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Année Septième,
48 Février 1884
N. 7
LE TÉMÔIN
ÉCHO DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Fotis mt serez témoins. Actbs 1, 8. Suivant la vérité avec ta charité. Ep. 1, 16.
PRIX D’ABBONNEMBNT PAR AN Italie . . .. L. 3 Tous les pays de rUoion de poste ... » 6 Amérìqiie ... » P On s'iibonne ; ' Pour VIntérieur che?: MM. le« pasteurs et les libraires de Torre PelJice. Pour VEûUérieur au Bureau ¿'Ad- ministration. Un ou plusieurs numéros sépa- rés, detnaudéa avant le ti- • rag;e 10 i:eut Chacun. ‘ Annonces: 25 centimeM pnrlAg-p^, Les cttvois d'argent se font pUr lettre recommandes ou pat- mandats sur le Bureau de p«- rosa Argentina.
PüUT la RÉDACTION adresser ainsi : A U Direction du 7>»ioin , Pomaretto i Pinerf^ç|JriM«-De- Pour l'ADMINlSTEATION adresser ainsi : AI'Adinlnistraiion du Témoin, PomareUp ij^inerolo ) Uali*
Soramair©.
• , Qui veut la fin veut les moyens. — Nos
origiiios, — Cçr re.tport dance. — Divers. —
ifouvBÎlei religieusts et faits divef’s. — He«UB'. politique.
fr Qfli veut la fia veut les moyens
C’est à celle double condition que
l’on réussit. La plupart des entreprises manquées sont de celles qui
ont été mal conçues, et mollement
exécutées. Vouloir mal, ou faiblement, est aussi peu profitable que
de demander mal ; mais la volonté
la plus énergique, lorsqu’elle n’est
pas secondée par l’emploi de moyens
choisis avec discernement et mis
en œuvre avec vigueur, risque fort
de se dépenser en pure perle. —
C’est ce qui n’arrivera certainement
pas à notre ami et voisin, le pasleur de Ville-sèche.
, Cette paroisse avait le plus grand
besoin d’un bâtiment pour y loger
non seulement l’école paroissiale de
garçons, qui l’était misérablement
dans le vieux local, mais aussi l’école
de filles qui ne l’élait pas du tout.
Si beaucoup d’amis ont fourni à M''
Micol la majeure partie de la somme
nécessaire pour cette bâtisse, le
concours qu’il a su obtenir de ses
paroissiens n’en a pas moins été
très satisfaisant, eu égard à la condition peu aisée, pour ne pas dire
la pauvreté, de la plupart d’enlr’eux.
Mais si la belle écrole qui réjouit
la vue lorsqu’on arrive aux Clos Supérieurs témoigne de l’activité et de
l’énergique persévérance du pasteur
de Ville-sèche, il n’est pas encore,
tant s’en faut, au bout de ses peines,
puisqu’il lui reste à pourvoir sa
paroisse d’un temple, dont la place
est marquée à côté et à l’orient du
bâtiment d’école. Le besoin de celle
école était pressant; celui d’un nouveau temple est impérieux. Quant
aux vaudois qpi sont entrés dans
le vieux temple f(^e Villesèche, soit
pour écouler, soit pour y prêcher,
nul d’entr’eux ne songera à nous
contredire en niant celte urgence.
A ceux qui voudraient s’en assurer
afin de ne donner qu’à bon éscient
leur contribution pour un nouveau
temple, nous gisons sans hésiter:
Allez voir, etvous êtes disposé
Í
2
54^
à donner dix, après avoir vu, vous
donnerez vingt.
