1
Seconde Année.
Février 1876,.
N. 7.
LE TEMOIN
«Joixmal do V Égalise Évang’élîqu.o Vaiidoîso
Paraissant chaque Vendredi
Vaut me serez lématne. Acres I. 8.
Suivant la vérité avec la charité.
PKIZ^B b’ABONNlMBMT PAB AB ^ - ■■ ' On s'abonne: à Pignerol au Bureau de l'adItalie L 3 miniatraiion Slaiion ilieol.
Tom Jes pajs àe rUoion àe A La Toor chez H. rtiLLi libraire.
poste (Europe )' . . . »0 A Turin chez M. Goss, via Pio Quinto, b. IS.
Etata-Unis . , » . i 8 A Pomaret che* M. Laktaiist Paal. Dinettur,
Ud Nnnéro fépiré; 10 oentime*.
Apnoocei k la 4.e page 35 cenlimes par ligoe.
Sonamal E'e.
Los Ecoles ils •limanche el la fréquentation ,«)□ culte publie. — Dea.pommo
pour rien. — La conscience. — Le scandale de Saint Elienne. — Correspondance.
— ItevuepsHtique. — Souscription. — Avis.
LES ÉCOLES Bl) DiüAniCHE
et la fréqienUtioa do eilte public
Quelle inslituliou peut se dire plus
exeeilente que celle des Ecoles du dimanche? Qnelte œitvre mérite plus que
celle-là, d’être encouragée et développée par tous les moyens possibles?
Et pourtant, il n’est que trop vraique, tians notre pauvre monde, même
les choses les meilleures, ont leurs
côtés faibles et défectueux, sur lesquels
‘ il faut veiller, si l’on ne veut que ce
qui ne ;devait servir qu’au bien, devienne, par plus d'un côté, un instrument de mat.
Ainsi en est-il des Ecoles du. dimanche.
Malgré le bien très grand que nous
en avions loujours pensé; et l’intérêt
que nous n’avons cessé de porter à
leur développement et à leur propagation, nous leur avons toujours fait,
in petto el par devers nous, Je reproche
de favoriser par leur existence, chez
les enfants qui les fréquentent, si non
l’abandon complet, au moins une fréquentai ion très irrégulière du culte
^iblic dont, à peu près partout ( les
parents eux-mêmes y connivant) l’Ecole
du dimanche nous semblait prendre,
de plus en plus, la place.' Sal en est
réellement ainsi, nous disions-nous à
nous-même, ce fait est un mai, nn
mal très-grave, contre lequel il ii*porlerail de réagir au plutôt et de la
nianière la plus énergique, si l’on ne
veut faire concourir une des inslilulions
les plus Hliles de notre temps à des résnllals souverainenieni déplorables: à ce
résultat, en premier lieu, de diminuer,
dans l’esprit de la génération nouvelle,
l’imporlance du culte public; à ce résultat, en second lieu, de relâcher encore un peu plus les liens déjà si
relâchés de la famille; à ce résultat
enfin de priver nos enfants — quand
ils auront grandi ef se seront éloignés
du toit paternel — d’un des souvenirs
les plus doux et les plus bienraisanls
f)Our leur cœur: celui du temps où,
e dimanche venu, ils se rendaient en
troupe à la maison de Dieu, la main
dans la main de leurs parents, heureux el contents comme d’une récompense , de la permission qui leur en
était donnée. Aussi a-ce été avec une
satisfaction toute pnriicuUëre, que nous
avons vu nos préoccupations et nos
craintes, à cet égard, entièrement partagées par de bien plus compétents que
nous, en pareille matiôré;' par des
hommes qui, vivant dans le pays classique des Ecoles du diiqànche, en
Amérique, sont plus à que personne , d’en discerner éf d’en bîéh
peser, en même temps que les côtés
forts les côtés faibles.
