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Troisième Année.
16 Février 1877.
N. 7.
•Tou-mal dLo E van gaélique Vaixdoise
Yotts me serez témoins. Actes I. 8.
Paraissant chaque Vendredi
______________________ Suivant la vérité avec la charité. Ep. 1, 15.
Prix db l’abonnrmbnt par an Italie L 3 Tous les pays de l’Union de poste » 6 4mérique .... . » 9 On s’abonne; Pour rini^rieur chez MM. les pasteurs et íes libraires de Torre Pellice. Pour l'Extérieur au Bureau d'Administration. Un numéro séparé: 10 centimes. Annonces: 25 centimes par ligne. Le^ envois d’argent se font par lettre re- commandée ou par mandats sur le Bureau de Perosa Argentina.
Pour la Rédaction adresser ainsi; A la Direction du Témoin. PnraareUo (Pinerolo) Italie. Pour l’Adminiotration adresser ainsi: A l’Administration du Témoin, Pomaretto (Pinerolo) Italie.
Sommali'o.
ta question da Baptême: Examen de
réponse de M. Andru pâslour à Paris ;
Le Baptême chrétien est-il le même que
celui de Jean? — La seconde conférence
dçÿ Paroisses du Val Pélrs. — Correspondance, — Nouvelles religieuses. — Pensées.
— Itevue politique.
U
m
Le nombre et l’étendue des
articles qui nous sont éncoré adressés sur la question liu baptême .
ou pins spécialement sur la forme
et le mo^de d’administration de ce
sacrement, nou» engagent â les publier au moyen d’un supplément à
ce n" du Témoin, C'est une libéralité
contre laquelle protestent hautement les conditions financières de
notre feuille, mais que nous imposent notre amour de la vérité aussi
bien que l’impartialité dont noqs
nous sommes fait une règle. Il va
de soi que nous ne sommes pas
disposé à persévérer dans cette
voie àes suppléments. D’un autre
côté nos honorés correspondants ,
ne s’étonneront pas si nous ne publions désormais sur cette question do baptême que les communications contenant des arguments
ou des points de vue nouveaux.
Si nous arrivons à la conviction
qu’il y a quelque utilité réelle à
résumer dans un article bien court
la substance de, tout ce que nous
avons publié sur ce.sujet, il est
probable que nous ferons noosmême ce travail Qu’il npus soit
permis, en attendant, de présenter
une ou deux observations très
nécessaires.
La première signale l’unanimité
avec laquelle les Eglises chrétien
nes de toutes les dénominations
admettent et pratiquent le baptême
comme étant d’institution divine;
les divergences se nâantrent dès
qu’il s’agit d’en préci|èr la forme,
le but et les effetsf Cet accord
des Eglises dans la pratique de ce
sacrement est un point capital qui
domine toutes les difféfences; c’est
une de ces choses nédpisaires dans
lesquelles l'unité est de rigueur.
Après cela i et c’^t notre seconde observation, il est évident,
à nos yeux, que seloml’enseignement du Sauveur et de ses discipies., le „baptdpe dgal en va
leur ni à'la foi ni à,la Sainte-Cène.
Jésus ne baptise pas lui-même, ce
sont ses disciples qui le font en
son nom. Lorsque, au moment de
se séparer d'eux il leur donne ses
dernières directions, il mentionne,
il est vrai, le baptême ( Luc et
Jean n’en parlent 'pas) après
1’ instruction en déclarant que
celui qui aura cru et aura été
baptisé sera sauvé, mais en ajoutant seulement , que celui qui
n’aura pas cru ( même avec le
baptême) sera condamné. Marc
XVI, 16. Paul de son côté s’applaudit de n’avoir baptisé qu’un
très petit nombre de personnes ,
car dit-il ; Christ ne m’a point
envoyé pour baptiser, mais pour
évangéliser. I, Cor. i, 17.
Notre observation principale se
rapporte précisément à la forme
sous laquelle le baptême doit être
administré. Nous affirmons qu’elle
est l’un de ces points sur lesquels
le Seigneur a laissé une très
grande liberté à ses disciples,
puisque lui-même ii’a donne aucune direction,spéciale si ce n’est
qu’il doit être donné au nom du
Père, du Fils, et du Saint-Esprit.
Plus tard les apôtres Pierre et
Paul appuyèrent surtout sur la
personne de Jésus-Christ et représenteront le baptême en son
nom comme la condition , après
l’amendement, pour obtenir le pardon des péchés. Mais l’on cherchera vainement dans tout le Nouveau-Testament un seul mot qui
précise et commande la manière
de procéder dans l’administration
de ce sacrement.
Voyez au contraire, avec quels
détails très précis et très clairs
les évangélistes et l’apôtre Saint
Paul rapportent l’institution de la
Cène. Le lieu, l’heure, les personnages qui y ont les premiers participé, l’ordre dans lequel se succèdent les actes qui la composent,
les paroles qui la précèdent, qui
l’accompagnent et qui la suivent,
rien ne manque, et l’apôtre Paul
a soin de nous dire qu’il a reçu
du Seigneur ce qu’aussi il a enseigné. L’importance de ce sacrement est si grande que le Sauveur en a fait l’objet d’une révélation spéciale au grand Apôtre
des Gentils.
Si aucune instruction pareille
n’a été donnée au sujet du baptême, ni avant ni après le retour
du Seigneur dans la gloire du
Père, cela veut dire que la forme
extérieure 'était ici d’une importance tout à fait secondaire.
A Monsieur le Rédacteur du Témoin.
Monsieur et honoré frère,
La bienveillance avec laquelle vous
avez accueilli ma leilre du 28 Décembre
dernier, et rimparliafîlé qui vous distingue ^ me permettent crèspérer qufi^
2
^6
LK T0MO1W
VOUS voudrez bien encore insérer ces
lignes dans voire journal.
En prenant ma plume, et en pensant
aux trois articles sur le baptême publiés dans le Témoin, je m’aperçois
que je suis en face de trois frères qui,
tout en s’unissant pour combattre le
baptisme, ne paraissent guère d’accord
entre eux. Or, sachant qu'un quatrième
frère pédobaplisie pourrait encore exprimer une idée différente, je crois
devoir remarquer que ces divergences
contribuent peu à prouver que l’aspersion des nouveau-nés est évangélique, Mais je passe. •
Dans votre numéro du 19 Janvier
M' M. D. P. déclare que, d’après le
dictionnaire, bapUzein, signifie quelque fois arroser, asperger légêrèment.
A ceci je me contenterai de répondre
que, ayant consulté les lexiques français et anglais qui font autorité (ceux
d’Alexandre et de Liddell et Scott, et
même le Thésaurus d'Henri Eslienne ),
je n’y ai pas trouvé cette définition.
Mais je n'insiste pas davantage sur ceci,
puisque M'^ P, reconnaît que le vrai
sens du mot est immerger.
Ce frère affirme que Jean baptisait
par immersion, que Jésus fut immergé
dans le Jourdain, et que le baptême
représente « la mort au péché par la
disparition du baptisé sous l’eau * ;
après mioi il prétend que l’Eunuque
et les 3,000 de la Pentecôte furent
simplement aspergés. Les Apôtres, qui
avaient été immergés, auraient-ils donc
administré un baptême différent de
celui qu’ils avaient reçu ? Le Seigneur
qui leiu’ dit : allez ,,instruisez et baptisez, ne leur ordonne-t-il pas d’adrninistrer le baptême de la même manière qu’ils l’avaient reçu ? Prétendre
qu’ils ont aspergé, c’est dire qu’ils
ont désobéi à l’injonction du Maître
en introduisant, non une forme nouvelle du baptême, mais une cérémonie
qui n’était plus le baptême- car l’aspersion ne représente ni la régénération , ni l’ensevelissement ; elle fie
lave pas le corps ( Hébr. x, 22 ), et
le déluge ne peut guère lui être comparé ( 1 PiER. iii, 21 ). Mais me dirat-on, le mot baptizo signifie aussi asperger, et alors chacun a « la liberté
de faire usage de la forme que lui
parait la plus convenable ». Ni les dicr
lionnaires, ni les aulegrs profanes ne
nous aiiiorisent à croire que baptizo
ait jamais signifié asperger; mais si
l'assertion était vraie, il'faudrait admettre que Dieu a fait usage d’un mol
tellement équivoque, qu’au bout de
dix-huit siècles ses enfanls sont encore
incapables de savoir, d’une manière
certaine, s’il a commandé l’aspersion
ou l’immersion. Et, ce qui rendrait la
conduite de Düeu ipoins çqrapréhenr
sible encore, c’est que s’il eût voulu
ordonner l’aspersion, il avait à sa disposition des mois grecs qui ne signifient que cela. Or, Dieu ne saurait
être la cause de nos malentendus. —
En outre, si les Apôtres avaient aspergé
les premiers convertis, il est plus que
probable que leurs successeurs auraient continué à faire usage de celle
forme de baptême plus cornmode et
plus agréable. Cependant, durant les
douze premiers siècles du christianisme
l’immersion était pratiquée d’une manière générale, — Pour ce qui est des
« divers _ baptêmes » de Hébh. ix, 10,
il est évident que l’Apôtre ne taisait
pas allusion à des baptêmes chrétiens;
mais comme il le dit: à ces * céré» monies charnelles, qui n’avaient été
f> imposées que jusqu’au temps que
» tout cela devait être réformé ».
