1
Abonnement Postal,
PHIX D'ABONNEIVÎENT PAR AN
Italie.................L. 3
Tous les pays de l^’Union
de poste............» 6
Amérique du Sud . « . . » 9
On s'abonne ;
Au bureau d’Administratiou^
Chez MM. les Pasteurs *
Chez M. finest Robert (Pignerol)
et à l'imprimerie Alpina à
Torre Pellice. !
L’abonnement part du 1. Janvier
et se paie d’avance.
Année XVI.
N. 13.
NuméroB séparée demandés avant
le tirage, 10 centimes chacun.
Annonces: 20 centimes par ligne
pour une seule fois — IG centimes de 2 à 5 fois et 10 centimes pour6 fois et au dessus
S’adresser pour la BédûCtîOn à M.
lePast.H.Meille, Torre Pellice
et pour rAdmiBistrulion à M
Elisée Gostabelj TOrre Petlice
Tout changement d'adi*esse est
payé 0,25 centimes.
%.
LE TÉMOIN
ECHO DES TALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Jeudi
Von* me serez témoins. Act. I, B. Suivant ta vérité avso la charité. Eph. IV, 15. Que ton régne vienne. Metth, Vî, 10
Soniinaire!
Des temps sérieux. —< Alliance Evangélique
(P.a art.) ~ L’armée du Salut à Paris. —
La Mission Vaudoise en Afrique. — Lettre de Genève. — Nouvelles religieuses.
— Revue politique.
DES TEMPS SÉRIEUX
Nous les traversons actuellement.
L’homme qui, on peut bien dire, tenait dans sa main le gouvernail de la
politique Européenne vient de se
retirer; et sa retraite a causé presque
partout un sentiment de véritable
consternation. Certes on ne pouvait
pas ne pas reconnaître les ¡grands
défauts de cette grande personnalité.
On ne pouvait que plaindre les individus et les partis qu’il écrasait
dans son gantelet de fer, et on s’étonnait, on s’indignait même en le
voyant, pour faire passer les projets
de loi qui lui tenaient à cœur, s’allier
successivement avec les partis les
plus disparates, et faire même assaut
de courtoisie avec ce Vatican, qu’au
fond de son cœur il ne pouvait pas
ne pas mépriser et détester comme
le pire ennemi de l'Empire Germanique. Et cependant, comment ne pas
admirer et aimer en lui l’homme
qui depuis 1870 a mis son génie
politique au service du maintien de
la paix, et qui en aurait agi ainsi
très probablement à l’avenir.
Et maintenant cet empereur jeune,
inexpérimenté, animé d’une activité
fébrile qui après lui avoir fait parcourir, sans trêve aucune, toutes les
contrées d’Europe, le pousse maintenant serable-t-il, à innover dans
l’état, dans l’arj^ée, et même dans
la société ; cet empereur qui à côté
de cela ne semble guère douter,
qu’il ne possède en lui-même assez de
force pour faire tout cela et le faire
vite et avec plein succès, s’est privé
de son meilleur conseiller.
Evidemment celui-ci a été effrayé
par cette marche précipitée et irrésistible en avant. Oui, des réformes
dans l’état et dans la société il les
fallait ; son génie le lui montrait
bien ; mais pour les obtenir vraiment, et sans danger pour la stabi-
2
P
'v. ■ ■' ■
— 98 —
lité du monde, il fallait les obtenir
par degrés. N’ayant pu ralentir la
marche de son impérial maître, il
a refusé de concourir en rien* à
amener les conséquences fâcheuses,
les graves événements que sans
doute il prévoit.
Que le Seigneur notre Dieu vienne
en aide à l’Allemagne et à toute notre
Europe dans ces temps chargés d’orage. Que surtout il donne à l’Empereur, dont les intentions sont sans
doute excellentes,l’humilité qui, après
tout, est le plus bel ornement des
têtes couronnées, et qu’il l’entoure
de conseillers prucj|nts, dignes de
remplacer à ses côtés celui dont la
volonté a pu lui paraître impérieuse,
mais qui était néanmoins le plus loyal,
le plus fidèle de ses serviteui's.
H. M.
ALLIANCE ÉTANGÉLIQUE
L’un des moyens les plus efficaces,
employés par l’Alliance Evangélique
pour unir entr’ eux les membres
épars du eorps de Christ est sans
contredit celui des réunions de prière de la première semaine de l’année.
