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Seconile Année.
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;'cle VEg’lîso /É^itiii^^lîq^uè Vaiicloìne
Paraissant chaque Vendredi
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SuUanl la kérUeMnec f4i i^haiciiè.
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Italiè '..........................1-3
Toits les pays de riînion de
poste ’Europe; ' •<
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On s'abonne: à. Pignerof^a^ Buroan de l'administra ion Mahnn Mieot. ' .
.\ I.a Tour chez .M. fîlLi-îJibraire.
.\ Tur n chez M. (toss,^t^!i''PÎii ijniritd, n. Ifi. i
A Poinaret cliez M. I.iStsiSÀt Pasi. })irri:léiir.
Un Nnmilpo s^pard : 10 fîefttimes. ■
Annonces A ÍS 4.e page 3.5 een'li»
me« par ligne. . '
i^oiumiftl i*e.
An sujet du Svnode qui va s’ouvrir. —
Correspondance. — Reçue politique. —
Sonscnptions. — Annitnco.
üi sÿel Synode 4ui n s'ouvrir
Le Synode de l’Eglise vaudoise
est à ]a veille de s'ouvrir. Serons
nous taxés d’engouement pour nos
idées ou d’irrévérence envers nos
lecteurs— comme si ce qu’on leur
a dit hier . ils l’avaient déjà oublié aujourd’hui — en venant rappeler, per sommi capi. les vœux
que nous nous étions permis de
formuler, il y aura bientôt un an,
sur la marche de nos synodes
futurs ? — Dans l’espoir qu’on
n’en jugera pas ainsi, nous entreprenons .sans plus notre récapitulation.
Le premier de ces vœux avait
irait à Va perle de temps vraiment
énorme qui se faisait, par le passé,
et que nous eussions voulu qui ne
se fît plus . à l’avenir , dans nos
synodes; et , enlr’autres moyens
pour obtenir ce résultat désiré .
nous conseillions les deux suivants:
1. De la part des administrations
(Table, Commission d’évangélisation et Commission des hôpitaux)
dont la gestion est soumise à l’appréciation de l’assemblée, des rapports beaucoup plus concis que ce
n'était le cas jusqu’à maintenant;
et se limitant à donner , — sur
la marche et les résultats de l’œuvre respective à la quelle ces administrations président — ces iiifurraations qui mettront le Synode
à même de s’en faire une idée
exacte et complète.
2, De la pari des Commissions
examinatrices — au lieu de rajiports à double sur l’œuvre dont
elles s’occupent —- des eontre rapports destinés, on bien à confirmer,
purement et simplement, le rapport
de ladministration , ou bien, s'il
y a lieu, à le rectifier et à le
compléter.
3. La suppression — qu’il faudrait, au préalable, faire adopter
par le .synode — de la lecture et
subséquente discussion de deux
rapports de paroisses et de deux
rapports de stations d’évangélisation. tirées au sort: lecture et discussion dont le seul résultat pratique est de valoir à la Table et
à la Commission d'Evangélisation,
de la part de lenrS dépendants respectifs. des rapporis, peut-Htre, un
peu plus soignés qu’ils ne le seraient, sans cette possibilité de
passer sous les yeu.x du Synode.
Un .second vœu que nous formulions avait trait aux résultats,
géiiéraleineni bien inférieurs à ce
qu’on eût pu attendre, de nos assemblées synodales, et aux moyens
à mettre en œuvre pour que leur
but, qui est de concourir à l’affermissement et à la vivification dé
l’église, fût plus’sûrement atteint.
Parmi ces moyens . nous indiquions les suivants;
1. Moins de place donnée, dans
nos séances, aux questions purement administratives, et une plus
grande aux queslion.s qui se rapportent, de près ou de loin, à l’avaiicemenl du règne de Dieu , et
à l'édification proprement dite ; ou,
en d’autres termes, • des Synodes
• ressemblant un peu moins à un
» parlement politique , et un peu
» plus à une assemblée de frères,
» s’entretenant, sous le regard de
• leur Père céleste . des intérêts
» de la Maison qui leur est corn-*
> mune •.
