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Année Sixième.
6 Aoûi 1880
N. 32
LE TÉMOIN
ÉCHO DES VALLEES VAUDOtSES
Paraissant chaque Vendredi
Vous me seren témoins. Actes I, Î. ' Suieoni la sérité avec la cherité. Ep. 1, 15.
PRIX D'iSÈBOÎÎNËMENTPAR AN Italie . . L. 3 1 Tous les paya de rUnioii; I de poste * [ Amérique . , . ■ ^ On s'abonne : Pour VIntérieur chez MM. le» pasteurs et les libraires de Torre Pòllice. Po'Bi' l’E’i»i!erieii>*aiaBureaad''Ad- minfstration. Un ou plusieurs ntimêros sépa- rés, demandés a^aot le ti- rage 10 cent, chacun. Annonces: 25 centimes par ligne. Les envois d'argent se font par lettre recommandée ou par mandats sur le Bureau de pe- ' rosa Argentina. |
Pour la RÉDACTION adresser ainsi: A la Direction du Témom f Pomaretto (Pinerolo) Italie, Pour l’ADMINISTRATION adresser ainsi ; AJ’Administraiîon du Témoirir Pomaretto { Pinerplo) 1 tali
Sommaire.
Nos ancien.s Synodes. — Correspondance. — Le roi ne pouvait dormir. —
I.’amoùr céleste, — Remarques sur la
Glorieuse rentrée. — Société biblique italienne. ^ Nouvelles religie^es et faits divers. — Revue politique.
NOS mms SYNODES
Le dimanche.
( Voir le num. SU.
Les injonctions réitérées , les
menaces de peines disciplinaires
et d’amendes pécuniaires, ne paraissent pas avoir produit une salutaire impression sur les profanateurs du dimanche. En effet le
Synode du 18 octobre 1715 les renouvelle mêmeavec quelques détail s
caractéristiques : «L’assemblée dé» fend de nouveau à toutes per
* sonnes de profaner le jour du
» repos par la fréquentation des
* cabarets et par des jeux, et aux
» aubergistes de les recevoir .
excepté les passants, sous peine
* d’excommunication et de deux
» écus d’amende , applicables à
» l'usage des pauvres; elle dé« fend de tudroe a.bsolument tontes
« sortes de danses, sous peine aux
* réfractaires de la privation de
I. l’auguste sacrement de la Sainte
i> Cène •. ( art. 13 ).
Non seulement ^le mal s’était
obstinément maintenu, iqais il étqjt
allé en empirant; si l’on se cachait autrefois pour le commettre
on s’y livre maintenant sans pudeur et sans crainte, et d’un autre
côté chez plusieurs de ceux-là
même qui tiennent à ne pas profaner le dimanche , l’observation
en devient plus apparente que
réelle, plus phariséïque et de ppre
forme, que spirituelle et chrétienne. C’est ce qui ressort avec
une triste évidence de l’arf. 13
des actes du même Synode de
1715. « On a remafqué avec éton» étonnement, y estril dit, que
» pendant qu’on lit dans le temple
» la Parole de Dieu , plusieurs, au
» lieu de venir l’écouter , restent
» hors du temple, ce qui est ^can
* daleux ; de plus on est infpirmé
* qu’il y en a qui s’appliquent
2
>,250
» à la pêche , vont à la chasse,
» pendant l’exercice divin, le jour
» du dimanche ; l’assemblée con» damnant une telle conduite, d’au» tant plus condamnable qu’elle
» attirera infailliblement les juge» merits de Dieu sur. ces peuples,
» conjure les coupables de ces dé» sordres de ne plus les com» mettre, déclarant que ceux qui
» persisteront, non seulement se» ront excommuniés , mais que
» leurs noms seront publiés du
» haut de la; chaire , afin qu’ils
» soient notés d’infamie et d’im>■ piété ».
