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Année Sixiètne.
20 Août 1880
N. U
LE T
ÉCHO DES VALLÉES VAUDOiSES
Paraissant chaque, Vendredi
Vous rne sevez ié'>noin&. Actes 1, 8. Suivant la vérité avec la charité, Ep. J,
PRIX D’ABBONNENtENT PAR AN Italie . . L. 3 Tous les pays de rUnion de poste . . .i* . ® Amérique . ■ On s'abonne ; Pour l'Intérieur cher MM. le» pasteurs et les libraires de Torre Pellice. Pour au Bureau d’Ad- ^ tninisttation. CJq ou pîusîeura numéros eépa- * rés. demandés avant le tU rag^e 10 cent, chacun. Annonces : 25 centimes par ligne. Les envois d'argent se font par lettre recommandée ou par mandats sur le Bureau de Pe- rostt Argentina.
Pouf la RÉDAfiTÌblS ïfJr&sser ¿iiisi i A iii Dîrèctloo du Ténuoin,, Pomaretto i Pifierfllo) Italie. Pour i'ADMINISTRATION adresser aìntì^'i Aj‘Administration du Téwioiti, Pomaretto i Pinerolo) Italie ■_ ■■■ ■■■— .éà-..~V‘ r = 7^-^
@om.m air*e«
Nos anciens Synodes. —
Correspondance. — Nourelks religieuses et faits
divers. — Chronique mudoise. — Annonces.
NOS ANCIENS SYNODES
Encore des Pasteurs.
(Voir le num. SS).
A quelque point de vue que
l’on considère la charge de pasleur d^ns nos Vallées pendant
tout le XVril'’ sièclA on est forcé
de reconnaître qu’aie ne devait
rien avoir de bien attrayant, selon
le monde. L’incertitude et l’insuffisanee des subsides généreusement envoyés d’Angleterre, la
suspension , même prolongée , de
ces envois , imposaient aux églises l’obligation, soit de fournir
un contingent plus ou moins considérable, soit même de pourvoir
eompiètement à l’entretien des
pasteurs et de leurs familles. Or
si les députés des églises étaient
autorisés à promettre en leur
nom, ces engagements, sur la foi
desquels le pasteur se décidait à
accepter une vocation, étaient trop
souvent éludés, ou amoindris, ou
tout-à-fait oubliés. Aussi les plaintes et les réclamations d’arriérés
dûs par les communautés se reproduisaient-elles dans la plupart
des Synodes- Et- ce n’étaiît pas du
superflu qu’ils avaient la prétention d’obtenir de leurs paroissiens,
dont la plupart possédaient à peine
nécessaire. Voici ce que le Synode de 1703 décide au sujet du
pasteur Bertin dont le ministère
est accordé à St- Germain : • Le
» ministère du sieur Berlin, pas»{teur de Rorà, est donné à l’é»Iglise de St. Germain, sous con»^ditieai que cette église lui donne
4un gâge raisonnable j sç^vAÎr: la
rf somme de 400 livres annuelles,
« le bois et le foin. une maison
i avec son jardin et les meubles
^ ordinaires et raisonnables, surtout des tonneaux, à défaut de
• quoi le dit pasteur ne sera pas
i obligé de servir cette église •.
^ Ce n’était pas toujours chose
facile que de loger le pasteur,
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surtout s’il avait une famille ;
ainsi l’église de Pornaret, qui avait
demandé un pasteur, ne put l'obtenir, parcequ’elle n’avait pas de
logement à lui donner. Plus d’une
fois, pour diminuer d'autant la
dépense, deux églises s’unissaient
pour avoir un pasteur commun;
ainsi Pramol et St. Germain, St.
Germain et Pornaret etc. Jusqu’en
1708 , Prarustin et Rocheplatte
faisaient une seule église avec
Rorà, puisque nous lisons à l’art.
10 de ses Actes : « L’église de
■* Prarustin et Rocheplatte deman» dant d'étre séparée de l'église
» de Rorà et de composer un corps
» à part, l’Assemblée lui a accordé
» sa demande, attendu qu’elle est
» en état de payer son pasteur
* comme les autres églises». Quoique les communications soient
incontestablement plus nombreuses et plus faciles aujourd’hui
qu’elles ne l’étaient en ces tempslà, nous sommes persuadé que le
plus robuste et le plus courageux
de nos pasteurs reculerait à l’idée
d’avoir la charge de deux paroisses,
môme des moins populeuses. Et
d’un autre côté nous supporterions
moins encore ce régime étrange
de continuelles mutations, plus
ou moins volontaires, que les Synodes décrétaient d’ordinaire à la
demande des églises , et qui imposaient aux pasteurs de très fréquents déménagements.
