1
Seconde Année.
8 Septembre 1876.
IN. 36."
gii. '
LE
J^ouraal do l’Eg*lise Evang’élique Vaiidoise
Vous me serez témoins. Actbs 1. 8. Paraissant chaqué Vendredi Suivant La vérité avec la charité.
Priï DR l’.abonnbmknt p^r an Italie . . . L 3 On s'abonne: à Ptgnerol au Bureau de l’ad- ministration Mahon Micól, Un Numéro séparé: 10 centimes.
Tous les pays de l’I’nion de A La Tuur chez M. Cilli libraire. Annonces à la i.e page 35 cenlij poste »Europe) . . » 6 ! Etats-Unis .... . * 8 A Turin chez M. Goss, via Pio Quinto, n. 16. mes par ligne.
A Pomaretchez M. Lantarbt Past. Oirecleur.
Sommai i?e.
Le dimanche. — Pécbé.s d’omiâsion. —
Le caillou blanc. — Histoire d’une Bible.
— Correspondance. — Nécrologie. — Nouvelles religieuses et faits divers.
LE DINl^CHE
Nous ne sommes pas plus disposé que d’autres à ramener, sous
l’alliance de grâce, l’esprit de servitude dont les meilleurs d’entre
les Juifs ne parvenaient pas à
s’affranchir. La liberté des enfants
de Dieu est un précieux privilège
auquel nul ne renoncera après
l’avoir goûté. Tout dépend de savoir quelle est, très précisément,
cette liberté à l’égard de laquelle
Christ nous a affranchis (Galates
V, 1). Elle ne doit jamais être
une occasion, ou un prétexte pour
vivre selon la chair iv. 12), comme
elle n’autorise le chrétien à négliger aucun des moyens que
Dieu lui offre pour croître dans
la connaissance et dans la grâce
ni à se relâcher dans l’accomplissement de tous les commandements de Dieu.
La sanctification du sabbat chrétien est à la fois, selon notre profonde conviction , un commandement de Dieu qui n’a pas été
aboli, car il a été donné pour tous
les hommes et non pour les Juifs
seulement, il est un des puissants
moyens, préparés par le Chef de
l’Eglise, pour l’édification de son
peuple et l’avancement de son
règne sur la terre. Lors même (
que l’on parviendrait à démontrer |
d’une manière irréfutable, ce que |
nul n’a fait jusqu’ici, que le 4""= j
commandement a été aboli par |
l’Evangile ou tellement spiritualisé j
qu’il n’en demeure rien de positif, j
il resterait toujours le fait que le
dimanche est pour le chrétien la
perle des jours, celui qu’il voit,
avec bonheur , revenir après ses
six jours de travail souvent si pénible , comme un jour de rafraîchissement spirituel. L’ennemi des
âmes sait très bien quelle est
l’importance de ce saint jour, aussi
en fait-il depuis longtemps l’objet
de ses attaques les plus habiles
et les plus acharnées, 11 n’y a que
la Bible même qui soit plus mortellement haïe et plus violemment
combattue.
Une étude sérieuse et complète
de la question du Dimanche, au
sein de notre Eglise, nous paraît
depuis longtemps réclamée impérieusement en présence des formes diverses que revêt la violation
du commandement de Dieu. Nous
espérions que quelque frère se serait senti appelé à entreprendre
ce travail que nous aurions été
si heureux d’accueillir dans nos
colonnes. Faute de mieux , nous
devrons nous décider à traiter
nons-même cette grave question ,
et s’il plait à Dieu nous l’aborderons prochainement Aujourd'hui
nous avons simplement pour but
de rendre nos frères vaudois attentifs à une double atteinte portée
par eux à la prérogative de ce
saint, jour du Seigneur. >
Après un peu d’hésitation . la i
coutume de faire le dimanche les j
élections administratives, s’est établie dans toutes tes communes
des vallées, même dans celles où
le conseil communal est, dans sa
presque totalité, composé de vaudois. Nous ne connaissons que
deux exceptions à cette règle: s’il
y en a davantage nous serions
heureux de l’apprendre et de le
constater. Même dans les villes ,
où la classe industrielle et ouvrière , fournit un grand nombre
d’électeurs, l'inconvénient d’avoir
les élections un jour sur semaine,
serait moins grand qu’on ne veut
le faire croire, puisque le second
appel permet à ceux qui ne disposent que de peu de temps d’aller
déposer leur vote. Mais dans les
communes rurales, comme le sont
les nôtres, même ce prétexte n’existe pas ; ce ne sont jamais quelques heures de travail de plus ou
de moins qui auront quelque influence sur le bien-être de l’agricoltenr. Chacun de ces électeurs
qui poussent les hauts cris lorsqu’on réclame d’eux 'le sacrifice
d’une demi journée par an, pour
la nomination des Administrateurs
de leur propre commune , vous
les verrez, du premier au dernier,
passer cinq ou six jours par au
à la foire du lieu, ou à celle du
voisinage, fréquenter peut-être tous
les marchés, souvent sans aucune
nécessité, si ce n’est peut-être pour
quelques uns le besoin de dépenser
à l’auberge l’argent qu’ils ont
retiré de leur beurre ou de leurs
pommes de terres.