- Le Synode de 1722 défend
« toutes sortes de profanations,
• comme de jouer soit à décou» vert , soit en cachette , de né» gocier, vendre ou acheter,^orier
» des fardeaux, faire porter des
” charges, etc. ».
Alors déjà l’on faisait probablement une distinction jésuitique
entre travailler soi-même et faire
travailler les autres, hommes et
bêtes , quoique Dieu eût dit expressément O . .. ni ton serviteur,
ni ta servanie , ni ton bétail, —
deux ans plus tard l’assemblée
synodale constate que cet article
n’est pas observé, c’est pourquoi
elle le réitère, en observant que
la défense regarde tout le jour du
dimanche et non pas uniquement la
durée du service divin.
Le Synode de 1725 (18 novembre) apprenant que "» diverses
» malheureuses personnes ne ces
» sent de profaner le jour dû repos
• pv.r les'jeux dans les places pu» hliques ou en cachette , et par
» la liberté qu’elles se donnent
» de négocier », réitère les mêmes
défenses et les mêmes menaces.
Celui de 1727 ( 14 octobre) enjoint fortement aux pasteurs et
et aux anciens de tenir la main
de tout leur pouvoir à ce que
l’on ne profane pas le jour du
repos , qu’on assiste aux saintes
assemblées etc.
Enfin, à l’art. 3® des Actes du
Synode de 1757 ( 15 et 16 novembre ) nous lisons ce qui suit;
“ La profanation du jour du repos
est un des désordres que les
Synodes précédents se sont le
plus appliqués à prévenir, ou à
réprimer. Autant il est douloureux que leurs pieuses vues
n’aient pas eu un plein et en tier succès, autant celui-ci a-til dû apporter d’attention à
suppléer à ce qui pouvait leur
manquer. 11 exhorte donc Mess,
les pasteurs et les Consistoires,
et il adjoint tant aux uns qu'aux
autres de ne rien négliger, pour
faire cesser un désordre si scandaleux . et de procéder dans
cette vue contre les coupables
sans distinction de personnes,
d’abord par les censures de la
part du pasteur, et si elles sont
infructueuses, par celles aussi du
Consistoire, ensuite par le retranchement de la Sainte Cône pour
un temps limité, et enfin par l’excommunication publique ».
La recommandation de procéder
sans distinction de personnes .
semble indiquer que les mauvais
exemples étaient parfois donnés
par des hommes d’une certaine
importance, grâce à leur instruction plus qu’ordinaire, ou à leur
fortune supérieure à celle du grand
nombre. Or il est clair que si les
Consistoires n’avaient pas osé leur
appliquer les règlements synodaux
3
■^51.
et exercer à leur égard la discipline , ils s’étaient privés eux*
mômes de toute autorité pour agir
contre le commun des coupables.
Auront-ils maintenant plus de courage, et l’emploi des moyens indiqués par ce Synode ramenera-t-il
les égarés de quelque condition
qu’ils soient , et fera-t-il cesser
ces scandales dont, pendant un
demi-siècle, nos assemblées synodales se sont tant affligées? Nous
voudrions le croire, et si nous en
trouvions une demi-preuve dans
un document authentique, nous
l’accepterions de grand cœur ,
comme une preuve entière. Malheureusement nous avons eu beau
chercher, nous avons rien su découvrir. Le Synode de 1757 est
le dernier du siècle passé qui se
soit occupé de la question du dimanche. Avec la meilleure volonté
du monde on ne peut pas interpréter le silence des 13 suivants
comme une preuve que les' exhortations ou les menaces , si longtemps employées , avaient enfin
produit leur effet en sorte qu’elles
étaient désormais superflues. 11
est beaucoup plus naturel d'admettre que si les assemblées synodales no reviennent plus sur cet
important sujet, c’est parcequ’elles
avaient constaté l’inutilité de leurs
eflTorts pour résister au mai, et ne
voulaient pas renouveler indéfiniment des prescriptions condamnées
d’avance à demeurer sans efficace.