Une amie chrélienne a offert une
somme considérable, environ la moitié du coût présumé, — et cette promesse était bien faite pour encourager
notre ami. Mais c’est pour terminer
cl non pour commencer la bâtisse,
cpie celle généreuse chrélienne enverra son beau don. En volant des
remercîmenls sincères à la future
donatrice , le dernier ^ Synode a
chargé la Table de prendre en
mains celle iraporlanie affaire, sans
lui fournir* ni même lui indiquer
les moyens à employer pour atteindre le but. C’est l’habitude invétérée de nos assemblées synodales
de charger les administrations sans
'S’inquiéter le moins du monde si
elles ne fléchiront pas sous les fardeaux multiples et souvent très
lourds qu’elles placent sur leurs
épaules.
Dans le cas spécial qui nous occupe , la Table paraît avoir eu de
bonnes raisons pour ne s’adresser
d’abord qu’aux vaudois eux-mêmes,
dans une circulaire aux paroisses.
L’expérience a démontré surabondamment que les appels écrits ne
font parmi nous que peu d’impression, s’ils ne sont expliqués et-chaudement appuyés par une parole vivante et convaincue. Ce n’est donc
pas faire injure aux Consistoires
de notre Eglise que 'de supposer
que la circulaire de la Table serait,
à peu près partout, demeurée sans
grand effet, et c’est ce qu’a senti,
plus que personne, le pasteur de
Ville-sèche, le plus intéressé à la
prompte réalisation de son beau
projet.
Payant courageusement de sa
personne et bravant la neige encore
très abondante à la montagne, la
glace dure comme du fer, qui s’est
formée à peu-près dans tous les
chemins, et le froid très rigoureux
qui”nous est revenu, M. Micol a
déjà plaidé la cause de son temple
dans les paroisses de Praiy, Rodoret et Périer-Mancille. Nous avons
involontairement 'frissonné lorsqu’il
nous a parlé d’un service qu’il devait avoir mardi soir dans l’école
du Pomarat, qu’il ne faut pas confondre avec le Pomaret. A peine
un sur cent de nos lecteurs a visité le hameau du Pomarat. Il nous
souvient que lorsque nous étions
beaucoup plus jeune et que nous
avions le plaisir d’accompagner
quelque ami jusqu’aux extrémités
de la vallée de St. Martin, lorsque,
à quelques centaines de pas au dessous du Périer, nous levions les
yeux vers les cimes environnantes,
on nous demandait invariablement
si ces maisons qu’on voyait sur le
plus haut rebord du plus haut sommet, étaient habitées. A notre réponse affirmative nous ajoutions invariablement une plaisante tradition
connue dans toute la vallée.
La première famille qui eut le
courage d’aller s’établir dans ce nid
d’aigle, voulant y introduire la vache,
la meilleure amie des enfants de
l’agriculteur, et ne voyant aucun
moyen de la faire monter jusqueslà, eut la bonne idée d’y apporter
dans une hotte un jeune veau, qui
a été la souche d’une nombreuse
postérité.
C’est donc là que les pasteurs de
Villesèche et du Périer se sont
rendus l’autre soir par un froid de
dix à douze degrés R. et des chemins dont on ne se fait pas d’idée,
tout d’abord pour une réunion de
3
55.
prière, puis pour y recueillir quelque
obole, cinq à dix francs peut-être,
en faveur du temple de Villesôche.
Ce qui rend très difficile la mission
que s’est donné M. Micol, c’est qu’il
va, non pas de maison en maison,
mais d’école à école, présidant avant
fout un culte auquel les habitants
du quartier ont été conviés. — Sans
avoir été plus indolent, ou plus
paresseux que la généralité des hommes’, nous avouons sans peine que
nous aurions reculé devant une pareille corvée. M. Micol ne recule
pas, au contraire. Encouragé par le
succès obtenu dans les trois paroisses
qu’il a déjà visitées, — car nous
estimons que c’est un très réjouissant succès que d’y avoir recueilli
au delà de trois cents francs, le
pasteur de Villesèche se dispose à
s’adresser successivement à toutes
les autres, ayant pour cela l’assentiment de la Table et espérant obtenir aussi celui des Consistoires,
sans lequel il ne se croirait pas
libre de se présenter.
