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Cinquième Année.
4 Avril 1879
N, 44
T
V ECHO DES VALLEES VAUDOISE$
' Paraissant chaque Vendredi
Vûu$ m« serejr lémovis. Actes 1, 0. Su.vmt la vérité^ei^ec la charité. Et*. 1, 15.
prix: D'ABBONNËMENT par an Italie . . L, 3 Tous lef« psys He l'Union de poste . , . >6 Amérique » 9 On a’Mbonne : Pour VInlérievr chez MM. les pasteurs et les libraires de Torre PelJice. Pour TÆ’fliiér'itfît»'au Bureau d’Ad- niiDistiHtion. Un ôu plusieurs numéros sépa- rés» demandés avant le ti- rag:e 10 cent : chaciinv Annonces; 25 centime» par ligne. Le» envois çL'argent ae font par lettre ree(nvmandée ou par mandats sur le Bureau de Pe- rosci Argentina.
Polir !« RÉDACTION adresser ainsi; A la Directi'r» du l'émoin , Pomaretto (Pinerolo) Italie. Pour rADMINISTRATION adresser ainsi : Al’Administration du Teniow, Pomarelto ( PineroloJ Italie.
Un Temple vauiiois à Home. — Pierre
Valdo et les pauvres de Lyuii. — Colonia
Valdense. — La pipe dans l’école. — La
danse. — Bibliographie. — Nouvelles religieuses et faits divers. — Hecue politique.
Un Temple Vaudois A Home
Nous lisons dans le dernier
numéro de la Famiglia Cristiana
la nouvelle que voici:
Nous pouvons enfin annoncer, comme
chose définilivemenl faiie et parfaite,
l’acquisition au centre même de Rome,
d’un terrain destiné h l’éreclion d’un
grand et beau temple vaudois. Ce terrain se trouve le long de la via Nazionale, au point où cette nouvelle et
grande artère de la capitale forme un
angle droit pour descendre au Corso,
ce qui constitue pour la nouvelle lîglise
une position des plus enviables, située
qu’elle sera à l’angle d’une des plus
belles rues de Rome, à trois-cent pas
au plus de la place de Venise et du
Corso et précisément en face de celui-ci.
— Le terrain acquis est assez vaste
pour pouvoir y construire une église
de onze mètres de façade et du double
de profondeur, pouvant contenir de
quaire à cinq cent personnes, ouire
des écoles et des appartemenls pour
les instituleurs. Ce terrain a été vendu
par M. Bandino de Florence , qui l’avait lui-même acquis du prince Golonna.
Nous croyons savoir que l’on a déjà
mis la main à l’œuvre pour la déniolilion de la maison qui y existe, et
pour l’excavation des fondements. Ceuxci devront êlre creusés à la profondeur
de 14 ou 15 mètres poqr atteindre,
au travers de l’amas de. ruines et de
débris qui recouvre le sol de Rome ,
la solide roche primitive. Les Iravaux
seront poussés avec toute la promptitude possible, et l’on nourrit l’espérance que la dédicace solennelle de
l’église puisse avoir lieu en mars 1880.
Nos esprits et nos cœurs habitués, depuis plus de trente ans
à voir s’accomplir tant de choses
surprenantes et qu’on n’eût jamais
attendues, seutiront-ils, comme
ils le devraient, ce qu’a de particulièrement extraordinaire et providentiel , l’événement que nous
annonçons? Un temple vaudois...
à Rome! dans la ville même des
Papes! à quelques pas du Vatican !
Mais qui, si ce n’est en songe
(et encore!) eût-jamais osé se
figurer quelque chose de pareil ?
et quel sujet, pour, des coeurs
chrétiens, d’étonnement, d’adora-
2
tion et d’actions de grâces ! Frères
vaudois ! d’entjçe toutes les greuves
que Died' eûtÎ pu*^ nd%s Miin»r,
que sa- bontd iîe s’est pas .reiife'e
de dessus notre Eglise, et que
la fidélité dout-il a usé envers les
pères se clé])loyera encore envers
>Les enfants, celle-ci n’est-elle pas
une des plus convaincantes?