—■ Les temps n’étaient d'ailleurs
pas propices à une application
sérieuse des principes du christianisme et à une observation bien
stricte des préceptes de l’évangile. En Suisse, où les pasteurs
vaudois passaient de six à dix
ans pour faire leurs études complètes, si l’enseignement était orthodoxe , il n’était pas toujours
vivant, ni partout au même degré.
La vie des étudiants était loin
d’être exemplaire ; les dimanches,
en particulier, étaient par la généralité d’entr’eux consacrés au
plaisir et à la dissipation. IJ nous
souvient d’avoir entendu raconter
sur ce sujet les plus étranges et
et les plus curieuses histoires,
par le vénérable M. Mondon, pasteur vaudois dans le Wurtemberg,
qui , pour la première moitié de
sa lougue vie appartenait au siècle
passé. — Tel d'entre nos anciens
pasteurs ne se faisait aucun scrupule de légitimer en quelque sorte
par sa présence etviça participation quelques-uns des actes par
lesquels le Dimanche était profané.
11 n’y avait pas jusqu’au patriotisme que Ton n’invoquât comme
circonstance atténuante et presque
comme une autorisation à négliger
la sanctification du jour du repos,
— En vertu de franchises très
anciennes , et dont elles avaient
obtenu le rétablissement, les communautés des Vallées , — seules
dans tout le royaume, — avaient
le privilège de s’exercer librement au tir, et comme on ne voulait rien retrancher au travail de
de la semaine , on consacrait à
cet exercice, au moins pendant la
belle saison, une grande partie du
dimanche. A peine Vamen de la
bénédiction était-il prononcé, —
et pour complaire au bon public,
tireur de cible ou danseur, on le
prononçait même un peu plus tôt,
— que le tambour et le fifre, le
violon et la clarinette prenaient la
parole et la gardaient jusqu’à nuit.
4
S’élever contre ces tirs à la cible,
au moyen desquels les vaudois
conservaient leur remarquable habileté à manier la carabine (ce
qui pourrait leur être encore fort
utile), aurait été anti-patriotique
au plus haut degré, — à ce que
l’on pensait. Quant au bal il était
l’appendice naturel et presque
nécessaire au tir. — Aucune délibération synodale n’était désormais capable de résister à ce
courant qui poussait à l’infidélité,
dont la profanation du dimanche
était la manifestation principale.
(?Torrc0pottbattce
Cher Monsieur le Îîédacteur,
Je ne sais comment cela se fait;
j’ai une foule d’idées qui me passent
par la tête, puis elles s’en vont et je
ne puis pas les retenir. Il faut vous
dire que je suis un de ces vieux de
la vieille roche ^ qui en ont vu de toutes
couleurs, et je saurais raconter un las
de choses si je ne les avais pas oubliées. J’ai travaillé fort et ferme quand
j'étais jeune, à présent jë me repose
et je laisse travailler mes fils, qui sont
tous bien gaillards. Âussi j’ai le temps
de lire votre Témoin la dimanche et
puis de le relire pendant la semaine;
eh bien ! voulez-vous que je vous le
dise, là à cœur ouvert ? H m’est
arrivé souvent de rester sur une page
la tête dans les mains, savez-vous
pourquoi ? c’est que ce que je lisais
me faisait penser à beaucoup d’autres
dioses et j’aurais bien vou|„u vous les
envoyer par écrit pour votre journal;
il m’est arrivé ce qui se passe dans
l’air ces derniers temps, c’esl-à-dire
des nuées, des éclairs et une musique
de tonnerres eu haut, et pas une goutte
de pluie sur nos champs. Mais maintenant que mon petit-fils est revenu
à la maison pendant les vacances, je
lui dirai mes idées et il les mettra
par écrit, corrigez pourtant ses fautes
d'orthographe et faites comme nous
faisons chez nous quand nous voulons
faire d’une souche de pommier une
bonne massue.
