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ISTeuvlèm.« année
N. 31.
Vendredi 7 AoAt IS’7'4
L’ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spiriti
de la Famille Vandoise.
Que toutes les choses qui sont véritables.,
vos pensées — ( Philippiens., IV. 8.)
'ON
PRIX d’aborncmeiit :
Italie, a domicile (un an)Fr. 3
Puisse.................»5
France.................» 6
Atlemau'ne.............» 6
Anpleièrre , Pays-Bas . • 8
rn ninnerò separé : 5 ceut.
Cm ninnerò arriéré : 10 cent.
BUREAUX d’abonnement
PmNERor. : Che* Chiantore et
Mascarelli Imprimeurs.
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ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S’«
dresser pour l’administration
et U réilactinn a la Direcfton
de VEcho des Vallées, Torre
Pellice.
ï»ommaîr*e.
Notre conslitulioD est-elle presbytérienne ?—Ce qu'il fait est bien fait. — Assemblée générale de la société évangélique,
de Genève. - Correspondance. — Chronique vaudoise.— Chronique politique.
!\0TRE C0.^STITlT10i\
est-elle Presbytérienne?
ni
f Suite V. N. 37 J.
Nous avons publié sansréplique
une réponse de M’’ A. Revel et un
dernier article sur la question du
presbytérianisme de notre constitution. Nous savions d’avance que
le rétablissement des presbytères
ou des colloques serait mise une
fois encore., sur le^ tapis. Ce rétablissement, qui a déjà fait les frais
de maint article dans ce journal et
ailleurs, paraît-être le delenda Carthago du professeur de Florence;
il nous faut les colloques au risque de cesser d'être presbytériens;
comme il nous faut bannir de notre vocabulaire ecclésiastique le
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mot de paroisse au risque de verser du côté de l’épiscopalisme.
Nous avons répondu d’avance à
ce purisme en disant que nous
sommes presbytériens à notre manière , et quoique nous fussions
fermement intentionnés de ne pas
faire de polémiqua sur ce sujet,,
nous croyons cependant devoir
justifier notre fin de non recevoir
sur ces points comme sur quelques autres.
D’abord nos lecteurs pourraient
penser, en lisant la lettre de M.
A. Revel insérée dans le numéro
?8 de VEcho, que le prochain Synode doit s’occuper de la révision
de la Constitution, il n’en est rien
cependant. Voici ce dont il s’agit:
la Commission d’Evangélisalior^
chargé,(¡¿élaborer pour le prot
Synià^^^rojet complet d’o^
satifffi^li^ ces Eglises surg
notre EVÛngélisalion , remplti
les conditions qui seront posées ^r
ce même Réglement pour faire partie de cette nouvelle fédération ; lequel. projet, après adoption par le
Synode, sera subséquemment pro
«O
2
P3
2
-248
posé à l’acceptation des nouvelles
Eglises. Il n’est, on le voit, question que d’un réglement pour les
églises issues de l’Evangélisation,
et nullement pour nos paroisses
qui restent tout-à-fait en dehors;
il n’est pas davantage question de
réformer notre constitution. Nous
avons répondu au motif d'opportunité tiré du projet de Concile
presbytérien, dont nous ne serons
pas e.xclus quoique nous ne soyons
pas presbytériens, comme le voudrait l’auteur des articles que nous
examinons.
Quant au nom de paroisse , qui
constitue une hérésie ecclésiastique et historique, et que l’on voudrait voir remplacé par le mot
d’église, nous ne sommes pas plus
tendres pour lui que M'A. Revel.
Nous demandons seulement ce que
nous gagnerions à le changer. On
dirait, il est vrai. Eglise de Saint
Jean, Eglise de la Tour; mais ce
serait encore VEglise de la Commune. Nous ne voulons pas plus
que vous que la paroissse soit
confondue avec la Commune; la
constitution et le nouveau réglement de la parois.se, bien plus que
la libre nomination des pasteurs,
ont porté en effet une rude atteinte
à ce qui existait, même avant
4827.