Nos meilleurs vœux l’accompagneront dans celle tournée qui n’est
certes pas une simple promenade,
et nous souhaitons de tout notre
cœur que ces lignes lui préparent
la voie et facilitent sa tâche. Il
réussira, nous l’avons dit déjà et le
répétons encore. Mais nous n’allons
pas jusqu’à espérer que les 12 à
15 mille francs qui manquent à la
Table pour la construction du temple
de Villesèche, soient fournis en entier par les autres paroisses des
Vallées. Ce qui nous sulfil et que
nous attendons avec confiance, c’est
que toutes fassent bon accueil à
M. Micol et contribuent joyeusement
pour subvenir à un pressant besoin
d’une paroisse sœur.
Nos Origines
III.
Une tradition embarrassante.
Avant 1600 nous n’avons pas d’historiens vaudois à consulter sur la
question de nos origines; il serait
intéressant cependant de savoir ce
qu’on en pensait alors aux Vallées.
Que disent les documents vaudois qui
nous ont été conservés ? Nous en
trouvons qui nous parlent de Valdo
et qui rendent justice à son œuvre
évangélique. Mais il est impossible de
méconnaître qu’il a existé chez le peuple Vaudois une tradition persistante
reportant nos origines au delà de
Valdo. Citons quelques documents.
Dans une remontrance des Vaudois,
de 1599, ils disent « qu’on ne pouvait pas ignorer que depuis près de
cinq et six cents ans auparavant ils
né renseignassent de même» (leur
religion). Ceci nous reporterait cent
ou deux cents ans au delà de l’arrivée des lyonnais aux Vallées.
Dans un manuscrit de Cambridge
daté de 1587 et cité par Léger, se
trouve la question suivante.' Quanto
tempo è che la religione è stata predicata nelle Valli ? Réponse : Circa
cinquecento anni come si può raccogliere da molte historié, ma secondo
la credenza degli abitanti delle Valli,
da iempo immemoriale. Ceci nous reporterait à l’an 1087.
Dans une supplique au gouverneur
Birague en 1573, les Vaudois le supplient « de faire entendre au roy qu’il
y avait plus de quatrecent et cinquante ans que leur peuple de père
en fils jusqu’à eux avait fait profession cette religion». Ceci nous reporte au delà de 1123.
Dans une supplique à Em. Philibert
en 1500 ils disent : « Que V. A. considère, s’il lui plaît, que cette religion
laquelle nous suivons n’est pas seulement nôtre ou controuvée des hommes depuis peu de jours.... mais que
c’est la religion de nos pères, de nos
ayeuls et des ayeuls de nos ayeuls,
et autres plus anciens nos prédéces-
4
-.56.
seurs et des saints martyrs, confesseurs, prophètes et des Apôtres ».
Dans la préface à la Bible d’Olivétan, datée du 17 février 1535, il est
dit que dès qu’ils furent enrichis du
trésor de l’Evangile par les SS. Apôtres ôu leurs plus proches sn'ceesseürs, ils en avaient toujours conservé
l’entière fruition.
Et dans la lettre de Morel et Masson à Œcolampade, datée de 1530,
ils se disent : enseqnàâors d’iin poble
paure e petit loqual han demtira plus
de quatre cent ans' entra las crüdelissimcts spinas. Ceci nous reporte au delà
de 1130.
On le voit, cès documents sont unanirties pour placer l’origine des Vaudoîs au delà de l’époque de Valdo.
Mais, dira-t-on, c’est la une tradition
tardive qui s’est développée avec le
temps comme la mousse sur lés rochers.
