1
Année Neuvième.
f-HIX D'ABBONNEMKNT PAR AN
Italie . . .. li. ' 3
Tous les pa,vK rt«* T Union
^6 poste ... *6
. ; V P
Aiitérique
On s'abonne :
Pour Vlnléi^ieui'
pasteurs et les libratrps de
Torre PellioB. ‘
Pour l'ÂiclériiWfwu Buremi d’Admlnistiation.
N. 5*
Un on plusieurs numéros séparés. denüandés avant le tirage 10 oent. chacun.
Annonces: 25 centimes par ligne.
Les enuoiâ cTarpent se font
lettre recommandée ou pai
7nandal$ sur le Bureau de Pe^
rosa Arpenlina.
^’ü^îr la RÉDACTION adresser'
ainsi : A la Direction du rernoin,
Pomaretlo fPineroJo) Italie,
l’our TADMINISTRATION adresser ainsi; A r Administration du
Tgiwoitïj Homaretto {.Pinerolo)
Italie. »
LE TEMOIN
ECHO DES VALLEES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
■'■Try
8 me sera témoins. Actks 1,
, ' .'SoMiLmaire.
2 Février'. Los fondeméuls reuversés. t'orrespokdaneé.'— ï)u champ de l’Evaiigélisalion. — Une surprise. — A propos
do quelques observations sur l’auliquilé
des Vaudois d’après leurs anciens manuscrits, sttiie, — Chronique politique.
m FOlDËMËI^TS RëKVëSSÉS
)ííV
ft
Puisque les fondements sont renversés, que fera le juste? Ps, xi, 3.
Ce n’»st pas un cri de détresse
que pousse le jeune David, dans
la parole que nous venons de
transcrire, quoique les circonstances où il se trouvait fussent
bien propres à le jeter dans un
profond découragement. En vain il
avait vaillamment combattu pour
son peuple et pour l’affermissement du trône de Saul. Avec la
clairvoyâhce du despote, le fils
de Kis avait, dès le coramencemeat, pressenti un rival redoutable dans cet aimable et intrépide
guerrier. S’il nous est dit qu’en
voyant David pour la première
fois, Saül l’aima fort, surtout à
néritè avec ta charité. Br. ].I5
ce que l’on peut ¡supposer, parce-'
qu’il recevait du soulagemènt de^
sons harmonieux de la harpe du
jeune berger, ce sentiment fit bientôt place à la peur d'être détrôné
et à une haine-mortelle. Non seulement les acclamations du peuple; «Saül en a tué ses mille, et
David, ses dix mille, » lui ont
paru urm sanglante injure qu’il ne
devait.T>as laisser impunie ; mais
lorsqu’il apprit (et il était impossible que la chose demeurât longtemps secrète) que ce jeune homme
avait été oint par Samuel pour
être roi à sa place , son parti fut
pris à l’instant; ce rival doit mourir. Mais quoique ceint de la couronne , il n.’ést pas absolument
libre de faire ce qu’il lui plaît.
