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N. 36
f-l
i-ÿf
7 Septembre 1888
Numéros séparés demandés avan
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l'idiiilnistration à M. le Pasteur H. Bosio — Smnt GsrrnainClmon fPinoroloJ Italie,
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LE TEMOIN
ÉCHO OES VÂLLÊES VÆUÛOISES
Vfma 1118 Hârez
Paraissant, chaque Vendredi
Actb.'î 1, 8. SHifutriii la x>é<‘ité acé<i la chav^iii. lîpu. fv
IS.
Som mair’©.
Synode Vaudois de 1888. — Evangélisation. — Nouvelles de M. Weitzecker. — La
persévérance dans la prière. ;— Nouvelles
religieuses.
SYNODE VAUDOIS DE 1888
Le Temple neuf de La Tour, rajeuni par les réparations récentes
qui y ont été exécutées, offrait,
lundi dernier, 3 septembre, un a.spect à la fois agréable et impo.sant.
Une nombreuse assemblée s'y trouvait réunie, à deux heures de Taprè*
midi, lorsque les pasteurs y entrèrent ayant à leur tête le prédicateur désigné pour cette année,
M. Emile Long de Vérone, et les
deux candidats qui devaient recevoir l'imposition des mains, savoir
MM. Benvenuto Celli et Adolphe
Jalla.
Le texte du discour.s d’ouverture
était Marc x, 28. Il y a environ
deux cents ans, a dit le prédicateur,
une foule sortait des prisons du
bas Piémont au cœur de l'hiver,
dan.s l'état le plus misérable pour
prendre à travers le.s neiges la
roule de la Savoie. Ce n’était pas
des rebelles, ni des malfaiteurs
expiantleurs crimes. Non, c’étaient
de.s Vaudois, c’étaient nos pères
q ni abandonnaient tout pour servir
Jé.sü.s-Christ, qui préféraient l’exil
et la mort à la messe. Ceux-là pouvaient répéter les paroles de Pierre ;
Voici nous avons tout quitté et
noos t'avons suivi.
Pour suivre, Jésus, c’est la leçon
de notre texte, il faut être-prêt au
sacrifice. L'hi.stoire dujeune homme
riche qui venait de se présenter à
Jé.sus et celle des Apôtres, mettent
en relief ce grand principe. Au
jeune homme honnête et sérieux qui
vient à lui avec beaucoup d’illusions sur l’étal de son propre cœur,
Jé.sus demande le sacrifice de ses
biens. Il en avait le droit; ne s’estil pas fait pauvre pour nous? Mais
le jeune riche trouva que c’était
trop demander et s’en alla tout
triste. Combien qui admirent l’Evangile lorsqu’il parle de liberté,
2
d’égalité, de Charité ; niais qui le
trouvent dur ou même intolérant,
alors qu'il parle de sacrifice. Certe.s
Jésus ne veut détruire aucune affection légitime; mais il demande
la première place dans le cœur
pour en .sanctifier et en élever les
affections. Si Jésus est le Fils de
Dieu, venu du ciel pour souffrir
et pour mourir à notre place; s’il
est le seul Sauveur de nos âmes,
n’a-t-il pas le droit de nous prendre
à lui et de nous dire: Renonce
à tout et suis-moi?
Les Apôtres ont compris cela:
ils ont tout quitté et Vont suivi.
Et cependant ils n’avaient encore
qu’une idée bien imparfaite de son
amour et de sa gloire. Lorsque
l’Esprit sera descendu en eux, ils
s’estimeront heureux d’avoir été
jugés digne.s de souffrir pour le
nom de Jésus. Les chrétiens de la
Réforme, les Vaudois des siècles
passés ont également accepté le
sacrifice pour suivre Jésus.
Jésus nous en demande à nous
aussi. Il en demande aux conducteurs de l’Eglise, aux jeunes candidat.s présents qui se vouent, l’un
à l’évangélisation de la patrie italienne, l’autre à celle du continent
noir,-à chaque chrétien. Tous nous
sommes appelés à renoncer à la
chair et à ses convoitises, à notre
avarice, à notre orgueil, à nos
haines etrancunes, ànotreégoïsme,
pour .suivre Jésus.
