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Année XXXVlII.
9 Janvier 190J.
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L'ÉCHO DES VALLÉES
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Que toutes les choses vraies, honnêtes, justes, pures, aimables... dignes de louange, occupent vos pensées. (Phil. IV, 8).
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' SOMMAIRE ;
8-6 Janvier 1903 — Un souhait extra‘ i ordinaire — Nouvelles du Zambèze -:Un héros vaudois à l’Escalade de
Genève — Lettre d’Amérique — Vaudois à Marseille — Chronique —
Programme pour l’obtention du brevet
H de la Table — Revue Politique —
Annonces.
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8-9 JANVIER 1903
-o-O-o—
I. - Il y à
C’était Id g janvier 1878. Une nouvelle, attendue, hélas ! depuis quelques
jours, mais qui n’en fut pas moins reçue
partout avec une angoisse poignante,
se répandit, vers le soir, avec la rapiI dité de l’éclair, d’une extrémité à l’autre, de l’Italie : Le Roi est mort ! Et
’aiétmt, dans chaque maison, comme si
l’on avait annoncé la mort du chef de
ifemille, tant la douleur était profonde.
OKI ce n’était pas une démonstration
extérieure, un deuil officiel. La perte
irréparable que la nation venait de
faire, chacun la ressentait comme en
étant personnellement frappé.
Vingt-cinq ans se sont écoulés. Deux
autres souverains se sont succédé sur
le trône. Le premier n’a pas seulement
«prouvé que les institutions ne meurent
point », ainsi qu’ il le promettait dans
sa première proclamation à son peuple,
il a uni à la loyauté de son père une
Wnté qui l’a fait universellement aimer.
Le peuple vaudois, en particulier, n’oubliera jamais la bienveillance inaltérable
qu’ il lui a témoignée en toute occasion.
Celui qui lui a succédé marche sur
les traces de son grand-père et de scn
père. Toutes les craintes que l’on avait
pu concevoir à la mort du premier roi
d* Italie se sont dissipées. Mais le souvenir de Victor Emmanuel II vit dans
fe cœur de tous les Italiens, moins à
Cause de la singulière fortune qui l’a
conduit de Novare à Rome, moins à
cause de ses qualités éminentes d’homme
politique, que par la loyauté* èt la droiture de son caractère. L’histoire, en
effet, ne l’appellera pas le Roi habile,
comme Thiers le qualifiait, ni le Roi
énergique, comme on pourrait le qualifier, mais elle lui gardera le seul surnom que lui-même désirait mériter.
Celui de Boi galant homme. Que Dieu
lui accorde une longue série de successeurs qui s’inspirent de son exemple
comme les deux premiers.
IL - Setii^eu^e àtjifjée !
Demain nous commémorerons la mort
de Victor Emmanuel II. Fêtons aujour
d’hui, cordialement, joyeusement le jour
de naissance de notre Reine. Souhaitons-lui de tout notre cœur une année
heureuse et bénie à cette jeune Reine,
que nous aimons à nous représenter,
non pas sur un trône superbe, au milieu des splendeurs d’une cour magnifique, mais dans l’intimité de la famille,
élevant avec amour les deux petites
princesses qui font toute sa joie, faisant
oublier à son auguste époux les soucis
de sa haute charge dans les douceurs
de la vie de famille, et traitant avec
une exquise bonté toutes les personnes qui sont attachées à son service,
depuis la noble dame d’honneur jusqu’à l’humble fille de nos montagnes.
Que Dieu la bénisse, qu’il bénisse son
auguste mari, leurs deux enfants, et
qu’il leur accorde la joie que nous désirons tous avec eux, la naissance d’un
héritier du trône.
UN SOUHAIT EXTRAORDINAIRE
Bieu-aimé, je souhaite que tu prosiières,
à tous égards, et sois en hoime santé,
comme prospère ton âme.
(III Jean 2).
Nous n’oserions pas le qualifier d’exceptionnel, nous ne voudrions pas l’appeler étrange ; mais, en tous cas, il
sort bien de l’ordinaire ce souhait que
l’apôtre Jean adressait à son bien-aimé
enfant en la foi, Gaïus.
Ordinairement, on se souhaite une
bonne santé physique et la prospérité
dans les affaires matérielles. De tous
les millions de souhaits qui ont été
échangés, ces derniers jours, la plupart
n’ont pas été au delà de cela. Ceux
qui l’ont fait n’ont fait, en général,
que joindre à la santé du corps celle
de l’âme et à la prospérité matérielle
celle spirituelle et là où l’on aurait
voulu établir un rapport entre les deux
c’eût été pour dire : « Portez-vous aussi
bien dans votre âme que dans votre
corps, prospérez spirituellement comme
vous prospérez matériellement ». Mais,
ici, c’est tout le contraire : l’âme de
Gaïus se portait si bien, qu’il y avait
lieu de lui souhaiter une pareille santé
pour son corps ; son âme était dans un
état si prospère qu’il y avait lieu de
lui souhaiter que toutes ses affaires
fussent dans un état pareil de prospérité.
Est-ce à dire qu’il n’y eût plus rien
à désirer de ce côté-là ? Que la santé
de son âme fût parfaite ? Non pas, car
Gaïus avait encore besoin que son maître lui rappelât qu’il ne faut pas imiter le mal, mais le bien (v. 11). Toutefois, l’état d’âme de ce disciple était
tel que l’apôtre pouvait lui adresser le
vœu étonnant que tout allât aussi bien,
en lui et pour lui, qu’allait bien son
âme.
Quelles étaient donc les conditions
de cette^ santé spirituelle, si remarquable ? C’étaient la vérité et la charité.
Gaïus se portait bien, spirituellement
parlant!! parce qu’il marchait dans la
vérité (y| 3 et 4) et qu’il agissait avec
ehariié ir- 5 et 6).
I. La vérité c’est la première condition de la santé de l’âme, dans l’ordre du temps. Aussi longtemps qu’une
âme nei possède pas la vérité et ne
marche pas dans la vérité, elle est malade à la mort. Que la vérité la pénètre et elle guérira. La vérité à quel
point de vue ? L’apôtre nous le dira.
C’est, tJut d’abord, la vérité dans son
essence,;! la vérité personnifiée en Christ,
qui estl la manifestation incarnée de
Dieu lüi-même et en dehors duquel,
par coi)j|équent, on ne peut pas pos
séder vrai Dieu, ni avoir vie et
santé de l’âme ; « Je vous ai écrit, non
que vous ne connaissiez pas la vérité, mais
parce que vous la connaissez, et parce
qu’aiinui niensonge ne vient de la vérité.