M" P. pense que l’Eunuque a pu
être baptisé par aspersion parce que,
dans Actes vni, 38 « Je verbe baplilein n’y est pas ». C’est une erreur
que ce frère a sans doule déjA reconnue; car il y a: r hai ebaptisén
auton D. Au reste, en Orient, nul
voyageur ne se met en marche sans
avoir sa gourde suspendue à sa ceinture, et il est certain qu’il y avait dans
le chariot d’un seigneur, et de l’eau,
et des vases pour boire. On se demande alors pourquoi Philippe et l’Eunuque quittèrent le chariot et descendirent tous les deux dans l’eau ( non
vers l’eau; car ici il est bien dit qu’ils
remontèrent hors de l’eau : ek toû
Miiaios}, quand ils auraient pu accomplir la cérémonie sans dérangement. A coup sfir, aucun frère pédobaptiste ne ferait cela de nos jours.
Est-il certain que, dans plusieurs
passages de l’Ecriture, baptizein ne
puisse être traduit aulremenl que par
asperger? E^saminons: Luc. ( xi, 38J
dit: « Le Pharisien s’étonna de ce....
» que Jésus ne s’était pas lavé (e6ap» tisihêj avant le dînér ». — iQuel
était donc ee lavage avant le repas?
Une aspeision ? — Non; car Marc
(vu, 31 dit: Les Juifs ne mangent
» point sans se laver les mains jus» qu’au coude ». Jésus avait donc négligé de se plonger, autrement dit de
se baptiser les mains jusqu’au coude.
Y a -t-il ici la moindre idée d’aspersion?
Evidemment non. Pour ce qui est du
passage Marc va, 4, où il est parlé
du baptême des lits, on en a par trop
abusé; car de quoi se composaient ces
lits de repos de l’Orient? De tout l’attirail dont les nôtres sont formés ?
Non: C’élaii une simple planehe inclinée qui servait loul à la fois de siège
et de couche , et sur laquelle étaient
un coussin et quelques peaux. Or,
quand ceo peaux et ce coussin étaient
souillés on les purifiait dans l’eau; car
la loi disait que tout objet « soit vêlement , soit peau , ou sac » devait
être « mis dans l’eau » (Lev. xi, 32;
XV, 17); et le docteur juif, Maïrnonides, explique que pour purifier les
coussins « il faut les plonger et les
soulever par les fVange,s ».
Lorsque « le baptême est pris pour
• le signe visible de la grâce invisible
» du S* Esprit, il signifie aspersion »,
parce que le baptême du S‘ Esprit eut
lieu par aspersion. Ainsi s’exprime
M‘‘ P. ; mais est-il exact de dire que
les enfanls de Dieu sont asp&-gés de
l’Esprit? Non; car l’Ecriture âtfirme
que les Apôtres « furent tous remplis
du S‘ Esprit » (Agt. ïx , 17). Ceux
sur qui Dieu répand son Esprit sont
régénérés, et le changement opéré en
eux est appelé « le bain ( loulroû) de
lu régénération » ( Tit. iii, 5); Saint
Pierre dit même que le déluge était
une figure de ce « baptême qui nous
sauve • (1 Pier. iii , 21). L’Esprit
est répandu sur les enfants de Dieu ,
non goutte à goutte, mais abondatnment; de telie sorte qu’ils en sont
remplis et pénétrés. C’est pom-quoi
Paul disait : « Nous avons tous été
» baptisés dans un même Esprit » (I
Cor. XII, 13); et Jean-Baplisle pouvait également dire : € Je vous bap
» lise dans l’eau..., mais..... Lui, il
» vous baptisera dans le St Esprit »
( Matt. m, 11). Puisque P. admet
que Jean immergeait, on ne peut prétendre que, dans l’idée du Précurseur,
le baptême de l’Esprit dont il parlait
devait être une simple aspersion, puisqu’il se sert du même mot pour désigner les deux baptêmes.
Mais ïpeul-oii raisonnablement sup
» poser que, dans une après-midi.........
» les A.pôlres aient pu baptiser par im» merslon 3,000 personnes? » Pourquoi pas? Plusieurs pasteurs anglais
et américains en ont immergé plus de
cent en moins d’une heure ; pourquoi
les Apôtres n’en auraient-ils pu immerger chacun 250 dans une aprèsmidi ? D’ailleurs, ceux qui avaient reçu
le S ■ Esprit étaient au nombre de 120.
Disons 100. Esl-ce que chacun de ces
cent disciples ne pouvait pas, soit dans
les divers réservoirs de la ville ( Jeas.
V, 2; IX, 7), soit même dans le Cédron, baplires 30 personnes dao.s une
après-midi ? N'imitons pas M' WoliT
en créant des difficultés qui n’en sont
pas. Un grand prédicateur pédobaplisie
disait: A quoi bon nous l’aire inquisiteurs, et à quoi nous servira-t-H de
mettre baptizo sur le chevalet cl de le
torturer jusqu’à ce ijue nous lui arrachions une signification nouvelle ?
— Notre Maître s’est humilié jusqu'à
descendre dans le Jourdain pour y être
iminergé. Or, quelles que soieni nos
raisons, ne cherchons pas à éviter ce
à quoi il s’est soumis; nous ne perdrons rien à nous humilier comme lui
et à marcher sur ses (races.
Quelques lignes sur l’article anonyme du même numéro ùa Témoin.
L’auteur a élevé la question. Le baptême , dit-il, est le signe de l’inlrodnclion dans l’Eglise; il nous place
spus la bannière de Christ mort pour
nos péchés et ressuscité pour notre
justification. Or, quels sont ceux dont
les péchés sont eti'acés par le sang de
Gbfist ? Ce sont les pécheurs qui, ayant
reconnu leur état, ont eu recours au
Sauveur. C’est donc à ceux-là qu’il
convient de recevoir le signe de leur
admission dans l’alliance de grêce. Cependant, l’aufeur de l’ai licle croit qu’on
doit baptiser les enfants. Que signifie
3
LK TEMOJiN
27
donc le baptême lot'&qu’ir est administré à nn innocent petit être qui n’a
jamais commis de péchés? « Il le place,
nous dit-on, au bénéfice du salut par
la grâce », Bien ; mais est-ce que les
enfants, qui meurent sans baptême et
sans avoir élé placés au bénéfice du
saint, sont damnés ? Poser la question,
c’est la résoudre. Si donc mes enfants
non-baptisés sont, en cas de mort,
sauvés comme les autres , c'est que ,
même sans baptême, ils sont placés
an bénéfice du salut. Donc, le baptême,
ne communiquant aucune grâce à l’enfant, lui est inutile.
