1
Oiii<iuloiia© anno©.
TSr. 30.
29 Juillet 1ST (I.
L ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
S|iécialement consacrée aii\ inléréls ninlériels el spiriliiels
(le In Famille Yaiidoise.
Que tontes les elio.ses qui soat véritables,
vos pensées — t P/iifipptfns., IV. 8.)
, occiipeiu
PRIX D ABORKEHENT I
Italie, k domicile (nn an; Fr* 3
Suisse.................» 5
France.................» 0
Alkmapne...............» f>
Angleterre, Pays-Bas . » 8
Vn numéro séparé : 5 c.ent.
L’)i numéro arriéré : 10 cent.
BUUEAUX b’aBONNEMENT
ToRRis-PEi.T.tn-: ; Via Maestra,
N.42. (Agenzia hìbUografìca)
PioNRRoL : J. Chìantore Impr.
TuRtN :.fJ. Trnn, via I.agrauge
près le N. 22.
Florenck : Libreria Evangelica, via de'Panzani.
ANNONCES : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S’adresser pour l'administration
au Bureau à Torre-Pellice .
via Maestra N. 42. — pourla
rédaction: A Mr. A. Revel
Prof, k Torre-Pellice.
Sioïiiiiiaîfo.
Contrastes et contradictions. — Variétés:
La Babylome. — Correspondance, — Chronique
locale. —Chronique j^oUliqne. — ylruioncc..
C0MR4STËS ET (lONTRADiCTIOYS.
Le monde estrempli de contrastes
et”de Contradictions ; contrastes
dans la nature, contrastes et surtout contradictions dans les hommes. Les contrastes peuvent plaire;
les contradictions ne peuvent qu’affliger ou désespérer.
Ce qui frappe chez les hommes,
c’est moins l’inflnie variété de dispositions et d’inclinations dans les
différents individus , que les contradictions qui se trouvent dans la
même personne.
Il y a des hommes qui concentrent toutes leurs forces, qui passent leur vie à chercher le moyen
de prévenir ou de soulager quelqu’un des maux qui affligent l’espèce humaine ; il se proclament
heureux et largement récompensés
de tous leurs patients et pénibles
labeurs s’ils parviennent à sauver
la vie ou seulement à prolonger,
ne fut-ce que d’un jour, l'existence
d’un mortel. Certes, ils sont bien
dignes de la reconnaissance universelle! Leurs noms, quand ils
parviennent à faire quelque importante découverte , sont proclamés
par la voix publique ; les titres
honorifiques leur abondent ; parfois même , ils sont, récompensés
autrement qu’avec des titres par
quelque royale ou impériale munificence ; et c’est très bien.
Mais il est aussi des hommes
qui, sans même s’en douter, mettent leur talent, leur génie, leur
activité, leurs veilles, tout ce
qu’ils ont, au service d'une puissance infernale , pour inventer ,
perfectionner et reperfectionner les
machines les plus affreuses par
leurs effets, les moyens les plus
paissants de destruction et de
mort.
Il y a peu d’années, les fusils
et les canons rayés faisaient frémir;
plus tard les fusils à aiguille excitèrent la stupéfaction; mais qu’était-ce.que tout cela eu comparaison
des mitrailleuses et des fusils afr
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freusement perfectionnés dont la
France se glorifie! Et que dire
de ces balles explosives dont, malgré certaine convention , on pourrait bien faire un redoutable usage.
Et bien ! ces hommes dont le
nom seul devrait faire frissonner
d'horreur, que n’est-il pas fait
pour eux ! Quels titres, quels
honneurs pourront dignement les
récompenser? Les plus terribles
destructeurs d’hommes , ceux qui
les envoient au massacre avec le
cynique sang froid du calcul , ou
même les font barbarement enfumer dans les cavernes où ils
avaient cherché un abri contre la
mort.... on les crée comtes , marquis , ducs mêmes....