Qui est meuteur, sinon celui qui nie que
Jésus est le CItrist ? Celui-là est l'anlechrist,
qui nie le Père et le lils. Quiconque nie le
Fils o'a pas non plus le Père ; quiconque
confesse le Fils a aussi le Père (I Eph.
II, 21-24). Nous savons que le Fils de Dieu
est venu et qu’il nous a donné l’intelligence
pour connaître le Véritable, et nous sommes
dans le Véritable, en son Fils Jésus-Christ,
C’est lui qui est le Dieu véritable et la vie
éternelle, (ib. V, 20). Là est la base et
la source de toute vérité sur la nature
de Dieu et sur la nature de l’homme,
sur les rapports de Dieu avec l’homme
et de l’homme avec Dieu, sur la terre
et le ciel, sur la mort et la vie, sur le
temps et sur l’éternité, car dans le mystère de Dieu et Père et de Christ sont
renfermés tous les trésors de la sagesse
et de la science (Col. II, 3).
C’est, ensuite, la vérité mise en pratique : être vrai envers soi-même, être
vrai avec les autres, l’être toujours,
partout, en toutes circonstances, c’est
un des meilleurs préservatifs, c’est même
le meilleur, contre toutes sortes de
péchés, et par conséquent une des meilleures conditions de la santé de l’âme.
Marcher avec Christ pour jouir de la
vérité objective, marcher comme Christ
pour pratiquer la vérité subjective, c’est
pour l’âme se mouvoir à la lumière la
plus pure et dans l’air le plus pur, c’est
absoiber et respirer la santé. Cela ne
suffit cependant pas. La lumière la plus
éclat:;nte, l’air le plus pur, au milieu
des glaces du Mont-Blanc ou du Pôle
Nord, n’empêchent pas l’ascensionniste,
ou l’explorateur, d’y mourir gelé. Il
faut lonc encore une autre condition.
II. La charité. Elle complète par
la chaleur qu’elle répand et qu’elle
communique les effets de la lumière
et du bon air. Et qu’est-ce que c’est
que la charité ? Toujours d’après St.
Jean, c’ est, tout d’abord, que Dieu
nous a aimés jusqu’à nous envoyer son
Fils comme Sauveur : « L’amour (ou
charité) de Dieu a été manifesté envers
nous en ce que Dieu a envoyé son Fils
Unique dans le monde, afin que nous vivions pour lui: Et cet amour consiste, non
point en ce que nous avons aimé Dieu,
mais en ce qu'il nous a aimés et a envoyé
son Fils comme victime expiatoire pour nos
péchés (I Ep. IV, g, 10).
La charité c’est ensuite que nous aimions
Dieu en retour, que nous l’aimions pratiquement, en observant ses commandements et surtout en aimant nos frères.
Pour nous, nous l’aimons parce qu’il nous a
aimés le premier (I Ep. IV, ig). Et l’amour consiste à marcher selon ses commandements (II Ep. 6). Si quelqu'un dit :
J'aime Dieu, et qu'il haïsse -son frère, c'est
un menteur; car celui qui n’aime pas son
frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu
qu’il ne voit pas ? Et nous avons de lui
ce commandement : que celui qui aime Dieu
aime aussi son frère (I Ep. IV, 20, 21).
L’envie, la jalousie, la haine rongent
l’âme comme un cancer et finissent
par la faire horriblement souffrir et dépérir. Se sentir aimée et aimer, à son
tour, c’est, au contraire, pour elle l’épanouissement, et la joie de vivre,
« Marcher dans la vérité » et « agir
avec charité » sont donc bien les deux
conditions essentielles de sa santé, de
son bien-être, de sa prospérité, et dans
la mesure où elle persévérera, où elle
se maintiendra fidèle à l’une et à l’autre, comme c’était le cas pour Gaïus,
elle sera bien portante.
Est-ce là notre état ? Et le souhait
adressé à Gaïus pourrait-il aussi nous
être adressé ? Si, tout d’un coup, le
voile qui enveloppe notre âme était
enlevé, que verrait-on ? Un être sain,
tout beau de fraîcheur et de vigueur,
tout palpitant de vie?... Ne verrait-on
pas, plutôt, un pauvre être tout agité
par la fièvre, ou tout couvert de plaies,
peut-être même honteuses, ou consumé
par la tuberculose, ou épuisé par l’anémie ?
Si. malheureusement il en est ainsi,
ne perdons pas de temps et recourons
promptement au remède indiqué, allons
à Christ, source de la vérité et de la
charité, pour qu’il nous communique
la lumière, l’air pur et la chaleur salutaire dont notre âme a besoin.
J. Weitzecker.
ERRATUM CORRIGE. — A la
fin de la méditation du N. précédent,
au lieu de « l’éclat du soleil » lire :
« l’éclat du lever du soleil »
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HGWELLES DU lâHBËIE
A Léalui, le 27 octobre, la santé du
personnel de la Mission était bonne.
M. Voila s’était rétabli d’une attaque
de fièvre qui avait duré dix jours. Ce
dont il souffrait avec Madame Voila,
c’était de ne pas pouvoir encore soulager M. Coillard dans sa tâche missionnaire, ni entrer en rapport avec
les indigènes, ne possédant pas assez
le Se-Kololo (la langue indigène). L’état général de M. Coillard était meilleur.
Mais le docteur de Prosch avait déclaré
que les maux d’yeux dont le vénéré
doyen souffrait, n’ étaient autre chose
que la cataracte. Il est probable que
M. Coillard quittera Léalui et le Zambèze
pour aller se faire soigner et opérer
dans la Colonie du Cap, et qu’il y attendra, la prochaine expédition de renfort. M.lles Kiener et Roulet passaient
quelques jours à Sefula, pour y prendre
un repos bien mérité. M. Bouchet, à
la tête de l’Ecole Industrielle, continuait
à s’occuper de réparations et de bâtisses,
allant de Sefula à Léalui et à Nalolo.
La population se préparait à fêter
royalement le retour de son souverain.
