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Quatrième Année.
n Avril 1878
N. 15.
LE TÉMOIN
ECHO DES VALLEES VAUDOISES
Paraissant ctiaque Vendredi
Vont me sere£ Actes 1, 8.
SuH)ant la vérité avec la charité. Ep, 1, 1&.
%
PRIX D'ABBONNBMENT PAR AN Italie . . , . ' L, 3 Tous les pays de l’Ünion de posl^ . . , » d : Amérique . . , >9, On s’abonne: Pour 1 Intérieur chez MM. les pasteurs et les libraires de 1 Torre Peliice. [ Pour r£’ù7tói’ìetir au Bureau d'Ad- I ministration. CJn numéro séparé ; 10 centimes, Annonces :25oentimespar ligne. Lea envois d*argent se font par lettre reiommandée on par mandats sur le Bureau de Pe- rosa Argentina.
Pour là RÉDACTION adresser ai osi ; A la Direction du Témoitti Pomaretto (PinerotoJ Italie, Pour rADMINISTRATION adresser ainsi : A rAdiuinîstraiion du Témoin, Pomaretto i Pinerolo) Italie
Sonsiin.ali?e.
Tendaneé a surveiller, — Du catéchixméoat, -iti Du devoir accompli. Diners.
— Nouwtks religieuses^—Revue politique.
TEPiD4i\GE h SURVEILLER
A part quelques expressions un
peu vives que nous avons maintenues * bien que nous fussions
autorisé à. ies modifier* nous n-’avon's rien à chânger à la lettre suivantp j,‘"les idées qu’elle énonce
étant, d’june manière générale, celles
que nous professons nous-mêrae.
-i— îious saisissons cette occasion
pour remercier sincèrement et pour
encourager notre cher correspondant , nous dirons presque notre
collaborateur du sérieux avec lequel il traite les questions qui
intéressent le présent et l’avenir
de notre chère Eglise. (Red.)
6 avrii 1878.
Mon chef)' Mon&iewr,
■y l^nime nous faisons, quelques amis
et moi, échange <Je journaux, el que
nous ne sommes pas tous du même
village, ce n’esi que celte semaine que
mon ifliÉ’ est venu de lire le Crjsiiano
Evmgelico du 16 mars. Je l'ai non
seulement relu une seconde et une troisième fois , mais , craignant que ma
connaissance imparfaite de l’italien ne
me fit comprendre de travers, j’en ai
altenlivemeal examiné et étudié avec
un ami l’article qui traite de la conférence du District 4e Toscane. Le
Témoin, a déjà relevé l’inopportunité
de ,1a (Proposition votée à funanimité,
moins une abstention, qui ne demande
rien moins que l’institution d’un Synode général composé des représentants
de toutes les églises tant de l’évangélisation que des vallées, auquel appartiendrait le suprême pouvoir judiciaire,
disciplinaire el législatif, -- même lorsqu’un autre ne raurait pas fait, je me
serais cru incompâlent pour traiter
cQnvenablemeE||iuné aussi grave question et d’ailleurs la proposition doit
être au préalable, discutée par la Conférence générale.
Mais il y a deux autres questions
très intéressantes aussi, 'quoique de
moindre importance, sur lesquelles la
conférence de Toscane a été appelée à
r,se prononcer, ce qu’elle a fait d’tine
manière qui m’a causé une très désâgréable surprise. — La conférence du
district de Rome-Naples, avait émis le
vœu quq les pasteurs et évangélistes
fussent invités a donner dans rinstruction religieuse des catéchumènes quelques notions sur l’Eglise vaudoise et
2
4U»
son système ecclésiastique. La Conférence de Toscane, tout en admettant
la nécessité d’instruire les catéchumènes
sur les caractères de l’Eglise de Christ
et sur les principales fonctions ecclésiastiques (pasteurs, anciens et diacres^
n’a pu admettre que l’instruction ca♦ ^^chéLique doive comprendre un enseignement sur un système ecclésiastique loiU-à-fait spécial, et qui, en
outre, n’est pas dé^nitif.
