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#• année
Septembre 1868.
tV" ».
L’ECHO DES VALLEES
—(NOUVELLE SERIE
Que toutes les choses <|ui sont véritables....... eccupotft
vos pensées — ( Fhilippiens., IV. 8.)
SOMMAIRE: — Le temple du Chabas. — Biog<'apliie: Le Général Beckwith. —
Correspondance, — Vallées Vaudoiscs.
LE TEMPLE DU CHABAS
Ces temples d’une architecture si simple et d’une originalité si bien accusée que possèdent les localités de S' LaiirenI,
du Serre, des Coppiers, du Villar, de Boby, de Rocheplate
etc. sont les lieux de culte les plus vénérables par leur antiquité qui existent aux Vallées. Ils remontent pre.sque tous
à l’année ISSS, c’est-à-dire à l’époque du plus grand mouvement ascendant de l’Eglise Vaudoise Réformée. .lusqu’alors la règle de conduite des Vaudois s’était inspirée d’une
extrême prudence : point d’apparence , pas de bruit. Mais
la multitude des fidèles s’augmentait de jour en jour, se
recrutant dans toutes les classes de la société , et même
parmi les seigneurs de marque ; et l’affluence aux prédications, tant des Vallées mêmes, que de diverses localités du
bas Piémont, fut telle qu’il fallut finalement prendre place
au soleil.
«
C’est à Angrogne que l’exemple fut donné. Un jour qu’il
y avait foule sur l’emplacement même du temple actuel de
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132 —
St Laurent, le maître d’école, le provençal Jean de Broc,
inaugura le service public par une prédication en plein
air , ce qui décida les pasteurs à ne plus temporise^; et continuant ce qui était si bien commencé, ils en vinrent à construire le temple de S‘ Laurent, et peu après celui du Serre.
Cette même année 1335 vit surgir des temples pareils dans
les autres communautés du Val-Pélis, et l’année suivante le
même fait se reproduisit dans le Val S* Martin; car les
maisons des Barbes qui jusqu’alors avaient, en quelques endroits, '"servi de lieux de culte , n’y pouvaient plus suffire.
Le temple du Chabas appartient-il à ce groupe de 1553,
ainsi que semblaient l’attester son air de vétusté et sa physionomie particulière ? La réponse est plus que douteuse.
L’auteur de l’Israël des Alpes, dans une lettre qu’on a eu
l’obligeance de nous communiquer, s’exprime à ce sujet
de la manière suivante:
« Le temple du Chabas doit avoir été élevé en 15621, lorsqu’il ne fut plus permis aux Vaudois de se réunir dans le
territoire de S‘ Jean; jusqu’à la fin du siècle dernier il fut
le lieu de culte officiel de cette Eglise, dont le pasteur ne
pouvait même pas demeurer sur le territoire de sa paroisse.Plus d’un fut poursuivi pour avoir passé la nuit dans la maison
d’un malade qu’il était venu visiter, ou s’être abrité pendant
l’orage sous un ‘toit hopitalier qui l’avait retenu jusques au
lendemain ».
M' Alexis Muston, personne ne l’ignore, est une autorité
en matière d’histoire vaudoise; nous ne pouvons pas cependant adopter son opinion. Nous ne pensons pas que le Chabas
puisse remonter à l’année 1562î;^nous avons lieu de
croire qu’il ne date que de 1613 ; car l’historien Gilles nous
apprend qu’en cette année-là, ou environ, « le peuple de
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- 13:^
St Jean étant tellement multiplié.... qu’il ne trouvoit plus
aucun lieu couvert en tout son territoire capable pour y faire
les exercices publics de religion sans contradiction en bastirent un, et s’en servirent paisiblement pour quelques années». Or ce temple neuf fut bientôt fermé, en vertu d’un
décret ducal 20 juin 1620; fermé, disons-nous, et non démoli, car S. Altesse « n’avoit pas consenti à ceux qui eussent
voulu qu’il fust démoli, mais seulement ordonné qu’il fiist
clos pour certaines raisons qui ainsi le requeroyent pour lors ».
Mais comme l’espace nous manque aujourd’hui pour vider
la question, nousnous bornerons à introduire noslecteursdansle
temple même du Chabas, récemment restauré et rouvert à la
prédication depuis le 30 août dernier. La façade a été reconstruite dans le style primitif; mais nous avons entendu élever
des objections contre le feston do l’avant-toit qui donne ,
il faut l’avouer, au bâtiment un faux air de chalet suisse.
L’esplanade a été agrandie, l’intérieur planchcyé, plafonué,
pourvu de bancs neufs, et la cliaire a été supprimée. On
lui a substitué une spacieuse tribune où une douzaine d’orateurs peuvent se prélasser à leur aise; le but de la restauration n’étant pas de fournir une annexe à aucun des temples
voisins, mais un centre d’édification mutuelle où tous peuvent prendre la parole , quelle que soit la dénomination à
laquelle ils appartiennent ; on considère pour cette raison le
temple du Chabas comme un local d'Alliance évangélique, mais
nous avouons ne rien comprendre à cette prétentieuse dénomination que ne justifie en aucune manière la situation
respective de nos Eglises, membres d’un corps organisé.
M’’ Alexis Muston ayant voulu être présent, si non de corps,
du moins par la pensée , à la cérémonie de la dédicace,
a composé à cette occasion une pièce de vers que nous
sommes heureux de pouvoir offrir à nos lecteurs:
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- 134 —
Temple des anciens jours, sois un lien d’alliance
Pour tous les serviteurs du Dieu de vérité ,
Tous les enfants vaudois, unis en sa présence,
Pour lui jurer les vœux de leur fidélité !