En elîet, il nous est revenu , par
les journaux, que VUnion des Ecoles
du dimanche de l’Eglise méthodiste
épiscopale . réunie , en assemblée générale, à Boston, le 4 décembre dernier — à la suite d’une discussion approfondie sur ce sujet — avait décrété
de transmet Irc à toutes les Eglises par
une circulaire générale, les deux résolutions suivantes , adoptées à l'unanimité:
ti. Attendu que l’absence au culte
public el à la prédication de l’Evangile, des enfants de nos Ecoles du dimanche devient un mal sérieux, les
enfants en étant venus à croire qu’ils
ont accompli tout leur devoir quant
à la fréquentation du culte du dimanche. quand ils" ont été à l’école du dimanche, ensorte qu’ils prennent l’habitude de négliger la maison de Dieu;
» U est résolu que celle conféi'ence
supplie d’un seul cœur et d’une môme
voix, les parents, les pasteurs, les directeurs el les inslrucleurs , de faire
ensemble des elTorts per-'évéranls, pour
obtenir que les enfants suivent régulièrement le culte public; el nous
prions tout parliculiéremcnl les parents
de faire usage de l’autorilé que Dieu
el la nature ont mise entre leurs mains,
pour procurer à leurs enfants, les bienfaits qui résultent de l’accomplissement
de ce devoir ».
> 3. Attendu qu’il est à craindre que
beaucoup de parenis négligent l’instruction religieuse de leurs enfante
chez eux, à cause de ce que l’on fait
pour eux à l’Ecole du dimanche, pervertissant ainsi le but de l’école, car
rien ne peut compenser la perte d’un
enseignement religieux' donné à la
maison ;
» Il est résolu que celte conférence
supplie les parents de ne pas remettre
l’instniction religieuse de leurs enfante
entièrement entre les mains des instructenrs de d’Ecole du dimanche, mais
de les accompagner eux-mêmes à l’école autant que possible ; puis de les
prendre avec eux à la prédication de
l’Evangile, et surtout de leur enseigner
eux-mêmes la crainte ¡[c Dicu_ et fde
leur commiiniqiier^a 'con'nàis^ance de
la vérité dans le cercle de la famille,
et à l’aulel de la famille, dont' l’influence bénie ne périt jamais >.
Considérants pitTfaitement fondés,
résolutions marquées au coin d’une
grande sagesse, que nous nous permettons de recommander insbimment à la
sérieuse attention des membres de notre
%lise et plus particulièrement des parents, ainsi que des amis et promoteurs
des Ecoles du dimanche.
Des ponnes poar riei
Comme je retournais chez moi,
après le travail, je rencontrai au
coin de la rue une marchande de
fruits de ma connaissance. Elle
m’accosta poliment et me montrant
nn panier plein de magnifiques
pommes, elle me dit; N’ai-je pas
là du beau fruit.^ Que dites vous
Monsieur.de ces pommes reinettes?
Et ces calville ? N’y a-t-il pas
de quoi se laisser tenter !
— Elles sont magnifiques, lui
répondis-je.
— Et pas chères, ajouta-t-elle
j’en donne quatre pour un sou.
Voyez comme elles sont grôsses !
2
)6
ÍM Ti^OlN
— Elles 1^1 «Munéfoent à iKm
march^ • /
— Kh bi^l le croiriez #us.
Monsieur, voilà 4eaz èesres
je parcours ce quartier en criant
à tue tête: • Belles pommes rei*
nettes, pommes calvilles tendres .
quatre pour un sou ! * et je n'en
ai pas vendu une seule
— Cela ne m’étonne pas. Vous
êtes ici dans un quartier pauvre
et, ‘faute d'ouvrage , un grand
nombre de familles n'ont pas vu
entrer un seul sou depuis plusieurs jours.
— Mais quatre pour un 'sou !
Et des pommes si balles! Cependant vous avez raison. Monsieur,
s’ils n’ont pas de l’argent ils ne
peuvent pas le dépenser. Patience !
J’essayerai dans un autre quartier.
— Combien voulez vous, Madame, pour votre panier de pommes ?
-— Quatre francs. Monsieur.
Je lui remis la somme indiquée,
qu’elle examina et compta soigneusenient avant de la mettre
dans sa bourse.
— Que dois-je faire des pommes
maintenant ?,
— Je vous paierai pour votre
peine, mais faites moi le plaisir
de parcourir de nouveau ce même
quartier avec vetre panier, en
criant à haute voix : « Des pommes
pour rien ». Venez, venez, achetez
sans argent et sans aucun prix
venez prendre des pommes pour
rien ». Et puis, veuillez en donner
quatre à tout homme, femme ou
enfants qui en voudront.
