1
Année Neuvième,
PHIX D’ABBONNRMENT PÀ}i:JVlf
Italie . , Î4.’^
Tous les pays île l'Uniou
de poste ... * 6
Amérique ... » P
On »‘«bonne ;
^*our Ì'Intérieur clie:^ MM.
pasteurs et les lihriures de
Torre l'ellioe.
Four VExlérieur^xi Bureau d’Administiation.
N. 3
L'ii ou plusieurs numéros eépurés, demandés avant le iirap^e 10 oent uliuoun.
Annonces: 25 ceutin>es par ligne,
Les ennois d'argent se font par
lettre reeommandce < ou par
mandaté sur le Bureau d« Pero»a Argentina,
^-’oiir la RÉDACTION adresser
ainsi ; A la Direcion du Témoin,
Fomareito CPineroJo) Italie,
l’oiir i’ADMINISTRATION adresserainsi ; A l'Administration du
Témoin, Pom?iretto ^Pineroloj
Italie.
LE TEMOIN
Echo des vallées vaudoises
Paraissant chaque Vendredi
Vous itts seret témoins. Actks 1, 8,
5i£îWft«iZ£i t'ct'iié iXVÉO ia fharUé.,'’Ks‘. 3,15
Sommaire.
19 Jaiivipr. — Correspondance. — Une
nouvelle publication sur les Vauiiois. —
Départ de deiiv riiissionriaires, — Electorat politique. — Annonces.
lO Janvier*
Tu leur prono^iceras mésparoies,
soit tju'ils écoutent, ou qu’ils n’en
fassent rien : car ih ne sont que
rébellion. Ezech. ii, 7.
«Avant que je fusse affligé j’allais à travers champs, a dit le
Psalniiste, (HO,* 67), mais ruaiuteuant j’observe ta parole ». C’est
l'expérience qu.e fait toujours encore J'homme pieux, qui, par imprudence ou par faiblesse, abandonne momentanément le droit
chemin. S’il ne s'y laisse pas reconduire par la voix de sou Dieu,
la verge paternelle l’y ramènera.
La verge du châtiment n'a rien
produit de pareil chez les hommes
auxquels le prophète Ezéchiel reçoit la mission d'annoncer laparole de Dieu. Arrachés violemment de leur patrie par le grand
Nébucadnèzar, ils avaientt été ransportés en Mésopotamie et établis
sur les bords du fleuve Chébar.
Mais celte épreuve, l'une des ’plus
douloureuses qui puissent être infligéesà U33 peuple n’avaient en rien
modifié leurs sentiments et leur
conduite à l’égar.d du Dieu de leurs
pères. Comme ils avaient été rebelles à la voix de Dieu qui leur
avait long temps parlé par la
bouclie de Jérémie , attirant enfin
sur eux par leur révolte obstinée
un terrible jugement, ainsi le sontils encore an pays de leur captivité ; aussi celui qui sonde les
cœurs déclara-t-il à son prophète
qu’ils ne sont que rébellion.
Il était nécessaire que le serviteur de l'Eternel fût prévenu.,
dès le début de sa mission de
prophète, qu'il n'aurait pas à faire
à des hommes disposés à prêter
une bienveillante attention à son
message, afin qu’il ne se laissât
pas aller au découragement. Tout
comme il n’est pus agréable de
travailler toute la nuit sans prendre
,un seul poisson, il ne l’est pas
d’avantage d’étendre tout le jour
les mains, ou même pendant de
longs jours vers un peuple rebelle
et contredisant Le succès est dans
les mains de Dieu, le travail est
l’obligation de son serviteur. Paul
2
. 18..
plaDte, Apollos arrose, mais c’est
Dieu qui donne l’accroissemeiit.
Une chose est du moins certaine,
c’est que tout travail accompli
humblement et fidèlement à sou
service, ne sera pas vain auprès
du Seigneur.