Aux fonctions ordinaires, parfois'*',très pénibles, s’ajoutaient des
services extraordinaires, faiigants
et périlleux. Comme les milices
vaudoises avaient donné des preuves éclatantes de leur valeur, on
s’en servait plus volontiers que de
toutes les autres ; et parcequ’on en
avait besoin , on leur permettait ■
de se faire suivre en tout lieu
par un ou plusieurs pasteurs;
les Synodes veillaient avec le
plus grand soin à ce que les
vaudois en campagne ne fussent
pas privés des secours religieux.
Le Synode du 7 octobre 1704, à
l’art. 4 de ses actes, porte ce qui
suit : « L’Assemblée ayant déli
» béré après une mûre considé» ration sur ,1’état de Mess, les
» pasteurs efrànts, et le moyen
» de les faire subsister; a conclu
» que^ par provision, ( provisoire» meqt) les Sieurs Jacques et Ber» nard Jahier seront toujours cen» ses pasteurs des églises qu’ils
» ont servies ci devant ( Pramol
» et St. Germain), qu’ils visi» teront autant qu’il se pourra,
» et leurs peuples les enverront
» chercher par un homme, et que
» pour leur subsistance ( le gou» vernernent se gardait bien d’y
» pourvoir) on prendra quelque
» argent des contributions ; à dé» faut; ce qu’on jugera à propos
» des 400 écus que LL. EE. les
» Cantons Evangéliques de Suisse
« ont la bonté d’envoyer pour
» aider ces iéglises à faire sub» sister leurib pasteurs. — Qué
» pour ce qui regarde le Sieur
» Jean Jahier , ci-devant pasteur
» à Praly , il sera censé pasteur
» du camp volant ; que s'il peut
» obtenir quelque entretien, il sera
» satisfait, à défaut de quoi , il
» sera rais sur le même pied que
» les autres Mess. Jahier ». En
attendant que l’on obtint quelque
secours, il fallait trouver le moyen
de vivre , et ce n’était pas toujours chose aisée.
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-267'
Et cependant, si nous avons
su lire et si nous avons deviné
juste, ce ne sont pas les difficultés
matérielles, les fatigues excessives
ou les privations éventuelles qui
préoccupaient surtout les pasteurs
et constituaient leur principale
épreuve. Les défiances, les jalousies, les sourdes menées dont plusieurs ie virent bientôt les objets,
leur causèrent des souffrances morales beaucoup plus sensibles. —Comme on les croit capables de
s’attribuer à eux seuls la totalité
des subsides étrangers, le Synode
de 1708, afin que « les pasteurs
» soient, moins distraits de la fonc
• tion de leur charge, nomme
» deux politiques (laïques) Jean
" Pierre Odin d’Angrogne, et Jean
» Pierre Grante de La Tour, pour
» recevoir et partager, en présence
» de messieurs les officiers de la
• Table, l’argent qui vient du de» hors. — En 1722 la défiance
est allée en augmentant et l’on
ordonne que quelques hommes notables et probes des deux Vallées
soient chaque fois convoqués pour
assister à la distribution des subsides étrangers. — En 1729 on
a fait un pas de plus. Comme
l’on supposait que l’assignation et
la répartition de ces subsides
étaient déterminées par les demandes présentées par la Table
aux Comités étrangers, on décide
que dorénavant trois autres pasteurs et quelques politiques s’adjoindront aux raetnbres de la Table
lorsqu’il s’agira d’écrire pour avoir
des subsides.
Parmi toutes les églises des
Vallées, c’est celle d'Aiigrogne
qui s’est longtemps distinguée en
rendant la vie dure à ses pasteurs.