La marchande me regarda avec
surprise, puis elle prit le panier
et alla son chemin , pendant que
je la suivais de loin pour l’observer.
Elle s’approcha d’abord d’une maisonnette où une grosse femme
mal peignée regardait par la fenêtre.
— Voici une bonne occasion ,
la mère , lui dit la marchande ;
des pommes pour rien ! Vous
n’avez qu'à prendre. Voyez qu’elles
sont belles ? La grosse matrone
regarda les pommes ; puis , secouant la tète en signe d’incrédulité
elle quitta la fenêtre.
— Quelle folle ! dit la marchande , mais ils ne seront pas
tons ainsi. « Des pommes pour
rien, reinettes, calvilles ».
Uu gar$«B «9 ^^ents et ia
tearcliiBûdiP lui dit:
— VImÎs preadre «des pommes,
apportee*en à ta mère, elles «le
coûtent rien , je les donne. Mais
Tenfaot ’se sauva, et la bonne
marchande continua son chemin
en criant : « Pour rien, pour rien,
des pommes •. — Puis elle ajoutait à voix basse ; Oh les fous !
Vous perdez une occasion unique,
d'avoir des pommes pour rien. La
pauvre femme ne trouva pas une
seule personne qui voulût de ses
pommes , et retournant vers moi
elle me dit :
— Vraiment, Monsieur, je ne
sais que penser, il paraît que
tout ce monde a perdu la tête.
Refuser de si beaux fruits qu’on
leur offre gratuitement.... Est-il
possible ?....
— Nous allons essayer de nouveau, lui dis-je , j’irai avec vous
et nous crierons tous les deux.
Je commençai : « Voulez vous
des pommes, je vous en donne à
tous, vous n’avez qu’à les prendre ».
Ils entendirent ma voix qu'ils
connaissaient, et sortirent de leurs
maisons , par troupes de trois ,
quatre, jusqu’à six personnes. Je
tendis à chacun quatre pommes ,
et en un clin d’œil le panier fut
vide. Mais la foule affamée ne cessait pas d’arriver, et je fus obligé
de leur dire : Il n'y a j>lus de
pommes pour rien. Parmi les plus
contrariés, je distinguai une grosse
femme qui criait avec aigreur et
véhémence :
— Pourquoi n’y en a-t-il plus
pour moi ? Ne suis-je pas aussi
bonne que les autres ? Mes enfants
n’en ont-ils pas autant besoin que
les leurs ?
Sans me donner le temps de
répondre, la marchande s’avança
en disant :
— C’est précisément à cette
femme là que les pommes ont été
offertes tout d’abord, mais elle
s’est détournée et n’en a pas voulu.
— C’est que , répondit-elle je
ne croyais pas que vous les donneriez.
— Vous vous en allez donc sans
pommes à cause de votre incrédulité. 11 fallait croire quand je
vous il’ai dit, maintenant c’est
trop tard,lôooï\e nuit. Elle s'en alla.
11 se peut que tu penses, cher
lecteur, qu’à leur place tu aurais
été phn ««ge et‘ «oins incrédule. Miis en es-tt bien sûr f
Ës-ta bien eûr que tà folie et ton
incrédaiiié ne povesent pas à
perÿe sans retour des biens inûniment plus précieux qui te sont
offerts gratuitement? L’incrédulité
de ces pauvres gens leur à coûté
la perte d’un aliment agréable.
Mais sais-tu, lecteur, ce que pourrait te coûter ton incrédulité, ton
mépris de ce qu’on t’offre?
Dieu t'a envoyé ses serviteurs
pour t’offrir de sa part le pardon
de tes péchés, un pardon gratuit.
Le Tout Puissant te fait offrir
gratuitement la paix de ton âme,
la réconciliation avec Lui par
Jésus-Christ. L’Eternel l’a fait offrir à plusieurs reprises le salut
gratuit. Qu’as-tu répondu , cher
lecteur? T’es-tu au moins donné
la peine de répondrequelque chose ?
As-tu au moins examiné le trésor
que le Seigneur te fait offrir ? Ou
bien t’es-tu détourné de l’Evangile,
de l’offre de Dieu avec un cœur
indifférent et incrédule ?