Toujours est-il qu’il faut un temps
assez long pour que la mousse des
légendes se développe sur les rochers
de l’histoire. Mais dans le cas actuel
nous trouvons la tradition atissi près
que possible des temps de Valdo. En
effet, ce n’est pas seulement Claude
Seysell (1517^, qui en parle pour la
combattre, mais nous la trouvons
mentionnée par des écrivains tel que
le Père Moneta qui écrivait en 12M,
Ear PolichdorfetRainier Saccon (1250)
e dernier s’exprime ainsi : « De toutes ces sectes qui existent ou qui ont
existé, il n’en est pôînt d’aussi pernicieuses à l’Eglise que celle des Léonistes et cela pour trois raisons. La
première parcequ’elle est la plus ancienne puisque selon quelques uns,
elle s’est conservée depuis le temps
de Sylvestre, selon d’autres depùis
le temps des apôtres ».
Nous sommes donc en présence
d’unè double traditiondont l’une
s’arrête au mouvement vaüdèis du
12® siècle et l’autre remonte plus
loin dans la direction de l’église primitive. Comment explique-t-on l’existence de ces deux traditions sœurs
qui semblent se donner la main dès
le 13® siècle ? ~ Pour certains critiques allemands et leurs adeptes la
chose est bien simple. Ils considèrent
un instant les deux soeurs, puis, sans
autre forme de procès, tirent leur
savante épée et tranchent la tête à
celle.qui ne leur plaît pas, sous prétexte qu’elle est *iilégitime. Et les
preuves ? — Ah les preuves.., il est
plus commode de les demander aux
autres que de les fournir soi-mêdie
pour tout ce qu’on avance.
La susdite méthode est sans doute
expéditive, mais tout le monde ne la
trouvera pas satisfaisante. Par exemple, pour notre compte, nous trouvons ,
beaucoup plus naturel d’expliquer la
coésistence des deux traditions historiques en tenant compte du fait,
clairement attesté par Gilles, que l’égiise des Vallées, doit soh « restablissement » à la fusion des deux éléments dont l’un français, devant son
origine au réformateur lyonnais, l’autre indigène et dont l’origine est antérieure à Valdo, Le concours de ces
deux éléments à la formation de l’église, expliquerait comment les vaudois
des Vallées, aient pu prétendre à
l’antiquité, non seulement de leur
doctrine tirée de l’Ecriture, mais encore à l’antiquité de leurs églises.
Plus d’un lecteur s’étonnera peutêtre que nous n’ayons pas cité, en
parlant de documents Vaudois, le
poëme la Nbbla Leyczon qui contient
déjà le nom de Vaudés et où se lisent
les deux vers :
Bon lia mil et cent anz oompli cntierainent
QuË fu Boripia l'ora car sen al dërier tamp.
On a cru en effet que ces vers
fixaient la date du poëme à l’an 1100,
mais la chose est fort douteuse et
pour notre part nous sommes, sur
ce point, pleinement d’accord avec
M. le prof. A. Revel {Cristiano Ev.
Mars 1880), qui fixe cette date au
plus tôt à l’an 1190, vu que les 1100
ans doivent se compter depuis le
temps où l’apôtre Saint Jean écrivit
(vers l’an 90), dans sa 1'’® Epître
(il, 18): « Mes enfants, le dernier
temps est venu ». Le poëme aurait
donc été composé dans les beaux
temps où l’arrivée des persécutés ravivant la foi et lè zèle des chrétiens
5
,57.
des Alpes, une nouvelle ère s’ouvrit
pour l’Eglise des Vallées.
Cela dit, on comprendra que la fameuse découverte laite avec la loupe
d’une variante portant « mil e quatre
cent’anz », nous laisse assez indifférents. Nous retenons cette date comme
beaucoup moins sûre que la première,
vu qu’elle porterait la composition
de ce chef d’œuvre vers la fin du
15™« siècle, époque où l’on était loin
de la ferveur des premiers jours. —
Dans tous les cas lorsque, d’un air
de triomphe, l’on publie qu’ainsi
« tombent d’elles mêmes les dernières
objections de ceux qui avaient réussi
avec leur fantaisie à embrouiller une
question aussi facile et simple que
cellè de nos origines », cela nous
rappelle un peu les chants de triomphe de ceux qui n’ont fait qu’enfoncer
... une porte ouverte.