Les choses ont heureusement bien
changé depuis lors. Ce n’est pas
de nos jours que l’on y trouverait
des hommes assez peu scrupuleux
et assez aveuglés par leurs rancunes ou leurs haines, pour ajouter
de leur propre main, au mandat
qu’ils doivent remettre au Synode,
des accusations contre leur pasteur. C’est ce qu’avoient fait les
députés d’Angrogne.au Synode de
1712. «Mais l’assemblée ayant
» remarqué des irrégularités dans
» ce mandat et des caractères dif» férents, n’a pas jugé à propos de
» leur accorder le ministère du
» Sieur Jean Malanot , et prie
» M. Jahier de bien vouloir con
• tinuer dans cette église. Le mo» dérateur Charles Bastie et le
» secrétaire Cyprien Appia iront
» faire une enquête ».
Comme le cas d’Angrogne n’était pas le seul dont on eût eu
à se plaindre, le Synode prend la
résolution suivante , qui semble
avoir eu quelque efficace au moins
pour un temps: « Ayant observé
» qu’il y a des personnes mal in
• tentionnées et qui se plaisent
» à persécuter et outrager leurs
» pasteurs sans aucun fondement,
» nonobstant qu’ils remplissent
» exactement et avec soin et zèle
» toutes les fonctions de leur
» charge , l’assemblée défend ab» solument aux églises de congé» dier leurs pasteurs et d’en de® mander d’autres sans des causes
• justes et légitimes, qui seront
» spécifiées dans le mandat dont
» elles muniront leurs députés,
» lesquels seront examinés très» exactement. Les pasteurs de
» même ne pourront quitter leser» vice des églises qui sont confiées
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» à leurs soias, sans un juste et
« légitime sujet •.
A l’art. 9 de ce même Synode
nous lisons ce qui suit: « l’as
• semblée ayant remarqué qu'il
» y a des églises qui envoyent
» des députés mal intentionnés
» contre messieurs les pasteurs,
» ce qui cause des désordres, et
» qui n’exposent pas fidèlement la
» volonté du. peuple, mais qui veu» lent couvrir leur passion par
• ticulière pas un consentement
» supposé du peuple , rassemblée
» ordonne à chaque église d,'en» voyer à l'avenir au Synode des
y. gens de bien sans reproche et qui
» recherchent uniquement le bien
» du public, n’ayant aucune aniroo» sité contre messieurs les pas» teurs ; en cas de contravention
» l’assemblée leur refusera l'entrée
» et désapprouvera leur commis
• sion. On n’enverra pas des fils
« de famille, ou des hommes qui
» ne soient pas du Consistoire ou
» du Conseil •,
Correaponbancc
Cher Monsieur te Directeur,
Depuis ma dernière lettre, qui est
aussi la première, nous avons eu la
moisson chez nous, et pour faire marcher plus vile la besogne, j’ai dû me
mettre à l’œuvre moi aussi, quoique
mon corps soit affaibli par l’âge. C’est
avec un soupir de satisfaction, ou
mieux encore de bénédiction envers
Dieu, que j’ai voulu rentrer moi-même
la dernière gerbe dans le grenier;
cette année il est comble; quelle pallie
et surtout que! beau grain 1 Nous pensons en avoir pour plus d’une année;
que Dieu nous donne à tous de lui
être reconnaissants pour ses biens et
d’en user avec sobriété et, selon son
bon plaisir, de ne pas oublier les
pauvres.
Mais à propos de cela, je voudrai.s.
Monsieur le Directeur, vous demander
une chose que je ne puis pas m’expliquer. En hiver et au printemps,
toutes les années, on entend dans nos
villages des gens se plaindre à qui
veut les entendre de ce que l’année
est mauvaise; les vivres sont chers,
disent-ils, et la iiuche à paid est vide ;
il paraît qu’ailleurs les choses vont
encore plus mal, car on commence à
voir défiler des troupes de mendiants
et quelquefois parmi ceux qui vous
tendent la main pour l’aumône, vous
en voyez qui seraient encore assez
gaillards pour travailler. Mais vienne
la saison des travaux de campagne ;
il y en a de bien faciles et qu’on peut
faire sans apprentissage : vou.s auriez
besoin d’ouvriers, de journaliers; iplus
un en vue ; ils disparaissent comme
les chamois à l’approche du chasseur.