Pense, cher ami, à cette foule
affamée qni aurait accepté les pommes lorsqu’elle comprit qu'on les
donnait réellement. Mais c’était
trop tard, et elle dut s’en retourner avec le chagrin dans le cœur.
Ils n’ont perdu que des pommes,
mais toi tu pourrais perdre le
paradis que t’offre le Bon Dieu.
N’attends pas qu’il soit trop tard.
Accepte dès aujourd’hui le don
de Dieu qui est la vie éternelle.
14 GO.HSGIEKGE
Jean vivait à l’étranger et chaque semaine il échangeait des
lettres avec sa mère qui habitait
dans une ferme au milieu des
collines. En recevant un jour une
lettre, il remarqua que le timbreposte CfrancohoUoJ a&'i&xi pas été
touché par le sceau qui devait
l’annuler et indiquer par là qu'il
était désormais hors d’usage et
ne devait plus être employé.
— L’officier de poste a oublié
d’annuler ce timbre-poste qui est
aussi neuf que s’il n’avait pas été
appliqué sur l’enveloppe. Je m’en
vais donc le détacher soigneusement et l’appliquer sur la lettre
que J’écrirai bientôt à ma mère.
3
Le TÉMptN
S7
, N«8* àji Ja «Aoicwcce, ce
seraH uimirotiiperie, sn vrai larcin;
le timbre-poste a serri pour affranchir une lettre» et ne saurait
être employé pour paye^ le port
d’une autre.
-r- Mais il peut être appliqué
à une autre, rien n’indique qu’il
ne soit pas neuf et l’officier de
poste ne peut savoir qu'il a déjà
servi' «ne fois.
— Mais toi tu le sais, répliqua
la conscience, et cela suffit. Ce
n'est pas honnête que d’employer
deux fois le même timbre-poste.
Il s’agit, il est vrai, d’une petite
somme, mais ce u'en est pas moins
un vol à l'Etat. Il faut être fidèle
dans les petites comme dans les
grandes choses.
— Mais personne n’en saura
rien, hazarda le faible Jean.
— Personne.^ reprit la conscience. Dieu le saura, et Dieu veut
que la vérité habite dans notre cœur.
— C’est vrai, dit Jean, Celui
qui doit me juger le saurait, il
ne pourrait plus m’aimer et me
considérer comme son enfant. Je
n'en ferai rien puisque c'est mauvais.
Avec l’aide de Dieu, Jean remporta une belle victoire, et fut
très content d'avoir écouté la voix
de sa conscience.
f Christian StatesmanJ.
Le scandale de Salai Etieone
On lit, sous ce litre, dans l'O
ptnion
Un de nos collaborateurs a raconté de visu l’enterrement des
pauvres victimes du puits Jabin,
à saint Etienne (France).
Dans cette scène, émouvante
s’il en fut, un détail révolte la conscience. Tenez, avant d’en dire plus
long, il vaut mieux rappeler le fait,
ensuite on jugera.
Les bières des malheurex, qu'on
a pu exhumer de la mine , gont
étendues dans la cour de l’hôpital
du Soleil. Toutes sont recouvertes
d’un drap mortuaire, toutes, excepté neuf, qui reléguées dans un
coin, apparaissent nues, avec leur
quatre planches de sapin, exposées
sans honneur à la neige tombante.
Pourquoi celle uistinclion 7
Ce sont des protestants. Et ces
infortunés qui ont succombé dans
-Je même péril, dans.la aèiae: mortelle communion, côte-à-cfité avec
les antres victimes, les soeurs de
charité les ont jugés indignes de
partager dans la cour d’un établissement publie les soins de piété,
disoes mieux, de décence élémentaire, qn’elles rendent aux cadavres
catholiques. Il faut que les pasteurs protestants reclament, parlementent, il faut que la légitime
indignation de tonte l’assistance
intervienne. Alors les soeurs finissent par trouver des draps mortuaires pour les neuf protestants.