- 2. Une manière de préparer et
de conduire la discussion essôn*
tiellemcnt différente de celle qui
a été pratiquée jusqu’ici; c’est-àdire, qu'au lieu de discuter, pendant des heures, et le plus souvent
sans résultats, sur des questions
surgies à l'improviste, et à la
tractation des quelles personne
n’est préparé, les questrons d’une
réelle importance fussent mises à
l’ordre du jour, pour ainsi dire ,
d'un Synode à l'autre — de façon
à ce que l’opinion publique pût
s’en emparer, les examiner, et for^muler^sur- elles sonfjagement; puis
mises en discussion seulement à
la suite <l’un rapport approfondi,
qui serait fait sur celte question,
ou par une Commission, ou préférablement encore , par un individu que le Synode précédent en
aurait chargé.
3 Une plus grande publicité
donnée aux opérations de J'.^ssemblée, non pas uniquement au
moyen du compte rendu imprimé
(ce qui est lout-à-fait insuffisant^,
mais au moyen de réunions tenues
dans chaque chef-lieu de paroisse
ou, au besoin, dans les quartiers,
et dans lesquelles le Synode .serait
pour ainsi dire raconté et ses principales résolutions mises en relief
et justifiées auprès des membres
de l’Eglise.
Un troisième vœu se rapportait
à différenlos mesures — d’un caractère plus exclusivement formel
et extérieur — à adopter, et parmi
lesquelles nous rappeileron.s les
suivantes :
1. Mettre le plus d’homogénéité
possible dans la composition des
Administrations, et pour cela, li miter la lutte entre les deux courants qui pourraient se trouver
2
138
LE TÉH019I
dans le Synodet à cet égard, à .la.
nomination du J^i^sidettt de ^s.cane d’elles> miisant l£ celcd-ci,
une fois dé^né, libtfr.té d^io.-v
diquer ( nous disons indiquer et non
pas imposer) au choix de l’Asseo)blée,’ les personnes dont il croit
pouvoir se promettre le concours
le plus efficace.
2. Dans le double but \ a) ¿q
ne pas abuser, au delà des limites
peroiises. de la généreuse hospitalité de la population de La Tour
et des environs ; bj d’établir entre
tous les membres du Synode des
relations intimes et fraternelles —
arrêter, dès l’ouverture de la session synodale, que chaque jour ,
entra la séance du malin et celle
l'après-midi, un repas aussi simple
que possible, réunira à la même
table tous les membres de l’Assemblée indistinctement.
3. En vue toujours d’une plus
grande fraternité, revenir — pour
les séances d'ouverture — à ce
qui se pratiquait autrefois, consistant en ceci : que tous les membres composant l’Assemblée synodale, ministres de la Parole et
laïques , se réunissent en un lieu
désigné d'avance, pour faire tous
ensemble, en bon ordre et processioniiellement , leur entrée dans
le lieu des séances.
Si ces vœux et les indications
qui les accompagnent étaient pris
en considération, nous nous permettons de croire que ce ne serait pas sans un profit très réel
pour la marche de nos Assemblées
et par elle, pour le bien de notre
chère Eglise
Corrcsponbance
Ne pouvant publie) dans leur entier
deux longues lettres que nous venons
de recevoir de notre excellent ami,
M. le pasteur Tm in de Milan, nous en
donnons ci-après les portions qui nous
semblent devoir intéresser plus particulièrement nos lecteurs. Ces lettres
sont datées l’une et l’autre de Slultgard où notre frère s’est arrêté quelques Jours en revenant de son long
voyage en (Îrartde-Bretagne.
... Le luit essoiiiiel de cette lettre
est do vous prier, si vous ne l’avez
pas encore fait , de bien vouloir annoncer à notre Kgli.so par votre journal , la mort de noire excellent ami
M'’ .1. Lumsden, de tbdl en Angleterre.
Cet liomme de bien , directeur d’une
Compagnie do bâteaux â vapeur, dont
plusijgus étaient i lui.^ 4)rc^iétjiH»
l^’un i^ndj^hemiit de fer, l’àfni «i II
||outi^ ée <fôates les orayres reltfeu^es, tiiprilfes é philantr^iques q|| lui
^étaienl pecolpmantMe»; siicètïssivement par ses concitoyens à des char
fes imminentes, est mort le 20juillet
ernier à l’âge de 72 ans, d’une maladie causée par l’excès du travail.
