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sixième année.
IV. 30.
30 Juia 1871.
L’ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
consacrée aux intérêts matériels et spirituels
(le la Famille Vaudoise.
Que toutes las choses qui sont véritables.,
vos pensées — ( Pkilippiens., IV. 8.)
occupent
PRIX D ABONNEMENT :
Halle, à domicile (vnonWr. 3
Suisse................» 5
France................»6
Allemagne 6
Angleterre , Pays-Bas » 8
Vn nutnéro separé : 5 centUn numéro arriéré : 10 cent.
BOKEAUX d’aBONNEMENT
ToRRK-pRf.r.rcK i Vìa Maestra,
N.42. (Agenzia bibliografica)
PiGNKnoL : J. Chlantore hnpr.
Turin :J.J. Tron, via Lagrange
prés le N. 23.
Florenck : Libreria Evangelira, via de’Panzani.
annonces : 5 cent, la ligne
<'U portion de ligne.
Lettres et envois franco. S’adresser pour radministralîoa
«U iiureau à Torr.e-PeUÎce ,
via Maestra N. 42 — pour la
rédaction; â Mr.jiT. Malan
Prof. Il Torre-Pel ire.
î5>oniiixair'e.
Le 30 juin 1871. — Chronique vaudoise.
Chronique politique.
LE 30 JUIN 1871
Nous venons de recevoir le rapport du Consistoire de la Colonie
du Rosario. La Table n’ayant pu,
en suite du retard survenu dans
la transmission de cette pièce, la
communiquer au Synode, la livre
par l’organe de l’Echo à la publicité, persuadée de faire en cela
une chose agréable pour les membres de l’Eglise , en même temps
qu’une chose très équitable. Elle
leur donne en effet, dans la mesure
du possible, ce qui leur était destiné, dans la personne de leurs
représentants réunis en Assemblée
synodale. Pour la Table
E. Malan.
À LA TABLE VAUDOISE
Colonie Vaudoise du Rosario Oriental
le 16 mars 1871.
MM. et très honorés Frères,
Nous profitons de l’occasion qui
se présente à nous par le départ
de quelques membres de notre
Eglise pour vous faire parvenir le
Rapport annuel sur la situation de
la Colonie, espérant qu’il arrivera
encore à temps pour prendre sa place
parmi ses frères dans le Rapport
de la Vénérable Table au Synode.
Nous ne pourrons pas y tenir le
même ordre que dans ceux qui
vous sont présentés par les paroisses, n’ayant pas, par devers
nous, les questions que vous avez
l’habitude de leur adresser et en
ayant d’ailleurs d’autres qui nous
sont particulières. Nous commencerons par ce qu'il y a de plus
important.
La vie religieuse dans la Colonie. Il nous serait bien doux de
pouvoir vous dire que nous brillons
comme des flambeaux, selon notre
devise, dans ce pays de ténèbres
et d’ombre de la mort, mais la foi
n’est pas du tout plus ici qu’ailleurs,et bon nombre de nos frères
selon la chair ne connaissent pas
encore la communion personnelle
avec le Sauveur, obtenue avec une
conviction sincère de leur état de
péché. Le mal ayant moins d’en-
2
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traves ioi qu’aux Vallées s’est manifesté avec violence. Satan prévoitil ce que nous pourrons faire plus
tard pour la ruine de son empire
de ténèbres, et veut-il ruiner à
l’avance notre oeuvre future? C’est
probable, mais le Réparateur des
brèches saura bien y mettre ordre.