Mais aussi, quelle responsabilité ne fait-elle pas peser sur nous;
et quel redoublement d’activité,
de zèle, de fidélité elle nous impose ¡Qu’il n’y ait au milieu de
nous, parmi les membres de notre
Eglise, personne qui ne le sente;
personne qui essaie, meme par le
désir, de se soustraire à la tâche
qui nijus est si clairement dévolue;
personne qui, dans-la mesure de
ses forces, ne s’y applique avec
joie comme à la plus bénie et
glorieuse à la quelle il pût être
appelé à travailler! Que la bonne
noüvejle que nous venons de transcrire soitjpour l’Eglise Vaudoise
coianae une puissante secousse électrique qui l’arrache à sa somnolence pour la faire marcher d’un
pas plus résolu que jamais dans
la voie que le Seigneur lui a
ouverte ! Et après nos actions de
grâces au Seigneur, qu’il nous
soit permis d’adresser nos félicitations les plus sincères, pour cet
heureux événement, tout d’abord
à notre cher et vénéré frère le
docteur R. Stewart de Livourne
qui, — par le rôle éminent qu’il
a joué dans cette transaction des
plus délicates, a ajouté une
nouvelle dette à celle déjà si
grande de FEglise Vaudoise envers lui ; à nos administrations
ensuite: Table et Commission. d’Evaiîgélisation, qui ’i'bnt si effiea
cement secondé dans cette œuvre,
ei qui ne pourront^ue s'élimer
.privilégiées d'avoiyqeur nom rattâché à- un événement, d’une si
capitale importance.
mm YüiDo
et les paimes de Lyua
V,
L'école.
L’homme de bien'croît en doctrine,
dit l’Ecriliire ; io juste s’avance comme
la palme, il croît comme le cèdre au
Liban: c’est ridsloire de toute plante
que le Père a plantée, c’est aussi l’iiistoire de Vaido et de ses amis. A la
profession de la pauvreté spirituelle
ils vont joindre l’œuvre excellente de
la prédication. ■ Après s’être longtemps
contentés de cotte pauvreté volontaire,
nous dit l’allemand Polichdorf (en
13M ou 1444), Vaido et . ses disciples considérant qu’au milieu de leur
dénuement les apôtres du Seigneur
m’avaient pas laissé que d’annoncer
l’Evangile, il commencerenl à prêcher
eux-aussi, la Parole de Dieu •, « C’était
là, disaient-ils, un -ordre de Jésus
Christ à ses disciples ».
« Cette coupable présomption devint
la caiiseide' leurs erreurs », s’écrie un
prélat. Nous pensons au contra ire, que
ce nouveau progrès dans l’obéissiance
les sauva.
Une simple communauté animée du
désir de renouveler dans le monde
l’exemple d’une vie plus conforme aux
Ecritùrés, en s’attachant <à suivre, les
traces de Jésus Christ et de ses apôtres
■était digne de fespeCt assurément ;
mais à la longue, elle aurait diiBciieraenl échappé au danger de s’endot’mir dans le sentiment trop natiireUde
sa propre justice. La prédication de
l’Evangile, en mettant nos pauvres^de
Lyonien'conlael journalier et en quelque sorte obligé avec la source de la
lumière de<Ja vie achèvera ce qu’avait
si bien commencé la traduction des
3
407
livres Saints, Déjà Valdo lui-même
n’avait rien néiïlitJ'c pour faire ■ parliciper à ses leetw-res du lexie bihlirpie
soit la foule des pauvres' qu’il avait
.secourus de ses biens, soit les personnes avec lesquelles il élail en relation
d'affaires ou d’amilié. Il avait même .
fait plus que cela: profilant des pas.sages des Ecritures qu’il avait pris la
peine de graver dans sa mémoire, il
n’avait pas craint do parcourir les
quartiers de la ville de Eyon, * prêchant (iansiles rues et sur les places
publiques à une tnnllilude d’bommcs et
de femmes, qu’il exhortait à s’attacher,
nomme lui, à l’Evangile ». Et il n’élait
pas seul, car « de cliacnn de ses disciples Valdo faisait un nouveau prédiealeur de sa docirine ». Ce qui vent
dii'e tout au moins qu’à mesure qu’il
vo.yail un homme gagné à l’Evangile,
il l’engageait à devenir une lumière à
.son tour, ne (ûL-ii qu’un simple artisan. La prédicalion pour Valdo, avait
commencé en quelque sorte avec sa
conversion.
