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Cinquième Année.
14 Avril 1879
N. 45
LE TÉMOIN
ÉCHO DES VALLEES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Kfiiis we sort's (êmoiiiR. Ai,:ths J, ■
Su.vani la ràrità ov^c la churiit:. Ef. 1, 15.
On s’nboiine ; .
Pour Vlïiférievy' cliez MM. les
PHSte^irs et les Jibraues île
Terre l’eliiihH.
Püiir l'y''«.?crît’tfr au Bureau d’Aflmiuist i a’ ion.
PRIX D’ABBONNBIMENT PAU AN'
Italie . . . . fl. !i
Tous las pays rie rUnian |
de poste . . . “ 6 I
Amérique , » f) j
Pour la KïiDAI’TlON adiesser ainsi: A la Direct!^ n du Jernoin , Poinarerto (Piijerolu) Italie.
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Les envois cVargent se fout par
Jellre reciinmandee ou par
mandais sur le Bureau de Pe~
rusa Argentina.
O m ITI. a irò.
Pierre VaUio et les pavivres de Ly<m, —
Le rocher étiTil Christ, — Les carrières
do pierre. — Corresponiiance. — Nonvelles religima/’.s ut faits divers. — tieene
politique.
IMËlSItË VALDO
el ks iiiiuvres de Lyon
V.
If école.
{S ui te J
Si les seiiimci’.': de Valdo .sont les
mêmes que celles qui lempiissent les
traités vaudois, ü favil convenir qu’elles
inreni choisies.avec un singulier discernement. 11 sufïit, pour s’en convaincre
de lire les maximes suivantes que nous
empruntons loute.s à mi seul et même
traité. " 11 est plus aisé de créer le
monde que de jiistilier le méchant n.
— Augu.slitî : « les !iomrne.s ne peuvent
donner le Saint Esprit, quelle que soit
d’ailleurs leur sainteté». — Ambroise;'
a celui-là seul pardonne le.s péchés qui
est mort pour nous ». —’ Et encore:
* c’e.sl la parole de Dieu qui pardonne
le.s péchés; le prêtre n’est que le juge».
Les citations de ce genre reviennent
si fréquemment dans les écrits des
vaudois qu'on ne peut guère .s’empê-t
cher de croire que leurs auteurs avaien
en les composant, leur petit recueil
de sentences dans la mémoire on .sous
les yeux. Ce qui prouve au reste que
les maximes glanées et traduites par
les soins de Vaido ne l’urenl point
inniiles à ses évangélistes, c’est ce
qu’on disait de cet ouvrage : s ces
gens, murmurait-on , vont glanant des
paroles d’.Augustin , de Jérôme , de
Grégoire, d’Ambroise, de Jean Chrysoslôme, el d’Isidore, dams le double
dessein, d’appuyer de ce.s passages
tronqués les inventions de leur cerveau ,
et de mieux résister aux attaques de
leurs adversaires. C’est ainsi qu’ils surprennent les simples en colorant des
plus belles sentences des Pères-Jeur
doctrine sacrilège ». «Au reste, ajoute
loyalement notre auteur, l’intention de
ces vaudois de Lyon, en s’ornant de
ce que les anciens ont dit de plus
admirable, est bien moins de donner
à leur secte un appui solide (aiiclorisaleiir) qu’un beau vernis, tant ils
sont persuadés, quant à eux, qu’ils
n’eri.seignent rien que de parfaitement
salutaire ».
Outre lesÿcniences dont nous venons
de parler, les missionnaires de Vakio
avaient également à leur usage certaines poésies ou; compositions cadencées qu’ils nommaient les trente degrés
de S' Augustin, el dans lo.squels, dit
Tronet, ils foul-do leur mieux pour
inspirer ramour dy bien el l’horreur
du mal. ■— • Seulement, ajoute-t-il,
2
.114—
ils ont eu l’adresse d'y introduire les
erreurs de leur culte et de leurs doctrines (ritus et hœrese<i), dans l’espoir
d’en augmenter l’atlrail sous cette l'orme
versifiée, et de les graver d’autant
mieux dans la mémoire ». — L’auteur
fait de plus observer que les vaudois
« avaient, dans ce même dessein, composé nomljre d’autres écrits qui ne manquaient pas d’une certaine beauté».