Oui, qu’au règne de Dieu nos forces soient acquises !
Entendez-vous la voix du Sauveur qui nous dit
Dans cet heureux concours de toutes nos Eglises:
Ma grâce vous suffit ?
Nous avons relevé le temple de nos pères ;
Ou’y viendrons-nous chercher si non le Dieu d’amour ?
Ceux-là , disait Jésus, sont mes sœurs et mes frères
Qui font la volonté du Père , sans retour.
Les devoirs, quels qu’ils soient, ont leurs joies et leurs peines;
Mais Dieu rend tout aisé ; frères et sœurs du Christ,
Dans la diversité des églises humaines
Sa grâce vous suffit!
Laissez prendre l’essor à toutes les sciences ,
Laissez tous les progrès poursuivre l’idéal ,
Laissez s’épanouir toutes les espérances ,
Tous les eiforls humains pour surmonter le mal;
L’idéal est en Dieu , seule fin de la vie ,
Oui donne paix à l’âme et lumière à l’esprit.
Pour atteindre, ô mon Dieu , la céleste patrie ,
Ta grâce nous suffit.
Oompte-rendLix
des souscriptions et des dépenses faites pour la restauration
du temple du Chabas — i868.
¡Sorties.
Entrées.
Angrogne sa souscription Fr.
La Tour id »
S‘ Jean id. •
La Table vaudoise id. »
Collecte au Chabas »
M"" Lake ; sa souscription »
D° agio sur l’or »
143
635
842
100
38
1500
168
Au maçon Chauvie
Au menuisier Revel .
Au menuisier Coïsson
Pour vitres, rideaux à la
fenêtre ronde . . .
Frais divers ....
En caisse auprès du trésorier ................
Fr. 1918
. 583
» 908
» 12
. 5
> 00
Total Fr. 3426
Total Fr. 3426
NB. 11 nous faudrait encore pour compléter convenablement ces réparations au moins 200 francs. La vive sympa-
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thie que cette œuvre a rencontrée auprès de nos populations , nous est un garant qu’elles ne la laisseront pas inachevée. Nous espérons encore voir figurer sur nos listes bon
nombre de compatriotes qui, jusqu’ici, n’ont pas eu l’avantage
de s’y faire inscrire.
Le Secrétaire de la Commission J. B. Olivet.
L’Echo a déjà eu la bonne fortune de pouvoir offrir à ses
lecteurs un chapitre de la biographie du Général Bekwith.
Cet ouvrage est maintenant assez près de son terme, pour
que M‘‘ le Pasteur J. P. Meille ait pu en détacher à notre
intention le 15® et dernier chapitre, intitulé:
BEOIfWITII
La soorce de laqoelle son œuvre est procédée.
Mais le moment est enfin venu de chercher le secret de cette noble
vie , le secret de cette œuvre que, maintenant que nous la connaissons dans tous ses détails, nous sommes plus que jamais forcés d’appeler étonnante , comme aussi de ces qualités que nous venons de
relever et sans lesquelles, humainement parlant, une pareille œuvre
aurait été absolument impossible.
Ce secret est-ce il la simple vertu humaine qu’il faut le demander,
ou y a-t-il, dans le mobile sous l’empire duquel Beckwith a accepté
sa tâche et l’a poursuivie, quelque chose qui procède de plus haut
que de l’homme, et qui ne trouve qu’en Dieu sa vraie et complète
explication ? En d’autres termes, l’œuvre de Beckwith fut-elle simplement celle d’un philantrope, ou faut-il y voir avant tout celle d’un
chrétien ?
Quant à nous , il y a longtemps que cette question n’en est plus
une. Quand on a eu le rare privilège de vivre et de travailler , pendant des années , pour ainsi dire côte à côte avec cet homme remarquable, on sait , à ne pas en douter un instant, de quels sommets
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divins jaillissait celle source féconde qui, s’épanchant en efforts de
toute espèce, a produit les fruits bénis que nous venons de retracer.
Oui. Beckwith était plus et mieux qu’un simple philantrope; il était
un Chrétien; et c’est pareequ’il était tel, sincèrement et foncièrement
tel , qu’il a fait ce qu’il a fait , comme il l’a fait, et avec une plénitude de succès , déjrà de son vivant, qui a été la part de bien peu
d’hommes engagés dans une œuvre du genre de la sienne.
A la quelle des dénominations de la grande famille chrétienne se
rattachait-il, ecclésiastiquement parlant? —Beckwith appartenait, non
moins que par la naissance, par des convictions très-mûries et trèsprofondément enracinées , à l’Eglise anglicane.
Mais auquel des trois grands partis , dans lesquels se subdivise
cette Eglise, aurait-il de préférence donné son nom?
Nous croyons pouvoir répondre franchement; à aucun.
Pas d’abord à la Broad Church, ou Eglise latitudinaire, de la(]uelle l'éloignaient absolument ses croyances aussi conformes que
possible à la vieille et saine orthodoxie évangélique.
Pas davantage à la High Church, ou Haute Eglise, dont l’attachement
au rituel aurait bien pu avoir pour lui un certain attrait, mais dont
lus exagérations sur divers points , lui inspiraient de la défiance , et
qui avait, à ses yeux, le double tort: 1.“ de donner à la tradition,
pour la détermination de la foi , une importance que Beckwith ne
reconnaissait qu’à la Bible, 2.o de pousser, par la valeur exagérée
qu’elle attribuait à l’ordination épiscopale , presque inévitablement au
Romanisme.