Yosefa Imasikoana, que nos lecteurs
connaissent, avait dû repartir pour le
rencontrer à Sesheke, où Lev^ranika
était attendu à la fin de novembre. Le
parti rétrograde s’efforçait de le replonger dans la fange du paganisme
dès qu’ il aurait remis les pieds dans
son pays. (Entre autres choses ils lui
avaient amené deux concubines).
Voici ce que M. Voila écrit de Yosefa:
« Yosefa, qui s’appelle l’enfant des Ad.
Jalla, a été extrêmement gentil et serviable, il a déployé un grand zèle pour
nous faciliter toutes choses, et il a réussi a garder ses bateliers dans le meilleur des esprits ; nous lui en sommes
très reconnaissants. La pauvre Miriame
(sa femme) était triste de finir un veuvage pour en recommencer un autre.
Elle est très fidèle et ne manque presque jamais la prière du matin ».
A Sefula, l’œuvre avait souffert de
l’absence de son titulaire, le Dr. de
Prosch et des travaux de construction
auxquels il avait dû se vouer à son
retour de la conférence. Il a construit
pour M.lle Rioux, la diaconesse, un
établissement indépendant. I.’évangéliste
Samuele était en congé de vacances.
A Sesheke, le 19 novembre, M.lle
Glauser était retenue au lit, depuis 15
jours par une sciatique. Le Dr. et M.rne
Reutter, aidés par M. Champod, avaient
pu inaugurer leur maison démontable.
M. Jalla avait sur les bras, outre ses
travaux habituels, la charge de l’école.
A la station des Chutes le 13 novembre, les santés de M. et M.e Coïsson,
étaient assez bonnes. Mais il y avait
du malaise parmi les ma-Toka. Une
maladie des poumons faisait des ravages dans les troupeaux des natifs. La
voie ferrée est construite jusque près
de Wankie ; et on allait entreprendre
un service hebdomadaire pour la poste
et les voyageurs, entre cette tête de
ligne et les Chutes.
On annonçait la prochaine arrivée
de Willie, naguère au service des
missionnaires et maintenant envoyé pour
introduire au Zambèze l’église éthiopienne. Est-ce fait avec la connivence
de Léwanika.
Pour clore ses comptes sans déficit,
le comité de Paris doit recevoir, d’ici
au 31 mars, francs 80.205 pour le Zambèze, 465.542 pour l’œuvre générale,
287 734 pour Madagascar, en tout
833.482 francs. — Les dépenses effectuées, dépassent les recettes de 5 71.000
francs. Le comité recommande aux amis
de r œuvre de donner largement et
promptement.
Un héros vaudoisi.
à l’Escalade de Genève
Le 12 Décembre 1602 est une des
dates les plus importantes et les plus
glorieuses de l’histoire de Genève, non
pas tant pour la gravité du combat
qui eut lieu alors que pour l’influence
que l’Escalade exerça sur les destinées
de la République. Aussi comprenonsnous que Genève ait célébré, il y a
quelques semaines, le 3^”® centenaire
de cet évènement d’une manière particulièrement solennelle.
Ce qui nous étonne c’est que nos
journaux italiens aient presque entièrement passé sous silence les fêtes genevoises du II et du 12 Décembre
dernier. Est-ce parti pris de ne rien
dire de ce qui intéresse le monde protestant ? Ou bien a-t-on préféré ignorer
le souvenir d’un évènement qui n’est,
certes, pas fait pour honorer la Maison
de Savoie ? C’est ce que nous ne savons pas.
Quant à nous, nous n’avons pas de
motif pour nous taire. Au contraire,
nous avons une, même deux raisons
pour rappeler le fait en question. La
première, est que tout ce qui concerne
Genève intéresse les Vaudois, qui ont
reçu tant de bienfaits de la ville hospitalière et généreuse. L’autre, est que,
dans cet épisode, déshonorant pour le
duc et ses soldats, plusieurs Italiens,
parmi lesquels un Vaudois, ont joué
un beau rôle, qu’ il nous plaît de rappeler.
Nous sommes heureux de trouver
dans la liste des vaillants défenseurs
de Genève, la nuit de l’Escalade, les
noms de plusieurs de nos compatriotes,
réfugiés dans la libre Helvétie à 1’ époque de la Réformation.
Citons, parmi les premiers accourus
et les plus courageux, les capitaines
Brandano et Oldevino, tous les deux de
Crémone, « vieux soldats — dit un mémoire de l’époque (2) — lesquels firent
des actions d’une valeur tout à fait
extraordinaire, occupant l’ennemi jusqu’à l’arrivée tumultueuse d’autres citoyens, par le concours et la bravoure
desquels les Savoyards écrasés furent
forcés de céder ». Le Cap. Brandano
tua, entr’autres, Brignolet, gouverneur
de Bonne, celui qui avait le premier
escaladé les fortifications de la ville. Il
reçut, en récompense des services signalés qu’ il avait rendus à la République, de l’argent et la bourgeoisie.
Parmi les 17 héros morts dans la
nuit du II au 12 Décembre, dont la
mémoire a été rappelée aux générations
suivantes par un monument en marbre
érigé aux frais de l’Etat dans le cimetière de St. Gervais, se trouvent plusieurs italiens, qui prouvèrent leur
dévouement à leur patrie adoptive en
donnant la vie pour elle. Ce sont: Jean
Canal, né à Genève, mais d’origine italienne, sénateur, syndic et sergentmajor, tué à la porte de la Tertosse
(1) Pour détails sur l’Escalade V. le N.® du 26
décembre 1902.
(2) Tm vera Relazione della città di Ginevra,
manuscrit rédigé en vieil italien, par André Cardoino, chevalier de Naples, né à Genève en 1B95.
par le seigneur d’Attignac ; Pierre Cahriol, piémontais ; Marc Cambiogue, milanais, probablement le fils de Giulio
Cambiogo, diacre-trésorier d’abord, puis
ancien de l’Eglise Italienne de Genève
de 1559 à 1589 ; et Abraham de Baptista.
Ces quatre braves se distinguèrent tout
particulièrement, puisque leurs noms
figurent parmi les premiers inscrits dans
la liste de? 17, dans l’ordre suivant:
premier, cinquième, sixième, neuvième.
Ajoutons que deux autres noms italiens
de cette même liste : Louis Bandière et
Martin Debolo, nous font supposer qu’ il
s’agit encore de deux compatriotes.