Depuis 9 ans, après la visite des
bienheureux D' Gulhrie et Df Rével.
et du soussigné, M. Lumsden n’a jamais cessé de porter le plus vif intérêt à l’œuvre de l’évangélisation italienne. Tous nos collecteurs ont trouvé
chez lui, non seulement une hospitalité
généreuse, mais des conseils et des
directions précieuses pour la collecte
qu’il s’agissait de faire. Encore au
mois de juin le soussigné eut le plaisir de passer quelmtes jours au sein
de cette famille, d’être le témoin de
sa piété vivante, de sa grande générosité et de son activité infatigable.
Son dessein était, si Dieu lui avait
conservé la vie, de venir passer l’hiver
prochain en Italie pour jouir de la
douceur de notre climat et voir de ses
propres yeux l'œuvre de l’évangélisation. Maintenant que Dieu l’a retiré
dans son repos, il ne nous reste qu’à
exprimer, à M™« Lumsden notre profonde sympathie chrétienne et à prier
Dieu de vouloir dans sa grâce remplir
de sa présence le vide qu’il a fait dans
son cœur et dans le nôtre.
11 y a à Siullgard cl dans les environs quelques centaines d’ouvriers italiens dont la coiidiiile active, honnête
et sobre est appréciée par les habitants
du pays. Quelques amis chpéliens, siirloul le bon M. Roininger, S’intéressent
à leur bien-être spirituel et temporel.
On voit souvent ce cher vieillard se
rendre au milieu d’eux, leur distribuer
des traités religieux et des portions
des Ecritures, et tâclier de leur être
utile sous Ions les rapports. Ce soir
on en réunit 150 dans ta Liederhalle
et on leur offre une modeste réfection,
consistant en pain, fromage et bière.
On veut que j’aille au milieu d’eux
[tour les encourager à persévérer dans
a voie du devoir et leur rappeler qu’ils
ont envers Dieu des devoirs bien phis
imporlanls encore et leur indiquer la
source de toute force pour les accomplir...
La réunion d'ouviiers italiens que
nous avons vue hier à 5 h., était composée de 80 ouvriers et de plusieurs
amis de l’Italie; 40 autres ouvriers ont
fait dire, qu’ils regrettaient vivement
de ne pouvoir se joindre à nous, parcequ’ils avaient dû travailler toute la
nuit et quelques lieiiies de la matinée.
Grande paraissait être la joie de Ions
ces ouvriers en voyant devant eux les
rafraichisscmeiit.s qu’on leur avait préparés. L’excellent M. Rominger et quelques dames connaissant l’ilalieii faisaient les hoiineiiis de la table.
Après une demi heure de conversaiton sur ditféiculs .sujets, je fus invité
à leur adresser la parole, ce que j'ai ■
fait brièyemi^ et à U'pfe reprises. Je
me suit rejc^avec eut^Ju bon témoignage (jiT^«ur rend i(|gel que j’av.ais
déjà vu^ehl^ner|dans^ie)ques jonrnaux iiswsns^^ fMl'-hOTHleur ait nom
italien el c’est parceqite les Wurtembergeois les estiment que quelques tins
d’entr’eux les oui réunis dan.s ce lie»
pour les encourager à persévérer.
Ils voient souvent au milieu d’eux
un vieillard respectable qui leur distribue des traités et des portions des
Ecritures qui les engage à se procuier
la Bible, ou au moins le Nouveau Te.stamenl. Pourquoi le fait-il ? C’est parcequ’il a trouvé dans le saint Livre la
paix de Dieu el qu’il voudrait que vous
i’y trouvassiez vous-mêmes. Ce livre
inspiré de Dieu, le même pour tou.s
les chrétiens, (oi»r les différences de
traduction sont de peu d’importance)
vous enseignera si vous le lisez avec
attention et avec prière, ces trois grands
vérilés. : 1“ nous sommes des pécheurs
perdus; 2. Clirisl est venu pour nous
sauver; 3. quiconque écoil en lui est
pardonné el reçoit le don du Saint
Esprit. — J’ai répondu à deux objections, de manière à satisfaire les deux
personnes qui me les ont présentées;
je suis persuadé que la bénédiction
de Dieu a reposé sur cette réunion et
qu’il en résultera quelques bons fruits.