Si, dans le baptême, l’enfant ne reçoit aucune grâce immédiate, cette cérémonie le disposerait-elle à rechercher
Dieu dans un âge plus avancé? Non;
car je ne sache pas que les enfants
des pédobaptisles soient meilleurs ou
se convertissent plus tôt que ceux des
baplisles. Ce ne sont pas les quelques
gouttes d’eau que l’on administre à
l’enfant qui peuvent amener sa conversion; mais bien les prières par lesquelles ses parents appellent sur lui
les grâces de Celui qui prenait plaisir
à bénir les petits enfants, mais qui ne
les baptisait pas. Le privilège des enfants des chrétiens, c’est, non de recevoir le baptême , mais d’être nés
« dans ce milieu où l’Evangile est conservé dans sa pureté ». J’ajouterai
même que, s’il y a une différence entre
l'enfant baptisé êl celui qui ne l'est
pas, elle est à l’avantage de ce dernier;
car ses parents ne lui disent jamais:
Tu as été ¡introduit dans l’Eglise par
le baptême, lu as élé placé au bénéfiee du salut, on t’a fait chrétien à la
naissance; et, de cette manière, l’enfant comprend qu’il n’y a de chrétiens
que ceux qui « ont embrassé le Seigneur Jésus dans leur cœur, » et il
n’est pas exposé au danger que courent
tant d’en/ants qui paraissent satisfaits
du baptême par lequel on les a faits
chrétiens à leur insu. L’Ecriture ne
reconnaît qu’une sorte de chrétiens,
savoir ceux qui sont régénérés et nés
de nouveau. Au reste, elle n’ordonne
nulle part de baptiser les nouveau nés,
et, quoi qu’on en dise, il n’y a pas
un seul passage qui dise que les Apôtres
ont baptisé des enfants. Paul et Silas
baptisèrent bien le geôlier de Philifipes
« et tous les siens; • mais ils avaient
auparavant annoncé la parole « à tous
ceux qui étaient dans la maison , » de
sorte que le geôlier put se réjouir « de
ce qu’il avait cru en Dieu, avec toute
sa famille ». Or, des enfants au berceau ne peuvent pas croire, et on ne
leur annonce pas la Parole de Dieu.
Quant à Ly.die, il ne nous est même
pas dit qu’elle ail jamais été mariée.
Agréez, Monsier le Rédacteur, mes
fraternelles salutations, et croyez-moi
Votre bien dévoué
H. Andru.
Examen ife ia répense
de M. kain pasteni* à Earis
Je remercie la HédacHon du Témoin
d’avoir accueilli dans son n° 1 de celle
année, la réponse de M. Andru à mon
article intitulé: De la forme du baptême
au siècle apostolique, iiiséi é dans les
numéros 50 et 5i de l’année dernière.
La force de mes arguments aurait été
moins sentie et moins appréciée , si
elle n’avait mis en émoi les baplisles
de Paris, et je puis ajouter ceux de
Lyon. M. Andru, en particulier, a été
étonné, il a trouvé mes déclarations
par trop étranges pour ne pas être signalées. 11 lui a sans doute paru que
d’autres personnes ne sauraient comme
lui en mesurer la portée, ni m’opposer
des argnments pareils aux siens. Le
rapide examen que j’en vais faire
aidera à les apprécier. Mais auparavant
j’ai quelques mois à dire sur l’article
relatif au même sujet signé M. D. P.
inséré au n° 3 du Témoin.
L’auteur M. D. P. semble vouloir
me donner raison en partie , et en
partie à M. Andru. Il appuyé tour à
tour l’immersion et l’aspersion ; mais
il est plus heureux pour cette dernière,
à l'appui de laquelle seule il donne
un argument bien fondé. 11 est tiré
du rapprochement si souvent présenté
par l’Ecriture entre le baptême d’eau
et le baptême du Saint Esprit, qui a
inconleslablemenl lieu par aspersion.
Ses autres arguments sont d’une
singulière ifaiblesse. D’abord il recourt
au dictionnaire pour fixer le sens de
baptizó, comme si le dictionnaire avait
3uelque autorité intrinsèque, en dehors
e celle qu’il lire de l’usage des auteurs.
Or, dans le cas actuel, ces auteurs
sont des juifs d’une époque déterminée,
et l’ouvrage le plus important à consulter outre le Nouveau Teslamenl,
est la Version des septante. —11 recourt
à une valeur loul-à-fait imaginaire
du radical bapl. — Il affirme que polla
udata signifie beaucoup d'eau (Jean
III, 23), ce qui n’est pas la même
chose que beaucoup d’eau ou des eaux
nombreuses, comme il y a dans le
texte. (4) — 11 n’a pas l’air de se
donler que Jean-Baptiste avait d’autres
motifs que la masse d’eau pour baptiser au Jourdain. — 11 admet qu’il
n’y a dans Rom. vî, 4, Col. ii, 12 qu’un
plongeon dans l’eau, dont l’enlrée représente la mort au péché et dont la
sortie exprime une nouvelle naissance.
Or, celle théorie du baptême d’eau ,
basée sur ces seuls versets fort mal
interprétés, ne s’accorde nullement avec
la marche progressive de la sanclificalion. ■— Il croit me mettre en contradiction avec Burnier au sujet {du
baplême de l’eunuque; mais la flaque
d’eau telle qiie je la décris à celle
(1) La racine hébraïque du mot Enon signifie sources, ce qui confirme la version: des
eava, iiomireuses,
occasion , suppose nécessairement un
filet d’eau courante, car il s’agit d’une
flaque ayant de l’eau {claire et non
d’une mare. D’ailleurs la traduction
de ce passage (Act. viii, 33) proposée
par M. D. P. en conformité de son
point de vue, ne convient pas à la
préposition ek. — Quant à l’argument
tiré de ce que Martin et Oslervald traduisent loutron par baptême dans Titjg
ni, 5 et Ephes. v, 26, quoiqu’il soit
en apparence en faveur de ma thèse,
je ne raccepte pas, ce serait me rendre
complice de leurs bévues.
Je passe maintenant à l’examen des
objections de M. Andru.
1° Il m’attribue ces mots sur l’immersion: Elle a le défaut de ne pas
convenir à tous les climats. J’ai dit
qu’elle ne pouvait « convenir dans
toutes les circonstances de santé, d’âge
et de climat. » 11 passe sous silence
la santé et l’âge, sans doute [par le
motif qu’il énonce en lerminanl, c’est
que là même où prévalut l’immersion,
on baptisa par aspersion les malades.
— Quant au climat, il n’essaye pas
de disculper l’immersion, il prétend
seulement que la même objection peut
se faire à régard de la Sainte Cène,
pour les habitants du Groenland et
du Spitzberg, où le pain et le vin sont
à un prix fabuleux. Ces reinseignements
sont apparemment copiés de quelque
brochure baptisle, si non M. Andru
se serait rappelé que le Spilberg est
inhabité, et que les Danois envoient
chaque année au Groenland des vaisseaux bien approvisionnés.
2° J’ai dit que le baplême est un
lavage, et M. Andru y consent ; mais
j’ai ajouté que l’immersion ne l’est
pas, et là dessus, il demande si l’aspersion l’est davantage. Or, je n’hésite
pas à répondre aifirmalivement. La
puissance de l’aspersion , comme lavage, est même passée en proverbe;
car l’on dit de la goutte d’eau qui
tombe qu’elle creuse la pierre. H dit
encore que l’on mouille, que l’on fait
tremper le linge pour le laver. On
m’excusera de rappeler un argument
aussi nul; car il servira à juger l’embarras de ceux qui en ont besoin. En
effet, mouiller est autre chose qu’immerger, et ni mouiller ni faire tremper
ne constituent le lavage. Le lessivage
du.linge n’est pas non plus le faire
tromper, c’est le faire traverser par
un courant d’eau ou de vapeur. Chacun sait que dans le premier cas ,
après avoir mis dans un cuvier d’abord le linge puis une couche de cendres, on verse dessus de l’eau que l’on
soutire ensuite pouf la verser de nouveau dans le cuvier à une température
laiil soit peu plus élevée. Où est donc
l’immersion que M. Andru attribue si
plaisamment aux blanchisseuses comme
méthode simple et économique?
3° Quant à l’indécence du baplême
par immersion, il s’en défend en disant
qu’elle se trouve aussi dans la circoncision qui est d’institution divine.
Mais iL oublie d’observer une différence
4
^8
LE
essentielle, c’est |que la circoncision
se faisait en famille, et non au temple,
comme ou le, voit dans Luc. i, 57-60.
4.“ « Il est avéré, dit M. Andru, que
la préposition apo avec le génitif (sicJ
ne signifie nulle part auprès de. b Je
ne sais pourquoi il ajoute les mots
avec le génitif la préposition apo ne
se joignant qu’à ce seul cas. C’est une
distraction sans doute. C’en e.st une
autre de m’attribuer la version auprès
de, à moins que ce soit une faute d unpression; car, j’ai traduit par depuis
ou d'auprès de indiquant un mouvement
ou une situation d’éloignement, et j’ai
eu soin de justifier ma traduction.