Combien de déâbminations qui
travaillaient à côté l’une de l’autre
sans se connaître, sans avoir de
rapports entr’elles, se regardent comme soeurs! L’Alliance Evangélique
les invite toutes à la prière; les
membres des différentes églises de
la même ville se trouvent réunis
dans le même local, ils se serrent
la main, ils se trouvent récipioquement plus abordables qu’ils ne l’avaient cru avant de se voir de près,
et dans bien des cas ils travaillent
ensemble après avoir prié ensemble
« Je vois maintenant ce que je ne
voyais pas auparavant», dit un Zou
lou en se levant au nqilieu de ses
frères pendant «ne de ces réunions.
« Je savais être membre de la
petite église de Gnadendal, et je
sens maintenant que je suis membre
de la gr'ande Eglise Universelle dont
les adeptes se comptent par millions.
L’on y parle différentes langues
dans cette église, mais Dieu nous
comprend tous ». Après avoir dit cela
il fit monter vers Dieu une fervente
prière. Ce que sent un nègre du
Sud de l’Afrique« chacun des habitants de chacun de nos hameaux
peut le sentir aussi, et rien n’empêche que des' résultats semblables
ne suivent les réunions de prière
que nous avons dans nos Vallées,
si nous sommes animés du même
esprit.
On n’était pas plus avancé que
chez nous dans le Danemark lorsque
l’Alliance Evangélique y commença
son œuvre. Mais grâce aux prières
ferventes de quelques enfants de
Dieu, les progrès sont si réjouissants
aujourd’hui, que l’on compte dans
ce pays 800 localités ayant chacune
sa réunion de prière, la première
semaine de l’année,
De semblables résultats ont été
obtenus en Perse, au sein de la très
ancienne église nestorienne. Après
un travail assidu de quelques années et après beaucoup de prières,
les missionnaires y constatent un
grand accroissement de la vie spirituelle; à ce point que l’on y trouve
40 villages ayant chacun trois réunions par jour, pendant la première
semaine de Janvier. A l’aube ce
sont les hommes qui se réunissent
pour prier, à midi ce sont les femmes et le soir tout le monde —
Aussi — ajoute M. Arnold — il n’est
pas de famille où le culte domestique ne soit célébré. Il y aura aussi
un autel au sein de chaque famille
vaudoise lorsque l’esprit de prière
sera plus accentué parmi nous.
Hâtons ce jour par nos supplications 1
Les deux dénominations qui évangélisent Aïntab, ville commerçante et
3
— 99
industrielle de Syrie, faisaient chacune œuvre à part, mais une fois
unies en prières pendant la première
semaine, de l’année, elles unirent
aussi leurs efforts pour répandre
l’Evangile. Elles demandèrent un
prédicateur à VTnstitui de S. Paul
à Tarse en Cilicie, et la curiosité
une fois excitée, il n’y eut plus de
place dans le plus vaste temple
d’Aïntab et les membres de l’église
restèrent dehors pour laisser entrer la population de la ville. Six
cents personnes dont plusieurs recrutées dans les plus mauvais quartiers, demandent maintenant à être
admises et parmi elles six brigands
appartenant à une association de
malfaiteurs qui étaient la terreur
de la contrée.
Ils sortirent un soir pour voler,
quand ils rencontrèrent un des leurs
qui leur dit;
— Voulez-vous venir avec moi au^
service de missions?'
— Non, non, répondirent-ils éton-,
nés et indignés en même temps.
— Laissez-moi vous indiquer, au
moins, le texte dont Dieu s’est servi
après r autre, à la réunion pour
ciiercher auprès du Sauveur la paix
dont'leur âme sentait un grand besoin.
pour me convertir :
« Venez à moi vous tous qui êtes
travaillés et chargés; je vous soulagerai et vous trouverez le repos
de vos âmes ».
Les brigands s'en vont à leurs entreprises coupables et le converti
leur crie éncore:
« Souvenez-vous que s’il vous arrive d’avoir besoin de paix et de
pardon, Jésus-Christ seul pourra vous
les accorder».