Un Gouvernement entretient à
grands frais (fournis par les contribuables) tout un corps de magistrature pour la protection de
l’honneur , des biens et de la vie
des citoyens ; et l’homme qui ,
poussé par le besoin , attente à
la propriété , ou aveuglé par la
jalousie, la rancune ou telle autre
passion dominante, attente à la
vie de son semblable, est à bon
droit envoyé aux galères, voire
même à la guillotine ; c’est juste.
Mais par une étrange contradiction , ce même pouvoir, pour un
manque de formalité , pour la prétendue infraction de quelque devoir
d’étiquette, ou même pour rien
du tout, envoie des centaines de
milliers d’hommes s’exposer à la
plus affreuse mort, pour sauver
la vie de leurs semblables peut
être..? non , pour les massacrer,
pour rendre des milliers d'épous^
veuves et des milliers d’enfants
orphelins! Oh! la belle justice ! Eh
il n’y a point de sanction pénale
pour de telles choses ! 11 y a sur
la terre des hommes qui peuvent
impunément faire massacrer leurs
semblables , qui peuvent impunément déchirer le cœur et arracher
des larmes de sang à des milliers
de pauvres mères ! Mais leurs actions sont enrégistrées dans le
livre des mémoires de Dieu aussi
bien que celles du plus humble
mortel, et quel compte n’aurontils pas à en rendre ! C'est ainsi
que de la même source procède
l’eau douce et l’eau amère. la
protection dans d’étroites limites,
et l’extermination sur une immense
échelle. O fatale contradiction ! Et
vous, ô femmes de la grande nation, qui, au dire des journaux ,
avez orné de fleurs la poitrine de
ceux qui ont reçu l’ordre d’aller
porter au loin le ravage et la
mort, pour les exciter davantage
à cette œuvre diabolique; quelle est
donc l'infernale furie qui vous fait
étouffer de la sorte les nobles sentiments , la compassion dont vous
a spécialement enrichies la nature ?
Je vous vois aussi vous, mère
jeune encore , mais dont le visage
porte l’empreinte des soucis et des
veilles. Vous couvez des yeux un
jeune homme, votre fils, pour lequel vous avez dépensé votre vie,
pour lequel vous n’avez épargné
ni fatigues, ni sacrifices, afin que
sa constitution étant affermie, il
devînt fort et robuste. Le voilà
donc grandi, prospère, la vivacité dans l’œil et les couleurs réjouissantes de la santé sur lesjoues.
Mais savez-vous pour quelle fin vous
avez pris tant de .peine et vous
êtes donné tant de soucis? Pour
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que ce fils, que vous no pouvez
voir sans un sentiment d’orgueil,
aille faire trancher inopinément
ses jours par la balle meurtrière
ou par un débri de mitraille ;
c’est de la chair à canon que vous
avez préparé et voilà tout. Qu’importe que vous ayez veillé avec
tant de sollicitude sur le berceau
de votre enfant et qu’à force de
soins et de patiente persévérance,
vous l’ayez plus d’une fois victorieusement disputé à la mortl Oh!
que n’est-ü mort au berceau, votre
fils ! Vous étiez là pour adoucir
ses souffrances , pour lui donner
le dernier baiser maternel et pour
lui fermer les yeux. Mais vous
ne serez pas là quand la balle ou
la mitraille l’atteindra; il devra
expirer peut-être dans d’atroces
souffrances, sans que personne lui
adresse un mot de sympathie,
sans que personne humecte d’un
peu d’eau fraîche ses levres mourantes ! Cette vie pour laquelle
vous donneriez le monde et au delà, s'il était en votre pouvoir, quel
cas en font certains gouvernants,
monarques, ministres et législateurs? Un grand personnage, diton , n’a pu être reçu en visite par
un autre grand personnage; le sacrifice de centaines de milliers de
vies ne saurait être trop grand
pour expier un tel affront !
II faut croire que celles qui
ornent de fieurs la poitrine des
massacreurs attitrés ne sont pas
des mères, il faut le croire par
respect pour l’humanité.