Il y a cependant des signes réjouissants. La pulpería ( débit de boissons) la plus achalandée a été
fermée par son propriétaire le dimanche , et la profanation du saint
jour du repos diminue d’une manière, réjouissante. Non seulement
nous n’avons pas et n’avons jamais
eu de bals, mais les courses aux
chevaux {carret'as) et les jeux de
boules et de quilles s’ent vont aussi
peu à peu. Il y a de plus un noyau
très réjouissant de fidèles disciples
du Seigneur avec lesquels on est
heureux de s’entretenir des promesses fidèles de Dieu , quoique
nous ne soyons pas parvenus à
l’unité parfaite de vues quant aux
points secondaires. Autour de ces
chrétiens fervents d’esprit, très
capables d’édifier une réunion, se
rangent bon nombre d’àraes sincèrement et humblement pieuses qui
se nourrissent en silence du lait
spirituel de la Parole.
Les cultes sont fréquentés assidûment. Le dimanche matin, à 8 h.
en été et à 9 en hiver, nous nous
réunissons à la Paz, dans le galpón
que M. Grill a généreusement mis
à notre disposition jusqu’à ceque
la chapelle soit terminée. Nous
avons crû bon, dès l’arrivée du
nouveau pasteur, de décliner l’offre
que nous faisait M. Carreras de
continuer à nous réunir dans son
galpón. Il y avait pour cela d’excellentes raisons, d’abord nous te
nons à être chez nous et à y être
tranquilles ; ce qui n’était pas le
cas dans le galpón de M. Carreras,
où des soldats faisaient du tapage
et des moqueries dans une pièce
attenante; ensuite nous désirions
que tous les colons pussent intervenir librement et sans arrière
pensée, et vous savez, MM., par
le Rapport du Modérateur, qu’il
n’en avait pas été ainsi dans le
susdit local. — Maintenant nous
voyons assister au culte de la Paz,
non seulement les habitants du
puéblito (village), mais encore des
colons de l’autre côté du Saraudi.
— Dès que ce culte est terminé,
on remonte en selle pour se rendre
à un seconà, célébré d’abord dans
le galpón de M- Griot, et lorsque
ce local fut occupé, dans l’école
dite de Combe, parce qu’elle est
bâtie sur la propriété d’un Vaudois
de ce nom. C’est à une lieue de
distance environ ; mais au galop
on fait passablement de chemin
dans trente minutes et quoique le
pasteur soit encore novice dans
l’art de l’équitation, il peut cependant supporter très bien la fatigue
et ne pas rester en arrière.
L’après midi il y a deux réu-i
nions, une dans l’école de M, Gönnet présidée par M. Revel à laquelle
le pasteur se rendait aussi chaque
quinze jours et qu’il a ensuite remise entièrement et avec une pleine
confiancç au premier pour se rendre
tous les dimanches de l’autre côté
du Saraudi où se tient la seconde
réunion dans le rancho de l’ancien
Rochon.
Ces services sont fréquentés
d’une manière encourageante, l’attention y est souteoae, et la vérité
trouve le chenjiadebiendes cœurs.-’
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-203
Nous demandons et nous attendons
des fruits de Celui qui s'est réservé
de donner l’accroissement à la
sainte semence qui régénère et
sanctifie.
Les écoles du dimanche vont
s’ouvrir la semaine prochaine. A
son très grand regret le pasteur
ne peut pas s’en occuper directement vu la nécessité où il se trouve
de se rendre à la Paz le matin ,
mais ces chers enfants sont remis
dans de bonnes mains.
Les catéchumènes vont arriver
bientôt aussi, car, comme vous le
savez, notre automne, à nous,
commence à Pâques, et le pasteur
devra renoncer à sa troisième réunion du dimanche pour s’occuper
de leur instruction. Les garçons
viendront le mardi et le jeudi; les
jeunes filles, le mercredi et le
vendredi, et ils seront tous réunis
le dimanche sous la surveillance
de leurs parents.