11 l’a bien éprouvé le jour où,
croyant son honneur engagé à faire
mourir son propre fils, le peuple
le délivra de ses mains. Or le fils
d'Isaï est dévenu le benjamin du
peuple, et ü serait imprudent de
mettre ouvertement les mains sur
lui. Il aura donc recours à la ruse;
il y a auprès de lui des flatteurs
et des conseillers intéressés, toujours prêts â caresser ses mauvaises passions et à l’aideV dans
ses projets criminels. Sa propre
.10
.J
» H
T
2
— 34
a
fille Mical, éprise de David, et
que Saül lui fait offrir pour femme,
sera le piège fatal dans le quel il
sera pris. Trompé dans cette attente cruelle, sa fureur ne connait
plus de bornes, et le pauvre Dfavid
est contraint de prendre la fuite,
pour vivre désormais errant dans
les montagnes de Juda, poursuivi
avec acharnement, traqué comme
une bête féroce, ou réduit à chercher un asile au pays des Philistins, ees ennemis séculaires du
peuple de Dieu. — C’est dans ces
jours si agités et si sombres que
David a composé quelques-uns de
ses plus beaux psaumes, c’est
alors aussi qu’il a dû prononcer
cette parole : Puisque les fondements sont renversés, que fera le
Que restait-il, en effet, à la cour
du roi Saül, des fondements sur
les quels reposent la famille et la
société? Son propre fils avait à
craindre pour sa vie. Sa fille était
employée comme nn instrument
de ruine. Le plus habile capitaine,
le patriote le plus dévoué, celui
que l’on pouvait appeler le sauveur de la nation , l’homme selon
le cœur de Dieu, avait dû .s’enfuir
comme un malfaiteur. La justice,
la reconnaissanee , l’affection naturelle, tous ces liens sont brisés,
ces fondements sont détruits, parceque la crainte de Dieu, le plus
fort des liens et le fondement le
plus solide"; a été rejetée; dans ce
déplorable état de la société que
va devenir le juste? David lésait
très bien et ce qu’il sait-il le pratique. De bonne heure il a ouvert
son cœur à la vbix^^ de Dieu, faisant en même temps l’expérience
de son immuable gratuité. Celui
qui Ta délivré de la patte de
Tours , de la dent du lion , de Tépée du philistin et de la hallebarde
de SaÜT, saura bien la délivrer encore de la main de ses Cruels persécuteurs. Ne le lui a-t-il même
pas déjà fait annoncer par la bou
che de son ami Jonathan , Tune
des plus nobles et des plus aimables figures de tout le vieux Testament? 1, Sam. xxin, 17; «Ne
crains point; lui dit-il, car Saül
mon père ne t’attrappera point,
mais tu régneras sur Israël, et
même Saül, mon père, le sait très
bien ï>. Jamais David ne nous apparait plus grand que pendant ces
années de prescription et d’exil;
grand par la foi 'en la protection
de Dieu , grand par la charité dont
il use envers son ennemi forcené,
livré deux fois entre ses mains et
deux fois épargné. Sa devise était':
«L’Eternel juste aime la justice,
ses yeux contemplent l’homme
droit» V. 7; et certes nous pouvons dire de lui que jamais il n’a
été confus lorsqu’il a mis sa confiance au Dieu de sa délivrance.
C’est avec un sentiment de tristesse que le chrétien assiste aujourd’hui au travail insensé de
démolissement auquel, en tout
pays, quoique à des degrés divers
et avec une inégale énergie, les
ennemis de Dieu se livrent pour
reverser tous les fondements de
la société. C’est bien de nos jours
que les adorateurs du ventre (Phjl.
ni, 19) sont devenus Mgion, et
c’est aujourd’hui surtout qu’ils ont
commencé à proclamer avec une
impudence sans égale, leurs ignobles aspirations. Il n’y n point
de Dieu , point d’âme, pas^e propriété légitime, pas de droits acquis, pas de famille, il n’y a que
le ventre, c’est à lui qu’est la parole; que le cœur et l’intelligence
se taisant, ils ont trop longtemps
parlé pour le malheur du pauvre
peuple. Les sages de ce monde
disent bien que ce ne sont là que
des exagérations passagères, plus
dignes de pitié que. propres à
donner de l'inquiétude. Mais qu’on
veuille bien .regarder d’un 'peu
près Tétât'de toutes nos sociétés
moderneà, oü les manifestations
brutales du vice, communes à tou-
3
3í)
tes les classes, sont devenues
si fréquentes qu'elles n'excitent
plus qu’une réprobation passagère, très voisine de la tolérance,
où ce sont trop souvent les plus
ignorants et les plus mauvais qui
font la loi, parcequ'iis ont l'énergie qui manque aux meilleurs, et
l’on se convaincra bientôt que tous
les fondements, sans en excepter
un seul, sont rudement assaillis
et qu’on les sent chanceler sous
ses pas.