On n’est réellement membre de
nos paroisses qu’en sdite^fune
adhésion individuelle. Nog« admettons qu’il y a encore des progrès à faire dans ce sens, et nous
ne saurions trop insister pour que
nos paroisses soient composées
de professants. Vous savez bien
du reste ^uè la paroisse ne répond
pas à la commune, ou plus exactement ne coïncide pas avec elle.
A Luserne Saint Jean, par exemple,
nous avons, outre la paroisse vaudoise, la congrégation libre ou
l’église libre, l’église baptiste, l’église des sabbatistes , même des
églises composées d’une famille
ou d’un seul individu, outre les
paroisses catholiques ; il en est
de même virtuellement et de fait
partout; dans les Vallées comment
peut-on encore dans un tel état
de choses parler de la paroisse de
la Commune ! Peut-être voudriezvous qu’on en vînt à distinguer
à la Tour , par exemple , l’église
qui se réunit aux Coppiers, de
celle qui se réunit à Sainte Marguerite, au Temple neuf, au Collège, ou dans la maison de........î
Ainsi on éviterait toute expression
territoriale. Nous sommes d’accord avec vous que le nom d’église est plus spirituel que celui
de paroisse; et je serai, pour mon
compte, tout disposé à ne plus
employer que le mot d’église quand
la chose répondra vraiment à l’idée. (à suivre).
GE QU’IL FAIT EST BIEN FAIT
Un missionaire dans l’île d’Antigoa, étant allé voir un vieux
nègre, membre communiant de
son église, le trouva malade et
dans une grande misère. Couché
sur un grabat de feuilles sèches,
il avait à peine assez de haillons
pour couvrir sa nudité. Deux bâtons se trouvaient à terre près de
lui; l’un servait évidemment d’ap-
3
-»9
pui au vieillard quand il se levait;
l’autre, une longue canne de bam*
bou , ne laissait guère deviner l'emploi que son propriétaire en faisait. Interrogé à ce sujet, le pauvre
vieux répondit: • Oh I massa, c’est
avec ce bambou que je fais la
guerre aux rats; c’est une vilaine
engeance I — Mais, reprit le missionnaire, qu’as-tu donc dans ta
cabane qui puisse attirer ces bêtes?
Tu sais, dit le nègre, à cette saison la canne à sucre est récoltée,
et les rats qui ne trouvent plus
rien à manger aux champs, pénètrent dans les maisons et mangent ce qu’ils trouvent. On dirait
qu'ils veulent me manger avant
ma mort, tant’ils s'acharnent sur
moi. Cela m'oblige à avoir ce bambou pour m’en défendre chaque
nuit. » Pensant que la mort serait
certainement la bienvenue pour
cette pauvre créature tourmentée
le missionnaire lui dit; «Je suppose que tu serais content de
quitter ce monde si notre Sauveur
venait te rappeler à présent? —
Massa\ répondit le vieillard, je
ferai ce que notre Jésus trouvera
bon. Si Jésus me dit : viens j’irai;
s’il dit: attends, j’attendrai. Je
suis content de ce qu’il fait. Ce
qu’il fait, e.st bien fait. Quand je
souffre, je pense combien Jésus
a souffert à la croix pour moi •>.
( Missionary Reporter )
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
de la Société évangélique de Genève
H. RibeUi, délégué de la Table vanduise
et de la Commissioa d’évaugélisation de
U Table vaudoiso :
Monsieur le président et chers frères,
»J’éprouve en ce moment deux impressions également profondes: un vif sentiment de joie en me retrouvant au milieu do CPS assemblées, et un profond
sentiment do tristesse en me souvenant
qu’en 185S, lorsque j'assistai pour la dernière fois h ces réunions, je voyais rangés
autour do cette chaire, une pléiade d'hommes illustres, zélés surtout pour l’avancement du règne de Dieu; la plupart
ont disparu, Gaussen, Merle, Pilel, coini
que je peux appeler l'ami des étudiants,
L. Quiblier, et tout récemment encore lo
cher Pronier.