Seulement si ces premiers moyens
d’évangélisation fureni efficaces’,et bénis
ils ne ponvaicnl longtemps être les
seuls. La nécessilé de ne répandre
qu'une doctrine pitremenl biblique, le
besoin d’étendre au dehors le champ
de la mission, le désir de l’asseoir
sur des bases pins .solides, firent songer à la convenance d'avoir nn ministère permanent et rég(dier,el par con-séquenl des ouvriers plus particulièrement choisis et préparés.
D’anciens auteurs nous parlent , en
effet d’une sorte â'&ole ou d’/nsiiiui
où se form.iienl ce.s évangélistes connus sous le nom plus spécial de « Pmlre
Valdemen de Lyon ».
« Choisissant parmi les membres de
la Gomrnimanlé ceux qui montraient
une certaine disposition jiour l’étude,
ces Valimseii les soumeUaietit à une
longue instnictton, et cela aussi bien
dans le dessein de les éprouver qu’à
fin de les remli'e capables d’inslrnire
les autres à leur tour ». El comme
parmi les élèves, il y en avait naturellement qui n’étnienl pas en étal de suffire an.x frais ,de leur, entretien, on
leur vint en aide, non plus cette fois
avec l’argent de Valdo, duquel les
ressources étaient épuisées, ^mais au
moyen d’une portion des collectes qui
se faisaient à chaque réunion religieuse.
L’eTiseignemeot, donné' en langue
vulgaire, ne s’étendait pour lors guère
au de là du texte même des Saintes
Ecritures ou do ce qui pouvait en faciliter l’intelligence; non que les Vaudois eussent rien contre Tes éludes,
mais pareequo ainsi qu'ils le disaient
plus tard, ils n’auràiem, guère ou tes
moyens de se livrer, dans les académies, à l'étude des lettres, et que
d’ailleurs ils tenaient; avant lonl à ce
qni pouvait leur servir pins directement à dissiper l’erreur et à pi'opager
la vérité ». Go fut bien là aussi la
pensée de Valdo; avant inul la Parole
de Dien_, tout pour i’inlelligence'et la
prédicalion de cette Parolei
Eu conséquence le premier soin des
élèves fut do graver dans leur nieinoire
les portions les pins importantes, et
même des livres entiers des Ecritures
Saintes. « On leur fait apprendre par
cœur les pni'-oles des Evangiles et les
écrits des apiMres, ainsi que les maximes des docteurs anciens «. Si un
simple paysan pouvait, comme l’affirme Beinerus '( an 1250 ) , réciter
mot pour mol tout le livre de Job,
.si d’autres savaient par cœur des chapitres entiers du Nouveau Testament,
que ne durent point faire dans ce sens
les élèves que l’on prépai'ait d’une fa-,
çon toute: spécialé ¡ïdiliOt’dBüvrc de la
prédication, et dans un temps où la
simple récilation du texte bibliquç produi.sait tant d'effet sur les auditeurs?
Une chose qu’on ne nous dit pas,
niais qu’il serait difficile de ne pas
supposer, c’est le soin que devait
prendre chaque élève de se faire, dans
le courant de ses éludes, une copie
aussi complète qu’il Te pouvait, sinon
de la bible du moins du N. Testament.
Avant riiiiprirnerie, et peut-être même
depuis, ce fut longtemps une des-principales occupations des Barbes Vaiidois
que celle de Iransoriro pour eux et
;leiirs troupeaux les Livres saints, qu’fis
distribuaient en po.lils volumes porlaiifs Ici faciles à cacher. Comment les
PiUivres de Lyon au:i*aienl-ils ¡pu se
4
HÏ8^
passer d’avoii" avec eux au moins quetques porlions des ficrilures, el corn*
ment se les procurer s’ils ne les copiaient de leur pi'opre main?