11 ajoute que « les lexicographes sont
tous d’accord pour affirmer que la
préposition apo signifie de avec une
idée de séparation ou d’exlraclion »,
Il parait qu’il tient beaucoup à confondre les prépositions apo et ek dont
j’ai indiqué la différence. Les exemples
que j’ai cités, outre cela, pour montrer
la valeur de apo dans le cas en question sont plus concluants que les dictionnaires s’ils étaient vraiment contre
moi.
5° Andru a compi’is par la flaque
dont je parle un amas d’eau boueuse,
une petite mare, comme il y en a
abondamment à Paris. Or, la flaque
que j’ai décrite est tout autre chose.
6° Sur l’enseyelissement avec Christ
de Rom. vi, 4, il né conteste pas que,
dans les premiers siècles de l'ère clirétienne^, ce mol d'ensevelissement signifiait l’ensemble des cérémonies funèbres
dont renterremenl ne faisait nullement
partie. 11 se borne à affirmer que
ensevelir c’est cacher aux yeux des
vivants. Cette définition loin à fait
erronée est de l’invention des baplisles
qui se sont ainsi ci’éés un embarras
pour échapper à un autre.
il ajoute sur ce même verset que le
baptême d’eau est la figure, le signe
extérieur, le symbole de la régénei'ation, de la purification , de la mort
au nionde, de la mort avec Clirisl, et
de l’ensevelissemenl avec Chrisl. — Ne
voulant pas sortir des limites de mon
.sujet pour examiner si ces formules
conviennent toutes au baptême d’eau,
je me bornerai à remarquei', que ce
n’est que dans Rom. vi, 4, et Col. ii, 12
que les baplisles ont prétendu voir que
ce baptême est le symbole de la mort
et de l’ensevelissement du chrétien
avec Christ. Or,'ces deux passages ne
font allusion qu’à la mort du péché
réelle et persistante chez le chrétien,
et non à une mort symbolique. Il suffit
pour s’en assurer de relire tout le passage Rom. 6 verset 1 à 11. Or, le
bapleme qui produit celte mort réelle
du péché en nous, c'est celui du Saint
Esprit; voyez fioM. vin, 13,1 Cor. XII, 13,
1 Pierre iii, 21, Ephes. iv, 5. 'foute
l’argunienlalion et les déductions des
baplistes sur les deux passages Rom.
VI, à. Col. ji, 12, portent donc à faux.
7” M' Andru affirme que jamais les
auteurs n’ont employé baptizo dan.s le
sens d’asperger. C’est une distraction
de sa part; j’ai donné une preuve du
contraire qui a même l’avantage d’être
tirée des Septante ( voir ma citation
de Ecclesiastiques 34, 30 ). A cette
preuve j’en ajouterai une autre: c’est
Sue S* Paul appelle baptêmes dans
EB. nx, 10, les mêmes purifications
par l’eau qui sont au nombre des «spersions désignées dans Heb. ix,13, 19
x,22. Une autre est celle remarquée
ci-dessus dans l’article de D. P.,
qui l’a tirée du rapproclieraent si fréquent dans l’Ecrilure entre le baptême
d’eau et le baptême du S* Esprit, dont
la forme est sains contredit celle de
l’aspersion.
8® M'' Androu dit : « L’écrivain du
Témoin reconnaît avec M'" Wolf qu'à
l’époque de TertuUien, c’est-à-dire vers
204, on ne connaissait pas d’autre baptême que l’immersion b. M'' Andru
croit donc les lecteurs du Témoin aussi
distraits que lui-même pour se permeure des citations aussi inexactes.
’Voici ce que j’ai dit: « Wolf ayant lu
l’ouvrage de Clément et recueilli divers
rnalériaiix, ne vit d’autre baptême au
siècle apostolique que celui par aspersion, et iJ montre dans les écrits de
Terlullien, au commencement du 3'"*
siècle, la première sotirce du baptisme »,
àP Andru, voulant montrer combien
est antique la pratique du baptême
par immersion , cite l’epître dite de
Barnabas, le compagnon d’œuvre de
l’apôtre Paul. Mais celte épîlre qui est
un mélange dejphilosopbie alexandrine;
de judîusme et de christianisme, manque comptèlenienl d’authenticité >.j et
c’est, selon rhistorienj Milner, faire un
grand toil à Barnabas que de toUai
attribuer. Il cite encore Justin, Martyr
et Irénée dont les écrits, surtout ceux
du dernier , sont suspects d'avoir été
allei'és, de sorte que leur témoignage
ne peut inspirer de confiance. D’ailleui’s
■Tustin ne parle que de lavage et. d’ablution , et nullement d’immersion
(voir sa l™ Apologie des chrétiens);
quant à Irénée il serait oiseux ici
ii'en vérifier les citations.
Il est donc prouvé, je le répète,
que le baptême n’a pas été pratiqué
par immei'.sion au siede apostolique,
et que toute affirmation coniraire doit
être effacée de nos caléciiisines.
E. Peyrot.
Le Baplême chrétien eslii !e même
que celui de Jean
Beaucoup de gens affirment que le
Baptême chrétien n’est pas le même
que celui de Jean. (V. Témoin année
1876, p. 206 et 1877 p. 16). Mais
cela ne vient pas même à l’esprit de
quiconque lit son N. T. uniquement
dans le but de s’instruire et s’édifier.
Il vaut la peine de s’en assurer.
Nous voyons dans Marc chap. pf,
Math, et cbap. m™« que Jean fils
de Zacharie reçoit la mission spéciale
de préparer le chemin du Seigneur,
c’est-à-dire d’annoncer la venue prochaine du règne du Chrisl, et d’indiquer en même temps quelles étaient
les dispositions requises pour avoir
part aux bienfaits de ce règne: Convertissez-vous, car le royaume des deux
approche; telle est' la substance de sa
prédication.
Mais à côté de cela, Jean bapUsaU
tous ceux qui allaient à lui et mif
confessaient leurs péchés. — Or, quelle
était la signification de son baptême?
I! servait à représenter d’une manière
plus sensible la même idée qui forniait
le .sujet principal de sa prédication.
Et comme il prêchait la doctrine de
la repentance ou de la conversion,
doctrine qui consiste, avant tout, dans
le sentiment du péché et le besoin du
pardon, le baptême qu’il administrait,
était à la fois un baptême en vue de
la repentance (eis metanoian Math, xxx,
11), et un baptême de repentance pour
obtenir la rémission des péchés, Luc. iir,
V. 3, et Marc, i, v. 4). En d’autres
termes, le baptême de Jean était un
acte symbolique destiné à représenter
deux grâces égaleme'nl nécessaii'es à
l’homme; le pardon des péchés et (a
conversion.
Cela ne voulait pas dire que tous
ceux qui recevaient son baptême possédassent déjà ces deux grâces, mats
qu’ils devaient les po-cséder un jour
s^ils voulaient entrer dans le royaume
des Cieux. C’est là le sens du mot eis
qui indique un résultat à obtenir, résultat que Chrisl seul pouvait [vrocurer
en bapti.sanl de St Esprit et de feu.
D'où il résulte que le baptême de Jean
est l’institution ües appelés, c’est-à-dire
de tous ceux qui entendant prêcher
l’Evangile, désirent avoir part à ses
bienfaiis.
El ici remarquons que Jean n’institue pas-le baptême, mais il est simplement dit que Jean baptisait tous
ceux qui accouraient à lui, exactement
comme s’il s’élail agi d’une cérémonie
depuis longtemps en usage parmi le
peuple. El qu’elle fût réellement déjà
en usage, cela se voit dans Marc vk,
v„ 2, 8, où ii est dit que les juif»
s’appuyaient pour cela sur la tradition.
Nous avons môme lu quelque part
qu’une telle cérémonie était de tonie
rigueur à l’égard de tout prosélyte qui
demandait à être reçu dans la communauté juive. Et bien que dans Marc
VII, n. 7, J. G. ait soin de déclarer
qu’il ne s’agit en cela que d’un commandement d'hommes, nous ne pouvons nous empêcher de croire que
cette ancienne cérémonie basée, il va
sans dire, sur les nombreuses ablutions du culte juif (Hëbr. ix, v. 10
et Jn. Il, V. 6) n’ait puissamment contribué à i’instiluiion du baptême lel
qu’on te voit établi au temps de notre
Seigneur. Il n’y avait pour cela qu’à
lui donner une direction nouvelle, en
5
TEMOIN
20
la dépouillani, de loules les idées grossières et superstitieuses que les juifs
y avaient peu-à-peu ajoutées, et qu’à
la faire servir désorrnais uniquement
pour exprimer le sens spécial que nous
venons d’indiquer.