Comme le vœu de la conférence de
Rome-Naples me paraissait des plus
modestes et des plus légitimes, je ne
puis approuver qu’il ait été écarté et
qu’il l’ait été dans les termes que je,
viens de transcrire. L’Eglise dont les
ministres siégeaient dans la conférence,
sans doute avec voix prépondérante,
n’est donc rien de plus au s^n des
stations qu’elle a fondées, qu’une autre
fraction quelconque de l’Eglise de JésusChrist. Son histoire ne doit pas autrement intéressercesjeunes Eglisessœurs,
ou filles! Moins on en parlera et mieux
cela vaudra. El ce système ecclésiastique
lout-à-fail spécial, qui n’est pas encore
définitif! Cela donne à réfléchir. Je le
crois bien qu’il n’y a rien de définitif
ni dans notre constitution, ni dans nos
règlements, si nous laissons faire certains novateurs et réformateurs infatigables, qui croiraient avoir perdu leur
temps s’ils n’arrivaient àjchaque synode
avec un projet nouveau. Je suis persuadé que ma tête est une des plus
faibles qui, par devoir ou par goût,
s’occupent de ces sortes de questions,
maié je déclare humblement que depuis
quelques annéesjje ne ^s plus où nous
allons. Je crains que nous ne soyons
comme ces malades à qui tout changement de place, de position ou de
régime doit infailliblement procurer
un soulagement.
J’ai dit que certains vaudois travaillant en Italie pensent qu’il est plus
utile à la cause de l’évangélisation, de
prononcer le moins possible cé nom
de Vaudois. On va même plus loin,
car la conférence de Toscane vient de
décider à l’unanimité de maintenir sa
délibération de 1874, en vertu de laquelle chaque Eglise de la mission
vaudoise devrait s’appeler simplement
Eglise Evangélique de.....en adopianl
en même temps les armoiries vénérées ^
de l'Eglise Evangélique Vaudoise.
Avec tout le respect que je professe
pour les savants et pieux pères ou
parrains de cet arrêté, je confesse que
nous avons cordialement ri, mon ami
et moi, en lisant le litre officiel que
l’on se proposerait de donner aux Eglises fondées par nos évangélistes. —
Gomme il est connu de tout le monde,
môme ici, que dans toutes nos grandes
villes il y a non seulement une congrégation vaudoise, mais jusqu’à cinq
ou six autres Eglises appartenant a
des dénominations différentes, toutes
se disant évangéliques, il sera souvent impossible à un vaudois de passage de découvrir l’assemblée à laquelle il veut s’unir. Il est vrai que
ron garde les armoiries vénéréescomme
il est dit ci-dessus, mais à moins qu’on
ne les représente à l’extérieur des lieux
de culte, comme vous l’avez fait à vQtre
temple de Pomaret, l’étranger sera
réduit à demander au fonctionnaire,
pasteur, ancien ou diacre, la prés^ttalion du sceau de l’Eglise ce qui sera
passablement curieux.
La répugnance à porter encore le
nom de vaudois n'empêchera pas,
( dans le cas où la grande proposition serait adoptée par l’Assemblée
générale et agréée par le Synode ) ,
le pasteur et les délégués de ces
Eglises de composer avec ceux, des
Eglises des Vallées, un Synode, qui
ne serait plus vaudois, et pour lequel
on préparerait aussi un nom; car,
comme on l’affirme, il n’y a rien de
définitif dans notre constitution ecclésiastique. Ne dirait-on pas que la passion du changement qui fait la faiblesse de notre pays, dans les affaires
d’administration, comme dans la politique s’est emparée insensiblement
de quelques-uns au moins des vaudois
que l’Eglise a envoyés en Italie pour
y porter l’Evangile ou pour y préparer
de nouveaux ouvriers?
Ce n’est pas que pour ce qui me concerne j’aie en horreur tout changement, ni que je regarde le nom, même
le plus respectable, comme une arche
sainte à laquelle il ne faut pas toucher,
3
iiani'Tn 15*^
mais il m’est impossible de comprendre
que, sans l’ombre d’une nécessité, on
répudie le nom glorieux de ses pères,
— à moins que l’on ne fasse bon
marché des pères eux-mêmes.
Pardonnez-moi, ou plutôt pardonneznous, mon cher Monsieur, si j’ai dépassé de beaucoup la longueur d’une
lettre à un petit journal, et si en nous
encourageant l’un l’autre nous avons,
mon ami et moi', exprimé nos sentiments avec plus de vivacité qu’à l’ordinaire, et veuillez me croire toujours
Voire humble serviteur et frère
Jacques.