Ce fut cerlainenienl encore pour son
école que Vaido iii traduiie du latin
en langue romane un choix de passages ou de maximes tiré des écrits de
quelques Docteurs. On commençait à
raccuser de prêcher une religion nouvelle: « ce sont des ignorants, disaiton de Vaido et des siens, ce sont des
téméraires, des orgueilleux, des hérétiques ». Ces accusations à force d’être
répétées pouvaient entraver l’æuvredéjà
difficile de la prédication, et il convenait de mettre les évangélisés eu état
de iéi'iner la houche aux contredisants.
Pour répondre h ce besoin, Vaido
avait recueilli des Pères de l’église ce.s
maximes qui, « distribuées convenablement et groupées sons des titres
divers , formèrent la collection de pensées que les vaudois nommaient les
sentences ». I/ouvrage terminé, ce fui
encore à Ktienne d’Anse et à Bernard
Ydros, les mêmes qui nous sont déjà
connus, que Pierie de Lyon donna
charge île le mettre h la porlée de
ses élèves, le premier faisant loujonrs
les fonctions de traducteur, el l’autre
celles de copiste, comme ils avaient
commencé el comme ils continuaient,
sans doute de faire pour les Ecritures.
mm\K umm
Monsieur le Directeur,
Le mois de décembre nous a apporté du nouveau dans tonte la force
du terme. Jamais depuis que la colonie existe et depuis que la ville du
Bosario a été fondée l’on n’avait rien
vil de pareil."Gel exorde ne ressemble
pas mal à la fable qui nous parle d’une
montagne qui enfante une souri. Voici
le fait :
La Société Biblique de New-York
qui a un agent à Montevideo a eu la
bonne idée d’envoyer ici un colporteur
biblique qui est en même temps évangéliste. Ce colporteur, un jeune liomme
originaire do Madrid, a présidé beau
coup de réunions dans la paroisse et
il a lini par aller en faire autant an
Bosario. Le curé étonné d’une pareille
audace a crié à la provocation el plus
d’nn vaudois a secoué la tête en signe
de désapprobation, car ici comme aux
Vallées plus d’un soutient que toutes
les religions sont bonnes el qu’il faut
lai.sser les gens tranquilles. Tons les
messieurs du Bosario ont assisté aux
réunions plutôt par curiosité que par
intérêt. Le curé a menacé, mais on l’a
laissé dire. Les dame.s lelles-raêtnes
n’en ont tenu compte, car on assure
qu'elles ont assisté à une réunion au
nombre d’environ quarante, derrière
lin rideau qui divisait la salie en deux.
Plusieurs personnes ont envoyé des
ciial.ses, el lors du troisième et dernier
eiiltf! le président du conseil communal
a fait lrans[)orter dans le local une
partie des bancs de la place publique.
Comme le curé défendait à ses ouailles d’aller écouler le prédicaleur hérétique, quelques messieurs catholiques
ont été le prier de discuter avec-' ce
dernier et de le convaincre publiquement d’erreur. Il a répondu qu’il ne
le pouvait sans en demander .la. permission à l’évêque de Montevideo.
Pour conjurer le démon;, l’on voulut
avoir une procession. Mais, o malheur!
il n’y avait pas d’hommes valides pour
porter la Vierge. Les femmes el des
enfants auxquels on avait adapté une
paire d’ailes dorées sont les seules personnes qui aient répondu à l’invitation
du curé. Cela se passait un jour de
dimanche. En passant devant la salle
où nous étions réunis, la procession
a ralenti le pas cl les chants ont augmenté d’intensité — G’élail vraiment
émouvant de voir deux cultes ainsi
en présence et de contempler en même
temps la simplicité de l’Evangile el les
pompes de carnaval de l’Eglise romaine.