Il n’en demeure pas moins vrai
que la perspective de n’être pas
écouté par ceux auxquels on apporte la parole du Seigneur, ou
l’expérience déjà faite de l’insouciante légèreté de ceux auxquels
on a annoncé la loi sainte et l’Evangiie du salut, ne sont pas faits
pour donner de la joie et du courage. ToLitefoisValors comme aujourd'hui, il faut, à la voix du
Seigneur, jeter encore le filet de
la parole avec l’espérance d’y enfermer enfin au moins quelques
poissons.
Avec un indomptable courage ,
égal à celui de son contemporain
Jérémie, avec une énergie de langage qu’aucun autre n’a égalée,
Ezéchiel s’est acquitté de sa mission non seulement auprès de ses
compatriotes déjà établis en Mésopotamie, mais aussi envers les
juifs de Jérusalem qui par leur
idolâtrie , aussi bien que par leurs
divisions fratricides devaient bientôt attirer sur eux la colère redoutable de Nébucadnezar et sur
la ville sainte une destruction
complète.
Pendant longtemps son ministère paraît avoir été sans fruit,
ce que prouve l’énergie croissante
de ses reproches et de ses menaces. Les anciens de son peuple
s’assemblaient bien^ auprès de lui
dans sa propre maison (xiv, 1, xx,
1) pour l’interroger, môme on venait en foule auprès de lui soi
disant pour s’enquérir des parole.? de l’Eternel (xxxiii, 30-31},
mais ils ne les mettaient point en
effet, et ils les répétaient comme
si c'était une chanson profane,
car leur cœur marchait toujours
après leur gain déshonnête. Et il
y avait bien des années déjà que
Jérusalem avait été détruite, sans
que cette catastrophe nationale
eût rendu plus sérieux ce peuple
léger èt charnel.
Toutefois si Dieu commande à
son prophète dé porter sa parole
à ce peuple, sans se préoccuper
de l'effet qu’il produirait, c’est
parcequ’il ne l’avait pas abandonné, qu’il avait à son égard des
pensées de miséricorde, qu’il voulait, après l’avoir fait passer par
le creuset de l'épreuve, le rétablir
encore et se glorifier en lui. Et
d'ailleurs, si, aux , plus mauvais
jours du royaume d'Israël, alors
que découragé et abattu , Elle pensait être demeuré seul prophète
de l’Eternel, il lui fut révélé que
Dieu s’en était réservé sept mille
qui n’avaient pas fléchi le genou
devant Baal, ainsi sur les bords du
Chébar tout n’était pas absolument
mort. Le prophète est chargé de
dire à ses compatriotes assemblés
auprès de lui; que Dieu leur avait
été un petit sanctuaire dans les
pays auxquels ils étaient venus,
(xi, 16). Et si pendant bien des
années Ezéchiel a dû constamment
lutter contre le matérialisme et la
légèreté de ses comp.ngnons de
captivité, s’il a dû leur adresser
de dures répréhensions et de terribles menaces, le temps est venu
aussi, par la grâce du Seigneur,
où il a pu leur annoncer de bonnes nouvelles, les consoler par
de glorieuses promesses et se
réjouir lui-même du changement
bienheureux que la parole du Seigneur avait produit autour de lui.
L’ordre donné au prophète dès
le commencement de sa carrière
prophétique, est essentiellement
le même qui est donné au ministre
de la parole. Il doit la prêcher en
toute occasion , soit qu’on l’écoute
ou qu’on n’en fasse rien , ne négligeant aucun des moyens honnêtes ,
pour se faire écouter ; il faut que
sa parole soit assaisonnée de sel
3
.19.
avec grâce et propre à procurer
la grâce à ceux- qui l’enteadent.
Il est naturel qu’il s'attriste et
s’afflige lorsque la parole de Dieu
ne trouve aucun accès dans les
coeurs, qu’il gémisse de l’endurcissement de ses auditeurs et qu’il
demande avec larmes au Seigneur
d’en briser lui-même la dureté.