Quelle que soit la manière dont
le dimanche est employé par d’autres, les Vaudois devraient avoir
à cœur de ne rien faire eux-mêmes, pour détruire le reste de
respect dont ce jour est encore
entouré parmi nous ; et lorsqu'ils
sont revêtues de l’autorité nécessaire pour aider à sa profanation
ils devraient reculer devant la
responsabilité qu’ils encourent en
détournant leurs frères de la participation au culte public.
Et à propos du Jculte public
principal du dimanche matin nous
2
142
tE TÉHOI>
croyons devoir faire nos réservea^
les plus expresses au sujet d’une
cause indirecte et très involontsire,
nous n’en doutons pas. de perturbation de ce service.
Récemment, en un jour de dimanche, une réunion en plein air
a été annoncée, pour 2 heures
de l’après-midi à la Serra. Nous
savons dans quel but cette réunion a été convoquée, et nous ne
pouvons que l’approuver, mais
nous avons des doutes sur la légitimité et sur la convenance du
moyen employé. Le fait est que ,
dès les premières heures du jour
( car c’était une chaude journée )
l'on voyait défiler par groupes
les personnes qui accouraient au
rendez vous.chargées de provisions,
cela va sans dire, car pour plusieurs, la plupart peut-être, c’était
une partie de campagne que l’on
faisait. Le fait est de plus , que
les temples de St. Germain, Pomaret et Ville-sèche . peut-être
aussi celui de Pramol, étaient à
moitié vides. Or voilà nous semblet-il, ce dont personne ne peut s’applaudir.
Loin de désapprouver nous encourageons de tout notre cœur,
ces fêtes chrétiennes de la famille
vaudoise dans lesquelles les membres de plusieurs paroisses ont
l’occasion de se voir dans quelqu’une- des localités célèbres de
leurs vallées, de s’y entretenir et
de s’y édifier ensemble en la présence du Seigneur et dans sa communion. Mais nous voudrions que
jamais on ne choisit pour cela un
dimanche. Les réunions dans la
semaine gagneraient en intimité
et en intensité ce qu’elles perdraient en nombre et en étendue.
PÉCHÉS D'OHISStON
.... Quoique les termes mêmes
dont vous vous servez pour distinguer deux sortes de péchés qui
nous inquiètent à des degrés si
divers , ne soient pas , à proprement parler, des expressions scripturaires , je n’hésite pas à m’en
servir après vous pour dissiper, si
je le puis , l’erreur où vous me
paraissez vous trouver ; cette distinction se trouve du reste clairement établie dans la Bible. Votre
erreur consiste à croire que les
péchés que.vous appeler d'omisaiao
ÿ^sont 4é simples-négligenues, ré*
préhonsibles sans doute , et qu’il
faut éviter, mais Doa des péchés
d’une certaine gravité. Ce dont il
faut se garder avec le plus grand
soin ce sont les transgressions volontaires des grands commandements de Dieu. Quand on est.
comme s’exprime David, pur des
grands crimes, l’on a déjà un bon
degré d’assurance devant Dieu.