Je ne sais pas si c’est, parce que je
me fais vieux, mais il m’arrive souvent
de penser aux jours de mon enfance,
quand j’étais tout petit; il me semble
que-c’est comme un farò allumé sur
la montagne de X. qu’on voit à peine
d’ici. Quand j’allais à la chasse des
chamois, il m’arrivait souvent ¡de ne
pas bien voir les cimes de nos hautes
montagnes, à cause du brouillard qui
s’étendait comme un voile. Cependant
je me rappelle encore un peu les visages de mon grand père et de ma
grand’mère, car quant à mes parents
j’étais déjà marié quand il moururent;
à force d’y penser, je m’oublie, je
m’endors dans ces souvenirs, et quand
je me réveille et que je voisines longs
cheveux blancs, et que j’enlends les
voix de mes marmots, i! me semble,
que j’arrive d’un antre pays, lellemenl
tout a changé depuis autour de moi.
Oui, tout a changé, et pour bien des
choses ; Dieu soit béni ; je ne dis pas
que nos champs et nos prés produisent plus qu’au commencement du
siècle, au temps de Napoléon, et je ne
crois pas qu’en général aux vallées on
ail appris à mieux cultiver la terre :
nos montagnes sont bien toujours les
mêmes, mais les habitants ne sont
plus lout-à*fait comme ils étaient alors,
je n’ai pas même à parler de la liberté
dont nous jouissons grâce à Charles
Albert et à ses fils, tous, les vieux
comme les jeunes, noirs sentons que
après l’Evangile c'est pour nous le
plus grand bienfait. Mais tout juste
à propos de l’évangile , n’esi-ii pas
vrai que nos pasteurs d’à-présenl
valent mieux que ceux d’alors ? je ne
sais pas s’ils sont beaucoup plus insstruit, lettrés, comme l’on dit, mais
ce que je sais, c’est que de nos jours
il n’arrive plus en entrant dans un
temple, d’y avoir un sermon sur la
culture des pommes de terre ; dans
toutes nos églises l’Evangile est prêché
fidèlement, et puis que de réunions
pendant l’hiver V Ce qu’un pasteur dit
5
^253-^
à présûnl dans une seule année, aurait
sufii alors pour cinq ans de prédications
et encore nous entendions de tout
autres choses. Et que dire des écoles?
Je me rappellerai toujours ce que nous
appelions ainsi, quoique ce ne fût
qu’une mauvaise écurie, on n’y voyait
pas beaucoup plus que dans un four;
les écoliers s’amusaient le plus souvent
à tirer la queue aux vaches et pour le
maître il ne se souciait pas tant de
nous faire apprendre, que de bien
cuire ses pommes de terre, tandis
qu’aujourd’hui au lieu de tout cela ,
nous avons de belles écoles bien éclairées, bien chauffées, de bons maîtres
pour enseigner, de beaux et bons livres
a lire,, et les enfants, qui après celà
quittent l’école pour couib' les bois,
sont de grands ingrats ; comme dit le
proverbe, «si jeunesse savait, si vieillesse pouvait ». Nous n’avions pas alors
ces excellents livres qu’on a publiés
pour les grandes personnes, je ne
suis pas riche, mais j’ai voulu les
acheter et quand mon petit fils les
lit, il me semble que je me sens rajeunir.
Il y a aussi dans notre pays des
prophètes de malheur qui voyenl les
choses tout en noir, on dit que les
vieillards sont ainsi faits , ou plutôt
qu’ils sont devenu tels à cause de l’âge,
en tout cas comme vous voyez, je ne
suis pas de ceux-là. Quand je rêve, la
plupart du temps je rêve de ma famille, ou de mon pays et presque toujours je fais de beaux rêves. Quand je
songe au passé et puis que je regarde
le présent, j’ai confiance en l’avenir;
oui notre peuple, notre vieille Eglise
ont devant eux un bel avenir. Voyez
comment ils se répandent partout en
Italie, apportant avec eux l’Evangile ,
et parmi nos fils combien qui vivent
à l’étranger? Ils ont été jusque dans
ces lointains pays de l’Amérique.