Le soir du même jour, le curé ayant
annoncé une conférence hislorico-morale sur le proieslanlisme, nous y avons
assisté. J’étais debout près de la porte
de l’Eglise avec d’autres, mais le curé
nous ayant invités par deux fois à
prendre place sur des chaises disposées
prés de l'aulel central, nous avons traversé, le colporteur et moi, l’église et
5
«109^
nous avons été prendre place à côté
du vicaire, en l'ace de la chaire. Le
curé dans un discours dirifié contre
Lulliei' a ironvé moyen de lancer de
grossières injures contre tous les pi'Oteslanls tout, en aHirinanl qu’il les aimait et les respectait. Après quelques
appels pathétiques aux Vaudois, il a
terminé par un défi public nous invitant à nous défendre si nous en avions
le. courage. Aussitôt j’ai prié le vicaire
de l'aire connaître au cui é que je’ désirais lui parler. Cela m’a été accordé,
mais le curé m’a déclaré au pied de
la chaire que malgré son défi, il nous
laissait libi’es d’aller discuter avec qui
nous voulions, où nous voudrions et
quand cela nous plairait, pourvu qu’il
n’eut rien à y voir. Nous avons donc
pu déclarer sur la place aux personnes
qui nous ont demandé si le curé acecplail après nous avoir défié
n’iKxeptaü pas. Cependant pour en avoir
le cœur net, nous lui avons éciit pour
lui proposer une discussion publique
puisqu’il nous avait défiés. La lettre a
été rendue publique. Le curé a répondu
qu’il n’acceplaii jtas une discussion,
qu’il se ferait imprimer et qu’on pourrait alors lui répondre-. Il ne nous reste
qu’à attendre.
Cela a mis les esprits en mouvement.
Lors du troisième culte il s’est présenté un ralionatislc qui voulait abaltre
et le système romain et l'évangile. L’évangélisle s’est refusé à se placer sur
un autre terrain que la Bible. Son adversaire proiitant habilement de la circonstance voulut faire conster qu’on
refusait la discussion et qu’il n’y avait
pas de liberté de parole. Sans m’en
rendre bien compte, j’intervins et tout
en m’excusant de ne pouvoir parler
espagnol je fis observer qu’il n’étaii
pas liounête d'agir ainsi et Je m’otiris
à répondre aux critiques du libre penseur quand il le voudrait.
L’on fixa séance tenante le jour de
cette nouvelle conférence. J’clais loin
d’être tranquille, je doutais que le résultat lut favorable. Heureusement mon
!ibre-pen.seur n’élail pas très content
non plus de s’être avancé comme il
l’avait fait. Il commença par parler de
tout ce que l’on peut savoir et de cer
taines autres choses, fit durer le concile de Trente cen(-vingl ams, confondit
le sabéisme avec le fétichisme, noms
parla de l’Cglise moiiopbysie, raconla
une histoire de Jésus lellomenl coquaee
que je me demandai si cela élait sérieux' et après avoir trouvé moyen de
parler de la mélancolie qui s’empare
de celui qui au bord d'un ruisseau
contemple le ciel étoilé, il conclut que
d’après la Bible, Jésus-Glirist ne s’était
pas cru Bien et il cita pour le prouver
un passage ûas Hébreux où Notre Sauveur est appelé le Fils de Dieu. Je le
lais.sai parler sans rinterromprc, mais
quand mon tour arriva je fus interrompu à chaque instant. — Après
avoir redressé les erreurs historiques de
mon adversaire je voulais lui faire voir
que ses connaissances bibliques étaient
très limitées, mais j’avais à peine cilé
lin verset' ou deux que sans aulre il
se lève et conciiil. la discussion.
Je lei’minai de mon côté par la déclaration que les protestants croyaient
tout ce que la Bible nous enseigne invitant chacun à la lire él que puisque
mon adversaire avait tant fait l’éloge
de.s Etats-Unis il était bon que l’on sut
que 'Washington et Lincoln, étaient des
hommes de prière et que chaque jour
ils lisaient la Bible. Cela fut traduit
en espagnol et nous nous séparâmes.
Notons que le curé ne s’e.st pas fait
scrupule de féliciter cet incrédule de
ses attaques contre l’Evangile. Ici surtout nous avons devant les yeux ce fait
effrayant. Le clergé romain a fait naître
l’incrédulité par son trafic des choses
saintes et par une exploitation honteuse
des sentiments religieux innés dans le
cœur de l’homme.
L’évangile a été annoncé dans la ville
du Rosario et une foule de personnes
ont été averties. C’est l’important ; c'est
ce qui m’a vraiment réjoui quand môme
il semble que ces cultes n’aient produit
aucun résultat apparent.