Remarquons qu’il ne s’agit pas
d'nn enterrement ordinaire. Quand
un hérétique, un schismatique ou
un excommunié meurt dans son lit.
de sa belle mort, on comprend à
la rigueur que les catholiques lui
refusent tout honneur, même celui
du drap noir; mais ici, en face
d’une si effroyable catastrophe,
quand le feu grisou a frappé sans
pitié et sans distinction, comment
pent-il vefiir à l’idée que les uns
sont catholiques et les autres protestants? Comment établir des différences, entre cadavres également
mutilés f
Remarquons encore qu’une scène
aussi douloureuse a lieu dans un
hôpital public. On se demande conimeut les administraleurs de l’hospice, comment les autorités civiles
n'ont pas eu connaissance du scandale et ne l’ont pas empêché.
Quant aux sœurs mêmes de l’hôpital du Soleil, nous les écartons
de ce débat, malgré le triste rqle
qu’elles paraissent avoir joué. Nous
les croyons pleines de tendresse
et de dévouement pour les misères
humaines. Ce qu’il faut se demander, c'est : comment des femmes ,
vouées, par vocation aux pratiques
de la charité, peuvent-elles arriver
à ce degré inouï de fanatisme?
Qui donc accuser, si ce n’est l'enseignement qu’elles reçoivent, si I
ce n’est le fanatisme clérical en
personne? Qu’on y réfle'chisse bien;
le fait est significatif. Le parti
clérical aspire à accaparer l’ensei- |
gneraent national; le scandale de :
saint Etienne montre comment il |
entende , comment il applique la ,
la première des vertus sociales, la
charité, la fraternité, même devant :
la majesté de la mort. ’
(Journal do Genôvc ). ¡
Corre0f<m^nce
R«id«, 1« If février tS76.
Cher el honoré Montieur le DirecUur,
11 serait très intéressant et instmctif
à la fois de pouvoir faire une étude
comparative des prédications calholi
3nés de nos joum. Malgré la rigueur
U mol d’ordre qui préside à toutes
ces prédications et qui limile la liberté
de parole des orateurs, que de difléreaces que de eontindictions même ne
Eotirraii-on pas encore y relever ?
a conscience, quelque éloulTée qu’elle
puisse être., y fait de temps à autre
entendre encore sa voix; et la vérité
chrétienne semble encore essayer d'y
tronver place. C’est la réfiexion quo
m'ont suggéiée deux discours que j'entendis, il y a quelques semaines, dans
l’Ëgltse de S. Andtva délia Voile. Cha
3\ie année on célèbre solennellement
ans cette Eglise (qui se trouve tout
grés de l'emplacement de la salle du
énal dans laquelle fui tué Jules César) ce qu’on appelle l’Ollavario de
l’Epiphanie; c’est-à-dire que pendant
huit jours, à dater du 6 Janvier, il y
a des messes d’après les différents rits
( latin , niarronile, grec et chaldéen )
et des pr^icalions en différentes langues ( italien;, français, allemand, anglais, polonais, espagnol). Un des
[irédicaleurs italien était cette année
e Père Mauro de Pei’iigia, qui jouit
d’une assez grande réputation comme
orateur. Un jour qu’il piéchail sur les
Mages d’Orient il entreprit d’expliquer
à son auditoire pourquoi l’étoile qui
avait guidé les mages disparut (est-ce
bien sùr ? ) à leurs yeux lorsqu’ils arrivèrent à Jérusalem. Or voici quelle
fut une des explications qu’il crut devoir avancer: c'est que Jérusalem était
la dépositaire des Saintes Ecritures cl
que là où il y a les Saintes Ecritures
tl n'y a pas besoin d’autre guide ¡mir
aller à Jésus-Christ!
J’avais peine à en croire mes oreilles, el pourtant j’étais assez près de
l’orateur pour ôtie plus que sûr d’avoir bien entendu. Plus lard le voil.’t
disant à la foule de scs auditeurs:
« Ouvrez les Saintes Ecritures... vous
liouverez à chaque page de leurs livres prophétiques des déclarations annonçant le règne de Jésus-Christ, règne
non point terrestre mais céleste, non
point temporel mais spirituel.
Comnie on voudrait dans ces occasions-là pouvoir prendre la parole
après foiateur cl iiivilci' le public à
tirer les conséquences des vérités énoncées... par mégarde peut-être.