L’autre jour nous,avons dû couper
le vieux noyer qui était devant la maison , moi aussi je tomberai quand
Dieu voudra, mais notre peuple a des
racines profondes et une sève vigoureuse; il a résisté bien des siècles cl
les orages ne l’ont pas abattu. Mais
dans le plus bel arbre il y a des che
nilles, des vers rongeurs, notre peuple
a fait toutes sortes de progrès, mais
il y a aussi bien des misères ; il y a
une chose surtout qui m’afflige, et c’est
pour vous le dire que j’ai pris la plume,
ou plutôt que mon petit Jean l’a prise
pour moi, mais voilà mes quatre pages
remplies, ce sera pour une autre fois.
On m’a donné à mon baptême quatre on cinq noms, mais en cette occasion permeüez-moi de me dire simplement votre vieux
Antoine.
le roi ne ponvaU (lorinir
Après un repas somptueux, Assuérus
se retire dans ses appartements ; les
lampes sont éteintes, les sentinelles
sont immobiles, mais le sommeil ne
vient pas se poser sur les paupières
royales. Il est nuit à Susan, il est nuit
sur la moitié de la ,terre ; le roi se
retourne sur sa couche, mais le .sommeil ne vient pas. Les serviteurs du
roidepuis les ministres jusqu’aux
portiers, tous dorment ; pourquoi le
roi ne peut-il dormir?
A-t-il mangé plus qu'il ne faut?
Cela est possible, et Assuérus ne serait pas seul dans son cas. La sobriété
facilite le sommeil et contribue â nous
faire jouir d’une bonne santé. Soyons
sobres.
Peut-être les affaires d’état éloignentelles aussi le sommeil, Assuérus règne
sur 127 provinces et commande à une
armée de plus de deux millions de
soldats. Pas de télégraplie pour Iransmellre les ordres et pour recevoir les
communications ; pas de chemins de
l^er pour envoyer des troupes là où
les fronlièi es sont menacées. L’empire
peut être attaqué et envahi, avant que
le roi en soit informé, et celle pensée
ôte le sommeil. Autant vant-il ne posséder qu’une cabane et dormir en
paix selon notre besoin.
Le roi est ambitieux, et veut agrandir
ses étals par la conquête de la Grèce.
Voilà 80.000 cavaliers, 1.700.000 fan*
lassius et 4.2ÜÜ vaisseaux prêts pour
faire la guerre aux grecs et s’emparer
6
^254
de leur .pk'ys. Dorment-ils (lavanlàge
çeu)c q\ii veulent él6igfter,1es Dorhe's
(le leurs champs, è‘t sont dévorés par
la soif de nouvelles richesses? —
Qui pense à heaucoup acquérir demain par des moyens peu justifiables,
ne dormira guère celte nuit. Les avares
dit-on, ne dorment guère; ils comptent leurargenl et pensent aux voleurs.
La conscience agitée ne laisse pas
dormir; et celle d’Assuérus ne le laisse
guère en paix. Il est tourmenlé par le
souvenir de Vashti , cette reine vertueuse et chaste , qui refuse de faire
admirer sa beauté par des courtisans
ivres et plongés dans l’orgie d’un festin , et qu’il a chassée du palais et
sans doute envoyée en exil.
Je comprends que le roi ne puisse
pas dormir, car il n’y a point de paix
pour le méchanl. Et si sans être roi
comme Assiiérus, lu le laisses entraîner par le péché et que tu souilles
ton âme, sache que le sommeil bienfaisant fuira loin de les paupières.
— Je dors bien quand même, répond un incrédule ; le vin procure le
sommeil et j’en bois volontiers. Assuérus en avait bu aussi sa large part;
le vin, les plaisirs, la débauche ne lui
rendaient pas le sommeil que sa mauvaise conscience chassait loin de lui.