Veuillez me pardonner, Monsieur le
Directeur, la longueur de celte lettre
et agi-éer les salut.alion.s alïectueuses
de votre dévoué
D. Arm.xnd-Ugon.
6
410..
i>t) pipe iIhiis l'ècnle
— Oui, iMessifinrs, la pipe dans l’école. lîl voici commenL' ^
il y; a quelques jours, iiion jjarpon
qui fréquenle l’école du qiiarlier, Loiiinail macliiniilemenl. antour de la labié
en atlendanl. le souper, ei répélail lout
seul ces mots;
— Papa,,,, fume.,., .sa.... pipe....
Papa... fume... sa... pipe.
— Ce n’esi pas v,rai,mon eiifanl,
lui répondis-je. .le suis ton papa, el
je ne fume ni pipe ni cigare. Pourquoi dis-Ui cela ‘?
— .le l’ai lu il l’école dans un livre
de lediire. Mais ce papa ce n’esl pas
loi ; c’esl un autre papa, de ceux qui
fument.
Le malin .suivant j’allai à l’école pour
avoir de.s, information.s et. l’on me répondit que le livre en queslion avait
él.é recommandé à l’école <li; méthode,
lit. cela d’un ton si naïf qu’on semblait vous dire qu’une recommandalioii
faite à l’école lie méthode, dans ce
siècle-ci, e&t irrévocable comme la loi
des Mèdes et des Perses.
,1e ne pus que déplorer que l’on
recommande à l’école de méthode \n\
livre dans lequel le.s enfants apprennent des choses semblables. Un élève
all.a fuc cherciier son livre pour me
le moiiirer, el je vis qu’il éiail inliliilé: Méthode Phonéiiqm dû kolure,
Kn parcourant ce livre, je lins passablement étonné de .lire à la page 4®:
il est très important de ne pos faire
connaître aux enfants les noms des consomm, elç... Kl .moi qui m’étais imaginé qu’on allnil â l’école exprès pour
appi'Qndre... même les noms des con■sonnes, que je me garderai bien de
laisser igiioier à mes enfants.
Mais je lus j/i’aimcn| peiné en lisant
vers la fin de la page 12 la malheureuse phrase que mon pauvre enfant
n’avail que trop bien apprise à son
âge où les ¡mpres.sions -soru quelque
fois ineffaçables. Papa fume sa pipe
el plus loin à la page 14, U père de
lienô a fumé el encore à la page 37,
Papa a àjaré sa. tabatière. Est-il possible, me suis-je dit, qu’un éducateur
qui devrait avoir étudié la pédagogie,
ose publier des choses semblables dans
un livre de lecture à offrir aux enfants
vaiidois? L’enfant qui croit lonl nainrellernent que son père est un borom.e
exemplaire, pensera sans peine qiie
c’est tine bonne chose; que de. j'u.mer,
piiisqiie papa fume], el que même tà
l’école on on lui parle du bon ,Dieu ,
on lui fait répéter aussi ; Papa fume
sa pipe. L’h.abitude couleuso, répugnanle, nuisible, inconvenante,!n’esielle pas déjà trop répandue sans que
l’école s’aide encore .a former une génération de fumeurs? On en voit déjà
trop de ces gamins le chapeau sur
l’oreille et le cigare à la bouche, se
donner les gi ands airs el vous regardei'
du haut en bas, e,l de ces jeunes gens
pâles', débiles, maladifs, qui sont des
vieillards à'trente an.s.
Le carna.val, a été animé, lil-on au
commencement de ia page 16. Qu’estce que cela doit faire aux enfants vaudois, (]ue le carnaval ail été animé ou
non? Us ne doivent pas s’enlbousiasmer plus pour le carnaval que pour
le carême. Ils ne sont pas des païen.«,
Dieumerci, et nous voudrions les lenii'
loin des folies du paganisme.
.le causais de ces choses avec mes
voisins, et une mère de famille, qui
malgré .son grand âge n’a pas encore
oublié ce qu’elle avait appris à l’école
de quartier dans sa bonne vieille carte,
me dil que c’élail bien dommage qu’on
eûl inlroduil dans les écoles des caries
nouvelles où est très peu question
du bon Dieu , de la religion .et de la
prière. D’autres m’ont dit que dan.s
telle école, où la méthode phonétique
avait été mise à l'e.ssai, on ¡'avait déjà
laissée, de côté.