Je n’ai garde, mon cher ami,
de vous confondre avec ces hommes si nombreux même entre les
membres d’églises , lesquels fondent un prétendu droit à être
reçus dans le ciel sur le fait allégué par eux et contesté peutêtre par plusieurs ; çw’îYs n'nntfait
tort à personne. Je sais que vous
prenez au sérieux les préceptes de
la parole de Dieu, que vous n’en
méprisez aucun , et que , dans le
sentiment de les avoir violés en
plusieurs manières, vous courbez
humblement la tête et cherchez
votre pardon au pied du trône
des miséricordes. Mais laissez-moi
vous dire, mon cher ami. avec la
franchise que vous aimez, qu’il y
a en vous, dans votre vie qui vous
parait si satisfaisante, bien des péchés auxquels vous ne prenez pas
garde . dont vous ne vous défiez
pas, dont vous ne demandez pas
le pardon et dans lesquels vous
persévérez. Ce sont précisément
ces négligences que vous déplorez,
il est vrai, mais sur lesquelles vous
n’avez jamais pleuré. Et si je vous
disais que ces négligences, ou ces
omissions du bien qu’il a l’occasion
et les moyens de faire constituent
précisément la culpabilité particulière du chrétiea! Si le Sauveur
.nous a laissé un modèle afin que
nous suivions ses traces, n’oublions
pas qu’à l’exemple de son Père il
agissait continuellement, allant
même chercher hors de la Judée
et de la Galilée les occasions de
faire du bien. Je vais même plus
loin et j’affirme que les péchés
d’omission sont souvent bien plus
graves que ceux que l’on appelle
de commission. Entraîné de vice
eu délit par l’oisiveté qui est la
mère commune de tous les vices,
des voleurs de grand chemin ont
pillé, et probablement parcequ’il
cherchait à défendre son bien, ils
ont frappe' et laissé demi-mort sur
le graad eh<Bmiu cet homme qui
desceudait de Jérusalem à Jéricho.
Ces brigaads »'oseront alléguer
aucune exoose, ei ee n’est peutêtre leur profonde ignorance et la
détestable éducation qu’ils ont
reçue. Pensez-vous que le sacrificateur et ce lévite qui, voyant leur
malheureux compatriote étendu
comme mort, passent outre sans
s’arrêter, pensez-vous, dis-je, que
ces hommes, instruits dès leur
enfance dans la parole de Dieu .
oseront ouvrir la bouche pour atténuer leur crime ? Et si vous
aviez vous-même à prononcer une
sentence juste contre tous ces
coupables, n'est-il pas vrai que ce
ne sont pas les brigands qui seraient le plus sévèrement punis?
Il y a du péché, dit saint Jacques,
en celui qui sait faire le bien et
ne le fait pas. Et si vous pensiez
que j’ai choisi mou exemple trop
haut dans l’échelle des crimes, en
mentionnant des hommes au cœur
de pierre, comme vous supposez
qu’il y en a peu, je veux en proposer un second à votre sérieuse
méditation. Pourquoi le serviteur
infidèle a-t-il été taxé de lâcheté
et de méchanceté, puis jeté dans
les ténèbres du dehors ? Ce n’est
pas pour quelque crime qu’il a
commis. ni pour avoir dépensé
l’argent de son maître en vivant
dans la débauche ; rien de pareil
n’est dit de lui. Son grand péché
consiste en ce qu’il n'a pas fait
valoir'pour son maître le talent
qu’il en avait reçu , en ce qu’il
n’a pas cherché et saisi les occasions de l’honorer en faisant sa
volonté.
Descendez, si vous le voulez,
aux détails les plus ordinaires de
la vie , et jugez vous-même s’il
peut être indifférent pour vous de
dire ou de faire quelque chose de
bon, ou de ne pas le faire ou le
dire, de donner un conseil ou de
le refuser, de confesser le Sauveur ou de vous taire. Rien n’est
petit et rien n’est indifférent dans
la vie du chrétien, et comme la
nature a horreur du vide , ainsi
doit-il en être de l’enfant de Dieu
pour lequel l’inaction est toujours
funeste. Travaillez pendant qu’il
est jour, la nuit vient en laquelle
nul ne pourra travailler.
Vous n’aurez peut être pas tous
les jours une violente tentation à
3
LE TéHOIN
14S
«ombattre, UD redoutable ennenai
à repousser si oe n'est votre propre paresse^ mais chaque jour
votre Père céleste vous mettra en
présence d’une foule de bonnes
choses que vous pourrez accomplir.
X.
LC CAILLOil eiANC
A celui qui vaincra, je lui doonerai.... un caillou blanc. —
Î Apoc. 2,17).