On ne peut pas davantage prouver
que J, G. ait lui-même institué un
baptême différent de celui-là, car il
se rend, au début de son ministère,
auprès de Jean pour recevoir, lui
aussi, le même acte symbolique que
celui-ci adcomnlissait à l’égard de gens
appelés race de vipères.
Ce n’élail certes pas pour indiquer
que celui qui s’appelait le Saint et le
Juste eût besoin de repentance et de
pardon , cela est trop évident ; mais
comme il était le représentant de l’humanilé pécneresse il fallait qu’il accomplît toute justice et qu’il fût ainsi
manifesté à Israël comme le Sauveur
du monde! Mais il y a plus: pourquoi
les juifs envoient-ils auprès de Jean
des sacrificateurs et des Levites pour
lui adresser celte question solennelle:
pourquoi baptises-ta, si tu n’es pas
Christ? (Jean i, v. 25). N'est-ce pas
pour indiquer que le baptême devait
être aux yeux des juifs, le rite d’initiation du règne Messianique? Aussi
voyons nous que non seulement Jean
baptise par ordre divin (Luc. xx> v. 4)
mais J. G. lui même aussi baptise
(Jean ni, v. 22) ou bien il fait allusion à Cette cérémonie quand ¡1 parle
de la régénération (Jean ni, v. 5), et
s’il ne baptise pa.s, ses disciples le font
à sa place (Jean iv, v. 1-2). L’on ne
peut pas dire qu’il soit ici question
du baptême du Saint Esprit, ni que ce
baptêrrte soit ditiérent ou ail une signification différente de celui qu’il ordonne
à ses Apôtres d’administrer après sou
ascension. Et la preuve c’est que avant !
de baptiser, le jour de la Pentecôte,
les trois mille personnes qui, touchées
de componction en leur cœur s’écrièrent: que ferons-nous? Pierre leur dit
aussi: Converlissez-voui et que chacun
de vous soit baptisé au mm de J: C.
pour^ {eis en vue de) obtenir la rémission de vos péchés (Actes ii, v. S8).
G’esl donc a tort, .selon nous, que l’on
.con.sidère les paroles de Math.■ xxviii,
V. 19 et Marc, xvi, n. IB, comme indiquant le moment où le baptême
chrétien fut institué par L G. lui même,
et comme si celui-ci n’élail pas le
même que celui de Jean. — Mais
asstü pour le moment; une autre fois,
s’il plaît au Seigneur, nous verronsplus, exactement le sens de ces deux
passages, et peut-être aussi verronsnous ce qui__a pu donner lieu à la
méprise. En* terminant., derpandonsnous si le baptême d’eau que nous
avons reçu, est bien pour_ nous le
symbole de notre conversion et du
pardon de nos péchés. Et si nous
n’avons pas encore iv.çn du Seigneur
ces deux grâces importantes, si indispensables pour notre salut, ne nous
donnons point de repos jusqu’à ce que
nous les ayons obtenues. Autrement
notre baptême ne servira qn’â notre
plus grande condamnation.
Votre lout dévoué
M. D. P.
U SECONDE COPtFÊREI\Cfi
des Paraisses (iu Val Pélis
La seconde conférence libre des paroi.sses du Val Pélis, a eu lien à la
Tour, le 29 janvier. Il s’agissait de
traiter la question de l’admission des
catéchumènes dans l’Eglise; question
bien délicate et bien dilïicile à résoudre en pratique. L’ab.sence louL-à-fail
involontaire du membre chargé de la
traiter par écrit, nous ramena encore
à celle des catéchumènes.
Il y a bien un quart de siècle que
soit dans nos Synodes, soit dans nos
journaux l’on se préoccupe très souvent de l’élal de nos euléclinmènes.
L’on a abandonné le catéchisme d’Oslerwald , peut-être un peu trop à la
hâte, puisqu’il est maintenant encore
1res regretté. Mais plusieurs peivsonnes
se sont fait un devoir de nous donner
un autre catéchisme. Bit notre église
peut se féliciter d’avoir an moins six
publications de ce genre, portant toutes
une profonde empreinte évangélique.
De sorte que sous ce rapport, il y a
eii^ vraiment une Jalousie heureuse
t jalousie de Dieu j. Cependant, aucun d’eux, surtout en fait de simpliicité, n’a encore répondu aux besoins
;de nos diEférenlesbparoiéses ; ¡'ot jus^
qii’ici aucun choix définitif nV encore
été fait. — Le changement de catéchisme, les articles de Synode, un
règlement qui combat les admissions
on masse et à époques fixes, en demandant dè ceux qui veiilénl être
admis comme membres de l’église,
qu’ils soient généralement connus '
pour avoir une conduite et des sentiments conformes à l’Evangile et qii’éxaminés individuelicmenl par le Consistoire , ils aient fait preuve d’une
¡nslruclion religieuse sulfisante, n’onl
point encore banni d’au milieu de nous
l’ignorance des docii'ines évangéliques,
n’onl point procuré un plus grand déyeloppemenl, ni donné plus do sérieux
à nos catéclmmènes.
La force de l’habitude l’a emporté
sur presque loiile ta ligne. Sans remellre sous vos yeux tout ce qui a été
dit à ce sujet ét surtout le sombre
labteau du rapport de la Table, et du
Synode de 1872, rappelons que le Synode de 1875 signale parmi les causes
du petit nombre des communiants *une
inslriiclion religieu.se hâtive et incomplète , les admissions en masse et à
époques fixes » et il recommande par
conséquent d’agir sur la jeunesse et
sur l’enfance, de prendre un soin parlicnlier des caléchumènes.
Toutes les plaintes qui se sont faites
entendre en Synode ou ailleurs, et
toutes les recommandations qui s’en
sont suivies, n’onl pourtant pas été
loul-à-fait vaines. Plus d’un de nos
pasteurs, s’e"sl sérieusement occupé de
rinslrnclion religieuse, preuve en soient
les nombreux catéchismes qui ont été
publiés. Et ceux qui n’ont pas publié
de catéchismes, n’ont pas été oisifs,
non plus. Mais malgré tontes les publications et toutes les préoccupations
à cel. endroit, le fait est que celle
question s’impose encore toujours â
nos consciences, que nous ne pouvons
nous ari'êler au point où nous en sommes, qu il nous faut obtenir quelque
chose de mieux. C’est bien pour cela
que le premier sujet à traiter dans
nos conférences, qui s’est présenté â
nous, a été celui des catéchumènes.
Dieu veuille que nos entretiens ne
soient point des paroles jetées an vent,
niais qu’ils aient nn effet réel pour
l avancement de i’tnsli'uclion religieuse.
Pour en venir à la discussion qui
a eu lieu dans notre conférence, après
la lecture du travail qui avait déjà
été présenté à celle de Hora, l’on posa
d’abord la qiieslion: Comment combattre avec efficace l’ignorance de nos
catéchumènes ? — L'on commença par
échanger quelques vues sur le catéchisme ou sur la méthode à suivre
dans renseignement à donnei' aux catéchumènes, mais nous nous aperçûmes bientôt qu’il fallait remonter plus
haut poni' retrouver la source du mai
et le remède.
Ce qui nous manque, c’est la connaissance de la Bible, il nous .faut
donc l’étudier, la lire et la faire lire.
* Il nous faut ramener l’Evangile à la
maison ». Il y a dans nos paroisses
des anciens , des personnes pieuses .
les uns^ et les autres doivent s’employer à encoui'ager la lecture de la
Bible. Foi'inons des classes bibliqne.s
où quelques personnes lisent la Bible
ensemble , des sociétés de lecteurs
de la Bible qui aillent la lire dans
les familles. .Mais évitons, dit quelqu’un , d’apporter dans celle lecture
un visage sombre et triste, d’êire ennuyeux pai' notre longueur, d'avoir un
(on gi'ondenr, lisons la Bible avec
onction, avec grâce et avec joie, de
manière que notre visite soit agréable
et puisse se répéter avec fruit. L’un
propose pour te culte de famille, une
publication inlituiée: L’année bîhiique,
qui a pour chaque jour de i’mmée ,
une portion de I Ecriture, une courte
méditation et une prière, et dont le
prix est modique. Les premières beiires
du jour, dit un autre, devraient être
employées à la lecture de la Bible et
au culte. L’Eglise primitive nous en
donne l’exemple, et même maintenant
I eglise l'omaine ouvre ses temples â
I aube et beaucoup de personnes s’y
reudent pour leurs dévotions.