Il est vrai qu’il y a partout
aussi quelques vaillants défenseurs qui se tiennent fidèlement
à la brèche, prêts à y laisser la
vie, si telle est la volonté du Seigneur. Mais ils sont en si petit
nombre! Si du moins leur courage
et leur , idévouement devenaient
comamsnicatifs, et si tous ceux
qui croient et espèrent comme eux
se sentaient pressés de les imiter 1
Quoiqu'il en soit, nous n’oublions pas que si la foi n'est pas
de tous, le courage actif est aussi
un don de Dieu, et que celui qui
prie, lutte aussi et souvent plus
efficacement que celui qui expose
sa vie dans la bataille.
Voici donc ce que nous nous
sommes sentis pressés de dire à
nos frères des Vallées qui croient
et espèrent comme nous, qui savent comme une chose assurée
que Christ vaincra, mais qui savent aussi que la bataille sera
longue et rude : mettons-nous bien
dans l’esprit que rien de ce qui
se passe dans celte bonne guerre,
qui dure depuis si longtemps, ne
doit nous être indifférent. Nous
ne connaissons jusqu’ici que par
oubdire les attaques violentes et
effrontées de l’impiété contre l’Evangile de notre salut. L’impiété
qui existe', n’a encore acquis ni
toute . sa croissance,. ni le sentiment de sa force. 11 lui manque
aussi dés organes et des instruments de quelque capacité pour
se faire valo'ir; peut-être se pré
parent-ils dans l'ombre, pour se
produire publiquement à la prémière bonne occasion. Bénissons
Dieu de ce qu’il a jusqu’ici épargné cette épreuve à notre faible
foi. Mais ailleurs la lutte est engagée et les soldats de .Jésus
Christ qui s’y sont jettés ont besoin d’être soutenus par nos prières et ils en ont le droit. Leur
victoire sera notre victoire, comme leur défaite serait un présage
de la nôtre; car notre tour viendra. Elevons les yeux vers la montagne d’où nous viendra le secours, rapis en l’attendant soyons
vigilants à prier.
Cotre e^ottbancc
Notre ami Jacques, pour peu qu’il
ressemble au reste des hommes , ne
sera pas peu flatte du succès qu’il
est en bonne voie d’obtenir. H s’étonne que le Témoin reçoive aussi
peu de communications,, et aussitôt
nous voyons arriver une lettre d’un
pasteur évangéliste, même deux lettres que nous publions dès aujourd’hui , et une communication ' d’un
pasteur des Vallées, parfaitement suffisante dans sa simplicité et qui trouvera place dans un prochain numéro.
Nous la proposons à nos chers collègues des Vallées comme un modèle
qui n’est au dessus de la portée de
personne; ils seront sans excuse s’ils
ne l’imitent pas. Merci à nos chers
amis, qui n’en sont pas d’ailleurs à
leur première communication au Témoin.
Milan, le 2S janvier 18S3.
Cher et honoré M. Lanlaret,
L’ami Jacques se plaint dans le
dernier numéro du Témoin du peu
de nouvelles que contient le journal.
C’est, je crois, le seul défaut duTiimoi«/car tous les ai'ticles que j’y
ai lus l’année passée, m’ont fort 'intéressé. Dans l’espérance que plu-
4
-36
sieurs amis répondront à l’appel de
M‘’J. je me permets de vous envoyer
ces quelques nouvelles dont vous ferez, cher Monsieur, l’usage que vous
trouverez à propos.
La veille de Noël nous pûmes réunir autour de l’arbre habituel 130
enfants, chantant les louanges du
Sauveur, et recevant quelques petits
cadeaux destinés à les encourager à
la régularité et :i l’attention aux instructions qu’ils reçoivent|à l’école du
dimanche.
Le lendemain notre temple était
littéralement rempli d’auditeurs attentifs , dont le plus grand nombie
s’approchèrent de la Sainte Cène. Une
15® de nouveaux membres y furent
admis pour la première fois.'lJn égal
nombre se prépaient a y être reçus
à la fête de Pâques.