Il y a bien, en elTel, d’«Mires écrits,
tant en prose qu'en vers, que l’on attribue quelquefois aux pauvres de
Lyon, C’est ainsi que, san.s compter
les traités perdus ni ceux qui sont mutilés, il nous reste un traité De la lenior
del Segnor, un autre De las tribulations,
un petit écrit intitulé De la podestà
donâ a li Vicari de Krist, un sermon
Del judici, une explication des Dix
Commendements, une autre et même
degx de Oraison Dominicale, et d’autres livres encore, tous en langue romane. Si notre historien, Pierre Gilles,
qui paraît avoir vu les « doctes et
chrétiens écrits » de Valdo, avait eu
l’heureuse pensée de nous en transcrire
quelque chose ou tout au moins de
nous en donner les litres, ce serait ici
le moment d’en parler, et nous ne
manquerions pas d’y trouver comme
lui, des “ témoignages assurés de la
grande doctrine et singulière piété «
du réformateur de Lyon. Mais ne voulant pas risquer d’attribuer à Valdo
ce qui pourrait ne point lui appartenir,
nous nous bornerons à dire que plusieurs des traités vaudois qui nous restent réilétent d’un bout à l’autre ses
sentiments, et lui sont très probablement redevables de quelque chose.
Tel était, pour autant que nous avons
pu le découvrir, l’enseignement que
recevaient les évangélistes de Lvon vers
l’an 1178.
Cet enseignéVnent comprenait-il d’autres branches encore ? On le dirait,
à voir les litres do certains manuels
employés par les barbes vaudois dans
leurs écoles. — Cependant tout ne
pouvait arriver en même temps, et
Valdo avait déjà beaucoup fait en donnant l’exemple et l’impulsion. Si plus
tard on constate que k le peuple vaudois a eu des pasteurs fort soigneux
de bien instruire la jeunesse et surtout
les escholiers de bonne espérance ; »
si les barbes enx-mêmes ont été en
général « fort doctes, bien versés és
sciences, langues et intelligence de
riiscripture Saincte ainsi que des docteurs de l’ancienne église, » et cela
au point qu’on venait d’Alsace et de
Bohème pour étudier à l’école des
vaudois de Lombardie, — ce n’est
point trop accorder à Pierre de Lyon
que de faire en partie remonter jusqu’à son école la cause de ces beaux
résultats.
Si imparfaites que fussent les éludes
qu’on y faisait , elles ne laissaient pas,
en effet, que d’amener les élèves au
point de pouvoir exposer la vérité
d’une manière plus attrayante que ne
l’eussent désiré leurs ennemis. — Ce
n’étaient que des ignorants, au dire
de ceux-ci : « mais avec tout cela, se
hàtait-on d’ajouter, par leurs discours
doux comme le miel ils captivent les
simples , et leurs paroles toujours
pleines de grâce gagnent tous les
cœurs ». Valdo n’avait donc point travaillé pour néant.
Le ntcher ëlail (Ihrisl
1 OoR. , 4
Le peuple d’Israël avait échappé à
la mort : Dieu l’avait fait sortir hors
du fourneau de fer, et l’avait merveilleusement délivré de la main de Pharaon en lui faisant traverser la mer
Rouge. Israël craignit alors l’Elernel
et il crut en l’Elernel et en Mo'ise son
serviteur. Un cantique de triomphe et
de délivrance, retentit sur le rivage
de la mer; la puissance et la miséricorde de l’Eternel étaient hautement
reconnus.
C’est lui qui m’a gâuvt*
Peu de jours s’étaient écoulés, et
le peuple au lieu de s’en remettre tout
simplement à la bonté et à la puissance de Dieu , commençait à murmurer et à dire : pourquoi nous as-tu
fait monter hors d'Egypte pour nous
faire mourir de soif avec nos enfants
et nos troupeaux !
3
„115^
Ge ftu alors que Dieu ordonna à
Moïse de irapper le rocher d’IIoreb,
ce qu’ayant fait, il en sortit de l'eau
pour tout le peuple.
Quarante ans environ s’étaient écoulés ; le peuple avait toujours été soutenu miraculeusement dans le désert,
cependant le même murmure se répète :
«Ique n’avons-nous expiré?... El Moïse
sur l’ordre de Dieu , fil de nouveau
sortir de l’eau du rocher. ( Nomb. xx.
Du rouher il fit jaillir des sources
El couler dea^enux comme des fleuves.
(P-s, 7S)
.‘\u sujet de oes miracles de Dieu ,
St. Paul a écrit: * Ils ont tous bu d’un
même breuvage spirituel, cai' ils buvaient du rocher spirituel qui le.s suivait ; et ce rocher était Christ». 1
Cor. X.