Un jour de celte semaine a pu être
consacré à une excursion jusqu’à Pérouse . l’un des cinq villages vaudois
que l'on m’a nomme, mais dont l’im
m’échappe en ce nimncnl. Les trois
autres .«ont Pinadie, Serres et NeuHengsted Pérouse n’est qu'à 2 heures
de Slutigurd. il est situé au milieu
d’une magniliqiie forêt de sapins, au
centre de laquelle les vaudois ont défriché le terrain, bâti leurs maisons,
bieq, alignées, en deux rites paraleiles
avec des fontaines dans les rues el
tout àfenlour des prairies et des champs
bien cultivés. La vue de ce beau village de 150 maisons, toutes isolée»
l’une de l’autre, entourées de champs
et de près et d’une belle forêt de
sapins^ odoriférants est exlrêmemcnl
agréable. Le village a deux auberges
à son entrée, l’une vis-à-vis de raitlie.
J’entrai dans celle tenue par JeanPierre Siinoudel el qui ne manque pas
de certains conforts. En apprenant que
je suis pasteur vaudois.ee brave homme
qui sait encore un peu de français me
sena fortement la main, me oondiiisil
dans le village, appela les amis qui vinrent en grand nombre, hommes, femmes el enfants. Tous semblèi'enl se réjouir do. me voir et, par le moyen de 111,1
fille qui me servait d’inlerprêle, je
pus lui dire que les Vaudois pensent
à eux, et veulent prier iiour eux; (|u’ils
ne doivent jamais oublier leur mère
patrie, ni l'Évangile pour lequel leurs
pères ont été exilés. — Combien j’ai
regrellé do ne pouvoir leur parler dans
leur temple romiiic l’a fait l’année
passée le cher .M. Calvino (Chamie).
— Je dus me borner à les encourager
à lire la Bible el à prier pour un ré-
3
LE TÉMOIN
190
veil de la pié|é au milieu d’eux et au
niiifeti de ndûaV
'VòÌci te^ n0m‘é, de ((ùetqués uns
d'entr’eux we ¿’écrivis sous lêiw dictée ; Ji* ï"’*SrnôDâel, Leuis Vinçon,
J" )*• Barel, Charles Bàrel, J” J** Geyniet, i“ P" Jourdan, Charles Gaydou,
J” Frêd. Charrier, J“ L' Pioux, J° P'*’
Taliiion, J“ J** Jei'vay ou Jervis, Michel
Mûris, Michel Bonin etc.
Ôii me montra le petit temple; je
montai en chaire et j’y trouvai encore
une Bible française du commencement
do 17™* siècle, avec les psaumes de
Clément TSfarot et Tes prières liturgiques. Mes yeux tombèrent sur la prière
en temps de persécution, où les Vaudois reconnaissent avec humilité avoir
mérité les châtiments de Dieu. 11$ imploient sa miséricorde an nom de Jésus-Christ et déclarent n’avoir d’autre
confiance qu’en ses mérites et dans
son intercession. Ils prient pour les
prisonniei's de Jésus et pour ceux qui
sont exposé à la torture et à la mort,
demandant à Dieu qu’ils demeurent
fidèles jusqu’à la fin. Je sentis mes yeux
se remplir des larmes et je demandai
à Dieu la grâce de voir les fils imiter
la repentance et la foi des pères.
Kti partant de là, je bénis au nom
du Seigneur ces chers compatriotes et
je vous demande, cher M. Lnnlarel, de
proposer au prochain Synode d’adresser une lettre d'amour fraternel à nos
frères de Wuriemberg pour vivifier les
liens sacrés qui doivent nous unir à eux.
Monsieur le Rédacteur,
Permeltez-rnoi de signaler à votre
attention et à celle des lecteurs du
Témoin, une'fort intéressante brochure
publiée à Utrecht par M. le Doct. M.