Mais il ne se rattachait pas davantage à la Low Church ou Basse
Eglise, quoique les doctrines de celle-ci fussent les siennes , et qu’il
comptât dans son sein bon nombre de ses plus excellents et plus fidèles collaborateurs. Certaines habitudes propres aux partisans de cette
tendance , d’ailleurs si respectable, leur facilité à se répandre en de
fréquents meehuÿS, dans lesquels les discours les plus applaudis ne sont
pas toujours les plus sages, et où la stricte vérité est plus d’une fois
(très-involontairement, cela va sans dire ) sacrifiée au besoin de rendre
intéressante la cause que l’on patronne; ces habitudes, disons-nous,
et d’autres encore répugnaient â son caractère généralement sobre
d’expansion , mais qui le devenait surtout quand il s’agissait d’expansion religieuse; esclave de la vérité jusque dans les plus petits détails;
et possédé d’une telle crainte de paraître meilleur qu’il n’était réelle-
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ment, que le même soin jaloux que d’autres mettent à dissimulerleurs défauts, il le mettait lui à les produire et à les rendre aussi
frappants que possible.
Aussi , pendant que pour les deux autres tendances dont nous
avons parlé il avait des jugements sévères , il n’avait pour celle-ci
que des traits plus ou moins acérés, mais qu’il ne se faisait point
faute de décocher, quand l’occasion lui en était offerte. Un jour,
par exemple , que l’on parlait devant lui de je ne sais quel meeting
qui s’était tenu à Exeter-Hall • Exeter-Hall! Exeter-Hall! » — s’écria-t-il tout aussitôt, en riant de son plus franc rire — « Vous
savez ce que c’est que Exeter-Hall ? — l’endroit de la terre où l’on
dit le plus de mensonges !»
Aucune donc des trois tendances que nous venons de rappeler ne
pouvait compter Beckwith comme se rattachant à elle. Purement et
franchement Anglican, tel était, en fait d’Eglise visible et d’organisation ecclésiastique , son unique drapeau. Mais surtout Beckwith était
chrétien , purement et franchement chrétien ; chrétien non pas à la
façon de certains novateurs modernes, qui prétendent encore retenir
le nom quand depuis longtemps ils ont abandonné la chose , mais
chrétien à la manière des Apôtres et des Réformateurs ; chrétien
par le caractère des ses croyances ; non moins que par la stricte
conformité qu’en toute chose il s’efforçait d’établir entre ses convictions et les détails même les plus secondaires de son existence.
Veut-on, au point de vue de ses croyances tout d’abord, la preuve
qu’en parlantcomme nous venons de le faire, nous n’avons rien exagéré et
n’avons point prêté à notre héros des opinions et des doctrines qui
ne fussent pas les siennes ? — Qu’on lise les deux fragments ci-après,
sortis l’un et l’autre de sa plume , à quelques années de distance.
Le premier est tiré de cette espèce de mémoire que nous avons vu qu’il
avait rédigé, eu 1838, dans le but de plaider auprès du corps des Pasteurs la cause du Modérateur à vie. Parlant de la « vérité même •
que les Pasteurs Vaudois avaient mission , de par Dieu , d’annoncer
â leurs compatriotes , voici l’idée qu’il se fait de cette vérité , et les
éléments qui, selon lui, la constituent;
Il vous a appelés , — leur disait-il , — k proclamer à haute voix le péché origiuel, la vie, et l'immortalité; à annoncer à tous les hommes le libre pardon de leurs
péchés ; à publier la venue de Jésus-Christ, Homme-Oieu , seul Médiateur entre
Dieu et les hommes ; k faire revivre dans le cœur de l’homme l’image perdue de
Dieu ; à prêcher Christ crucifié , la justification par la foi en J. C., qui se montré
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— U^8 —
jjar les œuvres; cette justification, qui fera sentir aux hommes jusqu'à l’évidence,
combien ils sont injustes et combien il est impossible de se justifier devantle Juge
de tout l'univers ; la sanctification par son St Esprit qui révélera à chacun son
impureté et lui montrera son impuissance à se purifier autrement que par le sang
précieux qui a été répandu pour lu4 Dieu vous a choisis pour répandre la Parole ;
pour enseigner aux hommes à vivre justement et sobrement dans ce monde, à sanctifier le sabat, à obéir aux autorités qui sont établies de Dieu, à honorer leurs
pères et leurs mères, à aimer leur voisin comme eux-mêmes, et à produire les fruits
de l'Esprit, qui sont la charité, la joie . la paix, la patience, la douceur, la bonté,
la fidélité, la bénignité , la tempérance.
L’autre est un fragment de la belle lettre dont nous avons déjà
cité ailleurs une partie . et qu’il adressait, en 1835, aux écolières de
l’Ecole de filles de Boby, en réponse à une autre que ces dernières
lui avaient écrite. Le style simple et presque enfantin de ce fragment,
L'i les citations de l’Ecriture qui y abondent, montreront mieux encore, d’un côté à quel point Beckwith s’était approprié ces vérités salutaires — puisqu’il pouvait, à son tour, les rendre intelligibles même
aux plus simples — et de l’autre à quelle source il les avait puisées.
