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01n.q.ixlème année.
IV. 35.
24 Juin 1870.
L'ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée anx intérêts matériels et spirituels
de la Famille V'audoise.
Que toutes les choses qui sont véritables.,
vos pensées — f Philippiens.,}'V. 8.)
occupent
PRIX d’abonnekent ;
Italie, k domicile ^un an/ Fr. 3
Suisse................» 5
France................» 6
Allemapne...............» 6
Angleterre , Pays-Bas * 8
î.'ti nnméi'O f^épitré : 5 cent
Un numéro arriéré : 10 cent.
BUREAUX D ABONNEMENT
Torric-Pem.icr . \'ia Maestra,
N . 42 (Agonzia bihJiografica)
PiGNURoT, ; J Chlantore Impr.
Tl’kin:.7.J. Trou, via Lagrange
prés le N. 22.
Fr-ORF.^rI•: : libreria Evange’
iica. via de’Paneani.
ANNONi’ES : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S’adresser pour radministralioij
au iîureau à Torre-Pellice ,
via Maestra N. 42. — pour la
rédaction : â Mr. A. Revel
Prof, à Torre-Pellice.
Honi maii*e.
Le déloguc de l’Eglise Vaudoise an Synode
de l’Eglise Libre du Canton de Vaud. — Le
Catéchisme ou les conséquences d’une idée
fausse. — Les Artigianelli Valdesi. — Comment les institutions se cristallisent, faute
de... — Chronique 'ocale. — Souscription pour
le Rosario. — Anyionce.
LE DÉLÉGIÊ DE L’ÉGLISE FAlDOiSE
au Synode de l'Eglise Libre
du Canton de Yand.
Nous empruntons les quelques
détails qui vont suivre à une lettre
de M. le pasteur Georges Appia,
adressée à MM. les Membres de
la V. Table Vaudoise ;
Conformément à votre désir, j’ai pu,
retardant d’un jour mon départ pour Paris, vous représenter au Synode de Montreux ; et j’ai été content de pouvoir, de
la sorte, répondre à l’attente de nos excellents frères du Canton de Vaud, qui
s’étonnaient de n’avoir encore aucune
assurance de l’arrivée de voire délégué.
Mon temps étant fort limité, j’ai prié d’emblée le Président M. De Rameru de placer
la réception des députés étrangers aussitôt
qu’il lui serait possible ; il a fort-aimablement accédé à ma demande, et nous avons
été entendus dans l’après midi du 31 Mai :
— M. Briquet de Genève, représentant l’E
glise Evangélique de cette ville, — moimême, votre délégué, — M. E. de Pressensé représentant l’Union des Eglises
Evangéliques de France, — et M. Frank
Coulin, que le Synode avait prié de venir,
comme représentant, ainsi qu’il le disait
lui-même, une aspiration de l’Eglise nationale de Genève.
La brièveté du temps n’aj'ant
pas permis à M. Appia de suivre
jusqu'au bout les débats du Synode,
nous reviendrons plus tard sur la
solution de la question capitale qui
a été' agitée , à savoiç si l’Eglise
Libre continuera à faire passer ses
libéralités en faveur des Missions,
et à placer les hommes qu’elle a
préparés pour cette œuvre, entre
les mains et sous la direction de la
Société de Paris, ou bien si elle va
commencer une œuvre à elle.
Un jeune pasteur, M. Favre, a prononcé
le discours d’ouverture sur la parole de
S‘ Jean : qid est-ce qui remporte la victoire
sur le monde, si ce n’est celui qui croit
que J. C. est le Fils de Dieu ?
La marche générale de l’Assemblée me
rappelait le Synode de l’Eglise Vaudoise.
Le Rapport de la Commission Synodale
payait un juste tribut de reconnaissance
et de regret aux excellents frères qui, de
’Eglise militante, avaient été grossir les
2
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rangs de celle qui se repose dans les
cieux. La grande et douloureuse perte qui
occupait la pensée et le cœur de tous les
assistants, était celle de Samuel Chappuis,
le 47“ pasteur qui a succombé depuis 1845,
année de la fondation de l’Eglise libre.