Et toutefois ne craignez pas qu’il
y ait perte h le faire. Qu’elle est
grande et riche la promesse que
le Seigneur fait à ceux qui ont
accepté le sacrifice. Cent fois autant, dit-il. Le moindre sacrifice
est recompensé, Lee Apôtres n’on^
rien perdu à suivre Jésus. Nos pères
n’ont rien perdu ; vous ne perdrez
rien non plus de vraiejoie, de vraie
affection, de vraie consolation,
même dans ce ra'onde, et à la fin
s'ouvriront devant vous les trésors
insondables de la vie éternelle
*
* *
Après la consécration des candidats, M. le pasteur Appia, viceprésident delaSociété desMissions
de Paris, s’est adressé d'une maniere spéciale à celui d'eutr’eux
qui se voue à la carrière missionnaire. Votre église, lui a-t-il dit,
vient de vous mettre à part et ses
pasteurs de vous tendre la main
d’association. Je vous tends la mienne, au nom de l’église missionnaire
de langue française, au nom de
l’église missionnaire universelle.
Ce sont des réalités célestes qui
se passent’ici.
Jésus Vous dit, comme h ses apôtres : Recevez le ,St. Esprit ; comme
mon Père m'a envoyé, ain.si je vous
envoie.... Vous avez reçu le sceau
d’une préparation solide par l’étude, parla patience dans l’épreuve,
par le service militaire que vous
avez fait. Vous recevez aujourd’hui
un sceau de force, par la main des
hommes qui vous ont mi.s ii part.
Que Dieu l’augmente en vous. Vous
êtes faible, mais Christ est fort et
vous dit: Je serai avec toi. Vous
recevez un sceau de réalité. C’est
une réalité que la venue de Christ
sur la terre: ses mains percées sont
une réalité, comme l’est aussi sa
résurrection. C’est lui qui vous envoie. La sympathie pour le païen
ne vous suffirait pas: l’enchante-
3
m
•'^»^VWVVVWVVVVVVWVVVVV V W '
ment pour votre œuvre ne suffira
pas: il vous faut la voix de Christ
qui vous dit: Je t’eavoie. Nous
vous tendons la main comme à
quelqu'un qui va accomplir une
tâche au nom et pour le compte
de l’hglfse. Comme Comité des Missions nous vous recevons des mains
du Seigneur qui a donné des dons
aux hommes. Au nom des missionnaires nous vous disons : Soyez
le bienvenu ; et que le Seigneur
vous bénisse vous et les vôtres.
«
» ^
Apfès le service, le Bureau provisoire présidé par M. le prof.
Tron a véri-fié les mandats et dressé
la liste des membre* du Synode qui
ne porte pa.s moins de 105 noms.
Le Bureau définitif sorti du -scrutin se compose de
MM. P. Lantaret Doot. Th. Président.
W. Meii.le past. Vice-Président.
J. Luzzi past. év. Secrétaire.
B Gardiol past. id.
J. D. Hugon past. id.
..Jean Gardiol député Assesseur.
I). RiccA député id.
Le Doct. Lantaret remercie l’assemblée pour ce dernier témoignage d'estime que lui donne l’Eglise qu'il a servie pendant 50 ans,
quoique, dit-il, h son âge on ne
soit plus taillé pour présider un
Synode. Il propose et l’Assemblée
adopte, pour ses .séances, l’horaire
ordinairii, après quoi la prière vient
clore la journée.
DERNIÈRES NÜUVEI.LER
Il ne nous a pas élé possible de
rédiger un comjite-rendu des premières séances du .Synode. Nous
le feron.s, s’il plaît à Dieu, la semaine prochaine.
La journée de mardi a été prise
par l’examen du rapport de l’Evangélisation. Celle de mercredi et
une partie de celle du jeudi par
les rapports de la Table et de la
Commission des Hôpitaux. Hier au
soir M. H. Meille a présenté le
rapport du Collège. C’e.st ce rapport qui va être discuté, aujourd'hui vendredi, avec les proposi-tion.s diverses. ii. b.
Evangélisation
Coazîie, août 1888.