DU GATËGHUHËniT
II.
Do mode d'admission dans l'église
^Continuation J.
Malgré tous les soins indiqués
précédemment, nous n’arriverons
pas à obtenir tout ce que nous
désirons; même en prolongeant
l’instruction religieuse pendant plusieurs années, nous ne verrons
pas chez tous nos catéchumènes,
une vie nouvelle. Comment procéderons nous pour les admettre
dans l’église? C’est là le second
point de la question, qui n'est
pas du tout facile à résoudre,
surtout en pratique.
Le mode d’admission pratiqué
jusqu’à ces dernières années parmi
nous, comme dans toutes les églises
nationales et multitudinistes, a été
celui qu’on appelle collectif ou
en masse. Les catéchumènes ayant
l’âge de 15 à 18 ans, après une
courte instruction, suivie quelque
fois d’un examen, sont tous admis
à participer à la Sainte-Cène. C’est
sans contredit le mode le plus
facile, et l’ou a alors-des églises
grandes ou petites , suivant que
le territoire embrassant la paroisse
est grand ou petit. Tous sont
déjà dedans par la naissance suivie
du baptême, et tous sont considérés
comme un peu mieux dedans par
la confirmation. De sorte que , il
ne peut pas être question de
membres de l’église et de gens
du dehors. Et par là, il faut bien
l’avouer, nous ressemblons toutà-fait à l’église romaine, et nous
avons parmi nous beaucoup de
catholicisme. ■— Permettez-moi de
vous donner encore une citation
d’Astiè, parlant des puritains devenus multitudinistes. 11 les compare aux jésuites , que pourtant
ils haïssaient. » Comme eux on
introduisait les enfants dans l’église, sans qu’ils s’en doutassent
comme eux, lorsqu’ils arrivaient;
à l’âge de raison on les supposait
croyants , par le seul fait qu’ils
ne s’étaient pas déclarés incrédules ;
enfin , pour les puritains comme
pour la célèbre société , l’église
était devenue principalement une
école: l’essentiel était d’y introduire les nouvelles générations ,
à mesure qu’elles s’élevaient sans
tenir compte de leurs dispositions
religieuses. Après tout ne réussirait-on pas à faire des hommes
ce qu’on voudrait, dès que, comme
mesure préalable, on les aurait
introduits dans le giron de mèreéglise? L’histoire a surabondamment montré qu’il n’est rien de plus
illusoire que celte théorie, qu’elle
soit d’ailleurs mise en pratique
par les protestants ou par les
catholiques. On a souvent rappelé
que chez tous les peuples, ce sont
spécialement les générations élevées entièrement par les jésuites,
4
qui se sont montrées les plus irréligieuses , et pour ne citer que
le cas de nos puritains , c’est à
partir du moment qu’ils ont pris
toutes les précautions pour introduire forcément et en masse les
baptisés dâns leurs églises, qu’ils
ont commencé à se plaindre que
la jeunesse se démoralisait et
échappait entièrement à l’influence
religieuse. La chose se conçoit
sans peine, on avait sacrifié la
réalité à la fiction ».
Nous qui avons à peu-près suivi
jusqu’ici ce système, avons-nous
à nous féliciter de la pieté de
notre jeunesse? — Plus d’une paroisse , si ce n’est toutes , ont à
ae plaindre bien amèrement; en
général, l’on dit; il faut que jeunesse se passe. Quel est le nombre
des communiants? Quel est le
nombre des auditeurs.^ Quel est
le nombre des électeurs? relativement àu nombre des membres
inscrits dans nos registres? 11 faut
bien le dire: Oh 1 les belles fêtes
d’admission! — Quel désert et
quelles tristesses le jour suivant,
si ce n’est le même jour !
11 y a un second mode d’admission , c’est celui qui se fait
par adhésion individuelle. Hâtonsnous de le dire , l'idée n’en est
pas nouvelle parmi nous, elle est
déjà introduite dans notre règlement de la paroisse ou de l’église
particulière: « sont reçus comme
membres de l’église vaudoise, tous
ceux qui étant d’ailleurs généralement connus ]pour avoir une 'conduite et des sentiments conformes à
l'Evangile, — après en avoir fait
la demande au pasteur de la paroisse où ils résident, ont été
examinés individuellement par le
-118^
consistoire , ont fait preuve dans
cet examen, d’une instruction religieuse suffisante et déclarent professer la foi de l’église et se soumettre à son gouvernement. »
Le règlement est fait depuis
quatorze ans, il s’agit de le mettre
réellement en pratique.