.Mes frères, je ne voudrais pas qu'il y
eût dans cette assemblée quel()u’un qui
pût douter encore do l'affectiou qui unit
l’Eglise vaudüise à votre soc;élé. En 1838
à notre Synode, M. Rnffet, votre tiépulé,
nous disait: «A Genève nous avons été
inquiets pendant quoique temps; nous
nous <lpmandions si l’Eglise vaudoiso avait
encore de rafïeeliou pour nous. » Mes
frères, comment ne vous aimerions-nous
pas? Nos pasteurs no sont ils pas les
disciples de vos pasteurs? N’ont ils pas
puisé l’instruction à la même source ? A
ce moment mémo, n’avous nous pas dans
votre Ecole de Théologie quatre jeunes
étudiants qui descendront bientôt dans
Jes vastes plaines de l'Italie pour combattre l’ennemi commun? Notre Eglise
n’a-t-elle pas les mômes principes que
la vôtre? Ne travaillons-nous pas, vous
et nous, à la môme oeuvre, les uns en
deçà des Alpes, les autres au delà? Oui,
♦l’Eglise vaudoiso vous aimera toujours;
elle a envers vous une dette de reconnaissance dont elle se souviendra. Nous
avons oïi'i dire plusieurs fois que l’Eglise
vaudoise est une vieille épée rouillée suspendue à la muraille d’un vieux manoir
qu’on considère avec intérêt, mais qui,
dans la guerre moderne, ne sert pas à
grand’chose. Oui notre épée est vieille,
antique, c’est une arme des temps passés
mais nous en sommes heureux, nous
n’aimons pas les armes écourtées, enjolivées, nous voulons l’épée de la Parole
de Dieu, nous ne voulons que celle-là.
Mais si DOS armes sont vieilles. nous,
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^'250_
BOUS sommes jeunes. Comme la plante
de blé qui, au printemps, sort au milieu
des glaçons, après avoir été ensevelie
sous la terre, ain.si notre Eglise a été
cachée sous les glaçons. Nous avons été
longtemps comprimés dans ces vallées,
mais enfin le soleil de la liberté a resplendi sur elles; enfin la divine semence
J pousse vigoureuse et féconde. Nous
sommes franchement presbytériens comme
vous, et nous croyons que cela est favorable à l’ordre et à la liberté. Nous tenons
aussi beaucoup aux bonnes études, et
trois de nos professeurs ont été vos élèves.
Rien n’empêche donc que nous nous
tendions la main par-dessus les Apennins,
. comme nos Eglises l’ont fait depuis seize
siècles, par-dessus la mer de Sicile, car
nous avons là aussi bon nombre de nouvelles églises qui nous réjouissent. — En
terminant, qu'il me soit permis de vous
remercier de ce que vous avez bien voulu
nous envoyer un député au dernier Synode. Que le Seigneur répande ses bénédictions sur vous, qu’il bénisse voire
Ecolo de Théologie, voire colportage, toutes vos œuvres, 'et qu’il soit toujours
avec vous ! C’est la prière que les Vaudois
adressent à Dieu du fond de leur cœur
pour la Société évangélique de Genève.
(Îomsp0ubattcc
Turin, 4 août t874.
Cher Monsieur,
Il m’est tombé hier entre les
mains un journal religieux lequel,
entr’autres choses , contenait les
quelques conseils que voici, donnés par M. Moody aux présidents
de réunions de prières. Je les ai
trouvés trop bons et surtout trop
bien ap'propriés à nos circonstances pour en priver vos lecteurs,
et surtout ceux d’entr'eux qui soupirent après un réveil. Les voici (1);
—.—.— t)\.
, VII it) Ce «’est pa» moi tjui « souligné.« >K
1” Priez les personnes de se réunir et de
ne pas rester dispersées aux quatre coins
de la salle ou de l’église. C’est en réunissant les bûches qu’on fait brûler le feu.
2' Tâchez de faire chanter.
3“ Lorsque nous avons des réunions spéciales , ayons aussi des prières spéciales.
Lorsque vous priez pour un réveil, par
exemple , ne vous perdez pas dans des
considérations générales, et si vagues
que vous finirez par ne plus savoir ce
que vous dites.
4° Permettez qu'on envoie des demandes
de prières pour des cas particuliers.
5’ Que le pasteur ou président, quel
qu'il soit, se contente d'outrir la réunion.
