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Olnqu-lèmo année.
IV. 51.
23 Décembre 1870.
L'ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spirituels
de la Famille Vaudoise.
Que toutes les choses qui sont véritables. ocoupem
vos pensées — ( Philinjpiens., IV. S.)
FBIX d’ABOHHIHENT 1
Italie, à domicile ('t^n an) Fr. 3
Suisse....................*5
France....................»6
Allemagne 6
Angleterre , Pays-Bas > $
Un numéro séparé : 5 cent,
ün numéro arriéré : 10 cent.
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Torrb-Pei.ljcb ; Via Maestra,
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au Bureau d Torre-Pelilce .
via Maestra N. 42. — pouri.i
rédaction; â Mr, A. Revel
Prof, a Torre-Pellice.
Sommai ro.
A VEcho. — Réponse — Les Vaudois à la
Balsille. — Le colporteur Etienne Lantaret.
— La vie de Jésus racontée aux enfants. *—
Mission du Lessouto. — Chronique poUiique.
\ TEebo
Mon cher Echo ,
Tu ne m’apportes plus la voix de
nos Vallées. Ton dernier numéro ,
par exemple , pouvait voir le jour
dans une île de l’Océan Pacifique
aussi bien qu’à Pignerol. Ce sont
Voix d’Orient,
Voix d’Occident,
qui nous apportent les nouvelles
de l’Espagne , de la France , de la
Russie, de l’Ecosse , de l’île de
Randall et des noirs de l’Afrique.
On se demande si tu fais exprès de
ne rien dire du cap Siierovostoknoî,
qui intéresse plus que tu ne penses
ceux qui ont appris la géographie
dans nos écoles élémentaires, où
nous avons presque tous commencé
à planer.... ( n’écris pas flâner, je
e prie, si tu ne veux provoquer un
déluge de rectifications). — Mais
laissons là le badinage.
Nous avons entendu, il est vrai,
la voix des ancêtres , nous parlant,
par la bouche , ou plutôt par la
plume du Pasteur Guérin. Elle
nous a dit des choses excellentes ,
que nous ferons bien de relire
Celle-là c’est, pour parler avec le
poète, la
Voce dell’eco dei sepolcri aperli.
Mais pourquoi, après ces voix, ne
nous est-il pas donné de ouïr aussi
la
Voce de’ tuoi deserti ?
N’y a-t-il rien qui y soufile , rien
qui y bouge, pas même un roseau?
L’autre jour c’était la tempête.
Tempête de petit lac, qui effrayait
ceux qui n’ont paà’^vu la grande
mer. Maintenant, calme plat, à désespérer les matelots.
Tu te plains quelquefois de l’indifférence de nos gens, qui, en
voyant les ministres arriver pour
l’examen de nos candidats, les laissent faire... Dis-leur donc ce que
tu en sais. Pourquoi ne pas révéler
au dehors', avec quelques détails.
2
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ce qui se passe dans cette salle du
College, au sein du Corps des pasteurs ? Rien , ou presque rien sur
les sermons d'épreuve des candidats ; rien sur la future consécration , sur les fêtes de l’Israël des
Alpes. — On dirait que la matière
te manque au point que tu commences à tomber dans les vaines
redites. On dirait aussi que tu redoutes la tempête parceque tu as
perdu la carte un instant. Eh! mon
cher, c’est ainsi que l’on se forme
dans ce monde , quand on n'a pas
la pre'tention d’être infaillible.
Tu as appris , mon brave Echo,
que la liberté doit marcher de pair
avec la charité. Réunis-les dans tes
colonnes; reprends ton bon courage
et la discussion de nos intérêts', et
en avant, je t’en supplie. Aurais-tu
la faiblesse de faire divorce avec
la liberté pour t’allier avec cette
charité niaise et mollasse 5'kî chasse
les mouches et n écoute mie, comme
dirait le peintre genevois , ou qui
attend le brouillard pour montrer
les cornes ? Tu ne le feras pas ; tu
ne confieras pas ta chevelure à
cette Dalila ; mieux vaudrait périr
sous les voûtes que tu ébranles !
Mais encore , le suicide pourrait-il
te sourire ? Non : aie donc le courage de vivre , et ne fais pas à tes
ennemis le Cadeau de nouvel-an
qu’ils désirent.
Mais qui sont-ils ces ennemis-là,
qui nourriraient un souhait si peu
charitable? Existent-ils encore réellement ? Crois-moi, leur colère a
passé , peut-être ils ne te haïssent
pas autant que tu te l’imagines ; ils
ne sont même pas des ennemis , si
tu y regardes bien, mais des amis
qui ont eu un instant ta franchise.