Le rév. doct. White d’Edimburg,
pasteur de la Congrégation qui s’est
déclarée la marraine de celle de Milan
grâce aux bons oiïicers de M. Prochet, et qui envoie chaque année une
somme suffisante pour entretenir un
des pasteurs, se trouvait providentiellement avec nous ce jour là, avec
sa charmante épouse, née Barbour.
Le cher docteur ayant été blessé à la
tête, à la suite d’une chute depuis
l’imperiale d’un omnibus, qui fut
renversé à Aberdeen avec tous ses'
passagers, dut se prendre 3 mois de
congé afin de pouvoir se rétablir, et
il eut l’heureuse idée de nous foire
une visite à Milan. Il fut heureux de
voir de ses propres yeux, que l’œuvre à la quelle lui et sa congrégation
prennent un si vif intérêt n’est pas
sans encouragements pour le présent,
ni sans de bonnes espérances pour
l’avenir.
— Dans notre vijle, les réunions
de prières des premiers jours de l’année durèrent 15 jours, et se terminèrent par un service de Sainte Cène,
célébré en commun avec des représentants de nos diverses Eglises, à
l’exception de ceux de l’Eglise Baptiste, dont les règlements ne le permettent pas.
Une question qui est actuellement
à l’étude par tes pasteurs des diverses
églises est celle de savoir comment
retenir dans l’église et rattacher toujours plus fermement à l’Evangile les
jeunes gens au dessus de l’âge de 16
ans, dont un si grand nombre hélas!
nous abandonnent et font naufrage
quant à la foi.
Notre Asile pour les malades rend
à toutes nos églises les services les
plus signalés. Plusieurs de nos malades y ont reçu beaucoup de bien,
lemporellemcnt et spirituellement; et
ceux qui y sont morts ont laissé à
leurs amis chrétiens les meilleures
espérances à leur égard.
— Vous savez par les journaux que
la Municipalité de Milan a donné un
asile à 800 victimes de l’inondation
de la ville de Royigo. Ce sont essentiellement des vieillards, des femmes
et des enfants. La plupart étaient misérablement habillés et n’avaient pas
d’habits de rechange. L’on a fait pour
eux une collecte dans la ville, recourant à une méthode tout à fait ingénieuse. La veille de Noël, 14 chars
à deux chevaux, obtenus des autorités militaires, partent de la place
de la Cathédrale, et parcourent 2 à
2 les ..rues principales de la ville accompagnés d’un corps de musique.
Des boutiques, des portes des maisons , des balcons et des fenêtres,
on voit des hommes et des femmes
ni semblent rivaliser de zèle à jeter
es paquets dans les chars qui passent lentement dans la rue. Les cris
de joie de la foule en voyant Içs paquets d’habillement, les matelas, les
draps de lit qui tombaient si nombreux des maisons à droite et à gauche de la rue, les morceaux choisis
de la plus belle musique, le sentiment' de la noblesse de la cause pour
la quelle on demande des sacrifices,tout cela enflamme les cœurs du plus
pur enthousiasme. A chaque moment
i’un des chars doit aller à la Municipalité dépqser son précieux fardeau,
et revenir pour continuer l’œuvre
sainte. De chaque boucherie l’on voit
des quartiers de veau, de larges morceaux de bœuf jetés dans les chars.
■ Ailleurs ce sont des jambons, des
pièces de lard , du pain, des paniers
5
,/V A ■
.37.
de pâtes etc. Jamais Milan n’a vu
une scène plus louchante. L’on a pu
envoyer des hahilleriienis dans pres
3ne toutes les villes qui ont souffert
e l’inondation. 11 faut dire que la
première idée d’une collecte de ce
genre est née à Messine, d’où elle
s’est rapidement répandue, et a fait
un bien incalculable.