Si du moins il s’agissait d’une
guerre juste, où, ceux qui la font
ont pour eux le bon droit et le
devoir de le défendre ; encore alors
elle serait affreuse, et tout bon
citoyen ne la pourrait considérer
que comme une fatale nécessité,
mais il marcherait droit où serait
son devoir et la force du droit le
rendrait sans doute victorieux.
Mais une guerre entreprise pour
des motifs inconnus ou ridicules
et qui n’intéressent que très peu
de personnes, c’est plus affreux
qu’on ne saurait le dire.
Des milliers et des milliers
d’hommes , abdiquant toute individualité dans les mains des quelques uns qui les commandent, et
cessant par là même d’être des
personnes vont se heurter et se
briser mutuellement.
O soldats ! on dit que vous
n’êtes en rien responsables de tout
le mal que vous allez faire , parce
que vous vous êtes laissés transformer en machines vivantes, obéissant aveuglément à la force motrice qui vous dirige; c’est possible
et je ne veux pas discuter la chose;
! mais il est certain que je ne vouj drais pas être à votre place, sur, tout à cause du sentiment de responsabilité que tous les sophismes
ne parviendraient pas à détruire et
qui me poursuivrait comme le
gendarme poursuit le malfaiteur.
Ah! la guerre, surtout la guerre
faite à la légère , c’est la plus
effroyable contradiction entre les
principes admis par les peuples
civilisés et les dispositions barbares
qui persistent dans les hommes
au sein de la plus brillante civilisation! — Hélas, ne sommes nous
pas tous, du plus au moins, en
contradiction avec nous mêmes ;
et la plus, redoutable lutte que
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tH.)i]s ayons à soutenir ne provienteüe pas de cette contradiction ?
« Video ineliora proboque, détériora sequor «. Nous voulons le
bien et nous faisons le mal. Ainsi
parlait un ancien poète qui connaissait bien la nature humaine.
S‘ Paul qui la connaissait mieux
encore nous parle aussi de cette
contradiction , et Racine a traduit
en beaux vers ce qu’il en a dit.
Je ne puis m’empêcher d’en transcrire une ou deux strophes:
Hi'-las! en guerre avec moi même .
Où pourrais-je trouver la paix?
Je veux, et n'accomplis jamais.
Je veux, mais, ô misère extrême!
Je ne fais pas le bien, que j’aime,
Kt je fais le mal que je hais.
O grâce, ô rayon salutaire!
Vien me mettre avec moi d’accord ;
Kt domptant , par un doux efforl.
Cet homme qui t'est si contraire.
Fais ton esclave volontaire
De cet esclave de la mort.
Si chacun , individuellement,
était d’accord avec lui même ; si
chacun voulait victorieusement le
bien, la guerre deviendrait impossible. Quand un souverain aurait
encore quelque chose à démêler
avec un autre souverain , il ne
pourrait plus , pour satisfaire sa
colère , envoyer au massacre l’élite
de ses sujets, mais il devrait aller
se battre tout seul,, et il n’y aurait là que justice.
La Babylonie. Les pays dé
l’Orient possèdent une histoire qui
semble presque aussi ancienne que
oelle de riitiinanité.. :Lea peuples
se sont succédés, il est vrai, les
villes jadis glorieuses et paissantes
ont été rasées, les dynasties qui
gouvernaient avec une main de fer
et faisaient trembler des millions
d’hommes par un seul geste, et
dont les membres se plaisaient
souvent à se donner le titre de
roi des rois, ne sont plus. A
peine si l’on est parvenu à connaître l’emplacement de leurs capitales : ce n’est qu’à force d&
fouilles patientes que l’on a pu
i déterrer des cités qui auraient pu
; rivaliser quant à l’étendue, avec
I Londres et Paris,
j Mais la nature est restée et.
' dans cet océan de souvenirs trente
I fois séculaires, on trouve encore,
comme autant de points de repère,
j comme des phares, ces-montagnes,
ces fleuves dont parle l’Ancien
Testament.