Les visites pastorales avaient donné d’excellents résultats pendant l’année ; on recommandait cependant que les anciens
chargés de la visite des églises pussent
donner à cette tâche un temps plus prolongé.
Au rapport de la Commission Synodale,
qui correspond à la Table, faisait suite le
contre-rapport du Professeur Viguet, signalant avec bienviellance et avec clarté
(juelques lacunes et quelques désidérata
dans la gestion de la Commission.
Le rapport de la Commission des Finances a prouvé que l’Eglise Libre sait marcher toujours plus vigoureusement dans
la voie de la libéralité et qu’elle continue
à se suffire à elle-même, tout en étendant
sa sphère d’action, comme le démontrait
le rapport de la Commission d’Evangélisation.
Celle-ci correspond, dans une sphère
restreinte, à la Société centrale de France ;
elle réunit les groupes des disséminés
pour en former des églises nouvelles. La
relation des évangélistes et des pasteurs
a donné lieu à une discussion dont je
n’ai pu entendre qu’une partie. Deux rapports ont été présentés sur la question
de la retraite des pasteurs ; laîmajorité a
proposé que le pasteur, âgé de 65 ans,
soit considéré comme entrant dans la retraite, à moins que son église ne réclame
expressément ses services.
M. Appia n’a pu , durant les 24
à 30 heures passées à Montreux,
entendre que des fragments de discussions ; mais il a été heureux de
ce que la séance pour laquelle il
s’était rendu au Synode , ait correspondu à son but et à l’attente
des frères.
Mon mandat était simple. J’ai pu d’abord
remercier cordialement nos frères pour
l’inappréciable coopération qu’ils nous ont
conservée pour nos oeuvres de bienfai
sance; il m’a paru ensuite opportun de
remarquer que l’Eglise Vaudoise est une
église libre, mais dans un sens différent ^
de ce qu’emporte ordinairement ce mot
pris dans son acception moderne. Les subsides que l’Eglise Vaudoise reçoit de l’Etat
ne constituent en rien une subvention à
titre de culte autorisé et contrôlé, ainsi
que l’a établi la récente discussion parlementaire. Mais d’autre part, nous ne sommes pas calqués sur les églises formées
par l’association des individus — et l’Eglise
libre du Canton de Vaud tend fortement
au baptisme à ce que l’on m’a dit ; —
aussi ai-je ajouté à l’épithète de libre celui de nationale, l’Eglise Vaudoise se recrutant par un cathécuménat dont l’âge
va heureusement s’élevant et dont les
conditions et les épreuves sont sérieuses,
mais auquel elle ne saurait renoncer sans
une grande perte pour l’instruction religieuse de la jeunesse. Une revue des stations de l’évangélisation, une statistique
sommaire de nos établissements d’instruction , puis quelques observations sur
l’opportunité de former des ouvriers en
Italie afin que leur sphère d’activité soit
le plus possible clairement délimitée et
leur action soutenue par un caractère
nafional et par l’amour de la patrie, —
enfin quelques vœux fraternels, tels sont
les points principaux que j’ai fait rentrer
dans le cadre de mon allocution.
M. le président De Rameru a répondu
avec une affection cordiale et chrétienne,
se réjouissant de ce que le soleil de la
liberté a lui sur l'Eglise Vaudoise, et formant des vœux pour qu’elle soit une lumière toujours plus brillante dans le pays
où Dieu l’a spécialement appelée à travailler....
La manière dont M. le pasteur
Appia a défini le caractère de l’Eglise Vaudoise nous pamît un peu
défectueuse. Il a parfaitement raison d’en appeler à la récente discussion parlementaire pour établir
qu’au regard de l’Etat, l’Eglise
Vaudoise est libre de tout entrave,
sans en ' excepter la chaîne d’or ;
3
-195
mais au regard de la situation intérieure, son appréciation aurait pu
avoir plus de clarté et d'exactitude.