Vaüdés.
(!Porrc0|)ottbance
St. .Ipan , ce 4[ï 1881.
Il est des œuvres qui, bien que poursuivies dans l’ombre, n’en sont pas
moins importantes et riches en bénédictions. Telle est celle que je me
pérmets de signaler aux lecteurs du
Témoin et de présenter en exemple
aux autres paroisses où cela pourrait
se faire aussi.
Il s’est constitué ici, l’année dernière, une société de jeunes demoisellçs, dont le but est de visiter les
vièillat-ds pauvres. Chacune a son protégé ou sa protégée, qu’elle visite
aussi régulièrement que possible et à
qui elle porte quelques secours,^accompagnés toujours de paroles bienveillantes , de quelque lecture et de
quelque encouragement. Avec quelle
expansion ces braves gens, chargés
d’années et souvent aussi d’infirmités,
racontent à leurs jeunes visiteuses les
péripéties de leur existence, leurs
joies et leurs peines, leurs espérances
et leurs désillusions ! Quelle source
de bénédictions pour les uns pt pour
les autres ! ■— Que Dieu veùilie bénir
cette œuvre, la faire grandir et donner
à Ceux qui la poursuivent la charité
persévérante et l’amour qui leur Sont
nécessaires poür pouvoir faire du bien!
L’initiative et la louable activité de
cette jeune société, se sont tout dernièrement démontrées aussi en faveur
de la bibliothèque paroissiale. Une
soirée, essentiellement musicale, d’un
bon ton et d’un bon goût exquis, a
été organisée au profit de cette institution bien utile, mais souvent un
peu négligée.
Les bénéfices , grâce aussi aux dons
généreux de quelques personnes, se
sont élevés à près de itlO 1rs., ce qui
permettra l’achat d’un joli nombre de
nouveaux volumes. — Il est vrai que
l’embarras du choix de bons ouvrages
est quelque fois assez grand ; mais
espérons que le bon goût supérieur
des persoftnes chargées de cette be
sogne,
l’argent aidant, saura vaincre
s et répondre à tous les
les difficulti
désirs.
Les enfants des écoles h’ont pas
été, cette année non plus, sans gâteries. Pérmettez-raoi, à ce propos ,
de résüraef pour les lecteurs du Témoih un article publié par un journal
allemand de Zurich.
Aprèsi une courte description des
Vallees, ün aperçu historique, et
quelques paroles flatteuses à l’adresse
des pasteurs et des établissements
d’instruction de Torre-Pellice, l’auteur
de l’article en question continue :
« une belle fête a été organisée la
veille de Noël dernier par le pasteur
de St. Jean. Plus de 300 enfants, dont
quelques-uns demeurent bien haut,
dans des chaumières presque inaccessibles, étaient réunis dans le vaste
temple de cette paroisse. Un petit
arbre illuminé par cent bougies et
orné des couleurs italiennes, dont le
pied était recouvert de mousse, réjouissait la vue de tout ce petit peuple. Après quelques récitations, une
courte allocution du pasteur, et des
chants saisissants eut lieu la distribution des cadeaux. Gomme les yeux
brillaient et les petits cœurs des enfants battaient â la vue de cette fête
inusitée. En vérité c’était une scène
6
.58.
touchante en même temps que solennelle ! Il nous semble encore aujourd’hui entendre dans la maison de Dieu
l’écho des douces mélodies, semblables à celles qu’ont dû chanter dans
le lointain Orient, les anges du ciel,
annonçant la naissance du Dieu Sauveur ».
L’article dont je ne fais que donner
un très-court résumé, de crainte...
est suivi d’une note de la rédaction
qui se charge volontiers de recueillir
et de transmettre les dons qu’on voudrait lui confier en faveur du fonds
des pasteurs « des montagnes vaudoises du Piémont ».