Tout cela néanmoins a changé
avec le temps. A ces races cruelles , ambitieuses , vigoureuses ,
qui fournissaient des armées aussi
nombreuses que les vols de sauterelles , et dont le passage était,
d’une façon analogue, marqué par
la désolation la plus absolue, a
succédé un peuple étiolé, assoupi,
efféminé qui ne songe guère a
cultiver le terrai» ou à faire des
routes pour faciliter la vente des
produits de leur industrie. Ajoutez
à cela le peu de sécurité personnelle, et vous vous serez expliqué
le peu d’enthousiasme des Européens pour les voyages dans l’extrême Orient,
Toutefois il nous semble que
dans les desseins profonds de Dieu
il a été réservé au xix® siècle' le
devoir-'d’ouvrir (avec une rapidité
5
---337
inouïe toutes les régions oubliées
du globe, afin d’y faire pénétrer
l’Evangile. Tel est le résultat de
toutes les découvertes géographiques , quoique l’homme ne s’en
aperçoive pas, et ne fasse des expéditions que dans le but d’étendre
son commerce , et de s’enrichir.
On en a maintenant un exemple
très remarquable. La grande difficulté que l’on éprouve souvent
en Europe à pourvoir de la quantité
voulue de céréales une population
toujours croissante , surtout dans
les saisons moins favorisées , a
inspiré a M’' Sicard l’heureuse
idée de voyager dans la Mésopotamie , c’est-à-dire dans l’ancienne
Babylonie, afin d’en étudier les
ressources agricoles. Ce savant paraît avoir été tellement convaincu
de l’importance économique de ce
pays qu’il a pu obtenir du Gouvernement français , sous le ministère de M' Forcade de la Roquette , la mission officielle de
parcourir de nouveau la Mésopotamie aux frais du Gouvernement,
afin d’en rapporter des renseignements plus positifs sur la possibilité
d’y obtenir du blé à des prix
convenables.
M’’ Sicard repartit pour l’Orient
en passant par l’Egypte, et après
avoir côtoyé l’Arabie, dont le
littoral s’étend sur près de 7000
chilomètres en longueur, il arriva
à Boussorah , port situé près de
l’embouchure de l’Euphrale.
On sait que les deux magnifiques
fleuves, le Tigre et l’Euphrate,
descendus» des hautes terres d’Arménie , arrosent sur un parcours
assez long, une immense plaine
située entre la Syrie,et la Perse,
et dont la fertilité était autrefois
célèbre , quoique maintenant il ne
s’y trouve que fort peu d’habitants plongés dans la plus grande
misère. Les deux cours d’eaux se
joignent ensuite pour se jeter dans
le golfe de Perse. M" Sicard, à
l’aide des appareils de sondage
les plus perfectionnés , a pratiqué
aussitôt environ 150 sondes, afin
de constater la nature du sol ; il
a été convaincu que ce pays, qui
nourrissait une fois une population
de 15.000.000 d’àmes, pourrait
redevenir le siège d’une cultivation de céréales très-étendue ; il
évalue même la quantité de blé
qu’il pourrait fournir comme suffisante pour une centaine de millions d’habitants. Enfin les moyens
de transport rendus plus faciles par
le canal de Suez, permettraient
d’importer le blé en Italie au prix
de 70 francs par 1000 kilogrammes , et en moins de 30 jours de
voyage par mer, ce qui nous
donne l’espoir que les recherches
de M. Stcard ne seront pas infructueuses , et que la civilisation et
l’Evangile pénétreront en même
temps dans ce paradis de l’ignorance qu’arrosent l’Euphrate et
l’Hiddekel.
Correspondance.
Nous avons reçu de M. le chev. A. Bert
la lettre suivante, que nous nous empressons de publier, nous réservant de revenir sur le sujet dont elle traite, s’il y a
lieu.
Monsieur le Rédacteur,
Tórre Peilice, 24 juillet 1870.