— S’il a quelque chose à dire, qu’il le
dise et fasse place aux autres, sans que
son long discours assomme la réunion.
6° Il est utile quelque fois d’indiqtier
d'avance le sujet de la réunion suivante.
Cela donne à tout le monde le temps d’y
songer, d’en parler en famille ou avec
ses amis; mais que toutes les remarques
soient courtes. Si l’un des frères prie pendant quinze minutes et un autre aussi
pendant quinze minutes, on ne pourra
faire que peu de chose après eux. Qu’on
n’ait pas honte de dire deux ou trois
mots seulement, quoique quelques-uns
regardent cela comme une interruption.
7° Ne grondez jamais ceux qui sont présents de ce que d'autres ne sotitpas venus;
attendez de pouvoir dire ce que vous
avez sur le cœur aux absents en personne.
Rendez la réunion intéressante et on reviendra. — S’il y a du formalisme ou de
la raideur, hâtez-vous de vous en débarrasser et de les détruire, ou ils détruiront la réunion.
8” Si vous êtes découragés, gàrdet-U
pour vous t personne ne vous force à le
dire; pourquoi en décourager d’autres?
si vous n’avez pas envie de prier, taisezvous ! d’autres le feront.
9’ N'ayez pas plus de deux prières l'une
à la suite de l'autre. Qu’il y ait de la
variété, ou l’on se fatigue rapidement.
Chantez un cantique, ou faites une remarque entre les prières, iv
I 10> Avant tout, pas de discoursl Un
frère commence; * •
5
ml
« Je prends la liberté de vous adresser... » puis vient un immense préam
bule. L’on s’efTraio , l’on sp fatigue, et
l’édification est partie. Condensez ce que
vous avez à dire, et rasse.yoz-vous.
11. Ayez des rôinions courtes. Si on se
fatigue on ne reviendra pas. 11 vaut mieux
renvoyer l’assemblée avide d’en entendre
diitanlnge. Si l’inlérét se soutient pendant
une heure. suiTit; s’il ne se soulient que
durant une demi heure, qu’une demi
heure suffise. Que le pré.sident sache
tâter le pouls à la ronniou et faire bon
usage do chaque minute, mais surtout
terminer au bon moment. — Il y avait chez
nous un vieux diacre bien prosaïque qui
fatiguait tout le monde. Quand on lui demandait comment s’était passée la réunion : « Magnifiquement ! » disait-il. Il
était seul à le dire; mais c'était lui qui
avait parlé.
12. Ecilez les discussions. Si quelqu’un
introduit une question débattue ou incertaine, ou quelque point en litige, faites lo
taire, mais ne lui répondez pas. .MIez le
trouver et parlez-lui en particulier,
13. Si personne ne teut parler, xisilez
les membres, et priez-lcs d'essayer une fois
seulement.
14. Ayez bien soin de laisser parler tout
le monde. Si quelqu’un a un mot à dire,
et que vous preniez pour vous-même tout
le temps, l’Esprit n’est-il pas contristé?
l’œuvre de Dieu n’est-ello pas empêchée?
15. Soyez exacts. Si vous annoncez une
réunion pour midi, commencez à midi.
Si vous commencez dix minutes plus
tard (?) (comme vaudois, je me permets
d’intercaler ce point interrogatif à cet
endroit), vous manquez à votre parole.
Un chrétien doit-il faire cela? — Terminez
à l'heure. Le temps est précieux.
16. Efforcez-vous cTaller aux réunions
dans de bonnes dispositions et animés de
VEsprit de Dieu.
( Extrait du Journal religieux du canton
de NeuchâtelJ. J. D. Pbochet.
U? .~ :|
Borne, 39 juillet 1874.
- Monsieur le Rédacteur,
Permettez moi de venir vous communiquer une 'nonvelle qui ne manquera
pas, j’en suis sûr, d’intéresser les lecteurs
de VEcho.
Il existe à llomo une petite église protestante fondée cet hiver seulement qui
compte centqnatre membres inscrits dont
une quarantaine sont déjà communiants.
Elle est composée exclusivement d’italiens
(presipie tous Romains) sortis du papisme
et gagnés à Christ par l’Evangile qu’ils
ont entendu prêcher dans notre chapelle ;
elle a pour ministre un vaudois pur sang
et est elle même tout à fait vaudoise.