Le gros bourg de Coazze se trouve
dans la jolie vallée du Sangone, à une
petite heure au dessus de Giaveno,
où vous amène, en deux bonnes heures,
le tram à vapeur qui vient de Turin
en passant par Orbassano. L’altitude
et les productions y sont à peu près
celles du bas d’Angrogne : de grands
bois de chàlai gners, des champs de blé,
de maïs, de pommes de terre, de belles
prairies, des pommiers, des poiriers
et d’autres arbres qui croi.ssenl dans
la même zone. La vigne n’y croit plus,
mais les chars y apportent le jus de
la treille qui fortifie les gens sobres
et fait chanter Içs autres un peu au
détriment de l’harmonie. Les maisons
y sont grandes et belles, et les habitants en sont généralement laborieux,
propres et gentils.
L’Evangile de paix y a apporté aussi
ses précieuses bénédictions, il y a bien
des années déjà. Les gens du pays racontent que des Bibles furent apportées
à Coazze par un colporteur; quelques
lecteurs du volume sacré allèrent chercher à Pignerol et à la Tour les explipaiions dont ils avaient besoin. Bientôt
4
.884
un évangélisle vaudois, Mr. Cardon,
vint lenii'desrénnionsdans une maison
particulière, puis sur la place publique,
et enfin dans un temple qui aurait
grand besoin d’être flanqué de deux
bonnes écoles.
Il en existe bien une qui a pris, cette
année un notable accroissement sous
la direction de Mr. Antoine Bertalot.
Mais ses 47 élèves sont dans un local
qui laisse A désirer à plusieurs points
de vue; rinstituteur doit y réunir les
filles et les garçons et y dérouler le
vaste programme qui va de l’alphabet
aux branches enseignées aux élèves les
plus avancés des écoles élémentaires.
C’est beaucoup trop pour un seul
homme qui doit penser, en même temps,
à l’école du soir qui est prospère aussi,
aux leçons de chant, au culte du dimanche matin,commeà celui de"l’après
midi, comme aussi aux visites de.« malades. On lui donne de temps à autre
un coup de main depuis Turin; mais
le gros du travail lui revient et il y
dépense volontiers toutes ses forces.
Aussi est-il apprécié au sein de cette
bonne population.
■ L’Ecole du Dimanche y est dirigée
par une'Jeune fille de Coazze même,
M.‘'’Emi.liaOstorero, qui aime sa tâche
et qui y travaille avec autant de bonheur que de succès.
On se sent à son aise au milieu de
cette petitecongrégalion dont les membres vous encouragent par leur affection et par leur reconnaissance. Ils
vous écoulent avec attention et avec
recueillement et ils ne trouvent pas
que les discours de trois quarts d’heure
soient trop longs. Ils chantent, avec entrain, même quand ils sont livrés à
eux-mêmes, et ils vous reçoivent avec
tant d’amabilité qu’il vous vient le
désir de revenir les voir lors même
que vous ne soyez pas leur pasteur.
€e qui vous encourage et qui vous
aide à prêcher c’est que vous savez que
les membres de l’église sont tous là,
à l’exception des malades.
—- Voulez-vous encourager vos pasteurs, vous qui lisez ces lignes, et les
aider à faire de bons sermons?
■— Ne laissez pas votre place vide
au temple sans motif de quelque gravité; apporlez-y le recueillement nécessaire et repassez on vos cœurs les bonnes choses que vous y aurez entendues.
Quand vous agirez de la sorte, le réveil
que nous demandons à Dieu ne sera
pas loin. Il a déjà commencé, grâce
à la prédication fidèle qui se fait dans
toutes nos chaires, et grâce aux prières
que tant de vaudois font monter vers
le Père Céleste.
A Coazze un certain nombre de personnes, qui n’ont pas encore été admises dans la congrégation, fréquente
■ le culte avec une régularité réjouissante
et laisse bien espérer pour l’avenir.
.Même ceux qui ne se laissent pas voir
aux réunions ont appris à respecter
et à apprécier les évangéliques, comme
aussi à déprécier les erreurs de Rome,
les images taillées et les reliques. Tel
d’entr’eux à qui l’on vantait l’os de la
jambe de S. Maur, que l’on conserve
dans le temple ciilbolique romain, et
que l’on promèneavec solernnité lejour
de la fêle du .saint susmentionné, répondit simplement que cet os, tout nu
qu’il est, fournit aux prêtres de bons
dîners, mais qu’il est de provenance
douteuse et peut n’être que l’os de la
jambe d’un mulet (la piola d’na mula).
Qu’il plaise au Seigneur de faire prospérer celte petite église et de lui accorder la grâce d’amener beaucoup
d’âmes aux pieds du Sauveur.