*Je suis fort aise que vous ayez critiqué,
4ans votre n* du 15* courant, le Rapport
6
238
que le Conseil de La Tour a fait imprimer
sur l’état des écoles primaires de nette
commune, et', à vrai dire, j’aime la discussion, je désire la publicité, parceque
c’est du choc des idées que doit naître le
progrès; et c’est bien afin que l’on sache
o'u en est, chez nous, l’instruction populaire , que j’ai commencé la publication
susmentionnée, laquelle, si Dieu le permet,
je ferai suivre par d’autres sur le même
sujet, et sur d’autres communes de notre
même mandement; que chacun donc dise
clairement et franchement ce qu’il en
pense des choses qui lui sont racontées,
et le jour se fera peu à peu, les abus
disparaîtront, et ce qui doit intéresser
tout le monde, parceque c’est du domaine
de tous, recevra une impulsion nécessaire
par le fait de la publicité.
J’avoue, Monsieur, que le ton de votre
article me paraît un peu bien rude en
quelques phrases; mais qu’importe? J’ai
l’honneur de vous assurer que vos observations , si elles sont fondées , ne seront
pas sans effet ; même je vous en remercie , car je ne désire que le bien et la
vérité. Mais ce sur quoi je dois à vos lecteurs et à vous-même des explications
catégoriques, c’est la question de la séparation des écoles communales d’avec les
écoles de l'Eglise, séparation que je désire
ardemment voir s’effectuer avec le temps,
et que vous paraissez, au contraire, ne
pas approuver. — Oui, Monsieur, il faut
que la Commune ait ses écoles pour tous,
sans distinction d’Eglise ; la loi le veut,
l’équité le veut, l’expérience l’exige; et
les subsides provenant de sources religieuses doivent en être bannis, car, autrement, qui contribue au maintien de l’école a naturellement droit à concourir à
son administration. Or aux temps oh nous
vivons, ici comme partout ailleurs, le
principe civil et le principe religieux doivent cheminer séparément, incompatibles
qu’ils sont entr’eux à cause de leurs
tendances respectives.
Je sais bien que chez nous, et pour le
moment la chose n’est pas encore mûre,
et les secours considérables que du dehors
on envoie aux écoles communales eoudoises, secours mille fois bénis qui les ont
soutenues ou fondées alors que les Communes .sont loin de suffire à leur maintien , donnent des droits incontestables à
l’Eglise sur les écoles ainsi fondées et
entretenues. Mais c’est là un état anormal,
et nous devons peu à peu arriver à ceci :
aj Ou avoir des écoles communales dans
lesquelles l’élément confessionnel ne soit
pas admis, la religion s’enseignant alors
ailleurs.
bj Ou abandonner les écoles exclusivement entre les mains de l’église ( chose
impossible).
cJ Ou que l’église ail ses écoles, et la
commune les siennes, la concurrence
entre les deux étant chose excellente pour
le bien et le progrès, mais point économique pour tous.
En tout cas, les tristes luttes qui ont
lieu entre les Municipes et les Conseils
ecclésiastiques quand les écoles sont administrées en commun par des représentations de ces deux corps, sont déplorables, et il faut, dans l’intérêt public, se
hâter de les faire cesser.
Je tenais. Monsieur, à vous dire ce que
dessus, afin que nos tendances soient bien
connues et jugées. J’y tenais afin que les
exagérations fussent écartées de tout ce
qui nous concerne ; et j’y tiens, pour terminer, en disant que jusqu’à nouvel ordre
de choses, le bien public doit nous faire
être unis quand même, et nous imposer
des concessions nécessaires et réciproques
quoi que vous en disiez.
Quant aux détails dans lesquels vous
êtes entré dans votre article, et dont
l’exactitude peut être contestée , ils n’ont
pour moi aucune importance. De minimis
non curât preetor... — Les principes sont
tout, et je déclarerai toujours davantage
que le civil et le religieux doivent, dans
un pays constitutionnel, être entièrement
séparés.
Agréez, etc.
Le Délégué scolastique
Chev. A. Bert.
7
.239
(¡Throntque locale.