Pour comprendre comment un
caillou blauc peut constituer un
prix pour celui qui remporte la
victoire dans le combat de la vie,
i 1 faut rappeler qu’il est des choses
dont on juge spirituellement et
que les expressions symboliques
s'expliquent souvent par la description de l’usage dont on faisait
autrefois des objets mentionnés
dans ces expressions. C'est ainsi
que nous comprendrons mieux la
valeur spirituelle de l’expression
• donner un caillou blanc à celui
qui vaincra • si nons étudions attentivement les usages symboliques
de ce caillou blanc à l’époque où
furent écrites les paroles que nous
méditons.
Le caillou blanc était entr’autres
choses un signe de victoire et on
le donnait au vainqueur dans les
jeux isthmiques. Nous ne nous
étonnerons donc pas en voyant
qu'un caillou blanc est promis au
vainqueur dans un combat plus noble et plus important. Une comparaison analogue est faite du reste
par St. Paul dans sa première
lettre aux Corinthiens ( 1 Cor.
9. 24). Ces derniers habitaient
tout près de l’endroit où l’on
faisait les jeux isthmiques et pouvaient par conséquent comprendre
sans difficulté le langage âguré
de l’Apôtre.
Combien le combat auquel nous
invite le Seigneur est plus noble
que celui qui avait lieu à l'isthme
de Corinthe ! Dans ce dernier plusieurs couraient, plusieurs luttaient , mais un seul remportait
le prix ; ce qui veut dire que tous
combattaient avec l’incertitude dans
le cœur et avec la crainte de ne
pas être vainqueurs. Dieu n’offre
pas un seul caillou blanc qui doive
encore être disputé entre tous
ceux qui combattent le mieux le
péché et les passions, mais il en
offre à touB^ à quiconque remportera la victoire. Que nous soyons
des tuUliers, ou même des millious
de combattants, Dieu a des prix
pour tous, et il les donne volontiers. > Ce n’est donc pas avec incertitude que nous luttons ; nous
plaçons notre confiance en Celui
qui a promis le caillou blanc a
toute personne qui aura vaincu.
Les concurrents s’efforcent tons
d’arriver les premiers ; mais s’ils
aperçoivent quelqu’un qui cherche
à les rejoindre et à les devancer
ils le repoussent eu arrière et font
leur possible pour arriver au but
avant eux. Nous devons au contraire nous aider les uns les autres à vaincre, afin d'obtenir la
récompense. Ici il n’y a pas lieu à
jalousie ; Dieu a des caillous blancs
pour tous. Luttons cependant avec
une généreuse émulation ; mais si
nous apercevons un frère qui demeure en arrière et se laisse
vaincre par le mal au lieu de
surmonter le mal par le bien, ne
le rejetons pas en arrière , avec
orgueil, en le croyant inférieur
à nous en piété. Âidons-le au contraire. soit de notre main, soit de
notre exemple, soit de nos conseils , afin que notre frère puisse
aussi arriver à temps pour la
distribution des cailloux blancs
aux vainqueurs.
Ceux qui courent les lices du
monde se fatiguent souvent beaucoup pour obtenir très peu de
chose. Une couronne de feuilles
entrelacée des rameaux de laurier,
d’olivier, de chêne, une somme
d’argent, un drapeau ; voilà ce
qui suffit bien souvent pour remplir un cœur de vanité et pour
l’éloigner de Celui qui résiste aux
orgueilleux et fait grâce aux humbles. Après tout, ces prix sont
corruptibles et seront détruits avec
le temps, tandisque le caillou blanc
est d’une valeur infinie, puisqu’il
est signe de victoire sur le monde
et sur le péché et gage de notre
introduction dans la maison de
notre Père céleste.
Désireux comme nous!Ie sommes
de remporter la victoire, prenons
des précautions plus efficaces que
celles des anciens combattants de
Corinthe. Ils se préparaient par
des exercices, ils oignaient leurs
membres d’huile afin d’être plus
souples et plus agiles. Ceux qui
pjreoaient pari k la courte ee
nourrissaient avec beaucoup de
sobriété, eraig*aaat que le tirop
d’aliments ou dé boisson ne les
empêchât de courir assez vite.
