peu disposés à rendre aux
prêtres légitimes qui étaient surve
(*> Voir le gros in folio intitulé «, Rationarium
chronographicum missionia evangelicae ab àpostolidâ
operariis, præaertim ciapuccinis pro ecclosiastlco ca-.
tbolîco regno propagando in quatuor mundi partibus
sìgnanter in Gallla Cisalpina exerciteoj ratlocinanto
Fr. Mattljia Ferrerò a Caballario Majore. AugusttB Taurinorum 1659». D’apròs ce Ifvre les missions des Pères Capucins s’étendirent au Pragèla, à Dronero, Acceglio, S. Damiano, Suse, Verzolle, Casteldelflno, Gavoglio, Paesana, Pancalieri, Demonte, Val Soana, Val
dì Varo ; ce qui nous montre quo sur nombre de versants italiens des Alpes la doctrine Vaudoise avait
pris racine.
7
—■ 247
nus; ils luttaient, en effet, pour le
gariier si non en entier, au- moins
en partie, afin fjue Dagon et l’arche
siégeant sur le même autel, le* sacrilège s’exerçât là où l’on offrait le
sacrifice. Mais ce Macchabée religieux
le Père Valérien, ayant jeté dehors
les pierres de la profanation, ayant
recouvré le temple de S. Marie Magdeleine et l’ayant rendu au curé,
ayant purifié les lieux très saints,
arraché les cloches des mains des
violents, crné décemment les autels
par la pie munificence du duc de
Savoie, lui, le sculpteur évangélique,
commença à travailler cette plèbe
pierreuse (petreara illam plebem)».
La conciuête du temple du Perrier ne suffit pas toutefois à Tardent
Valérien. Son œil d’épervier aperçoit,
juché sur les rochers, au haut de la
vallée, un autre sanctuaire profané
par Thérésie, celui de S, Martin et
il se décide à en tenter l’assaut. Le
6 Mars 1596 une procession part du
Perrier et, sans coup féi’ir, prend
possession du temple.
a Tout de suite, ayant renversé la
chaire de Î’Arilechrist et la labié de
la cène diabolique,qui dés longtemps
avaient été mises là, ils les brûlèrent dans le vestibule même du
temple et ainsi iis purifièrent, après
en avoir chassés les chiens, la maison de Dieu qui avait été depuis
trente ans injustement usurpée et
profanée par les abominations calvinistes. Les habitants religionnaires
regardaient de loin et contemplaient
d’un œil effaré les entreprises courageuses de pareils prêtres ; c’est
pourquoi craignant les jugements qui
étaient suspendus sur leur tête, ils
évacuèrent deux autres édifices sacrés dès longtemps occupés et déshonorés par les pratiques hérétiques, ceux de S. Laurent à Rodoret
et de S. Pierre à Massel.
Les temples, une fois reconquis,
le P. Valérien se mit à y prêcher;
mais il rencontra une nouvelle difficulté: le défaut d’auditeurs. Gomment la tourner? Ferrero nous le dira:
«Après les prédications publiques,
Valérien se rendait dans les demeures alpestres de ces vagabonds, marchant pieds nus; il parcourait les
villages et les hameaux des sectai res, il s’approchait d’eux en des
colloques familiers, afinque doucement, au moins en particulier, ils
consenti.ssent à être instruits,; éclairés, purifiés et attirés à la candeur
des vérités orthodoxes. Ils s’étonnaient (les habitants) tout d’abord ;
ils fuyaient le regard des hommes
apostoliques ; ils les avaient en horreur, et regimbant de toutes leurs
forces, ils évitaient de se trouver
avec eux; mais dans la suite, peu à
peu, ayant observé les coutumes qt
manières pieuses, attirés par
paroles et conversations doucement
évangéliques, ils commencèrent à s'adoucir et se montrèrent disposés à
recevoir d’eux les paroles d’avertis'sement, à entendre les dogmes de
la foi, à comprendre la doctrine de
la vérité. Mais à peine cela fut-i!
connu des faux docteurs (les pasteurs) tout de suite ces imposteurs
interdirent à ces misérables créatures par eux trompées, avec menace
et sous peine d’amende, toute entrevue soit publique soit privée avec
les moines capucins»,
(A suivre.) H. M,
CHllONIUUE VAIJDOISE
Saint Jean.—- M. William Meille
a accepté de continuer pour un an
les réunions d’évangélisation qu’il a
commencées pendant Thiyer dernier
dans diverses paroisses de l’Eglise.