Qui devous-nous donc admettre
comme membres de l’église? —
Notre règlement réclame les conditions suivantes :
1“ Etre généralement connus
pour avoir une conduite et des
sentitneuls conformes à l’Evangile.
— Or à l’âge de 15 ou 16 ans
nos catéchumènes ne manifestent
guère encore quels sont leurs seulimeuls. Ce n’est qu’un peu plus
lard que le jeune homme laisse
voir quelles sont ses dispositions.
Cela veut dire que dans la plupart
des cas, on ne connaît la conduite
et les sentimentsd’un jeune homme,
d’une jeune tille qu'après l’époque
habituelle des admissions en masse.
Donc pour observer cette partie
de notre règlement, il ne faut pas
se presser d'admettre ou d’être
admis. Il vaut mieux attendre d’être
connu et de se connaître. Que
personne pour être admis ne mette
plus en avant cette raison: j’ai 16
ans, j’ai 18 ans ; vous pourriez en
âvoir 40 ou plus encore si vous ne
croyez en Jésus d’une manière
efficace, vous faites mieux de vous
abstenir de faire des promesses
que vous n’avez ni la force ni la
volonté de maintenir. Cela renverse
toutes les idées admises jusqu’à
maintenant, mais le sens de l’article
que nous examinons nous amène évL>^
demment jusque-là.
2° 11 faut faire la demande d’admission èiti pasteur. C’est la con-
5
HT.,
dition la plus facile à remplir, il est
bon cependant d’en tenir compte.
Autrefois le pasteur demandait au
catéchumène s’il voulait être admis,
et cela se'fait peut-être encore
maintenant. Il vaut mieux que le
catéchumène présente spontanément sa demande , et cola , non
parceque telle est l’habitudemais
parcequ’il en sent besoin.
3° 11 faut être examiné individuellement par le Consistoire.
Examen de connaissances, examen
de conscience, pour autant qu’il
peut se faire, tout y est compris,
je pense. En nous y tenant scrupuleusement, nous serions obligés
d’ôter radicalement les époques
fixes d’admission et a,rranger les
choses de manière que l’individu
prenne des engagements pour faire
réellement partie de l’église et
non point pour courir le monde.
Car malgré tout ce que l’on a pu
dire à ce sujet, plus d'un catéchumène en est encore à cette
idée, qu’il faut être sage pour être
admis,à la communion, afin d’avoir
la permission d’ôtre un libertin
ensuite.
4" Avoir une instruction religieuse sufiisante. Ceci a une application assez diverse suivant le
degré d’intelligence des individus.
En tout cas, l'inslruction religieuse
doit être suffisanle. Il faudra savoir
au moins le symbole des Apôtres,
les dix Commandements et Notre
Père.
5'’ Il faut déclarer de professer
la foi d.e l’église et se soumettre
à son gouvernement. Encore cette
. condition suppose que l’individu
est arrivé à un certain degré de
développement et à uq sentiment
distinct de sa responsabilité.
Ud devoir aecoinpli
Par un concours de circonstances
qu’il est inutile d’indiquer ici, nous
avons eu ces jours passés seulement,
connaissance de la lettre qui va suivre
et nous allions nous excuser auprès de
son auteur de ne plus la communiquer
â nos lecteurs, lorsque nous avons
reçu le dernier numéro du Cristiano
Evangelko^, contenant une longue lettre
de Messine, sur , le- même sujet.
Publié sans, aucune réserve de la
pan du'v Rédacteur du journal, elle
donnerait lieu à plus d’une objection
si nous ne pensions que la question a
été sulBsamment débattue et qu’il faut
,se i-ésigtier à l’existence de deux points
de vues très différents, si ce n’est
diamélralemenl opposés. Si nous nous
décidons à publier nous-mêmes aujourd’hui la lettre d’un vaudois qui a
passé à l’étranger la plus grande partie de sa vie sans que son allache^
ment pour l’Eglise de ses pères ait
été affaibli, c’est parce qu’elle est un
précieux témoignage de celle communion d’esprit dans laquelle il est
avec nous en même temps qu’elle
nous montre cbmffienl un devoir peut
et doit s’accomplir sans préjudice des
çonviciions religieuses. .