Un autre jour c’était un archevêque
français ( Mgr. De Langelieiïe, archevêque d’Anch ) que j’écoulais dans cette
même Eglise. Eu entendant ce vieillard, à la figure douce cl bienveillante
cl à la parole simple el presque familière, prèclicr sur la cliarilfi que doit
nous inspirer le rnyslcrc de rincarnalioii, il me seniblail par moincnls as-
4
28
Le TÉMOIM
sisler à la prédicalion de tel d’enlre
mes vénérabiis collègues à"'* cheveux
blancs; mais que d’incongruités dans
ce discours, que de jets de lumière
enveloppés bientôt d’un voile ténébreux,
et comme l’on sentait bien que la vérité biblique aurait voulu se taire jour,
mais qu’elle devait céder devant les
exigences de l’enseignement traditionnel et de l’aulorilé prétendue infaillible qui siège de l’autre côté du Tibre!
Jugez-en par ces quelques phrases que
j’ai notées: t la foi est la base de
notre jusliûcation, la charité en est le
(amplement ». — «Le Dieu des chrétiens, le Dieu surtout des catholiques,
c’est le Dieu qui aime toujours , qui
pardonne toujours jusqu’au moment
où lej dernier soupir ail jeté le pécheur au pied de son trône ». —J’aurais le cœur des anges |à offrir à Dieu
pour obtenir son pardon) le cœur des
séraphins, le cœur de Marie ce ne serait pas assez ! J’irai au cœur de Jésus,
je prendrai le cœur de Jésus et je
l’offrirai à Dieu ! »
Ce prélat malgré son admiration pour
la Rome papale qu’il proclamait être
l’océan de l’amour et malgré son admiration plus grande encore pour le
Pape lui-même qu’il proclamait être
le phare de cet océan, n’avait pourtant pas encore renoncé à considérer
Jésus Christ comme l’essentiel dans
l’œuvre de notre salut. Dès lors il y
a lieu de se demander comment il aurait pu donner la main d’association,
dans l’unité de la foi catholique à cet
autre prédicateur que j’entendis quelques jours après dans l’Eglise de San
Andrea delle Frotte, comble d’auditeurs, terminer un panégyrique de la
Madonne en s’écriant : e se Maria non
ci salva, chi ci salverà?..,
El que l’on ne s’imagine pas que
celle adoration croissante de Marie soit
seulement le fait du bas peuple. Un
des personnages les plus distingués de
Rome, le Prince Torlonia, qui a reçu
tant d’honneurs, môme de notre Gouvernement pour avoir su conduire à
bon port l’œuvre gigantesque du dessèchement du lac de Fucino, fait maintenant — à ce qiie disent les journaux
cléricaux — élever à une image de la
Vierge dans l’Eglise de Santa Maria
délia Vittoria, un autel qui lui coûtera
la bagatelle de Irois-cenl-mille francs !
Après tout il ne faut pas s’en étonner,
puisque le Pape lui-même s’honore
d’èlre le Pontife de l’immaculée.
Garibaldi a jugé bon de faire un
discours ultra-républicain et le iisc a
jugé bon de séquestrer les journaux
qui l’ont publié. Ce qui’ surprend le
plus, à ce sujet, ce que l’illustre patriote qui vient de proclamer « qu’il
» ne peut y avoir de Gouvernement
» honnête s’il n’est républicain » ait
pu lui, comme député au Parlement
jurer fidélité au Gouvernement monarchique 1 \
Que Dieiî continue à protéger notre
chère Italie, car si son avenir ne devait dépendre que des hommes, il of
frirail ^raiment trap de .sujets de
crainte. - >
¿Agréez, ßh.