Cependant, mes chères enfants, disait-il à $es jeunes correspondantes — malgré
les dispositions les plus heureuse , malgré l’éducation la plus soignée , malgré
'lus eiTorts , tout nous serait inutile sans la Révélation de Jésus-Christ. Sans la Bible , nous n'aurions jamais su comment nous avons été créés, pourquoi nous
sommes ici, et où nous allons Mais la Bible nous a instruits de toutes ces choses importantes : comment nos premiers parents étant créés bons, sont devenus
inéchanlâ : comment Dieu, dans sa sagesse et daus .sa miséricorde, a jugé convenable d’agir envers nous, pour restaurer en nous son image...... et quelles récom
pensés peuvent attendre et quelles peines ont à redouter ceux qui obéissent et
ceux qui désobéissent à ses commandements.
Lisez les trois premiers chapitres de la Genèse : là vous sera rendue manifeste la
première vérité sur laquelle j’ai attiré votre attention. Passez , après cela , au
Nouveau Testament et vous verrez comment nous sommes rachetés des suites terribles de notre désobéissance (Christ nous a rachetés de la malédiction delà loi, quand
il a été fait malédiction pour noiis , Galates III 13. Sachant que vous avez été rachetés de
votre vaine conduite qui vous avait été enseignée par vos pères; non point par des choses
corruptibles , comme par argent et par or. mais par le précieux sang de Christs 1 Pierre I
v. 18. 19. ).
Puis lisez les versets 6 à 11 du XI Chap. de VEpitre aux Romains et le chapitre
XVIII d'Ezechiel. Dirigez toute votre attention sur cette vérité, sur laquelle repose
le plan de notre Rédemption : que nous sommes de pauvres pécheurs, conçus et
nés dans la corruption, enclins au mal, et lisez, à ce sujet, les versets 10 à 17 du chap.
• III de ÏEpttre aux Romains, et le chap. II de VEpitre aux Ephésiens f vous rappelant
que Jésus-Christ lui-méme a prononcé ces paroles terribles: Laisse les morts ensevelir
leurs morts (Luc. 1X6’9.), laisse ceux qui sont morts en esprit enterrer ceux qui sont
morts de corps et d'esprit..... Ecoutez la voix qui crie dans le désert: Convertissez
vous (Matth. III V. 2. et. 3); celle de Dieu lui-même qui dit:Vencaàmo» voitsÎousîwiéÏM
travaillés et chargés et je vous soulagerai {Matth. XI v. 28) et encore ; je ne 7nettrai point
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— 139 —
dehors celui qui viendra à moi (Jean VI. 27) Recourez humblement à J('sus, le chef et le
consommateur de la foi fHehr. XÏII v. 2.) à Celui qui donne à Israel la repentance et la
rémission des péchés (Actes v. 31}, la grâce de la justification, qui nous confère le droit
d'entrer dans le royaume des cieux; (quiconque croit est justifié par lui {Actes XIII v.
39), justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est en Jésus-Christ (Rom. III
V. 20), et nullement par nos œuvres^ car, vous êtes sauvés par grâce, par la foi, cela ne
vient point de nous , c’est le don de Dieu {Ephs II v. 8), la grâce de la sanctification ,
sans laquelle personne neverrale Seigneur {Hehr. XII. v. 14), la grâce de servir Dieu {je puis
tout en Christ qui me fortifie {Philip IV. 10 )> la paix et la consolation {je vous laisse la
paix, je vous donne la paix; je ne vous la donne pas comme le monde la donne, que votre
cœur ne soit point agité ou craintif {Jean XIV. v. 27), la grâce pour tous nos besoins :
Ma grâce te süßt (2 Corint. Xll. v. 9J.
Si vous voulez savoir ce que c'est qu'une foi véritable , lisez le XI® chapitre aux
Hébretuc et le Ile de S. Jacques. Etudiez vos Bibles avec diligence. La seule Parole
de Dieu vous donnera la sagesse. Mais lisez avec un esprit docile et surtout en
priant Dieu d’éclairer vos esprits par son S* Esprit.
Une idée sur la quelle Beckwilh revient avec bonheur, toutes
les fois que l’occasion lui en est olierte, et qu’il exprime avec upe
énergie et une chaleur de conviction toute particulière, c’est celle
de l’entière suffisance de la Parole de Dieu, comme règle de foi:
La Parole de Dieu — écrit-il à ce sujet — nous donnera une pleine victoire. C’est
dans larègle de foi que notre force réside. Une fois les esprits éclairés sur sa vraie
nature et sur l'Eglise visible^ c’en est fait de Rome.... Dieu a-t-il parlé, et qu'a
t-il dit? — Voilà la question. Il nous faut Jésus-Christ en personne ou en parole.
Les rapports des Pères ou d'autres sur les traditions orales des Apôtres ne signifient rien; nous n'avons pas la tradition verbale: nous n'avons pas leurs paroles ; et
quand même nous les aurions, encore faudrait-il les mettre en regard de la Parole
écrite. Il est ridicule de dire que nous ne pouvons comprendre cette dernière. Et
pourquoi serait-il plus difiîcile de comprendre la Parole de Dieu que de comprendre
la parole de l'homme ? Aristote et Laplace savent très-bien enseigner leur science,
et pourquoi le bon Dieu ne le saurait-il pas ? Les premiers sont obligés de s'adresser aux esprits tels qu'ils les trouvent; mais Dieu fournit à-la-fois la science et les
moyens de la recevoir. Attachons-nous donc avec toujours plus de ténacité à cette
Parole qui est le caractère distinctif des serviteurs de Jésus-Christ. Gardons avec
fidélité le précieux dépôt qui a été confié à vos ancêtres et à vous depuis de longs
siècles. Inscrivez sur votre drapeau le Logos, et déployez cet oriflamme sacré au
plus haut des tours de votre Sion.