L’Eglise Vaudoise a inscrit dans sa
Constitution et dans ses Règlements
le principe de l’adhésion libre et individuelle ; — elle se considère
elle-même comme une société de
professants ; plus d’une fois , par
l’organe de ses représentants , elle
s’est catégoriquement prononcée
contre le recrutement en masse ;
et dernièrement encore , l’on a pu ,
à l’ouverture du Synode, entendre
le prédicateur tracer nettement une
ligne de démarcation entre l’Eglise
et la multitude, et fixer le véritable
mode de recrutement de la société
religieuse. Il ne s’agit pas pour
elle de renoncer au catéchumenat,
c’est-à-dire à l’instruction qu’elle
départit à la jeunesse ; personne
ne lui donnerait ce conseil. Ce dont
il s’agit c’est que partout, dans la
pratique , l’on cesse de considérer
l’instruction des catéchumènes comme étant la porte de l’Eglise ; c’est
que ce qui est une réalité dans le
champ de la mission , le devienne
aussi , et toujours mieux , au sein
des Vallées. Dès lors, ce n’est
pas exprimer une idée très-claire
que de représenter notre Eglise
comme étant à la fois libre et wationale ; une telle association de
mots [ne peut produire que de la
confusion.
DU GATËCinSIHË
on les conséquences d’nne idée fansse.
Le passage Matt, xxviii, 19, 20,
«Faites de toutes les nations des
disciples , les baptisant au nom du
Père, du Fils et du Saint Esprit,
leur enseignant à observer toutes
les choses que je vous ai commandées , » ce passage nous apprend entr’autres, que le baptême
est le signe d’introduction comme
membre de l’Eglise , et que cette
j introduction y a lieu en qualité
de disciple , c’est-à-dire pour re; cevoir une instruction qui doit
s’en suivre. Car le mot employé
1 dans le texte, et la fin de la phrase
I ne permettent pas d’entendre ici
! par disciple la simple idée de s'atI tacher aux sentiments d'un maître,
sans y joindre celle d’instruction
à acquérir. En d’autres termes,
tout chrétien est un apprenti; et
l’objet de son apprentissage nous
est également indiqué. Il consiste
non seulement à connaître , mais
à observer tout ce que le Seigneur
a commandé. Cette simple indication suffit, je pense , sans autre
démonstration , pour montrer que
l’apprentissage du chrétien est une
affaire de toute la vie. En effet,
il y a toujours de nouveaux progrès a faire en connaissance spirituelle et en sanctification. (Voir
Ephés. IV, 13; Phil. m. 12. 16).
D’autre part le baptême exige
une instruction préliminaire. Car,
il suppose la vraie foi, celle ensuite de laquelle une conscience
droite se reconnaît et se déclare
purifiée de ses péchés (voir L’Echo
de 1869 N‘”‘ 45, 46 et -52). Cette
instruction qui conduit au baptême
est-celle que l’Apôtre Pierre adressa aux Juifs à la première
Pentecôte chrétienne ( Act 2 ),
et plus tard à l’assemblée réunie
chez Corneille ( Act. 10 ); c'est
celle que le diacre Philippe adressa
à l’eunuque de Candace (Act, 8);
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c’est encore la même que nous
trouvons largement développée
dans l’épître de l’apôtre Paul aux
Romains, et que nous voyons recommandée dans Rom. x, 14, 15;
bref, c’est la doctrine de la justification par la foi.
Or, chez nous, comme chez
tous les protestants pédobaptistes,
l’introduction dans l’Eglise , ou ,
comme nous l’appelons , l’admission à la Sainte Cène, a lieu par
la confirmation publique que fait
de son baptême l’enfant arrivé à
l’âge de raison ; et, cette confirmation consiste dans une profession solennelle de sa foi, de son
renoncement au péché , et de son
attachement au Sauveur. Malheureusement l’évènement n’a que
trop longtemps prouvé que cette
cérémonie, quoique elle fût placée
à la suite d’un sermon toujours
éloquent et pathétique, se réduisait à la récitation d’une belle
formule. Plus l’enfant y promettait
d’être sage , et plus il paraissait
y voir un brevet complet d’émancipation pour vivre selon son gré.
A quoi tenait un résultat si chétif,
pour ne pas dire si déplorable ?