Quant à ses principes et â la constitution,
son nom est ; Eglise éoanqéligiie du Forum
romain. C’est eu efl'et sur l’antique forum
des romains, au pied du Capitole, à côté
de la prison de Saint Paul, que se trouve
la chapelle.
Dimanche dernier (26 juillet), à noire
réunion du soir, après nn discours que
je [irononçai sur le Scribe de l’Evangile
qui s’offre à suivre Jésus et qui reçoit
pour réponse : « l.es renards ont des tanières... mais le fils do l’homme n'a
pas un lieu où reposer sa tête » un membre très distingué du clergé Romain, l'Abbé
Alceste Lanna, docteur en Théologie et
en Philosophie, licencié en droit, ex professeur au Séminaire du Vatican, monta
eu chaire et tout énlu fît une saisissante
profession de foi évangélique, une déclaration publique de sa résolution d’abjurer le papisme et d’ôtro membre de
notre église.
L’émotion, l’enthousiasme, les larmes de
joie du très nombreux auditoire ne sa
peuvent décrire. Puisse-t-il être un nouveau De Sanctis, tel est le souhait que
chacun exprima en quittant la salle.
Samedi soir encore il était chez moi
dans son costume d’abbé; il ne fut admis
qu’après de longs et sevères examens oU
il se montra esprit très cultivé, âme noble,
cœur ardent, conscience délicate. Il a
trentequatre ans.
Hier tous les journaux de Rome parlaient de l’évènement; ce matin notre
frère est cité devant le Cardinal jVicarre.
Une lutte vive va sans doute s’engager ;
le Vatican ne lâche pas ainsi nn fils qu’il
chérit, qu’il avait nommé et mainténa
quatre ans professeur dans son séminaire
d’élite. Mais tout sera tain, j^'n Ai rinlima
6
rî®2
convictioD ; le Doct. Lanna après de longues luttes a trouvé le repos ; il a cédé
enfin à son esprit et à sa conscience qui
se sentaient mal à l’aise, martyrisé dans
l’atmosphère du Vatican, il a préféré aux
salles dorées des « palais apostoliques »
une humble chapelle parce()u’ici il trouve
Christ, tandisque là il ne l’y voyait pas.
Chrétiens vamlois, priez pour votre
nouveau frère afin qu'il puisse faire beaucoup pour notre sainte cause, priez aussi
pour votre frère (jni écrit ces lignes et
se trouve engagé dans le même grand
combat, que notre église soutient depuis
tant de siècles, dans noire chère patrie.
Veuillez agréer. Monsieur, l'expression
dp mon plus profond respect
Votre décollé en Christ
Théophile Gat.
Chronique Cauboioe
Tor'i'e-F'ellice. — Dimanche
dernier, avait lieu à la Tour {acisitepas
torale. Au service divin présidé par M. le
modérateur Lantaret assistait un nombreux auditore. Le prédicateur, prenant
pour texte Luc. vu, 31-35, montra la
double résistance qui se trouve dans le
cœur de l’homme. L’auslérilé de la révélation le révolte, sa douceur le scandalise;
il n’accepte pas la loi et refuse la grâce;
la sombre prédication de Jean-Baptiste et
les appels pleins d’amour de Jésus l’indignent également. Il ne veut pas plus
pleurer que danser. Le côté aimable ne
s'accorde pas mieux avec sa nature que
le côté sévère. Mais néanmoins, du temps
de Jésus comme à notre époque, la sagesse a été justifiée par tous ses enfants.
 la visite pastorale proprement dite,
sous la présidence de MM. Lantaret et
Costabel instituteur, assistaient une centaine de personnes. Jamais, au dire du
Modérateur, la paroisse de la Tour n’avait
été ei bien représentée, surtout par les
daqaes. Voici, en peu de mots, les obsery^tiops qui fupent présentées dans celte
,|iss^uibléé géi|érale de la paroisse. D’une
tnaniére générale. j| p*y a pas ep, au sein
il? un çéveil qui gconan ,1*
présence de la grâce. Pourtant nous ne
sommes pas plus mauvais que les autres,
ajoute un électeur. Il n’y a pas de scandales extrao'rdinaires. — On constate qu’il
est très-difficile de porter un jugement
sur la vie religieuse de la paroisse; car
il faudrait qu’il y eut entre les chrétiens
une vie commune, qu’ils fussent groupés.