L’un d’eux ne put suivre ses camarades, ni trouver du repos pendant la nuit; le lendemain ceux-ci
l’invitèrent à les accompagner, mais
il alla au service de missions après leur avoir dit qu’il avait trouvé
le pardon et le bonheur en Christ.
La semáine n’était pas écoulée que
tous ces voleurs étaient venus, l’un
Voilà les bons résultats que peuvent donner les réunions de prière
à Aïntab et partout ailleurs où l’Esprit du Seigneur est à l’œuvre. Et
M.“’ Arnold aurait pu nous raconter
d’autres faits tout aussi réjouissants,
si le temps le lui avait permis, et,
à notre tour, nous entrerions dans
plus de détails si le modeste format
de notre journal nous le pernaettait.
E. Bonnet.
L’ARMÉE DU SALUT À PARIS
Nous reproduisons, presque en entier,
l’article de l’Eglise Libre sur ce
sujet, intitulé; Un dernier mot.
Paria, le 28 féwier 1890.
Jamais il ne m’a été donné de
constater la puissance d’une folie
comme hier au soir.
Depuis cinq ou six ans, je ne m’étais
■plus occupé de l’Armée du Salut.
La visite d’un collègue de province
qui ne la connaissait pas et qui me
sollicita de Fy accompagner, m’amena à la nouvelle et grande, salle
de la rue Auber. A l’extérieur, sur
la rue, rien qui attire le regard ou
qui invite te passant à entrer; nous
avons même dû, ignorant le numéro,
nous informer, après être passés devant la maison, sans nous douter
que ce fût là.
La salle est au fond d’une impasse.
Une grosse lampe électriqucFindique.
Nous nous disposons à entrer...
«Pardon, Monsieur, c’est cinquante
centimes,! » nous dit, avec un bon
accent neuchàtelois, un jeune homme
en casquette et en gilet rouge, qu'en
tout autre endroit on eût pris pour
un élève cocher dé'fiacre.
Tout en tirant notre pièce, nous
nous disions: voilà une salle d’évangélisation où l’on ne s’inspire guère
de la parole du Seigneur: « Vous
l’avez reçu gratuitement, donnez-le
gratuitement ». Une salle d’évangélisation 1 C’était du moins la très-naïve
4
Ih
— 100
w-'
illusion que nous avions encore.,.,
nous oubliions que nous nous trouvions entre l’ppéra et l’Eden et....
le voisinage se fait sentir. Noua remarquons, en effet, qu’on vend quelque chose à l’entrée de la salle...
Sans doute des Bibles ou des traités,
allez-vous me dire... Non, vous ne
devineriez jamais... les photographies
des artistes; car, hélasl il 117 a plus
à s’y tromper, nous nous trouvons
non dans un lieu où l’Evangile est
annoncé — le fût-il de la façon la
plus maladroite — mais bien en présence d’une exhibition grotesque
qu’on vient voir comme on va visiter
les Aïssaouas ou les Canaques au
Jardin d’Acclimatation. Et le public
qui remplit cette salle ne se fait,
lui non plus, aucune illusion sur ce
qu’il vient y chercher.
La représentation va commencer:
on vend — toujours — le programme
dans la salle. Gomme dans tout théâtre, les becs électriques de la rampe
sont allumés, car il y a une manière
de rampe dont les foyers sont disposés pour projeter leur lumière
vers la scène ou l’estrade. Sur cette
estrade, une trentaine de figurants,
hommes et femmes. De ma place,
je vois tout ce monde de profil, et
je remarque qu’ils ont. Français et
étrangers, un type de tête très-distinctif..,.. De la réunion en ellemême, mieux vaut ne rien dire: du
commencement à la fin un charivari presque continuel avec cris
d’animaux, interruptions, etc. Les
allocutions étaient toutes déplorables,
même celle de la maréchale qui,pourtanLautrefoissavaitretenirl’attention.
Quant aux cantiques, c’était le
comble de l’odieux: une poésie décadente avec une musique de foire
accompagnée ptir l’accordéon, le
piano, des cymbales et les tambours
de basque!! Vous dire l’atroce effet
que produit le nom du Seigneur
Jésus secondé par des coups du
tambour à grelots qui rappelle les
danseuses de la salle voisine, je ne
l’essaierai^ pas. {A suivre).
LA MISSION VAUDOISE EN AFRIQUE
{Coni, et fin, v. N. 12).