Nous ne savons trop que dire de la
supposition que font quelques-uns pour
expliquer ce mot « qui les suivait »,
Ils pensent qu’un torrent sortait continuellement du rocher qui avait été
l'rappé par Moïse en lloreb et parcourait le désert dans la direction que
devaient suivre les israëlites, et allait
ensuite se jeter dans la mer Rouge.
En tout cas, il paraît qu’il n’en existe
actuellement aucune trace. — Un célèbre voyageur dit avoir trouvé la fontaine que Moïse avait fait jaillir du
rocher de Kadès. Nomb. xx.
Quoiqu’il en soit, le fait tel qu’il
est raconté, a bien été réel ; les israëliles dévorés par la soif ont trouvé
abondamment de quoi se désaltérer
dans les eaux sorties , par la volonté
de Dieu, d’un rocher. Mais ces choses
alors matérielles, ou animales, étaient
la figure de choses spiritiiélles. Car
ce qui est spiriki,el n’est pas le premier,
c’est ce qui est animal ; et ce qui est
spirituel vient [après. 1 Cor. xv, 46.
— Les bieofai'ls que Dieu accordait
alors par la puissance de sa parole,
comme la manne et l’eau du rocher,
ôtaient la représenlalion de bénédictions spirituelles; du viai pain de vie
et de ta source d'eaux vives Or ,
celui qui est le pain de vie , et qui
donne l’eau vive, c’est Jésus-Christ.
— Jésus-Christ était bien le roeber et
le Rocher des siècles qui suivait ou
accompagnait réellement les israëlites,
mais ceux-ci, an lieu de mettre en lui
leur confiance, le lentaienl. 1 Cor.
X, 9. Or ce qui n’était alors que pour
un temps, et pour servir de figure et
d’exemple, devait trouver toute sa réalisation dans le Christ se faisant chair
et venant dans ce monde.
Que les israëlites noirs servent d’exemple pour ne point faire comme eux.
Dieu après avoir fait sortir les enfants d’Israël de la maison de servitude
ne les abandonna point à eux-mêmes,
mais les supporta et les soutint par
ses bienfaits intarissables. Il ne les
laissa point mourir de faim ou de soif,
il fit même sortir l’eau du rocher.
j. Christ , après avoir donné sa vie
pour nous i-acheler de l’esclavage dit
péché, ne nous abandonne point à nousmêmes, mais il nous accompagne, pour
nous communiquer la vie à chaque
inslanl. Jexn vu , 38 ; xiv , "18 , xv ,
Mxtth. 28, 20.
Malgré la puissance et la bonté déployéc.s par l’Eternel, les israëlites n’avaient pas su voir sa délivrance et s’en
assurer. Aussi chaque fois qu’ils étaient
dans le besoin , au lieu d’avoir confiance en Dieu et d’invoquer l’Eternel,
ils murmuraient contre lui et attiraient
sur eux sa colère. Lorsqu’ils mouraient,
ils se souvenaient que Dieu était leur
rocher, mais î» peine délivrés, ils l’oubliaient de nouveau.
Noire Seigneur J. G., nous a délivrés
de la condamnation, nous en sommesnous assui'és ( voir Romains viii ) de
sorte que notre foi soit bien aifermie
en Christ, pour obtenir la victoire sur
nos ennemis, pour être nourris, pour
ne point murmurer, pour ne point
tomber dans le désert, mais être introduits dans le repos de Dieu, où l’Agneau conduit ses rachetés aux sources
d’eaux vives. (Ap. vu j.
O mon lf:s oanx do la grdcfl
Sortent Je toi pour me désallT'rer ;
Dii ton Esprit que la sninte eilicaoo
Prô?erve 6 DitMiI mon ctsnrde murmurer.