Cohen-Stuart; c’est une notice biographique où est r«lracée à grands traits,
mais d’iine main sûre, la carrière d’un
homme éminent et d’un citoyen illustre,
dont la Hollande vient d'élre privée,
il y a trois mois à peine, et qui portait le nom bien connu de Gnosiv van
Prinsterer.
Guillaume Groen van Prinsterer, né
le 21 août 1801 à Vooibiug
près la i
iiréi
Haye, fil de brillantes études a l’Uni- j
versiié de Leyde, où il reçut en môme j
temps les deux grades de docteur
ès-lellres et dé docteur en droit. —
D’une constitution très-délicate, il est
parvenu cependant à un âge fort avancé,
grâce à une vie calme et régulière ,
pendant laquelle l'esprit a constamment
vérifié le paradoxe que dans la faiblesse
la force s’accomplit.
Guillaume I, qui connaissait et savait
apprécier le vrai mérite , se l’attacha
en qiialilé de secrétaire particulier;
position plus que délicate, dans un temps
où la politique arbitraire et vacillante du
monarque commençait à éveillei l’espril
de résistance, et finit par provoquer
la révolution belge et le démembrement
du royaume. Le jeune secrétaire ne
se faisait aucune illusion sur l’issue
fatale de cette politique; et il n’hésita
Bas à présenter au roi ses objections.
’qn fut témoin alors d’un curieux
et intéressant spectacle : le secrétaire
privé d’un monarque presque absolu,
employant ses heures de loisir à rédiger, dans le palais même de son
souverain, une feuille d’opposition, les
Idées néerlandaises, et le maitre ne
lui relirainl ui son estime ni .sa confiance
et n’gppréciant que mieux la droiture
et la franchise de son serviteur. Voilà
bien, dit M. Cohen-Stiiari, une scène
de la vie de cour, qui ne se reproduit
pas souvent !
La rupture entre la Hollande et la
Belgique une fois consommée, M. Grœn
qui, tout en la prévoyant, en avait
souffert le contre-coup, fut obligé de
prendre du repos pour affermir sa
santé éhianlée par un travail excessif.
Mais au retour de son voyage à l’étranger, il ne rentra plus dans ses
fonctions diplomatiques; le roi Guillaume lui offrit un nouveau poste,
merveilleusemeat approprié à ses goûts
et à son talent, et le nomma Cbtt.sei7kr
d’Ftal extraordinaire et Archiviste de
la maison royale. Ce ne fut pas une
sinécure; l’instinct du littérateur et de
rhistorien s’éveilla, et M. Grœn conçut
dès lors le plan de son grand ouvrage:
Archives de la maison d'Orançe, dont
treize volumes ont paru successivement,
précédés de prolégomènes qui sont à
eux seuls une œuvre de grand mérite,
et ont ouvert une voie nouvelle aux
modernes historiens des Pays-Bas. De
ces redierches historiques, fl est sorti
également un Manuel de Vhkloire de
la patrie, en deux gros volumes (mille
pages), œuvre d’art et de science tout
a la fois, écrite d’un style sobre et
sévère, et d’une main de maître; chaque ligne, chaque mol y paraît comme
le fruit mûr de l’élude et de la réflexion, et il s’y trouve cmidensée uue
étonnante abondance de détails et d’observations.
En 1840, M. Green, nommé député,
se vit ouvrir la cnrrière parlementaire;
et réélu en 1849. 1850 et 1855, il
occupa toujours une place éminente.