C’est ensuite le tour de la femme
d’un païen Makapa, le beau-père de
Stéphane, l’évangéliste de Kouroulène. Cette femme, qui demeurait
autrefois à Elim, avait un caractère
insupportable. « Regardez-moi bien,
dit-elle au bout d’un moment de
silence, moi, pécheresse, qui ne
voulais pas croire qu’il y eût un
Dieu. J’étais voleuse,, adultère, colérique. Ah! Moneri Creux le sait
bien, aussi je l’ai terriblement tourmenté par ma mauvaise langue.
Mais Jésus est le Sauveur des pécheurs, priez pour moi. » Je lui donnai le nom de Johanna.
Puis j’appelle Miirema, aujourd’hui
Joseph. Petit homme déjà âgé- pantalons de futaine rapiécés à plus de
vingt endroits avec des morceaux
de toutes couleurs ; de chemise point,
à la place un vieux frac d’antiquaire
qui a certainement vu plusieurs
générations et dont les queues sont
inégales de longueur.... Tout cela
on l’oublie, on n’est pas choqué par
le ridicale du costume, on admire
les voie.s du Seigneur à l’égard de
ce néophite, pauvre et méprisé des
hommes, mais riche en Dieu. Il raconte sa vie : après avoir été jusqu’à
Natal, puis à Shoshong, il est enfin
venu trouver la paix dans ce village
chrétien.
Sa femme, baptisée Jo.séphine,
parle lentement et à voix basse
d’abord, puis elles s'anime en racontant ce que le Seigneur a fait
pour elle. Les deux autres candidats,
un jeune homme Joël, fils des précédents, et une femme du nom de
Anna, sont ensuite baptisés au nom
du Seigneur, et Klaus, le chrétien
retombé, est réadmis après avoir
témoigné à l'Eglise de son repentir.
Converti dans la colonie, il alla à
Lovedale pour y être reçu comme
élève catéchiste. Là on lui dit d’aller d’abord aux mines de diamants
5
- IM
gagner l’argent nécessaire à son
entretien. 11 s’y rendit, mais succomba aux tentations que le diable
plaça sur son chemin.
Après la réunion une agape, dans
laquelle personne n’est oublié, réjouit le cœur des affamés et ils sont
nombreux maintenant. Un porc,
quelques poules et du maïs servent
à rassasier cette foule. Ce sont les
chrétiens de Tsophim qui en font
les frais.
La grande chaleur rendit la réunion de l’après midi pénible. A cinq
heures nous nous remîmes en route.
Je passai dans le village dont on
avait chassé nos gens. Il est occupé
par la police du chef Albasini. Je
parlai à ces hommes de conversion
et de tempérance et l’un d’eux me
répondit: « N’est-ce pas vous, blancs,
qui nous donnez l’eau-de-vie à boire?
— Tu sais bien, lui dis-je, que je
ne cesse de lutter contre la vente
de l’eau-de-vie. — Gela c’est vrai,
répondit-il, je sais combien les blancs
te haïssent à cause de cela. Je les
ai souvent entendus dire du mal de
toi. »
LETTRE DE GENÈVE
Cher Monsieur.
Genève, Mars 1800.
Voici, nous l’espérons, l’hiver arrivé à son terme; il a été long et
pénible, et cette fatale épidémie
a’influenza qui a atteint les trois
quarts de notre population, a laissé
des douleurs et des deuils profonds
et nombreux parmi nous. Que de
vides dans le» familles, que de personnes de tout âge et de toute vocation ont succombé sous ce fléau.
Nommer les victimes serait impossible et la famille de votre correspondant a été frappée de la manière
la plus douloureuse par le départ
d’un de ses membres, un homme
des plus utiles, des plus respectés,
et des plus regrettés de Genève. Le
cimetière avait Tair de celui d’un
champ de bataille, vu la multiplicité
des tombes fraîches; il avait fallu
tripler le nombre des fossoyeurs!
Que tout cela nous avertisse de nous
tenir prêts 1
Ces deuils ont nécessairement
singulièrement ralenti la vie sociale,
mais nous sommes un peuple actif,
on peut le dire, et l’activité s’est
manifestée d’une autre manière,
c’est-à-dire sous la forme de cours,
de séances, de conférences, dont,
cet hiver, la quantité a été énorme.