Cela n'est pas. et ce manque de solidarité
est un signe de faiblesse et unit au progrès.
Le culte du matin, surtout depuis quelques
mois, attire bon nombre de personnes, les
réunions sont toujours fréquentées, les
malades sont régulièrement visités et ou
leur apporte les douces consolations de
l’Evangile. Outre les personnes officielles,
d'autres encore travaillent au développement de la vie religieuse. — Ici, un
membre se lève et prie ses frères de no
pas confondre la vie ecclé.siastiijue avec
la vie religieuse.
Après ces considérations très-générales,
M. le Modérateur précise la question.
Comment se conduit \a jeunesse? Malheureusement elle échappe presque entièrement à l’influenco do l’Evangile. Le voisinage des fabriques, ces écoles d’immoralité, constitue, pour notre jeunesse, un
danger réel contre lequel il faudrait réagir
avec force. — Est-ce qu’il y a un culte de
famille ? Le culte de famille n’existe pas
dans la paroisse. On n’en éprouve pas le
besoin. Cela est naturel. Corps mort ne
mange pas. Le jour oli l’on sera vivant
on se nourrira. — Les livres de la Bibliothèque paroissiale sont lus par une ciaquantaino d’abonnés. — On s’occupe dans
la paroisse des Missions, mais surtout de
VEcnngélisation. Ainsi, la Société auxiliaire pour l’Evangélisation qui a ses
séances le premier dimanche de chaque
mois, dans une salle du Collège, a collecté
celte année 950 francs. La paroisse, sous
ce rapport, fait aussi quelque chose. —
La question qui anima le plus vivement
l’assemblée fut celle de rinsintcfion. —
Douze écoles sont fréquentées, pendant
l’hiver surtout, par 430 enfants. Les instituteurs et les institutrices son fort mal
rétribués. L’école des filles, par exemple,
est une école modèle. La maîtresse trèscapable, consacrée à son œuvre, s’occnpgftt %^u seulenoeut de l’iastr|icMop../Qi4iis
7
-S53
aussi de l’éducation des soixante enfants
qui lui sont confiées, reçoit, pour prix do
son zèle et de son travail, la misérable
paie de 400 francs. L’assemblée reconnaît
que, au sujet do cette école, le consistoire n’a pas fait ce qu’il aurait dû faire
et si l’on n’insère pas dans le procèsverbal le blême sévère que certains membres proposaient de lui infliger, on lui
recommande de mettre à l’avenir ordre à
un tel état de choses. Dans cette question
le consistoire, seul, défendait le consistoire
envers et contre tous.
Deux mots sur le télégraphe. Le bureau
est ouvert de 8 è 12 ani. n de 5 è 7 pom.
Le dimanche seulement de 8 à 12.
Télégrammes expédiés.
à l’intérieur à l’étranger Total
Mai . . . 69 12 81
Juin . . 104 34 138
Juillet . . 90 32 122
Télégrammes reçus.
de l’intérieur de l’étranger Total
Mai . . . 99 10 109
Juin . . 137 39 176
Juillet . . 139 35 174
pèches expédiées ou reçues.
Luser*ri©-Saln.t-JeaTi. — Imprudence. — La halle qui se trouvait .située
au milieu de la place des Blonats était
presque déjè entièrement démolie. Restait
encore debout un pan de mur. Cn maçon
travaillait h en .saper la base pour pouvoir
l’abattre tout d’une pièce. Maintes fois on
l’avait averti de prendre gardé et de no
pas s’exposer ainsi inutilement à une
mort certaine. Lui, faisait oreille de marchand. Tout-à-eoup le mur cède et le pauvre maçon se trouve pris sons les ruines.
Inutile de dire que la mort fut instantanée.
Ce père de famille, victime de sa propre
imprudence, laisse une femme et sept*
enfauts.