Faisons mieux encore: Soyons
sobres, non seulement dans le
manger et dans le boire, mais en
toute chose {1 Cor. 9, 25 ). Ne
donnons pas à la chair tout ce
qu’elle demande ; sans la tour>
monter inutilement par des flagellations ou par des jeunes superflus et immodérés , . imitons
l'apôtre Paul qui disait : > Je
traite durement mon corps et je
le tiens assujetti. Profitons de
toutes les forces qui peuvent nous
aider à vaincre et qui nous sont
miséricordieusement accordées par
l’Auteur de toute grâce et de tout
don parfait. /'A suivre).
HISTOIRE m BIBLE
Un colporteur se promenant un
jour sur le quai de Nice, s’arrêta
devant un bateau chargé de charbon à vendre et provenant de Rio
Marina dans l’île d’Elbe. Tenant
selon son habitude une Bible à la
main, il observait le capitaine du
navire qui se trouvait sur le pont.
Le colporteur s’approcha et offrit
le volume sacré en disant :
— Voulez-vous la Parole de
Dieu ?
— Qu’est-ce que la Parole de
Dieu ? répartit le capitaine.
— C’est l’Evangile.
— Celui que le prêtre lit eu
disant la messe ?
— Le prêtre ne vous lit qu’uue
très petite portion de l’Evangile
et encore dans une langue que
vous ne comprenez probablement
pas. tandis qu’ici vous avez toutes
les Saintes Ecritures en langue
italienne.
Notre ami le capitaine Ciguoni
acheta le livre, le lut, le trouva
excellent et le porta avec lui dans
nie d’Elbe.
Ceci se passait avant 1859 et
le Grand Duc Léopold régnait
encore en Toscane. Ce monarqiîe
ne permettait pas d annoncer l’Evangile dans ses Etats, et moins
encore d'y faire circuler la parole
de Dieu. Cignoni ne pouvait donc
pas exposer au grand jour le trésor qu’il venait de découvrir, mais
4
144
LE TÉMOIN
il ne manqua pas de le faire connaître à quelques amis. Ils n'étaient que quatre tout d’abord, et
l’un d’eux, le brave Quattrini.
cachait soigneusement le Saint
Livre dans une armoire creusée
dans le mur et fermée avec des
briques. On craignait la police
qui avait l’odorat très fin et qui
aurait pu faire une perquisition,
séquestrer la Bible et emprisonner ceux qui la lisaient. Lorsque
nos quatre frères étaient réunis
pour lire, et méditer, on en levait
une brique , on introduisait une
main qui prenait le précieux volume, et lorsque la lecture était
achevée, on le plaçait de nouveau
dans sa cachette en bouchant soigneusement l’ouverture au moyen
de la brique. Même les femmes
de ces bons Elbois n’étaient pas
admises dans la modeste cuisine
où avait lieu la réunion. On craignait que, malgré leur affection
pour leurs maris, elles n’allassent
dévoiler le secret à l’astucieux
confesseur.
Mais, se voyant exclues, ces
femmes devinrent soupçonneuses
et allèrent écouter à la porte.
Elles poussèrent même la curiosité jusqu’à regarder par le trou
de la serrure. Elles virent leurs
époux lisant dans un gros livre
qu’on plaçait ensuite sur la table,
pour s’agenouiller et faire la prière.
— C’est donc de religion qu’il
s’agit, se disaient les femmes. Mais
comme elles croyaient que la religion seule vraie est la romaine
que leurs maris avaient suivie
très fidèlement jusqu’alors, elles
craignaient que ces derniers n’eussent adopté quelque fausse religion
trouvée dans n’importe quelle part
de la Méditerranée. Elles s’en affligeaient les pauvres femmes et
se réunissaient dans une autre
chambre dans le but de prier pour
leurs maris et pour demander à
Dieu, à la Vierge Marie et à tous
les Saints de ne pas permettre
que les cœurs de leurs époux se
laissassent pervertir par quelque
fausse doctrine.
Les époux aussi priaient pour
leurs femmes et suppliaient le
Seigneur de les éclairer, de préparer leur cœur à recevoir l’Evangile de paix, de les délivrer
des superstitions de Rome et de
l’esclavage du péché.
Le Seigneur entendit les prières des maris et des femmes qui
devinrent ^les unes et les autres
des disciples de Christ et d’entre
les plus ^èles membres de l’Eglise qui s’établit plus tard dans
l’île d’Elbe.