Orateur de premier ordre, d’un caractère ferme , et d’une rigidité de principes qui ne .se démentit jamais. il
clail désigné d’avance comme chef, et
il créa le parti auquel hii-même donna
le nom de parti chrétien et historique
ou antirévolutionnaire ; selon lui , le
Chiislianisine de l’Evangile et de la
Réforme , principe de vie morale et
religieuse, comporte aussi tout un système politique, basé comme celui de
Calvin sur la souveiainelé de Dieu; et
celle souveraineté qui gouverne le
monde entier et qui se révéle pariiculièremeni dans la Parole, se manifesie
aussi dans l'Iiisloire du genre humain,
en tant que cette tii.sioiie est idenliqiie
avec l’accomplissement graduel du conseil de Dieu. Il suit de là que tout
progrès réel est conforme aux décrels
immuables du Tout-Puissant, et est en
même temps le développement saint et
normal des conditions historiques an
térieures; les lois d’un Muple pour
faire prouv« de vitalHé^,.- doivqnt ooii«
être à la fois le prodpii de sà propre
histoire, et l'expression de sa «délité
à la volonté de Dieu.Telle éîait, eti
peu de mots , la politique aniirévolutionnaire de M. Grœn, politique diamétralement opposée à tonte révolution qui méconnaissant le droit de
Dieu, ne peut aboutir qu’à l’absolutisme
oti à la démagogie. C’est pourquoi la
Hollande, s’affi anchissant de la tyrannie
espagnole, et l’Anglelerre cbassanl les
SluarU. toutes deux ,reVendk}uaJit les
droits ne la conscience opprimée, n’ont
pas fait, à jjroprenaent parier ne révolution; c’était le pouvoir établi qui élaÜ
révolutionnaire, et nous pouvons ajouter
qu’il en a été de même pour l’ilalle de
nos jours, insurgée contre ses tyrans.
Par contre, la révolution française de,,
89 a bien été une révolution au mauvais sens du mot, car après avoir arboré le drapeau de la souveraiàelé du
peuple, elle n’a su amener à sa suite
que la démagogie et l'absolutisme.
aeux formes également oppo.sées à l’aiilorilé divine, et qu’une politique vraiment chrétienne doit eomballre à force
de vérité.
M. Groen n’a jamais cessé de prêcher CCS principes et par la parole et
par les écrits. Il ne sortait pas de là,
disaient ses détracteurs. C’est que^pour
lui, toxU sortait de là; et toute son activité, comme orateur et comme publiciste, s’est résumée dans l’application
toujours nouvelle de ces principes aux
circonstances variées du moment. Sa
devise a toujours été: Non'pas homme
d’élat, mais chräien; et il n’a pas eu
d’autre politique que l’Evangile, tel
qu’il l’avait compris et se l’était a.?similé. Bien longtemps seul, ou presque
seul, il ne se découragea point, car il
savait que la vérité ne se proclame pas
dans une assemblée à la majorité des
voix. Il croyait, c’est pourquoi il paria,
et sa voix qui Souvent semblait sC perdre dans le désort, relenlissail neanmoins comme un ci i de la conscience,
et comme un liorumage convaincu à
la vérité. Quand on l öste ainsi sokmême
et toujours et pai loul le même, il faul,
il est vrai, se résigner à être impopulaire: et M. Gi’oeu l’a été à un liant
degré , excitant l’admiralion plus que
la sympathie, et rélouiierneni plus que
la confiance . non seulement à cause,
de jsa supérioi’ilé de caraclèi« , mais
aussi à caii.se de la rigidité même de
ses idées et de ses convictions. Il était
logique à outrance; mais la vie lèelle
n’est pas logique à co point et elle est
autre chose qu’un syllogisme. On pouvait donc reproclier à la hante raison
de iM. Groen d’élre Hop transcendaiile,
cl trop ahsli'.'iile pour les choses d’icibas. .‘\u reste, ce défatil, qui ne provoiiait certes pa.s d’un faux orgueil,
était fortifié et développé par la tnanièie (le vivre; W. Giocn se plai.sail
dans ri.<o!cmenl, disons mieux, dans
la solitude. Sans atilie famille ipie sa
digne compagne, .sans soucis iiialéncls.
4
440
sans ambilion persfonnelle, ' sans autre
passion (}ne son ili*a?ail, son devoir et
son Dieu- il ne fV^tienlail pas le inonde
qui renlonrail/'el il vécut ùn peu, dit
M. Cohen-SUtart, en savant nermile
dans sa maison princière de La Haye,
passant ses jours calmes est studieux
dans sa bibliothèque, et conversant
avec ses auteurs favoris.
Sa théologie était celle de Calvin,
système com'pact et solide , reproduit
en abrégé dans les confessions de foi
des Eglises Réformées et notamment
dans les livres symboliques de l'Eglise
hollandaise. Pour M. Groen l’Evangile
était sans doute la bonne nouvelle de
l’amour du Père céleste, mais ce n’en
était pas moins la loi sainte et immuable de Dieu \ et l’Eglise était à ses
yeux une sorte de théocratie de la
nonvelle-Allimice, une corporation ■ de
droit public», s’appuyant à un code.