Je ne crois que s’il y a une conviction qui unisse en une même
pensée et un même désir les bons
Vaudois, ce sera celle-ci, savoir que
le ministère de la presse est de plus
en plus nécessaire pour eompléter
le ministère de la parole. Le public,,
en effet, n’est pas tout au temple ,
tant s’en faut. Aussi ne doit-on pas
toujours l’y attendre ; nous devons
aller à lui par tous les moyens que
l’industrie ou la science mettent à
notre disposition. — Voilà pourquoi les serviteurs de Dieu qui ne
sont pas aux Vallées , ont recours
à la presse pour remplir leur tâche
fidèlement. M. Pilatte prêche au
temple et dans VEglise libre ; MM.
de Pressensé et Bersier prêchent
dans leurs chapelles, dans les cirques et dans la Revue Chrétienne ;
M. Reymond et ses amis prêchent
dans les salles ouvertes à tout le
monde et dans le Chrétien évangélique. M. Spurgeon , qui a parfois
jusqu’à six mille auditeurs, ne se
contente pas de leur faire entendre
sa voix éloquente , il leur donne à
lire VEpée et la Truelle. Le Doct.
Guthrie parle, comme on sait, juaqu’à en perdre la santé , mais ne
cesse pas de rédiger son Sunday
Magazine. Le pape lui-même a vu
la nécessité de la presse, et chaque
diocèse catholique doit avoir son
journal. L’Eglise Vaudoise, qui
porte pour devise son Lux lucet in
tenebris , ifa-t-elle donc mettre la
lumière sous le boisseau ?
Que les Vaudois y pensent, leurs
pastlurs surtout. ■— Il y a là une
pierre de touche qui ne trompera
personne sur la valeur morale des
vœux et des résolutions que nous
promenons annuellement du Sy-
3
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node à nos églises, et de nos églises
au Synode, au grand risque de les
perdre en route. e. «.
Réponse.
U Echo ne peut qu’exprimer sa
reconnaissance à son correspondant
pour les observations amicales qu’il
prend la peine de lui adresser, et
pour le prolongement de vie qu’il
lui souhaite. Ceux qu’on veut bien
considérer comme étant , au fond ,
plutôt nos amis que nos ennemis ,
n’auront pas non plus à se plaindre,
vu les intentions bienveillantes qui
leur sont supposées. Quoique leur
amitié laisse, à nos yeux , quelque
chose à désirer, nous sommes prêts
à reconnaître que ce qui nous sépare de nos adversaires est bien
moins une affaire d’antipathie personnelle qu’une opposition de tendances. Ce n’est pas tant à ÏEcho
de septembre ou d’octobre qu’on
en veut : c’est à VEcho tout entier,
sans excepter les temps de sa plus
grande innocence. Sous ces conliits
entre les personnes se cache , au
fond , une véritable divergence de
vues et de principes sur des questions d’une sérieuse importance.
Un moment peut-être VEcho a
donné à ses observations un caractère trop personnel, oubliant que
dans nos étroites vallées tout le
monde se touche, >et que dans un
verre d’eau les tempêtes sont trop
visibles. Nos amis nous blâment
maintenant d’être tombé dans le
défaut opposé en renonçant à notre
liberté pour ne blesser personne.
Sur ce point encore notre correspondant ne se trompe pas entièrement. Obligé de nous replier devant
la charité quelque peu mitrailleuse
de nos antagonistes, et ne pouvant
asperger d’eau de rose ce que nous
croyons mauvais, nous avons pris
le parti , sage ou non , de nous retirer momentanément du combat ,
en laissant nos ennemis couchés
sur leurs positions.
Mais alors, nous dit-on, vous faites à vos adversaires la partie par
trop facile , et en vous résignant à
mourir , vous êtes infidèle à votre
mission.
A quoi nous répondons premièrement, qu’avec la meilleure volonté du monde, il nous semble impossible de continuer notre chemin,
s’il doit être entendu qu’à chaque
pas nous aurons à respecter quelque inviolable ou quelque cité léonine. On pourrait, il est vrai, faire
comme l’abeille , qui se borne à
extraire de chaque fleur le peu de
miel qu’elle contient, en négligeant
tout le reste. Mais cette tâche qui
serait certainement très douce pour
nous , pourrait bien n’ètre également du goût de ceux qui à l’agréable veulent joindre l’utile, et l’on
finirait par dire de nous qu’en cherchant le plaisir, nous avons oublié
le devoir. Or cette seconde condition serait pire que la première.