— Mon collègue M. Longo a été à
Rome pour remplacer Mr W. Meilie
malade. M. le candidat Rostan de
Praly le remplace à Milan, cl je
suis lieureux de rendre ici témoignage
à son zèle et à - sa capacité dans la
prédication.
Veuillez croire, cher et honoré monsieur Lantarel, à l’affection toujours
cordiale de
Votre dévoué
J. David Turin past.
A ma lettre expédiée avant hier,
j’ai à ajouter une nouvelle très importante, c’est que le Conseil de noire
eglise à Milan cherche à recueillir
des contributions régulières suffisantes pour fournir l’entretien d’un pasteur. Notre caissier, diacre plein de
foi et de zèle pour la cause de l’Evangile, vient d’adress'er aux membres
de l’église un chaleureux appel dans
ce sens, et les réponses jusqu’ici
obtenues sont très réjouissantes. Tous
ont augmenté, quelques uns ont doublé leur contribution, et ceux qui ne
donnaient rien trouvent le moyen de
donner quelque chose.
J’avais toujours diuà nos amis, du
dedans et du dehors : « donnez-moi
un temple et une habitation pour le
pasteur, et dans deux ans, je ne vous
demanderai plus rien pour la continuation de l’œuvre à Milan». Et ce
sera pour moi une joie très-grande
si Dieu me permet dé voir se réaliser
cette espérance.
Naturellement si l’œuvre doit grandii‘, et requiert le travail de deux pasteurs, il faudra dépendre du Comité
encore pour l’entretien de l’un d’eux.
Mais le temps n’est pas éloigné où
l’Eglise sera en mesure de pourvoir
au maintien de ce second ouvrier. En
attendant, le Conseil espère, que vu
les sacrifices auxquels l’église se soumet, le Comité voudra bien avoir des
égards pour elle, et ne pas lui enlever ses ouvriers sans la consulter.
Je vois clairement par l’exemple de
Milan, que désormais les Conseils
d’Eglise prétendent être consultés
par le Comité pour tout ce qui se
rapporte à la prospérité de l’église
qu’ils représentent.
Du champ de i'Ëvangélisalion
Il est bien grand ce champ et bien
varié ; et cependant nous en avons eu
si peu de nouvelles pendant ces dernières années ! En aurons-nous davantage à l’avenir? On nous le fait espérer.
L'Italia Evangdica annonce la prochaine publication, en guise de supplément mensuel à la Rivista Crisliana,
d’un Bulletin de la Mission vaudoise.
Nous ne manquerons pas de butiner,
dans les colonnes du Bulletin, pour
offrir aux lecteurs du Témoin ce qui
peut les intéresser. Nous irons même,
s’il le faut, bourdonner aux fenêtres
de nos évangélistes pour obtenir d’eux
quelques nouvelles.
Signalons, en attendant, quelques
cas d’inlolerance et quelques exemples
d’union chrétienne.
A Taranto est mort dernièrement
11. Florio. Il a professé jusqu’au dernier moment la foi en Christ, et a
même exprimé, par son testament,
sa ferme volonté d’être enterré selon
le rite évangélique. Malgré cela, le
président de la Société ouvrière et
le Délégué de Sûreté publique ont
enlevé, de la maison, le cadavre et
l’ont transporté, à 4 heures de malin,
au cimetière. La veuve de Florio ainsi
que l’évangéliste Collalti en ont appelé
aux tribunax.
A Rasai (Feltre), le syndic avait
refusé de permettre l’enterrement de
la femme du colporteur Recli. Il fallut
recourir au Commissaire de district
■l'I
4Í
6
38
de Belluno qui prêta main forte à la
loi. La population de Rasai s’est toutefois montrée plus libérale que son
syndic- en accourant en foule à l’enterrement de celte femme évangélique.
La semaine de prières a été célébrée, dans la plupart de villes évangélisées, par des réunions en commun.
A Milan les membres des différentes
églises ont terminé la semaine par
un service de communion spécialement
béni.