Instruction. L’instruction des
enfants a été l’objet de nos préoccupations continuelles et comment ne le serait-elle pas? L’école
est la pépinière de l’Eglise et ce
serait une cruelle ironie de dire:
sondez les Ecritures, à ceux à qui
l’on n’a pas appris à lire. Mais la
terrible question pécuniaire était
là, prête à fermer la bouche à
toutes les propositions. Il faut cependant qu’il y ait une école centrale paroissiale. Le local va être
prêt, et les honoraires du régent
doivent se trouver aussi. Le Consistoire a cru devoir s’adjoindre
les diacres pour décider cette grave
question et voici à quoi nous nous
sommes arrêtés: la Colonie sera
convoquée le 1®' lundi d’avril et
on lui soumettra les propositions
suivantes:
Le régent paroissial sera payé,
1“ par tous les chefs de familles,
donnant chacun au moins un réal
par mois (fr. 0,55); 2® par les
parents des enfants qui payeront
mensuellement aussi 4 réaux pour
un enfant , 6 pour deux , 8 pour
trois et 10 pour quatre. Deux régents se sont déjà présentés et un
troisième attend, pour le faire, de
voir quelles seront les conditions.
Quand nous en aurons les
moyens, nous donnerons à chaque
quartier une petite école.
Bâtisses La cure où le pasteur
est logé, depuis plus d’un mois ,
est une jolie petite maison à terrasse que l’on peut voir de tous
les coins de la Colonie. — L’école
que nous espérions avoir pour lieu
de culte central provisoire, n’est
pas finie encore, mais elle le sera
sous peu ; et à Pâques nous espérons pouvoir nous y réunir afin
de célébrer la glorieuse résurrection du Sauveur. La chapelle de
la Paz n’est pas non plus terminée
encore ; et il nous faut trouver de
l’argent pour cet objet.
Quant au temple central l’époque où l’on pourra en poser la
pierre fondamentale est plus éloignée encore.
Contributions. Les colons savent donner. On a recueilli pour
la cure, tant en argent qu’en
blé piastres 345 73®
seconde contrib. » 51
troisième » » 198
15250 briques valant 151 50
Total piastres 747 23
4
-204
ou en monnaie it. à peu près
fr. 4150; on a recueilli en outre
pour les honoraires du pasteur environ piastres 900, 00, soit environ
fr. 5000. — On ne compte pas ici
les corvées volontaires.
Ces contributions nous laissent cependant un déficit de piastres 500
environ , ce qui nous a obligés de
faire appel à la générosité de nos
voisins, le Suisses protestants, qui
ont promis de s’intéresser à nous.
De notre côté , le pasteur leur a
promis de bénir gratuitement leurs
mariages et de baptiser leurs enfants quand on le lui demanderait.
Nous espérons de couvrir de cette
manière une partie du déficit.
Quant aux dépenses pour l’école,
nous avons touché chez le banquier
de M. Pendleton à Montevideo Lst.
150 de l’argent collecté par ce dernier. Il nous en a promis 200 autres pour le mois prochain et nous
lui en avons demandé 100 de plus
pensant bien que nous ne dépasserons pas le chiffre du résidu des
collectes pour la Colonie.
Assemblées. — La Colonie a été
convoquée trois fois depuis l'arrivée du pasteur, envoyé par le dernier Synode et avant que ce rapport
vous parvienne nous aurons été
réuni pour la quatrième fois dans
l’espace de cinq mois. Toujours il
s’est trouvé bon nombre de chefs
de famille ; ce qui dénote l'intérêt
que l’on prend aux questions publiques. La première assemblée,
sans caractère officiel, s’occupa de
la réorganisation des quartiers, de
la nomination des anciens et des
diacres et de la bibliothèque paroissiale. — La seconde reprit officiellement les questions débattues
dans la première, questions que l’on
avait eu le temps de méditer et
d’éclaircir et voici les résultats
obtenus ; On divisa la Colonie en
sept quartiers dont chacun aurait
un ancien et un diacre, ce dernier
nommé pour deux ans. Les diacres
ont travaillé de toutes leurs forces
et ont dépensé une bonne partie
de leur temps pour aller de maison
en maison collecter pour les divers
besoins de l’Eglise. Nous leur en
exprimons ici notre vive reconnaissance» — La bibliothèque hélas !
bien petite , se compose de livres
envoyés par la-Société de Toulouse
à MM. Morel et Rével. Ces livres
réunis maintenant à la cure, sont
recherchés et lus avec avidité ; si
l’on pouvait nous en envoyer de
nouveaux ils seraient les bienvenus
pourvu qu’ils soient en français
ou en espagnol. Les livres italiens
sont peu lus.