Et même si cela n’était pas, nous
serions déjà assez honorés d’avoir donné
à Genève des défenseurs tels que les
capitaines Brandano et Oldevino et
des héros tels que Jean Canal, Pierre
Cabriol, Marc Cambiogue et Abraham
de Baptista.
Mais, ce qui nous intéresse d’une
manière toute particulière, nous Vaudois, c’est que un des premiers de la
liste des 17, Pierre Cabriol, est un des
nôtres.
Pierre Cabriol était, en effet, vaudois,
ou du moins d’origine vaudoise. Galiffe (i) le dit «de la Tour de Luzerne».
Il avait habité le quartier des Chabriols,
ce qui explique le fait que, dans les
registres genevois, les divers Cabriol
qui y figurent, sont dits tantôt de la
Tour, tantôt du Villar.
Au 16.me siècle, la famille Cabriol on
Chabriol, {Chiabretum, lisons-nous dans
un vieux document), était nombreuse
et influente, aux Vallées. L’histoire
mentionne plusieurs de ses membres.
Rappelons les suivants : — Philippe
Cabriol, ancien de l’Eglise de la Tour,
qui suivit son pasteur Claudio Bergio
dans sa retraite aux Bonnets, pendant
les persécutions de 1560-61 et qui courut le danger d’être pris avec lui par
le comte de la Trinité. — En 1561 et
1562, Eagmond Cabriol accompagna le
même pasteur Bergio à Genève et en
Allemagne, pour solliciter des secours
des chrétiens de ces pays en faveur
des Vaudois persécutés. — Un peu
plus tard, en 1603 ou 1604 un certain
Daniel Cabriol, de la Tour aussi, « un
des principaux chef des bannis», dit
Gilles (2ji86) et «homme vaillant et
autrement doué de belles qualitéz »,
était assassiné par un traître de la
plaine.
La famille Cabriol n’existe plus, de
nos jours, aux Vallées. Elle s’est éteinte
vers la moitié du 18.me siècle. Son
dernier représentant est Jean Chabriol
décédé en 1731. Mais son souvenir est
rappelé par les deux importantes bourgades des Chabriols supérieurs et inférieurs auxquelles elle a laissé son
nom.
Les Chabriol-Meille — une branche
de la famille — ont disparu eux aussi,
laissant leur second nom (Meille, en
patois Méia) à un petit hameau du quartier des Chabriols. — Il reste encore
à La Tour, une famille Chabriol-Verner,
mais qui ignore porter ce nom. On ne
la connaît que sous le nom de Verner ;
elle habite les Vërné, petite localité du
même quartier des Chabriols.
Il n’est pas possible de préciser l’époque à laquelle une branche importante de la famille Chabriol quitta les
Vallées pour se fixer à Genève. Nous
supposons que c’est dans la première
moitié du 16.me siècle.
En 1566, nous trouvons dans cette
ville un certain Pierre Cabriol, devenu
(1) Galiffe ; Refuge italien de Genève.
bourgeois genevois en 1572, et membre
du Conseil des Deux-Cents ou Grand
Conseil en 1573. C’est, probablement,
le même que les registres de l’Eglise
Italienne de Genève appellent Pietrty
Capriolo et qui fut diacre de cette Eglise
de 1576 à 1579.
En 1580, il est fait mention de Damé
et de Jmn Cabriol. Ce dernier était,
porte enseigne, à cette époque.
Quant à J^ierre Cabriol, le héros de
*
* *
Les Vaudois en général et, d’uhe
manière toute partictilière, les Vaudois
de La Tour — la Genève italienne,
comme l’appelle De Amicis — sont
(1) Copiée par M. le prof. J. Jalla.
l’Escalade, il était, selon toute probabilité. fils de Pierre Cabriol dont nous
venons de parler. Il occupait, lui aussi
une place importante dans la ville. Il
était membre du Conseil des Deux-»
Cents depuis 1594. Dans la liste des
17 morts, il est nommé le cinquième*
ce qui signifie qu’ il s’était distingué
dans la défense de sa patrie d’adoption.
— Cardoino, que nous avons cité plus
haut, le nomme parmi les « principaux >
combattants. Son nom se lit sur le
monument du cimetière de S.t Gervais
et sur un grand étendard conservé dans
le Musée de Genève, avec les trois
échelles qui servirent aux Savoyards
pour escalader cette ville.
Nous trouvons dans les registres du
Consistoire de Genève une page (ij
concernant notre héros, jeune homme,
dont le costume italien avait fait mauvaise impression dans l’austère cité de
Calvin.Nous la transcrivons textuellement. Elle ne manquera pas d’intéresser
nos lecteurs :
« 11 Mai 1592. » — Pi. Cabriol. Jos.
Chenu, Paul Miol et A. J. Séné ont
été appellés à cause de ce qui se passa
aux nopces du dict Cabriol, tant parceque le dict Cabriol estoit habillé de
vellours que parceque les suivants aux
nopces estaient habillés aussi tout autrement qu’ils ne debvoient. Le dict
Cabriol a dict qu’ il portoït seullement
un manteau de sarge où il y avait un
parament de Vellours et des chausses
de vellours, et qu’il ne portait pas cela
pour en faire monstre mais seullement
pour la durée. Les dicts Séné, Miol et
Chenu estant enquis s’ils estaient du
nombre de ceux qui revinrent du temple uvec l’espouse, ont répondu que
ouy ; sur quoy leur a esté remonstrée
la contenance que tenoient en venant
du prescfie et ipesme que pe daignoient
pas saluer personne • ge qu’ijs n’dfiP
voulu advouer ains respondu qu’ils ne •
tinrent que belle contenance saluant
ceux par devant lesquels ils passoient.
L’advis a été qu’on leur fera bonnes
censures et spécialementa udict Cabriol,
tant pour ce que dessus que parce
qu’il s’est habillé avec des habits somptueux portant sur soy un pourpoint et
des chausses de vellours gris, et qu’il
sera renvoyé à Messieurs pour le chastier comme ce fait mérite et iceux priez
d’interdire tels orgueils et spéciallement
d’aller ainsi accompagner les espouses
et marcher avant elles en tels équipages ».
heureux et fiers d’avoir payé, en'1602, une partie minime de la dette
de reconnaissance qu’ils ont contractée
envers la Genève suisse, en lui donnant
un courageux défenseur, dans la per-'*
sonne d’un de leurs enfants.
/ A. J.
.J
3
(Suite et fin. voir N. 1).