El je ne m’en étonne pas, car pour
ce qui me concerne, je n'en veux pas
pour mes enfants.
Un père de famille.
Lu duiise
La danse est préjudiciable aux intérêts moraux et religieux de la société
et capable de ruiner la vertu de milliers
7
de jeunes gens. Elle est décidément
incompatible avec la vie religieuse.
Un dirélien qui a observé pendant des
années la conduite des danseurs aifirme que dans tous les cas, sans
aucune exception , il a vu toujours
que le bal compromet; la jiiélé, même
des meill.eiii’s enfants de Dieu qui s’y
laissent entraîner. Je n’ai jamais vu,
dit-il, de danseur ni de danseuse qui
fasse des progrès dans la vie religieuse,
ou même qui ne tombe parfois bien
bas dans la légèreté cl dans la dépravation.
J’ai rarement connu une maison où
il y eût en meme temps ivne salle de
bal et le culte de famille. L’un exclut
l’autre. Ün ne peut servir deux maîtres
à la fois. Ou Christ ou Déliai, ou la
lumière, ou les lénèbces. Ghoieissex.
(C/irisiiaii Hératd).
tbliogtitjïhxe
Il Papalismo padre del Socialismo. — Disposta di Giovanni HrBETTi, Pastore Evangelico Valdese,
■a\VEnciclica Papaie dèi 28 dicembre
1878. — Prezzo Cent, 15.
Le litre de cet opuscule et le nom
de son auteur nous dispensent d’en
recommander la leclurc. C’est, à ce
que nous pensons, l’un des meilleurs
traités de controverse qui soient sortis
de la plume féconde de M. Ribelti, et
son actualité lui vaudra sans doute
assez de lecteurs pour qu’une seconde
edition, revue et augmentée, devienne
bientôt' nécessaire.
Paulisiens, Bulgares et BonsHomnies en Orient et en Occident, éludes sur quelques sectes
du Moyen-âge, pai' AI. Alexandre
Lombard, avec une reproduction photographique de 2 pages de la ISobla
Leyçon, un volume en 12: 4 francs.
Genève et Paris, George Fischbacher
1879.
C’est l’hisloire poursuivie à travers
les siècles du Moyen-âge , des réveils
religieux et des principales protestations
de la conscience chrétienne contre le
despotisme papal. C’est en Orient que
le ni QU ve ment a pris naissance, mais
c’csl en occident qu’il s'est mainlenu
le plus longtemps et qu’il a porté ses
plus beaux fniils.
Les Vaudois, auqiieis l’auteur a dpmié
dans son livre une place si honorable,
sont les seuls de ces prétendus hérétiques, dont Dome n’aîl pu venir à bout
avec ses formidables moyens de dessl ruction.
Nous avons lu avec plaisir cl .profil
cet ouvrage que M" A. Lombard a
évideminent écrit cim amorei, ait.ssi
bien qu’avec un respect scrupuleux de
la vérité historique, ne puisant aux
sources si nombreuses qu’il a consultées, que ce qu’elles contenaient de
pi'écis.
C’est donc avec, confiance que nous
recommandons parliculiùremenL à nos
lecteurs vaudois le livre de M., Alex.
Lombard. >
itouioHlce rcUgtcuecs
et faits divers
Italie. — Le 1,8 mars écïlm, à ifologne, 'ùn officiel’ du génie, le capitaine
Gilletta a fait, devant un nombreus
auditoire, cornpo.sé, disent les jonrmuix
politiques, de l’élite de la .sociélé, «ne
conférence sur les Vaudois, qui a été
suivie avec le plus vif intérêt, et dans
laquelle il a surtout fait pa.^ser devant
les yeux de se.s auditeurs émerveillés,
les scènes admirables de la Gloríense
rentrée. Une telle conférence, par un
offlerer de l’armée, à Bologne I... iN’estce pas là un signe des temps qui mérite qu’on y prenne garde cl qii’oii
rende grâces?
France. — La lutte entre Ic.s deux
partis, orthodoxe et libéral, au sein de
l’Eglise iîétbi'môft de Fiance, ^eonnime
plus ardente que Jamais , surloiil à
[tropos des nominalîions de prpfesaeurs
de théologie que le .nouveau mmisirc
de l’inslrufllicin publique, M. -Iules
Ferry, un des plus hostiles à la religion, aurait la prétention de l’aire de
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son chef, sans consuller l’Eglise, et
dans un sens exclusivement libéral.