La troisième convocation de la
Colonie avait un but qui , il faut
l’avouer , n’intéresserait aucune ment l’Eglise, et quoique ce soit le
pasteur qui l’a annoncée, il ne eonsentit pas à présider l’assemblée.
Il s’agissait de mettre un terme à
des désordres qui allaient croissant
parmi nous. Des soldats peu ou
point disciplinés, désavoués par
leurs chefs, qui avaient reçu l’ordre
de ne pas nous molester , se permettaient de voler les chevaux, les
boeufs et de pénétrer dans les maisons-; ils rançonnaient et ils allèrent jusqu’à présenter le bout de
leurs vieilles lances du moyen âge
à un jeune homme inoffensif, au
risque de le faire broyer sous les
roues du char qu’il conduisait. Une
députation fut envoyée au commandant pour lui faire de sérieuses
représentations; mais pensant que
5
-205
cela ne suffisait pas , la Colonie ,
malgré la timide et pieuse opposition de quelques uns de ses membres , s’organisa militairement et
nomma un capitaine et quatre officiers pour commander la Compagnie volante. Cette compagnie est
régie par un réglement qui lui défend de faire les exercices le dimanche, de prononcer des jurements ou
des paroles déshonnêtes, comme il
n’est pas convenable à des chrétiens. Depuis lors les déprédations
en pleine jour ont cessé et si l’on
vole encore la nuit, le capitaine
rassemble quelques soldats, poursuit les tadrones , et les animaux
volés retournent à leurs maîtres.
— La Junla economica écrivit au
Consul italien pour le prier d’avertir le Gouvernement de la République Orientale que nous n’avions
en vue aucun but politique , mais
seulement celui de nous préserver
des insultes et des vols,
Veuillez agréer l’offrande que
nous vous faisons pour les hôpitaux
des Vallées, offrande bien petite,
mais toute volontaire et spontanée ;
nous espérons faire davantage à
l’avenir quand les grosses dépenses
seront finies. Elle s’élève à piastres
27, soit francs 135, que nous changeons ici avec avantage contre de
l’or.
fflartétio.
Un prédicateur paresseux disait un
matin à un de ses amis: « J’ai déjà fait
aujourd’hui ce qui passe votre pouvoir,
— j’ai écrit un sermon et pêché un saumon ; » à quoi répondit l’autre avec beaucoup d’à-propos. « C’est possible, mais
j’aimerais mieux manger votre saumon
que d’entendre votre sermon ».
Un des théologiens les plus distingués
do la Bohème, le prof. Pelleter, de Eger,
ne pouvant se résoudre à vivre excommunié, s’est joint publiquement à l’Eglise
luthérienne.
Miss Anne Maepherson est partie de
Londres pour la (|uatrième fois, emmenant au Canada 150 pauvres enfants que
elle a recueillis, surtout parmi les fabricants de boîtes d’allumettes. Elle donne
de charmants détails de son voyage. —
Notre leçon biblii|ue ce matin à bord, dit
elle, a été fort intéressante. Plusieurs des
garçons étaient en larmes et demandaient
comment ils pouvaient être sauvés. L’un
d’eux voulait savoir comment il pourrait
pardonner à ses parents qui l’avaient
abandonné trois fois. — Un autre sentait
(juo son âme. était perdue. Avant le soir,
l’expression joyeuse de son visage montrait quo les ténèbres avaient fait place
pour lui à la clarté du Soleil de justice.