Mais l’insuccès ne doit jamais l’abattre, puisque le succès est
dans les mains de Dieu, et non
dans les siennes. Et comme dans
certaines batailles célèbres la défaite qui semblait certaine s’est
tout-â-coup changée en éclatante
victoire, il en est plus d’une fois’
ainsi des combats qui se livrent
au service du Seigneur. Que fautil pour allumer un vaste incendie?
Une étincelle. Ainsi le souffle de
l’Esprit peut vivifier eu un moment tout ce qu’une longue prédication de l'Evangile a amassé
de matériaux propres à recevoir
et à communiquer ensuite la lumière et la chaleur.
(ÎTorrcoponbancc
.... IS janvier
Mon cher MonsieAU',
Malgré la neige qui ne semble pas
vouloir nous quitter de si tôt, le
journal rn’esl arrivé plus tôt qu’à
l’ordinaire, et j’en suis enchanté soit
pureeque je le iTs toujours avec plaisir, soit pareeque j’ai ainsi tout le
temps nécessaire pour préparer une
petite lettre que vous pourrez publier
dans le numéro de la semaine prochaine, après l’avoir revue, corrigée
et même augmentée, si vous jugez
qu’elle en vaille la peine.
A propos de la lecture du Témoin,
je n’ai pas encore pu comprendre
comment il y a des villages entiers,
et non des pins petits, ofi il n’entre
jamais. Je ne parle pas du mien qui
compte un bon nombre d’abonnés.
Aux observations que j’ai souvent eu
l’occasion de faire à ce sujet; on
m’a répondu: « Que voulez-vous ? On
ne lit pas, le goût de la lecture
manque entièrement. Et quand je répliquais: «pas même la Bible » on
nalbutiait une réponse très embarrassée. « Quel exemple ou quels ehcoura,gemcnts donnent l’ancien et le
pasteur?» «Voilà, ils disent, qu’on
devrait lire ». — Je me garderai biei\,
de faire un crime à qui que ce soit,
de ne pas être abonné au Témoin,
pareequ’il n’est évidemment pas dugoût ae tout le monde, puis aussi
pareeque, de temps à autre, il punlie mes lettres. Mais ce que je ne
crains pas de soutenir, c’est que quiconque, dans nos Vallées, où les livres saints et les meilleurs livres d’édification abondent, n’a aucun goût
pour la lecture, ne mérite ni le titre
de chrétien ni le nom de vaudois.
Une chose m’étonne aussi grandement, et c’est l’absence, on la grande
rareté des communications que vous
recevez de nos différentes paroisses.
Il nie semble qu’il y aurait profit
pour tout le monde si, deux ou trois
fois par an, chacune d’elles par le
moyen du pa.steur ou du régent paroissial , ou de telle autre personne
intelligente, disait un peu ce qui se
passe chez elle. Je ne veux pas me
trahir, en le leur disant, mais je suis
sûr que vous rendriez volontiers à
chacun de ces correspondants (je ne
parle pas des pasteurs, ni de quelques autres) le même service que
vous me continuez depuis quelques
années.
Si je me suis arrêté un peu longtemps sur ces deux observations, c’est
autant pareeque je les avais sur le
cœur, que par la raison que ce que
je m’étais proposé d’écrire tiendra
probablement peu de place.
11 y a assez longtemps, grâce à
Dieu , que les choses vieilles et les
choses nouvelles dont vous nous avez
enlretenu.s clans vos deux dernières
articles, sont l’un des^sujets les plus
importants de mes méditations solitaires. Ma propre expérience me confirme chaque jour d’avantage dans la
4
— ÎO.
conviction que si, quelque fois notre
force est de nous tenir tranquilles,
ce n’est pas en nous croisant les brps
que nous faisons des progrès dans
la vie nouvelle. Pour vaincre dans la
longue et rude bataille qu’il nous faut
soutenir, il est nécessaire que nous
soyons revêtus de toutes les armes de
Dieu et non pas seulement d’une
seule, le casque du salut, ou l’épée
de l’esprit. Comme l’ennemi de nos
âmes nous assaille de tous côtés et
par toutes sortes de moyens, nous
/devons aussi lui faire face,de tous
les côtés et le repousser par lous'les
moyens. Je voudrais faire part à mes
frères d’une découverte que j’ai fiile
et leur indiquer un moyen lrès-.simple
et très efficace de surmonter quelques
unes des tentations qui s’approebent
très fréquemment de nous.