J. Weitzecker pasletii\
fiou)ieiks reltgtcuees
MtB Jo9t0 dM monéie. — Que de
gens ont peur du joug aisé de JésusChrist et reculent devant les sacrifices
Sue l’Evangile pourrait leur imposer !
ais le monde soumet ses enfants à
un joug qui devient de jour en jour
plus dur, sans leur offrir le même secours et les mêmes compensations que
le Seigneur. Ecoulons a ce sujet la
déclaration d’une personne qui le connaît bien.
a Dans le monde, dit Georges Sand,
il faut n’avoir jamais d’empêchement
quand il s’agit d’être agréable ou convenable.... 11 faut avoir une volonté
de fer, surmonter le froid et le chaud,
la soif et la faim, les grandes souffrances aussi bien que les bobos. Le monde
n’est pas, comme se l’imagine la jeunesse , un palais de fées où l’on vit
pour son plaisir. C’est tout au contraire un lieu d’épreuves-, où tous
les besoins, tous les désirs, toutes les
répugnances doivent être surmontés
avec un véritable stoïcisme, quand on
a un but ; et quiconque n’a pas de
but est un sot personnage ».
WieaMce. — Des 300 membres dont
se compose le Sénat ou Chambre haute
de la République française, le Protestantisme n’en revendique pas moins
de 19, c’est-à-dire à peu près le quinziéme, proportion considérable, si l’on
réfléchit que les protestants sont aux
catholiques, en France, comme 1 est
à 70.
Eetme poUticjuc
Miaëitf. — Sa' Majesté Victor-Emmanuel avant de partir pour Naples ,
a eu un long conseil des Ministres et
s’est informé d’une manière détaillée
des affaiies du Gouvernement et spécialement de la crise financière qui
afflige la Sicile , cette île si riche et
si productrice, qui se trouve dans ce
moment arrêtée dans le développement
de son industrie et de son commerce.
On attribue nu comte Cavour ce
mol : « Entre le ministère et le pays
il y a pendant que le Parlement est
clos, comme un nuage épais#. De là
en effet les discussions interminables
et sans issue sur l’achat des chemins
de fer, et, à propos de la banqueroute
de la Trinaoria, sur l’anticipation des
cinq millions que le Gouvernement a
faite à celle société, selon les uns, à
l’instigation de la gauche, selon les
autres, à celle de la droite.
Une question qui fait aussi du bruit
pendant ces derniers jours dans les
journaux deiTurin et même de Rome c’est
la clôture des cours deJ’Ecole des in
Sénieurs du Valentin à Turin, à cause
U refus des étudiants de subir les
examens trimestriels prescrits par le
nouveau réglement.
M. Sella est parti pour Vienne afin
de régler la question de la séparation
des chemins ue fer de l’Autriche méridionale d’avec ceux de l’Italie ; il
serait aussi chargé de régler quelques
points difficiles du nouveau traité de
commerce.
— La diète allemande
a voté le projet de code pénal ; à la
troisième lecture, elle a adopté les
deux articles, d’abord repoussés, concernant les abus du clergé dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de
ses fonctions; l’article 130 du code punit par deux ans de réclusion l’ecclésiastique qui, traitant quelque sujet de
politique troublerait la paix soit en
présence d’une multitude assemblée ,
soit dans une église, soit dans tout
autre local destiné à des réunions religieuses. Bismark a pris part à la
discussion.
Turquie. — La Turquie a notifié
aux représentants des diverses puissances étrangères à Constantinople ,
3u’elle accepte et met en pratique
ans les provinces insurgées les réformes qui lui ont été proposées par
la note d’Andrassy.
ÆêgnaffÊ»«. — Contrairement à ce
3ue nous avions annoncé, sur la foi
’un journal. Don Carlos résiste encore,
rnais*rinsurrection est considérérî en
suite des derniers succès des Alphonsistes, comme à moitié vaincue et réduite à se concentrer sur deux points :
Estella et Tolosa. Les partis les plus
exlr^es conseillent 5 don Carlos de
se retirer et de laisser aux généraux
le soin de capituler.
SOUSCRIPTION
POUR LE MONUMENT DU D* J. P. REVET.
Total précédent Fr. 292 85
Cav. F. Bafoue............» 3 —
Total
Fr. 295 85
Avis.
Une jeune fille vaudoise de l’âge de
15 à 16 ans, pouvant fournir de bons
renseignements sur son compte, ayant
I terminé son instruction primaire, dé! sire être placée comme bonne d’enfanis,
si possible dans une famille anglaise
habitant Nice pendant l’hiver. ’— S'adresser au pasteur de Torre-Pellice.
Ernest Robert, üérant et Administrateur.
l’ignorol, Inipr. Chianlore et Masearelli.