(Chronique ©aubotôe
Un de nos amis qui a fréquenté le Collège, et qui n’est pas devenu pasteur,
nous a écrit une première, lettre pour
nous dire qu’il est disposé à donner une
somme pour former dos bourses destinées
aux étudiants en médecine etc. Dans une
seconde lettre, parlant du Collège, il dit:
lo II est très facile de prouver que le Collège n’a pas été jusqu'ici, et n’est pas
actuellement, exclusivement à l’avantage
des jeunes gens qui se destinent aux études
théologiques, car si l’on compte les enfants
qui ont fréquenté cet établissement et qui
en ont profité plus ou moins longtemps,
le nombre de ces derniers est bien dix
fois plus grand que celui de ceux qui sont
devenus pasteurs ;
2» Aucun enfant, en entrant au Collège,
n’est enrôlé dans les rangs des théologiens , aucun n’est poussé à embrasser la
carrière du mini.stère;
B» Les bourses sont données aux étudiants, quelle que soit la carrière à la
quelle ils se proposent de se vouer, en sortant de Philosophie. — Si les vaudois veu
6
-S06
lent profiter encore mieux des études
préparatoires du Collège, ils doivent fonder des bourses pour ceux qui, après
avoir achevé ces études, voudraient embrasser d’autres professions libérales.
Notre correspondant apprécie l’influence
religieuse, morale et intellectuelle du Collège, même pour ces élèves qui, après
l’avoir fréquenté quelques années, seraient amenés à reprendre la pioche ou
à exercer quelque carrière commerciale
ou industrielle; cependant afin de rendre
le Collège plus immédiatement utile à un
plus grand nombre de jeunes gens, il
propose pour les trois classes supérieures
une bifurcation, l’une dans le sens technique, industriel et commercial, l’autre
dans le sens classique. Sur ce dernier
point nous cessons d’être d’accord avec
loi; non que nous n’approuvions pleinement son intention qui est excellente,
mais parceque, ainsi que nous avons déjà
eu l’occasion de le dire ailleurs, nous
nuirions soit aux études classiques, soit
aux études techniques et industrielles. On
a fait ailleurs de tels essais, en France
surtout, et on en est revenu. Ainsi, cher
docteur, pas de bifurcations! —Permettez-nous à ce sujet une comparaison qui
sera du goût de nos lecteurs de la campagne et de la vôtre aussi, puisque vous
êtes un membre zélé du Comizio agrario;
il en serait d’un établissement scolaire où
l’on poursuivrait à la fois un but classique et un but technique, comme d’un
champ où l’on planterait à la fois du maïs
et des haricots ( passez moi l’exemple
vulgaire) on aurait une récolte médiocre
de l’une et de l’autre de ces denrées et
en outre le terrain s’épuiserait et ne donnerait plus, l’année suivante, qu’un produit très inférieur. Il faut que chaque
école, comme chaque pièce de terrain,
ait sa destination.
r»rarixstlii. La paroisse de Prarustin a été la première dans le cas de
profiter de la loi de l’entière liberté des
des Eglises dans la nomination de leurs
pasteurs. Nous apprenons qu’elle en a fait
un usage que nous appellerions éclatant^
en nommant, avec 121 voix sur 123 votants, M. Célestin Michelin, le dernier consacré d’entre nos ministres. Nous faisons
des vœux sincères pour que la bénédiction
du Seigneur repose sur cette élection.