A Florence deux associations évangéliques pour la jeunesse se sont fondues en une qui compte ainsi 102
membres effectifs et 114 associés. L’association nouvelle a son local qui est
composé de six salles. Elle s’occupe
des malades et des pauvres. Elle fait
donner des leçons d’anglais, d’allemand, de français et de dessin fréquentées par 90 élèves en moyenne.
Malgré le travail qui se fait, que
l’évangile est encore loin d’être connu !
Jusqu’à présent l’on doit répéter la
parole du Sauveur: « Tu as caché ces
choses aux sages et aux intelligents ».
On jaeut s’en convaincre en jetant un
coup d’œil sur les réflexions que les
journaux politiques ont faites à l’occasion des rapports présentés sur le
travail des tribunaux pendant Tannée
deriliêre. On est obligé de constater
que les crimes vont en augmentant;
ori recherche les causes de ce triste
fait et on essaie de découvrir tes remèdes. Les uns trouvent que tes lois
pénales sont trop sévères, d’autres
qu’elles ne le sont pas assez. Les
uns jettent la faute sur la civilisation,
les autres sur Tinslruclion séparée de
l’éducation, tes autres sur l’athéisme
et le matérialisme croissants. La Liberté observe que tous ont peut-être
un peu de raison.
Et savez-vous quel est 1e remède
qui, d’après ce journal, devra sauver
notre société? — La philosophie. —
«Jamais, dit-il, la philosophie n’a
été abandonnée comme aujourd’hui...
Seule, la philosophie pourrait substituer aux croyances religieuses qui
vont se dissolvant, la conception ra
tionnelle du devoir et du droit», Et
plus loin: a L’autel une fois tombé
ou du moins tombé en discrédit,
Thomrne ne peut-être sauvé que par
l’enseignement philosophique (la cattedra) ». — rr Les Juifs demandent
des miracles et les Grecs cherchent
la sagesse. Mais pour nous nous prêchons Christ crucifié.... puissance de
Dieu et sagesse de Dieu», (i Cor. i,
22-24). Abeille.
Due surprise
— Une heure seulement, avant de
mourir, me suffira pour tout régler
avec le Seigneur, disait Jean, le riche
particulier de X... lorsque sa digne
femme l’engageait à se préparer pour
l’éternité.
Tu sais, ma femme, ajoulait-i!
que je suis un homme rangé, un
homme qui sait faire les choses en
leur temps. Voici !e temps de s’occuper des affaires de ce monde, je donné
du travail, je fais des avances, je
réussis dans tes affaires pareeque j’y
mets toute mon attention, c’est la
vraie manière d’agir.
— Si nous savions servir le Seigneur
avec un zèle égal, fil timidement la
femme.
— Suis ton chemin, et laisse moi
marcher à ma guise. Moi, je dis que
c’est à présent le temps de s’occuper
du monde, et qu’une heure me suffira
pour me préparer pour celui qui est
a venir.
— C’est bientourt une heure, pour
se préparer pour l’éternité.
— C’est bien assez. Du reste, selon
la vieille maxime, je fais « une chose
à la fois ».
— Mais mon ami, suppose une
mort subite....
— Imbécile! Je ne cours pas'ces
risques là moi, je vis sobrement, et
tu ne m’as jamais vu ivre.
Gela était vrai. Jean avait un tel
soin de l’argent, qu’il ne dépensait
ras un centime dans la dissipation.
1 ‘était avare, il donnait peu aux
pauvreSj presque rien pour les col-
7
VJ.JVA/V
39.
lectes de l’église, il critiquait les
pasteurs, il aimait l’argent a la folie,
et celle passion se foilifiant avec l’âge,
Jean devint un avare consommé.
Son fidèle pasteur le voyait de temps
à autre et cherchait à le rendre attentif aux choses spirituelles, mais Jean
lui parlait toujours de ses récoltes,
de son bétail, de ses fruits, etc.