Mon enfance et ma jeunesse ont
été ce que vous savez, c’est-à-dire,
ce qu’elles étaient très gériéralemenl,
il y a 30 ou 40 ans. J’avais peu d’imagination, une inlclligcnce médiocre,
mais une mémoire excellente. J’ai
appris de bonne lieiire une foule de
choses, comprenant très peu les meilleures, mais trop bien les mauvaises,
surtout les récits malséants que l’on
ne craignait pas plus alors qu’atijourd’hiii, de faire en présence des
enfants. — Un nombre considérable
de chansons stupides ou légères,
d’anecdotes burlesques ou malbonnèles , se sont logées dans mon cerveau,
d’autant plus sûrement que j’avais
soin de les remémorer souvent. —
Or voici ce qui m’est arrivé plus lard
et qui m’arrive même maintenant. —
Lorsque par la grâce de Dieu j’ai
appris à connaître des choses infiniment meilleures et en complète opposition avec ces olioses vides ou
mauvaises, j’ai en une peine extrême
à oublier les premières et à imprimer
ces dernières dans ma mémoire, devenue déjà, l'aiile d’exercice, beaucoup moins complaisante. Il m’arrive
donc, même après bien des années
d’efforts, que ce.s vieilleries frivoles,
aussi bien que des images détestables, se présentent d’elles-inêmes à
mon esprit, et me rappellent, à ma
confusion, que les choses vieilles ne
sont pas encore passées. J’ai beau
dire alors: arrière de moi Satan! il
ne remue pas et continue à me réciter
ses sottes liisloires. Savez-vous ce que
je fais aloi's et avec quelle forme de
la prière je parviens infailliblement
à chasser celte vision malsaine ou
simplement absurde ? A ces vieilles
histoires propres, non à édifier, mais
à ruiner, à ces couplets ridicules ou
mauvais, que ma mémoire me rappelle, j’oppose immédiatement quelque strophe de nos beaux cantiques,
quelque verset de nos psaumes ou
quelque récit biblique qui ne tarde
pas à me faire oublier tout le reste.
Châciîii sait que l’ennemi de nos
âmes ne se laisse pas rebuter et chasser définitivement par un premier
échec; aussi faut-il quelquefois continuer assez longtemps le système de
défense dont ¡’ai parlé Et d’ailleurs,
il n’est pas h l’usage de tout le monde.
Comment voulez-vous qu’un pécheur
assailli par l’ange de la chûle, dise
â Satan: «il e.st écrit, » s’il ne sait
pas ce qui est écrit? Ou comment
repoussera-l-il une chanson inallionnête, par un verset de chant sacré,
si jamais il n’a ou le moindre souci
soit d’apprendre le chant sacré (cela
ne vient pas tout seul!) soit de grâver
dans sa mémoire les paroles d’un
cantique ?
Aujourd’hui encore, comme aux
temps du roi Saül, le chant religieux,
avec ou sans accompagnement de la
harpe, chasse, au moins pour un
temps, les mauvais esprits; comme
la parole de Dieu est dans les mains
de celui qui est exercé à s’en servir,
l’épée à deux tranchants à laquelle
nul adversaire ne peut résister. I! n’y
a ni résistance .sérieuse, ni victoire
possible, pour celui qui ne sait employer ni l’un ni l’autre de ces deux
moyens ; mais j’ose promettre que
quiconque a appris à s’én servir avec
prière no sera jamais confus.