Une réunion au Ciabas. Nous avons entendu avec intérêt M' J. P. Pons, évangéliste à Rome, qui nous a parlé, dimanche dernier, dans le temple du Ciabas
de l’œuvre d’évangélisation dans la Capitale du royaume d’Italie. Les lecteurs de
L’Echo ont été tenus au courant des
' progrès de cette mission ; aussi nous contenterons-nous de résumer très brièvement la relation de votre frère: Quatre
Eglises ou sociétés différentes sont à
l’œuvre à Rome : l’Eglise baptiste, l’Eglise
méthodiste, l’Eglise dite libre et l’Eglise
vaudoise; elles travaillent à côté les unes
des autres, sans jalousie et sans envie,
dans un esprit de charité; aussi les agents
de chacune de ces sociétés ont-ils eu soin
de chercher des lieux de cultes dans les
quartiers de la ville où il n’y en avait
point encore ; de cette manière les 6 quartiers principaux, ou rioni, ont leur local
pour les réunions du culte évangélique.
Le nombre des salles affectées aux réunions est de 6, un seul appartient à l’Eglise vaudoise qui espère en avoir bientôt
un second. 11 y a, dans ces différentes
chapelles, une vingtaine de réunions par
semaine.
Le culte principale du dimanche matin
dans la chapelle vaudoise, est fréquenté
maintenant par 60 à 70 personnes qui
sont régulières; il y a eu exceptionnellement de 100 à 120 auditeurs; le culte de
dimanche soir est peü suivi, celui du
mercredi, déstiné à la controverse, l’est
beaucoup plus; comme aussi celui du
vendredi, qui a pour but l’édification ; le
le mardi soir est consacré à des exercices
catéchétiques auxquels prennent part 18
catéchumènes. —Ajoutons à ces réunions
des leçons de chant, car les romains
aiment à chanter et ont des dispositions
pour cet art.
L’auditoire dans ces divers réunions est
composé de personnes intelligentes, sympathiques, attentives, capables de comprendre et désireuses de saisir tout ce qui
leur est annoncé ; il-est composé en grande
partie d’individus appartenant à la petite
bourgeoisie (mezzo cetoJ, w qui promet
7
-207-^
pour l’avenir. — L’instruction des enfants
a été commencée par les soins de M.
Gould dans le local de l’Eglise vaudoise;
M“’ Gould désirait depuis longtemps entreprendre une telle œuvre. D’abord elle
n’eut que 2 ou 3 enfants; elle en a 50 et
a dû en refuser plus de 80. M"' Gould a
couflé son école à une institutrice do la
Suisse Allemande <|ui la fait marcher
d’une manière ferme, et sans faire beaucoup de bruit. La Commission d’Evangôlisation, dans le but de développer l’instruction des enfants, vient de transférer
M. Garnier instituteur de Florence à Rome.
Il y a à Rome deux dépôts de livres
évangéliques, un dépôt de Bibles de la
Société biblique britannique et étrangère
et un dépôt de Bibles , do traités et autre
livres religieux. Des colporteurs s’efforcent de disséminer la bonne semence de
la Parole dans toutes les directions de la
province romaine et non sans danger. —
Voilà ce qui existe et ce qui a été fait
depuis octobre dernier qu’ un Ministre
vaudois a été le premier à aller apporter
l’Evangile dans la Capitale du romanisme.
— C’est peu encore, mais nous devons
bénir Dieu de ce peu. C’était bien là le
sentiment de l’assemblée qui s’est unie,
nous l’espérons de cœur, à la prière d’actions de grâces par laquelle la réunion
a été terminée.
On a rapproché fort à propos la date
d’octobre 1871 de celle du 9 septembre
1560 oh sur la place du Château S' Ange
un bûcher réduisait en cendres le pasteur
vaudois J. Louis Pascal; comme aussi on
a rappelé que l’œuvre que nous faisons
n’est que la continuation ou la reprise de
celle de nos pères, qui avaient déjà, dans
ces siècles reculés, une maison à Florence
et une maison à Rome.
Une collecte pour l’œuvre de
Rome a produit fr. 30
Un membre de l’Eglise de la
Tour par le Pasteur a ajouté « 5
Total . fr. 33
(iTlironic|ue politique.