Nous apprenons qu’un ouvrier en travaillant à la fabrique Mylius, est aussi
tombé du haut d’un échafaudage. Il a été
aussitôt conduit à l’hôpital. Un peu de
prudence ne ferait pas dej mal même à
des maçons.
♦
Boto'blo-'F'elllo©. — Un jeune
homme qui faisait les foins est tombé du
haut d’ooe roche, à quelque distance du
Pra, et s’est tué paratt-il sur le'coup. La
justice s’est aussitôt portée sur les lieux
et n’a pu que constater qu’ils s’agissait
ici d’un de ces accidents malheureusement si nombreux depuis ces derniers
temps
4TRA\’ËRS LES JOURNAUX
Revoc politique
Les bruits de modifications ministérielles persistent. D’abord le ministère de
l'instruction publique n’a pas encore de
titulaire, ensuile, il s’agirait d’introduire
Sella dans le Conseil; il met à son entrée
ditférenie.s condiiions, enlr’aulres, si nous
en voulions croirn le journal de Genève,
une politique plus accentuée è l’égard
des provocations dont sont prodigues envers nous les nllramootains français. —
L’archevêque de Paris vient de résumer
les impressions de son voyage è Rome
dans une lettre pastorale adres.sée à ses
ouailles , qui ne verront que du feu aux
nombreuses inexactitudes plus ou moins
involontaires qu’elle contient.¡II est permis
de calomuior, du moment qu’on y peut trouver profit' théorie de tout temps professée
par ces illuslres prélats et leur école. En
outre, et pour relever sans doute le ragoût,
le cardinal battant neuf et tout rempli de
zèle, y a ajouté à notre adresse un certain
nombre d’expressions ¡choisies du vocabulaire ullramontain .• spoliateurs, voleurs
etc. Nous regrettons, quant à nous, que le
gouvernement, le nôtre, entendou.s nous ,
(il n’y a guère à s’y tromper), ait cru
tievoir séquestrer les journaux qui avaient
reproduit les impressions de voyage de Son
Eminence. Quoicine cette prose ne nous
apprit rien de neuf sur les sentiments de
la secte, son autour aurait immensément
gagné dans le mépris public, à ce qu’elle
fût plus répandue. Que si j’étais le gouvernement je l’aurais fait imprimer à
plusieurs milliers d’exemplaires et afficher
dans toutes les communes.
Quant au gouvernement français, par
3ni cet archevêque est stipendié, il a,
it-il dans le Journal offLciel, vu avec
regret la publication de cette pastorale.
Ce regret platonique nous touche jusqu’aux
larmes. Cependant, comme il a pu causer
quelque peine à Monseigneur, si on lui augmentait sa paie de moitié ? Ce qni lui aura
du moins été de quelque consolation, c’est
que le gouvernement ne désapprouve pas
sa pastorale le moins du monde, mais
seulement la publication indiscrète qui
a été faite par les journaux. Le gouver-
8
-254
Dement français, malgré tous ses efforts,
D*a pas encore su infuser un peu de prudence à ses amis de cœur. Ils sont toujours
à jeter leurs bonnets par dessus les moulins. Un peu de calme, leur dit-il d’un
ton discret, plus de calmeé attendez le
bon moment. .Mais ces prélats ne veulent
entendre à rien ; ils se jettent dans la lice,
tête baissée et la lance en arrêt! Leurs
impatiences ont déjà causé au gouvernement bien des tracas, allez !
li ne parait pas, à vrai dire, que nos
gonvernanls se soient contentés du timide regret inséré à l’Officiel. Ce bon
Conslanlin Nigra, qui a fail de si jolis
compliments à la France à Avignon,—un
bien joli discours que le sien, — et (pii a
reçu en échange un si bon soufflet sur
une joue, ne paraît pas, contre son habitude, avoir prêté l’autre. L’Italie se souvient que pour des insultes bien moindres,
un simple évêque fut bien autrement
repris, et un journal suspendu pour deux
mois. Il est vrai que les insultes êlaient
à l’adresse de l’Allemagne, et que le gouvernement Français sentait vivement la
nécessité d’être poli. Autres gens, antres
mœurs. Nous, nous sommes des amis, on
peut nous rnaltrailer: nous avons une si
belle réputation d’avaleurs de couleuvres !