El pourtant, à ces gens-là, qui .se disent si misérables et qui ont tout l’air
parfois d’être affamés, nous leur offrons de bon pain, de la bonne soupe,
même quelques verres de vin, une
couclielte propre ei quelques jolies
pièces d’argent. — Je ne comprends
pas que l’on crie famine si haut
puisque l’on refuse le bon pain qui
est offert ; il est vrai que ce pain
il faut le gagner par le travail, mais
il est tout de même curieux qu’il
y ail chez nous des gens assez stupides pour préférer la faim au travail, ou assez paresseux pour mendier
de porte en porte et recevoir honteusement le pain'qu’iis pourraienl manger
honnêlemenl.
Mais ce n’est pas de ces choses que
je veux vous parler aujourd’hui ; je
m’aperçois que, en devenant vieux,
je suis aussi devenu un peu babillard ,
ce qui fait que pour dire une chose
je fais mille détours, comme l’eau de
rivière qui fait tourner le moulin.
Je vous ai dit que je me réjouis à
l’égard de bien des choses pour notre
peuple et notre Eglise, mais qu’il y
en a une qui m’afflige et me ronge
le cœur: il faut absolument que je
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la dise. Je ne sais pas si c’esl un mal
qu’on puisse guérir, mais il est loiijours bon d’averlir les gens, — J’avais
un peu peur que l’on ne dise; oh!
voilà, il parle ainsi pareequ'il esl vieux;
s’il élail jeune sa langue serait lonrnéc
de l’autre côté el an lieu de dire du
mal des jeunes gens il en dirait du
bien. Eh bien! non, je ne veux pas
dire du mal de la jeunesse de nos
jours ; au contraire pour bien des
choses elle vaut mieux que celle d’auIrel'ois; elle est plus instruite, elle
connaît une foule de choses que nous
ne savions pas el que moi p. ex. je
n’apprendrai jamais ; nos grands garçons n’ont plus peur des sorciers el
se moquent de lant de superstitions
qui pourtant m’ont dans le temps fait
trembler ; el cependant j’avais du courage. Ceux surtout qui ont profilé
des écoles , ont pins d’idées , voient
les choses plus en grand , ils savent
davantage l’histoire du monde, ils savent aussi tirer uu meilleur parti de l’argent, quoique souvent ils oublient que
cet argent ce sont les vieux qui l’ont
gagné. Mais tontes ces qualités ne valent pas cette autre qu’ils ont en
général perdue, je veux dire le respect.
De mon temps, je puis dire de notre
temps, car vous êtes vous aussi d’un
bel âge , les choses marcliaient tout
aulremenl. H fallait voir mon père au
milieu, ou plutôt à la tête de la famille ; il n'avait pas besoin de crier
pour se faire obéir de ses fils,; quand
il disait ; va, on allait sans demander
pourquoi ; el quand il y avait quelque
chose qui allait de travers, il savait
nous ramener à l’ordre , sans nous
balli’e : nn signe, un clignement d’cpil
suffisait. Avec lui on obéissait, car il
ne voulait soulïrir aucune conlraven*
lion à ses ordres; inutile de regimber
contre son autorité. Je ne sais pas
comment il s’y prenait, < mais toutes
les fois que mes frères ou moi nous
essayions de résister, nous nous trouvions pris el condamnés par nos propres actions. Il y avait une chose qui
m’étonnait ; quelquefois nous en faisions de celles qu’enlre nous nous appelions « gros.ses » el en reniranl à
la maison nous nous attendions à une
bonne rincée; eh bien pas du tout,
noire père nous faisait une correction
plutôt douce qui nous louchait d’autant mieux. Par contre il nous arrivait quelquefois de l’aborder sans gêne
quoique nous eussions quelque chose
sur la conscience ; mais nous nCms
disions que c’était une peccadille, une
chose de rien, nn petit mensonge, une
petite parole méchante , une réponse
déplacée à la mère. Comme nous étions
surpri.s alor.s de recevoir un de ees
savons qu’on ri’onbhe pas de si tôt.
Nous ne pouvions comprendre cela et
mon frère aîné el moi étions d’accord
pour accuser notre père de caprice.