—i Un nouveau journal intitulé Le
Signal, journal hebdomadaire, politique, républicain, destiné à agir sur les
catholiques et créé en vue des petites
bourses qui n’ont ni le temps, ni les
moyens de lire les grands journaux quotidiens est à la veille de paraître, sousjla
direction de M. Réveülaud , l’éloquent
libre penseur , récemment converti à
l’Evangile, et dont les Conférences sur
le Proleslanlisme ont un si grand succès
au sein des ¡populations catholiques de
la France. Poursuivant un but analogue
au Réformateur ( celui-ci quotidien )
qui va voir le jour sous la direction
de *M. Pilaltc , le Signal ne sera pas
son concurrent, mais son auxiliaire.
Bonne nouvelle pour ceux qui, comme
nous, ne redoutent rien tant que les
sci.ssions sans nécessité, au sein du
Protestantisme !
— iVl. le pasteur Edmond de Pressensé vient d’être nommé par le Ministre de riistruction publique membre
de la Commission des bibliothèques
populaires. L'Eglise Libre à laquelle
nous empruntons cette nouvelle dit
significative une telle nomination.
Angleterre. — On compte, paraîtil, en Angleterre, plus de 2000 cafés
dits de tempérance, c’est-à-dire, où
l’on ne sert ni vin, ni boissons fermentées d’aucune espèce ; et, plutôt
qu’à diminuer, le nombre de ces établissements tend à s’étendre et môme
rapidement.
— La ville manufacturière de Preston,
qui ne compte pas plus de 100,000
habitants, a résolu d’établir, pour ses
ressortissants, une grande bibliothèque
populaire dont la construction doit coûter un million , deux-cenf cinquante
mille francs ! »
IKcüuc i^oUttque
Mtatie, — Ainsi que nous l’avons
dit d’avance, tous les groupes de la
gauche se sont unis contre la droite
dans la question linancière, dont on
fait une question politique, et la Cham
bre des députés a repoussé par 255
voix contre 99 l’ordre du jour suspensif
propo.sé par Minghetti , et a adopté
par 240 voix contre 88 l’ordre du jour
Cairoli par lequel elle maintient son
vote de l’année dernière et abolit en
principe, et de fait peu à peu, l’impôt
de moûkire. On ne sait pas encore
comment on fera face au déficit, mais
l’on compte sur l’augmentation progressive des entrées et sur de nouveaux
impôts.
La Chambre a continué la discussion
du budget des recettes ; viendront ensuite des interrogations sur les faits
qui se sont passés à Milan et ailleurs.
Le ministère sera attaqué pour avoir
fait observer, quoique assez faiblement , la loi et tuléié les institutions
constitutionnelles qui nous régissent
contre des manifestations séditieuses.
On croit que des modifications ministérielles sont imminentes. Des ministères sont réservés aux divers groupes
de la gauche. C’est juste et raisonnable.
Le roi Humbert a prévenu le ministère et a proposé lui même d’accorder
à Passanante, qui a attenté à ses jours,
la grâce poui' laquelle le malheureux
.à recouru, aussitôt après le rejet du
recours en cas.sation.
Nous disons avec le Risorgimento :
« il est inutile de discuter sur la plus
ou moins grande convenance de cette
grâce pour des considérations de politique étrangère, nous constatons une
fois de plus la générosité proverbiale
de la maison de Savoie et nous applaudissons à celui qui a- pardonné à
l’inique agresseur».
Passanante a été transporté à l'île
d’Elbe où il doit expier son forfait
par les travaux forcés qui ne finiront
qu'avec sa vie.
Le prince Amédée est allé rendre
visite à la reine Victoria à Baveno.
Sa visite et son séjour à Baveno n’ont
pas duré une heure. La reine d’Angleterre est venue cherchersur les bords
du Lac Majeur la solitude, le repos et
des souvenirs des années de sa jeunesse.
Ernest Robert, Gérant et Administrateur,
Pignerol, trapr. Chiantore ei Mascarelli.