Tout ce qui n'est pas écrit dans la Bible est plus ou moins incertain , et vous ne
pouvez vous fier à autre chose, comme Règle de foi. Là voua avez la vérité absolue.
C'est Dieu qui y parie, et Dieu qui l’a dictée. On vous dira que vous ne pouvez pas la
comprendre par vous-même : mais l'Evangile est puissance de Dieu, et il est prêché par le Esprit envoyé du ciel, dans le cœur de chacun. On vous dira que vous
ne pouvez arriver au vrai sens des Ecritures ; et il est certain que vous ne pourrez
pas tout comprendre en elles; mais nous ne sommes pas saxivés par la connaissance ,
mais par la foi en Jésus-Christ. Vous pourrez très-bien croire dans votre cœur et
confesser avec votre bouche que Jésus-Christ est le Fils de Dieu, et vous serez
sauvée.
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I4ü —
Cette idée de l’interprétation de la Bible par le St Esprit, qui s’exprime dans ces deux lettres, et qui lui fut familière dès les débuts
de sa carrière chrétienne , est une de celles qui reviennent le plus
fréquemment dans sa correspondance ; et la belle parole par laquelle
l’Apôtre S‘ Jean ( 1 Jean 2, 20) encourageait les fidèles de son temps,
en leur rappelant qu’ils avaient reçu ['onction du Saint, était une de
celleS'Sur lesquelles il aimait le plus à arrêter sa pensée.
Voilà pour les croyances ; et quant à leur application à sa vie de
tous les instants , quand nous n’en aurions point pour preuve plus
convaincante que pas une autre les faits mômes dont cette noble
existence est composée , les citations qui vont suivre, toutes extraites de sa correspondance , ne suffiraient-elles pas, à elles seules,
pour mettre la réalité du christianisme de Beckwith, à cet égard aussi,
à l’abri de toute atteinte ?
•Quel suave parfum de l’Evangile ne respirent pas, en effet, ces
conseils qu’il donnait à de jeunes époux qui venaient d’entrer en
ménage 1
At:aohez-voup — leur disait-il — toujours de plus en plus à Celui qui seul peut
servir de base solide à votre amour conjugal ! Marchez droit devant Lui en toute
inlégritc' de cœur. Pensez aux autres; et si vous n’avez ni or ni argent à donner,,
n’épargnez pas les paroles de vie. Exhortez surtout par la vie et par la sainteté.
Rassemblez autour de vous les petits enfants ; enseignez les Ecritures ; îprêchez
Christ crucifié; reprenez les mauvais; supportez tous; persistez sans vous décourager, et vous verrez que l'aspect de votre vallon deviendra toujours plus riant; votre
cœur s’élargira; votre intelligence se conformera de plus en plus à la vérité, et
la joie et la sagesse y feront leur demeure. Faites vous petits enfants, et vous deviendrez plus sages que les anciens.
Quels vigoureux accents ce noble blessé de Waterloo, devenu soldat
de Christ, ne trouve-t-il pas en matière de religion, écrivait il â une
autre personne est plus ou moins pour exciter ceux qui l’entourent
a combattre vaillamment les batailles de son Maître!
Nous sommes des témoins, B....— écrivait-il, en 1844, au vénérable Pasteur de
S‘ Jean — postés sur les flancs du Mont-Viso pour rendre témoignage la vérité.
lucet in tenebns. Portons le flambeau que Dieu nous a confié: et s’il juge à propos
de nous imposer aussi sk croix, portons-la pareillement avec joie et reconnaissance.
Les événements marchent à grands pas et parleront bien haut dans peu. Ceignons
nos reins: Christ est à la porte; préparons-nous à ouvrir, car 11 viendra à l’heure OÙ
on ne l'attend point !»
Votre force est immense — écrivait-il, environ un an plus tard, à un -autre Ministre
de l’Evangile — Le Dieu üe Jacob marche devant vous. Point de lenteur ; point
d'indifiéreuce ; point de découragements. Sûrs de votre fait, vous irez de force en
force. En vain vos formidables adversaires essaieront de vous barrer le chemin ;
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en vain les ténèbres vous envelopperont; l’étoile de l’Evangile , avec sa douce
splendeur, marchera devant vous; éclairera vos pas chancelants, et ne s'arrêtera
point jusqu’à ce qu'elle ne plane sur la maison où Jésus habite.
Quels trésors de tendresse en même temps que d’expérience chrétienne dans ces lignes qu’il adressait de Londres, en 1839, à celui
qui avait été , d’une façon particulière , son collaborateur dans les
grandes choses qu’il avait entreprises et accomplies jusqu’à ce moment,
et qui relevait alors d’une grave maladie que l'on avait crue mortelle!
Mon cher B...... j’ai rendu grâces de tout mon cœur à Dieu qui a eu la bonté de
nous accorder votre vie , qui nous est nécessaire à tous égards. C'est toujours mon
idée, qu’une longue maladie est une noble chose, pournousfairc connaître au juste
ce que nous sommes, et de quelle étoffe nous sommes faits. Elle est d'ailleurs une
crise, une époque et un nouveau point de départ. Elle nous rapproche de la porte
du sanctuaire, et lève le voile qui en cache l'intérieur. Elle nous fait toiser notre
stature , et met bien des choses dans leur véritable jour. Remercions donc de nouveau notre bon Père, qui nous a accordé de tant de bienfaits, et prions-le qu’il
nous donne la force de faire tourner toutes ces choses à notre profit et à sa gloire.