Nous savions déjà que notre histoire
est mieux connue des enfants anglais
et écossais qu’elle ne l’est de nos
propres enfants, et notre ardent désir
serait de voir cesser enfin cette humiliante infériorité. — A cette connaissance de l’ancienne histoire Vaudoise
s’unit déjà chez les jeunes enfants un
intérêt pratique pour cette Eglise dans
ses besoins actuels. — Nous en avons
un touchant témoignage dans le don
de quatre petits enfants des îles Hébrides, transmis avec la poésie suivante que Mr. J. D. C. a bien voulu
transporter dans notre langue à l’usage des lecteurs du Témoin.
REÇU EN FAVEUR DU FONDS VAUDOiS(l)
S ShiUing.i de la pari de quatre petits
garçons le janvier tSSi.
Voici le don de quatre enfants courtois
Gentil tribut, provenant des Hébrides^
Pour amener, en leurs Bentiers arides^
doux confort chez lea Barbes Vaudoisl
S'il est léger, oh ! de quel noble élan
Il fut donné! et ce qui le relève,
C est fjLi’il coûta sûrement un beau rêve
]->e doux plaisirs le jour du^Nouvel-an.
-Tugez-le donc par ie minime avoir
Qu’en son coffret un onfont peut inclure :
Si loufî donnaient selon cette mesure,
Le fonda aurait dépassé tout espoir !
Eatimez-le par le vif intérêt
Qu’en les guidant, y déploya leur père,
Ou leur ami dont Tardent ministère
D’un saint amour souffle le feu secret.
Toujours on vit notre peuple accomplir
Le» hauts exploita du plus noble courage
Pour repousser le funeste esclavage
Dont si longtemps l'Europe eut k gémir,
Des tout petits ce tribut argentin ,
Encourageant les milliers par l'exemple,
Mérite, en or, la réponse plus ample
De ceux aux quels Tor abonde sans iin^
Et tout ami, généreux en bienfaits ,
En apprenant ce beau trait de l'enfance,
Pourra montrer que la moindre semence
Bien cultivée aura de grands effets.
J. D. c.
(1} Reçu souB l'anonyine par ]’ honorable Secrétaire
South St. Andrew Street.
liB. Publié dans le Daily léevew d'Edimbourg,
üîbero.
Nous lisons dans Vltalie:
M. Sella, dans son rapport sur le
projet de loi en faveur de Rome,
consacre quelques lignes au chiffre
de la population de cette ville depuis
sa fondation jusqu’à nos jours. Il
ajoute cependant avec raison que les
historiens ne sont pas d’accord sur les
données statistiques.
Suivant les probabilités, Rome vers
la fin de la république avait une
population de 630.000 âmes. Au commencement de l’ère chrétienne, elle
avait diminué de 180.000 habitants,
et à l’époque de l’empereur Aurélien
elle était descendue à ¿00.000. Vinrent
ensuite les invasions des barbares et
les guerres intestines qui décimèrent
la population. On prétend qu’en 1198
la ville ne comptait plus que 35.000
habitants.
On a dit que lors du séjour des
papes à Avignon la population de
Rome ’n’était que de 17,000 habitants. Mais Villani et beaucoup d’autres historiens démentent cette assertion, On sait, en effet, positivement,
Ïu’eii 1302 le recensement prouva que
omc comptait 22.000 capables de
porter les armes.
À l'avènement de Léon X, la population de Rome était de 40.000 lianilants. Paolo Giovio dit que huit ans
plus tard elle s’éleva à 90.000.
7
Dans la seconde moitié du 17® siècle
Rome comptait 150.000 habitants ;
dans la seconde moitié du 18® 166.000
Les événements politiques du commencement de ce siècle la firent retomber à 118.000, mais elle eut ensuite une augmentation continuelle,
et en 1870, a la chute du gouvernement temporel, les statistiques municipales portaient 226.022 habitants.