Tous les chrétiens le savent, j’ai
pourtant pensé ati’il pouiTaii être
utile de le rappeler ; en particulier
l’usage du chant sacré qui est la rau-
5
-21 ......
sique, je pense, que Satan a le plus
en horreiu’.
La neige a continué à tomber pendant les quatre ou cinq heures que
j’ai employés h écrire ma lettre. Nous
sommes menacés d’en avoir plus que
nous n’en voudrions. Que Dieu ait
pitié des indigents et des petits oiseaux auxquels la cruauté naturelle
des enfants et la stupidité des paients
font une gliene insensée, que les
autorités tolèrent quand elles ne l’encouragent pas.
Toujours
Voire dévoué
Jacques.
Une nouvelle publication
sur les Vautlois
iie du n“ 49 de
Pendant que se passaient, sur les
rochers cl dans les gorges de la'Balsille les faits que nous avons racontés, d’après la relation du capitaine
Robert, d’autres faits d’une portée
bien autrement vaste, se préparaient
sur un théâtre plus lointain, en
rapport très-intime avec ceux qui
s’accomplissaient aux Vallées.
Le Duc de Savoie, las de porter
le joug de son tyrannique parent,
était en quête des moyens do le secouer et s’était mis, à cet effet, en relation secrète avec Guillaume d’Orange
et d’autres ennemis de Louis XIV.
Celui-ci ne l’ignorait point, et pressentant que le rôle du Duc, dans
celte coalition, si elle aboutissait,
serait de faire — au moyen des Vaudois avec lesquels il se serait réconcilié— une pointe dans scs états, du
côté du Dauphiné, avait fait approcher, à petit bruit, de la frontière
piémontaise, un corps d’armée que
Catinal — de Casale, où il se trouvait, surveillant les Espagnols qui
occupaient le Milanais — avait reçu
l’ordre de commander.
Une lettre de Louvois à ce dernier,
en date du J9 mars 1690, lui donne
les directions les plus détaillées sur
la' manière de se comporter vis-à-vis
du duc, dans cet état de rupture non
encore déclarée, mais qu’il prévoit
imminente. Ce à quoi « sous aucun
prétexte et quoiqu’il arrive « il ne
devra consentir, ce sera (ju’on permette aux Vaudois, rentres dans les
Vallées, d’en sortir « S. M., estimant
qu’il ne convient pas à son service
de donner la liberté à ces misérableslà d’aller rejoindre ceux que ses ennemis projeltenl d’assembler, pour
en augmenter le nombre». Tout ce
qu’il pourra céder, ce sera de « les
recevoir à discrétion». «Et lorsque
S. M. vous permet de les recevoir à
discrétion, conlinue-t-ü, vous devez
entendre qu’elle a résolu de les envoyer aux galères; ainsi vous ne devez
rien promettre qui puisse l’engager
à ne leur pas iiùre ce traitement là ».
Au reçu de ce message, Catinat se
rendit à Turin où , après une longue
conférence avec le Duc, qui se contint et feignit d’entrer dans ses vues
pour ce qui concernait les Vaudois,
il fixa au 2 mai le commencement
des hostilités contre la Balsille. Un
corps de troupe de 800 hommes à
fournir par le Duc et six régiments
fraîchement arrivés de France, par
le Dauphiné, devaient prendre part
à cette attaque; et toutes ces troupes
pour s’emparer d’une position qui
n’avait pas 400 hommes pour la défendre !
Voici pourtant ce que — grâces à
l’étonnante bravoure de cette poignée
de monlagnard.s, mais surtout a la
puissante assistance de Dieu, dont
ils défendaient la cause, — Câlinât
était obligé d’écrire à Louvois, de
son camp, au Pa.sset, à 7 heures du
soir de cette première journée de
l’attaque :
«J’ai l’honneur de vous écrire celleci, monseigneur, avec bien de déplaisir. Nous avons fait aujourd’hui
une attaque aux barbets avec 500
hommes, qui n’a pas réussi. Us étaient
commandés par M. le marquis de
Broc, colonel du régiment de La Sarre,
le lieutenant colonel d’Artois et le liéiitonant colonel de La Sarre. Celui d’Ar-
6
23
lois a eu la cuisse cassée, il est demeuré
sur la place; jenesais encore quepar
ouïdire, qu’il'y a eu de six à sept officiers de tués. Gomme cette action
vient de se passer, je ne saurais encore vous parler juste sur la perle
qu’on y a faite.