Certes M, Groen était par le cœur et
par la foi un chrétien évangélique ;
mais son point de vue était juridiqiie
et confessionnel, et sa méthode ditiérait sensiblement de celle de ses meilleurs amis et de la plupart des chrétiens lés plus éminents de nos jours.
Qu’esl-ce en effet que le christianisme?
Est-ce une doctrine, un système ? C’est
avant tout une vie , et une source de
vie. Et qu’esl-ce que l’Eglise, si non
une communauté de fidèles manifestant
celte vie même comme fruit de l'Esprit ? A ce point de vue , que nous
croyons le seul vrai , l’orthodoxie ne
peut pas consister à regarder obstinément en arrière pour chercher son
idéal dans un ensemble de formules dogmatiques anxieusement élaborées, —
mais tout en tenant compte du développement graduel de la vie chrétienne
au sein de l’Eglise , elle doit tendre
à un idéal toujours plus élevé qu’elle
cherche dans l’avenir, sachant que le
règne de Dieu viendra.
L’espace me manque pour parler de
M. Groen publiciste, et de la .sincérité
et de la vaillance avec lesquelles il n’a
cessé de dire sa pensée et de nommer
injuste ce qu’il croyait tel. Qu’il s’agit
de Napoléon 111 ou de Bismark, jamais
M. Groen n’encensa «le fait accompli ».
11 avait la calme intrépidité de la foi
et de l’intégrité; mais ce n’est pas lui
qui aurait pu jeter è ses advei’saires
ce mol hautain de Guizot: » Vous ne
sauriez élever vos insultes à la haulei.r
do mon dédain». 11 était trop humble
cl trop chrétien pour sc permettre de
pareilles invectives; il ne dédaigna jamais les hommes, il ne dédaigna que
les honneurs et la fausse popularité
Son esprit 'de charité chrélienno , de
justice et d’équité, a fait de lui le
champion chevaleresque des caii.'ses méconnues; il fut le défenseur des .séparatistes persécutés, il proclama le respect des minorités, il se voua surtout
avec ardeur à la cause de l’instruction
primaire et des droits de la conscience
chrétienne.
Rien de remarquable ne signale sa
vio privée, toujours paisible et douce;
LE'tÉMOlN
mais'il est üne chose qri’on ne peut;
tlasser Sous silence, c’est la généreuse
ibéralîlé dont il fil preuve en foule
occasion. H consid'éiail ' ses ‘ richesses
comme un tiHpnt que le Seigneur lui
avait confié; — y a-t-il beaucoup de
riches qui pensent de la même manière?
— il se plaisait à employer ce talent
au profil de toute oeuvre philanthropique et chrétienne qui lui semblait
mériter son appui; et les étrangers qui
viennent quêter en Hollande , — l’on
sait s’ils sont nombreux, — frappaient
rarement en vain à sa porte.
Cette belle et noble vie s’e.sl éteinte
le 19 mai 1876. — J’ai cm qu’une
notice, si courte soit-elle, sur cet homme remarquable, serait parfaitement à
sa place dans les colonnes du Témoin;
et grâce à la brochure dn Docteur
Cohen-Stuart, rien ne m’a été plus facile ni plus agréable. a. r.
Bctme politique
Mtaiie. — Le roi a reçu avec solennité les ambassadeurs du Maroc. Les
hôtes du roi d’Italie ont reçu la visite des
aulorité.s et les ont rendues. Le prince
Amédée leur a offert une fêle a Stnpinigi. Quelques ministresse sont rencontrés à Turin à cette occasion. Il
paraît certain que le ministère a renoncé à l’idée de dissoudre la Chambre. Les préfets lui auraient représenté
que les nouvelles élections pourraient
bien leur être peu favorables , et envoyer au Parlement, au Nord et au
centre, des députés libéraux constitutionnels du parti Sella, et au midi des
hommes de l’extrême gauche, du parti
Crispi et Berlani et de plus intransigeants encore.