E. Bonnet, pasteur.
5
vmu ^lrw H"
.285..
Nouvelles de M. Weitzecker
«Voilii plus de quatre mois, écrit
le missionnaire Vaudois de Léribé, à
la date du 7 juillet, que je suis aux
prises avec là maladie, passant par
des alternatives continuelles de relèvement et de rechutes qui mettent ma
patience à l’épreuve. S’il m’eût été
possible de quitter ma station dès la
première ou la seconde amélioration
de ma santé, il est probable que depuis
longtemps je serais hors d’affaire; mais
les pluies incessantes qui rendaient
les roules et les gués des rivière? impraticables, nous ont tenus bloqués
pendant tout ce temps. Enfin, il y a
environ trois semaines, nous avons
pu partir et après cinq journées de
voyage à petite.s étapes, nous sommes
arrivés ici à Bérée, sous le toit hospitalier de nos amis le vénéré M. Maitin
et -son gendre M. Duvoisin. — Nous
avons fait le tour par Fiksburg, petite
ville de l’Etat Libred’Orange, où j’ai enfin pu avoir la visite d’un médecin qui
après m’avoir minutieusement ausculté,
m'a déclaré qu’il s’agissait d’un reste
de laryngo-broncbite avec trouble des
fonctions du cœur, provenant d’un affaiblissement général mais ne présentant rien d’organique.
Il m’a prescrit un repos absolu,
mais ce rente pa-taii être bien enraciné,
car après deux semaines passées à
Bérée, je ne constate pas encore une
amélioration sensible. Il faut dire que
nous sommes au cœur de l’hiver».
Le mouvement de réveil commencé
en 1886 à Koloyané s’est maintenu et
il y a constamment de nouvelles conversions; il s’est de plus étendu à
Maté. Les catéchumènes qui n’yavaient
jamais dépassé la dixaine se sont
élevés celte année k 30. Le chef luimême Sélébalo fils de Moshesb a fait
demander qu’on priât pour sa conversion. Il est rare qu’il assiste à un
culte san.s avoir un accès de pleurs.
Le chef Klabo son voisin a fait la même
demande, chose vraiment étonnante
pour un fils de Malapo élevé daijs
l’hostilité au christianisme.
A côté des conversions qui se produisent dans le district de Léribé, et
qui ont été un sujet de joie pour
M. Wéilzecker, il a eu aussi des sujets
de tristesse.
Le chef Jonathan a refusé de laisser
reconstruire la chapelle de Tsikoané
où il a établi son quartier général et
où il a permis aux ritualistes anglais de
s’installer près de nos ruines; tandis
que les catholiques romains possèdent
déjà, non loin de là une de leurs principales stations.
« Avec cela, dit M. Weilzecker, Jonathan ne cesse de me répéter qu’il m’aime
beaucoup et qu’il n’y a pas de missionnaire en qui i! ail autant de confiance qu’en moi!!... Comprenez yquel
que chose! Ce qu’il y a de sûr, c’est
que si j’avais été en mesure de rebâtir
celle annexe,- il y a deux ans, le coup
eûl été paré, car Jonathan n’eûl pas
pu prétexter qu’il y avait déjà un autre
thouto (œuvre missionnaire) dans le
village et même deux dans la région.
Gela m’a fait trembler pour les autres
annexes en ruines, car je crains qu’on
ne nous y joue le même tour si nous
ne nous hâtons. Mais que faire quand
les cris de détresse queje pousse depuis
que je suis à Léribé, ne trouvent pas
l'écho voulu?»
La création de la station de Kaio
(chez Joël) dédoublera le district de
Léribé qui embrasse presque le tiers
du Lessoiilo. M. Weitzecker a offert à la
conférence des missionnaires de quitter
le poste de Léribé pour aller fonder
celle nouvelle station, et la conférence
a accepté avec la plus vive rcconnaissauce. Restait cependant l’approbation
du comité de Paris.
Voici la statistique de Léribé pour
1887-88.
Missionnaire blanc ^............ 1
Ouvriers indigènes .... 13
Annexes ........................ 9
Gomnuinianls...................189
Décès....................... 1
Sous discipline ..... 6
Réadmis ....... 2
Baptêmes d’adultes .... 5
» d’enfants ... 19
Mariages........................ 3
Catéchumènes...................134
Enfants des écoles .... 260
6
«ge
la persévérance dans fa priéfe
Lug. xvai. 1-iî.