— Rappelez-vous mon ami, que
ces richesses passeront, et qu’il est
beaucoup plus important de vous assurer les richesses spirituelles et seules
durables.
— Oui, Monsieur, je sais bien ce
que vous voulez me dire, mais, comme
je le dis souvent à ma femme; «une
chose à la fois». C’est maintenant le
tour du monde et quand je verrai
venir la mort, je me préparerai pour
le monde à venir.
— Et qui vous assure que vous
verrez venir la mort sans qu’elle
vous surprenne, et qüi vous garantit
une seule minute pour vous réconcilier avec Dieu?
Jean fronça le sourcil et parla d’autre chose.
Les années succédèrent aux années,
les récoltes et les revenus augmentaient constamment, Jean paraissait
rarement au temple et ne donnait
plus rien pour les teuvres de l’égiise,
bien que l’ancien et le pasteur lui
rappelassent le devoir de donner pour
le Seigneur selon sa prospérité. L’amour* de l’argent avait endurci son
cœur, et le pauvre Jean n’était plus
capable d’aucune pensée noble, généreuse, philantropique.
Et sa pauvre femme s’en apercevait bien. On-lisait sur les traits de
sa figure pâle et amaigrie que le
bonheur ne lui était pas assuré par
les richesses de son mari. Tout ce
qu’elle pouvait faire c’était d’envoyer
quelques fleurs et quelques beaux
fruits à ses connaissances, mais son
avare mari lui faisait bien souvent
endurer de pénibles privations, masquées tulefois par une certaine apparence de richesse et de bien-être.
— Il aime l’argent plus que sa
femme, disait-elle tristement. Elle
n’osait pas dire, quoique cela fût
bien vrai que son pauvre Jean aimait
l’argent plus que son Dieu. En réalité
il vivait sans Dieu et sans espérance
dans le monde. Il aimait le monde
cl l’amour du père n’était point en
lui. Le pauvre riche!
Un jour que Jean parcourait son
verger pour examiner ses fruits et
pour voir s’il était temps de les cueillir, on observa tout à coup un grand
changement dans son aspect; ses traits
étaient devenus méconnaissables, et
il n’avait guère conscience de ce qu’il
faisait ou disait.
— C’est une paralysie du cerveau
dont il a été frappé soudainement,
dirent les médecins que l’on avait
appelés en grande hâte pendant que
le malade était porté, plus qu’accompagné, à son lit. ]| n’y avait que
très peu d’espoir de guérison.
En effet Jean ne recouvra pas la,,i?
lucidité de son esprit, il ne lui fui
plus possible de prononcer un seul
mol intelligible. Il languit encore
auelque temps, puis il expira sans
ire un mol sur l’avenir de son âme.
On lui fit des funérailles à la mode.
Sa femme s’en alla habiter le pays
"ui l’avait vue naître et la maison
l
ut vendue avec toutes les propriétés
car Jean n’avait pas d’héritier et il
n’avait même pas fait de testament
lui qui prétendait en très peu de
temps se préparer pour l’éternité.
Dénonce à ceux qui sont riches en
ce monde qu’ils ne soient point hautains, et qu’ils ne mettent point leur
confiance dans l’incertitude des richesses, mais au Dieu vivant, qui
nous donne toutes choses abondamment pour en jouir. (Lire 1® TimoTHEJ VI. 17, 18, 19). E. B.
A propos de qaelques observaüoDs
sur l'antiquilé des Vabdois,
d’après leurs anciens manuscrits
/'Suite, ûoir JV. SJ,
La langue des MS. V. est, selon la
critique, trop moderne, pour qu’on
Euisse en faire remonter la'formation,
ien au delà du XIV® siècle, Bossuet,
dit"On, s’est montré en cela meilleur
8
.40.