On a eu des cours gratuits et payants,
dans de petits et dans dé grands
locaux, pour toutes les catégories
d’auditeurs et sur tous tes sujets.
Une grande partie a traité dé questions religieuses, ce sont même
peut-être ceux qui, ont réuni et
réunissent le plus grand nombre
d’auditeurs. Nous avons des conférenciers de toutes sortes d’églises et
d’opinions, des libres et des nationaux, des évangéliques et des rationalistes, des conservateurs et des
socialistes, des protestants et des
catholiques. Les sujets ont été historiques , scientifiques, dogmatiques,
apologétiques, bibliques, etc. etc^ et
cela n’a pas empêché nos très nombreuses sociétés d’avoir leurs séances plus ou moins privées. J’ai dit
qu’il y avait eu des séances catholiques; un des conférenciers, jeune
et très ardent néophyte, avait, l’année
dernière, tenu des conférences sur
l’état social. Là il avait professé des
sentiments relativement larges, invoquant la réunion de tous contre
le mal et tendant pour cela la main
aux protestants. 11 n’indiquait pas
ou n’osait pas indiquer son remède
à tous les maux de la société. Peutêtre a-t-il trouvé qu'il n’avait pas
produit sur les protestants l’effet
auquel il s’attendait, mais le fait est
que, cette année, il a complètement
changé de tactique et s’est plu à
ramasser dans les libelles les plus
injurieux, anciens et modernes, toute
la boue qu’il a pu trouver pour en
à'
6
- lOâ
salir la mémoire des réformateurs,
répétant comme des vérités absolues
toutes les viles et infâmes calomnies
dont dn a obscurci la mémoire de
ces hommes de Dieu. Il a prononcé
le mot de pornographiques, en parlant des'ouvrages du vénéré Théor■
dore de Bèze! Je suis bien loin de
regretter ees écarts; rien de plus
propre à éloigner du papisme ceux
qui pourraient avoir une tendance à
s’en rapprocher.
En fait de nouveautés nous citerons
la « Société chrétienne Suisse d’économie sociale » qui a fait venir
de l’étranger des conférenciers d'opinions très diverses, depuis le socialiste convaincu jusqu’au libéral
conservateur décidé, afin que cha-.
cun puisse connaître les opinions
diverses professées sur la question
sociale et-comparer les solutions proposées. On a aussi eu des séances,
de missions fort nombreuses, puis,
comme un des nouveaux sujets
d’occupation et de préoccupation de
notre public est la restauration du
Temple de S.t Pierre,- notre principal, presque notre seul monument
historique important, nous avons
aussi eu des séances sur rhistdire
de ce vénérable édifice.
En fait de sociétés religieuses, une
seule trés'modeste, a tenu son assemblée, générale, c’est la Mission
intérieure, qui entretient des évangélistes et des diaconesses pour aider
les pasteurs, Ce ministère de diaconesses allant de maison en mafson
soigner les malades, assister les mères
de famille, renseigner les pasteurs,
etc., prend toujours plus d’extension
et rend dès services immenses. Une
diaconesse est souvent bien mieux
placée pour aider, qu’un pasteur ou
qu'un évangéliste; elle donnera un'
coup de main ou un coup de balai à
la cuisine, elle raccomodera, lavera
le lingej soignera les enfants, etc. et
si, comnie c’est très généralement lé
cas, ces braves sœurs sont des chré--'
tiennes vivantes et actives, elles feront'
un bien immense.
Puissions-nous voir lè nombre
des bonnes diaconesses augmenter,
c’est ce que chacun demande. Peutêtre l’institution des Samaritains y
contribuera-t-elle'; un cours donné
pour les dames afin de leur apprendre à soigner et. panser les blessés
et les malades, et les mettre à même
d’acquérir le diplôme de Samaritain
est suivi avec un zèle extrême et
est bien de nature à développer pour
certaines d’entr’elles la vocation désirée.