Aujourd’hui, elle dépasse le chiffre
de 305 000 âmes, et il est probable
qu’à la fin de l’année , lorsqu’on aura
lait le recensement, on trouvera une
nouvelle augmentation.
IfoinDeliee religieuece
et faits divers,
Italie, — Le fonds pour l’augmentation du traitement des pasteurs et
ministres des Vallées Vaudoises a
éveillé' la plus vive sympathie, non
seulement en Ecosse, mais encore en
Angleterre et en Amérique. A Londres, sur la proposition de notre excellent ami Mr. II. Matheson membre
du Conseil presbytéral de l’Eglise presbytérienne de cette ville et du révérend Fraser pasteur de cette même
, Eglise, il a été décidé que les églises
presbytériennes d’Angleterre, suivant
l’exemple donné par celles d’Ecosse,
concourraient, elles aussi, à la constitution de ce fonds.
A New-York, un Comité composé
de noms très-connus et très-considérés
en Amérique, s’est constitué, pour
donner suite à la résolution votée par
I le Concile Général Pan-Presbytérien
qui s’est réuni en septembre dernier
dans cette 'ville, de recueillir, dans
les Etats-Unis, la somme de 2D.000
dollars, soit fr. 100.000 pour ce même
fonds.
France. — On annonce, écrit le
Journal de Genève, l’ouverture de
nouveaux cultes protestants dans plusieurs localités où des catholiques
viennent de passer à l’Eglise réformée;
en particulier à Salins (Jura) où le
nombre des convertis serait de cinquante, à Champagnole, àDeiuze, à
Roche dans le meme département, et
à Parthenay, dans le Poitou, en plein
pays catholique et chouan.
— Un des pasteurs les plus connus
et les plus justement vénérés de l’E
flise reformée de France, M. Emilien
rossard, lui a été ravi subitement,
par une attaque d’apoplexie foudroyante, le mardi 25 janvier dans
son presbytère de Bagnèrès-de-Bigorre
(Hautes Pyrénées) chose remarquable!
le dimanche qui a précédé sa mort,
M. Frossard avait prêché avec sa vigueur et son onction ordinaires sur
ces paroles: « veillez et priez, car
vous ne savez à quelle heure le Fils
de l’homme doit venir ».
— On assure que 6.000 négociants
du quartier de St. Roch à Paris, se
sont engagés à fermer le dimanche
leur bureau et leurs magasins.
— L’Armée du salut dont on parle
tant et en sens si divers, et qui a
pour général le rév. Booth vient de
faire son apparition à Paris, où a eu
lieu, la semaine passée, une première
série de réunions, dans lesquelles les
principaux orateurs ont été des dames.
Cette tentative sera-t-elle au profit de
l’Evangile ou à son détriment ? C’est
une question que beaucoup de gens
se posent et non sans ' une vive anxiété.
Espagne. — Un fait qui suffit à lui
seul à jeter un triste jour sur le peu
de liberlé religieuse dont on jouit encore en Espagne, après tant de révolutions successives, est l’emprisonnement de deux mois, avec perte des
droits civiques et frais-du procès,
auxquels vient d’être condamné un
jeune pasteur espagnol, pour avoir
préside une réunion religieuse composée de plus de 20 personnes, sans
autorisation préalable du magistrat.
M. Martinez de Castilla ( c’est le nom
de ce pasteur) a en Vain appelé de
cette sentence, au Tribunal provincial
de Barcelone d’abord, puis à la cour
suprême de Madrid, enfin à la couronne, tout a été inutile, et ordre lui
a été donné de se constituer prisonnier.
— Un des rares survivants de la
petite phalange de protestants espa-
8
-PO.
gnols qui furent persécutés de 18G0
a 1863, vient de mourir à Bordeaux.