Léopold II fut détrôné, la liberté de conscience fut étendue
à la Toscane, dont l’île d’Elbe
fait partie et des réunions purent
avoir lieu publiquement. Un évangéliste fut envoyé dans l’île d’Elbe,
et après beaucoup de difficultés
on put construire un Temple à
Rio Marina, y ouvrir une première
école, remplacée bientôt par deux
autres bâties à neuf avec un logement pour l’évangéliste, puis
deux autres écoles encore construites dans le jardin du pasteur.
Une Eglise Vaudoise s’est constituée à Rio Marina où elle continue à marcher dans les voies du
Seigneur. Une autre s’est formée
aussi à Portoferraio, chef lieu de
l’île, et les deux possèdent une
école du dimanche bien organisée
et des écoles florissantes. Nos
frères Elbois qui sont essentiellement navigateurs ont répandu la
bonne nouvelle du salut à Barcelone, en Espagne et dans d’autres
parts de la Méditerranée.
Et tout cela est sorti d’une
Bible bénie par son divin auteur.
Il est bien vrai de dire que sa
Parole ne retourne pas à Lui sans
effet. E. Bonnet.
Corrcopon^ancc
D'un coin de la Botte, 28 Aotlt 1876.
Cher et honoré Monsieur,
Je bénis Dieu qui a certainement
inspiré le désir exprimé dernièrement
ici même surloiit par le signé «a pasteur. Ses paroles répondaient à votre
pensée, et je vous avoue à mon tour
3ue j’allais vous écrire parfaitement
ans le même sens. 11 est plus que
probable qu’il y a un besoin généralement senti à satisfaire. Si le Synode [
ajoute à la discussion des affaires ec- j
clésiasliques un ou deux jours destinés i
à l’édification mutuelle, il pourra de- |
venir une force réelle pour notre église j
et l’on verra accourir les évangélistes '
les plus éloignés , que les frais de
voyage rendent souvent perplexes , à ‘
juste raison. i
Voulez-vous me permettre d’ajouter ;
un seul mot sur les actes synodaux
de l’an 1532? Pas un d’entre vos lecteurs n’a manqué, je pense, d’en lire
soit la traduction soit le commentaire
que le Témoin vient de publier. J’aurais à (Objecter, pour ma part, aux
rapports, que l’on établit entre ces
actes et les ^origines plus ou, moins
immémoriales de notre église. 11 va
sans dire que si l’on admet que nos
pères étaient pleinement évangéliques
dés le douzième siècle, on ne s’entendra pas sur la valeur historique
des délibérations de Chanforans.
On cite une confession du XII siècle.
Mais est-elle bien de ce temps-|à ?
Il vaudrait la peine de l’examiner peutêtre. J’ai été frappé de la supposition
d’une grossière erreur de copiste au
sujet de l’observation du Dimanche.
Mais les passages scripturaires cités à|cet
endroit aident à croire qu’il n’y a pas
lieu à admettre d’erreur grossière ?
D’ailleurs, les principaux réformateurs,
ont tenu le même langage ; Calvin a
renchéri et ne ménage pas les consciences. Ne croyez-vous pas que le
temps viendra oïi on admettra que
nos pères sont sortis de Babylone avec
leur Bible et le droit de la lire, ni
plus ni moins. Ensuite ils y découvrirent progressivement les vérités révélées. Leurs actes synodaux de l’an
1532 sont en progrès sur leurs croyances antérieures et nous voici avancés
de quelques pas après trois siècles.
Le livre de Dieu, suffisant pour le
salut de tout homme et de chaque
génération, demeure inépuisable. Mais
sufficit. Au revoir. Votre affectionné
Quidam.
NÉCROLOGIE
Samedi dernier à Pramol, rendait
son âme à Dieu un jeune étudiant de
l’Ecole de Théologie de Florence, Henri
Long , aimé de tous ses camarades
et estimé de tous ceux qui l’avaient
connu, à cause de sa profonde et sincère piété.
Le seul et unique sermon qu’il ait
ru’êché avait édifié son auditoire par
’expérience chrétienne qui y transpirait de toute part. — Le texte même
semble avoir été une prophétie du
prompt appel à aller vers son Dieu
car c’étaient les paroles du Seigneur.
«11 y a plusieurs demeures dans la
maison de mon Père ; voici je vais
vous préparer la place». La sienne,
tous ses amis en ont la consolante
certitude au milieu de l’épreuve, était
prête depuis longtemps déjà à côté du
Maître qu’il se préparait à servir dans
le ministère de la Parole.
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