Quelle élévation de sentiment , et quelle sagesse puisée à la vraie
source,ne se révèlent pas dans les conseils ci-après qu’il donnait à
une mère qui l’avait consulté au sujet d’un mariage dont il était
question pour sa fille :
L’expérience vous aura déjà enseigné. Madame, la complète nullité de tout ce
qui ne contribue pas à notre salut, et le peu de satisfaction que les pauvres avantages de ce monde , qui nous échoient en partage, nous apportent. Plus que roi et
reine nous ne saurions être. Votre roi tourmente son corps et agite son esprit,
et je crois que la reine n'est pas très-heureuse. Quelques bals , quelques soirées ,
quelques promenades, quelques parures.......et puis, c’est fini! Si Madllevotre
fille en refusant des partis plus brillants, pour des motifs religieux et de conscience,
choisit, de propos délibéré, un sort qu'elle croit être la voie la plus sure pour garantir sa persévérance dans l’Evangile de Jésus-Christ , elle aura infailliblement
sa récompense. Jamais dans les épreuves les plus difficiles elle ne sera abandonnée de Celui à qui elle aura donné cette preuve d'obéissance. Dieu châtie les enfants qu’il aime; toute fois elle passera son existence dans la pleine jouissance de
son caractère, de son innocence, de son intégrité, exempte de ces luttes mentales
qui sont d’entre les plus grands malheurs qui puissent nous affliger, qui empoisonnent l'existence, nous dtent toute sérénité, et nous laissent sur une mer orageuse,
àia merci des vents et des vagues. Ces choses sont certaines. On peut leur prêter
une oreille sourde , les écarter, les rejeter même; mais tôt ou tard, elles se feront
impérieusement sentir.
Quel christianisme de bon aloi que celui dont il recommandait la
pratique à une jeune personne, ci-devant élève de son Pensionnat, et
placée , par ses circonstances de famille , dans un milieu presque
exclusivement catholique.
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Vivons en toute franchise et libéralité de cœur, ma chère E et dirigeons constamment notre attention sur tout ce qui est noble et généreux. Soyons noblement
religieux, sans orgueil ; pensons des choses nobles , et agissons noblement envers
tout le monde, en toute humilité. Sacrifions noblement nos intérêts, nos penchants
et s irtout nos caprices au bien d'autrui: oublions-nous noblement nous-mêmes, et
dirigeons noblement nos efforts au profit de tous ceux avec lesquels la Providence
nous a mis en contact. On n'a pas besoin de monter à cheval pour faire tout
cela: la vie ordinaire nous offre un champ bien assez vaste à cet effet.
Qu’elle est touchante — surtout de la part d’un homme qui a autant fait que lui , et doué d’un esprit aussi supérieur et aussi cultivé
que le sien. — la modestie qui s’exprime dans les paroles suivantes,
extraites d’une lettre , qu’il adressait à l’auteur de l’Israël des Alpes:
J'ai fait mes études — y disait-il — sous deux savants professeurs; l'Adjudant et le
Sergent-major , et je ne prétends pas instruire les hommes. Mais si l’on reconnaît,
dans une vingtaine d'années d’ici , que je suis entré pour quelque chose dans l'instruction religieuse des enfants , mon ambition est entièrement satisfaite.
Enfin , quelle humble mais ferme confiance dans la prière ne se
manifeste pas dans ces paroles si courtes mais si éloquentes dans leur
brièveté , qu’il adressait à un ami dans l’épreuve : « vous avez bien
«fait de prier; si l’on se mettait plus souvent à genoux nous n’aurions
«pas à souffrir tout ce dont nous souffrons *.
Mais le document qui exprime , selon nous, de la manière à la fois
la plus individuelle et la plus complète, la foi de Beckwith , tant au
point de vue doctrinal qu’au point de vue pratique, et par laquelle,
à cause de cela, nous désirons clorre ces citations , c’est la noble
lettre qu’il adressait de Londres, en 1840 , à son ancien compagnon
d’armes dans la guerre de la Péninsule, le colonel sir W. Napier , à
l’occasion de la publication par ce dernier, de sa belle histoire de
cette campagne.
Londres, 20 avril 1840.
Mon cher Napier
Bien des remercîments pour votre bonne lettre , qui m’a fait un sensible plaisir.