Une autre queslioo qui paraît aussi
devoir se décider avant les élections générales , c’est celle du rappel de l’Or¿noque. Le ministère sent le besoin d’offrir
aux électeurs cette satisfaction morale ;
et si l’on disait à l’étranger que nous
suscitons là une querelle A'allemands, quelques journaux l’ont déjà insinué. Nous répondrions qu’il n’est pas nécessaire d’aller
en Prusse pour apprendre qu’il n’est pas
de gens si endurant, qu’à la fin la patience
ne leur échappe. La présence continuelle
de VOrénoque dans nos eaux n’a absolument aucun but, ni aucune signification,
si ce n’est celle d’une provocation absurde,
exigée à cor et à cri par les ultramontains français, mais que nous avons été
bien’bons, nous qui n’avons aucune raison
d’êtres aimables envers ces messieurs, de
tolérer aussi longtemps. |¡
«N
Nous saurons au reste bientôt à quoi
nous en tenir sur la peau neuve que
promet on peu de faire notre ministère.
Minghetti doit régaler ses électeurs d’un
discours qui sera considéré comme le
programme du Cabinet. Aux électeurs à
juger si ce programme leur va. Notre
ibpnde politique est maintenant pre^e
toüt entier abseùt 'de Rome. Le cher du
cabinet devra se trouvpr ces joufs-cî à
Turin ob le roi l’appelle pour assister à
la réception de l’ambassade Birmane. —
Ces orienlaux qui nous arrivent sous
la conduite de Ken-Woon-Mengil', — des
noms impossibles, - sont les envoyés du
boi (empereur) qui règne sur une très
grande portion de l’Indochine. Son empire
ne compte pas moins de 8000 villes et
villages; les habitants tiennent le milieu
entres les, hindous et les chinois quoiqu’ils
se rapprochent davantage de ces derniers.
Leur religion est le bondhisme et leur
Dieu principal s’appelle Godoma ( Bouddha ). Le régime politique est l’absolutisme
le plus légitimiste que l’on puisse rêver.
Le roi règne et gouverne avec l’aide d’un
conseil suprême de quatre ministres; il
a droit au dixième du revenu total du
pays , ce qni n’est pas excessif. — Nous
payons , si nous ne nous trompons, davantage. Le commerce ni rindu.slrie ne
sont ce qu’ils devraient êire, le peuple
paraissant tant soit peu parf^sseux et voleur. Il ne serait pas impossible que l’AngleleiTo ne se chargeât de le moraliser.
File s’étend tout doucement de ce côtélà, et elle, a déjà pris, sans beaucoup de
bruit, deux provinces à la Birmanie. Pays,
en somme, moilié civilisé, moitié sauvage.
Nous ignorons complètement ce que ces
noirs plénipotentiaires peuvent avoir à
faire chez nous. Peut être ne seraient-ils
pas fâchés de trouver en Europe quelque
secours contre les empiètements d’Albion.
Il n’est, au reste, guère plus probable
que nous intervenions ep Birmanie qu’en
Espagne. L’Allemagne seule jusqu’ici,
semble ne pas vouloir laisser tout à fait
impunis les brigandages des carlistes. Un
capitaine allemand nommé Schmidt, fut
dernièrement fusillé par eux comme coupable (l’être allemand et protestant. Ce
double crime aux yeux de Don Carjos était
capital; mais si ce chef de bande a cru
satisfaire ain.si impunément ses petites
rancunes de clérical, il s’est grandement
trompé; une flotte allemande se dirige
en ce moment vers les côtes de la Biscaye,
tout à fait disposée à faire la chasse à la
contrebande carliste , et il est plus que
probable que Don Carlos ne verra plus
les canons Krupp, que scs amis lui achètent,
débarquer avec une si grande facilité.
Il, e^t toujours plus probable aussi, que
l’Europe ne tardera pas à reconnaître le
gouvernement de Madrid. a. m.
E. Ma LAN Directeur-Gérant.
Pignerél Impr. Chiaotoré et Mascarelli.