Quelle est la-plus grande puissance
de i’homrne? fie n’esl pas le génie,
ce n’ est pas la gloire, ce n’est pas
l’argent, c'est la foi, parceque tout
le reste est de l’homme, c'est-à-dire
du néant, tandis que la foi est de Dieu;
c’est la vertu de Dieu, c’est la vie de
Dieu en nous. Et quelle est la plus
grande puissance de la foi? Ce ne
sont pas ses lumières, ce ne sont pas
ses oeuvres, ce ne sont pas ses joies,
ses ravis-veraents, c'est la prière, parce que c’est par elle qu’à tous moments l’âme respire et puise en Dieu
la force et la vie. Et quelle est la
plus grande puissance-de la prière?
Que faut-il à notre foi pour prier avec
efficace et pour être exaucée? Faut-il
des dons extraordinaires? Faut-il des
discours éloquents? Faut-il des cérémonies, des formules,, des pratiques particulières? Non! il faut une
seule chose; <c II faut prier toujours
et ne se relâcher point », dit le Seigneur. La persévérance, voilà la puissance, voilà le grand secret de la
prière.
Qu’elle est touchanterl sublimecelle
parabole! Luc xviii. 4-8. Où est ¡’homme qui eût pu nous exhorter ainsi,
et nous faire comprendre, nous faire
croire ce qu’il y a de plus difficile à
croire: la puissance individuelle de
la prière persévérante?
Jésu.s compare son Eglise et notre
âme au milieu des détresses et des
combats de ce monde à une veuve
qui vient de voir partir son époux,
celui qu’elleaime, le tout de son cœur.
La voilà seule; pauvre femme, pauvre
mère ! Seule dans sa demeure désolée,
seuleI.... et voici un misérable qui
se déclare sa partie adverse, et qui
cherche à lui arracher sa dernière
ressource, .âvouez qu’il n’y pas sur
la terre une position plus navrante;
avouez que le Seigneur ne pouvait
nous montrer par une image plus touchante combien il sent avec tendresse
nos douleurs, nos tentations, nos faiblesses et la puissance de notre adver
saire. Avouez aussi qu’il ne pouvait
aller chercher nulle part une leçon
plus saisissante d’énergie. Que fait
celte femme? Est-ce qu’elle s’endort
dans la mollesse? Est-ce qu’elle fléchit devant son ennemi ? Est-ce qu’elle
s’abîme dons te désespoir? Elle est
mère, et quand elle entend son enfant lui dire; j’ai faim! elle ne se
connaît plus elle-même, elle ne sait
plus qu’elle est faible. Elle se lève,
elle regarde autour d’elle: Qui peut
l’aider? le juge seul. Et elle dit : J’irai.
— Mais tu es faible, lui dit-on. —
J’irai. — Mais c’est un impie. —J’irai.
Et elle va, et elfe se jette à ses pieds:
Justice ! - Va-t-en ! - Elle s’en va, mais
elle revient, revient encore, et il s’établit une lutte étrange entre ces deux
âmes, entre le faible et le fort, entre
ce cœur de pierre et ce cœur tremblant, jusqu'à ce qu’enfin le juge dise:
« Quoique je ne craigne point Dieu
et que je n'aie nul égard pour aucun
homme, je lui ferai justice». El elle
a vaincu.
Voilà ce que fait une femme pour
lé pain de ses enfants. El vous, que
failes-vo-us pour le bien suprême de
ces mêmes eniànts contre notre ennemi? Voilà ce qu’elle fait vis-à-vis
d’un juge inique; et vous, vis-à-vis
de Dieu? d’un Dieu qui vous a tout
promis, qui vous attend?
Vous avez prié, je le sais; — quel
est l’homme, assez peu homme, qui
ait assez peu d’âme pour n’avoir pas,
dans des heures solennelles, déchirantes, poussé un soupir, un cri vers
Dieu? Mais ce n’est qu’un cri, ce n’est
pas une vie. Vous laites plus, vous
priez malin et soir, vous, lisez, vous
êtes assidu au culte. C’est bien, mais
ce n’esl rien encore; c’est un fil qui
vous rattache à Dieu, mais ce n’est
pas la communion de sa vie divine
et vous le sentez bien, vous n’avez
pas de joie, de force, d’exaucement;
c’est un devoir formaliste, ce n’est pas
une puissance.