Pau .le 14 mars 1878'.
Le bonheur que m’a procuré ladéclai’ation adoptée par la paroisse de
la Tour et que je viens de lirè dans
votre estimable journal, à propos de
tolérance religieuse, est tel ‘que je
sens le besoin, si vous voulez bien
me le permettre, de m’associer de
cceùr et d’âme à cet acte publie de
fidélité à la parole de Dieu açcorapU
par les membres de celte paroisse.
Leur altacherneni àla phre doctrine
de l’Evangile a trouvé lin écho ’non
seulèmeni dans les Alpe.s mais jusque
ici au pied des Pyrénées et, nbiisTespérons, dans le cie! même.
J’ai aussi été appelé pour ma papt
â exercer la tolérance le surlendemain
du décès de notre bien vegrellé’ Roi,
Victor-Emmanuel, jour auquèl
députation italienne vint me proposer
6
-118
sans doute à cause de mes cheveux
blancs, de présider une manifestation
publique que la petite colonie italienne de notre ville désirait faire en
souvenir du défunt Souverain et de
son augfuste Successeur.
Je déclinai cet honneur en déclarant
que, ne croyant pas à l’efflcacilé des
prières pour les morts, j’ai de tout
temps protesté contre cet acte antichrétien, en m’abstenant d’entrer dans
les églises aux funérailles des catholiques auxquelles j’assistai souvent,
et que j’avais déjà accompli jnoji devoir envers les sus-dits souverains.
t J'ai, leur ai-je dit en propres termes,
pleuré mon défunl roi, et j’ai déjà
prié pour son successeur j>. Ces messieurs ne répliquèrent à ma franche
déclaration que par une amicale poignée de main en me quittant.
Un vaudois du Piémont.
ÎJbers.
Le parti nltramonlain
ne s'arrête qu'au Syllabüs
Gomme document à l’appui de cette
proposition, nous publions l’article suivant que nous avons extrait du Journal de Genève. Nous voudrions l’offrir
à la méditation de tous les partisans
de la conciliation, qui se félicitent de
l’apparente modération du nouveau
pape.
SCISSION DES CATHOLIQUES BELGES
Jusqu’ici le ministère belge et la
majorité des deux Chambres, tout en
professant une vénération profonde
pour *le souverain pontife, ont appliqué, conformément au serment qu’ils
avaient prêté, les principes de la constitution belge, sans s’inquiéter du fait
que ces principes sont condamnés par
le Syllabus.
Mais une telle conduite ne fait pas
le compte des évêques belges , tous
ultramontains. Des hommes d’Etat catholiques, partisans des libertés constitutionnelles, c’est une anomalie que
la curie romaine ne peut pas tolérer
longtemps. Aussi les chefs du parti ultramontain pur viennent-ils de lancer,
sous le litre de Catholique et politique,
un manifeste par lequel ils déclarent
nettement que la constitution belge
doit être modifiée dans le sens des
principes actuels de l’Eglise catholique
et que tel doit être le programme du
parti catholique aux prochaines élections'.
Cette prétention est combattue par
le Journal de Bruxelles, organe du ministère, qui ne voit aucun motif pour
changer des institutions chères au peuple belge et sous le règne des quelles
l’Eglise catholique est manifestement
libre et prospère.
11 faut reconnaître que le Journal
de Bruxelles, est assez isolé dans cette
campagne en faveur de la constitution
et que tous les journaux rédigés sous
l’influence des évêques s’accordent à
lui donner tort.
Ecoutons plutôt le Courrier de Bruxelles, journal ultramontain :
« On est catholique non pour connaître et servir et aimer la liberté
civile, mais pour connaître, servir et
aimer la liberté de l’Eglise. Nous sommesjrebutés du métier que, depuis 1870
les chefs parlementaires du parti catholique imposent à leurs adhérents,
en les faisant constamment marcher
à reculons comme des écrevisses»,
« Il est temps, s’écrie le Bien public
journal de la même couleur, de sortir
d’une altitude purement défensive et
désavantageuse ; il est temps de parler
à la tribune un langage carrément et
ouvertement catholique et de planter
en pleine Chambre le labarum du Syllabus, qui est, après tout,-notre drapeau, l’elendard de la civilisation chrétienne ■».