L’étude du projet de construction
d’une chapelle commença donc le 12
Mai I901, dans une séance publique à
laquelle assistèrent la plupart des colons
• intéressés, et continua pendant de nom. breuses séances jusqu’à la fin de l’année. Pendant ce temps, furent collectés
• ou souscrits, surtout parmi des colons
'Vaudois la plus grande partie des fonds
nécessaires à cette construction. Le 18
-Août 1901, fut nommée une Commission ad hoc de six membres qui devait
en faire sa chose, et le 5 Janvier de
l’année courante au culte du matin nous
posions la pierre fondamentale. A la
fin de Mars les travaux de maçonnerie
étaient finis ; mais les semailles qui
durent ici en général du commencement
de Mai à la fin de Juillet ou mi-Août
— époque à laquelle nos colons sont
excessivement occupés — nous ont empêchés de pousser plus activement les
mille et une chose qui restent toujours
à faire lorsque l’on croit que c’est fini.
Enfin peu à peu l’essentiel se fit et
nous fixâmes pour notre inauguration
le C Novembre, époque où les travaux
ne sont pas pressants, les journées sont
longues, la température douce, les chemins en bon état, et où nous pouvions
compter sur la présence des professeurs
du Lycée de Colonia Valdense, auxquels l’autorité scolaire donnait deux
jours consécutifs de vacance, grâce à
la Toussaint suivie d’un Dimanche.
Eh bien ! avec tous ces calculs, nous
avons risqué d’être déçus. L’ hiver qui
est en général la saison où il pleut le
plus, a été au contraire cette année
très sec — et entre parenthèse, très
froid et très long, tellement que des
milliers d’animaux, qui ici sont toujours
dehors, sont morts de froid et de faim
dans les vastes pâturages du pays —
et le printemps est venu au contraire
très pluvieux, en particulier la seconde
moitié d’Octobre. La semaine même où
nous préparions notre inauguration nous
avons encore eu trois jours de pluie
que je dirais bonne, si elle n’avait pas
été presque de trop. Or dans ce pays,
quand on a des pluies un peu longues,
jes çhemins mal entretepus deviennent
des bourbiers impraticables, et les rivières , presque toutes, pour ne pas
dire toutes sans ponts deviennent infranchissa,bles. Nous craignions donc
sérieusement pour notre fête, d’autant
plus que pour ma part, j’ aurais désiré
que, par le concours de monde et par
la solennité de la cérémonie, cette fête
marquât une étape décisive dans le développement de notre vie ecclésiastique
• et religieuse. Mais heureusement, dès
l’avant-veille du jour fixé nous eûmes
un temps superbe, et l’ardeur du soleil
de ces deux longues journées eurent
vite fait de rendre les routes praticables. , J
La veille, pendant que nous achevions nos préparatifs, les gens du dehors commencèrent a arriver ; puis vers
le soir ce fut le tour de MM. Ugon,
Bounous, Pons professeur et L. Jourdan,
que nous attendions avec impatience,
et aussi avec un peu d’inquiétude, car
nous nous demandions si Monsieur
Ugon aurait pu quitter Madame, qui
quelques jours auparavant avait, été à
deux doigts de la mort. Elle était heureusement mieux, mais ne se levait
encore qu’ un tout petit moment chaque
jour. C’est vous dire que M. Ugon, qui
avait bien voulu se charger du discours
de circonstance, avait fait, ainsi que
M.me, un véritable sacrifice, lui pour
partir, elle pour le laisser partir. Nous
avons invité aussi M. B. A. Pons de
Buenos Aires mais des circonstances de
famille et des devoirs de sa charge,
l’ont empêché de répondre à notre invitation. Quant à MM. Beux et Ghigo
les distances sont trop grandes et les
frais de déplacement trop considérables
pour que nous pussions penser à les
avoir.
Le jour indiqué, nous avions fixé la
cérémonie à i h. de l’après midi, pour
faciliter l’arrivée d’un grand nombre
qui pouvaient partir de chez eux le
matin, mais il était à peine midi que
déjà l’on arrivait de toute part. Enfin
l’heure arrive, l’assemblée se forme et
un cortège venant de la cure, composé
des pasteurs, des membres du Consistoire et d’une délégation officielle que
nous envoyait le consistoire de Colonia
Valdense entrait solennellement dans
ce temple que nous allions consacrer
au culte du vrai Dieu au milieu d’un
auditoire compact que l’on a évalué
entre 225 et 250 personnes, dont une
partie était restée dehors plutôt faute
de bancs que faute de place. En dehors des groupes dispersés de la paroisse, il en était venu de Colonia
Valdense, et des différents groupes de
la paroisse de Cosmopolita.
Le cortège se rangea des deux côtés
de l’estrade sur laquelle prit place le
soussigné. Après l’invocation prononcée
aù milieu d’un recuillement édifiant un
cantique espagnol fut indiqué et enlevé
avec un entrain que nous ne connaissons pas souvent dans nos petites assemblées, grâce au secours efficace que
nous apportèrent les voix du dehors.
Je déposai ensuite la Bible en prononçant plus ou moins le formulaire de
notre liturgie, après quoi je lus dans
la Bible que nous venions de déposer
Matt, 4(4; II Tim. 3(14-17 ; Prov.
30(5-6; Apoc. 22(i8 ; Deut. 6(1-9; Jean
17(3 et Ps. 84(5 II 12; puis je prononçai la prière de consécration. Nous
chantâmes ensuite le Choral de Luther
en français (tout le reste s’est fait en
espagnol) pujs M. le Docteur Pons lut
Matthieu 5(1-16, après quoi M. Ugon
monta en chaire, et nous prononça un
édifiant sermon sur Matt. 12(6, en attirant successivement notre attention
sur Le Temple ¡ Celui qui est plus grand
que le temple; la nécessité de Sa présence
dans le temple. Après cela nous chantâmes encore un cantique, et M. Bounous fit la prière suivie du chant d’une
doxologie. Après la bénédiction eurent
lieu trois baptêmes, dont l’un fut celui
de notre garçon qui avait un an moins
quinze jours. Pendant ce temps la jeunesse de la Colonie étala sous les eucalyptus, un bazar qu’ elle préparait
depuis l’année passée, qui a produit environ 150 francs, et qui aurait peut-être
produit davantage sj une petite averse
n’était venue disperser trop tôt vendeurs et acheteurs,
Le lendemain Dimanche, le temps
s’était remis au beau, et nous eûmes
encore deux services. Celui du matin,
présidé par Monsieur Bounous qui nous
entretint sur Jacques 4(14 : « Qu’est-ce
que votre vie » fut suivi de la distribution de la Sainte Cène et d’une collecte en faveur de la Chapelle qui
produisit 126 francs. Celui de l’aprèsmidi fut présidé par M. le Docteur
Pons, et nous y parlâmes à tour après
lui M. Ugon, moi, et enfin M. Bounous
sur I Pierre 2(1-6 qui nous a paru le
sujet le mieux approprié pour conclure
une telle fête, car la construction et la
consécration d’un temple matériel n’a
de but et de raison d’être que « pour
former une maison spirituelle » avec
des « pierres vivantes » et sur la « Pierre
vivante ».