Vouiez-vous savoir ce que c’est que
de prier? Ecoutez J. G.: .»Veillez et
priez en tout temps ». St. Paul: Priez
sais cesse____Voyez tous les grands
chrétiens : Luther consacrant trois heu-
7
res à la prière chaque jour, el, quelles
prières! Whitefield dit avoir passé des
jours et des semaines prosterné dans la
prière, en silence, ou priant à haute
voix.
Eh! bien, suivez ces exemples, mettez à part chaque jour, si ce n’est
trois heures, au moins une heure pour
votre âme. Priez fréquemment; priez
avec la résolution d’obtenir la grâce
el de vivre dans la communion de
Dieu, efforcez-vous de vous tenir en
sa piésence.
Il faut le reconnaître, c’est difficile;
Luther l’avoua: « C’est une œuvre dif( cile et un grand travail, bien plus
difficile que les prédications, car quand
nous enseignons, nous sommes pas
sifs bien plutôt qu’autre chose: Dieu
parle pour nous, il fait son œuvre luimême. Mais prier, c’est de toutes les
œuvres la plus difficile, el voilà pourquoi il y a .si peu de vraie priere».
Il est naturel que la prièie nous
soit difficile. Notre incrédulité a une aversion niUtirelIepour lu prière; raison
de plus pour courir à Dieu. Et la paresse! la paresse joue un grand rôle
dans le monde. Et les dissipaiion.s mondaines! Et les affaires!.. . El les retardemenls de Dieu, il les faut pour
nous exercer dans la foi, pour faire
éclatersa grâce, sa délivrance: « longtemps il n’en voulut rien faire », mais
à la fin nous serons exaucés....
Mais je vous entends; Vous avez
prié et vous n’avez pas été exaucé.
Que demandais-je à l’Eternel? ditesvous, — d’être à lui. Eh bien non , je
ne fais pas de progrès! --Priez toujours! ne vous relâchez pas ! je vous
dis que bientôt vous serez exaucé!...,
Je vou.s dis que Dieu peut, que Dieu
veut vous exaucer. Il le fera. If l’a
dit, el des milliers de bienheureux le
disent, et votre cœur vous ledit: —
Allons, courage! t,Ps. xxvii).
(L. Meyer).
lioutfcUeB relu]icu6C0
Emigration extraordinaire du Purgatoire. C’est la Croié, journal quo
tidien à un sou qui l’annonce et voici
en quels termes: ’
«En vertu de ce pouvoir extraordinaire des clefs, Léon Xlfl, prisonnier,
a résolu d’êtendrc les joie.s de son
jubilé au purgatoire et le 27 septembre prochain, l’Eglise entière s’unissant à lui, le pape descendra sur le
tombeau de Pierre pour répandre le
sang divin dam les flammes expiatoires ! !
Celle messe sans pareille, que Pierre
toujours vivant a annoncé à l’Eglise
universelle par une encyclique datée
du jour de Pâques, sera l'acte le plus
solennel que la papauté ait encore accompli pour délivrer les''prisonniers
du Purgatoire, ces esclaves plus cruellement éprouvés que ceux d’Afrique.
Et un peu plus loin: «C’est par
millions que nous peuplerons le ciel
à la suite de Léon XIII, au 27 septembre ».
Il parait donc que Pierre est ïonjours
vivant, et que sous la signature de
Léon il a publié l’encyclique du dernier
jour de Pâques. Voilà donc le papisme
qui prêche la transmigration des âmes!
C’est «par millions» que celle fameuse messe du 27 .septembre délivrera du Purgatoire. Mais pourquoi
pas toutes les âmes de ce purgatoire
imaginaire? Et si la charité du pape
y peut quelque chose, pourquoi n’eslelle pas plus largeSi Léon XIII a
quelque sympathie pour l’état de ces
âmes prisonnières, «plus éprouvées
que les esclaves d’Afrique», pourquoi
n’a-l-il pas célébré plus tôt la messe
jubilaire qui en doit libérer des millions? Car enfin, c’est en décembre
dernier qu’est échue la date de son
jubilé sacerdotal.