«Une inexplicable appréhension écarle des débats parlementaires, comme
une cause d’irritation et une source
de périls, l’afiirmation franche et nette
des principes catholiques. On redoute
sur les bancs de la droite de voir surgir
un débat sur l’encyclique et le Syllabus.
Et pourquoi ? La doctrine de l’Eglise
serait-elle donc vraiment un embarras,
et est-il un seul pôint sur lequel nous
7
puissions raisonnablemeni hésiter ànous
défendre ? »
Vanter le Syllabus sans rappliquer,
vanter la constitution en l’appliquant,
tel a été jusqu’ici la devise du ministère
conservateur belge. Mais les évêques
paraissent aujourd’hui décidés à imposer aux catholiques l’obligation d’opter entre la Comtüution et le Syllabus.
11 sera très instructif d’étudier la nouvelle phase dans laquelle cette prétention fera entrer la Belgique.
J19
Le correspondant anglais de la
Flandre Libérale rapporte le fait suivant : Une jeune anglaise protestante
se trouvait dans une maison d’éducation avec beaucoup de jeunes filles
catholiques. La Directrice de l'Etablissement avoua à l’Evêque que la confession devait être une chose mauvaise
et immorale, car elle n’avait de véri(able confiance qu’en une seule de ses
élèves ; la demoiselle protestante était
la seule qui n’eût jamais essayé de la
tromper et qui ne mentit jamais.
iloutïiUeà tieUjbuôc0
et faits divers
France. — La commission permanente de l’Eglise réformée vient de
publier une circulaire destinée à faire
connaître aux Eglises l’état de la question ecclésiastique. Elle a lieu d’espérer que M. Bardoux, le nouveau ministre des cultes, ne tardera pas à
accorder la convocation du synode général , malgré les efforts du parti libéral qui agit en sens contraire. Car
c’est du synode que l’Eglise réformée
attend la solution des questions pendantes depuis 1872, et surtout de celle
du transfert de l’école de théologie de
Moniauban à Paris. De puissantes influences sont mises en jeu afin de paralyser ces bonnes intentions. Un comité de députés et de sénateurs libéraux
travaille à faire abolir le régime parlementaire dans l’église; car le parti libéral ou rationaliste au sein du protestantisme français préfère obéir directement
à l’Etat, en matière religieuse et ecclésiastique, philôt que de se soumelire
aux décisions des représentants légitimes de l’Eglise réunis en Synode.
Atieanagne. — L’étal religieux de
l’Allemagne est des plus Irisles. Des
pasteurs rationalisles affichent ouvertement.leur incrédulilé; d’autres moins
sincères et plus dangereux , prêchent
depuis longtemps tout autre chose que
l’Evangile. Le communisme envahit la
société et trouve des adhérents dans
toutes les classes. Dans une grande
réunionl, des dames et des demoiselles
n’ont pas hésité, dans leur folie, à déclarer qu’il n’y a ni bien ni mal, ni
morale, ni religion, que Dieu n’existe
pas. — Cependant les chrétiens ne se
laissent pas abattre par ces manifestations de l’impiété. Ils ont résolu de ne
pas laisser la parole aux seuls apôtres
du matérialisme ; ils sont intervenus
dans leurs assemblées et ont engagé
la lulle avec succès.
t3co»»e.‘ — La grande nouvelle du
jour est le rélablissemenl de deux archevêchés et de quatre évêchés en
Ecosse, entr’autres les archevêchés de
Glasgow et d’Edimbourg, et l’évêché
d’Aberdeen. UUnità Cattolica vient de
publier la bulle de Léon XIII datée
du 4 mars k ce sujet. — Le pape,
après avoir déclaré que cet acte avait
été préparé par son prédécesseur Pie IX,
à qui revient déjà la gloire d’avoir rétabli la hiérarchie catholique en Angleterre et en Hollande ; après avoir
parlé en peu de mots de la fondation
de l’église chrétienne en Ecosse el de
son développement depuis le IV^ siècle,
il rappelle qu’il y avait 13 sièges épiscopaux dans ce pays lorsque riritrodiiction de la réforme les a tous renversés
et dispersés. — Cependant des familles celtiques des plus anciennes,
étaient restées fidèles à l’église de Rome
et avaient fait preuve de leur zèle par
l’institution de maisons religieuses en
grand nombre, des conversions de personnes haut placées ont eu lieu dans ces
derniers temps ; le catholicisme aurait
fait, en un mol, d’après la bulle, de
notables progrès, surtout grâce à l’immigration de beaucoup d’irlandais ca-
8
tholiques. dont on compte plus de cent
mille à Glasgow seulement. Tonies ces
raisons qui avaient déjà porté ses prédécesseurs à établir en Eco^e des vicaires apostoliques ou deux évêques
in parlibus, ont engagé Pie IX et ensuite Léon Xïli à préconiser les six
archevêques et évêques dont il èst
question. — Le pape déclare, ( et
celte confession est précieuse) qu'il
profile de la liberté religieuse qui est
garantie par te gouvernernerit britannique. l/auli’e confession précieuse c’est
que le progrès nbmériqüe du ealhoUcisme en Ecosse est esseniiellement
dû à l’émigration irlandaise.