Je ne vous parle pas de la valeur
artistique de notre Chapelle, par la
simple raison que je crois qu’elle n’en
a pas. Nous n’avons pas voulu faire
une œuvre d’art, mais une œuvre
utile et pratique et sous ce rapport
je crois que nous n’ avons pas trop
mal réussi. L’édifice a extérieurement m. 10 X lé avec 6 m. de haut,
9,50 au faîte. Intérieurement, la Chapelle proprement dite, n’a que m.
9 X II X 5’5° (1® parquet étant élevé
d’un demi mètre) ce qui est tout à fait
suffisant pour les besoins actuels, A la
partie de derrière, nous avons séparé
deux pièces qui en attendant complètent la cure, et qui pourront un jour,
au besoin, servir à agrandir la Chapellè
avec peu de frais. La façade n’est percée que d’une fenêtre ronde au-dessus
de la porte, et est surmontée d’un petit
clocher... avec une cloche donnée par
l’ancien propriétaire de la Colonie. De
chaque côté, il y a trois fenêtres longues et à demi-lune.
Tel est r édifice qui, y compris la
chaire et la réparation des bancs que
nous ont donnés nos frères de Colonia
Valdense, ne nous coûtera guère que
1600 Pesos (8576 francs) ce qui dans ce
pays-ci n’est pas cher, mais il faut tenir
compte que le dehors n’est pas crépi,
que nous n’avons pas encore le plafond,
et que les colons ont fait eux-mêmes
les transports de tous les matériaux.
Excusez, Monsieur, la longueur de
ma lettre, et croyez-moi votre dévoué
P. DA VIT.
Marseille, janvier 1903.
Clwr Echo,
Le 30 Décembre nous reçûmes, plusieurs de nous, une lettre d’invitation
de M. Peyronel président, et M. Geisendorf secrétaire de l’Union Chrétienne
nous invitant à une soirée d’arbre de
Noël spécialement organisée pour nous
Vaudois.
Inutile de dire que nous nous sommes
empressés d’accepter. C’est dommage
que l’on ne fût pas plus nombreux, car
je dois dire de suite que nous avons
été si bien reçus que nous en garderons
toujours un très bon souvenir. Pendant que le sapin était éclairé par les
bougies multicolores M. Walter, pasteur allemand lut une portion du Nouveau Testament se rapportant à cette
belle fête de Noël; après quoi M. Geisendorf nous adressa une allocution.
On nous régala de thé et de biscuits
en même temps qu’on nous faisait de
la belle musique de piano et que quelques Allemands nous chantaient de
beaux chœurs. Il faut surtout mentionner M.me Walter qui nous chanta
plusieurs beaux morceaux. Pour nous
rappeler la patrie absente M. Geisendorf
nous fit une séance de lanterne magique faisant défiler sur la toile plusieurs
vues de nos chères Vallées, entres
autres : S.t Germain, la Balsille, Angrogne, la Tour, S.t Jean, le Villar,
Bobi, le monument de Sibaud avec
M. Gardiol et son fils. M. Geisendorf
nous dit qu’il a été très heureux de
visiter les Vallées, où il a reçu un bon
accueil.
Comme souvenir l’U. C. nous fait
cadeau à chacun d’un magnifique Almanach Unioniste. On se donne ensuite
rendez-vous pour la soirée du 17 Février. Après la prière faite par M.
Walter on se retire content et enchanté
d’une si bonne soirée.
Par le moyen de l'Echo nous envoyons
à ces chers amis un merci de cœur
pour tout ce qu’ils ont fait pour nous,
avec tant de générosité et d’une manière
si aimable.
S’il plait à Dieu et si vous le permettez je vous donnerai des nouvelles
de notre soirée projetée du 17 Février.
J’espère qu’il y aura beaucoup plus de
Vaudois présents qu’il n’y en a eu à
la fête de Noël.
Reçois mes salutations, cher Echo, et
merci pour ton hospitalité
Un de tes lecteurs
JEAN DAVIT.
P. S. — En quittant le local on a
voulu, comme souvenir, que chacun de
nous apposât sa signature sur le régistre
ce que nous regardons comme un
honneur.
ClîflOTJIQlJti
La troisième conférence de M. le
professeur Jahier sur la liberté religieuse aura lieu vendredi soir 9 courant à 8 h. au Collège. L’orateur parlera de l’application qui a été faite
du principe de Cavour par les successeurs du grand homme d’Etat.
Villar Pélis. La semaine dernière,
cette paroisse a perdu un de ses hommes les plus marquants pour l’intelligence, le caractère franc et noble, les
sentiments d’abnégation et de > piété
sincère.
Jean Pierre Bertinat fut pendant quelques années régent de l’école subsidiaire, laissant un très bon souvenir ;
plus tard il devint membre de l’Union
Chrétienne et on n’oubliera jamais la
régularité, le zèle et les capacités qu’il
y a démontrés durant bien des années.
Doué d’une intelligence et d’une mémoire remarquables, il ne reculait jamais devant le travail, se faisant hautement apprécier par son bon sens, ses
talents et le soin qu’il mettait à faire
bien tout ce qu’il faisait. Nommé diacre, puis conseiller communal, il se
montra en tout et partout tout d’une
pièce, ne cachant la vérité à personne,
même lorsque cela pouvait lui être
nuisible à lui-même. Des ennemis, ii
n’en avait point, mais si quelqu’un ne
partageait pas sa manière de voir il
devait pourtant toujours reconnaître
sa parfaite droiture et son amour de
la justice.