11 vaut la peine de s’en enquérir,
afin que l’époque de transition où
nous sommes soit, à cet égard
comme à tant d’autres, l’aurore
d’un avenir meilleur.
11 avait paru commode d’établir
le catéchuménat aux dernières années de fréquentation des écoles
primaires, et bientôt l’usage prévalut, même pour les enfants
placés dans des conditions différentes , d’appeler à l’instruction
religieuse les garçons de 14 à 16
ans, et les fi^lles de 13 à 15.
Presque rien avant, presque rien
après ; quoi d’étonnant que les inclinations naturelles pussent en
tout temps se donner libre carrière ! Maintenant, grâce aux écoles du dimanche, qui doivent
compter au nombre des plus grands
bienfaits de notre époque, on commence à sortir de cette triste
routine.
f Sera continué J.
LES ARTIGIANELLI \ALDESI.
Nous avons reçu le dixième rapport sur l’institution dite des Artigianelli Valdesi (du Ir janvier
au 31 décembre 1869).
Si nous partons de la situation
financière, « nous n’avons,» dit
le rapport, » que des actions de
grâces à rendre à Dieu , tout d’abord , et à nos amis ensuite pour
l’état relativement prospère dans
lequel elle se trouvait à la fin de
cet exercice. Grâces en particulier
au généreux concours de bon nombre des membres de la Paroisse
de Turin , du V. Comité Wallon
d’Amsterdam , de Mr et M“® Molyneux. Williams , de M”® veuve
Brewin de Fiverton, et de nos
amis et compatriotes de Genève,
nous avons pu clore nos comptes
avec un encaisse de fr. 338, 908
millièmes pour les dépenses ordinaires , et de fr. 224, 450 m. pour
les extraordinaires.
Les dons se sont élevés à près
de 4 mille francs ( soit fr. 3994,
64 c. ). Dans le nombre, il en est
un de fr. 136 dont l’envoi doit
être reproduit à cause du sentiment qui s’y exprime :
« En comparant mon inventaire
» de hier {31 décembre 1869 )
5
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» avec celui du 21 décembre 1868,
» il m’est résulté un bénéfice de
» fr. 1360, dont je vous envoie
» la dîme en fr. 136 , que vous
» voudrez bien consacrer à l’ex» cellente institution des Artigia» nelli ». Bel exemple de générosité , c’est-à-dire de libéralité
sans ostentation.
Le total général des
recettes a été de . . fr.8431, 451 millièm.
Des dépenses » . » 78'î8, 093 »
En Caisse l'janv, 1870 fr. 563, 358 >'
Les dépenses extraordinaires
ont été de fr. 1714,05, parceque
le bâtiment a du subir plusieurs réparations indispensables, entr’autrès un socle en pierre de taille
et un marchepied tout autour,
et, dans les souterrains, une
chambre de propreté, dont les
effets sur la santé des élèves ne
tarderont pas à se faire avantageusement sentir.
Quinze éléves ont quitté l’établissement dans le courant de l’année , un , le jeune Louis Bert,
qui avait toujours donné le plus
de satisfaction , est entré dans son
repos , au moment où il se préparait à devenir l’appui et le
soutien de sa famille ; trois ont
régulièrement terminé leur apprentissage; le plus grand nombre
a dû être renvoyé ; — il en reste
seize, à la générosité desquels
le Comité directeur est heureux
de pouvoir rendre un bon témoignage.
La conduite d’un certain nombre
d’élèves a été, sans doute, un
grave sujet de tristesse pour le
Comité. Mais s’il en est résulté
des mesures exceptionnelles, de
rigueur, U en est résulté aussi
du bien. L’expérience a prouvé
qu'il n’est pas de fruit à attendre
de l’admission aux Artigianelli
d’enfants indisciplinés dont personne ne pouvait faire façon, d’enfants foncièrem.nt et radicalement
vicieux ; il faudrait pour de tels
élèves la clôture, et la maison ,
constituée comme elle l'est, ne réalisé pas cette condition et ne pourra
pas davantage la réaliser dans la
suite. Que faire ? Ramener VInstitution à ses origines ; telle est la
ligne de conduite pour laquelle
s’est décidé le Comité , dans la
persuasion que de bons résultats
ne se feraient pas longtemps attendre.