D’ailleurs est-il bien vrai qu’il
y eût danger à laisser notre monde
aller quelque temps comme il peut?
— Nous sommes presque porté à
croire que, vu les circonstances où
nous nous trouvons, il y aurait
avantage à ce qu’il en fût ainsi.
Outre qu’il y a des gens, et des
choses qui gagnent à mijoter un
peu dans leur jus , l’absence d’un
censeur de profession déciderait
peut-être, le public à se servir de
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ses propres yeux , ce qui serait,
sans contredit , un grand bien. —
Ajoutez que pour voir comment va
le monde , il faut lui laisser quelque liberté : on ne s’aperçoit qu’un
homme est boiteux que lorsqu’il
marche.
Enfin, tout en remerciant encore
une fois notre correspondant de
nous avoir fourni une occasion d’exprimer notre sentiment au sujet de
notre feuille, nous lui dirons, pour
en finir, que même à supposer
qu’elle dut cesser de paraître , ce
qu’on saura bientôt, il faudrait toujours se souvenir que l’on peut
changer d’armes sans' changer de
drapeau.
B. Tron.
LES \AID01S 4 L4 B4LSILLE.
/'Voir le numéro 30).
Mai 1690. — Si tôt que le 15
de mai fut arrivé, les habitants
de Pragela eurent ordre de retourner à la vallée de St Martin en passant par la Pérouse, pour réparer
les chemins, par où les habitants
de Cesane, d’Oulx, de Bardonèche
et de Sabertrand devaient faire
passer du canon et mener à bras
d’autres munitions de guerre. Le
tout devait servir à battre les vaudois qui s’étaient fortifiés aux Quatre-Dents. Ces ordres ayant été
ponctuellement exécutés, M. de
Feuquières, qui avait le commandement , alla camper à la Balsille,
avec les régiments de Bourbon ,
Reynaud, Artois, et un autre
bataillon dont le nom m'a passé.
En un autre endroit ce fut la mi*
lice d’Auvergne qui était caleuse(?),
et le 21 mai, le régiment de Rouergne , dit Bournarel, monta au
dessus des Quatre-Dents (1).
Ainsi l’on investit les Vaudois
de telle sorte que le 25 mai, jour
de la fête-Dieu, après que j’eus dit
la messe au camp de la Sarre , (2)
on tira le canon, qui renversa
leurs retranchements , et ensuite
on monta à l’assaut avec tant de
vigueur qu’ils furent resserrés à
une roche appelée Pain-de-Sucre.
Je montai après les soldats et j’en
confessai quelques uns qui avaient
été blessés à coup de pierres. Dans
une baraque je vis Mr de Parat,
qui était mort, mais encore chaud.
Je reconnus qu’il avait été tué d'un
coup de pistolet de fort près. A
côté de lui était un méchant pot
de fer avec du bouillon (3).
Le lendemain, comme on croyait
prendre les Vaudois sur la roche
où ils s'étaient réfugiés, on n’y
trouva personne. Ils s’étaient sauvés à la faveur de la nuit. Pour
les prendre , on fit marcher des
troupes par différents endroit ^
mais cela n’était pas aisé, vu l’habitude que les vaudois ont du payset de toutes les sorties et fauxfuyants. — Les bataillons qui les
suivirent de plus près, furent Ar
(1) Ici encore, les dates no semblent pas
exactes; — car les Vaudois avaient déjà
quitté la Balsille le 15 ou le 16 mai, et
le 17 mai, ils étaient déjà audessus de la
Mayère pour se rendre a Angrogne.
(2) Sans doute*, Lassarre.
(3) C’est le lietrtenant-colonel de Parât
qui deux heures auparavant avait dit à
ses gens en leur montrant du doigt la
hutte: « Mes amis, il faut aller coucher
ce soir dans cette baraque ». Il est justed’ajouter que prévenu du sort qui l’attendait, il dit aux vaudois: «je vous pardonne
ma mort ». — (Mfuston et Monastier).
5
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chabeaud (?), le milices de Poudence
et de la Boissière.