Comme la jeunesse est aveugle et injuste ! J’ai compris plus lard la conduile de mon père, j’ai senti combien
elle élail sage el qdand, à mon tour,
j'ai en à élever des enfanis el à les
corriger de leurs défauts, je leur ai
appliqué celle sage règle, apprise de
de mon père ; c’esl qu’il ne faut pas
juger de ta gravité d’une faute d’après
le dommage matériel qui en résulte,
ni d’après les apparences, — mais chercher à pénétrer l'intention et se régler
là-dessus. — J’ai appris par ma propre
expérience à infliger, autant que possible , des punitions en rapport avec
les fautes commises. Mon père était
très-habile en cela; je ne saurais dire
comment il faisait, mais il arrangeait
les choses de telle sorte que, ordinairement, noue étions punis par où
nous avions pêché, ce qui nous ôtait
même l’envie de nous plaindre d’une
punition si évidemment méritée. —
Quelquefois celle punition se faisait
sentir bien vivement sur notre peau ;
il est vrai que notre père évitait autant que possible d’en venir là; i! ne
se servait du bâton on de la verge
qu’à la dernière extrémité, mais s’il
1 empoignait une fois, il n’y allait pas
de main morte ; je vous garantis qu’il
n’y avait pas de quoi rire; on en
poi lail le souvenir, avec la marque ,
pendant longtemps. El pourtant malgré
cela, je n’ai jamais douté, môme alors,
que mon père ne m’aimât el même
qu’il ne m’airnâl beaucoup ; il suffisait
de revenir à lui humilié pour retrouver le même père qu’auparavanl, sé-
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^270'
vèfe mais juste, ferme mais plein de
honlé. — Quand il m’arrivail de senlir
les effels de sa sévérilé, je me disais :
mais pourquoi ma mère, si bonne, si
douce,'n’essaye-l-elle pas de l’adoucir.
En eifel ma mère, une paysanne sans
insiruclion, avait pour ses enfants une
affection profonde et elle le témoignait
bien par les soins maternels dont elle
nous enlourait ; et pourtant jamais elle
n’adressait un mot à mon père pour
essayer d’adoucir la sévérité de ses
corrections ; même lorsque la douleur
nous arradiait’des cris, notre mère
se tenait là, impassible en apparence:
je crois qu’elle souffrait dans son cœur,
autant que nous dans nolie corps,
mais elle ne remuait pas la langue ,
elle n’ouvrait pas la bouche. Pendant
longtemps celte conduite me parut
élrunge et il me semblait qu’elle contredisait à l’affection que ma mère me
témoignait, mais je compris enfin combien cette conduite était sage. Si ma
bonne mère eut tenté de fléchir la
justice de mon père au moment même
de l’exécniion, elle l’aurait blessé dans
le sentiment de son autorité paternelle
et nous aurions reçu une punition plus
sévère. Elle était mieux avisée que
cela : elle ne touchait pas aux droits
du père de famille ; de son côté elle
se réservait le droit d’employer son
influence auprès de son mari pour
adoucir sa nature un peu rude, et par
sa douceur et son humilité elle gagnait
le plus souvent la partie, de sorte que
si la sévérilé de mon père m'a infligé
bien des punitions, la douceur de ma
mère m’en a épargné un bon nombre,
et sm'loiit elle m’a appris à ne pas
les mériter par ma conduite.
Voilà en gros, cher Monsieur, comment les choses se passaient dans
notre famille; ces souvenirs sont gravés dans mon cœur , mais»la plupart
du temps ils y restent endormis ; lorsqu’ils se réveillent tous ensemble, il
me font venir les larmes aux yeux ,
mais après cela j’y vois plus clair. Je
compare alors ces souvenirs anciens
avec la réalité d’aujourd’hui et je me
dis qu’après loin les jeunes gens d’à
présent sont plus mal placés, en fait
d’éducation, que nous ne l’étions alors;
je regrette sans doute mes bonnes
jambes de vingt ans, mais tout bien
compté, je ne suis pas fâché de m’entendre appeler grand-papa et de pouvoir, entre nous, signer
Voire vieux
Antoine.