Le but essentiel qui, aux termes
du Règlement constitutif, ne devra
jamais être perdu de vue, n’est
pas en effet d’offrir un asile à de
pauvres enfants abandonnés et en
danger de se perdre, faute de
surveillance ; celui-ci n’est que secondaire, et le Comité se reproche,
avec raison , de lui avoir donné
une importance prépondérante. Le
but essentiel assigné à l’Institution
des Artigianelli Valdesi est Vintroduction et le développement des
différentes industries privées , au
sein de la population des Vallées
Vaudoises. Que le Comité s’en
tienne là, comme il en a la ferme
intention ; et son œuvre bien délimitée , en aura plus de stabilité.
Nous avons remarqué, parmi
les donateurs, plus d’un membre
de la Société d’utilité publique la
Valdese. Pourquoi n’useraient-ils
pas de leur influence pour représenter que les Artigianelli sont
au premier chef, et le seront toujours mieux, une œuvre d'utilité
6
-198L
puhlique à laquelle il faut donner
des encouragements, soit directs,
soit indirects? Un correspondant
du Bulletin de la Valiese , M. B.
Goss-Peyrot, disait excellemment;
« En géne'ral, il serait à désirer
que nos jeunes gens évitassent
autant que possible de choisir une
carrière qui touche à la domesticité et qui ne leur offre pas de
ressources morales et matérielles».
Et sur ce , il proposait de fonder
aux Vallées un établissement où
nos jeunes gens pussent apprendre
un métier.
Eh bien , cet étabissement n’est
plus à fonder; il existe depuis
plusieurs années ; il ne s’agit que
d’y pousser des enfants manifestant un goût prononcé pour une
professsion industrielle, des enfants intelligents, robustes, n’ayant
jamais , du côté de la moralité ,
donné lieu à de graves plaintes
( on ne demande que cela ), et
l’on se fera un plaisir de les recevoir ; ils seront les objets de la
plus vive sollicitude , surtout en
vue de développer en eux l’amour
du bien , c’est à dire l’amour de
Celui qui en est la source; beaucoup mieux qu’aux Vallées ils pourront , dans la ville de Turin, se
rendre habiles dans l’exercice de
leur profession... Que manque-t
il aux Artigianelli pour mériter
les bonnes grâces de la Valdese
qui s’intitule « Société d’utilité
publique? » Passera-t-elle sa vie
à entasser projets sur projets? Et
se refusera-t-elle à tirer parti de
ce qui existe, parcequ'elle a l’ambition de tout créer à neuf? Elle
fait parler d’elle depuis tantôt
un, an ; mais personne ne la voit
agir , et comme la meule de moulin qui n’a rien à broyer , elle
s’use elle-même.
Il serait facile néanmoins de
commencer par un bout, et ce
bout nous paraît être le développement des Artigianelli, aux conditions portées par le Règlement.
Pour être mqdeste, la tâche n’en
serait pas moins utile.
Comment les institutions
se cristallisent faute de....
Le Comice Agraire de Pignerol
est, comme tous ses congénères ,
une institution excellente ; mais à
l’instar de toutes les institutions
où l’impulsion motrice cesse de se
faire sentir , on le voit avec regret
perdre son caractère pratique et
dégénérer en académie. Les séances fuori sede du Comité directeur
n’ apportent elles-mêmes aucune
utilité, si ce n’est qu’elles lui procurent de bons dîners et la dégustation plus ou moins prolongée de
vins plus ou moins nationaux. Mais
quant à agiter sérieusement et avec
profit les questions vitales dont
dépend l’avenir de l’agriculture,
point de nouvelles î
Afin de prévenir une accusation
qui ne manquerait pas de nous être
faite, à savoir que nous sommes
bien présomptueux de nous en prendre à un Comice où brillent les
plus grandes lumières de l’arrondissement agricole, — hâtons-nous
de dire que nous ne parlons pas de
notre chef; nous ne faisons que
reproduire ici les observations insérées à la place d’honneur dans
le 24® Bulletin du Comice lui-même.