Or S. A. ( le duc de Savoie,
Victor Araédée 11) donnait la main
à cette sortie des vaudois , lui qui
avait demandé secours au roi (de
France, Louis XIV) pour les chasser ! 11 se fit connaître peu de jours
après, en déclarant la guerre au
roi et en faisant prisonniers les
dits MM. d’Archaheaud, de Poudence , et la Boissière, qui, ne
sachant la fourbe et se croyant en
sûreté , s'étaient un peu trop avancés. Cette ruse ayant été reconnue,
nos troupes se retirèrent du côté
de Pignerol, pour entrer en plaine
sous le commandement de Mr de
Catinat, ne laissant aux QuatreDents que le régiment de Bournarel avec dix hommes du Pragela.
Plus tard on y envoya plusieurs
ouvriers scieurs de long, charpentiers et maçons , pour faire un logement et des retranchements destinés au dit régiment. Les ouvriers
recevaient quatre sols par jour et
le pain ; mais cela ne dura que peu
de temps et les ouvrages furent
démolis. En se retirant, au mois
de septembre, le régiment détruisit
tout ce qui restait à la Balsille :
les maisons, le moulins et les
blés.
Décembre 1690. — Au mois de
décembre de cette année-là, il fut
ordonné à quatre cents hommes
de la vallée de Pragela d’aller à
la Pérouse , où on leur donna des
pics et des pioches pour les envoyer démolir ce qui ., restait de
bâtiments à l’Envers de Pinaehe,
à St Germain et à la combe de
Turine. Les troupes qui les devançaient pour les soutenir brûlaient
les maisons, et les pionniers démolissaient les murailles.
1691 à 1699.
A partir de janvier 1691 et jusqu’à l’an 1700, le manuscrit de
l’abbé Merlin , ou plutôt la copie
que nous en avons sous le yeux,
interrompt son récit pour se borner
à un sommaire sec et peu intéressant. — Voici néanmoins les faits
qui y sont mentionnés ;
En 1692, incursions des vaudois
en Pragela et val Cesane. En 1693,
les vallées de Cesane et de Pragela
paient une contribution aux vaudois
pour avoir la paix avec eux. Passage de Catinat au Pragela du 26
juillet au 26 septembre. Passage
de MM. les princes Eugène de Savoie , et de Commercy, du marquis de Parelle et de Mr de Caprera.
En 1694, construction du Fort
Mutin par Mr de Richeron, ingénieur de Louis XIV.
En 1695, Fénestrelle est bastionné. Pragela,pour plus de sûreté
continue de payer la contribution
aux vaudois.
En 1696, encore la même contribution, <• malgré Catinat, devenu
alors maréchal de France k. Paix
avec la France, moyennant le mariage du duc de Bourgogne avec
la fille aînée du duc de Savoie.
En 1697, paix de Rysvrick , à
la grande joie des peuples. Le 15
juin et suivants , les Eglises de
Traverses, de Fourrière, de Fénestrelles, de Villaret, de Chateaudu-bois , de Méan et de Bourcet,
sont érigées en paroisses ( quel
progrès ! ) et ce par devant l’abbé
d’Onlx.
6
-4G6
En 1698 , dons de Louis XIV
pour réparations aux églises et
cures , et pour achat de livres ,
de vases, d’ornements.
En 1699, au mois de novembre,
tous ces ouvrages sont achevés.
Le colporteur Ëlienue Lanlaret.
L’œuvre du colportage biblique
en Italie vient de perdre l’un de
ses meilleurs ouvriers. Dimanche
matin , 18 courant, le colporteur
Etienne Lantaret ( frère de notre
Modérateur ) s’est éteint dans la
ville d’Aoste , après une douloureuse maladie.
Depuis plusieurs années il faisait de la diffusion des Saintes
Ecritures son unique occupation,
et l’on peut dire qu’il n’avait
d’autre souci que de répandre la
Parole de Dieu et tous les livres
de nature à la faire comprendre
et apprécier. Sauf le temps qu’il
a passé à Venise, Et. Lantaret a
surtout travaillé au Val d’Aoste,
et de Pont-S*-Martin àCourmayeur,
il n’y a probablement pas une
bourgade, pas un hameau qu’il
n’ait visité à plus d’une reprise,
s’assujettissant volontiers, dans
l’espoir de placer une Bible ou un
N. Testament, aux plus grandes
fatigues et aux privations de toute
espèce. Jamais il n’oubliait qu’il
était colporteur, et même dans
ses rares apparitions au milieu de
nous , qui ne l’a vu le sac au dos,
une Bible et un Nouveau Testament
à la main , visiter ses connaissances et offrir partout sa précieuse
marchandise ?