J’aurai recours à Boon, et dès que je serai en possession d’un chez-moi, je donnerai à la « Guerre de la Péninsule », reliée en veau et dorée sur tranche, une place
éminente parmi mes dieux pénates. Je ne puis dire quels sillons, pour parler avec
Malebranche , mes propres idées ou celles d’autrui peuvent avoir tracé sur mon
cerveau ; mais la vieillesse poursuit son oeuvre sur l’homme extérieur ; et tantôt
un ressort, tantôt une dent de roue qui manquent, semblent indiquer que tout n'est
pas exactement comme ce devrait être, et, qu’un jour ou l’autre, ma locomotive se
refusera à monter le plan incliné. Mon esprit toutefois semble s’accommoder de ces
changements extérieurs que la machine doit nécessairement subir; et je poursuis
ma route d’une marche uniforme, sous l’empire de circonstances qui, aux yeux deplusieurs , peuvent paraître des moins propres à procurer les jouissances que même
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— 14.1 —
cette vie est en mesure de fournir. J'attribue ceci à des vues ciaires et distinctes
sur le but et les objets de l'existence, et à une tranquille persévérance dans cet
ordre inférieur de devoirs qui sont plus à la portée de notre capacite que ceux
d'un ordre plus brillant Aimer la vérité pour elle-même et la mettre en pratique ,
me semble tout le devoir de l’homme. Je n'ai aucun moyen de m’assurer de la vérité, SI ce n'eat par une Révélation directe de Dieu; et, le fait de cette Révélation
une fois avéré, j en accepte les faits et j’en use d'après les directions qui me sont
données. J’ai trouvé mon profit à étudier cette science; et, par un raisonnement patient, du connu à l'inconnu, j'ai atteint ce sentiment du sujet qui constitue réellement la connaissance, et que la perception pure estàjamais incapable de donner. Ce
n'est point pourtant une opération compliquée, car personne neja saisit aussi bien
que les femmes et les petits enfants. Le mal, c'est la désobéissance; le bien, c'est
l'ob issance; tout bon soldat est désireux d’obéir à son général. Une obéissance volontaire, joyeuse, inspirée par l’affection, c’est le devoir et l'intérêt de quiconque
aime sa patrie et ses compagnons d'armes; c'est le noble sentiment qui pousse le
43e à jeter dans un ordre parfait au plus épais de la mêlée, et à fixer les sacs de
poudre aux portes de Ghuznce ! Mais combien plus n’est-elle pas due, l'obéissance,
à cet Ktre glorii.-ux, Auteur de tout ce qui peut ennoblir et orner la nature humaine,
à Celui qui, tout en lançant dans l’espace ces globes puissants, prend soin aussi des
petits enfants I Ce grand Etre. ..... est descendu parmi nous sous forme humaine ,
pour mettre le fait de son existence à l'abri de tout doute, pour nous faire connaître
l’état exact de nos rapports avec Lui , pour nous montrer notre réelle condition
et pour nous indiquer le moyen d’obtenir «ette heureuse immortalité qui est
le désir naturel de tous ; et tout en nous démontrant avec clarté que le repentir
des fautes parlées est impuissant à en éloigner de nous les conséquences, II a pris
ces conséquences sur lui-même, et II a fait pour ses enfants, comme leur Père céleste , ce qui dépasse le pouvoir d’un parent terrestre. Les lois et les systèmes de
philosophie ne font que multiplier nos difficultés, et ne servent qu’à, montrer avec
toujours plus de clarté l’impossibilté de se conformer k leurs prescriptions. C'est ce
qu'Ii dit en termes intelligibles ; et II promet de faire pour nous ce que nous sommes àjamais incapables de faire pour nous-mêmes: « croyez seulement ce que je
vous dis, et cette foi vous rétablira dans votre ancienne condition , et vous placera
une fois de plus en étroit rapport avec moi, car vous ne pouvez avoir aucune existence indépendamment de ma puissance Personne ne peut désirer davantage que
d'être le serviteur, et même l'ami du Tout-Puissant. Personne ne peut demander à
lacompassion humaine cette même miséricorde qu’il trouvera chez Celui qui « sait de
quoi nous sommes faits », et qui nous est uni par un profondsentimentdesolidariié.
Personne ne sacrifiera sa vie pour nous; mais Lui l’a fait. La morale nous prescrit
de pourvoir à notre propre salut, la religion nous sauve par sa puissance propre ;
l’une nous enjoint de faire ce que personne d'entre nous ne fait, l'autre opère ce
dont personne n'est capable pour lui-même. Il n’y a point de fin à faire plusieurs
livres, et tant d’étude n’est que « fatigue de la chair »; et il y a un talent plus réel
et une sagesse plus profonde dans une seule ligne du catéchisme d'un enfant, qu'ü
n'y en a dans tous les tomes réunis de tous les Spinoza. Les hommes peuvent embrouiller et bouleverser des vérités qui répondent également aux besoins et aux
vœux de tous: mais ce n'est point à la folie humaine que peuvent se mesurer la miséricorde et la sagesse de Dieu; et d’une seule de ces vérités prenant racine dans
l'esprit peut jaillir la source d'une véritable vie intellectuelle, la crainte et l'amour
de l’Auteur de toute vérité. — N’écrivez plus de livres; laissez les hommes politi-
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ques deviser leurs propres plans; et évitez à la fois les hommes etleschoses qui ne
peuvent servir qu’à irriter les esprits élevés, et qui ne produisent aucun bon effet
pratique sur les dernières années de notre existence. Les femmes et les enfants sentiront plus de vraie religion dans l'espace d’une minute, que les hommes n’en pourront,
dans toute une année, extraire de leurs controverses irritées. Unjour ou l’autre nous
devrons tous déposer les armes ; c’est de notre pan vraie sagesse que de le faire à
temps, et, assis sur la plage', aux rayons du soleil couchant, de le contempler avec
tranquillité et avec calme, alors qu’il descend au dessous de l'horizon, dans ces ombres de la nuit qui doivent finir par nous envelopper. Mais alors que le crépuscule
tombe n'oublions pas que notre astre du jour peut se lever de nouveau sur des ré“
gions plus brillantes, et sa splendeur éternelle rayonner pour toujours sur nos têtes.
Je suis fâché de n’avoir pas eu connaissance de votre domicile alors que vous étiez
ici. Sans cela jaurais pu aisément me mettre en communication avec vous. J’ai entendu avec plaisir des nouvelles de votre aimable fils, et j'espère que vos filles,
selon toute vraisemblance , récompenseront votre affection. Je suis sûr qu'il en sera
ainsi Veuillez présenter mes compliments et mes respects à Madame Napier, et la
remercier de ma part pour le plaisir que m’a procuré sa société, lors de ma visite à
Freshford. Dieu vous bénisse /
Votre toujours affectionné
Charles Becrwith.