Revenons à notre point de départ.
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-199
Le Comice Agraire de Pignerol
est en bonne voie de se cristalliser,
grâce à des habitudes burocratiques et à l’absence de l’esprit pratique. — Cependant, comment ne
pourrait-il pas gagner en activité,
s’il entendait mieux son but et le
principe de la division du travail !
Que faut-il donc pour que le Comice revête une utilité véritable ?
L’auteur des observations critiques, par nous réproduites, indique
à cet endroit plusieurs champs de
féconde activité.
Tout d’abord , dit-il, il importe
de connaître les conditions météorologiques de nos montagnes , —
direction des vents , des météores
acqueux, des orages, — et en général tous les accidents atmosphériques de nature à exercer une influence ;
Il faut ensuite aviser à prévenir
les éboulements , par le moyen du
reboisement des montagnes ;
Il faut en troisième lieu étudier
le cours de certaines rivières , de
certains torrents et de certains
ruisseaux , soit pour le rectifier ,
s’il est nécessaire, soit pour l’utiliser en vue de l’irrigation ;
11 faut visiter les pâturages et
refréner, par de sages mesures,
l’avidité des Communes qui ne songent pas au lendemain ;
Il faut introduire les races les
mieux adaptées à notre pays , tant
de bêtes à laine , que de bêtes à
cornes ;
11 faut encourager, sur plusieurs
points, l’industrie de l’apiculture ;
11 faut étudier avec soin les conditions propres à assurer le succès
de la sériculture ;
Il faut apprendre à connaître les
usages agricoles locaux , les maladies auxquelles sont sujets les arbres , les insectes nuisibles etc.
11 faut enfin tourner son attention
vers l’hygiène, l’état de l’instruction, les mœurs, etc. dans un esprit
moralisateur et progressiste.
Bref, il faut agir et exercer une
activité bienfaisante , en alliant la
science à l’esprit pratique, et l’esprit pratique à la bonne volonté.
Sinon, le Comice Agraire sera bientôt entièrement cristallisé.
(fntront(|ue locale.
Vlllar-r'ellloe. — La roule communale. Il n’y a pas longtemps, un Anglais,
un touriste, adressait à la Gazzetta di Pinerolo une lettre très-vive et très-spirituelle , revenant à peu près à ceci :
J’ai vu, de mes yeux, ce qui s’appelle
vu. Voire j’ai tâté, à mon détriment, sur
la route communale du Villar, quelque
chose de prodigieux, de phénoménal....
Dieu vous en préserve ! Ce ne serait point
ici le cas de dire : il n’y a rien de nouveau sous le soleil ! Figurez-vous un empierrement n’ayant rien de commun avec
le macadam, un empierrement dont on
ignore la profondeur et dont la largeur
semble déborder la route elle-même, car
il se confond avec la muraille : c’est un
torrent de pierres de toutes dimensions
et de toutes formes; il y en a de petites,
de grosses et de très-grosses; il y en a
d’anguleuses, il y en a de rondes; il n’y
en a point cependant d’impondérables, et
si quelqu’un ne voulait recueillir qtie les
échantillons dépassant le poids d’un kilo,
il se formerait bien vite une riche collection. A passer par là , c’est un quasi-martyre ; aussi notre touriste, tout enchanté
qu’il est de la beauté de nos paysages,
ne peut s’empêcher de protester avec
énergie contre le Syndic, la Junte et le
Conseil du Villar, et de les rendre responsables des souffrances du cavalier et
du piéton. Et en terminant, il leur fait
honte de ce que de pareilles observations
critiques doivent leur être adressés par
un étranger.
8
-200
Mais tout cela, on le comprend, n’a pas
été du goût des pères conscrits du Villar.