Peut-on dormir dans une maison
en feu ? Peiil-on jouir de quelque paix
aussi longtemps que le feu dévorant
des convoitises et (lu péché sous toutes
ses formes fait la guerre à l'âme ? Les
moyens de grâce négligés, celle Bible
que lu ne lis pas, les bienfaits de Dieu
méconnus ou peu appréciés, le sang
de Jésus méprisé, le salut graluil refusé , voilà bien de quoi l’empêcher
de dormir! Ah ! si ce salut était offert aux démons, quelle joie en enfer!
Dieu le l’offre aujourd’hui ce salut,
peut-être pour la dernière fois. Acceplc-le et que ton âme vive !
L’amaur célesle.
Quel est en moi le degré de l’amour
célesle, de l’amour qui agilaveclaiil d’énergie en de ceriairies âmes, qu’il en
fait de inodèies de celle charité qui sup
porte tout? Aime je tellement Dieu, et
ai-je un tel sentiment de son amour
pour moi que mon âme en soit transformée à son image? La charité de
Christ me presse-l-elie et me possèdet-elle? Suis-je tellement absorbé dans
la conlempliilion de l’amoiir de Dieu
qui a paru en la croix du Fils de Dieu?
L’egoïsme de mon cœur est-il vaincu,
mes (fisposilions haineuses sont-elles
subjuguées par ce ravissant spectacle
d’ni) Dieu qui se donne à ma place ?
Je sens que sans l’amour je ne puis
être en harmonie avec l’esprit et le
but de la grande propitiation. Je vois
que la connaissance ne suffit pas, que
la croyance ne suffit pas, que l’espérance ne suffit pas, que !’ extase ne
suffit pas; que dans le fait rien m’égale
l’amour intense pour m’approcher
de mon Dieu et me faire goûter la
douceur iniinie de sa communion.
Mes bien-aimés, si Dieu nous a ainsi
aimés , nous devons nous aimer les
uns les autres.
Itemàrqnes sur la Glorieuse Kentrée.
On a souvent dit que nos pères en
rentrant dans leurs Vallées en 1689
à la pointe de leurs épées n’ont pas
agi selon les principes de l’Evangile.
J’admets 1« remarque en principe ,
mais ce qui est incontestable dans ce
fait héroïque, c’est que nos pères ont
accompli cette grande victoire par la
foi. Or la foi met Dieu en action , et
Dieu agit toujours lors que l’impuissance de l’homme est bien constatée.
Elle agit toujours dans un sens en opposition avec la nature des choses.
Exemple, David lue Goliath. Ce n’était
pas dans la nature des choses qu'un
enfant qui n’a aucune connaissance de
l’art de la guerre fût vainqueur d’un
géant qui fait irembler par sa présence tous les guerriers Israélites.
Mais c’est selon le caractère de Dieu
d’anéantir celui qui le déshonore et
l'outrage, quand II le veut, et par les
moyens qu’il lui plail d’employer.
Un autre fait encore plus inconieslable au sujet de la gloiïeu.se rentrée,
c’est que Dieu l’a sanctionnée par son
7
inlüi'venlion, du commeiicernenl à la
fin. Si nous comparons la gjlorieuse
rentrée an passage d’Israël à travers
la Mer lionne, nous ne pouvons pas
juger lequel de ces deux faits est le
plus ou le moins miraculeux, dans
l’un el dans l’autre la nature des choses
est étrangère.
Non seulement le Duc dp Savoie
faisait garder la chaîne des Alpes países bayonnelles, el l’armée de Louis
XIV les attendait à Salabertran , mais
de plus la Sui.sse el l’Allemagne, où
se trouvaient les Vaudois, étaient parcourues par des espions rétribués patees monarques, el les autorités de ces
pays s’opposaieni au projet de repatriation des Vaudoi.s , qu’elles considéraient comme un rêve de folie.