Une Société de théologiens et de
pastetirs apparlenanl pour la plupart
à l’Eglise neiicliâtéloise, a entrepris la
publication d’une traduction soigneusement revue de la Bible,- accompagnée
d’un cominenlaire populaire. Tout en
étant assez scienliûque pour répondre
aux exigences de notre époque, ce
.commentaire devra rester â la poM'ée,.
des laïqûes et servir à dissiper les obscurités, qui meilent obstacle à l’application prqiique des Ecritures.
C’est par. l’Ancien Testament que
celle p'psolicalion sera cornrbencèe, leS
ouvrages du même genre poiif le Nouveau Testament , enir’àulres çelin dé
M. Bonnet, suffisant aux besoin.s ncluels.
L’Xncién Testament; sera compiei, en 30
fascicules dont ta pubiicalîon exigera
quelques, années." Le prix du fascicule
est de 1 Tr., le port non compris,'On
souscrit dans loiilea les librairies.
Le nom de’ M' te Godçt qui
figure,en lèlè du Comité directeur nousest un sûr garant de l’éspril franchement évangélique de celle importante
publication destinée à combler, au sein
des Eglises’ de langue française , une
lacune très vivement sentie.
tqtie.
Mtatim —- La Chambré des députés
a approuvé le traité de commerce
avec la France, à une très grande
majorité. Des trente commissaires pour
les finances la Chambre a nommé 25
membres de la gauche, 4 de là droite,
et un ,du centre. Ces cinq derniers et
deux de la gauche ont donné leur
démission , les pretuiers alléguant pour
motif que leur présence n’aurait aucun poids dans la balance. On prévoit
que les sept seront pris, par convenance, dans les rangs de la droite
et du centre.
L’interpellation sur la question d’Orienl a eu lieu et ne nous a rien appris.
Queatiott — Les nou
velles sont de nouveau plus pacifiques.
Non seulement l’Angleterre, par l’organe de lord Salisbury, ministre des
affaires étrangères^ repousse avec menaces plusieurs articles du traité de San
Slefano, mais l’Autriche, de son côté,
demande la révision de plusieurs points
essentiels qui lui sont très désavantageux. — Les Grecs font cause commune avec l’Angleterre, et la Roumanie
qui a versé son sang dans les rangs
de l’armée russe et qui a décide de
la prise de Plewna, se prononce toujours plus fortement contre les empiétements de la politique raoscovilè.
L’empereur Alexandre désire éviter
la guerre, mais le parti panslaviste, à
la tôle du quel se ti'ouve Ignaüeff et
en faveur du quel Gorlsch^ff..s’est
compromis < la pousse à résister à
toutes; les. opposition s.:—Les joiti'uaux
assurent que Bismark en présence, de
ta circulaire de lord Salisbury , a
rompu le silence , et au nom de l’empereur aurait lait entendre au gonveroemenl de Russie des conseils: de
modération. L’empereur serait disposé
à faire des concessions en faveur de
la paix; et l’on parle de nouveau de
la probabilité du congrès — Telle est
la situation aujourd’hui, demain peutêtre sera-t-elle tout aiitrô. Ce qu’il y
a de certain, c’est que la Russie a
fait de trop grands sacrifices d’hommes
et d’argent pour renoncer à jouir du
fruit de ses victoires.
Err-est Roberti Gérant et Administrateiir.
Pigoerol, ïnipr. Chiautore at Masearellj