Et à quelques jours de date, on lisait dans
la même Gazzelia un billet signé Un Adminislralcur, où éclate, à chaque ligne,
une colère qu’un dédain affecté réussit
mal à dissimuler. Qu’on en juge :
«Cet article ne mérite aucune réponse,
à cause de la façon grossière et. discourtoise dont il attaque, le Conseil de VillarPellice. Que Monsieur l’Anglais sache que
les membres de l’Adminis ration du Villar
n’ont nul besoin de conseils, ni de blâmes,
ni de louanges de la part d’étrangers mal
élevés ».
Le fait est que la route est impraticable
et que notre excellent docteur M. Voile,
le seul médecin du mandement, a failli
s’y rompre le cou. Le danger de passer
par là à cheval, à toute heure de la journée est donc réel ; les piétons peuvent
bien faire un détour, mais les cavaliers
et les rouliers le peuvent-ils?
Que dirait le père conscrit, si, au lieu
de recourir à la presse locale , Monsieur
l'Anglais écrivait un petit mot au Times?
Car, voyez-vous, brave administrateur,
ces Anglais ne se donnent jamais pour
battus ; ils sont très-forts sur le macadam
et peuvent facilement en remontrer làdessus à tous nos Conseils communaux,
sans en excepter celui du Villar. Prenez
donc bien garde à ce que vous dites, car
il se pourrait qu’on vous rende la monnaie de votre pièce ; et si vous n’amendez
pas votre route au plutôt, rien ne vous
sauvera de nouveaux articles et d’un ridicule bien mérité.
Torr'e-F'ellice. A propos du cimetière. — La situation excentrique des
cimetières (protestant et catholique ) rend
souvent extrêmement pénible le transfert
des corps, alors surtout qu’il neige à gros
flocons ou que les chemins sont couverts
de glace, ou que, dans la saison chaude,
il tombe une pluie torrentielle, et que les
routes (oh les routes! ô mansè\ génies
incompris !) ressemblent à des fondrières.
M' le chev. A. Bertnous écrit à ce propos
qu’il serait expédient de remédier à la
position excentrique des cimetières, en
feisant l’achat d’un corbillard; et comme
il doute grandement de la libéralité des
administrations, — bien qu’il soit luimême administrateur, — il souscrit d’avance pour une somme de fr. quinze, à
l’effet que dessus.
Occupé de souscriptions d’un intérêt
général, l’Æcfeo ne peut ouvrir ses colonnes
h celle que propose M' A. Sert; mais il
invite les personnes bien disposées à remettre leurs dons à M' Bert lui-même.
Su.se. Un contraste instructif. Le 17
juin, vers 6 1|2 h. a. m., éclatait un incendie qui aurait pu prendre des proporions fort inquiétantes pour les maisons
du Corso longeant la Boire, n’eût été le
zèle des pompiers, des troupes de ligne,
des carabiniers royaux et d’un nombre
considérable de citoyens.
Les ingénieurs MM. Gavillet et Kossuth
furent des premiers à se trouver sur le
théâtre de l’événement. Entre tous , M.
Castioni, ministre de l’Egli.se Evangélique,
se fit remarquer par son courage, son
intrépidité, et son habileté à diriger un
jet de pompe.
En face de la maison attaquée par le
feu, se trouve un séminaire; et tandis
que M' Castioni, couvert de poussière et
ruisselant de sueuf, faisait son devoir de
citoyen, l’on vit avec une certaine surprise et non' sans une indignation çecrète,
les fenêtres et les balcons du séminaire
se garnir de têtes tonsurées, où ne se
lisait que le désir d’assister à un spectacle
curieux.
Le contraste était saisissant; nous espérons qu’il aura été instructif.
Les détails qui précèdent sont empruntés
aux correspondances de la Gazzetta del
Popolo et de la Gazzetta di Torino.
Souscription pour le Rosario
(temple, école centrale, presbytère)
Report du li. H . fr. 23
M. le capitaine Rostagnol » 3
M. FélixMuston, négoc. (Turin). » 10
Total fr. 36
ANNONCES
À VENDRE
En entier ou par pièces , une propriété d’environ 20 journaux , sur
la colline de St Germain.
Pour les conditions, s'adresser à MLouis Rostan à S‘ Germain.
A. Rëvel Gérant.
Piguerol, Impr. Chiantore.