Comme président de la Société Ouvrière, il y apporta un bon contingent
de travail, non seulement durant la
période de sa présidence, mais depuis
sa fondation jusqu’ à maintenant. Il
donna une preuve tangible de son attachement aux deux Sociétés, l’U. C.
et la Société Ouvrière, en leur léguant
par testament un souvenir, de ceci il
y a bien des années. Elu président de
la section de la Société d’Utilité; publique, il a encore fait ici tout ce qui
était en son pouvoir, mais de graves
maladies avaient miné sa forte santé.
Je le vois encore cet homme d’un dévouement à toute épreuve, qui ayant
à peine assez pour vivre, se payait un ouvrier pour ne pas manquer une séance
du conseil ; toujours prêt à encourager
les bonnes œuvres non seulement
4
« 1
— 4
ses paroles, mais par ses dons. Oh !
qu’il en surgisse un grand nombre de
Vaudois pareils à lui au Villar et ailleurs.
Maintenant cher ami n’ayant pu te
saluer à ton chevet, je te dis au revoir au ciel.
Un ami.
Pomaret. Dimanche dernier, nous
avons eu la visite de deux membres
de la Société Pra del Torno, MM. les
étudiants Giorgio Tron et Henri Tron,
qui ont parlé sur les missions en Patagonie et en Chine. L’auditoire a été
très nombreux, soit à l’Envers Pinache,
soit au Pomaret même, et les jeunes
conférenciers ont été très goûtés et les
collectes encourageantes. Que Dieu bénisse de plus en plus cette chère Société. J. W.
PROGRAMME
de l’examen pour l’obtention
du Brevet de la Table
A) BIBLE
I. — Ancien Testament.
a) Histoire du peuple Juif depuis
Abraham jusqu’à J. C. y compris les
relations avec Alexandre le Grand, les
Celeucides et les Eomains, le tout accompagné de la connaissance des principales dates de la Chronologie Judaïque.
d) Croyances et Institutions Juives
d’après les livres dits de Moïse.
c) Liste des livres qui constituent
r Ancien Testament avec le caractère
général de chacun d’eux.
II. — Evangile.
a) Histoire politique de la Palestine
depuis la naissance de J. C. jusqu’ à la
destruction de Jérusalem.
h) Faits et enseignements qui constituent le ministère de J. C. d’après les
quatre Evangiles.
c) L’âge apostolique d’après le livre
des Actes et les épîtres de S.t Paul.
d) Liste des livres qui composent
le nouveau Testament et caractère général de chacun d’eux.
B) FRANÇAIS
Ecrit: Composition sur un sujet historique, descriptif ou d’imagination.
Oral : Grammaire : les parties du discours (lexicologie et syntaxe) — Règles
d’accord des participes présent et passé
— Règles sur la composition et la dérivation des mots — Orthographe d’usage — Prononciation — Ponctuation.
Traduction, à livre ouvert, de l’italien
en français ou viceversa, d’un morceau
de prose, choisi parmi les plus simples,
d’auteur classique.
C) HISTOIRE VAUDOISE
Valdo — Cathares et Albigeois.
Topographie des Vallées.
Arrivée des Vaudois dans les Alpes —
Les comtes de Luserne et autres seigneurs des Vallées — L’Inquisition —
La maison de Savoie et les princes d’Achaïe — La duchesse Yolande.
Guerre de 1484 au Val Luserne —
Croisade de Cattanée en 1487-88 au
Val Cluson, à Vallouise et Freissinière
— Attaque des Pommiers.
Les Vaudois de la vallée du Pô.
Colonies de Provence, Calabre et Pouilles
Ecrits des anciens Vaudois.
Etat religieux des Vallées à la veille
de la Réformation — La Réforme aux
Vallées: Gonin, Morel. Synodes des Chanforans, Pantaléon Bersour.
Vaudois de Provence.
Les Vaudois pendant l’occupation fran
çaise. — Les premiers temples et le Sénat
de Turin. — Martyrs : Vernou, Hector,
Varaglia.
Edit d’Emmanuel-Philibert — Guerre
du comte de la Trinité, les Truchets,
l’Abbaye — Castrocaro — Guerre au
Val Pérouse — Conversion de Pramol.
La duchesse Marguerite.
Règne de Charles Emmanuel I —
Lesdignières occupe les Vallées — Les
moines — Nouveaux temples — Persécution au Marquisat de Saluces.
Pierre Gilles et la peste.
Victor Amédée I et les Vaudois de
Pravillelm.
Christine de France et la guerre civile.
— Antoine Léger — Incendie du couvent
du Villar.
Les Pâques Piémontaises — Jahier et
Janavel — Intervention des puissances
protestantes. Patente de grâce de 1655
— Violations à la Patente : Le Fort de
la Tour et le comte de Bagnol — Jean
Léger — Guerre de 1663.
La Révocation de l’Edit de Nantes —
Louis XlV et Victor Amédée II — Edit
et guerre de 1686 — Prison et exil.
Henri Armand — La Rentrée.
L’exil de 1698 et les colonies vaudoises d’Allemagne.
Guerre de succession d’Espagne. —
Réveil et extinction des églises du Val
Cluson.
Etat des Vallées au XVIII.e S. : oppression, misère, incrédulité.
Les Vaudois au temps de la Révolution et de Napoléon I.
La Restauration sous Victor Emmanuel I et Charles Félix.
Charles Albert — L’Emancipation.
Colonies vaudoise d’Amérique.
Evangélisation en Italie — Autres œuvres de l’Eglise.
Les Vaudois sous le régime de la
liberté.
D) CHANT.
Eléments de théorie. — Lecture musicale.— Connaissance pratique des chants
du Recueil en usage dans les Eglises des
Vallées pour le culte public.
Revue Politique
— Le 25.me anniversaire de la mort
du roi Victor Emmanuel va être célébré
le 9 c. d’une manière particulièrement
solennelle. Un grand cortège d’associations patriotiques et de représentants des
villes italiennes, défilera devant sa tombe
au Panthéon et déposera des couronnes.
Plus de 3000 pèlerins sont déjà arrivés
à Rome et on en attend encore quelques milliers. A 7 h. du matin les souverains et la reine mère se rendront au
Panthéon pour y entendre la messe célébrée par Monseigneur Lanza. Le grand
roi sera pareillement commémoré dans
toutes nos grandes villes et même dans
les petites. Le mal ne serait pas grave
si on avait la sagesse de s’en tenir là :
rien de plus légitime, de plus louable
même que la reconnaissance de tout un
peuple envers le souverain qui fut le
plus grand champion peut-être de l’unité
et de l’indépendance de l’Italie. Ce que
nous n’avons jamais pu comprendre, c’est
qu’après vingt-cinq ans, on oblige encore la jeunesse studieuse à chômer ce
jour qui fut l’anniversaire de la mort
d’un roi qui fut surtout un homme d’action !