^ouwellee reiii^ieuee
Italie. — M. Harnack, professeur
de théologie à Giessen, cl M. 0. de
Gebliardl, bibliothécaire à Gœllingue,
ont découvert au palais archiépiscopal
de Rossano, en Calabre, un magnifique
manuscrit grec des évangiles copiés en
caractères onciaux et en lettres d’argent sur du parchemin pourpre. Le
manuscrit est orné d'une foule de miniatures parfailemeul conservées , ce
qui est d’autant plus étonnant qn’il
lemonie au VI® siècle. Malbeureusemenl il ne contient plus que Mathieu
et Marc (jusqu’à XI , l^i). Les deux
autres évangiles ont élé perdus. Celte
découverte profilera donc plus à l’histoire de la peinlure religieuse qu’à
la délerrninalion du texte primitif'du
Nouveau Testament.
Borne. — La Société Biblique ila^
tienne adresse par l'organe de son sécrélaire, M. Sciarelli, un nouvel appel
aux églises et aux individus, pour que
l’on se pourvoie de la Bible de famille dont il resle encore 2000 exemplaires. Il serait surtout désirable, dit
M. Sciarelli, qu’à côté d'une de ces Bibles spécialement désiinées à la chaire,
chaque congrégation en eût un certain
nombre en réserve pour en faire cadeau aux nouveaux mariés. L’idée n’est
pas mauvaise, le prix cependant effrayera plus (l’un Consistoire, l’édition
simple se vendant à 8 francs et celle
de luxe à 15 francs.
Genève. — M. le pasteur Borel, fondateur du Refuge de Genève , quille
la direction de cette œuvrev à laquelle
il avait consacré depuis vingt ans son
expérience, son zèle, et une ardente
charité accompagnée d’un tact remarquable. Après avoir travaillé au sau-
7
-271^
vetage moral de plus de 400 viclimes
de la débauche, ce vénérable serviteur
de Dieu a dû songer à la retraite, pas
d'une manière absolue cependant, car
il consacrera à sa paroisse tout ce
qui lui reste de force et de vie. —
La direction du refuge est confiée désormais à M. le pasteur Ferrier.
— La dernière correspondance hebdomadaire de M"“ A. S. au Journal de
Genève contient, entr’autres nouvelles
concernant l’Eglise Réformée de France
celle d'un projet très-grave qui serait
à l’étude au ministère des cubes. Ce
projet consisterait dans le fractionnement en plusieurs paroisses , ayant
probablement chacune son conseil presbytéral,au lieu de la paroisse riuiqiic
qui existe et qui ne comprend pas
moins de 30.000 membres. Réclamé
avec instance et beaucoup de chances
de succès, il faut bien le reconnaître,
ce projet rencontrera une opposition
non moins vive de la part des orthodoxes, à moins que, de guerre lasse,
les deux partis n’en viennent à une
transaction qui préviendrait la mesure
en question. Que Dieu dirige dans la
voie qu’ils doivent suivre ceux qui
sont pour la vérité selon l’Evangile
révélé !
Chine. — Si nous en croyons le
docteur Legge, professeur de chinois
à Oxford, le christianisme se propage
en Chine avec une grande rapidité,
tellement que, si la progression actuelle continue, on doit s’attendre à
ce que, en 1913, il y ail en Chine
126,000,000 de chrétiens. Nous aimerions à le croire..
D’après les renseignements fournis
par les missionnaires, il y aurait au
Japon, les étrangers non compris,
17,000 chrétiens catholiques, 4,000
chrétiens grecs ( convertis par les missionnaires russes ) et 7,500 chrétiens
protestants.
Un nombreux meeting a été tenu le
19 avril dans une des églises proleslantes de Tokio, pour fêler l’achèvement de la traduction du NouveauTestament en langue japonaise. Celle
Iraducliorr est l’œuvre de plusieurs
missionnaires anglais et américains,
qui ont été aidés dans leur travail par
un Japonais converti au christianisme.
France. — H y a à Paris une congrégation de sœurs , dites de Sainte
Marthe, qui s’occupent presque uniquement de bienfaisance. Elles ont
cependant un tort aux yeux de l’archevêque de Paris : celui d’être jansénistes. Cela leur a amené une telle
persécution, que. la supérieure a été
obligée d’écrire au directeur de l’Assistance publique la lettre suivaule:
« Monsieur le directeur général,
a La communauté de Sle-Marlhe ,
dont les liens avec l’adminislration
publique remontent si loin dans le
passé, et qui a toujours apporté dans
l’application de ses devoirs l’esprit de
tolérance compatible avec l’esprit de
son institution, n’a jamais pu accepter
les nouveaux dogmes que l’Eglise moderne impose à la foi catholique. Le
clergé ne lui a pas pardonné sa résistance. Trop faibles pour liilter contrg.