C’est que, outre la scrupuleuse
fidélité qu’il apportait dans l’accomplissement de sa tâche de colporteur , il savait par sa propre
expérience ce que vaut la Parole
de Dieu. Ayant trouvé dans la
Bible le Rédempteur de son âme,
il prouvait une grande joie quand
il pouvait placer une exemplaire
du Saint Livre. Que si l'on ne
pouvait rien acheter . il offrait
alors de faire pour rien, comme
il disait, une lecture à ceux qu’ils
voyait disposés à l’écouter. Puis
reprenant son ballot et son bâton,
il quittait le hameau , non sans
avoir recommandé aux uns d’apprendre à lire, et aux autres de préparer quelques sous pour le jour où
il reviendrait à eux.
Notre brave colporteur n’était
pas sans culture, et l’une de ses
plus vives jouissances était d’exprimer en vers vaudois ou français les sentiments qui l’animaient.
'Voici, par exemple, quelques strophes qu’il jeta sur le papier, il
y a quelques années, pendant une
maladie dont il pensa mourir. Ce
sont.
Les Adieux d’un Chrétien
PART.iNT POUR LA CITÉ CÉLESTE.
Parents, amis, à Dîeul mon heure approche.
Mon Dieu Sauveur me dit : « il faut partir »
Heureux, heureux, je m’en vais h ses noces.
Au ciel, au ciel, pour aimer et jouir.
Bientôt, bientôt» pour mon cœur plus de larmes ;
Non ! plus jamais ni soucis ni douleurs.
Oh I quelle joie ! ô quel bonheur, quels charmes !
Plus » où je vais, de pénibles labeurs.
J’ai une place au g^rand banquet céleste,
Près d’Abraham et des Saints bienheur§ux ;
J’en suis certain» le Seigneur me 1 atteste,
Ce bon Sauveur me reçoit dans les cieux.
J'ai mérité la mort et non la gloire,
Mais tout puissant est l’amour du Seigneur ;
lljme vainquit, me.contridgnit de croire....
Chantons, chantons, gloire nu Dieu Rédempteur !
7
-407
Ces quelques versets, tout imparfaits qu’on les puisse trouver dans
la forme, suflSsent néanmoins pour
nous dire dans quelles dispositions
est mort notre humble mais vaillant colporteur Etienne Lantaret.
U \IE DE JÉSUS
racontée anx enfants.
Comment s'y prendre pour raconter aux enfants la vie du Seigneur-Christ?
A cette question mille personnes
pourront répondre qu’elles n’ont
jamais trouvé à cela de difficulté,
par la simple raison qu’elles n’ont
pas même eu la pensée d’entreprendre cette tâche
D’autres diront que le plus sûr
moyen de faire connaître aux enfants la vie de Jésus , c’est de la
leur lire telle que la donnent les
quatre évangiles. Rien, disent-elles, ne peut ni ne doit remplacer
ces récits que Dieu a Lui-même
si bien adaptés à toutes les intelligences, à celles des petits enfants
mieux encore peut-être qu’à celles
des personnes plus âgées. — Nous
en convenons; seulement, il faudrait savoir si la lecture, même
la mieux faite, serait bien ce qu’il
y a de plus propre à captiver l’attention des enfants.
Alors, dira quelqu’un, le mieux
sera d’apprendre soi-même par
cœur ce que l’on veut réciter aux
enfants. Quand il ne s’agirait que
d’un récit de peu d’étendue, et
que la reproduction en serait faite
d’un ton suffisamment naturel, il
est clair qu’il n’y aurait rien à
redire à cette méthode , d’ailleurs
très facile.
Mais il est souvent nécessaire
de présenter en raccourci une série
d’évènements, pour en mettre l’enseignement à la portée de l’enfant
encore incapable d'embrasser dans
son ensemble un récit de quelque
étendue. Or cela n’est pas précisément aussi aisé à faire que pourraient le croire ceux qui n’ont pas
été dans le cas de s’y essayer.
Eh, bien, c’est tout juste ici
qu’on fera bien de s’aider, d’un
joli petit livre que vient de publier
à Lausanne l'Agence des écoles du
dimanche sous le titre de La vie
de Jésus racontée aux enfants. Q’on
le fasse venir de Lausanne ( ce
volume de 270 pages coûte franc
1 60), qu’on lise les 73 récits qu’il
renferme, qu’on essaie de raconter
à peu près de la même manière,
et nous osons presqu’affimer que
les enfants écouteront avec non
moins de profit que d’intérêt. Les
nombreuses gravures, toutes soignées qu’elles sont, auront fait
tout ce qu’il est permis de leur
demander, dès qu’elles auront
servi à exciter la curiosité des
enfants et à provoquer leurs questions.