Ea attendant d'avoir en main le résultat
des examens de l’Ecole latine de Pomaret,
voici quel a été celui des examens de
l’Ecole Normale.
Environ quarante élèves ont suivi les
leçons pendant l’année; quelques uns ont
quitté l’école avant l'époque des examens
et quelques autres, pour divers motifs,
ne les ont pas subis. Sur les trente et un
qui se sont présentés à l'examen deux se
sont retirés après les premières épreuves.
Dix élèves de troisième année ont été
promus avec des chiffres qui s'échelonnent
entre 74 et 90|100.
Deux ont été renvoyés à l’automne,
pour un ou deux examens à refaire. Huit
élèves de seconde année ont été promus
avec des chiffres s'étendant de 66à 90il00.
Un élève a été renvoyé pour un examen
à refaire, et un autre n’a pu, pour cause
de santé, subir tous les examens. De première année 5 élèves ont obtenu la promotion avec des chiffres allant de 73 à
83|100. Un sixième élève est promu aussi
quoiqu’il n’ait pu subir tous les examens de
langue française, parla considération qu’il
est étranger à cette langue. Ceux qui ont
obtenu les chiffres les plus élevés sont;
David Bertinat et Daniel Ricca de troisième
année, Pierre Peyrot de seconde et Henri
Jourdan de première.
La conduite des élèves a été généralement bonne et quelques uns se sont distingués par un travail persévérant et intelligent.
Dimanche dernier, dans le temple du
Chabas, M. le pasteur Salomon, qui doit
partir très prochainement pour son poste,
la Colonie Vaudoise du Rosario, faisait
ses adieux en présence d’une assemblée
très nombreuse accourue de toutes parts,
malgré l’excessive chaleur, pour l’entendre
encore peut-être une dernière fois. — Le
temple, mal aéré, était un véritable étouffoir ; on suffoquait à la lettre ; et cependant chacun recueillait avec la plus grande
attention les paroles édifiantes et pleines
d’onctiou du fidèle prédicateur. Le sujet
de son allocution étaient ces paroles de
S. Paul faisant ses adieux aux anciens de
l’Eglise d’Ephèse : « El maintenant je vous
recommande à Dieu et à la parole de sa
grâce, etc.,» paroles qu’il a développées
avec beaucoup d'à propos et d’intérêt. —
Que Dieu l’accompagne, lui et sa famille,
les bénisse et rende fructueux son ministère dans les lointaines contrées où il va
se rendre ; c’est certainement le vœu qui
s’élevait de celte nombreuse assemblée
en l’entendant.
Depuis quelque temps une maladie présentant partout les mêmes caractères, sévit sur la race bovine dans nos montagnes.
D’abord c’est la langue qui est malade,
puis la bouche entière, puis les jambes ;
en sorte que l’auimal ne peut marcher
et qu’on ne le peut nourrir qu’avec des
bouillies. Le laitdiminue considérablement
aux vaches, si même elles ne le perdent
tout à-fait. Heureusement la maladie n'est
pas longue et généralement pas mortelle.
Cependant on devrait se garder soigneusement de faire usage du lait qu’ont encore les vaches atteintes de la maladie ,
car il doit être de fort mauvaise qualité ;
preuve en soit que les veaux qui les tettent non seulement prennent la maladie,
mais en meurent. Ainsi nous a-t-il été
assuré par plusieurs personnes en état
de le bien savoir.
(SKtontque |)oUtt(|uc.
Le vent est décidément à la guerre, et
cet objet si grave met en seconde ligne
tous les autres intérêts.
Les forces des puissances belligérantes
se sont déjà rencontrées sur les bords du
Rhin. Une dépêche de Saarbruck du 24
annonce qu’une escarmouche a eu lieu le
matin de ce jour même près de Geisweiler..Les français se sont retirés en laissant
dix morts et blessés. Les fusils à aiguilles
se sont montrés supérieurs aux Chassepots.