Ce qui a concouru pour beaucoup à
faire i^ue M. Meille répondît par l’affirmative, à la proposition de la Table et de la Commission d’évangélisation, ça été une lettre que lui avaient
adressée tous les pasteurs des Vallées et dans laquelle ils le priaient
de se consacrer" à cette œuvre. Dieu
veuille maintenant mettre sa bôné
/mm
8
- S48
diotidn sur ce nouveau rairiistére
confié à notre frère, et donner à ce
dernier toutes les forces du corps et
les grâces de l’esprit nécessaires pour
que son, activité soit en bénédiction
à des centaines et à des milliers
dans nos chères paroisses.
COLLEGIO VALDESE
Concorso alle Borse Burgess-Kinnaird.
Storia Biblioa. I dodici apostoli.
■ Lingua e lèttere italiane. Alessandro
Manzoni: Getmo sulla sua vita
e le sue opere. Lettura dei Prò
<W9/3<ÌC'Ì SitTrtéi
Latino, a) fibre Iir dell’Eneide di
Virgilio, traduzione e note; ,
h) Sintassi delle proposizioni finali,
consecutivej causali, condizionali
e relative. Regole ed esempi
(Ganéino, parte V» Capo II, Numeri II, Ili, V, Vi, IX).
c) Retroversione di un biano della
prima orazione contro Gatilina
di Cicerone.
tìreco. Senofonte, Anabasi libi 1“, cap.
V-IX. Traduzione ed analisi.
Aritmetica razionale. Numeri decimali — Frazioni le termini non
Kussie — L’épidémie de choléra
est stationnaire. L’Allemagne a pria
les mesures les plus rigo
I pour se préserver du fléau.
interi — Frazioni uguali (Ri
colti cap. VIII-X.
I giorni degli esami verranno notificati ulteriormente.
A noma e per ordine dei signori
Tutori.
Twre Pelliee, 25 luglio iS92
J. P. PoNs, Moderatore.
UéTüc Politique
Kttlle — Le roÎ vâ Se rendre à
Livourne pour 1’ inauguration du
monument de Victor Emmanuel. ï)e
là il ira à Gênes où il passera en
revue la flotte italienne à laquelle
viendront s’unir des vaisseaux d’autres nations, peut*èlre aussi de la
France,
Ëlais^Unis —■ A l’occasion de
l’ouverture de l’exposition colombienne il y a eu échange des télégrammes les plus courtois entre le
roi Humbert et le président des
Etats Unis.
AVIS
On demande pour le jt®’’ Août une
domestique pour les Artigianelli Vaudois. — S’adresser à M. David Peyrot, Villa Olanda.
AVIS
La Rentrée Générale annuelle des
livre.s des bibliothèques pastor, et
du collège est fixée pour mercredi
prochain, 3 août, -de 3 b. à 6 de
l’aprôs midi.
A cause de la préparation du catalogue, le bibliothécaire est obligé
d’anticiper de quelques jours celte
Rentrée.
La Tour-^ le 26 juillet 1892.
Al. V I N a y, prof.
J. P. Malan, Gérant
Torre Pellicé — Imprimerie Alpina
L'éruption de l’Etna continue ‘î
et produit de grands ravages dans
les, campagnes voisines des cratères.
Il n’y a pas de danger imminent ;
pour les villages. Le Gouvernement
envoie des secours.
— Le ministre Giolitti a déclaré
qu’il fera son discours programme
dans la capitale.