» Nous avions sur les hauteurs 1000
ou HOO hommes dont je n’ai point
encore de nouvelles ; mais le long
temps que je les ai vus sans descendre sur les ennemis , quoique nous
ayons entendu une escarmouche de
trois ou quatre heures, me fait croire
qu’ils y ont trouvés de grandes difficultés.
» Cet évènement, » ajoiile-t-il, « me
touche sensiblement, en reconnaissant
la conséquence dont il est pour le service du Roi, dans les conjonctures
présentes (i), si les ennemis, par rupture des sentiers et retranchements
ont rendu impraticable la descente
sur eux , cette affaire deviendra trèsdifficile à finir, et il faut entrer dans
de nouvelles délibérations dont j’aurai
l’honneur de vous informer»,
La lettre se termine par les renseignements que voici : « ,Te viens d’apprendre présentement que M. de Broc
a été blessé légèrement à la jambe,
sans savoir si c’est de feu ou par une
pierre. Je viens aussi d’apprendre que
M. de Parat, lieutenant colonel d’Artois , n’a que la cuisse percée ; que
les barbets ont fait dire que sur parole, on pouvait lui envoyer un cnirurgjen, sur quoi on lui a envoyé
celui de sa compagnie ».
Le lendemain et le surlendemain ,
nouvelles lettres de Catinal à Loiivois,
datées celles-ci.de la Pérouse :
« Je vous envoie, monseigneur, y
dit-il, un mémoire des officiers et
soldats tués ou blessés dans l’action
qui se vient de passer avec les barbets. C'est une affaire dont je me fais
une grande peine de parler... J’ai interrogé un a un les officiers qui ont
été sur la montagne, qui m’ont donné
peu d’espérance que les ennemis puis
(1} C‘est non?» qui soulignouri ici et Ailleurs.
* [Héd.)
sent être attaqués par l’arête qui descend sur le fort. Gela paraît bien tel,
parceqiie l’on a pu voir des montagnes voisines ; ils y ont dix ou vingt
postes sur des rochers eu pain de
sucre, séparés les uns des autres, et
auxquels on ne peut aller que par
une arête sous leur feu ; et supposé
qu’on les eût approchés, c’est encore
une hauteur où l’on ne saurait grimper... Je vous annonce, monseigneur,
que je prévois avec bien de la peine
que l'on pourra être nécessité de tourner
celle affaire en blocus t.
Câlinât ajoute que, vu la quantité
de neige quul y a encore sur les montagnes, et le peu de probabilité qu’elles soient fondues avant quinze jours
ou trois semaines, * il a' pris Îa résolution de reculer un peu les troupes, et de les mettre en endroit où il
soit plus facile de leur porter des
vivres, et où elles aient plus commodément du bois pour les chauffer; il
les a étendues depuis Massel jusqu’à
la Pérouse'... Si, dit-il encore, une
plus grande connaissance de celle
roule après la fonte des neiges, fait
connaître que l’on ne peut pas la
tenir, je ne conçois plus de moyens
de pouvoir "attaquer ce poste que de
bas en haut... Mais j’espère encore
que quand les montagnes seront découvertes de neiges, et qu’il sera praticable que les troupes y puissent
séjourner plusieurs jours, qu’elles
pourront peut-être trouver des avantages sur le terrain que l’on ne connaît point »,
Après avoir annoncé à Louvois que,
— vu la nécessité où il était de se
trouver dès le lendemain à Pignerol
où l’appellaient des affaires très-pressantes,— il lai.sserait Pérouse pour
le remplacer, M. le marquis de Feu(Tuières, de l’habileté et de la valeur
du quel il fait les plus grands éloges
et avec lui le marquis Duplessis Bellière, « auquel il rend le témoignage
d’être bon officier, applique, laborieux
de son corps, et de connaître fort
bien toutes ces montagnes, » il ne
peut s’empêcher d’ajouter, préoecupé
qu’il est de ce qu’il laisse derrière
lui :
7
^/vAy» A Ay« V«^.