La Bible elle-même nous fournil plu
sieurs exemples de personnes se levant
de bon malin, pour la prière et pour
la prédication de la parole de Dieu :
Voir Ex. 30, 7. — i, Chhon. 23, 30.
6
30
TEMOIN
— Jêb. 7, 25. — 25, 3, 4. — Job.
1, 5. — Ps. 5, 3, 4. — Ps. 55, 47,
48. — Marc. 1, 34 etc.
11 serait certes à désirer que partout
où l’on est à même de réunir quelques
personnes pour un culte du matin,
cela se fît. El c’est regrettable que nos
temples ne s’ouvrent que le Dimanche.
— fl est surtout de toute nécessité
que chaque enfant de Dieu, s’engage
sérieusement devant Dieu , à lire "la
Bible, à apporter l’Evangile à beaucoup
d’âmes qui s’égarent. Elles ont souvent
des préjugés contre les pasteurs, et
elles se laisseront aborder plus facilement par des personnes qui n’ont pas
un caractère officiel. Ne nous débarrassons pas trop facilement de notre
responsabilité, s’il y en a qui se perdent , nous sommes prompts à nous
excuser en disant: Us ne sont pas venus
vers nous. Ne nous faudrait-il pas plutôt, nous demander: Avons-nous été
vers eux ?
Après avoir beaucoup insisté sur le
devoir que nous avons de chercher
tous les moyens d’amener nos gens à
lire la Bible, il semblait que nous aurions pu en venir à la question du
catéchisme proprement dit. Mais deux
membres de notre conférence, qui
n’avaient pu se trouver au milieu de
nous dans la matinée, nous ramenèrent
sans le vouloir et sans le savoir, au
.sujet qui nous avait déjà occupés. L’on
venait à peine de dire qu’il nous faut
un catéchisme mais un catéchisme qui
puisse nous seryir, et que le catéchiste
doit avoir à sa disposition trois moyens:
4) simplicité; 2) simplicité; 3) simplicité; c^est-à-dire qu’il doit savoir bien
sa leçon pour l’enseigner, que nous
entendions affirmer d’un autre côté
que le catéchisme doit être abandonné.
Et voici la méthode qui nous est proposée: Dans renseignement religieux,
nous devons tenir compte du résumé,
de l’idée précise, du sommaire ou de
l’abrégé et de la chose à résumer.
Etudier le résumé avant la chose à
résumer, c’est mettre le char avant les
bœufs. Nous devons demander d’abord,
une connaissance ample de la Bible,
et ensuite nous pouvons résumer,
donner ou chercher l’idée claire que
l’on loge dans l’esprit puis dans le
cœur, et quelque fois dans le cœur et
ensuite dans l’esprit. Les deux choses
peuvent se faire l’une après l'autre
immédiatement. L’on étudie le sujet,
et ensuite on le résume, tout comme
l’on fait d’abord l’épée puis la pointe.
La première élude est la plus essentielle. Je suppose un Vaudois, connaissant une séné dé vérités, apprises 0ar
cœur dans un catéchisme, on pourra
dire de lui, qu’il a un chapelet de
doctrinès, mais il ne sera pas un chrétien bien nourri. Le chrétien bien
nourri est celui en qui habite abondamment la parole de Christ, Le récit
de l’eunuque elhiopien, peut nous
mettre sur la bonne voie. Ce puissant
Seigneur, lisait le prophète Esaïe, et
Philippe, sur l’ordre de l’Esprit,, s’ap
prochant, lui dit: Comprends tu bien
ce que tu lis ? — Voilà une question
que chacun de nous doit se poser, ou
qui doit nous être adressée. Du moment que nous comprenons ce que
nous avons lu, nous avons notre dogme,
c’est-à-dire, un principe qui doit être
l’objet de notre croyance et bous indiquer le chemin à suivre. Nos dogmes,
devant nous venir directement de laBible, il nous faut acquérir une ample
connaissance de celle-ci. — Je ne donnerais pas un sou d’un précis historique, pour arriver aussi vile que possible, car ce sont les histoires bibliques
qui nous nourrissent. H n’est pas du
tout convenable ni avantageux , de se
hâter, pour en avoir vile fini avec elles;
il est, au contraire, de toute utilité,
de faire un long séjour dans ces belles
histoires de l’Ancien et du Nouveau
Testament. Il nous, serait avantageux
d’avoir des écoles du dimanche où l’on
s’occupât seulement de lire ou de raconter les récits bibliques. Il y a des
enfants qui racontent si bien , qu’on
croirait y être. Et à mesure que la
lecture ou le récit avance, il est naturel de demander: Qu’as-tu lu? Astu bien compris ?
Actuellement, par le manque de la
connaissance, en quelque sorte rnatérielle de la Bible, nos écoles du dimanche sont en l’air, nos catéchismes
sont en l’air.
Plusieurs personnes parlèrent encore
sur ce sujet. I/une nous dit, que. deux
leçons par semaine d’instruction religieuse ne sont pas suffisantes pour
acquérir une connaissance quelque peu
étendue et profonde de laj Bible, qu’il
nous en faut un plus grand nombre
et nous lever matin. Une autre vint
à l’appui de ceci, en citant plusieurs
localités où il y a des prédications le
malin de très bonne heure et nous
proposa une lecture, suivie de la Bible
et de manière à rapprocher tous les
passages qui se rapportent au même
sujet, nous disant que la lecture de la
Bible dans les familles sert de base
aux écoles du dimanche, aux catéchismes , et aux écoles de quartier, aux
écoles paroissiales, à l’Ecole Normale
et au Collège.
Nous avons dans notre histoire,
une foule de témoignages, que dans
le passé, les connaissances bibliques
étaient plus fortes. Chez nos ancêtres,
l’élude de la Bible en famille était un
besoin, comme l’est maintenant l’école
du dimanche aux Etats-Unis, desquels
l’on dit à ce propos: S’il y a un enfant tout seul, dans une forêt il fait
également l’école du dimanche. Que
ce besoin se fasse de nouveau sentir !
Divisons et subdivisons nos écoles du
dimanche, car l’enseignement religieux
a besoin d’être individuel autant que
possible. Que nos frères chrétiens s’emploient à diriger des classes bibliques,
où Ton s’occuperait essentiellement à
lire b Bible. On raconte que Félix
Neff faisait un trajetde plusieurs heures
pour trouver un berger auquel il en
seignait à lire. Il ne trouvait pas que
ce fût trop de dérangement. Et nous,
sans faire beaucoup de chemin, nous
pouvons trouver autour de nous des
grandes personnes, des enfants en bon
nombre avec qui nous devons lire la
Bible.
Prenons tous une part active au
développement de l’Eglise.
En suite de cet entretien. Ton formula ce qui suit:
La conférence constatant que l’instruction religieuse soit des écoles du
dimanche, soit du catéchisme, manque
de sa base naturelle qui est la connaissance de la Bible, invite les membres de la conférence à chercher pour
leurs paroisses respectives, tous les
moyens possibles d’amener les familles
à lire la Bible.d’une manière régulière
et intelligente.
C’est là une œuvre à lamielle nous
devons employer toutes les forces dont
nous pouvons disposer.
Mais en attendant, si nous Voulons
donner une idée d’ensemble des doctrines chrétiennes à nos catéchumènes,
nous devons employer un catéchisme
et suivre la méthode irrationnelle de
faire apprendre le résumé avant lachose à résumer. La grande difficulté, c’est que nous n’avons pas encore un catéchisme assez simple, qui
soit à la portée de nos enfants. El
encore pour les plus arriérés, ne vaudrait-il pas mieux leur faire apprendre
tout simplement une portion de l’Ecriture, comme le chap. xv de S* Luc
ou tel autre où la doctrine chrétienne
est, pour ainsi dire,^cpncentrée sous un
cachet divin et toujours vivifiant ?
Ce sont les commandements de TEternel, qui donnent la sagesse aux
simples, qui réjouissent le cœur, quf
rendent sage à salut. Dans la guerre
de 1870-71. les chapelains militaires
eurent lieu d’observer, que beaucoup
de soldats étaient consoles et fortifiés
par des paroles de l’Ecriture, apprises
par cœur.