La question de la cène distribuée
à des catéchumènes non baptisés
n’a pa.s encore été définitivement
tranchée dans le grand Conseil de
Zurich. Je vous ai parlé .de cela
dans ma derniérei^lettre.yi est probable qué chaque pasteur sera laissé
libre de faire ce qu’il voudra. C’est
d’autant plus étonnant qu’en allemand bien plus qu’en français on
se sert du mot confirmer, confirmation; les catéchumènes sont appelés Confirmanden, et ces mots
indiquent qu’on,confirme le vœu du
baptême; s’il n’y a pas de baptême,
CB mot ne signifie donc rien et ces
gens l’emploient tout de même. Ils
devraient au moins se servir d’une
autre expression.
Le Synode bernois s’est aussi occupé de cette question, mais, quoiqu’on ait cherché à adoucir la défense expresse d’admettre comme
électeur ecclésiastique tout citoyen
non baptisé et non admis à la cône,
le réglement par lequel un pasteur
ne donne la communion qu’à une
personne baptisée n’a pas été attaqué et ici il est formel; Au reste,
dans le Canton de Berne le nombre
des paroisses dites Ubícales est, très
restreint,’ce qui rie veut pas dire
que la piété y soit plus prononcée.
On tend cependant dans ce grand
Canton à s’occuper de religion plus
qu’autrefois; c’est ce qu’on voit par
le rapport du 58,e exercice de la
Société évangélique. Cette Société
déploie une activité très-louable;
elle entretient dans le' Canton 25
►St
7
- 103
agents, elle a organisé 162 unions
chrétiennes, dont 90 de jeunes gens
et 72 de jeunes filles. Elle occupe
42 salles de^ réunion et agit surtout
dans la campagne,
Bon nombre de Suisses émigrent;
vos colonies de TUruguay en savent
quelque chose, mais la majeure
pallie des émigrants vont dans la
République Argentine ou au Chili.
Les colons suisses du. Chili ont,été
visités il y a deux ans par le pasteur Crin du Canton de Vaud; il
a trouvé que' la chose qui manquait
le plus c’était le ministère évangélique d’un ou de plusieurs pasteurs.
La Société suisse des Protestants
disséminés en a envoyé un dans
la personne de C. Leutwyler du
Canton d’Argovie, lequel a envoyé
un premier rapport. Au point de
vue matériel, les visites qu’il fait rie
sont pas encourageantes pbtir les
émigrants, la vie,y est fort difficile,
très-chère. Au point de vue spirituel,
il a trouvé un excellent accueil et
beaucoup de travail. Il y aurait largement de quoi occuper un second
et un troisième pasteur, mais la
cherté de toutes les choses nécessaires' à la vie rend *la réalisation
de son souhait bien difficile,
Recevez, cher Monsieur, mes compliments les plus sincères.
Ad. Ct.
Nouvelles Religieuses
La religion de l’armée russe. —
Le Journal de Genève rapporte que
d’après le célèbre ethnologue Touohkourow, l’armée rhsse comprendrait actuellement 4(X).000 soldats
païens et 50.000 mahométans. Parmi
les cosaques, on compterait '70 sur
100 qui ne sont pas chrétiens. Parmi
les cosaques du Don, la moitié de
la population, les Tarlares et les
Kalraoucks appartiennent à la religion de Mahomet, et M. Touckouro'w
prétend que l’islamisme se propage
au détriment de la religion orthodoxe russe parmi les cosaques. —
L’armée- de l’Oural comprendrait
10:000 chrétiens orthodoxes, 20.000
mahométans, et 90.000 païens. Ces
publications ont produit une grande
impression à St, Pétersbourg od l’on
discute les moyens de convertir le
sud-est de l’empire au christianisme.
X
Les indiens nègres des Etats-Unis
au secours des nègres d’Afrique. —
Une des institutions fondées au sud
des Etats-Unis d’Amérique pour l’instruction des nègres, vient dq fournir
24 volontaires, qui se disposent à
partir pour le Congo,‘sous'les auspices du roi des Belges, Léopold II,
pour y travailler comme artisans,
et instituteurs à fonder des communautés chrétiennes. Qn espère que
ce sera là un moyen particulièrement
efficace , d’élever à une f meilleure
condition ces peuplades ' dégradées
cÎu Noir Continent. ' ,
X
L’Evangile au Brésil. ~ D’après
les journaux qui s’occupent de l’œuvre des Missions au Brésil, il existe
actuellement, dans la seule province
de Rio-Grande de cette nouvelle
République, près de cinquante congrégations , évangéliques de langue
allemande, desservies par 16 pasteurs.