-23
« La confiance ffue les ennemis ont
eue de se rassembler el de se tenir
dans leur poste, ayant pu reconnaître
par nos marches de combien de
troupes ils allaient être enveloppés,
me donne une grande inquiétude
qu’elle ne soit bien fondée n.
Dépari de deux missioanaires.
Dimanche dernier 31 décembre a eu
lieu, à'2 h., à l’Oratoire, une reunion
à l’occasion du départ de M. Boegner
directeur de la Maison des Missions
et de M"'® Boegner pour le Lessoulo.
M. le missionnaire Jeanmairet qui va
rejoindre M. Coillard pour l’accompagner au Zambèze, fit ses adieux
au cours de la réunion. Nous lisons
sur ce suiet les détails qui suivent
dans le Christianisme au XIX siècle:
Quoique le jour el le. temps fussent
également défavorables, un nombreux
auditoire se pressait dans le temple
de l’Oratoire. La séance était présidée
par le vénérable docteur G. Monod.
M. Bœgner, avec cette clarté qui
est le propre de son talent, a raconté
comment il avait été amené à prendre
cette résolution. Elle date du jonr où
il a accepté le poste de sous-directeur
de la maison des missions; il lui
semblait impossible d’occuper ce poste,
sans connaître au moins un des champs
de la Mission. Mais la maladie de
M. Casalis et la guerre du Lessouto
avaient entravé ces projets.
Nommé directeur de la maison des
Missions, il vil bientôt les circonstances devenfr plus favorables, la
paix était faite; des amis de Neufchâlel consentaient à s’occuper pour
quelque temps des élèves missionnaires de leur pays, les seuls que
l'enferme actuellement la maison des
Missions; on accordait à M. et M""®
Bœgner réduction de demi-place sur
le paquebot. M. Jousse, revenu d’Afrique, consentait à remplir l’intérim
des fonctions de directeur. M. Mabille,
consulté per télégramme, avait répondu par cette dépêche d’une laconique éloquence: Corne (Venez). Il y
a une ombre à ce tableau : M. et
M™® Bœgner laisseront à Paris leur
jeune fille et c’est là pour eux un
lourd sacrifice. Ce sacrifice, ils l’ont
accepté avec courage, dans l’intérêt
de leur œuvre, espérant apporter qpx
Eglises du Lessoulo et remporter pour
nos Églises quelques bénédictions.
En terminant, le sympathique orateur demande à l’assemblée de le
soutenir, lui et ses compagnons de
route, de leurs constantes prières.
M, Jeanmairet, qui avait repu quelques jours auparavant en Suisse la
consécration des mains de M. Bœgner,
se propose d’accompagner id, Coillard
au Zambèze. Mission pleine de périls
que le jeune missionnaire connaît el
dont il ne paraît pas troublé, quoiqu’il
se défie de ses forces. C’est tout
ensemble pour exprimer combien il
sent sa faiblesse et pour remercier
tous ceux qui ont guidé ses premiers
pas dans la voie où il est entré qu’il
prend la parole
Que dire du reste de la séance ?
Quand M. le missionnaire Jousse chargeait M. Bœgner de ses salutations
pour ses «frères» du Lessouto, quand
d’une voix tremblante le vénérable
M. Casalis donnait aux voyageurs sa
bénédiction, quand M. Dhombres leur
déclarait qu’il enviait leur sort et
qu’il voudrait partir avec eux, quand
M. Appia prenait au nom de l’Assemblée l’engagement de prier pour
eux et d’entourer de son affection
l’enfant de M. et de M'"® Bœgner el
qu’il s’écriait: «Vous direz aux Bassoutos que, pour les leur envoyer,
nous avons cueilli les plus belles
fleurs de notre jardin, » quand M.