Tel fut Beckwilh, quant à la meilleure partie de lui-même. La foi
en Jésus-Christ Dieu manifesté en chair, immolé pour les péchés du
monde , et nous ramenant á Dieu par le sacrifice de lui-même ; la
Parole de Dieu règle suprême et absolue de notre croyance; le S'
Esprit appliquant a l’âme du fidèle les promesses qui y son contenues,
telle fut sa foi ; et cette foi qui fut le fondement de son espérance
et la source de sa paix fut aussi le secret de sa force et de sa
réussite dans l’œuvre qu’il avait entreprise.
Que tous ceux qui , comme lui , veulent faire ici bas , une œuvre
qui ne passe point, y réfléchissent et prennent exemple!
O O R, E S OIV i> A. IV O e:
Les Vaudois de Lyon n’ouhiient ni leur pays, ni leur Eglise.
Nous le constatons avec d’autant plus de reconnaissance que cet
exemple ne peut manquer d’être un jour suivi par d’autres Vaudois
de l’étranger. Voici la lettre de nos amis « au Comité auxiliaire de
La Tour pour l’Evangélisation de l’Italie » :
Lyon, août 1868.
MM. — Quelques Vaudois de Lyon qui s’associent de cœur à tout
ce qui intéresse leur Eglise, et qui, malgré la distance , n’oublient
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— I i5
pas leurs frères souffrants des Vallées, ont provoqué entre eux une
double souscription qui a produit pour l’Evangélisation fr. 34, 50, et
pour les hôpitaux fr 47, 50, comme vous le verrez par la liste ciaprès. — Agreez , MM., avec cette faible offrande, les sentiments de
notre affection chrétienne.
Evangélipat. — Hôpitaux
Baptiste Odin Fr. 7 6
David Albarin 5 5
J. P. Benech ..... >î 5 5
Jacques Rostan ..... )) 1 50 1 50
J. P. Chauvie |oncle) H 5 5
.1. P. Chauvie (neveu) .... . 1 1
J. P. Travers .... H « 4
H. Jalîier » à 4
B Monnet .... . . )) » 3
.1. Odin ...... n 1 1
Paul Goss ...... 1) 1 1
Louis Goss t 1 1
Jean Griset » 5 5
Mathieu Bellion ..... » 1 1
Joseph Gayero . » 2
Etienne Rostan ..... M 1 1
Madame Hautier née Hugon . » » 1
Total (en or) Fr. 34 50 47 50
Agio . ; « 2 75 3 80
En papier d’Italie Fr. 37 25 51 30
VALLEES VATUr>OISES.
Conférences. Le 15 septembre au soir, M'' Théophile Malan eut
la bonne pensée de réunir dans l’école de S*® Marguerite quelques
amis de l’évangélisation pour leur donner une idée des discussions
religieuses qui ont eu lieu â Livourne les jours 13, 14 et î 7 du mois
d’août, entre MM. Ribet et Gavazzi d’un côté , et les représentants
autorisés du clergé catholique de cette ville de l’autre côté. — Pour
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— 146 —
un jour ouvrable et une soirée pluvieuse , l’assistance fut plus nombreuse qu’on n’avait pu s’y attendre , et Mr Th. Malan eut d’autant
moins de peine à captiver pendant plus d’une heure l’attention de
ses auditeurs qu’il avait été lui-mème témoin oculaire des choses
qu’il raconta d’ailleurs d’une manière fort intéressante. — Nous avons
reçu pour nos lecteurs un compte-rendu de ces discussions, mais le
manque de place nous force à le renvoyer au mois prochain.
— Deux autres conférences nous ont été données par M'’ G. Appia
le dimanche 20 septembre , l’une à 3 h.. dans l’église restaurée du
Cbabas , l’autre à 7 h. dans le temple neuf de La Tour. — L’affluence
fut très-grande aussi bien le soir que dans la journée. — Au Chabas
M'' Appia groupa autour de quelques points ce qu’il avait remarqué
de plus saillant dans son récent voyage aux Etats-Unis. L’arrivée des
Pères Pèlerins dans la baie de Plymouth en 1620, la complète séparation de l’Eglise et de l’Etat, l’habitude de donner et de donner
régulièrement pour l’entretien du culte et l’avancement du règne de
Dieu, les écoles du dimanche et l’instruction de la jeunesse ; — tels
furent les objets sur lesquels M” Appia porta successivement l’attention de ses nombreux auditeurs.
Le soir, à La Tour, Appia, prenant une autre marche, et nous
invitant â le suivre en quelque sorte d’abord à travers l’Atlantique ,
puis d’une ville à l’autre aux Etats-Unis , fit faire à ceux qui l’écoutaient le voyage le plus agréable et le plus instructif qu’ils pussent
désirer. Non pas qu’il n’y ail eu à cueillir que des roses dans cette
tournée de trois mois : Appia trouve au contraire qu’il y aurait
vraiment plus de bonheur à donner qu’à recevoir, et surtout qu’à
demander ; néanmoins au milieu des fatigues et des ennuis inséparables de la vie de collecteur, sans parler d’une douloureuse épreuve
domestique, il a rencontré chez les chrétiens des Etats-Unis une
grande bienveillance, et s’il a un regret c’est de n’avoir pu se rendre
aux instances qui lui furent faites de prolonger son séjour sur cette
terre hospitalière et généreuse. — Une autre fois nous aurons peutêtre sur ce voyage quelque chose de mieux, et nous ne manquerons
pas d’en faire part à nos lecteurs. ' •
Pignerol, J. Ghustorb Impr.
H. Jahier Gérant.