Italio. — La grande humiliation de
l’Italie. Tel est le thème de beaucoup de
journaux pendant la dernière semaine. Le
pape n’a pas reçu l’envoyé du Roi, le
général Bertolè-Viale. Le Gouvernement
devait le prévoir et ue pas s’exposer à
un tel affront. Le Gouvernement a prévu
ce (]ui est arrivé, mais comme on l’a dit
d’avance, l’impolitesse du pontife ne devait
pas nous empêcher d’accomplir un acte
de courtoisie. Victor-Emmanuel roi d’Italie
devait accomplir personnellement cet acte
de bon voisinage à l’occasion d’une fête
toute personnelle du pape. Le pape avait
annoncé, pour le 16 juin , une fête à son
honneur ; en continuelle adoration de luimême, il est heureux d’avoir atteint l’âge
légendaire de S' Pierre et d’être parvenu
à 25 ans de pontificat. Il a voulu que tout
le monde l’eu félicitât. Les Souverains
ont été les premiers à le faire. Notre roi
ue pouvait s’en abstenir. — .Au fond ni
la religion, ni la politique ne sont intéressées dans cette démarche. La conséquence du refus capricieux du pape de
recevoir l’envoyé du Roi, c’ est d’accroître ses torts aux yeux du monde, qui
voit comme l’Italie et son monarque sont
conséquents et fidèles dans leur conduite
concilianle, magnanime et chevaleresque.
— Ainsi que nous l’avons déjà dit, le Jubilé a été une bonne occasion pour quo
le monde s’assurât que le pape est libre
et respecté. Les pèlerins étrangers pourront raconter dans leurs pays qu’ils ont
pu faire retentir librement dans les rues
de Rome les cris de « vive Pie IX, » mais
qu’il leur a été répondu, presque d’une
manière unanime « vive Victor-Emmanuel,
vive l’unité de l’Italie » ; ils pourront décrire le magnifique effet que faisait la capitale de l’Italie spontanément et comme
par enchantement pavoisée de drapeaux
tricolores, lesquels ont fait rentrer dans
l’ombre les enseignes aux couleurs jaune
et noire arborées par quelques bigottes
polonaises et anglaises ; témoignage frappant de la grande liberté dont jouissent
en Italie les ennemis les plus acharnés de
8
-208
notre unité. — Il paraît que notre Gouvernement aurait déclaré qu’il voyait de
bon œil que les diverses puissances continuassent à avoir des rcprésculnnts accrédités auprès du pape, afin (]u’eiles se
persuadassent toujours plus que lu pontife est, non seulement libre, mais qu’il
est honoré à Rome et que sa prison n’est
(¡u’uuc feinte.
Pendant qu’on Belgique on s’est cassé
les os à l’occasion du Jubilé, en Italie il
y a eu quelques tumulles, sans importance, il Turin, à Padouo, à Florence, et
à Gènes La ville qui s’est conduitii avec
le plus de bon sens a été Milan ; là, qui
a voulu faire la fête, l’a faite sans bruit,
dans les églises; les autres se sont occupés de leurs all'aires et n’ont pas trouvé
que 2.5 ans de pontificat, terminés par
Pie IX, fussent un fait assez mémorable
dans Thistoiro du monde c de la civilisation, pour eu faire un objet ni de joie ni
de colère.
— La valeur totale des présents parvenus au souverain Poulifo à l’oetnasion de
son Jubilé s’élève, assure-t-on, à 25 millions. La reine de \Vurtemi)erg y a seule
contribué pour 200.000 francs en or. Pauvre Pie IX !
— Le Con'icre di Milano assure que,
malgré le refus du pape de recevoir des
ambassadeurs qui seraient accrédités en
môme temps auprès du Gouvernement
italien, la Prusse, la Russie;, l’Angleterre
ont déclaré oiTiciellement (|u’clles u’auraient à Rome qu’un ambassadeur (]ui
les représenterait à la fois auprès du Gouveroemeut italien et [auiirès du Vatican.