Fallot traçait à M, Jeanmairet en
traits rapides et puissants, la tâche
qu’il allait entreprendre, quand une
voix sympathique implorait la bénédiction de Dieu sur ceux qui allaient
partir, nos cœurs étaient touchés,
émus, et nous entrevoyions dans sa
beauté la grandeur de l’œuvre missionnaire.
La séance terminée, nombre d’assistants s’approchent de M. el M™* Bœgner aimsi que de M. Jeanmairet pour
leur exprimer leurs vœux.
8
„„ 24
Les trois voyageurs sont partis le
3 janvier, ils sont accompagnés de
M. Steinheil fils, qui va chercher
dans un changement d’air le rétablissement de ses forces et qui visitera
le Lessouto.
»Que Dieu accompagne nos voyageurs
et bénisse leurs travaux.
G. M.
Ëlec^rat pulilique
Nous sommes au dessous de la réalité en affirmant que, dans l’enceinte
de nos Vallées, il y a encore cinq
cmts hommes ayant les qualités requises pour être électeurs, dont un
bon nombre auraient dû être inscrits
d’office, et dont la plupart ont négligé de demander l’inscription. —
Nous croyons utile de les prévenir
que la loi leur accorde la faculté de
la demander jusqu’au 31 janvier courant. Passé ce terme, il ne suffira
çlus de savoir lire et écrire, d’avoir
été, par exemple, régents d’école de
quartier, mais ils devront produire
un certificat prouvant qu’ils ont subi
les examens de 2® élémentaire.
Il nous semble que nos autorités
communales devraient avoir ;i cœur
d’encourager leurs administrés, û se
prévaloir de la concession faite par
la loi électorale, pour cette fois seulement.
i}oux)0Uc0 trelt(jteu6C0
Angleterre. — La Reine, par l’organe de Gladstone comme premier
ministre, vient d’appelcK au siège ar
chiépiscopal de Cantorbéry, devenu
vacant par la mort du regretté docteur Tait, le doct. Beuson évêque de
Trurq. Les journaux anglais en sus de
sa piété vivante, vantent sa capacité
de travail, son talent d’organisation,
et son esprit conciliant et plein de
cordialité.
A.IS IN O IN O.BS.
Les Temples trAiigrogiie, —
brochure d’une trentaine de pages
en vente au prix de 15 centimes (13
fr. le cent) chez Messieurs Pierre
Gilles, libraire, Torre-Pdlice ; Jacques
Goss, 1.5 via Pio V, Torino; Etienne
Bonnet, pasteur, Anqrogne; et P.
Lantarct, pasteur à Pomaret.
Voici la table des matières contenues dans cet essai historique:
I. Avant les Temples.
II. Les premiers Temples.
III. Histoire des Temples.
IV. Le mur de ceinture.
V. Le.s prédicateurs.
VI. De la langue en usage dans
les temples,
VIL Les nouveaux temples.
On recommande:
Paroles et textes tirés de PEcrlture Sainte pour chaque jour
de l’année 4883, publiés par l’Eglise
des Frères Moraves, 153*’ année. —
Prix L. 1,j0.
^tournai de runîté des Frères,
L. 4,25.
S’adresser à M‘' D. Peyrot Evangéliste à Bordighera, ou à M"® Marie
Peyrot à Luserne Saint Jean.
EN VENTE
A la Librairie Chianlorc et Mascarelli
à Piqnerol, et chez les Pasteurs de
Jm Tour et Pomaret:
Second livre de Lecture française. — Prix: 45 cent, et 45 fr. le 100.
Séries de tableaux de lecture
française. — Prix: 2,70 la série.
E R N EST Ro B E HT, Geran i e / -■! dministrateu r
l’ignerol, lmp. Chiaatore et Mascarelli.