Ryle, dans son traité: «Commentdoiton élever un enfant », dit aux parents:
Inquiétez-vous moins de savoir vosenfants forts sur le catéchisme que
puissants dans les Ecritures. C’est le
genre d’éducation, croyez-moi, que
Dieu bénira.
La prochaine conférence est fixée
pour S‘ Jean, dans la seconde moitié
d’Avril. M' Selli, est chargé de traiter
par écrit le sujet suivant: De la libéralité chrétienne. Et M. Antoine Gay
est chargé de présenter un rapport sur
le choix à faire d’un catéchisme.
Le soir, il y eut à S‘® Marguerite,
une réunion, où, la, lecture et Télude
de la Bible, firent le sujet des différentes exhortations adréssées à l’assemblée.
Rora, 5 février.
7
TEMOIN
J* r.-'WV/Ni^r'yv
Si
©orreeponïsancc
Castiglione delle Sliviefe, 5 févrip.r 1877,
Très honoré Monsieur le Directeur,
Si la lettre de M. lletiri Pascal que
vous venez de publier dans le Témoin
a été lue avec plaisir par tous ceux
3ui ont à cœur le progrès du règne
e Dieu au sein de notre patrie, certes
elle a été doublement intéressante pour
le public vaudois à qui elle s’adressait
d’une manière toute spéciale; nu! doute
à cet égard.
Ainsi que l’honorable auteur de celte
correspondance semble le craindre, je
crois aussi -que plus d’un lecteur aux
Vallées aura pensé; « Cinq nouveaux
admis? — Pour une ville considérable
comme Siracuse c’est bien peu; espérons toujours, mais ce succès correspond-il à nos sacrifices, à nos travaux?
Décidément les brillants résultats sur
les quels nous comptions se font bien
attendre. » On a des doutes sur l’utilité de notre œuvre d’Evangélisation
et ces doutes nous attristent. Inutile
de dire que nous ne saurions les partager. ^ ,
Malgré l’estime que nous avons pour
nos bons amis qui raisonnent de la
sorte, nous croyons que letii's craintes
sont dénuées de tout fondement; que
ne donnerions-nous pas pour les dis- j
siper !
Les rapports sur notre œuvre que
nous rédigeons chaque année fidèlement, pour être exacts jusqu’au scrupule, ne signalent bien souvent que de
modestes progrès et d’tinmbles conquêtes; est ce-là un raison pour nous
découi'ager? Loi» de nous une telle
pensée.
Nous savons qu’il nous faut marcher
par la foi et non par la mie, ainsi
même contre toute espiérance nous
serions tenus, étant fidèles, d’espérer
encore.
Ce que, je crois, nous perdons souvent de vue c’est nn précieux avertissement que notre Diviu Maître nous
a donné; jl nous a prévenus que la
semence germe et croît sans que nous
sachions comment, d’uue manière qui
nous échappe ; le levain de même
opère sans bruit et lentement, et fait
lever toute la pâle, — ce qui nous
reste à faire, c'est de constater les
effets. 11 en est de même pour notre
œuvre, mais nous attendons la moisson
à peine après les semailles ; nous
cherchons un grand arbre ou nous
venons de jeter un simple grain qui'
à peine a eu le temps d'e percer la
terre et de former' une fi ôle lige. H est
de grands progrès dont sauveiü nos
relations ne tiennent pas compte ;
il faudrait pourtant être aveugle poui'
oseï' les nier. — Je parle de Cmliglione
delk Sliviere; îiolre Eglise e.st peu
nombreuse; parmi plusieurs auditeurs
réguliers il n’en est pas pour le moment
qui se disposent â venir grossir nos
rangs. La prédication de l’Evangile ne
porte-l elle de fruits que pour nos
frères qui viennent l’entendre? Ce serait
une grave erreur de le croire.
Une foule de préjugés absurdes que
l’on nourrissait contre nous sont tombés
d’eux niêmes; le ministre évangélique,
autrefois montré au doigt comme une
bêle noire, est traité avec beaucoup d’égards même par les catholiques; un nombre respectable de personnes ne craignent pas de dire à haute voix qu’elles
nous estiment et reconnaissent la vérité
des choses que nous annonçons; ne serail-ce pas là uii progrès réel ? il y a bien
plus; dans tes villages que je vais
nommer il n’y a pas d’Eglise évangélique et pourtant Carpenedolo, Monie.chiaro, Isola della Scala (pi'ès de Custoza), Salò etc. ont des habitants qui
lisent la Bible et da comprennent et
s’efforçant de la pratiquer, des personnes évangéliques de conviction. A
Maderno_ chez un pharmacien quelques amis se réunissent le soir non
pour y parler politique , niais pour y
lire paisiblement la Bible qu’un colpotTeur a mise entre leirré maips. Nul
évangéliste n’est encore venu les visiler; peut-être le repevi-aienl-ils avec
défiance; poiirlant ils ne craignent pas
de s’appeler Lega prolestanie et tiennent
à le faire connaître en écrivant ces
'mots sur un feuiijel de papier collé
aux vitres de la phnrmacie. — L’evèque
de Manloue Mons. Dota, qui veut singer
Mons Dupanloiip, malgré notre petit
notnbixî P vfenp à, Gu^izzaîa lancer
contre nous les foudres épiscopales, —
et tout le temps piêclie contre nous.
Serait-il si maladroit? Vicndrail-i! prémunir son troupeau contre nous si
réetlemeiu, malgré notre faiblesse exlérienre, il ne voyait no.s pi'ogrès ?
La fop des personnes dont vous nous
parlez n’est pas très vive , me dira
quelque lecteur, puisqu'elle ne les engage pas à se déclarer publiquement.
Je l’avoue, mais encore ici n’oublions
pas que Dieu n’éleindra pas le lumignon
fumant, et ne brisera pas le roseau
cassé, ÉSAIE SLii S; que son Esprit
souffle et ces tu mignons deviendront
des flambeaux éclatants de lumière ;
que son soleil de justice vienne à
resplendir et l’herbe produira l’épi
et puis le froment dans l’épi,., Marc.
iv, 2b el il révélera à notre petite foi
qu’il a un grand peuple dans nos
contrées.
Consolons nous l’un l’autre par ces
paroles.
Votre gincèremeiU dénoué en J. C.
Jules Bonnet Evangéliste.
Ile d'Elbe, Portoferraio, le'29 jimïier 1877.
Très hmioré M-.le Directeur,
Comme je lis régulièrement votre
excellent journal, le Tétnnin , et que
je rn’inléresse vivement à l’édification
de nos chers Vaudois , je prends la
liberté de vous envoyer le fait suivant,
espérant cjue vous le trouverez digne
d’être inséré dans votre journal.
« Le premier évènement de ma vie dont
j’aie conservé le souvenir, dit M. Moody,
c’est la mort de mon père, qui moiirnt
subitement, par une belle journée du
mois de juin et dont je ressentis en
le voyant tomber à mes côtés, un
chocqueje n’ai jamais oublié. Je me rappelle ensuite la inaladie de ma mère;
quant à rnon troisième souvenir, il est
triste aussi: ce fut la fuite de mon frère
aîné. Je vois encore ma mère pleurer
ce fils prodigue , nous envoyer à la
poste, pendant des semaines et des
mois, el nous regarder d’un air désolé
en nous voyant revenir les mains vides.
Je me rappelle nos soirées d’iiiver qui
se passaient à parler de mon père
dont ma mère nous entretenait volontiers; mais s’il arrivait que quelqu’un
prononçât par mégarde le nom de
mon frère, le cœur de la pauvre femme
se gonflait, el elle se taisait pendant
que les larrties coulaient le long de '
ses joues. « Quel soulagement ce serait
si j’apprenais sa moil, murmurait-elle;
peut-être il souffre de besoin , en ce
moment, sur une terre étrangère! •
Quand le vent soufflait violemment, sa
tristesse devenait plus profonde; ■ Qui
sait s’il n’est pas sur mer, en danger! •
Bien des. fois; la nuit, je l’ai entendue
prier pour ce fils: . Üh mon Dieu!
sauve mon enfant, ramène mon enfant ! »
Les_ années se passaient , mais le
chagrin de ma mère ne diminuait pas.
Tons les ans, an jour de notre fêle
américaine d’actions de grâces, elle ne
manquait jamais de laisser une place
vide à notre table de famille. « Peulêlie reviendra-t-il aujourd’hui, » disait-eHe ».