L’.Vugieterre aurait ajouté ne pou voir.compreudre le motif pour lequel elle devrait
envoyer deux représentants dans la même
ville.'
— Florence. Ce n’est cjue jeudi <jue la
Chambre a pu sc trouver en nombre pour
voter la loi de la réorganisation militaire.
Le projet déjà adopté par le Sénat a été
approuvé par le Parlement par 139 voix
contre 73. — La Chambre a ensuite com
mencé la discussion des nouvelles mesures proposées par le ministère pour la
sfireté publique.
— Le Gouvernement français a donné
au ministre italien des affaires étrangères
les explications les plus rassurantes au
sujet de l’enrôlement de volontaires opéré
par de Charetle. Ces volontaires sont au
service du Gouvernement et sous les ordres du Ministère délia guerre.
La Parlement a voté la loi do sôreté
publi(]ue et le Président a annoncé que
les députés ne seraient plus convoqués à
Florence, mais à Rome ^applaudissements J.
Berlin. La Gazette de la Croix mentionne des manifestations d’entente cordiale, d’amitié, do sympathie envers le
royaume d’Italie do la part du gouvernement autrichien, et elle les considère
comme la réponse à la pétition des 22
évêques de l’Empire pour le rétablissement du pouvoir temporel du Pape. D’après
ce inème journal .M' de Reust aurait déclaré vouloir maintenir le principe de
non intervention dans les affaires d’Italie
avec le S‘ Siège ; il fait ainsi savoir que
tout ce bruit de protestations , de plaintes,
qui agite et dans lequel s’agite la curie
romaine, ne regarde pas le cabinet de
Vienne. — A Berlin aussi on met un frein
à la fougue belliqueuse du parti catholique.
I'’r*aiîeo. Les pétitions en faveur du
pouvoir temporel du Pape continuent. Les
évêques recueillent des souscriptions dans
les villages et dans les villes. L’une d’entre
elles, adressé à Pie IX, à l’occasion du
Jubilé, a recueilli, assure-t-on, plus de
670,000 signatures. L'Univers déclare que
l’Assemhlée sera obligée de se prononcer
dans un bref délai , et ainsi le monde
saura si la France veut le rétablissement
du pouvoir temporel et si, en 1871 comme
en 1870, à l’instigation de ses évêques et
de tout son clergé, elle déclarera , le cœur
léger, une grande guerre. Du reste le
gouvernement italien doit aussi avoir demandé à celui de Versailles de s'expliquer
sur le but des enrôlements de Charette.
Tout français vraiment patriote devrait,
par le temps qui court, penser à autre
chose qu’à préparer les éléments d’une
nouvellegueri'e, nmisVinlernalionalenoire
ou des Jésuites n’a pas plus de patrie que
Vinternationale rouge, ou des travailleurs.
Voici en effet dans quels termes s’éxpriraeut les évêques ; « Nous demandons
à l’Assemblée nationale d’élever la voix
pour protester contre la violation des
traités et contre tes attentats commis envers le chef de l’Eglise catholi(]ue....
Nous supplions d’inviter le gouvernement
à se concerter avec les puissances étrangères, afin de rétablir le souverain pontife dans les conditions nécessaires à sa
liberté d'action et au gouvernement de
l’Eglise catholique ». Et pour <|u’on ne
se, trompe pas sur ces conditions nécessaires, les évêques déclarent qu’elles impliquent la restauration du pape dans sa
« souveraineté temporelle =». — Dans la
pétition adressée à Pie IX, ou promet
pour cette restauration « le bras vengeur
de la France ». Puisse, disent les signataires « la fille, ainée de l’Eglise, relevée
et régénérée, prêter une fois encore le
secours de son bras vengeur à son Père
opprimé ! »
E. Malan Directeur-Gérant.
Pignerol, Impr. Chiantorc.