Il est vi‘ai qu’avant la réforme nos
pères évitaient soigneusement tout ce
qui pouvait provoquer leurs ennemis
qui les entouraient de toutes paris,
mais les i-éformaleurs'élant sortis du
catholicisme, avaient conservé bien des
principes qui étaient la conséquence
de leur éducation. Parmi les pins
éminents d’entr’eux il s’en trouvait qui
croyaient devoir imposer la réforme
par les armes. Nos pères ne sont pas
allés si loin, mais sans le vouloir ils
ont pu être plus ou moins enlfainés
par l’exemple, par le couranLde l’époque. Mais quoiqu’il en soit, 0ieu les
a justifiés, qui les condamnera ?
Si Paul écrivait son Epilre aux Hébreux aujourd’hui, il ajouterait à la
nuée de témoins: Par la foi, les Vaudois rentrèrent dans leurs Vallées après
en avoir été expulsés , sans craindre
les puissances du monde entier liguées
conlr’eux. J. Salomon.
Société biblique italienne
Quoique le Comité de celte Société
ne se fût plus réuni depuis près de
deux ans, il n’élail pas demeuré loiilà-fail inactif puisque son secrétaire a
vendu dans cet espace de temps
exemplaires de la grande Bible de famille, -r ce qui, pour Rome et l’Italie,
est un chiffre assez respectable. —
Dans une' récente réunion du Comité
M. le pasteur Sciarelli a été nommé
Secrétaire en remplacement de M. Cocoi'da qui a quille Rome , el essenlieilemenl en vue de la diffusion plus
grande de la Bible de famille , il lui
a été adjoint un aide on .sous-secrétaire dans la personne de M. Chiera.
Nous avons à peine besoin d’ajouter
que nos vœux les plus sincères accompagnent toutes les entreprises qui ont
pour but de répandre dans notre chère
patrie la parole de Dieu qui y est encore si peu- connue.
iiouwellcô rcUgtcuecB
Italie, — Nous lisons ce qni suit
dans Je dernier numéro de la Semaine
Religieme de Genève;
Le D" Bernard Pick, pasteur allemand à Rochesler, dans l’Klat de NewYork , voulant monlier comment le
célèbre cantique de Liilber, c'esl un
rempart que notre Dieu, est devenu
le trésor commun de l’Eglise évangélique toute entière, vient de publier
le recueil des traductions qui cfnl été
faites de ce morceau en dix-neuf langues différentes. M. Pick compte vingttrois de ces version en anglais, qualie
en latin, une en hébreu, etc. etc. Il
n’a connai.ssance , ni d’une iiaduclion
grecque, ni d’une traduction italienne;
nous serions étonnés que celle dernière
n’existât pas *.
Nous sommes heureux de pouvoir
dire à la Semaine qu'elle ne s’est pas
trompée dans sa supposition. La traduction italienne de l’hymne célèbre
de Luther existe, el le rév. Pick pourra
le lire au n® 20 du, recueil des Salmi
e Canitci publiés par l’iiglise Vatidoise
pour ses Congrégations de langue italienne , et adopté, croyons-nous, par
bon nombre des dénominations évangéliques qui travaillent en Italie.
Espagne. — Le Synode de VEgline
ChrétienneEspaÿnole s’est tenu à Madrid
dans la dernière quinzaine de mai dernier. Il se composait des pasteurs et
repi'ésenlanls de ses treize Eglises auxquelles sont venues s’ajouter deux nouvelles Congrégations organisées : celles
8
^256-.
de Salíírniañcíaé et deFíetis, èt íjüíítre
doiíveíles slàlîo'ns rrti^sîorinatres. Là
moiris qu’dilleitrs là lèpre dés divjsidris eticlésiàsliquâs rie laissé pas
que de faire sentir sa triste ël desséchante intluehce.