4
...Uñ
Les carrières de pierre
L’on entend souvent des plaintes
que le Témoin manque de nouvelles
locales, et ce n’est pas sans quelque
raison. Mais il l'audrait en avoir pour
en donner; or notre peuple ne nous
en Iburnil pas beaucoup. Car si les
Piémontais disent d’eux mêmes : Noui
soima i bougianeti, les vaudois sont
encore plus qu’eux ou pied des monts,
el encore imoins remuants. El au
sein d’une population de montagnes ,
qui ne sort guère de ses occupations
habituelles et qui lient aux vieilles
coutumes, serait-il possible de Irouvei'
assez de nouvelles locales de quoi alimenter et rendi'e intéressant un petit
journal , .si petit .soit-il ? Et si notre
vie ne nous iournil point de nouvelles
l’on ne peut non pins les inventer. Si
au moins il y en avait de celle.s qui
réjouissent les angc.s du ciel , mais,
hélas ! elles .sont excessivement rare.s,
el Dieu veuille nou.s accorder d’en avoir
bientôt de semblables. Cependant, si
chacun voulait bien y réfléchir, il trouverait peut-être ou dans les localités
célèbres de notre histoire, ou dans les
travaux, ou bien encore dans les us
et coutumes de notre population quelques données intéressantes à communiquer. Nous mettons en avant celle
idée dans l’espoir que quelqu’un autre
voudra bien concourir :'i faire vivre
notre petit journal des Vallées ellesmêmes. D’antanl plus que d’après ce
que l’on nous écrit de Berlin , il est
pour les vaudois à l’étranger, précieux
el indispensable, el pour nos bienfaisants amis, l’unique moyen dont ils
se servent , pour se tenir au courant de ce qui concerne notre Eglise.
Cela n’empêcherait pas de fournir aux
habitants des Vallées des nouvelles du
dehors, el les vaudois è l’étranger en
donneraient d’autant plus volontiers
qu’ils seraient intéressés par l’écho de
voix amies qui parlent de leurs chères
montagnes,
Et pour ne pas nous borner à une
.suggestion, nous allons faire un essai
de ce genre.
Une plume mieux taillée que la nôtre,
pourrait par exemple , écrire un bon
nombre d’excellents articles, sur l’objet
(le commerce de Luserne et de ses
environs, .le veux parler des belles
pierres la plupart en forme de dalles
de dilTéianiles dirmifisions qui sont entassées en nombreux dépôts à Lu.serne
et aux Airals, el de là transportées
à Pignerol, à Turin, au delà, de l’Adriatique et miême de l’Allanlique.
■le m’en vais essayer de von.s en dire
quelques mots. Du Frioland, sommité
en face du Mont Viso, se dètacbenl
cornine deux grands ¿iras , dont l’nn
fait un immen.s(; circuit d'abord vers
le, midi, puis vers l’ürii'nl, et l’autre
SC dirige d’abord vej-s bi nord, el ensuite ver.s l’est, et tous deux sc lei'rninenl en collines qui alïoutissent à
l’antique village de Luserne. A son
pied se ratlaclient doux grands mammolons, dont J’nn est dans sa partie
supérieun; couvert de magnifiques pâturages el de champs nombreux qui
ont pris la placci d’épaisses forêts de
mélèzes, et présente dans .sa partie
inférieure d’énormes rocliers. L’antre
est couvert an nord et à l’orient de
bois de liêlres', et au midi de champ.«,
de prés , el de chàtaigners. De sorte
que la Vallée qui se trouve entre ces
deux bras, presente plusieurs ramifications dont les principales sont tes
vallons de Butnefel de Bora;, et qui
toutes versent leurs eaux dans le petit
torrent de la Luserne, qui va lui-même
se jeter dans le Pélis. C’est dans les
flancs de ces montagnes-que se Irourent de la pierre à chaux , el les carrières de pierre qui se divisent par
plaques de différentes épaisseurs.
Ces carrière.« de pierre se trouvent
partagées entre quatre communes. Du
côté (lu nord sur le val Pélis, les carrières de Brouard qui appartiennent à
La Tour; sur le ver.«anl opposé, du
côté du midi se trouvent celles de Bora
au nombre d’une vingtaine. Sur la rive
droite du torrent la Luserne se trouvent celles de St. Jean Luserne , au
nombre de cinq ou six, mais très
riches, ou du moins, dont le louage
a été poussé à des prix presque fabuleux J el celles de Bagnol au nombre
d’une trentaine. Celle dernière commune en possède sur le versant nié-
5
Jl7
I’idiona] do ccf niinniaQ:nes, mi nombre
beanconp pin« grand cnrore.