(ÎThront(|U0 polttt(|ue.
Italie. Un décret a retiré de la circulation la monnaie de bronze papale. —
Le ministre de la guerre ayant cru convenable d’enrégimenter dans l’infanterie
les quarante cinq bataillons des bersaillers,
cette mesure a excité une grande agitation
parmi cette troupe d’élite.— Dès le l^jan-
8
—408
vier prochain, le poids de ia lettre sinrple
pour l’Angleterre sera porté de 7 li2 grammes à quinze grammes, pour le même
prix. — Les tremblements de terre continuent dans la province de Forll. — Le
percement du Mont-Cenis va être achevé
d’un jour à l’autre.
Les évêques du Nord de l’Italie ont signé
deux adresses , l’une au roi, l’autre au
pape, au sujet des évènements qui ont
rendu Rome à l’Italie. Ce ne sont que
« gémissements inénarrables, » que tristesses profondes, enfin des angoisses à
fendre l’àme. Malgré tout cependant, l’on
entrevoit à chaque phrase qu’avec le
temps ces Messieurs finiront par se consoler aussi bien que d’autres.
Dans son adresse en réponse au discours
royal, la Chambre des Députés dit au Roi :
« V. M.... a délivré la religion des en
traves mondaines du pouvoir temporel ».
Puis elle ajoute : « Le monde ne vit jamais,
dans l’âge moderne, évènement plus grand
et plus bienfaisant dans ses conséquences».
L’Adresse du Sénat parle de la nécessité
« d’élargir autant que possible la liberté
de l’église, que rien n’empêchera aujourd’hui de se retremper dans les vénérables
traditions des siècles antiques.
La revendication de Rome et de son
territoire au Royaume d’Italie aura augmenté de douze millions le budget de la
guerre pour l’année courante.
France. Phalsbourg et Montmédy
ont capitulé. — Belfort continue à résister
aux bombes allemandes, et les prussiens
auraient [spontanément évacué Dijon. —
Garibaldi, qui est toujours à Autan, n’a
pas accepté la démission de ses officiers.
— Le chef de son état-major est à Bordeaux pour conférer avec le gouvernement
de la défense.
Après Amieus et Rouen, les prussiens
ont pris Dieppe. Mais le gourvernement
français, pour empêcher l’ennemi de s’approvisionner par mer, a aussitôt déclaré
en état de blocus les ports da Féeamp ,
de Dieppe et de Rouen.
Le général ¿pucrot, avec ses cent mille
hommes, est toujours SJV la Marne,, se
préparant à un nouvel effort pour rompre
le cercle de fer qui enserre la ville de
Paris.
Du 13 au 17 courant Blois, Tours, Vendôme et Beaumont ont été évacués par
les troupes françaises. — Le gouvernement
de la défense a mis dans la réserve le général Sol pour s’être trop bâté d’abandonner la ville de Tours, et à la retraite un
autre général pour raison d’incapacité. —
Les généraux Chanzy et Bourbaki tiennent
bon.
On assure que le général Tann a fait
arrêter Mgr. Dupanloup évêque d’Orléans,
pour avoir excité la population contre les
troupes allemandes lors de leur départ de
cette ville.
Allemagne. La Prusse menace
très sérieusement de s’annexer le Luxembourg , qu’elle accuse d’avoir violé la
neutralité. — Il paraît tout à fait décidé
que la nouvelle Confédération germanique
prendra le nom d’Empire d’Allemagne.
R.u.ssle. La Russie appelle sous les
armes six hommes sur chaque mille de
ses habitants ; mais naturellement ce n’est
que pour « remplir les vides ».
REÇÜ POUR LA MISSION DU LESSOüTO
Report de la liste du 16 décem. Fr. 93 50
M“* M. Bonnet, inst. » 1
M' et M'”" J. P. Bons de Còme » 4
M“ Louise Malau de la Tour » 2
M' William Meille étud‘ » 1
M' Jacques Long étud' » 1
Marie Gaydon » O 50
M' P. M. » 5
Et' F. » 1
M' D. Revel, ancien » 1
M' J. J. Jourdan inst' » 1
Total
F. 111
Nota. — Ainsi que nous l’avions dit,
cette souscription extraordinaire au profit
de la mission du Lœssouto sera close Dimanche prochain jour de Noël.
A. Rével Gérant.
Pignerod, Impr. Oiiantore.