Antonio Marin avait été enfermé dans
la prisoi} de Malaga comme suspect
d’hérésie, puis condamné à sept ans
de travaux forcés. Une démarche de
l’Alliance évangélique ayant obtenu
la commutation de cette peine en bannissement, Marin vint s’établir à Bordeaux avec sa famille. Tout en y
exerçant son métier de sculpteur, il
avait évangélisé de nombreux Espagnols établis dans son voisinage.
(Semaine Religieuse).
Ætutie. — La Chambre a continué
la discussion du projet de loi pour
l’abolition du cours forcé. Il paraît
que les députés ne portent pas un
grand intérêt à cette question ou
qu’ils sont d’avance sûrs du résultat,
plusieurs d’entr’eux n’intervenant pas
aux séances. D’autres discussions d’importance moindre ont lieu dans les
séances du matin. Le comice des comices en laveur du suffrage universel
est réuni à Rome. Le nombre des représentants des diverses sociétés s’élève à plus de cinq cents. Non seulement on a voté le suffrage universel
pour les hommes, mais aussi pour les
femmes. L’assemblée avait résolu-d’al1er proclamer sur la place publique
ses résolutions j mais la police l’en a
empêchée. A défan.t de Garibaldi,
Sui a. envoyé son adhésion par écrit,
ertani préside le comice des comices
et plusieurs députés en font partie.
Le philosophe Ârdigô , athée , cidevant clérical, nommé par télégramme professeur à Padoue, a reçu
des ovations de la part* de ses auditeurs, après sa première leçon.
— L’Espagne a eu sa
crise ministérielle. Le ministère Canovas a dû céder la place au ministère
Sagasta-Campos- Ce qui est plus grave
c’est la formation d’une association
catholique, sous les auspices du gouvernement destinée à combattre les
tendances contraires à rultramontanisme, selon le Syllabus, et à faire
les intérêts de l’Egbse de Rome dans
la science, dans les arts, dans les
lettres et à propager la foi catholique,
sans doute en s’opposant à l’œuvre
évangélique.
Wrance. — La Chambre des dé
fmtés a repoussé le projet de loi pour
e rétablissement du divorce, proposé
par Naquet à une majorité de 30 à
^ voix. Les motifs principaux avancés
par les adversaires du divorce, c’est
que le pays n’en veut pas, que cette
institution tendrait à relâcher les
lieiis de la famille et apporterait de
graves perturbations dans les intérêts
matériels. Mais le vrai motif c’est que
non seulement les députés légitimistes
et bonapartistes, maisiOO républicains
n’ont pas voulu faire de la peine au
clergé pour lequel le mariage est un
sacrement. Ajoutons encore que pour
plusieurs la crainte de l’opinion de
leurs électeurs, dont ils seront bientôt
appelés à solliciter les suffrages, y
est pour beaucoup.
Attemagnm.—r Bismark a déclaré
solennellement qu’il est au pouvoir
et qu’il y reste, aussi longtemps que
le roi son maître le veut à son service; qu’il a eu ces années passées
bien souvent le désir et senti le besoin de laisser le lourd fardeau à
d’autres, mais qu’il en est revenu.
Af*ff9eterre. —• Les Anglais ont
eu dans l’Afrique Australe des engageraentç très-sanglants avec les Boérs
et avec les Bassoutos. De nouveaux
renforts de troupes sont envoyés. —
Parnell a quitté l’Angleterre où l’air
n’était plus bon pour lui; il est, assure-t-on , à Pans.
prient. —' Les puissances occidentales , du moins l’Angleterre, l’Allemagne et rAutriche, .se sont mises
d’accord sur la conduite à suivre dans
le règlement de la question grecoturque, Janina et Metzoo resteraient à
la Turquie, à laquelle on demanderait
d’autres concessions.
Ersesx Iîouekt, Gérant et Administrateui'
Plgaerol, lmp. Chianlore et Mascarelli-