El. mainlenanl quo nous savons iron
viemfeiu cos belles pienes (¡ni enli'enl
dans la consiVnclion ol I'onl i’ornemonl des plus beaux palais, nous invilons le leclcur :i remonter le long
du' torrent do la bnsorne ¡lOur y voir
de plus pi'ès les canières' où d’elles
sont tirées. '
iSJorrcsponbance
Il y a pa.ssabloinfinl longtemps que
nous avons reçu de riol.ro ami,, monsieur le proro.sseur A. l.ievel, la lelli’c
ci-après dont le contenu a pour nous
un inlérèt très particulier et it laquelle
nous répondrons dans nii procliain
numéro. ! '
Monsieur el. cher frèrej
Dans ie numéro 10 du Témoin, page
7H, vous expciiriez la conviction trèsprol'oridc quO' indépendamment de la
tradition ecclésiastique,' il est h‘uli.spensable d'admettre une seconde capiivüé de l'Apôtre S‘ l’aul , pour l’inlolligencc . d’une bonne pai lle de .se.s
épîtres; et vous allirmez qu’il y a lebs
passages qui la niellent hors de doute.
Je ne prétends, pas que mon o|)iniou
ait quelque poids en pareille malière;
mais je ponse.qu'il y a de bons arguments u’i i'aire valoir contre i’hypotiiôse
d’une seconde captivité. lAon peut élalilir, avec une parfaite vraisemblance
que les Epîtres aux Ephésiens, aux
Colossiens et à Philémon, ont été
écriles lorsque S“ Paul était prisonnier
à Cosarée; l’on peut trouver à l’Epîlrc
à Tile et à la première à Timothée,
une place dans la période d’activité
missionnaire qui e.sl comprise entre les
deux voyages de Ibuii à Corinthe ,
raconlés par S*' Luc, rien enfin n’empêche que la deuxième à Timoliiée ne
soit rapportée aux premiers temps de
la caplivilé de S‘Paul it Home, aniérieurement ù l’EpUre aux Philippicns
qui serait, dans ce ca.s, la derniêi'c
des épîtres de l’Apôtre h nous connues.
Tons ceux qui admettent la seconde
captivité tic Paul, ne manquent pas
d'objecter le )iassage 2, Tim. iv, 20,
qu’iis considèreni comme un argiinienl
sans réplique : Erasle est resté à Corinlhé; fai laissé Trophirm malade à
Mild, ii quelle époque l’apôlre a-i-i!
pu laisser Trôphime à Mikl? [j’Ephésien l’rophirne se trouvait avec Paul
à Jérusiilem, (Actes xxr, 29), et il
fut la cause innocente du luumllc qui
amena l’arre-Stalion de l’Apôlre el son
li'nnsfert à Césarée. La captivité de
Paul à Césarée dura deux ans enliers;
l’an (il , en automne, Pesins envoya
son pri.sonnier 'il Rome,, et'le vaisseàu
qiii portait Paul ii’a touché A aiicrin
port de l’Asie-mineure, sauf à celui
dfi' Myra en Lycitt, qni èsi à plus de
150 milles au Sud dé MilM, el où fut
opère le transbordement des pa.ssages
sur un navire alexandrin en route vers
rilalie. El du reste il ii’esl aucunement
auestion de Trôphime, lors du départ
de Césarée, ( Actes xxvii, 1, 2 ).^ |ja
captivité de S*' Paul s’est prolongée à
Rome pendant deux anire.s années,
depui.s le prinlenqis de 62 jusqu’au
prinlèhips de 64 Où pourrait donc se
placer le détail qui concerne la per.«0006 de Trôphime laissé malade à
Milet , si l’on rCadmel pas que St Paul
a clé libéré, qu’il a fait nn voyage'en
Asie-mineui'o, et que, de retour A
Ronie , il a été incarcéré une seconde
fois? — Telle est Tobjeclion ; et je
pense ne pafi én avoir alténaé la force.
Aoici maintenant ce que l’on pont
répondre : '
1) S‘ Paul, prisonnier’à Rome^, écrit
il son bien-aimé .Timolhéé, résidant
pour loi’.« à Epbèse, qn’iljse bâle de
venir le rejoindre, car il'Tl’ApoIre)
a été abandonné de ions et n’a auprès
de lui, comme ftollaboralenr, que Luc
seul, (2, Tim. iv ,’9, .ïtmJttHÎs). Timothée est prié d’apporter avec lui le
manteau, les papyrus el le.s paieliemins, que Paul avait laissés ,à Troas
chez Carpus (2, Tim. iv, 13). Ce détail s’explique paifailement bien, en
le rapportant au séjour de Paul à Troas
dans ( Actes xx, 6,13); séjour d’une
semaine, terminé par le mémorable incidëiu d’Ëulychès , et suivi d’un prompt
6
...lis,.
c(épa)'l de l’ApôU'cqtii, deTroas, veiil.
se rendre à [ded à Assos, et so moi
en loule an point du jour, loiil seul.