— Le modeste monument élevé à
Pietro MiccadeSagliano, petite village du
Biellais, a attiré dan.s celte localité un
grand nombre de personnes, entr’aiitres
26 sociétés ouvrières avec leurs bannières et des hommes politiques comme
Sella et Riccardi qui ont prononcé de
magnifiques discours à l’honneur du
héros de 1706
— Le roi est reloiiiaié dans les montagnes pour reprendre sa chasse favorite Les uiinislres Depretis, Zanardelli
et Melegari ont dû se rendre an Saint
Golliard pour voir do leurs yeux où
en sont les travaux de ce tunnel au
percement du quel l’Italie contribue
par la somme de 4-5 mille francs.
France. — Les ministres, pendant la vacarli e des Chambres prononcent des discours dans des banquets;
ils en prennent occasion poui‘ affirmer
la nécessité pour la France des inslilulioiis républicaines
QwesUon a'Orient. Les Serbes
et les Turcs se sont battus pendant
plusieurs jours. Les Serbes paraissent
avoir eu quelques avantages partiels ;
ils ont arrêté le.s Turcs dans leurs projets d’invasion de leur territoire.
Le prince Milano s’est adressé au
gouvernement italien , probablement
(fàprës'Ié coiisèil de la Ritssia, .ppur
aii’il soit nnédialeuv d’d^a projp'osition
’àrmislîcë 'et naênné''dà ds'x sur la
basé âü siütü quo äv'dnt lè commencement des hostilUès. — ïï. lûelegari
a eu ainsi l’honiieur de celte initiative.
On pensé que toutes les pùisBancés
s’empresseront d’appuyer celle proposition auprès de la Porte. Les antres
Etals beiligéranis sont compris, s’ils
le veulent dans la proposition du prince
Milano et snrtont le Montenegro —
S’ils y adhèrent, et si la Porte accepte
la médiation, la guerre meurtrière est
sur le point de cesser et la question
d’Orient est renvoyée pour quelques
années.
SOUSCRIPTIONS
POUR L.« BATUSSe DS PRA-l>KI.-rORNO
Miss A<letaiile Craig . . . Pr —
Collecté par M. Worsfóld A 13.}9 —
.\l." S, Dnrand-Oanlon (avec. deux Bibles grand tonnât, uno liturgie et un recueil
de caiiti<]ues) .... Miss .Medzies d’Edìnhurgh . 50 —
r> 27 —
.VI: Théophile Gay de Rome 5
.M"’ Madeleine Perron . . 5 —
.VP J. D. .Armand Hugon, pas-
leur à Rorà ..... 5 —
Ecoledo filles de Torre Pellice .V 1
M' H. P. èUidiaut au collège » 1 —
Collecté par .VI. Worsfold a 271;. 35
COLLEGIO VALDESE
KSAMK DI i:oi\c<mso
l” Alla borsa anonima l imasta vacante,
per i«i anno.
2* Alle tre borse imottííne disponibili
per ire Unni.
Aperto
a) Per la borsa di un anno, a tutti
gir studenti del Collegio.
b) Pei“ le tre altre, agli studenti dei
cinque primi anni.
Programma.
1° Bibbia. — Nebucadnezar in Gerusalemme ed in Palestina.
2'' Stoma. — I Turchi in Europa.
.‘5° Geografia. — La Penisola del Balkan e le provincie del basso Danubio.
4° Lingua Ialina. — Virgilio. Georgiche. Canto primo, v. 1 a 250.
5° Lingua greca. — Omero , Iliade.
Canto IV, prima metà.
6“ Matematiche. — Algebra, Equazioni
di l™“ e 2'*'' grado , Luvini pagina
48 a 88.
Nola.
Gli esami ili concorso si faranno
parte in lingua italiana, parte in lingua
francese, e lutti in iscritto.
L’epoca degli esami sarà lis.^ata ulteriormente e non sarà prima del 15
del prossimo venturo Ottobre.
Torre-Pellice, li 19 Agosto 1876.
Il Moderatore
G. D. Charbonnier.
Ernest Robert, Gérant et Administrateur
Pigneroi , Impr. ChiantorP p1 Ma.scnrelli.