Rüssie. — Les réunions bibliques initéees par lord Radstock à St. Pélersbourg dès l’année 1874, et qui avaient
été conlinnées avec de remarquables
succès, par trois nobles russes euxtnémés amenés à îa connaissance de
l’Evangile par ces réuriiohs — lë cdlonel
Paslikoif, le comte Robrimky et le
comte de Kouif — viennent d’être fermées, d’ordre du chef suprême dé la
police Loris Melikolî. Si tous les
moyens employés par le noble comte,
pour venir à bout du nihilisme, sont
aussi bien entendus que celui que nous
venons de rapporter, la triste plante
n’est certes pas à la veille d’être extirpée du pays qu’elle désole.
Allemagne. — Les vieux catholiques
allemands sont au nombre de 37.425
(Bavière et Wurtemberg exceptés).
Duratît l’année 1879, ils se sont augmentés de 60ü membres. Leurs églises
sont desservies par 47 ecclésiastiques,
il en est mort 3, l’un a donné sa démission, un antre a été destitué.
Angleterre. — Le docteur Cameron,
l’illustre voyageur anglais qui a exploré
le continent africain , fait partie de la
Chambre des Communes. L’autre jour
il montrait à ses collèges un objet des
plus curieux rapporté de ses voyagès;
c’est Un fouet au manche riiguelix et
flexible , à la corde tordue, serrée,
noué à neuf reprises. Au bout de la
corde est une forte lanière de cuir
taillée en croix, qui sert de louche.
Ce fouet est un instrument de p'ropagandé dés miè’sionnaires jésuites chez
les sauvages du Nÿan-Nyan. C’est àvèc
cela que les rév. iPéres inculquent la
sainte doctrine papiste aux pauvres
.nèophifies. Ce, fouet et lè fusil dés niis, siOnnairés bottés, récenrimenl béni'par
l’évêque d’Alger, opéreront des prodiges... à moins que les sauvages no
massacrent les apêires de la religion
d’aulbn’lé.
fyoUttque
ÆÎiéltè. — Le foi tìiimber.É eli h
reine Màrguérilè sont ênûôré à furi'iif
[jour qnëïquès jo’ufs. Lè vói se rendra'
ensuite à Monza , puis à Florencê p'ôiif
les grandes manœuvres. La réîrtë ira'
passer quelque temps dans un cliâleau
royal au val d’Aoste.
Le ministre des finances Magliai)i
travaille à son projet d’impôt sur les
boissons. L’impôt sur la soif, comme
on l’appelle ,■ remplacera en partie
l’impôt sur la moriture OU sur la faim.
JFrance. — Après la fête dti 14
juillet et la grande revue de l’armée
de terre aura lieu la revue de la flotte
à Cherbourg.
Le ministre de la guerre a précédé
dans cette ville le président de la République , M. (ji’évy, et le président
de la Chambre^ M. Gambeüa,
Gladstone est assez
gravement indisposé à la suite d’un
coup de froid.
11 n’est question dans le pays que
de la défaite subie par une brigade
anglaise dans l’Afghanistan. La garnison de Gandahar a été àll.aquée,
d’une manière inattendue, par de fortes
massés d’Afghans insurgés. Cependant
les pe^ës -matérielles Sont, parait-il,
moins graves qu’on ne (’avait di’abord
craint. Mais l’efFel moral de cet échec
est considérable soit en Angleterre,
soit dans l’Inde. Des renforts sont envoyés soit de l’Inde soit de la métropole aux généraux anglais dé' Candahar. Caboul est tranquille, mais l’on
n’ose dans ce moment en délaclier une
partie des troupes qui forment la garnison de celte capitale.
La question d’Orient n’a pas marché
ces derniers teirips. Il paraît même
que les puissances sont sur le point
de Venoncer à la démonstration navale
qu’elles avaient projetée.
Les Grecs et les Monténégrins d’un
côté, les Albanais et les Turcs de
l’aiilre sont, l’arme au bras , postés
les Uns contre les autres.
ErnSST KoberT, Gérant et Administrate-ur
Pigriérol, lmp. Chianlore et Atascarelii.