— Esl-il concevable que S,, Paid n’ait
sou!ié à réclamer ces eiïels qu’au bout
de six ans, et peut-être davantage?
Dans l’hypotbèse d’une seconde caplivité, il i’ant, enlasseï' .suppositions sur
suppositions, pour pouvoir se rendie
compte de la cbose.
2) La deuxième à Timotiiéc se leriTiine prop remen I au vei'sel ly, 18,
par la doxoloyie et l’amen. Ce qui suit
n’e.sl plus qu’un poslscriplnm, contenanl des salnlalions de S* Paul l’i Priscille et Aquilas, et des salnlalions à
Tinsotbée de la part des liéros de l’Egli.se de lionne. Entre deux, se Irunvenl les détails; (iraste est resté à
Corinliie , Tropiiime est malade à MilcI.
— Est-il concevable que S' Paul , ait
(iiiïéré jusqu’à son relour à lióme ,
pour informer Timothée , résidant à
Epime, de la présence de Tropbime
malade à Milel '? U n’y a pas plus de
30 milles de Milel à liphèse; Tropbime
éluil parlàilemeul connu de Timotbée;
et ce dernier aurait dû êli’e informé,
do bien loin, de ce qui se passait tout
près de lui ? Et que penser de P A poire
qui aurait laissé Tropbime malade à
Milet , serait tranquiüemenl revenu à
Rome et, à loisir, dans un postscriptmn , aurait donné connais.sance du
fait à Timothée'? Cela est contraire à
tonte vrî^isemltlance.
3) .le rii’expiiqne autrement ce posl.scriplum si laconique. Je pense que
c’est vraiment au dernier moment,
alors que S Paul avait écrit tout ce
qui précède, qu’il a eu connaissance
de.s aeux faits: Eraste est resté à Corinthe, dans sa ville natale, et Tro ■
pliime est malade à Milel; ce qui l’eiv;*'age à répéter: s iiàle-toi de venir,
avant riiiver, car il se sent plus seul
que jainuis. S“ Paul a pu être informé
de la chose, soit par le moyen de
communications épislolaircs, soit par
le moyen d’envoyés spéciaux, soit par
des rapports oraux qui lui seraient parvenus sur riieiire. L’on se ferait du
siècle apostolique une idée bien étrange,
si l’on s’imaginait qu’en dehors des
égîlrcs canoni.qites, les apôtres et leurs
compagnons d'œuvre êlaienl dans l’inipossihililé de co.mmnniqner enlr’enx
et de se iransmeitro ce que l'on appelle
le.s nouvelles à la main. La correspondance de S‘ Paul devait être, cerlainemenl, beaucoup plus étendue que ce
qu’on imagine au premier aboi'd ; il
a écrit lui-même plus de lettres que
nous.n’en avons; et combien n’en aura
l-ii pas reçue.s soit de la part des
liglise.s, soit de la pai't de ses amis!
4) L’on me dira : tout cela est plausible; mais il vous re.sie à expliquer
les mots: n j'ni laissé Tropbime malade à Milel». A mon tour je dirai:
la traduction est plausible, mais l’on
peut traduire aussi d’une auiVe manière, sans faire ancmie violence au
texte. Le texte porte un mot qui est
à la fois la [u'emiére personne dn singulier ( j’di laisué}, et la troisiènio
|iersonne du pluriel (on a laissé ); i;\
il n’y a pas do grammaire à moi connue
qui m'oblige à accepter de confiance
la traduction usuelle. —Tout au moins
conviendra-l-on, je pense, que le passage 2, Ttw. IV, 20, n.’esl pas nu argument .sans réplique en faveur de la
seconde captivité, — et qu’il n’esi pas
rebelle à ropiniou contraire, que je
tiens encore comme préférable.