Les années se passèi’ent, ses cheveux
noirs devinrent blancs, et sa démarche
ferme el jeune devint lente el incertaine.
Elle descendait lentement vers latonihe,
te cœur brisé, mais toujours rempli
d’amour ot de compassion pour son
fils dévoyé. Je me disais quelquefois
qu’elle raimait mieuxqu’aucuii de nous.
Un jour, un étranger qui passait
devant ta porte s’arrêta pour la l'egarder; il n’entra pas dans la maison
et ma mère ne le reconnut pas. Mais
lorsqu’elle vil des larmes couler le
long de ses joues brunies, son cœui’
lui dit que c était là son fils perdu.
Elle s’élança vers la fenêtre: — « Mon
fils! mon fils! esl-ce pos.sible! est-ce
toi? Viens vile, viehs à moi! » Mais
il ne bougea pas: — ï Non, mère, je
ne franchirai votre seuil que quand
vous m’aurez pardonné ». Lui pardonner î Mais c’est là ce qu’elle dêsirail
laite depuis des années, elle avait
pardonné tout depuis longtemps, il
ne restait rien contre lui, dans son
cœur. Elle courut à la porte, enlaça
soii enfant de ses bras, le pressa sur
sou cœur el pleura avec lui. Elle ne
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32
TÉMOIN
voulut pas entendre un seul des repVoches qu’il s’adressait, tout ce qu’elle
voulait, c’était de l’avoir de nouveau
à elle 9.
Oh ! puisse cette touchante histoire
être de quelque utilité à tout enfant
prodigue qui la lira, et que en voyant
tout ce que son égarement fait souffiir
au tendre cœur maternel, lui aussi il
demande à être pardonné. Quel baume
sera pour le cœur de cette mère angoissée une larme de repentir versée
par son fils! quelle joie au ciel, où
il est dit qu’il y a plus de joie pour
un seul pecheur qui se repent que
pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui
n’ont pas besoin de repentance! Luc.
XV. 7. Que les mères aussi, à l’exemple
de la femme de noire histoire, soient
persévérantes dans la prière pour leurs
enfants sachant que la prière faite
avec foi est d’une grande efficace.
Pensées
Ce qui importe devant Dieu, ce n’est
pas la position, c’est la disposition.
(Monod y.
Qu’est-ce que la conscience, sinon
l’organe et le ministre résident de Dieu
au dedans de nous? (Vinet),
Il ne suffit pas de faire de bonnes
choses; il faut encore les bien faire.
Tout ce que vous voulez voir paraître
dans_ la vie d’un peuple, metlez-le dans
ses écoles (Proverbes prussiens).
Le rayon qui montre la tache, est
souvent la première réponse du Seigneur à la prière de ceux qui lui
demandent un cœur net. (X).
Préoccupons-nous plus d’être fidèles
envers la vérité, mie d’avoir raison de
nos adversaires. (Behsier).
N’est-ce pas une vérité douloureuse,
mais pourtant une vérité, que, la
plupart du temps, quand le matin nous
demandons à Dieu de nous garder du
péché pendant la journée, nous ne
croyons pas qu’il le fera? Et s’il en
^st ainsi, que de choses sont expliquées
que nous ne pouvions comprendre 1
(M).
C’est quand les torrents donnent
qu’on voit si la, maison est bâtie sur
le roc. C’est quand le soleil brûle,
qu'on voit si la semence est entrée en
terre. ( Gasparin).
Il y a des entretiens dévots , mêlés
de tant de médisance, de tant de soupirs sur les défauts d’autrui, qu'en
une heure il nous faut entendre et dire
plus de sottises que ne feraient, en un
mois, les conversations des mondains.
(idem).
iïautïellee reUijuueee
MnAngaacnr ('Afrique). — Une
bonne leçon venue de loin. L’édit
suivant «tout empreint de saveur exotique » dit le Journal de Genève duquel nous l’extrayons a été récemment
publié par la reine de Madagascar:
«Moi, Ranovalomanjaka, parla grâce
et la volonté de mon peuple, reine
de Madagascar, et protectrice des lois
de mon royaume, voici ce que je vais
vous dire, mes sujets !
«Dieu m’a donné ce pays et ce roj’aume, et, en ce qui regarde le rhum
O mes sujets I nous sommes d’accord
vous et moi, pour convenirqu’onnedoil
pas en vendre à Anlanamanarivo, dans
le district d’Imerina. C’est pourquoi, je
vous rappelle de nouveau que le rhum
fait du mal à vos personnes, tout en
gaspillant inutilement vos ressources,
il fait le malheur de vos femmes et
de vos enfants, il rend déraisonnables
ceux qui étaient sages, et encore plus
déraisonnables ceux qui l’étaient déjà;
il fait que ceux qui en boivent n’ont
plus de respect pour les lois du royaume
et surtont les rend coupables devant
Dieu. Tout cejà parceque le rhum est
une mauvaise phose à voir à Antanamanarivo, car, sous son influence, les gens
en arrivent le soir à se battre à coups
de massue ou à se jeter des pierres ;
pourquoi donc l’aimez-vous , ô mon
peuple l Mais voici ce que je vous dis,
ô mon peuple I si vous faites le commerce du rhum, ou si vous employez
les gens à le faire, soit à Antananarivo,
soit dans le district d’Imerina précité,
alors, en exécution des lois qui ont
été rendues, je vousconsidéreraicomme
coupables, parceque je me fais un
lionnneur de donner à mon peuple
des lois qui lui feraient du bien. Aussi
je vous dis que s’il y a des gens qui
violent mes lois, je les punirai, N’esl-ce
pas comme cela, ô mon peuple?
Ranovalomanjaka
reine de Madagascar».
Mtati». — La chronique politique
de cette dernière semaine n’offre pas
un grand intérêt. La Chambre a suivi
la coutume traditionnelle de prendre
quelques jours de vacance. La majorité
parleinenlaii'e se divise en groupes très
peu unis entre eux, si ce n’est dans
leur opposition au parti constitutionnel
modéré. 11 y a eu des réunions de la
gauche extrême qui est sous les ordres
de Bertani et de la gauche modérée.
Ces deux groupes ont résolu, chacun,
à son point de vue, d’inviter le président du conseil à convoquer la majorité ministérielle pour lui exposer les
intentions du gouvernement. Ils réclament l’application et la réalisation du
programme de Stradella, surtout en
ce qui concerne les réformes tributaires
et les lois politique.«. Le discours de
Nicotera à Gatanzaro leur parait en
opposition avec le programme du ministère, en quelques points.
Le roi continue à résider à Naples,
mais il ne laisse pas de se rendre assez souvent à Rome. Nous avons dans
noire pays plusieurs hôtes illustres,
l’empereur l’impératrice du Brésil, le
prince Frédéric Charles de Prusse avec
une nombreuse suite, et plusieurs autres princes encore, sans compter les
pèlerins français et suisses qui se sont
donné pour mission de consoler le prétendu prisonnier du Vatican. Pie IX a
profilé de l’occasion de la présence des
pèlerins français pour dire beaucoup
de bien de la France, la fille aînée de
l’Eglise, et bcaucou|i de mal de l’Jlalie
et surtout du f'arlement qui, selon lui,
ne représente pas la' vraie Italie. Cette
dernière est toujours encore dévouée
au S‘ Père, malgi^ l^ul le mal que ne
cessent de se dopuer les ennemis de
l’Eglise pour pervertir les fidèles.
Les journaux officieux du ministère
annoncent pour la reprise des travaux
du Parlement des projets de loi de
finance, propres à satisfaire la majorité 'de la Chambre et le pays, la réforme de la loi de l’impôt de moûture,
celle de la richesse mobilière et l’abolissement graduel du cours forcé à
dater de 1878. Qui vivra, verra!
Qumgtion — Toujours
les mêmes incertitudes ! On espère que
la Serbie et le Monténégro feront la
paix avec la Turquie. Avant que la
constitution turque ail commencé à
fonctionner, Midhat pacha, qui en est
le principal auteur, a été renversé du
pouvoir et exilé par ordre du sultan
constitutionnel. Les journaux seperdent
en conjectures sur les causes et le but
de celle disgrâce orientale.
Ernest Robert, Gérant et Administrateur
Pigcerol, Itiipr, Chiantore et MascarelJi.