une puissance qui a pu metire en échec
plus d’un gouvernement, nous avons
vu s’éloigner de nous bien dessujels,
sur lesquels nous croyons pouvoir
compter, et, réduites dans nos ressources qui s’affaiblissent de jour en
jour, nous avons dû abandonner successivement plusieurs élablissements
dont les services nous avaient été confiés. Depuis six ans, nous sommes
concentrées à la Pitié et à St.-Anioine,
mais je constate avec douleur ^ue le
service de ces deux bôpitaux dépassé
les limites de nos forces actuelles, et
pour ne pas nous exposer à des reproches que la prolongation de l’état
de choses actuel pourrait justifier, je
viens, monsieur le directeur général,
vous prier de vouloir prendre des mesures pour nous décharger de l’iiôpilal
de la Pitié.
c Sil?»» L Sœur Sébastien
> .Sup érieure générale *.
La France est menacée pour la
fin de septembre..,, d’une invasion...
de VArmée du Salut, organisée par M'
Boofb pasteur méthodiste d’une façon
loul-â-fail militaire. H y a 180 officiers
et officiéres, ces dernières même portant une uniforme parliculicr consis'
8
tant en une jaqiieUe noire ou bleue
avec paremenis jaunes el un chapeau
à ruban l'oujïe sur lequel sont brorfés
en or les mois: Armée du salut! C’esl
là un de ces produits excentrique de
l’espril anglais, mais qui ne peut
trouver son application chez nous. —
L’espril français, léger el sceptique ,
n’y verra, que du ridicule el la cause
de l’Evangile en manquera pas d’en
souffrir.
dxfoiitquc SUjtxtdcrtoe
Le Corps des pasteurs, convoqué
par la Table, s’est l’éuni à la Tour ,
mercredi dernier a 10 heures du malin et s’est occupé d’abord du choix
des sujets à proposer à les candidats Marandu Jacques, Malan Henri,
Meynier Pierre , Peyrol David , Ribel
Henri et Bounous Pierre.
Ces sujets sont : 1“ Du surnaturel
dans les Saintes Ecritures; 2“ de l'expiation ; 3® de la personne el de l'asuvre du St-Esprü.
Ensuite le Corps des Pasteurs a
procédé à la nomination des commissions examinatrices des diverses administrations. Ont été désignés pour
T,examen de la gestion de la Table, M''*
Tron Henri, pasteur; Hugon, id.; Naïf
Tourn; David Maranda ; de la commission d’Evangélisa li on: Bonnet, pasleur; Ri voir, prOfes^einr; J. P. Malan,
professeur ; Spirilo Maggiore, percepteur; de l’hôpital : M*'® Vinay prof. ;
Roman, pasteur; Pierre Pascal; David
Henri Bert. »
Il a été établi que les candidats seront ftxaniivnés dans l’après-midi du
même jour. Toutefois l’examen n’a été
terminé qùé jeudi iin peïi àpròs midi.
Leis résLiU'ais opi été très salisfaisanis,
Ap rès s’être assuré des convictions religieuses du candidal Henri Ribel',de
Corps des pasteurs a reconnu, à l’unanimilé , comme pleinement valable
le diplôme de consécration délivré à
notre jeune IVère par la Faculté de
théologie de l’Eglise évangélique de
Nenchàlel.
ERRATUM. — Nüirô dernier N” contient
ü la page- 261 , 12.e ligne de la colonne de
gauche une erreur d'impression qup tous
no'^ Jecleurs n''auroni p»s tous su corriger.
Au lieu de iJ faut lire
/Vïnionoes- b<
Une jeune Vandoise qui a passé IrOïâ
ans en Hollande el trois ans en Angleterre , el qui peut enseigner le français , l’italien, l’anglais el les éléments
de la musique et dn dessin, désire se
placer pour quelque temps en Allemagne , soit dans un établissement,
soit dans une famille.
S’adresser pour informations au pasleur de Pomafel, directeur du Témoin.
CA^É nratlIlAItT DU JARDIN
Rue Neuve, maison Pellegrin
T O i?r*e-F'e 11 10 O.
Chambres à louer. — Repas à toute
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