A. Revel.
ièouueUc0 rcUijictiae©
et faits divers
Italie. — On lit ce qui suit dans
la correspondance italienne du Journal
de Genève, dit 4 avril; «. Grand émoi
dans notre monde clérical. Les sermons de Mgr. Mermiilod ont provoqué
des conférences, où le pasteur Vaudois Ribelli, qui a étudié à Genève
notre parenthèse, .se propose de démontrer que le culte de la madone
est une béi’ésie et même une hérésie
p.ar excellence...... Allons-nous as
sister à un tournoi sur la sainte Vierge
entre M, Ribelli et l’évêque d’Hébron? On prétend que oui. — M. Ribelli parle aussi bien, le français que
l’italien, cl je le crois de taille à luUcr
7
119-
à tous égards, et avec succès, contre
votre vicaire apostolique. — ün'parle
déjà d’un triduum monstre pour apaiser Dieu • irrité des hlaspliêmes du
programme affiché partout de M. Ribelti »,
France, — Dans une nombreuse
réunion en faveur de ia Société évangélique de France qui a en lieu à Paris,
le 'il mars dernier, M. Fourneau qui
vient de visiter les stations et annexes
de la société, dans l’Yonne, la Nièvre
et la Côte d’or, a tracé un tableau trèsvivant du mouvement religieux qui s’y
opère, des foules qui accourent partout
où l’livangile est prêché, et de ces
Eglises qui se forment dans des villes
et des bourgades qu’il n’y a qu’un an,
ne comptaient pas un seul protestant.
Ainsi l’Eglise de Chalel-Consoit compte
déjà 102 membres. M. Réveillaiid qui
a visité t’œuvre de la même Société
dans la Creuse, a vivement impressionné l’audiloire en le transportant
dans ces granges, ces mairies, ces
salles d’école c“' où des miil
liludes s’entassent pour entendre l’Evangile. La Société compte déjà 49
annexes dan.« ce seul département où
il n’y a pas plus de 10 protestants de
naissance; 400 familles lisent rEcrilure
sainte, et plusieurs sont converties de
cœur à l’Evangile.
— Le sujet à traiter dans les mi(érences paslorales générales qm auront
lieu à Paris le l*"^ et le du mois
de mai sera ; des moyens de ramener
la jeunesse coHlemporaine d l’Evangile
et à l'Eglise, et celui qui doit se ti’aiter
deux jours avant dans les conférences
pastorales des Eglises indépendantes,
des conditions de l'efficacité de la prédication. Rapporteur pour le premier
de ces sujets: M. le pasteur Recoiiii,
et pour le second ; MM. les pasteurs
Rouvière cl Lichlenberger.
îJetïuc folttti|ue
La Chambre des députés, après .yoir
entendu les inlerpellalions de plusieurs
députés sur les manifestations républicaines qui ont eu lieu dans plusieurs
localités et surtout à Milan et à Gènes,
s’est prononcé pour le niaiolien de
l’ordre et des institutions constitnlioiinelles qui nous régissent et a adopté,
à une très forte majorité, un ordre
du jour dans ce sens. Trente-sep! voix
de l’extrême gauche, entr’aulrcÉ celle
de Zanardelli et de Berlani, ont seules
repoussé l’ordre dn jour. La Droite
a volé avec les groupes de Nicotera,
de Crispí, une partie du groupe Cairoli
pour approuver la politique intérieure
de Déprétis qui s’est prononcé pour la
répression de lotit acte, ou môme de
la préparation de tout acte, tendant à
renverser l’ordre de choses actuel.
Toutefois la discussion théorique est
libre, cl le droit d’association reconnu.
La Chambre a ensuite commencé la
discussion d’un projet de loi sur le
chemin de fer du S* Gothard ; mais
quand on en est venu à la votation ,
on a constaté qu’elle n’était plus 'en
nombre. Elle s’est prorogée jusqu’au
2.^ avril courant.
Pendant que ¡les députés partaient
pour le.s vacances de Pâques, Üarihaldi
arrivait à .Rome, Les journaux se demandent dans que! but le solitaire de
Gaprera a qiiillé son île. Pour les uns
c’est pour reconstituer et fortifier le
parti de l’opposition , pour les antre.s
pour rendre visile à la Reine Viclorià ,
pour d’autres, afin d’a.istircr le sorl
de ses plus jeunes enfants, ou bien
pour encourager les travaux de canalisation du Tibre. Garibaldi est très
soiifiVanl; et sa venue n’esi peut-être
motivée que par les .soins que néces.siie sa santé fort délabrée. Le Roi
Humbert a déjà envoyé à plusieurs
reprises le général Mediei prendre de
ses nouvelles. L'IlaUe vient de perdre
deux liommes distingués apparlenani
au parti libéral modéré , le député
Pisanelli, jurisconsulte distingué, nncien ministre, et le sénateur Monteitemolo, ancien préfet.