Du reste, on manque jusqu'ici de détails
8
-240
certains sur les opérations militaires. Une
dépêche de S‘ Petersbourg annonce que
l'empereur de Russie est résolu de maintenir la plus stricte neutralité, tant que
les intérêts de la Russie n’auront pas à
souflrir de la guerre actuelle. Le cabinet
de S‘ Petersbourg est prêt à donner son
concours à toute mesure tendant à limiter
ou à faire cesser la guerre.
— 11 a été également décidé dans un
conseil commun des ministres de Suède
et de Norvège, présidé par le roi, que cét
état maintiendra. Il va sans dire qu’il en
est de même pour la Grande Bretagne,
dont le Gouvernement a émané des ordres
très précis et très sévères à cet égard.
Quoique le Danemai'ck paraisse incliner
évidemmant pour la France , il se maintient jusqu’ici dans la neutralité, peutêtre par égard pour la Russie et l’Angleterre. — En somme jusqu’ici les doux
puissances guerroyantes n’ont pas d’alliés
pour cette œuvre de destruction.
— En Italie ou travaille, à ce qu’il paraît , au ministère de la guerre, à n’être
pas surpris dans le cas où l’on devrait prendre part au conflit franco-prussien. Il paraît
qu’en Allemagne l’enthousiasme est très
grand et général. La guerre avec la France
y ressuscite la haine formidable que Napoléon r avait su inspirer aux Allemands.
Cet enthousiasme est partagé par les ressortissants de cette nation qui sont établis
à l’étranger. — Un grand meeting des
Allemands établis aux Etats-Unis, tenu à
S. Louis le 19 juillet, a fait parvenir au
Président dé l’Allemagne du Nord une
adresse des plus chaleureuses, avec prière
de la communiquer au roi et de la publier
en Allemagne. Dans ce meeting a été votée
la souscription d’un million de dollars
comme fonds de secours pour les soldats
invalides et les enfants orphelins de ceux
qui tomberont dans la lutte.
Il est touchant de pouvoir constater,
qu’à côté des dispositions féroces qui engendrent et qu’engendre la guerre, la manifestation de sentiments et d’actions d’une
vraie humanité. Sur la proposition du Gouvernement Suisse, les puissances belligérantes recoUnai.S9ent la neutralisatibn des
ambulances, telle quielle a été établie
dans la convention de Genèye de 1864.
Un coÙMfé Central formé â' L'oàdfes pour
recevoir les secours destinés aux blessés
et malades militaires reçoit des sommes
importantes des diverses parties de la
Grande Bretagne. Le sous-comité de Liverpool lui a envoyé, en un seul jour,
Lst. 2800 (70,000 fr.). La seule condition
réclamée des donateurs est que leurs secours soient distribués à parts égales sans
distinction de nationalité.
— Une feuille française, le Journal de
S. Jean d'Angeli, contient, à l’adresse de
l’Empereur, sous la date du 20 juillet, la
pétition suivante qui se couvre de signatures ;
« Sire,
«MM. les Ministres,
« Lorsque l’ennemi est sur nos frontiè» res, c’est l’heure des grandes.résolulions.
» — Depuis vingt ans nos soldats sont las
» d’être les défenseurs d’un pouvoir tem» porel aussi usé qu’impopulaire.
» Les enfants de la France sont heureux
» d’être les défenseurs de la France, ils ne
» veulent plus être les soldats du pape.
» En conséquence , les soussignés ont
» l’honneur de vous demander le retrait
» immédiat de nos troupes de Rome ».
Sera-t-il fait droit à une demande si
juste et si raisonnabte qu’elle est opportune?
— De par le ministre de Injustice qt
des cultes, défense est faite aux journaux
français de parler de la guerre.
CitBIiliKT IIË i.l<:CTDRK.
42 rue Maestra, ^ ,
au fond de, la cour, à gauche. ,
: . .-iJ, it- ,
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Religieux, Scientifiques,' Illustrés, Por
litiques. Agricoles etc. 'i
^ II. ; - il”'
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:■ '.-'J J _------------------------i-1
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