Chaque pasteur dessert deux ou trois
lieux de cülte. Les temples sont bien
construits, ayant des clochers, des
cloches et deà^ orgues, des cimetières
entourés de murs. .11 y a aussi bon
nombre d’écoles évangéliques. Les
pasteurs et les instituteurs sont rémunérés par les, communautés au sein
desquelles, luthériens, unis et réformés vivent èn bonne intelligence.
X
La question ecclésiastique au
Brésil. — Un décret du 20 Janvier
dernier, de la nouvelle République
du Brésil, établit la liberté des cultes
et la séjparation de l’Eglise d’avec
l'Etat.
' - !.^
■^4
•'>2
■t*
Æ
8
■'1
A,-*
— 104
Après avoir affirmé la parfaite
égalité de tous les cultes devant la loi
et avoir expressément défendu à
toute autorité fédérale de créer des
différences entre les habitants du
pays pour motifs de croyances religieuses ou d'opinions philosophiques,
le décret porte que le gouvernement
provisoire continuera à rétribuer les
desservants le culte catholique et les
professeurs de Séminaires pour un
an ; mais qu’après ce terme, chacun
des états de la confédération brésilienne cetera libre de subventionner
ou les ministres de ce même culte
catholique ou ceux d’un autre culte.
Revue Politique
Itolie. '— Trois longues séances
de la Chambre ont été employées à
discuter sur l'autorisation, à accorder
au pouvoir exécutif, d’arrêter le dé ■
pute Andrea Costa, condamné à
trois ans de prison pour crime de
résistance à la force publique. La
logique la plus élémentaire exige
que les membres du Parlement, qui
sont appelés à faire les lois, n’aient,
pas plus que tous les autres citoyens,
la faculté de s’y soustraire, ll y avait
cependant, un parti qui voulait qu’on
refusât l’autorisation, et un autre,
celui de la minorité de la Commission, qui demandait que l'arrestation
ne fût pas autorisée pendant la durée de la session parlementaire. —
Quant à Costa, il se déclarait,, naturellement, tout-à-fait innocent, mais
il se déclarait prêt à subir, si on
l’y condamnait, les 3 ans de prison
comme il en avait déjà subi cinq
autres! — ce qui ne l’a cependant
pas empêché de s’enfuir en toute
hâte à l’étranger, dès qu’il a su que
l’arrestation avait été autorisée.
On avait de même proposé de
rendre la liberté à Sbarbaro, élu
député, mais la Chambre a passé à
l’ordre du jour sur cette proposition.
Afrique. — Comme on le prévoyait, le ras Mangascià a fait solennellement sa soumission à Ménélik.
Ce dernier n’est pas encore arrivé
à Adua, sa marche étant retardée
par la difficulté d’approvisionner ses
troupes.
Allemagfue. — Les journaux
continuent à s’occuper des démissions
de Bismark. Plus de doute qu’elles
n’aient été motivées par de graves dissensions avec l’Empereur, dissensions qui ont donné lieu à des discussions assez vives, L’ Empereur
reconnaît cependant les immenses
services que le chancelier a rendus
à l’Allemagne, et dans la lettre par
laquelle il accepte les démissions, il
lui en exprime toute sa reconnaissance, Il est impossible de prévoir
quelles conséquences résulteront,
pour la politique de l’Allemagne et
de l’Europe entière, de l’absence
d’un homme comme Bismark. On
croit toutefois, et l’Empereur l’a
assuré lui même, qu’ au moins en
ce qui regarde la politique étrangère,
il n’y aura pas de grand changement, et l’on «espère que la paix ne
sera pas troublée.
L’Empereur a nommé chancelier,
en remplacement de Bismark, le
général Gaprivi.
— Les travaux de la Conférence
ouvrière paraissent être assez avancés. Les Commissions spéciales ont
terminé leurs études et les derniers
jours de cette semaine seront consacrés aux Béances pléinières. Il est
convenu que les décisions de la
Conférence ne lieront pas les Etats,
mais le gouvernement allemand a
l’intention de présenter sans retard
au Reichstag un projet de loi conforme à ces décisions elles-mêmes,
et il est plus que probable que son
exemple sera suivi par d’autres états.
Ernest Robert, Gérant.
Torre Pellice, Imprimerie Alpina.