Nicotera a été sérieusement malade;
les dernières nouvelles sont nieilleiu'es.
— Les journaux du Vatican publient
une lettre du Pape au cardinal-vicaire
dans laquelle il se plaint de l’augmen
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lîUion ries écoles proleslanles à Rome.
Léon Xlll nomme une commission do
prélats cliargée de trouver les moyens
de mettre un l'rein à tu propagande
protestante. '
— No U s 1 Î.SO n s d an s I e J otii'n. de Genève. :
Le Popolo Ropianolfil d’antres feuilles
ont trouvé déplacée l’affiche où monsieur [{ihetti, pasteur vaudois; annonçait de.s conférences sur ce thème:
« le culte de Marie est l’hérésie par
excellence ». Il paraît que la police a
adopté la manière do voir de ces oi'ganes de la presse, car elle a saisi lès
affiches en question et infligé une contravention à son auteur, non pas précisément à cause du texte des affiches,
mais ■ parceqtl’il avait négligé de les
souméllre à Pappi'obatibn préalable de
l’autorité Compétente. Il en sera quitte,
je crois, pour quelques francs d’amende. Aller plus loin, lui intenter un
procès pour offense à « la religion de
l’Ejat,» (arl. 1"' de la 'constilulion)
me semble impossible puisque la loi
des garanties porte que la discussion
religieuse est libre.
Telle ne paraît pas être ,1a manière
de voir du Popolo Homano et de \'Av?;enîre,.]oui'naiix progressistes,
A ce pi'.opos ,, il est untéressanl de
reproduire un âi tiole du Büor.gimenio,
journal libéral, dans le vrai sens du
mot, quoique modéré. Cet article, dû
à la plume de M’ L. ï., ancien député
de Briqueras, constitue,pour nous un
fuit instructif et une noble vengeance:
Voici l’article en question intitulé
d hérésie. par excellence:
a Pour avoir une nouvelle ¡arouve
qu’en fait de liberté religieuse certains
pi'ogressistes sont plus en arrière que
nous modérés, on n’a qu’à lire la
polémique de deux journaux politiques
qui passent pour“ être des amis des
mini.slres actuels, VAvve/nire et il Po
polo Romano.
» Un nianifeste a éléalïiché à la porte
du temple protestant vaiidois près du
théâtre Qitirico à Rome. Dans ce manifeste, on annonçait une conférénee
sur ce sujet : la mère de Dieii, ou l’hérésie par excellence, avec le vtl de la
questure. f ■ :
» Qui le dirait? Les deux journaux
sus-mentionnés blâment la permission
donnée, comme une offense à la majorité, au woins pour aussi longtemps
fine le premier ariicle du Stalnt n’a
pas été abrogé.
» Messieurs! ici-on K’a en ari'ière et
même beaucoup ! Dès les prcmiei's
temps de la Conslitntion en Piémont,
quand on a discuté les lois Siccarcli,
l’abolition du forum ecclésiastique, le
mariage civil , la suppre.s.vion des corporations religieuses, les modiiicalions
des articles du Gode pénal contre le
blasphème etc,, on a reconnu le principe d'interpréter cet article, non dans
le sens d’une différence de ifaiiement
entre les divers cultes existants, mais
comme une reconnaissance de la religion professée par la majorité et comme
un hommage de la préférence qui lui
est due dans les fonctioni-^. civiles et
religieuses.
y> Toute autre définition, dangereuse
en droit, a été excinse comme contraire à la liberté . religieuse , fondement de toutes les autres franchises
corislituliOnnoiles.
» Après cela que des journaux qui ont
la réputation d’être ¡dus libéraux que
nous contestent cet exercice d’actes
extérieurs des ciilles quand il ne lèsent pas dans leur forme celui de la
majorité, cl ne sortent pa.s des limites
du respect réciproque et de^^bi tolérance .mutiielie qu’ils se doivent, c’est
vraiment là l’indice d’ufl/libéralisme
espagnol de nouvelle espèce.
» Nous ne pouvons apercevoir, quoiqu’en disent ces journaux méticuleux,
aucun outrage dans le mol d'hérésie,
dont on se sert dans toutes les conIrover’ses Ibéologiques... , èto.
K RM KST Ko B K 11 T, (iéni H t, .e t i d rninis.lro leu r.
t’igitérol, Irnpr. Ctiiauforc cl Masrarelli.