Madame Thérésita Garibaldi-Canzio,
fille de l’illustre général, mariée au général Stefano Canzio et mère de dix enfants vient de mourir subitement à Caprera. Sa Majesté, les ministres et plusieurs hommes politiques ont télégraphié
leurs condoléances à M. Canzio et a la
famille Garibaldi qui s’est aussitôt réunie à Caprera pour les funérailles.
Ainsi que la presse autrichienne ne
le laissait que trop prévoir depuis plusieurs mois, le traité de commerce italoautrichien, a été dénoncé par l’empire
austro-hongrois au grand désappointement de nos producteurs de vins, surtout,
qui se voient ainsi fermé le débouché
principal de leurs produits. JSous pourrions répondre par une guerre de représailles vu que nous achetons à l’Autriche plus do marchandises que nous ne
lui en vendons. Il semble toutefois que
le gouvernement, jaloux de nos vrais
intérêts, ne va pas se piquer au jeu et
que des négociations vont être initiées
dans le but de conclure un nouveau
traité par lequel on tâchera de désarmer
si possible les viticulteurs hongrois qui
voudraient fermer les frontières à nos
vins.
Le sénateur Saredo président du Conseil d’Etat qui avait mené si vigoureusement et avec tant d’honnêteté l’enquête
sur les désordres des administrations de
Naples, est mort à Rome la semaine
dernière. C’est un fonctionnaire consciencieux et intègre qui disparaît au milieu
des regrets et de l’admiration des honnêtes gens.
— En France les élections sénatoriales
de dimanche dernier ont été plutôt favorables aux républicains qui gagnent
non moins de 11 sièges. M. Combes a
été élu dans deux collèges, tandis M.
Gabriel Hanotaux a échoué.
— Le scandale de la cour de Saxe
continue à défrayer la presse et les potins
des cours. A la suite de la maladie du
vieux roi, dont la mort éventuelle conférerait le titre de reine à la princesse
fugitive, on va hâter les démarches pour
le réglement de la situation réciproque
des époux séparés. Par scrupule religieux le prince héritier ne demandera
pas la divorce, mais la simple séparation de corps et de bien. D’après la
constitution du royaume, le divorce pourrait cependant être prononcé si la princesse venait à le réclamer. Dans ce dernier cas, elle aurait le droit de contracter
une nouvelle union devant un officier de
l’état civil. Le mariage religieux ne pourrait avoir lieu si la princesse n’abjure
le catholicisme.
— M. Deuclier, le nouveau président
de la confédération suisse est entré en
fonction le premier janvier. C’est la troisième fois qu’il est revêtu de ces hautes
fonctions vu qu’il avait été élu président
en 1886 et en 1897. Il est le doyen
d’âge et le membre le plus ancien du
Conseil Fédéral.
— Puerto Cabello (Venezuela) vient
d’être occupé par les Allemands qui se
sont emparés des bâtiments de la douane
comme premier gage de leurs réclamations. Les effets du blocus n’ont pas
tardé à se faire sentir, les banques de
Caracas n’ont plus d’argent et on parle
d’emprunt forcé qui frapperait les étrangers aussi bien que les nationaux. La
nouvelle de l’abdication du président
Castro est démentie.
— La révolution du Maroc est en
voie de cesser, et on a lieu de croire
que les Marocains vont régler leurs affaires entre eux sans intervention de
puissances étrangères. Les révoltés continuent cependant le siège de la capitale.
— A Delhi (Indes) des fêtes grandioses ont eu lieu, à la présence du duc
et de la duchesse de Connaught, pour
célébrer le couronnement d’Edouard VH.
— M. Sagasta le chef du parti libéral
espagnol, ci-devant président du conseil
des ministres vient de mourir à Madrid
à l’âge de 75 ans.
.j- C.
Abonnements payés.
Pour 1902: MM. Peyrot, Creuse;
Long instit, S. Germain ; Bertalot, Blancs;
Godine, Pignerol.
Pour 1903 : MM. E. Giretti, Bricherasio; M.lle Albertine Lantaret, La Tour;
Madeleine Chauvie, La Croui Angrogne ;
Armand, Villar ; Théod. Gay ; Guigou,
Pérouse ; Col-Bal mas. Romano : S. Germain; Vicino, S. Second; Rivoir, Veiroulera; Forneron, Càrdonat ; Bonnet,
Cuorgnè ; Forneron, Coazze ; Hugon, Costabel: Milan; Marquis d’Angrogne; Rivoire : Plaisance ; Miller, Malan : Gênes ;
Pons, Spezia ; Muston, Gênes ; Revel,
Bergame ; Long, Pignerol ; Gardiol, S.
Jean 6 m.
Il est pris note de quelques abonnés
qui ont continué à verser, 3 fr., au lieu
de 2,50, pour 1903, et qui devront 50
centimes de moins en 1904.
Istituto Artigianelli Valdesi
'i^ORiisro
Il 1° Aprile ed il i“ Novembre p. v.
saranno vacanti i due posti provinciali
gratuiti per giovani artigianelli orfani
o poveri, di cui gode il nostro Istituto.
Le domande devono essere spedite
in tempo dai tutori o parenti dei giovani candidati al Presidente dell’ Istituto Artigianelli valdesi e devono essere documentate come segue :
I ) L’Atto di nascita del giovane
candidato.
z) Certificato di povertà.
3) Stato di famiglia.
4) Certificato di buona condotta.
5) Certificato medico di sana costitutuzione.
6) Certificato di vaccinazione.
7) Domanda di ammissione coll’indicazione della professione scelta per
il giovane e l’impegno di lasciarlo per
quattro anni nell’Istituto.
Torino, li 5 Gennaio 1903.
DAV. PEYEOT.
Le “ Rinnovamento „ se trouve en
vente, à Torre Pellice, chez M. A.
Besson, imprimeur.
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S’adresser a l’Imprimerie A. BESSON.
J. J ALLA, gérant-administrateur.
La Tour — Imprimerie Besson,