pliilologue que Raynouard, lorsqu’il
a écrit que « le langage de Villenardouin, et même de ceux qui l’ont
suivi, est plus ancien que celui des
écrits vaudoiss. (Hist. des Variations,
L. XI. § 126).
Au point de vue du français de
son temps, cela n’est pas douteux;
car du XIP au XVIή siècle il y a
presque cinq cents ans, tandis que
l’idioiTie vaudois'était déjà tout formé
au XIV® S.; et si l’on voulait remonter
de cinq siècles en arrière pour en
rencontrer l’origine, elle se trouverait reculée bien au delà du temps
de Valdo. Tout ce qu’on peut déduire
de cette comparaison, c’est que la
formation de l’idiorne si restreint des
"Vallées Vaudoises, a été plus rapide
que celle de la langue française, qui
occupant plus d’espace a dû mettre
%ussi plus de temps à faire sa croissance. Un arbre pousse moins vite
qu’une plante.
Mais on s’accorde à reconnaître que
les traductions de la Bible, faites par
les Vaudois, dans leur idiome usuel,
remontent plus haut que leurs autres
écrils. Ces traductions doivent avoir
été calquées sur celle que Valdo luimême avait fait faire dans l’idiome du
Lyonnais JP Foerster a publié une
de ces traductions: celle de VEvangile selon S‘ Jean, d’après la bibl.
du Palais des Arts à Lyon; et il
n’hésite pas à dire qu’à son avis;
cette traduction peut fort bien être
du temps de Valdo ; qu’elle est peutêtre de Vaido'lui-même, avec quelques
retouches ultérieures. N’ayant pas le
livre sous les yeux, je né cite que
de souvenir.
La seule Bible Vaudoisc que j’aie
pu étudier un peu, est celle de Grenoble (n. 488). J’ai lieu de croire
que cette Bible, est celle que le Synode Vaudois acheta à un parliculièr
de Pragela, pour l’envoyer à Perrin,
à qui éllé'fut apportée par le fils de
Vignaux Perrin l’échangea contre des
documents historiques, fournis par
un conseiller au parlement ,de Grenoble, nomméijyalçon. Celui-ci légua
sa bibliolh'èqué.'au Parlement ou à
l’evêché, et après ^leur suppression
’ : J Li.’
la plupart de ces livres passèrent
dans la bibliothèque de la ville.
Le langage de cette Bible est bien
l’idiome des Vaudois : le même que
celui des poëmes, et de la plupart
de leurs autres écrils; si donc on
reconnail une haule antiquité aux
traductions bibliques, on ne peut
guère se fonder sur l’idiome, pour
refuser une pareille ancienneté aux
écrits similaires.
(Suite). A. M.
:pojltttc|uc
Italie. ~ La Chambre continue
l’examen des budgets, les interrogations et la validation des mandats des
députés. Rien de saillant. A propos
d’émigration Tégas a prononcé un
discours dans lequel il a exposé les
causes qui ont porté beaucoup de
vaudois et d’habitants de ce district
a s’établir dans l’Uruguay et dans la
République Argentine.
Le Ministère paraît décidé à diriger
d’une main plus ferme, que par le
passé, tout ce qui concerne la police
intérieure, tout en respectant les libertés garanties par la constitution.
Les députés ne sont pas nombreux
à Monlecitorio. —Pianciani a été nommé vice-président de la Chambre en
remplacement de Varé dont l’élection
a été anullée.
JFieanee. — Duclere, qui est malade, Javréguiberry ministre de la
marine et Billot ministre de'la guerre
ont donné leur démission qui a été
acceptée. Fa,Bières, malade aussi, a
accepté la présidence provisoire du
Ministère, afin que la Chambre puisse
discuter les projets de loi concernant
les membres des anciennes dynasties.
On n’a pas pu remplacer les ministres de lu guerre eide la marine.
— 11 paraît que l’on est de plus en'
plus convaincu qu’il est impossible
de gouverner avec une Chambre comme celle qui siège maintenant au
Palais Bourbon,
K II N KK1 U 01! I! UT, fi cran l et J d m i. n istru ipi f
rigiionil, [inp. Cliianlore et .UascarclH,i