Mais que vous en semble, lecteur,
d’une doctrine qui subordonne le degré
d’efficacité du sacrifice de Jésus-Christ
et le bonheur de millions d’âmes au
caprice du pape? N’est-il pas évident
que l’invention dn purgatoire n’est
qu’un triste moyen de spéculation financière fondé sur l’ignorance et la
superstition des m,ssses dérobées de la
connaissance de l’Evangile? Une pa-
8
..288.
reille doctrine n’est pas seulement
ridicule; elle est monstreuse.
Silence forcé des cloches. -- Les cloches de la paroisses de Saint-Louis de
Fourcharnbault en France, viennent de
subir une sévère pénilence. Par décret
épiscopal, lisons-nous dans VEglise
Libre, il a été interdit de les sonner
pendant huit jours ! Pourquoi ce silence
forcé? Les considérants du décret l’expliquent. Il paraîtrait que « le lé
juillet, malgré l’opposition formelle
de Mr. le curé, les cloches de la paroisse ont été sonnées par des sonneurs
autres que les sonneurs attitrés de
l’Eglise...», que par là il y a eu non
seulement violation des réglements administratifs sur la matière, mais aussi
«violation du respect religieux dû aux
cloches. ». Par ces motifs, Etienne,
Evêque de Nevers, ordonne que durant
huit jours pleins, elles se tairont.
On ne découvre pas bien le rapport
de cette interdiction avec le délit commis. Si quelqu’un a usurpé les fonctions
de sonneur, empiété sur les attribu
tiens du curé relativement aux cloches,
il nous semble qu’il aurait fallu le
poursuivre judiciairement et le faire
condamner, ou mieux encore lui pardonner ce léger méfait. Mais imposer
aux cloches huit jours de silence absolu, n’est ce pas punir le coupable
sur le dos des innocents? Par les innocents "nous entendons la messe des
fidèles exposés sans défense pendant
«huit jours pleins» à tous les dangers contre lesquels la sonnerie des
cloches a pour but do les protéger.
Personne n’ignore en effet que la sonnerie des cloches bénites éloigne des
catholiques la foudre, la grêle, la
peste et les démons. Celte façon d’affirmer son droit, témoigne de la part
d’un évêque, ou d’une grande indifférence pour le sort de ses ouailles, ou
de peu de foi dans la vertu protectrice
de la sonnerie des cloches.
Un évêque de bois et une crosse d’or.
L’évêque ritualiste anglican de Wakefield, docteur Walsham How, a accoi dé
à ses diocésains ritualistes 1a permission de lui oflVir une crosse d’argent
doré. Ce bâton pastoral coûtera la
modique somme de fr 2.750.
Cette offrande rappelle le quatrain;
Au vieux temps qu’un regrette encor,
Crosse de bois, évoque d'or;
Mais à présent, sous d'aulreis lois,
Croise d’or, évéque de bois.
Ritualisme anglican. —Un journal
anglais décrit ainsi le service religieux
célébré à l’occasion de la réunion
annuelle de l’Association ouvrière de
l’Eglise d’Angleterre le dimanche 5
août à Londres: «Le service commença
par une longue procession avec croix,
encens, bannières, acolytes vêtus d’écarlate, chantres en casaque de pourpre, clergé paroissial avec surplis et
étoles et finalement l’évêque de Dunedin coiffé d’une mitre blanche et
couvert d’une chape jaune... » Quelle
démangeaison de rivaliser avec le papisme!
Le recteur de l’Université de Zurich
a prononcé la dissolution de l’Helvétia,
société d’étudiants qui pratiquaient
encore le stupide et barbare usage de
se battre en duel.
Les espérances messianiques des Juifs.
Un-correspondant du Z/a’"® Siècle de
Mai derniei' ayant déclaré que les Juifs
modernes ont complètement renoncé,
en fait, à attendre l’accomplissement
des prophéties messianiques, la Chronique J\iivc proteste contre ce jugement qui, suivant elle, ne peut être
porté sur la masse des Israélites, et
ne s’applique qu’à ceux de la classe
opulente. On cite à ce propos le mot
d’un millionnaire israélite trés-connu
auquel on demandaitcequ’il pensaitde
la restauration de sa race en Palestine,
et qui répondait que si ce malheur
arrivait, la première chose qu’il ferait
serait de postuler l’emploi d’ambassadeur des Juifs à Paris.
EiîXKST ftoBERT , Gérant.
Pignerol, Imp, Cliianlore-Mascaretti.